Plus de 200 morts dans les émeutes post-électorales au Nigeria
Source : Telediaspora.net : Dernière Mise à jour : 20/04/2011 (Auteur : autres)
Les émeutes qui ont suivi le scrutin présidentiel ont fait plus de deux cents morts dans le nord du Nigeria, à majorité musulmane, et il y a eu plus d'un millier d'arrestations, a déclaré, mercredi, un groupe nigérian de défense des droits civiques.
"Le bilan des morts dépasse les deux cents dans toute la région, d'après les informations qu'a reçues Civil Rights Congress", a déclaré Shehu Sani, chef de cette ONG à l'AFP.
Plus de mille personnes ont été arrêtées dans la seule ville de Kaduna (Centre-Nord), où un couvre-feu de vingt-quatre heures sur vingt-quatre est en vigueur, a-t-il ajouté.
LE NOMBRE DES DÉPLACÉS A GRIMPÉ À 39 700
Le nombre des personnes déplacées par les émeutes liées à l'élection du président Goodluck Jonathan est passé de 25 000 à environ 40 000 personnes, avec plus de 400 blessés, a annoncé, mercredi 20 avril, la Croix-Rouge. "Le nombre des déplacés a grimpé à 39 700 et le nombre des personnes blessées est passé à 410", a déclaré un responsable de l'organisation humanitaire.
Muhammadu Buhari, principal candidat musulman à la présidentielle, a dénoncé, mercredi, des fraudes lors du scrutin qui a donné la victoire à Goodluck Jonathan, un chrétien du Sud. Il a également condamné les émeutes postélectorales dans le Nord, majoritairement musulman.
"DANS LE SUD-EST, IL N'Y A PAS EU D'ÉLECTIONS"
Dans la région du delta du Niger, le Sud pétrolifère, à majorité chrétienne, "et dans le Sud-Est il n'y a pas eu [vraiment] d'élections et nos partisans n'ont pas été autorisés à voter", a déclaré le général Buhari, qui dirigea la junte militaire en 1984 et 1985, sur les ondes de la Voix de l'Amérique.
De fait plusieurs Etats du Sud ont annoncé des résultats allant de 95 % à plus de 99 % des voix en faveur de M. Jonathan à l'issue de l'élection de samedi. M. Buhari a cependant condamné, comme la veille, les émeutes meurtrières qui avaient commencé dimanche soir : "Je demande instamment aux gens de se calmer et de respecter la loi, car nous nous adressons [à la Commission nationale électorale] afin d'obtenir justice", a-t-il dit dans une émission en haoussa.
FOULES DE GENS EN COLÈRE, ARMÉES DE MACHETTES ET DE GOURDINS
Les émeutes ont affecté quatorze des trente-six Etats, notamment ceux de Kano, Kaduna et Sokoto : des manifestants musulmans y ont brûlé des commerces, des églises et des maisons, faisant plusieurs morts, selon un responsable nigérian de la sécurité. On a vu des foules de gens en colère, armées de machettes et de gourdins, sortir des gens de leurs voitures pour les attaquer ou incendier des maisons, provoquant ensuite des représailles de chrétiens.
Parfois l'origine des violences est attribuée à ces derniers, qui ont brûlé des mosquées. Les personnes déplacées par les troubles sont hébergées dans des casernes de l'armée ou de la police.
Le président Jonathan a appelé, mardi, "les chefs politiques et religieux à condamner ces actes afin que notre pays connaisse un développement à la place de la destruction". Selon lui, la plupart des émeutiers sont des "jeunes au chômage" manipulés et que le gouvernement va aider.
57% DES VOIX POUR GOODLUCK JONATHAN
Goodluck Jonathan, 53 ans, qui était vice-président, est devenu chef de l'Etat en mai 2010, à la mort de son prédécesseur musulman, Umaru Yar'Adua. Dans le Nord, beaucoup considéraient, avant le scrutin, que sa confirmation serait une entorse à la rotation traditionnelle du pouvoir entre Nord et Sud au sein du parti dominant, le PDP (Parti populaire démocratique).
Les Etats-Unis ont félicité, mardi soir, M. Jonathan pour sa victoire et ont demandé le respect des résultats du scrutin. Goodluck Jonathan, président sortant, a obtenu 57 % des voix à l'élection, qui, selon les observateurs, a semblé dans l'ensemble plus honnête et transparente que les précédentes au Nigeria, mais les résultats anormalement élevés en faveur de M. Jonathan dans plusieurs Etats du Sud ont semé le doute.
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