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mercredi 23 juin 2010

______Master Droit : FACULTE DE DROIT opté pour l' Université Paris, evry, melun > Faculté de droit (fac de droit) - Droit - Paris ...Inscriptions et candidatures 2010

Dans le cadre de la réforme du LMD (Licence, Master, Doctorat), le Master Droit se prépare en 4 semestres et permet l'acquisition de 120 crédits européens ou ECTS. Le diplôme de master Droit sanctionne des parcours types comprenant : - une voie à finalité professionnelle débouchant sur un master professionnel, celui-ci comprenant diverses mentions et spécialités



- une voie à finalité recherche débouchant sur un master recherche, celui-ci comprenant diverses spécialités.



La première année de master Droit s'inscrit dans une optique de continuité avec la seconde année de master. Pour permettre un passage progressif vers l'orientation "recherche" ou l'orientation "professionnelle", la première année du master est commune aux deux orientations. Elle permet à l'étudiant de commencer à se tourner vers les disciplines de son choix, en lui laissant de vastes possibilités de choix à l'issue de la première année.



L'étudiant a la possibilité de construire son parcours, grâce à des codes alloués aux matières enseignées, indiquant quelles mentions de l'orientation "professionnelle" et de l'orientation "recherche" il prépare. L'étudiant peut ainsi suivre ces parcours-types ou personnaliser sa formation en empruntant des enseignements à plusieurs parcours-types, sachant que des pré-requis peuvent être exigés pour certaines spécialités de la seconde année de master. Une aide à l'orientation est proposée aux étudiants, avant l'inscription en première année de master, puis à l'issue de la première année, afin de leur permettre une construction efficace et pertinente de leur parcours personnel, notamment dans un souci de cohérence pédagogique.



A l'issue de la validation de deux semestres, les étudiants qui le souhaitent, obtiennent la délivrance d'un diplôme de "maîtrise en droit".



Les conditions d'admission en Master première année sont les suivantes:



- est admis à s'inscrire en première année de Master, l'étudiant titulaire soit d'une licence en droit, ou d'une licence AES, ou d'un diplôme jugé équivalent, ou soit par l'une des procèdures de validation d'études et d'acquis prévues après accord de la "Commission d'équivalence du secteur juridique de l'Université de Lille 2".



Pour plus de précision, vous pouvez consulter dans les documents liés ci-dessous le règlement des études de la première année de master Droit et Science Politique qui comporte toutes les règles concernant les conditions d'admission, le déroulement des enseignements et les conditions d'évaluation de la première année de master Droit ; le livret des études des masters 1ère année Droit & Science Politique qui présente le contenu et le déroulement des enseignements.

Ré-inscription L2, L3 et M1, Candidature en Master 2, Candidature au MBA, Candidature au Master 1 Rel. Internationales, Candidature transfert/équivalence, 1ère inscription en thèse, Résultats admissibilité Journalisme

Ré-inscriptions L2, L3 et M1 à partir du lundi 5 juillet 2010, 14 heures - inscription administrative - inscription pédagogique Avant de faire votre inscription, merci de lire les documents d'aide à la ré-inscription correspondant à votre année et discipline




Candidature en Master 2 jusqu'au 30 septembre 2010 uniquement pour les M2 suivants : Histoire du droit, Philosophie du droit et droit politique et Sociologie du droit et communication juridique Candidater en 2e année de ces masters

Candidature au MBA Droit des affaires et management avant le 1er juillet 2010 Candidater au MBA

Candidature pour le Master Techniques Financières et Bancaires dossier à retourner avant le 1er juin 2010 site du master techniques financières et bancaires (/www.mastertfb.com)

Candidature Master 1 Relations Internationales (consulter la fiche formation M1 relations internationales) dossier à retourner jusqu'au 21 juin 2010

Inscriptions L3, M1 Management Nouvelles Technologies Dossier de candidature à retourner avant le 31 mai 2010. Site licence 3 et master MNT : http://mnt.u-paris2.fr/

La licence L3 et le master M1 en Management et Nouvelles Technologies sont des formations plurisciplinaires en gestion et informatique au sein de l'Université Panthéon-Assas de Paris 2.

Transferts et équivalences : consulter votre dossier Candidatures du 4 au 31 mai 2010 - Réponses fin juillet Consulter votre dossier de candidature pour un transfert ou une équivalence

Première inscription en doctorat du 5 mai au 10 novembre 2010 Consulter la page : Demande de première inscription

Résultats d'admissibilité Master Journalisme Le vendredi 11 juin à partir de 17h Consulter les résultats d'admissibilité au Master Journalisme A savoir : Vous pouvez obtenir les Annales du concours des trois dernières années (2007, 2008, 2009) avec conseils et recommandations des étudiants du Master de Journalisme en envoyant une lettre avec votre adresse postale et un chèque de 10 euros libellé à l'ordre de « l'Association des amis de l'IFP » à IFP, Laurence Durry, 4, rue Blaise Desgoffe, 75006 Paris. Les Annales vous seront adressées par retour de courrier. Rappel : Les étudiants admissibles recevront une convocation pour le concours du Master Journalisme qui a lieu le Jeudi 27 Mai.

Consulter la rubrique Inscriptions à l'Université Panthéon-Assas

http://www.u-paris2.fr/45116687/0/fiche___actualite/&RH=ACCUEIL_FR

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______16 juin 1976 : les émeutes de Soweto (Des dizaines de lycéens furent tués lors de ce jour qui marqua un tournant dans la lutte anti-apartheid)

Lorsque les lycéens de Soweto manifestèrent au mois de juin 1976 réclamant de meilleures conditions pour mener leurs études et refusant la dernière mesure prise pour renforcer le "Bantu Education Act ", la police sud africaine répliqua en utilisant du gaz lacrymogène et en tirant à balles réelles. Des dizaines de lycéens sans défense furent tués ce jour, et des centaines d'autres personnes lors des émeutes qui éclatèrent par la suite à Soweto et dans le reste du pays pendant toute l’année 1976. Ces événements marquèrent un tournant dans la lutte contre le régime raciste sud africain.

En 1953, le gouvernement sud-africain mis en place le "Bantu Education Act", qui créait entre autres un département consacré à la formation estudiantine des noirs. Le rôle de ce département était de créer un programme scolaire répondant à "la nature et au besoin des étudiants noirs". L’auteur du programme, le Dr Henrik Verwoerd (pronazi convaincu pendant la seconde guerre mondiale, et qui devint par la suite premier ministre de la république sud-africaine) déclarait alors : "on doit enseigner aux noirs dès leur plus jeune âge que l’égalité avec les blancs ne leur convient pas". Les noirs ne devaient pas recevoir un apprentissage leur permettant d’atteindre des positions auxquelles ils n’avaient pas droit dans la société. Au lieu de cela, ils devaient recevoir une formation qui leur permettrait aux d’occuper des emplois subalternes et de répondre aux besoins en main d’œuvre de l’économie sud-africaine.

Dans les années 60 et jusqu’au milieu des années 70, le "Bantu Education Act" était toujours en vigueur et les conditions d’enseignement pour les masses noires de mauvaise qualité (classes surpeuplées, enseignants non qualifiés). En 1975, le gouvernement sud-africain dépensait 644 rands par an pour un élève blanc contre 42 rands pour un élève noir. Mais l’augmentation du nombre de jeunes noirs ayant accès à de études secondaires développa la prise de conscience politique chez les jeunes noirs lycéens. Le Black Conciousness Movement de Steve Biko aida également à cette prise de conscience.

Aussi en 1976, lorsque le département chargé de la formation estudiantine des noirs publia un décret indiquant que la nouvelle langue d’enseignement serait l’afrikaans, la situation était déjà explosive et les lycéens noirs refusèrent d’étudier dans la langue de l’oppresseur. Au mois de juin, quelques lycéens de Soweto décidèrent d’organiser un boycott. Le 13, une réunion regroupa 400 lycéens. Au cours de cette réunion, Tsietsi Mashinini, 19 ans et leader du South African Students Movement appela à une manifestation pacifique le 16 contre l’usage de l’afrikaans.

Le 16 juin, entre 15 000 et 20 000 étudiants se réunirent à Soweto pour défiler pacifiquement, et démontrer leur solidarité. Le Boss (Bureau of State Security) fut pris de surprise et envoya un escadron de police former un barrage devant la tête de la manifestation afin de la bloquer. Les policiers demandèrent à la foule de se disperser, celle-ci refusa. Des chiens policiers furent alors lâchés et du gaz lacrymogène employé contre les manifestants. Un policier sorti une arme et sans avertissement préalable tira dans le tas. Parmi les premiers morts figurait le jeune Hector Petersen, 13 ans. La photo prise par Samuel Nzima, montrant le corps transporté par Mbuyisa Makubu, un lycéen de 18 ans, deviendra un des symboles des horreurs du régime pro-apartheid raciste d’Afrique du Sud. L’autopsie pratiquée plus tard révéla que le jeune Hector avait bien été tué par une balle dirigée contre lui et non par une balle perdue comme le déclara plus tard la police.

La mort de jeunes lycéens fit dégénérer la manifestation. Les manifestants répondirent à la police en jetant des pierres et des bouteilles. Des bâtiments officiels, des voitures et les symboles officiels de l’apartheid furent brûlés. Des unités anti-terroristes et des hélicoptères furent envoyés en renfort. Les affrontements entre les lycéens et les policiers durèrent toute la nuit. Au matin du 17 juin, le bilan officiel faisait état de 23 morts. Mais les estimations varient entre 25 et 100 morts pour le nombre de lycéens tués par balle. Des centaines d’autres personnes avaient été blessées. Dans les jours qui suivirent, les émeutes se propagèrent dans d’autres villes, et durèrent tout le reste de l’année 1976, faisant des centaines d’autres victimes (575 personnes furent tuées au total lors des émeutes de l’année 1976).

Les émeutes de Soweto constituèrent un tournant dans la lutte anti-apartheid dans la mesure où une nouvelle génération opposée à l’apartheid avait fait entendre sa voix. Parmi les manifestants, beaucoup furent obligés de prendre les chemins de l’exil afin d’échapper à la persécution du régime de Pretoria.

Un musée commémorant les émeutes de Soweto a vu le jour cette année lors du "National Youth Day", jour consacré à la jeunesse et à la mémoire des victimes du 16 juin 1976. Un jour marquant dans l’histoire de l’Afrique du Sud.

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______Une saison de machettes: Génocide rwandais j’ai commencé par tuer plusieurs personnes sans les regarder en face(...) Les yeux du tué, pour le tueur, sont sa calamité s’ils les regardent. Ils sont le blâme de celui qu’il tue

Extraits :

« Pancrace : Le conseiller nous a annoncé que le motif du meeting était la tuerie de tous les Tutsis, sans exception. C’était simplement dit, c’était simple à comprendre ».

« Elie : On devait faire vite, on n’avait pas droit aux congés, surtout pas les dimanches, on devait terminer. On avait supprimé toutes les cérémonies. On était tous embauchés à égalité pour un seul boulot, abattre tous les cancrelats. Les intimidateurs ne nous proposaient qu’un objectif et qu’une manière de l’atteindre. Celui qui repérait une anomalie, il l’agitait à voix basse ; celui qui nécessitait une dispense, pareillement. Je ne sais pas comment c’était organisé dans les autres régions, chez nous c’était élémentaire ».

« Pancrace : Je ne me souviens pas de la première personne que j’ai tué, parce que je ne l’ai pas identifié dans la cohue. Par chance, j’ai commencé par tuer plusieurs personnes sans les regarder en face. Je veux dire que je cognais, ça hurlait, mais c’était de tous côtés ; c’était donc un entremêlement de coups et de cris qui se partageaient par tous. Je me souviens toutefois de la première personne qui m’a regardé, au moment du coup sanglant. Ca c’était grand-chose. Les yeux de celui qu’on tue sont immortels, s’ils vous font face au moment fatal. Ils ont une couleur noire terrible. Ils font plus sensation que les dégoulinements de sang et les râles des victimes, même dans un grand brouhaha de mort. Les yeux du tué, pour le tueur, sont sa calamité s’ils les regardent. Ils sont le blâme de celui qu’il tue ».




« Pio : Il y en a qui se montraient aisément tueurs, ceux-là épaulaient leurs camarades dans les situations pénibles. Mais chacun pouvait bien apprendre à sa manière, suivant son caractère. On tuait comme on savait, comme on le ressentait, chacun prenait sa vitesse ».

« Pio : On ne voyait plus des humains quand on dénichait des Tutsis dans les marigots. Je veux dire des gens pareils à nous, partageant la pensée et les sentiments consorts. La chasse était sauvage, les chasseurs étaient sauvages, le gibier était sauvage, la sauvagerie captivait les esprits. On était pas seulement devenus des criminels ; on était devenus une espèce féroce dans un monde barbare ».

« Pancrace : Tuer, c’est très décourageant si tu dois prendre toi-même la décision de le faire, même un animal. Mais si tu dois obéir à des consignes des autorités, si tu as été convenablement sensibilisé, si tu te sens poussé et tiré ; si tu vois que la tuerie sera totale et sans conséquences néfastes dans l’avenir, tu te sens apaisé et rasséréné. Tu y vas sans plus de gêne ».

« Fulgence : C’est trop difficile de nous juger, car ce que nous avons fait dépasse l’imagination humaine. En tout cas, c’est trop difficile de nous juger pour ceux qui n’ont pas participé à cette situation. Raison pour laquelle je pense qu’il nous faut cultiver comme auparavant, avec cette fois de bonnes pensées ; montrer nos regrets en toute occasion : donner des petits quelque chose aux personnes éprouvées. Et laisser à Dieu la trop lourde tâche de nous punir ultérieurement ».

Pancrace : Je ne me souviens pas de la première personne que j’ai tué, parce que je ne l’ai pas identifié dans la cohue. Par chance, j’ai commencé par tuer plusieurs personnes sans les regarder en face(...) Ca c’était grand-chose. Les yeux de celui qu’on tue sont immortels, s’ils vous font face au moment fatal. Ils ont une couleur noire terrible. Ils font plus sensation que les dégoulinements de sang et les râles des victimes, même dans un grand brouhaha de mort. Les yeux du tué, pour le tueur, sont sa calamité s’ils les regardent. Ils sont le blâme de celui qu’il tue

Le 11 juin, un pasteur hutu âgé de 59 ans a été jugé en Finlande et condamné à perpétuité pour sa participation au génocide rwandais. A l’heure où l’on va reparler du génocide, il n’est pas inutile de relire le livre Une saison de machettes de Jean Hatzfeld, pour comprendre l’un des plus grands drames de l’histoire africaine depuis les indépendances.

Né à Madagascar en 1949, Jean Hatzfeld a grandi en Auvergne. En mai 68, il part sur la route de Katmandou puis revient et se fait embaucher dans une usine. Il enchaine alors les petits boulots divers. En 1973, il collabore avec le journal Libération, d’abord en tant que journaliste sportif, puis en tant que grand reporter. Ses premiers reportages et ouvrages portent sur les guerres d’Europe de l’Est et notamment sur son passage à Sarajevo en juin 1992.

Mais c’est à l’Afrique qu’Hatzfeld s’est ensuite intéressé et notamment au génocide rwandais. Après les massacres du printemps 1994, Hatzfeld se rend au Rwanda à plusieurs reprises, notamment sur la colline de Nyamata, au sud de la capitale Kigali. En 2000, il quitte Libération pour se consacrer entièrement à son travail sur le génocide rwandais. Il travaille à nouveau avec le journal au départ de Serge July pour s’en éloigner en 2006.




Le 11 juin, un pasteur hutu âgé de 59 ans a été jugé en Finlande et condamné à perpétuité pour sa participation au génocide rwandais. A l’heure où l’on va reparler du génocide, il n’est pas inutile de relire le livre Une saison de machettes de Jean Hatzfeld, pour comprendre l’un des plus grands drames de l’histoire africaine depuis les indépendances.

Né à Madagascar en 1949, Jean Hatzfeld a grandi en Auvergne. En mai 68, il part sur la route de Katmandou puis revient et se fait embaucher dans une usine. Il enchaine alors les petits boulots divers. En 1973, il collabore avec le journal Libération, d’abord en tant que journaliste sportif, puis en tant que grand reporter. Ses premiers reportages et ouvrages portent sur les guerres d’Europe de l’Est et notamment sur son passage à Sarajevo en juin 1992.

Mais c’est à l’Afrique qu’Hatzfeld s’est ensuite intéressé et notamment au génocide rwandais. Après les massacres du printemps 1994, Hatzfeld se rend au Rwanda à plusieurs reprises, notamment sur la colline de Nyamata, au sud de la capitale Kigali. En 2000, il quitte Libération pour se consacrer entièrement à son travail sur le génocide rwandais. Il travaille à nouveau avec le journal au départ de Serge July pour s’en éloigner en 2006.

Pancrace : Je ne me souviens pas de la première personne que j’ai tué, parce que je ne l’ai pas identifié dans la cohue. Par chance, j’ai commencé par tuer plusieurs personnes sans les regarder en face(...) Ca c’était grand-chose. Les yeux de celui qu’on tue sont immortels, s’ils vous font face au moment fatal. Ils ont une couleur noire terrible. Ils font plus sensation que les dégoulinements de sang et les râles des victimes, même dans un grand brouhaha de mort. Les yeux du tué, pour le tueur, sont sa calamité s’ils les regardent. Ils sont le blâme de celui qu’il tue



Pancrace

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En l’an 2000, Jean Hatzfeld publie Dans le nu de la vie, récits des marais rwandais, dans lequel il donne la parole aux témoins et aux victimes tutsies du génocide. Le livre reçoit le prix France Culture en 2001. Mais dès sa sortie, nombreux sont les lecteurs qui s’interrogent sur les génocidaires eux-mêmes. On demande à l’auteur quelles étaient leurs attitudes vis-à-vis du génocide et ce qu’ils ressentaient à l’heure actuelle. Hatzfeld ne trouve pas l’idée intéressante. Tous les tueurs qu’il a pu rencontrer au cours de ses voyages lui disent qu’ils n’ont rien fait ou rien vu.

Mais son interprète lui propose de changer d’optique et lui suggère d’interroger des génocidaires déjà jugés et emprisonnés. Ceux-ci ne pourraient alors pas nier leur implication dans les massacres. Hatzfeld retourne alors à Nyamata et cherche à entrer en contact avec des Hutus qui ont participé au génocide. Dix personnes emprisonnées au pénitencier de Rilima acceptent alors très vite de lui parler.

L’auteur rencontre une bande de dix copains, parmi lesquels Fulgence, Jean-Baptiste, Ignace, Pancrace et Léopord. Tous étaient des cultivateurs ou des instituteurs hutus qui allaient à la messe le dimanche, jouaient au foot ou allaient dans les cabarets pendant la semaine avec leurs voisins tutsis.



Pendant près de deux ans, Hatzfeld interroge un à un ces prisonniers. Il leur promet de ne rien raconter aux avocats ou à leurs amis, leur fait parvenir du courrier et va leur acheter du savon ou des médicaments prescrits par les médecins du pénitencier. Les génocidaires se sentent alors protégés, libres de parler. En échange, ils promettent de ne pas mentir. Pourtant, dès le début des entretiens, le journaliste se rend bien compte que les tueurs essayent de se défiler. Ils parlent de « combats » et d’affrontements avec les Tutsis. Hatzfeld met les choses au clair et leur demande de ne pas raconter d’histoires fictives.

Les prisonniers se méfient du journaliste. Hatzfeld se méfie d’eux. Et pourtant, pendant deux ans, ils vont discuter, très régulièrement. Les prisonniers finissent par raconter ce qu’ils ont vécu et ressenti à celui qu’ils ne perçoivent ni comme un complice ni comme un accusateur. Hatzfeld lui, s’efforce de rester distant et neutre. Dans les interviews qu’il a données par la suite, il a beaucoup insisté sur le fait qu’il ne voulait et ne pouvait pas ressentir de sympathie ou d’empathie pour ces « bourreaux ».

En 2003 parait donc Une saison de machettes, les tueurs parlent, le récit du génocide par les génocidaires. Cet essai a reçu le prix Femina en novembre 2004 et a été adapté en pièce de théâtre en 2006 par la compagnie « Passeurs de Mémoire ».

D’avril à juin 1994, ces copains cultivateurs sont donc devenus des bourreaux, partant à 9 heures le matin vers le terrain de football pour se rassembler avec tous les Hutus des environs et partant au « travail » jusqu’à 16 heures, à la nuit tombée. Leur travail, c’était de « couper ». À l’aide de la machette qu’ils utilisaient quelques semaines auparavant pour les champs, cette bande va participer aux massacres et décapiter tous les Tutsis « avoisinants », jour après jour, pendant trois mois.

Encadrés par les ordres discrets des milices interahamwe, ces Hutus deviennent des assassins méthodiques, rigoureux, appliqués. En trois mois, 800 000 Tutsis meurent au Rwanda. Tous les jours, la chasse à l’homme est lancée. Aucun « cancrelat » tutsi, comme les nomme la propagande radiophonique, ne doit survivre. Les camarades de football, les voisins doivent tous mourir. Machette à la main, chacun doit les traquer jusque dans les marais. L’un des génocidaires interrogés était lui-même marié à une Tutsie. Rien ne le prédestinait à devenir un tueur. Et pourtant, comme les autres, il participe au massacre, sans vraiment s’en rendre compte.

Une fois le premier coup de machette donné et le premier meurtre perpétré, la routine s’installe. Les génocidaires deviennent les acteurs principaux d’un film tragique dont ils ont pourtant l’impression d’être de simples spectateurs. L’horreur défile devant leurs yeux. Ils la perpétuent tous les jours. Sans y être vraiment forcés. Rien ne les oblige à tuer à ce rythme. Mais chacun y met toute sa force, massacre, machinalement : « la règle n°1, c’est de tuer, la règle n°2, il n’y en avait pas ».

Encouragés par les autorités et récompensés par les butins des pillages, les tueurs redoublent même d’effort. Confortés par le départ des Occidentaux du Rwanda et par cette impression grandissante que le génocide résout tous leurs problèmes et restera impuni, les cultivateurs se transforment en tueurs intouchables et zélés.

Et lorsqu’Hatzfeld leur parle de regrets ou de remords, les prisonniers lui affirment avec une franchise déconcertante qu’ils regrettent simplement de ne pas avoir achevé leur mission et d’avoir été jugés et emprisonnés. Eux n’aspirent plus qu’à retrouver leurs collines et leurs champs, comme si de rien était. Ils ne rêvent pas des massacres. Ils ne semblent aucunement traumatisés. Ils attendent simplement, très naïvement, le pardon des victimes pour retrouver leur vie d’avant. Une fois la peine purgée, la plupart des prisonniers interrogés ont d’ailleurs retrouvé la liberté. Aujourd’hui, ils se sentent des êtres ordinaires, pris dans le feu d’une histoire extraordinaire et surnaturelle, qu’ils ne veulent pas regarder en face, de peur de devenir fous.

Là où les journaux et les télévisions ont témoigné d’un génocide lointain et incompréhensible, Jean Hatzfeld réussit un coup de force dans un livre coup de poing, celui d’essayer de comprendre, sans juger, sans excuser, sans pardonner. Dans un livre qui intercale les récits des génocidaires et les explications historiques et politiques de l’auteur, parfois maladroites, l’on se retrouve plongé dans l’ordinaire et la quotidienneté d’un génocide. L’on voit se mettre en marche devant nos yeux les rouages des massacres. Et l’on comprend alors que la barbarie arrive très vite quand toutes les conditions sont réunies, quand la haine est attisée depuis des mois et quand l’émulation accélère les choses.




En lisant ces pages, l’on est saisi par l’effroi et l’incroyable distance, voire la nonchalance, qui émanent des témoignages. L’on s’interroge sans pouvoir trouver forcément des réponses. Mais ce livre réussit malgré tout la prouesse de tenter de comprendre l’inhumain en lui rendant son humanité.

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