Victor Hugo a écrit : « Améliorer la vie matérielle, c'est améliorer la vie morale. Faites les hommes heureux, vous les- ferez meilleurs. » Est-il vrai que le progrès matériel entraîne nécessairement le progrès moral ?

La richesse et la propriété comme corruption des moeurs Le degré de développement de richesse et la moralité d'une société est en somme ce que l'on appelle le degré de civilisation. Le progrès matériel d'une civilisation s'accompagne également de production artistique et scientifique. Pour Rousseau cette évolution n'est pas signe d'un progrès mais davantage d'une corruption. Pour Rousseau la société est née de la propriété, seulement cet acte est un acte infondé puisque initialement la terre appartient à tous. Rousseau considère ce droit comme une imposture dans la mesure où la terre appartient originellement à tous. Il explique ainsi au cours Du discours sur l'origine et le fondement des inégalités : « Le premier qui ayant enclos un terrain et s'avisa de dire ceci est à moi, et trouva des gens assez simples pour le croire fût le fondateur de la société civile ».

En effet précise Rousseau : « Telle fut, ou dut être l'origine de la société et des lois qui donnèrent de nouvelles entraves au faible et de nouvelles force au riche, détruisant sans retour la liberté naturelle fixèrent pour jamais la loi de propriété et de l'inégalité, d'une adroite usurpation firent un droit irrévocable et pour le profit de quelques ambitieux assujettirent désormais tout le genre humain au travail, à la servitude et à la misère ».

L'accroissement des richesses s'est accompagné d'une corruption de la société qui a vu naître des inégalités. Plus encore, le progrès matérielle de la société s'est accompagnée selon Rousseau Discours sur les sciences et les arts de l'apparition du luxe, et a entraîne le développement d'une vanité et d'une individualité auxquels à moyen terme, le corps politique ne peut pas survivre. De cette culture tous les éléments sont néfastes : la science vaine recherche d'une vérité inaccessible n'enseigne aux hommes que l'impiété consiste à vouloir rivaliser en sagesse avec le créateur, les lettres apportent un raffinement de langage qui alliés au raffinement des manières ne sert qu'à mieux tromper autrui ; les arts corrompent le goût naturel et rendent impropre à cette tache virile, la philosophie replie l'individu sur lui-même et multipliant les paradoxes finit par détruire les évidences morales les plus indispensables à la société.

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