Benin / Scrutin du 13 mars 2011 : Les résultats de Yayi revus à la baisse
[3/16/2011] | Journal LA PRESSE DU JOUR
Les tendances livrées après une élection reflètent parfois des données qui, à défaut d’être exactes, ne sont pas loin de la réalité. Ce ne sera pas le cas pour la présidentielle du 13 mars 2011 pour laquelle la mouvance au pouvoir a tôt fait de se proclamer grand vainqueur. Les dernières données relatives à l’existence de bureaux de vote fictifs contraignent le camp Yayi, ainsi que le confirment des sources proches de la Céna, à réviser à la baisse ses prétentions et les chiffres publiés jusqu’ici.
Les dernières révélations relatives à l’existence de centaines de bureaux de vote irréguliers et fictifs ont de quoi freiner l’élan triomphaliste qu’affichaient déjà les partisans du chef de l’Etat dès la fermeture des bureaux de vote dimanche dernier. C’était comme s’ils avaient des garanties quant à l’issue du scrutin. Avant même que les premières tendances ne soient connues, le porte-parole du candidat, Marcel de Souza annonçait déjà sur une chaine de télévision le carton que ferait Boni Yayi. Modeste Kérékou enfoncera le clou quelques minutes plus tard, parlant du k.o qu’était en voie de réaliser son candidat. Avec le recul, on se demande aujourd’hui ce qui donnait tant d’assurance à ces deux membres de l’équipe de campagne du candidat Boni Yayi. Les deux avaient-ils des raisons, dans une compétition aussi ouverte, de prédire le razzia pour leur candidat ? Sur quoi comptaient-ils ? Sans répondre à cette question, on fera observer aujourd’hui que c’est une affaire de bureaux de vote fictifs qui rattrape le pouvoir et qui fait chuter sensiblement les chiffres mirobolants mis à son actif. Du coup, les résultats définitifs qui seront proclamés dans les prochains jours risquent de réserver des surprises. Il est presque certain qu’ils n’auront rien à voir avec les tendances brandies par chaque camp aujourd’hui. Déjà, à la Commission électorale nationale autonome où les cantines contenant les bulletins et feuille de dépouillement sont en train d’être acheminées, ce n’est plus la grande sérénité. La tension a monté d’un cran depuis hier. Des coordonnateurs départementaux refusant, sur la base de constats de fraudes, d’homologuer les résultats de tous les bureaux de vote dont ils n’ont pas eu connaissance de l’existence avant le jour du vote. Une position qui se justifie bien vu les arguments qui la soutiennent. En effet, ces coordonnateurs de la Céna qui ont supervisé la formation et la répartition des agents des bureaux de vote, disent ne pas comprendre qu’on leur communique à la fin des résultats de bureaux dont ils n’ont jamais eu connaissance. Ils ont parlé également des cantines acheminées vers la Céna sans être cadenassées. Des irrégularités qui annoncent des heures difficiles à la Céna. Déjà, dans les rangs des candidats, ça gronde. L’état-major du candidat Abdoulaye Bio Tchané a dénoncé, outre les bureaux fictifs, des bourrages d’urnes. Le Président Houngbédji, annoncé par certaines tendances comme arrivé en première position, est lui aussi monté au créneau pour dénoncer l’intoxication dont use le camp Yayi en annonçant des chiffres qui n’ont rien à voir avec la réalité.
Euloge Badou
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