Kurt Cobain tous les adolescents français connaissaient et adoraient. Avec son groupe "Nirvana", ils avaient notamment créé le style grunge que je jugeais à l'époque "crados" avec des coiffures hirsutes et des habits aux couleurs baroques. Quand il s'est tué en 1994 ça a été un choc pour de nombreux adolescents. Par pour moi puisque c'était ce que j'appelais pudiquement "de la musique de blancs", la seule qui avait droit de cité à l'époque sur Sky Rock & co. On n'avait pas encore vu l'émergence d'Ado FM et "l'urbanisation" musicale qui fait que les mêmes radios passent aujourd'hui en boucle du rap ou du RNB.

Tout ça pour dire que je n'avais pas une sympathie spéciale pour le personnage même si j'ai souvent de la peine pour les mythes déchus. Exemple, de son vivant je n'avais pas une sympathie particulière pour Lady Di, surtout quand elle a été quasiment dépeinte comme une sainte à sa mort, mais voir l'oubli plus que rapide dans lequel elle a sombré un an après seulement m'a fait un peu de peine.

Kurt Cobain c'est un peu pareil, peut-être parce qu'on n'est plus obligé de subir "leur" musique, je n'ai pas l'impression qu'on en parle encore énormément. Donc, déjà une raison de voir le film.

La seconde c'est le réalisateur, Gus Van Sant considéré comme un excellent réalisateur. Je voulais donc voir un de ses films, n'ayant pas encore vu celui qu'il a consacré au massacre de Columbine, "Elephant".

Direction donc la salle Images d'Ailleurs: http://www.zanzibart.com/imagesdailleurs/

On comprend rapidement pourquoi le film est dans une salle d'arts et d'essais et pas un multiplexe: il est bien particulier.

On sait ou ne sait pas qu'après une overdose, Kurt Cobain s'est échappé d'une clinique le 1er Avril 1994, que personne ne l'a plus revu jusqu'au 8 Avril où un électricien a trouvé son corps, les légistes ayant situé la mort au 5.

Gus Van Sant a donc essayé d'imagine ce qu'auraient pu être les derniers jours de la rock-star. Le mot qui revient est incohérence Kurt, pardon Blake le nom du chanteur dans le film, parle peu. Et quand il le fait, ses propos sont inaudibles. Heureusement qu'on est en VO et que le traducteur a eu la gentillesse de les traduire.

On vit donc 1h37 dans la peau de Blake, dont on a du mal à imaginer qu'il est une rock-star planétaire multi-millionnaire. Il est sale. Grunge pourrait-on dire, erre dans la nature. Tient des propos incohérents. Le seul moment où il a l'air normal sur la fin du films c'est quand il joue (divinement) de la guitare. On imagine sans peine que ce sont les effets dévastateurs de la drogue sur son organisme.

Cherche-t-il à retrouver la pureté originelle? Toujours est-il que Blake passe énormément de temps dans la nature. On le voit creuser un trou. Sa tombe? Plonger dans une rivière et aller en dessous d'une chute. Certains y ont vu une allégorie du baptême.

Parfois la réalité le rattrape. Son agent l'appelle pour une tournée de "seulement" 86 jours. Mondiale of course.

"Elle" comprendre sa femme, a envoyé un détective privé pour le retrouver. Un clin d'oeil à la réalité puisque sa femme Courtney Love avait envoyé un détective pour le trouver. On "comprend": si le détective ne l'a pas trouvé c'est qu'il l'a évité.

Puis la fin du film arrive. Avis personnel (on est sur mon blog après tout), Gus Van Sant aurait pu nous épargner la scène de sexe homosexuelle. Je sais que le monde est "moderne" mais à titre personnel je ne suis pas encore prêt pour ça, même si l'un des clichés sur les rockers est, outre leur consommation effrénée, leur bisexualité supposée.

Comme je l'ai déjà dit, grandiose (tout est relatif) solo de guitare par Blake qui semble retrouver sa lucidité le temps d'un éclair.

On le retrouve ensuite dans une dépendance en train d'écrire ce qui est sensé être sa dernière lettre. Fin du film. On voit le corps de Blake puis un Blake tout nu qui en sort avant qu'une employé ne vienne le trouver. Gus Van Sant a évité la polémique. Officiellement Kurt Cobain s'est suicidé. De nombreux fans pensent que sa femme l'a fait tuer. Bref, courageusement Gus Van Sant a regardé à côté même si implicitement Blake s'est suicidé.

Bref, film intéressant, mais bien loin du blockbuster holywoodien. Pas de mélodrames, de rebondissements, de rôles inutiles. Blake, la nature, quelques dialogues, et de (très rares) temps en temps, des êtres humains passant par là. Grosse introspection dans la vie d'une rock-star (très) mal dans ses pompes.

Pour ceux que ça intéresse, la dernière lettre de Kurt Cobain:

Explication de textes : http://lpdw.free.fr/groupes/Nirvana/Lettre.htm