Rebelles d’Afrique et d’ailleurs
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le 12 janvier 2010
Cabinda
Adresse à Rodrigues Mingas (1)
Mon cher Rodrigues,
En lisant dans Le Parisien daté du 10/01/2010 ta revendication de l’attaque armée contre les bus des joueurs togolais (Coupe d’Afrique des Nations (CAN)), je fus surpris des termes que tu as employés : « On est en guerre,tous les coups sont permis ».
Dans le même temps, l’un de tes amis du Congo Brazzaville osait me faire le parallèle avec la France lorsqu’elle combattait sur son sol l’Allemagne nazie. Les faits non rien à voir mais dans le cas contraire, il te faudra expliquer aux Africains pourquoi le valeureux combattant que tu es s’en prend, par combattants interposés au Cabinda, puisque toi tu es en France, à des équipes sportives au lieu d’attaquer l’ennemi angolais !
Il ne t’est jamais venu à l’idée que la CAN était l’occasion rêvée pour faire connaître au monde la situation des Cabindais. L’exploitation des ressources du pétrole par l’État angolais est un énorme scandale, sans oublier les nombreuses exactions commises par le colonisateur.
Dans la charte du FLEC, datée du 22 décembre 1996, dans son préambule, vous notez : « L’Organisation de l’Unité Africaine a classé en 1964 le Cabinda 39e État d’Afrique à décoloniser. » Je te rappelle également que dans la charte de l’OUA, cette organisation ne pouvait changer de nom tant qu’un seul État resterait colonisé. Aujourd’hui, l’OUA s’appelle l’Union africaine et le Cabinda est toujours sous occupation angolaise. Mais il est vrai que José Eduardo Dos Santos, le président angolais à de nombreux amis dans le coin tel le tyran de Brazzaville le général Sassou Nguesso ou ses amis français de Total, entre autres.
La situation sur le terrain au Cabinda est beaucoup moins simple que tu veux bien le faire croire. En 2006, un accord de paix a été signé entre la direction du FLEC représenté par l’actuel ministre angolais des Droits de l’Homme, Antonio Bento Bembe et le pouvoir angolais. Mais comme dans de nombreux conflits, une fraction d’irréductibles a refusé cet accord et poursuit le combat par la violence. À l’intérieur du FLEC tu représentes la branche armée (FLEC-Position militaire). D’ailleurs une autre fraction armée a également revendiqué l’attaque meurtrière !
Il faudrait que tu assumes tes choix et que tu évites de vouloir faire croire que les victimes l’ont été par accident. En tirant sur des soldats angolais, et en mitraillant les bus où se trouvaient les joueurs de l’équipe de football togolaise, tu savais parfaitement qu’ils y auraient sans aucun doute possible des dégâts collatéraux.
Mon cher Rodrigues, tu es le double de ton ennemi angolais Dos Santos, l’un et l’autre vous avez manipulé le CAN pour votre propre chapelle ; le fait d’avoir averti les dirigeants du CAN du danger de jouer au Cabinda n’excuse rien, ce n’était que du chantage Peu importe les exactions commises pourvu que le monde est les yeux braqués sur vous. Dos Santos en voulant faire jouer des matchs au Cabinda a voulu faire croire qu’il dominait la situation mais la réalité sur place ne pouvait que dégénérer ; et toi Rodrigues, je te garantis que tu ne sortiras pas grandi de cette aventure car les Africains (tes frères pour reprendre ton expression) savent désormais que pour arriver à tes fins tu n’hésites pas à les faire tuer.
Je ne peux que déplorer une fois de plus l’irresponsabilité des opposants à un régime autoritaire. Au lieu de vous en prendre à des sportifs, vous feriez mieux de chercher une situation négociée par la diplomatie et également si cela ne suffit pas, toucher l’adversaire angolais où cela fait mal : la manne financière que représente l’extraction du pétrole. Mais si tu préfères l’adage : œil pour œil, dent pour dent, alors de très nombreux cabindais vont encore mourir pour satisfaire ton ego et celui de tes complices.
Permets-moi également de te rappeler qu’en France les réfugiés politiques ont un devoir de réserve. À moins que tu sois également de nationalité française… qui sait !
Alain Paul NICOLAS
1) Secrétaire général du Front de Libération de l’État du Cabinda-Position militaire (Flec-Pm).
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