TOGO: Grande démonstration des journalistes à Lomé
Par Aghu | 06/08/2011 | 15:23:59
TOGO :: POLITIQUE
Les journalistes devant l’Ambassade de France ce samedi à Lomé (ph Aghu)
ACTUALITÉ INFO NEWS TOGO: ARTICLE DE LA RÉDACTION DE KOACI AU TOGO ::
Journalistes, militants de formations politiques, défenseurs des droits de l’homme se sont massivement mobilisés pour protestation ce matin contre les menaces à la presse. Ils ont été contraints d’aller devant la représentation diplomatique de France à Lomé.
Démarrée devant le Collège Saint Joseph, la marche pacifique de protestation organisée par SOS Journaliste en Danger et soutenue par les forces vives, a connu la participation de plus de 10.000 participants. Sur plus de 10 km, manifestants et forces de l’ordre ont joué au chat et à la souris. A plus de trois reprises, les manifestants avec à leur tête les responsables de l’organisation de défense de liberté de presse, ont déjoué des barrières installées pour stopper la marche.
« Nous avons reçu l’ordre que la marche n’est pas autorisée », a déclaré d’entrée l’officier de police Abalo Assih, à l’un des organisateurs Augustin Améga. Avant même que de chaudes discussions entre les deux ne finissent, la marche s’est ébranlée. Sur les pancartes brandies par les manifestants, on pouvait lire, « Colonel Yotroféi Massina, démission ! », « ANR = Centre de tortures ! », « Touche pas à ma liberté de presse ! », « JDHO exige une enquête sur les menaces de l’ANR contre les journalistes ! ».
A un moment de l’évolution de la marche, les gendarmes sont venus renforcer la police qui jusque là tentait vainement d’empêcher l’évolution de la manifestation ». Même une intervention du ministre de la Sécurité Dokissim Gnama-Latta, n’a pas suffi pour arrêter la marche. « Il ne s’est pas adressé à un organisateur, mais à un manifestant », a expliqué le président de SOS Journaliste en Danger. « Les autorités avaient un délai légal pour faire toutes observations, après réception de la lettre, mais elles ne l’ont pas fait. Elles n’ont par conséquent d’objection à nous faire au cours de la marche », renchérit Augustin Améga.
Suite aux jets de gaz essuyé par les manifestants pour rallier par une voie détournée l’esplanade du Palais des Congrès, ces derniers sont allés faire un sit-in devant l’Ambassade de France au Togo. « Sarkozy, Obama au secours ! » scandaient la foule qui fustigeait le silence de la communauté internationale face au drame qui se déroule au Togo, pendant qu’elle engage des actions hardies ailleurs toujours au nom de la démocratie et des droits de l’homme.
Tour à tour, responsables de SOS Journaliste en Danger et défenseurs des droits de l’homme ont présenté leur déclaration. C’est Me Jil-Benoit Afanbgédji qui a présenté la déclaration des ODDH. Nous exigeons « une clarification du statut, du rôle, des prérogatives et du fonctionnement de l’Agence Nationale de renseignement ; le transfert immédiat et sans délai de tous les détenus qui sont encore dans les locaux de l’Agence Nationale de Renseignement, vers d’autres centres de détentions habilités à les accueillir, la cessation immédiate de tous les actes de torture, exactions et autres peines ou traitements cruels, inhumains et dégradants commis sur des personnes incarcérées dans la dite Agence » ont exigé les ODDH après avoir insisté sur l’importance de la liberté de presse et fustigé le silence des autorités, malgré les alertes persistantes sur des menaces journalistes.
« Triste sort d’un peuple obligé de la fermer pour pouvoir manger et pour éviter les représailles politiciennes d’une dictature des plus dangereuses : silence, on développe » ont dit pour conclure leur déclaration, la LTDH, le CACIT, l’ACAT-Togo, Nouveaux Droits de l’Homme, ATDPDH.
L’association de défense de la liberté de presse a formulé à son tour, quatre exigences :
- la démission dans les 72 heures à compter du lundi 08 août, du Colonel Yotroféi Massina la tête de l’ANR
- La réouverture immédiate et sans condition des radios illégalement fermées par l’ART&P
- La démission du directeur de l’ART&P, Palouki Massina et la recomposition de l’institution
- l’ouverture d’une enquête sérieuse sur les menaces contre les journalistes.
SOS Journaliste en Danger a vivement dénoncé un projet de musellement des médias lors d’une rencontre gouvernementale à Kara, à l’entrée en fonction du nouveau gouvernement.
Cette marche a vu le soutien des formations politiques membres du FRAC. De nombreux responsables du Front notamment ceux de l’ANC, le président de OBUTS, Agbéyomé Kodjo ont rejoint la marche et assisté au sit-in devant l’Ambassade. « Nous n’allons pas continuer par laisser les pilleurs des ressources du pays continuer dans leurs basses besognes, ni les violations des droits de l’homme se poursuivre », a dit à la fin Ferdinand Ayité qui a convié les partis politiques de l’opposition à faire « économie de leur ego pour se mettre d’accord autour d’une plate-forme commune. Sinon, l’alternance se fera sans vous » a-t-il affirmé sous les ovations des manifestants.
La déclaration de SOS JED présentée par Fabbi Kouassi a été bien accueillie par les manifestants. Ces derniers ont déploré le silence du CAR de Me Dodzi Apévon et la CDPA du Prof Léopold Gnininvi malgré la mobilisation populaire contre les menaces proférées contre la presse.
Aghu, KOACI LOME
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