Après que la justice tchadienne ait statué sur l’affaire Children Rescue, les média de France ont repris en cœur :

« Après la parodie de justice, le Tchad va au nom des accords de transfèrement avec la France, extrader les protagonistes de l’association Arche de ZOE … »

Si cette prédiction des média français se confirme, nous allons les uns les autres condamner cette décision mais sur le plan légal elle est justifiée… Ces accords existent bel et bien dans tous les domaines et dans mon livre je les condamne.

Après :

- Les chefs d’Etats sous tutelle des FMI, Banque Mondiale et autres Etats occidentaux (pouvoir exécutif) ;

- Les accords militaires matérialisés par la présence des troupes et autres experts dans notre intimité (pouvoir militaire) ;

- Les accords économiques gouvernés par les concessions faites aux multinationales d’Occident sur la totalité des richesses africaines et ceci sans contrôle ni contrepartie (pouvoir économique),

- La mise sous tutelle de nos média par la nature des émissions et la rediffusion des émissions empruntés à l’Occident (Pouvoir médiatique),

- Voilà que le Tchad nous révèle que même le pouvoir judiciaire nous l’avons cédé à d’autres par des accords qui font qu’un citoyen occidental n’est pas chez nous un justiciable comme les autres, bref un homme comme les autres…

- Quel autre accord nous révèlera l’année 2008 ; dans tous les cas plus rien car, tous nos pouvoirs sont aujourd’hui ailleurs…

Mes chers compatriotes, le Tchad est un prototype de tous les Etats Africains qui se proclament souverain mais restent sous tutelle officielle des anciens maîtres par des accords qui font que hier comme de nos jours, des hommes librement, sacrifient en leur nom et en celui des générations futures tous les droits de souveraineté et de gouvernement de tous leurs peuples, de tous leurs territoires en échange de la misère, des privations, de l’autodestruction…

Cette Afrique là est celle que je n’aime pas. L’Afrique de papa qui joue, qui joue avec son honneur, qui joue avec la vie de ses fils…

Cette Afrique là, est celle que nous présente le Tchad après que des pieds nickelés aient enlevé des enfants africains, peu m’importe d’où ils viennent.

Cette Afrique là, est celle que nous a présentée la Côte d’Ivoire qui a retiré sa plainte contre une entreprise occidentale qui a volontairement pollué Abidjan, provoquer la mort de nombreux citoyens ivoiriens moyennant juste le payement d’une dîme à ces autorités. Imaginez les autorités de France retirer la plainte en cours contre Total pour une marée noire sur les côtes française : vous me direz c’est impossible, alors pourquoi est-ce possible chez nous ?

Cette Afrique là, est celle où les peuples du Cameroun, du Sénégal, de Madagascar et j’en passe se réjouissent pour avoir été classés parmi les pays les plus pauvres… Cette Afrique là, est celle que je n’aime pas, celle que je déteste et celle qui m’offusque… et celle qui continuera malheureusement en 2008…

Cette Afrique là, est celle qui oblige ces enfants à fuir en masse vers d’autres cieux à la recherche de lendemains qui déchantent ;

Cette Afrique là, est celle qui nous oblige aujourd’hui à demeurer à la traîne du monde, à demeurer ce continent méprisé par le reste du monde ;

Cette Afrique là est celle que nous avons construite une fois de plus pendant l’année 2007, Adieu 2007 mais que j’appréhende 2008. Telle est la dialectique qui est la mienne y compris dans mon livre intitulé « L’Afrique Noire Face aux pièges de la mondialisation. »

En effet la première partie de ce livre s’intitule De la Tutelle à la Tutelle ; ça aurait dû être le titre tout court de ce livre, mais l’éditeur en a voulu qu’il en soit autrement : c’est une chose que d’être indépendant, mais à vous tous, chers frères et sœurs africains, à vous blogueurs de Grioo j’interroge : qu’avons-nous fait de cette indépendance ?

Nous sommes-nous assumés un seul instant depuis les indépendances ?

Nous sommes-nous libérés du complexe d’infériorité qui nous a habité depuis la colonisation et l’esclavage ?

Nous sommes-nous à ce jour affranchis de nos vieux démons ?

Sommes-nous aujourd’hui capables d’affirmer nos choix sans complexe uniquement pour l’intérêt de notre peuple et celui des générations futures ?

Sommes-nous capables d’avoir d’autres repères que ceux que nous renvoie le miroir du colon et la mémoire du colonisé que nous avons été ?

Sommes-nous capables d’élaborer des politiques fondées sur nos propres ressources ? Sommes-nous… ? Sommes-nous… ?

Sommes-nous enfin sortis de la barbarie dans laquelle nous ont plongés la colonisation et l’esclavage ?

Je sais que ce discours va à l’encontre des courants de pensées actuels… Je sais que des exemples, souvent les mêmes, seront utilisés pour me démontrer les réussites des systèmes actuels…

J’accepte d’avance ces remarques mais, je ne peux me satisfaire d’une politique soit-elle la meilleure :

- Qui conduit notre continent au dernier rang,

- Qui conduit et réduit notre peuple à la mendicité,

- Qui induit la dégénérescence du continent et de ses fils par la corruption, l’émigration, la prostitution, l’exportation, l’avilissement, l’insécurité, la mortalité… bref le déshonneur

- Qui dévalorise notre peuple et notre race face au reste du monde,

- Qui produit l’endettement et hypothèque l’avenir des générations futures sur plusieurs siècles.

Je rêve :

- D’appartenir à un continent qui ambitionne de devenir le premier et le meilleur,

- D’appartenir à un peuple qui s’affirme par ses réalisations, sa capacité à résoudre par lui-même ses problèmes,

- D’appartenir à un continent dont les fils sont et seront fiers de leurs parents, et de leur histoire,

- D’appartenir à un peuple et un continent qui inspirent le respect, l’admiration, et la confiance des autres communautés,

- D’appartenir à un continent dans lequel l’égalité entre citoyens ne se limite pas à des slogans politiques.

Pour y parvenir, il nous faut reprendre le combat enterré depuis les indépendances, le combat de notre décolonisation, ce que nous avons eu c’est « l’Indépendance et non la Décolonisation car, il ne peut y avoir de décolonisation que si le processus colonial est interrompu. Or ce dont il était question dixit le Général de Gaulle c’est uniquement de l’indépendance. Y a-t-il une différence entre l’indépendance et la décolonisation ? Oui, l’indépendance, c’est la liberté de se gérer, mais ceci ne garantit pas que l’on en fasse un bon usage. On peut être libre de se maintenir sous le joug colonial par exemple. Comme le disait Frantz Fanon dans Les damnés de la terre : la décolonisation « …ne passe jamais inaperçue car elle porte sur l’être, elle modifie fondamentalement l’être, elle transforme des spectateurs écrasés d’inessentialité en acteurs privilégiés, saisis de façon quasi grandiose par le faisceau de l’histoire… Elle introduit dans l’être un titre propre, apporté par les nouveaux hommes, un nouveau langage, une nouvelle humanité. La décolonisation est vraiment la création d’hommes nouveaux. Mais cette création ne reçoit sa légitimité d’aucune puissance surnaturelle : la chose colonisée devient homme dans le processus même par lequel elle se libère… »

C’est tout ce que je peux vous souhaiter pour l’année nouvelle. Après les Indépendances, Décolonisons nous enfin… mais c’est une fois de plus un vœu pieux !

Oui mes chers frères et sœurs d’Afrique Comme le disait aux américains le président Franklin Delano Roosevelt lors de la grande crise économique qui ébranla l’Amérique en 1929 : « Soyez réalistes, demandez l’impossible… » Oui, ce qui vous semble impossible aujourd’hui est ce dont je rêve, ce que je vous demande. Je veux être riche, fort, respecté, et admiré…

BONNE ANNÉE 2008.