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Antilles : silence on empoisonne !

 
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Chabine
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MessagePosté le: Lun 24 Avr 2006 15:09    Sujet du message: Antilles : silence on empoisonne ! Répondre en citant

Antilles : silence on empoisonne !

Les nouvelles que nous recevons de Guadeloupe et de Martinique sont véritablement effarantes. Avec la bénédiction de l'AFSSA (l'Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments), l'Etat Français, sous la signature du ministre de l'économie des finances et de l'industrie, du ministre de l'agriculture et de la pêche, du ministre de l'outre-mer, du ministre de la santé et des solidarités, vient d'autoriser la consommation de denrées alimentaires d'origine animale et végétales contaminées à des taux élevés par le chlordécone, un pesticide particulièrement redoutable utilisé sur les bananes.



Rappel des faits :

Octobre 2002 : une tonne et demie de patates douces en provenance de la Martinique sont saisies par la répression des fraudes sur le port de Dunkerque. Elles présentent une forte contamination par le Chlordécone, un insecticide puissant utilisé sur les exploitations de bananes et interdit depuis 1993.

Juillet 2001 : un rapport est remis à Dominique Voynet, ministre de l'environnement, et à Dominique Gillot, secrétaire d'état à la santé. Rédigé par deux inspecteurs généraux des affaires sociales et de l'environnement, il décrit un état de pollution "difficilement admissible" ainsi que les risques sanitaires courus par la population (cancers, troubles neurologiques et de la reproduction).

Mars, Octobre 2003 : deux arrêtés préfectoraux en Martinique puis en Guadeloupe imposent l'analyse des sols avant toute mise en culture de légumes racines. Les sols contaminés ne doivent pas être utilisés. Tout légume produit sur un sol non contrôlé doit être analysé et retiré de la vente s'il contient des traces de pesticides.

Juillet 2005 : dans l'indifférence estivale est rendu public le rapport de la commission parlementaire qui s'est rendue sur place en février de la même année. Elle constate que les arrêtés ne sont pas appliqués, d'ailleurs comment pourraient-ils l'être ? Elle apprend aussi que le Chlordécone ne se dégrade pas et pourrait rester dans les sols pendant plusieurs siècles.

En conclusion : le rapport propose de fixer une limite maximale de résidus (LMR) en dessous de laquelle des produits contenant du chlordécone pourront être consommés.

voir aussi notre article : DOM-TOM : les oubliés des lois sur l'eau. http://seaus.free.fr/article.php3?id_article=11

L'état des lieux, aujourd'hui

En avril 2005 était créé par les cinq ministères concernés (Agriculture, Ecologie, DOM-TOM, Santé, consommation et répression des fraudes), le GEP (Groupe d'Etude et de Prospective "organochlorés aux Antilles") Un premier séminaire en Octobre 2005, en Martinique, permettait de faire le point.

- Aucun indice de dégradation du chlordécone n'a été relevé, seul le lessivage, très lent, des sols permettra leur décontamination. Cela prendra plusieurs siècles dans certains types de sols.

- On pensait que seuls les tubercules, racines, oignons… étaient contaminés mais on rencontre le pesticide également dans certaines parties aériennes des plantes (base des cannes à sucre et d'ananas)

- On espérait pouvoir décontaminer biologiquement les sols mais les plantes ne concentrent pas le chlordécone. Leur teneur est bien inférieure à celle des sols.

- 40% des espèces animales marines étudiées sont contaminées

- Des espèces d'eau douce vivant au sud de Basse Terre présentent des concentrations très importantes (tilapia, ouassou). La pêche a été interdite dans les cours d'eau concernés.

La cartographie des sols pollués a été engagée en Guadeloupe. 4000 hectares (1/6 des terres agricoles) seraient ainsi pollués.

- Sur les anciennes bananeraies ont été établis des "jardins créoles" qui nourrissent les familles. Des lotissements ont été construits. Leurs habitants sont particulièrement concernés.

Face à ce constat faudra-t-il interdire toute culture sur les terres contaminées des Antilles et cela pour des siècles ? C'est là qu'intervient l'AFSSA (Agence française de Sécurité Sanitaire des Aliments)

L'AFSSA paravent des "politiques" ?

L'AFSSA est supposée protéger la santé des citoyens. Il semblerait que son rôle soit plutôt de fixer les normes derrières lesquelles pourront se retrancher les "politiques".. Vérification avec le cas du chlordécone.

Pour rendre légale la consommation d'un aliment contaminé par le chlordécone, l'AFSSA a fixé une LMR (limite maximale de résidus). Sur quelle base ? "Il existe très peu de données chez l'homme" reconnaît l'AFSSA. Elle affirme donc s'être basée sur des études statistiques concernant les habitudes alimentaires des populations antillaises. La "norme" sera d'autant plus élevée que les produits seront peu consommés. Imaginons le procédé appliqué en Bretagne : 80% des bretons ne boivent plus l'eau du robinet, on devrait donc pouvoir porter la norme de 50mg/l de nitrates jusqu'à 200mg. De cette façon il n'y aurait plus une seule rivière, plus un seul captage, plus une seule source qui serait "polluée" en Bretagne. Toutes répondraient aux normes !

C'est ce principe qui a été appliqué aux Antilles. On a admis que 8 aliments (dachine, patate douce, igname, concombre, carotte, tomate, melon et poulet) pouvaient être consommés s'ils contenaient jusqu'à 50microgrammes de chlordécone par kilogramme. Pour d'autres, moins consommés, la limite était portée à 200microgrammes. Pour mémoire, l'eau, pour être déclarée potable, doit contenir moins de 0,1 microgrammes de pesticide par litre. On pourrait donc consommer un aliment qui contiendrait 2000 fois cette dose !

C'est avec cette recommandation de l'AFSSA que les ministères de la Santé, de l'Outremer, de l'Economie, de l'Agriculture ont publié un arrêté fixant ces normes de consommation. C'est ainsi que les préfets des Antilles ont eux-mêmes publié des arrêtés qui en précisaient l'application.

Avec ces nouvelles données le GEP estimait pouvoir "alléger la contrainte que la pollution des sols par le chlordécone" faisait "peser sur la production végétale". La moitié des sols "détectés contaminés" allaient, par ce simple choix d'une "norme", pouvoir être déclarés aptes à la production et mis en culture. Ainsi le chlordécone qu'ils contiennent continuerait à contaminer les générations de consommateurs qui allaient se succéder dans les siècles à venir.

Une question, parmi d'autres nous vient à l'esprit : Allons nous logiquement pouvoir maintenant accepter à Dunkerque les patates douces qui y avaient été précédemment détruites ? Allons nous les trouver à Rungis ou dans les divers marchés de l'Europe continentale ? La commission européenne va-t-elle enregistrer cette nouvelle "norme" ou ces normes resteront-elles spécifiques aux Antilles ? Oubliés des lois sur l'eau, les DOM-TOM vivront-ils également sous un régime sanitaire d'exception ?

En attendant, en Guadeloupe des citoyens n'acceptent pas ce mépris et cette fatalité. Ils se sont regroupés dans un collectif "Agriculture-Société-Santé-Environnement" (ASSE) qui a décidé de porter plainte pour mettre chacun face à ses responsabilités.
_________________
"Le colonialisme et ses dérivés ne constituent pas à vrai dire les ennemis actuels de l'Afrique. À brève échéance ce continent sera libéré. Pour ma part plus je pénètre les cultures et les cercles politiques plus la certitude s'impose à moi que LE PLUS GRAND DANGER QUI MENACE L'AFRIQUE EST L'ABSENCE D'IDÉOLOGIE."
Cette Afrique à venir, Journal de bord de mission en Afrique occidentale, été 1960, Frantz Fanon, Pour la Révolution Africaine
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MessagePosté le: Lun 24 Avr 2006 15:20    Sujet du message: Répondre en citant

CHLOREDECONE
Lettre ouverte à Monsieur Le Ministre Xavier BERTRAND


Monsieur Le Ministre, Vous ne pouvez ignorer la pollution grave qui affecte pour longtemps les sols et les eaux de la Guadeloupe et de la Martinique, due aux pesticides ( chlordécone, dieldrine et autres mirex 450 (perchlordécone 0,45%) qui ont été utilisés principalement contre les charançons de la bananeraie et contre la fourmi manioc.

À Monsieur Le Ministre de la Santé Monsieur Xavier BERTRAND De passage en Région Guadeloupe

Morne à l’Eau le 07 mars 2006,

Monsieur Le Ministre,

Vous ne pouvez ignorer la pollution grave qui affecte pour longtemps les sols et les eaux de la Guadeloupe et de la Martinique, due aux pesticides ( chlordécone, dieldrine et autres mirex 450 (perchlordécone 0,45%) qui ont été utilisés principalement contre les charançons de la bananeraie et contre la fourmi manioc.

Le journal « Libération » titrait un article de son numéro du vendredi 06 janvier 2006 : « GUADELOUPE, UNE TERRE GORGÉE DE POISON ».

Un arrêté du 07 septembre 2005 du Préfet de la Région Guadeloupe porte interdiction de la pêche et de la commercialisation des produits pêchés dans les rivières situées sur le territoire des communes de Capesterre-Belle-Eau, Trois-Rivières, Vieux-Fort, Basse-terre, Saint-Claude, Gourbeyre, Baillif, Vieux-Habitants.

Sous votre signature ont été publiés les arrêtés des 05 octobre 2005 et 10 octobre 2005, relatifs à la teneur maximale en chlordécone que ne doivent pas dépasser certaines denrées d’origine végétale et animale pour être reconnues propres à la consommation humaine.

Permettez nous de douter, Monsieur le Ministre, de l’efficacité de ces mesures qui ne font que confirmer le mépris de l’Etat français pour la santé des citoyens des DOM.

L’AFSSA est supposée protéger la santé des citoyens. Il semblerait que son rôle soit plutôt de fixer les normes derrières lesquelles pourront se retrancher les "politiques".

L’exemple du chlordecone en est la preuve.

Pour rendre légale la consommation d’un aliment contaminé par le chlordécone, l’AFSSA a fixé une LMR (limite maximale de résidus). Sur quelle base ? "Il existe très peu de données chez l’homme" reconnaît l’AFSSA. Elle affirme donc s’être basée sur des études statistiques concernant les habitudes alimentaires des populations antillaises. La "norme" serait d’autant plus élevée que les produits seront peu consommés.

Selon ce principe qui a été appliqué aux Antilles, on a admis que 8 aliments (dachine, patate douce, igname, concombre, carotte, tomate, melon et poulet) pouvaient être consommés s’ils contenaient jusqu’à 50microgrammes de chlordécone par kilogramme. Pour d’autres, moins consommés, la limite serait portée à 200 microgrammes.

Pour mémoire, l’eau, pour être déclarée potable, doit contenir moins de 0,1 microgrammes de pesticide par litre. On pourrait donc consommer un aliment qui contiendrait 2000 fois cette dose ! ! ! ! ! ! C’est avec cette recommandation de l’AFSSA que vous avez, Monsieur le Ministre de la Santé, conjointement avec vos collègues de l’Outremer, de l’Economie et de l’Agriculture signé l’arrêté fixant des normes de consommation.

Alors qu’à compter de Mars et Octobre 2003, deux arrêtés préfectoraux, en Martinique puis en Guadeloupe, imposent l’analyse des sols avant toute mise en culture de légumes racines, grâce à cette norme, la moitié des sols "détectés contaminés" vont, par ce simple choix d’une "norme", pouvoir être déclarés aptes à la production et mis en culture.

Ainsi le chlordécone qu’ils contiennent continuera à contaminer les générations de consommateurs qui vont se succéder dans les siècles à venir.

Il est choquant de constater comment l’attitude des autorités nationales françaises est radicalement différente à l’égard d’épidémies selon que la région affectée se trouve dans l’hexagone ou dans les DOM.

E t ce n’est pas le show politico-médiatique orchestrée à la Réunion pour tenter de se racheter dans la gestion du chikungunia qui nous démentira.

Dès les premières manifestations de la grippe aviaire sur le sol français, les mesures draconiennes étaient mises en œuvres pour prévenir et confiner l’épidémie. Une manne financière était annoncée en vue d’indemniser le préjudice prévisible des agriculteurs.

Aux Antilles, on se contente de reconnaître, à demi mot, la toxicité, en prenant des mesures tardives, soit disant au nom du principe de précaution, alors que le mal est avéré et qu’aucun moyen n’est réellement mis en œuvre afin de garantir aux consommateurs la traçabilité des produits vendus sur les marchés et dans les supermarchés.

Peut-on encore parler de principe de précaution quand différents rapports scientifiques, dont ceux de SNEGAROFF et KERMARREC, avaient clairement établi la dangerosité des pesticides en cause respectivement en 1977 et 1980 ?

Il a fallu attendre qu’en Octobre 2002, une tonne et demie de patates douces en provenance de la Martinique soient saisies par la répression des fraudes sur le port de Dunkerque pour que soient pris en considération les risques pour la santé humaine.

Pourquoi a-t-on continué à commercialiser ces insecticides organochlorés, alors que les autorités chargées de contrôler leur commercialisation et leur usage n’ignoraient en rien leur dangerosité depuis 20 ans ? Pourquoi ne les a-t-on pas remplacé par des molécules moins polluantes ? Est-ce pour plus de profit ?

La France va-t- elle logiquement pouvoir maintenant accepter à Dunkerque les patates douces qui y avaient été précédemment détruites ? Allons nous les trouver à Rungis ou dans les divers marchés de l’Europe continentale ? La commission européenne va-t-elle enregistrer les nouvelles "normes" AFFSSA ou ces normes resteront-elles spécifiques aux Antilles ? Les DOM-TOM vivent ils sous un régime sanitaire d’exception ?

Nous voulons des réponses ! ! !

Croyez, Monsieur le Ministre en nos respectueuses considérations.

Harry Jawad DURIMEL Porte-parole des Verts Guadeloupe
http://guadeloupe.lesverts.fr/article.php3?id_article=19
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MessagePosté le: Lun 24 Avr 2006 15:24    Sujet du message: Répondre en citant

Interdit depuis 1993, le chlordécone fait toujours des ravages...
Guadeloupe " Une terre gorgée de poison"


http://www.liberation.fr/
(extrait )

Nicole (1) est endettée. Elle ne peut ni faire face aux factures, ni se reconvertir. Elle risque l'expulsion de son logement et s'inquiète pour l'avenir de son fils de 5 ans. Nicole, 37 ans, jeune agricultrice guadeloupéenne, est l'une des victimes de la contamination de l'île par le chlordécone. Aujourd'hui interdit, cet insecticide ultra toxique, utilisé contre le charançon du bananier, cancérogène probable et perturbateur endocrinien, a pourri pour des siècles les eaux et les terres antillaises.

En 1999, Nicole fait un emprunt pour acheter un terrain à Goyave, en Basse Terre. Sept hectares de semi mangrove sur lesquels, en 2003, elle plante des madères. En 2004, elle fait analyser ses sols, comme le préconisent deux arrêtés préfectoraux à tout agriculteur désireux de produire des légumes racines ou des plantes à tubercules (2). Le couperet tombe : «Mes parcelles étaient contaminées. Mon terrain n'a jamais servi à la culture de bananes, mais il est situé en aval d'une bananeraie. Ce sont les eaux de ruissellement qui ont transporté le chlordécone.» Il lui est désormais interdit de vendre ses légumes. «J'ai dû laisser mes tonnes de madères en plan.» Depuis, le terrain est en friche et Nicole en galère. Pour ne pas craquer, la jeune agricultrice multiplie les courriers aux administrations, au préfet, à Jacques Chirac, à l'Union européenne...

La pollution des rivières guadeloupéennes a été décelée en 1999 par la direction départementale de la santé, mais c'est en 2002 seulement que scientifiques et autorités publiques saisissent l'ampleur du désastre. Cette année-là, se souvient Harry Durimel, avocat et porte-parole des Verts de Guadeloupe, un article paru dans Libération (3) révèle deux événements survenus quelques mois plus tôt. D'abord, en août, la découverte en Martinique, par la police, de plusieurs tonnes de chlordécone dans une bananeraie. Preuve que les planteurs ont continué à utiliser ce poison pourtant interdit depuis 1993. Dix jours plus tard, la douane saisit à Dunkerque une cargaison de patates douces en provenance de Martinique, toutes contaminées par le chlordécone. Preuve que l'insecticide, présent dans les sols antillais, a contaminé la chaîne alimentaire et peut se retrouver dans les assiettes, via les légumes cultivés dans la terre.

La préfecture de Guadeloupe met alors en place des analyses de sol préventives et interdit la culture des légumes racines sur terrain contaminé. Sous la houlette du député martiniquais Philippe Edmond-Mariette (non inscrit), des parlementaires antillais obtiennent la création d'une mission d'information sur le chlordécone. Rendu public en juin 2005, leur rapport rencontre peu d'échos en métropole. Pourtant, les tribulations de l'insecticide aux Antilles se lisent comme un polar. Elles illustrent l'opacité qui caractérise l'homologation des produits phytosanitaires, et témoignent de l'influence d'une poignée de gros planteurs qui contrôlaient alors la filière antillaise de la banane.

Le chlordécone appartient à la première génération de pesticides, les organochlorés. Comme le DDT, le lindane, c'est l'un des «douze salopards», ces polluants organiques persistants qui sont une plaie pour la planète. Breveté aux Etats-Unis en 1952, le produit est vendu en 1958 par la société Dupont de Nemours sous le nom commercial de Kepone. Mais en 1975 c'est la catastrophe sur un site de production en Virginie. «Une pollution importante de l'environnement immédiat de l'usine, ainsi que des effets toxiques aigus sur les travailleurs (...) induisent la fermeture brutale du site», relatent les députés. Les autorités américaines interdisent le Kepone en 1976.

Pourtant, cinq ans plus tard, le produit va être réautorisé en France. Après le passage de deux cyclones, en 1979 et en 1980, les planteurs se disent démunis face à la prolifération du charançon. En 1981, le ministère de l'Agriculture accepte de le remettre sur le marché. C'est la société Laurent de Laguarigue qui a racheté le brevet de la molécule et la vend sous le nom de Curlone. Or Laguarigue est un gros planteur béké martiniquais, propriétaire de maisons d'exportation de bananes... Dans une interview donnée en août 2005 à l'hebdomadaire guadeloupéen Sept Magazine, Daniel Dollin, de la chambre d'agriculture, rappelle la puissance du lobby des gros planteurs: «[Ils] faisaient la pluie et le beau temps dans les groupements, les petits pouvaient juste se plier (...). C'était la belle époque de la banane, on avait un marché garanti en Martinique et en Guadeloupe, et l'objectif de chacun était de trouver les moyens pour conserver ses parts de marché malgré les intempéries.»

Angoisses et convulsions

Pourtant, la nocivité environnementale de l'insecticide est déjà établie. En 1977 et 1980, deux rapports scientifiques (4) avaient mis en évidence la pollution des rivières et des sols antillais, et la rémanence du produit. L'impact sur la santé humaine, lui, est mal connu. Sauf en cas d'exposition aiguë : les ouvriers de l'usine de Hopewell en Virginie ont souffert d'agitations, d'angoisses, de convulsions, de céphalées, de troubles hépatiques et de troubles de la spermatogenèse. On ignore en revanche l'effet d'une exposition chronique. Chez le rat, elle provoque des cancers, et endommage les organes reproducteurs. Mais aucune étude épidémiologique n'a été concluante chez l'homme. En 1979, la substance est néanmoins classée cancérogène probable par le Centre international de recherche contre le cancer.

Pourquoi la France prend-elle le risque d'autoriser ce produit ? A l'époque, rappelle la mission parlementaire, «les connaissances scientifiques étaient balbutiantes, l'attention portée aux potentiels effets néfastes des pesticides moins soutenue qu'aujourd'hui (...) et la notion de principe de précaution encore inconnue du droit».

Yves-Marie Cabidoche, chercheur de l'Inra en Guadeloupe, spécialiste de l'étude des sols, se souvient : «En 1981, (...) le chlordécone avait une réputation non usurpée d'efficacité. (...) La Guadeloupe avait essuyé plusieurs cyclones, le charançon proliférait. Les planteurs ont exercé une forte pression pour que ce produit soit disponible.» Il évoque aussi les rapports distants entre recherche, services de l'Etat et acteurs économiques. A l'époque, regrette-t-il, il existait pourtant des produits alternatifs, des organo-phosphorés dégradables, moins efficaces que le chlordécone mais qui auraient pu le remplacer.

L'Etat pénalement responsable ?

En 1989, la Commission d'étude de la toxicité des phytosanitaires préconise l'interdiction de l'insecticide, qu'elle juge «persistant, relativement toxique». Le ministère de l'Agriculture l'interdit en 1990. Mais les gros planteurs obtiennent deux dérogations : le produit sera utilisé jusqu'en 1993. La mission parlementaire émet les plus grandes réserves sur ces dérogations qui pourraient aujourd'hui engager la responsabilité pénale de l'Etat dans ce «Metaleurop agricole» (5).

Aujourd'hui, la Guadeloupe tente d'évaluer l'ampleur des dégâts. L'eau tout d'abord. En 1999, la Direction de la santé et du développement social (DSDS) de Guadeloupe sonne l'alerte : les rivières sont polluées, certains des points de captage d'eau potable aussi. Problème d'autant plus grave que c'est de Basse Terre, région des bananeraies, que proviennent 80 % des ressources en eau potable de la Guadeloupe. En 2000, des mesures sont prises : captages fermés, stations de traitement d'eau potable équipées de filtres à charbon pour retenir les pesticides. Selon l'Inspection générale de l'environnement, en 2005, les eaux destinées à la consommation sont exemptes de chlordécone à plus de 99 %. Reste que la population antillaise a ingéré durant des années une eau et des aliments pollués.

Quant aux sols, Grande Terre est épargnée mais Basse Terre est fortement contaminée. Yves-Marie Cabidoche, qui planche sur une cartographie des sols pollués, estime qu'au moins 4 000 hectares, soit un sixième de la surface agricole, sont très pollués. «Le chlordécone est une molécule hérissée de chlore qui présente une forte affinité pour les sols et ne montre aucun indice de dégradabilité. Il faudra des siècles pour que les eaux parviennent à le lessiver. L'insecticide, qui se dépose sur le sol comme une couche de vernis, s'est dispersé avec les labours en millions de copeaux dans une grande épaisseur de terre.» Et nul ne sait dépolluer ces sols dont l'usage est désormais très restreint. «On peut y faire encore de la banane ou de la canne à sucre, le transfert de l'insecticide de la terre aux arbres fruitiers n'ayant pas été observé.»

A la chambre d'agriculture, Sully Gabon dirige le service qui centralise les analyses de sols. Il est confronté à la détresse économique des cultivateurs. Aujourd'hui, il reçoit Claudius Virain, 26 ans, dont les trois parcelles dédiées aux patates douces et madères sont contaminées. «Notre prédécesseur sur le terrain avait fait de la banane durant neuf ans et utilisait du Curlone, comme tout le monde.» Le jeune homme cultive désormais des bananes «presque bio» et a réussi à dénicher des marchés locaux. «Je commence à m'en sortir mais j'ai perdu 11 000 euros.»

Un tiers des femmes enceintes contaminées

La Confédération paysanne et les syndicats affiliés aux Antilles réclament l'indemnisation par l'Etat des victimes. Mais le préjudice global est difficile à évaluer, les agriculteurs n'ayant pas tous fait procéder à l'analyse de leurs sols. En outre, la publication en octobre par l'Agence française de sécurité alimentaire de limites acceptables de chlordécone dans les produits les plus consommés, sans risque pour la santé des consommateurs, devrait permettre à certains agriculteurs dont les terres sont peu contaminées de continuer à travailler. Sully Gabon s'inquiète aussi de la santé des agriculteurs : «Normalement, pour épandre le chlordécone, on doit utiliser un appareil doseur qui se porte dans le dos et une petite lance avec système de dosage. Mais le plus souvent c'était un seau, et dans le meilleur des cas des gants ou un masque...»

Plusieurs études épidémiologiques, coordonnées par Luc Multignier, épidémiologiste de l'Inserm à Rennes, tentent de cerner l'impact sanitaire de l'exposition au chlordécone, et les éventuels liens de causalité avec certaines pathologies. «La première, fondée sur des analyses de sang, a confirmé qu'une importante fraction de la population ­ deux tiers des ouvriers agricoles et un tiers des femmes enceintes ­ est contaminée, explique-t-il. Ce n'est pas surprenant, puisque l'eau et les aliments sont pollués. Mais nous ignorons si ce niveau de contamination est dangereux.» Une étude menée en 2004 n'a pas trouvé de différences significatives entre la fertilité des ouvriers agricoles et celle d'une population témoin.

Deux autres études sont en cours : Timoun, qui piste les effets du chlordécone sur le développement intra-utérin et postnatal à partir du suivi de 1 200 grossesses et des sept premiers mois des bébés. Et Karu-Prostate, qui traque les liens avec le cancer de la prostate. «On observe en Guadeloupe un taux de prématurité et de mortalité périnatale deux fois plus élevé que celui de la métropole, et l'une des incidences de cancer de la prostate les plus élevées au monde, qui ne s'explique qu'en partie par l'origine ethnique de la population.» Les résultats de ces études ne sont pas attendus avant 2007. En attendant, les Guadeloupéens doivent se débrouiller avec leurs angoisses.

par Eliane PATRIARCA
http://www.liberation.fr/page.php?Article=349303 QUOTIDIEN : vendredi 06 janvier 2006

(1) Le prénom a été modifié.
(2) Igname, madère, manioc, patate douce, gingembre, carotte, navet...
(3) 12 octobre 2002.
(4) Snegaroff (Inra) et Kermarrec.
(5) Cette entreprise de fonderie a fermé ses portes
en 2003, laissant le site contaminé.
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MessagePosté le: Mar 25 Avr 2006 17:07    Sujet du message: Répondre en citant


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MessagePosté le: Jeu 22 Fév 2007 21:18    Sujet du message: Répondre en citant

Une enquête de Louis BOUTRIN et de Raphaël CONFIANT jette le pavé dans la mare empoisonnée Evil or Very Mad Mad Sad

A paraître prochainement aux éditions L'Harmattan :

Citation:
Chronique d'un empoisonnement annoncé

Le scandale du chlordécone aux Antilles Françaises
1972 - 2002


4è de couverture :


Citation:
Après les scandales de l’amiante, du sang contaminé, de la vache folle et d’Outreau, voici qu’une nouvelle fois, de graves dysfonctionnements de l’administration française mettent en péril la vie d’un million de nos concitoyens, ceux de la Martinique et de la Guadeloupe, « départements d’Outre-Mer » que l’on à trop souvent tendance à percevoir à travers le filtre réducteur du soleil, de la mer bleue et des belles doudous. En effet, on pourrait résumer ce nouveau scandale en parodiant un célèbre slogan : « Sous la plage, le Chlordécone ». Ce nom barbare cache un puissant pesticide utilisé pendant trente ans dans les plantations de banane des Antilles françaises, cela au mépris de la législation puisqu’il était interdit dans l’Hexagone. De manière clandestine__et cela avec la complicité active ou passive des différentes administrations déconcentrées de l’Etat et des grands planteurs Békés (ou Blancs créoles)__les sols, les cours d’eau, les sources et les nappes phréatiques de la Martinique et de la Guadeloupe ont été polluées par l’utilisation à doses massives (parmi d’autres pesticides tout aussi dangereux) du Chlordécone. En bref, on a sciemment empoisonné 1 million de citoyens français ! Et quand on sait que la rémanence du Chlordécone est d’une soixantaine d’années et qu’aucun plan n’a été jusqu’ici mis sur pied pour tenter de l’éliminer, on comprend mieux le pourquoi de l’explosion stupéfiante du taux de cancers (surtout de la prostate), de la maladie d’Alzheimer, du Parkinson, de malformations à la naissance ainsi que celle de l’inquiétante baisse de la fertilité dans nos deux îles « ensoleillées ».
Le présent ouvrage s’inscrit dans le droit fil du journalisme d’investigation. Il s’appuie sur des documents, dossiers, études ou rapports inconnus du grand public, et souvent inaccessibles, et vise à briser le silence fait autour de cet empoisonnement massif par les parties concernées. Si le Chlordécone n’est désormais plus utilisé, il continue, et continuera, à faire des ravages au niveau de la santé des populations antillaises. Ainsi donc, comme pour l’amiante, le sang contaminé ou la vache folle, les coupables doivent être identifiés et mis, par qui de droit, devant leurs responsabilités.

BOUTRIN (Louis), né en 1961 à Fort-de-France (Martinique), est directeur de publication du magazine « La Tribune des Antilles » et président-fondateur de l’association « Ecologie urbaine ». Dernier ouvrage publié : « Au-delà des discours—Une volonté pour le pays Martinique » (Ibis Rouge, 2005).

CONFIANT (Raphaël), né en 1951 au Lorrain (Martinique), est écrivain et créoliste. Il a milité dans diverses associations écologiques (ASSAUPAMAR, Ecologie Urbaine). Dernier ouvrage publié : « Nègre marron » (Ecriture, 2006).



Présentation de l'enquête, par Raphaël CONFIANT :


ILS ONT EMPOISONNE NOTRE TERRE, NOS EAUX, NOS RIVAGES…NOTRE PEUPLE

Je veux parler d’un crime commis à l’encontre d’1 million de personnes censées être des citoyens français. Personnes qui n’ont qu’un seul tort : être nés, vivre et travailler dans leur terre natale, la Martinique et la Guadeloupe. Je veux parler du déversement de dizaines de milliers de tonnes de pesticides pendant près de trente années sur les terres plantées en banane de nos deux îles. Pesticides qui ont pour noms : DDT, HCH (Hexaclorocyclohexane), Mirex (ou Perchlordécone), Dieldrine et surtout Chordécone. Tout particulièrement ce dernier puisque son taux de rémanence est évalué à 60 ans.
Aujourd’hui, malgré le tam-tam de la Star Académie, du carnaval, des élections présidentielles et législatives, sans compter les éternels matches de l’équipe de France, il nous faut regarder la vérité en face : nous avons été bel et bien empoisonnés. Pourquoi le nombre de cancers en Martinique est-il passé en 10 ans de 250 cas par an (19997) à plus de 1.000 en 2007 ? Quel est le pays du monde qui a le taux de cancer de la prostate le plus élevé après les Etats-Unis ? La Martinique ! Des plaisantins vous diront que c’est à cause de « facteurs héréditaires » liés à « la race noire ». Comme si le Zimbabwe ou le Nigeria, qui ont parmi les taux les plus bas du monde, étaient peuplés de Vikings ! Pourquoi la Guadeloupe utilise-t-elle annuellement 7 kgs de pesticides par tête d’habitants alors que la France n’en utilise que…1,5 ? Ici encore, on évoquera un pseudo « climat tropical propice au développement des bactéries » comme si le Tamil-Nadu (Inde) et le Sud du Vietnam, qui privilégient les intrants d’origine naturelle et obtiennent de bons rendements agricoles, étaient des pays tempérés.
Oui, le résultat est là, sous nos yeux : croissance exponentielle du nombre de cancers de toute nature (chez des patients de plus en plus jeunes), de la maladie de Parkinson, de celle d’Alzheimer, développement inquiétant de malformations congénitales et baisse dramatique de la fertilité masculine. La liste est interminable. C’est que pendant des décennies nous avons bu à des sources polluées sans le savoir, reçu une eau du robinet bourrée de pesticides à notre insu, consommé des légumes contaminés au HCH, au Dieldrine ou au Clhordécone sans en être informés, mangé du poisson contenant des métaux lourds en toute quiétude. Et pire : nous continuons à le faire !
Deux questions se posent alors : le savait-on ? qui est responsable de cet empoisonnement généralisé de tout un peuple ?
La réponse à la première question ne fait pas l’ombre d’un doute, comme Louis Boutrin et moi, l’exposons en détail dans notre ouvrage « Chronique d’un empoisonnement annoncé » (éditions L’Harmattan, 2007). Les pouvoirs publics, en particulier les services déconcentrés de l’Etat français, ceux en charge de l’agriculture et de la santé publique notamment, étaient parfaitement au courant de la nocivité de ces produits et pourtant soit ils ont laissé faire soit ils se sont livrés à des manipulations visant à minimiser ladite nocivité. Pire : certains ont carrément enfreint la loi. Exemple : le Chlordécone, interdit aux Etats-Unis en 1976, ne sera jamais homologué en France, mais il sera allègrement utilisé en Martinique et en Guadeloupe entre 1972 et… 1993. Mieux, divers rapports scientifiques, que nous citons abondamment dans notre ouvrage, en particulier le rapport Snegaroff (1980), décrivent très clairement les différentes contaminations subies par nos sols, nos eaux et nos rivages. Rapports aussitôt mis sous le coude et ignorés par les hauts fonctionnaires des services déconcentrés de l’Etat français. Attitude criminelle de la part de gens qui savent bien qu’ils n’exerceront que 3 ans dans nos pays, rarement plus. Attitude coloniale. N’ayons pas peur des mots ! On aurait trouvé ne serait-ce que le centième du taux de Dieldrine identifié dans les eaux guadeloupéennes dans une quelconque région de l’Hexagone que non seulement cela aurait provoqué un tollé mais encore l’Etat se serait empressé de trouver une solution au problème. On l’a bien vu lors de l’interdiction de Perrier aux Etats-Unis. Or, ici, aux Antilles dites « françaises » : rien. Silence absolu. Circulez, y’a rien à voir !

Quant à la deuxième question, la réponse est encore plus simple : il y a trois types de coupables. D’abord, les différents ministres français de l’agriculture qui se sont succédés au cours de ces trente années et qui sont les seuls autorisés à délivrer les autorisations d’utilisation de pesticides. Ministres de droite, ministres de gauche et ministres de cohabitation. Ensuite, ces fameux hauts fonctionnaires en poste aux Antilles dont je viens de parler. Enfin, les importateurs (pour la plupart Békés) de produits phytosanitaires. Les premiers, les ministres donc, rétorqueront par le désormais célèbre « Responsable, mais pas coupable » puisqu’ils se contentent de signer ce que leur soumettent leurs administratifs et techniciens. Certes, mais comment ont-ils pu prolonger année après l’autorisation d’un produit, le Chlrodécone, qui était interdit en France et à propos duquel la presse avait fait grand bruit ? Pourquoi n’ont-ils pas réagi après la découverte du Dieldrine, produit qui n’a jamais été autorisé sur le territoire français, dans l’eau de la région de Basse-Terre ? Les seconds, les hauts fonctionnaires exerçant aux Antilles, diront que l’état des connaissances scientifiques à l’époque ne permettait pas de mesurer le degré exact de nocivité de ces différents produits. Faux ! Mensonges ! Baboul comme on dit en créole. Avant d’être interdit en France, le Chlordécone l’avait été d’abord aux Etats-Unis dès 1976. La littérature scientifique en anglais est abondante et explicite sur le sujet, les chercheurs français emboîtant le pas à leurs collègues étasuniens quelque temps après. Mensonges aussi parce que divers rapports, commandés souvent par ces mêmes services déconcentrés de l’Etat, avertissaient en des termes sans équivoque du danger potentiel. Les troisièmes coupables, à savoir les importateurs békés sont encore plus culottés : ils vont racheter la formule chimique du Chlordécone aux Américains, la faire mettre au point par un laboratoire à Béziers (France), faire fabriquer le produit au Brésil et enfin le faire pénétrer sur le territoire guadeloupéen et martiniquais, (parfois à partir des îles anglophones voisines), sous le nouveau nom de…Curlone. Comme entourloupe, on ne fait pas mieux !

Si donc cette contamination massive, cet empoisonnement d’1 million de citoyens dits français était parfaitement prévisible, si les responsables en sont parfaitement connus, que somme-nous en droit d’attendre aujourd’hui de la puissance tutélaire à savoir l’Etat français ? Deux types d’actions : une action judiciaire d’une part et une action réparatrice de l’autre. Action judiciaire qui doit se traduire par la constitution sans délai d’une commission d’enquête parlementaire exactement comme ce fut le cas pour les affaires du sang contaminé, de l’amiante, de la vache folle ou d’Outreau. Il faut dire au passage qu’on a essayé de nous boucher les yeux, ou plus exactement de noyer le poisson, avec une simple mission d’enquête parlementaire qui ne possède strictement aucun pouvoir. Résultat : l’affaire du Chlordécone semble « réglée » (sic) et les centaines de moyens et petits agriculteurs dont les terres sont contaminées et les productions désormais impropres à la consommation sont au bord de la ruine vu qu’aucune indemnisation sérieuse n’a encore été mise en place. Cela a un nom chez nous : se foutre pas mal de la gueule des Nègres. A l’inverse, une commission d’enquête parlementaire permettra d’entendre les responsables devant la justice. Car il faudra bien que la justice se fasse dans ces pays dits français…
A côté de ce volant judiciaire, il faut un volant « réparations » et cela à deux niveau : au niveau financier et au niveau écologique. Il est inadmissible que les moyens et petits agriculteurs soient, comme c’est le cas aujourd’hui, obligés de payer de leur poche les examens permettant de savoir si leurs terres sont contaminées ou pas. D’abord, ces examens sont longs et coûteux, ensuite ces agriculteurs n’avaient pas les moyens d’échapper à la mainmise des Békés sur l’utilisation des produits phytosanitaires. Il faut donc une étude rapide et précise des zones contaminées et la mise sur pied d’un fond de compensation assumé par l’Etat puisque c’est lui, à travers ses services déconcentrés, qui est le premier responsable du désastre. Au niveau écologique, il faut qu’une commission d’enquête indépendante, composée pour partie de scientifiques de différentes nationalités, soit mise sur pied afin d’évaluer l’ampleur des dégâts et essayer de voir quelles mesures il serait possible de prendre pour limiter ceux-ci, étant bien entendu que certains d’entre eux (notamment sur la santé des Martiniquais et des Guadeloupéens) sont irréversibles. Cette commission pourrait parfaitement être impulsée par nos conseils régionaux et généraux qui auraient là, une fois n’est pas coutume, l’occasion de travailler de concert et d’enterrer la hache de guerre ridicule qu’ils brandissent dès qu’on leur parle d’unité Guadeloupe-Martinique.

Enfin, tous les droits-de-l’hommistes, humanistes, antiracistes, négro-républicains et certains crétins de footeux qui feraient mieux de garder précieusement le peu de neurones dont la nature les a dotés pour taper dans un ballon au lieu d’essayer de penser, ont là une occasion rêvée d’exercer leur force d’indignation. Resteront-ils bouche cousue devant ce qui n’est rien d’autre qu’une catastrophe sanitaire délibérément provoquée ? En tout cas, si rien ne venait dans les mois à venir, si aucun début de commencement de solution n’était en préparation, les forces vives de la Martinique et de la Guadeloupe (ou ce qu’il en reste) se trouveraient obligées d’en référer à la Cour Européenne de Justice dans un premier temps et à l’Organisation des Etats de la Caraïbe, à l’Organisation des Etats Américains ainsi qu’au Comité de Décolonisation de l’ONU dans un second. Car les actuelles autorités françaises exerçant leur pouvoir de tutelle sur nos deux pays sont tout aussi responsables que celles qui les ont précédées pendant les années 1970-2000 dans la mesure où, bien qu’en charge de la santé publique, elles demeurent les bras croisés comme si de rien n’était. En bref, les Martiniquais et les Guadeloupéens continuent à s’empoisonner tranquillement…
QUESTION :
A-t-on le droit d’empoisonner délibérément tout un peuple, surtout un peuple que l’on a maintenu en esclavage pendant trois siècles ?



RAPHAEL CONFIANT

___________________________________________________________


Excusez-moi, mais c'est tellement violent que, même si j'étais au courant, ça m'a fait l'effet d'une volée de coups de poings dans la gueule Crying or Very sad

A plus tard (faut que je digère ça) Arrow
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"Le colonialisme et ses dérivés ne constituent pas à vrai dire les ennemis actuels de l'Afrique. À brève échéance ce continent sera libéré. Pour ma part plus je pénètre les cultures et les cercles politiques plus la certitude s'impose à moi que LE PLUS GRAND DANGER QUI MENACE L'AFRIQUE EST L'ABSENCE D'IDÉOLOGIE."
Cette Afrique à venir, Journal de bord de mission en Afrique occidentale, été 1960, Frantz Fanon, Pour la Révolution Africaine
2011, annee Frantz Fanon
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hormheb
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MessagePosté le: Ven 23 Fév 2007 00:02    Sujet du message: en voila un sujet pour la campagne actuelle ! Répondre en citant

Eh oui, c'est violent !!!!

Je me demande si en Afrique on a pas utilise la meme chose. je serais surpris du contraire. Je viens d'un pays ou toute une region entiere ne produit que de la banane pour un grpe francais. Bien sur.
Il y a aussi de plus en plus de gens qui meurent de cancer et meme des jeunes la-bas.
En tout cas, et une fois encore, Confiant montre l'exemple. C'est ce genre d'enquete fouillee qu'il faut conduire pour faire tomber les masques.

Maintenant, A nous de l'utiliser pour mieux defendre nos droits et interets.
La campagne actuelle est une aubaine pour vulgariser ce scandale et amener les candidats a prendre clairement position la-dessus. Surtout un certain mr qui dit qu'il va tenir ses promesses. Mettons le au pied du mur.

Chabine, tiens-nous au courant.
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Maryjane
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MessagePosté le: Mar 13 Mar 2007 16:28    Sujet du message: Répondre en citant

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owambo
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MessagePosté le: Jeu 20 Sep 2007 15:10    Sujet du message: Répondre en citant

Le rapport du Prof. BELLEPOMME qui a mis le feu aux poudres (c'est marrant quand même quand c'est un negre - pardon un "créole" - comme Confiant qui s'exprime c'est le silence mais lorsque c'est un blanc qui parle alors ça devient l'affaire du siecle...)

http://www.destinationsante.com/IMG/pdf/Rapport%20Martinique1.pdf
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Nkossi
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MessagePosté le: Jeu 20 Sep 2007 16:11    Sujet du message: Répondre en citant

On aura tout entendu ! J'ai suivi un professeur dernièrement à la TV française soutenir que l'explosion des cancers de la prostate aux Antilles ne serait pas dûe aux pesticides mais certainement liée à la génétique : les populations d'ascendance africaine seraient plus enclines à présenter ce type de cancer Rolling Eyes. Le Mr n'a pas fait d'études sur les populations africaines en Afrique où à ma connaissance il n ya pas cette explosion, mais décrète tranquillement cette énormité.
Donc on peut continuer à déverser des tonnes de pesticides car de toute façon les cancers ne viendraient pas de là ! Rolling Eyes
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Visitez le blog de Théo http://kouamouo.ivoire-blog.com/
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Maryjane
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MessagePosté le: Jeu 20 Sep 2007 16:51    Sujet du message: Répondre en citant

Je ne sais pas si c'est lié (désolée Embarassed), mais la dengue est confirmée en Martinique :

http://afp.google.com/article/ALeqM5h398rRUhjn4pS3981VFJkhBgp46Q

FORT-DE-FRANCE (AFP) — La cellule de gestion des phénomènes épidémiques réunie vendredi à Fort-de-France a déclaré un "début d'épidémie de dengue en Martinique", apprend-on auprès de la DSDS (direction de la santé et du développement social) de Martinique.

Dans un communiqué rendu public vendredi soir, la DSDS précise que "les dernières données de surveillance épidémiologique de la dengue confirment le dépassement des seuils épidémiques de la dengue déjà observé depuis 3 semaines".

La cellule de gestion a, dans ces conditions, "décidé du passage à la phase 4, niveau 1 du plan de surveillance, d'alerte et de gestion des épidémies de dengue (Psage-Dengue). Ce passage en phase 4, niveau 1, signifie que la Martinique est dans une "situation d'épidémie confirmée".

Depuis le début du mois d'août 2007, "1300 personnes ayant consulté un médecin généraliste pour un syndrome évocateur de la dengue ont été recensées et une quarantaine a été hospitalisée pour une dengue, selon le communiqué.

En phase 4, des actions de démoustication vers les zones les plus touchées et l'implication des municipalités de l'île sont notamment prévues. En outre, il est recommandé aux populations de prendre des mesures de protection individuelles comme "l'utilisation de moustiquaires et de répulsifs ainsi que le port de vêtements longs".

La dengue est une maladie virale. Elle prend la forme de fortes fièvres accompagnées de maux de têtes, de courbatures et d'asthénie et peut durer plusieurs semaines.

**********

Egalement en Guadeloupe :

http://www.newmedia-fr.info/ixm_ixpnews.php?file=article&story_id=23068

Dengue : la Guadeloupe en phase pré-épidémique
Publié le 19/09/2007 Auteur: David Lenoir

L’Institut de veille sanitaire (InVS) indique dans un point effectué mardi 18 que la Guadeloupe est entrée en phase pré-épidémique face la multiplication des cas de dengue. Alors que l’épidémie est déclarée en Martinique, l’augmentation du nombre de cas de dengue en Guadeloupe au cours des deux dernières semaines est compatible avec un début d’épidémie, qui sera confirmé si la tendance se poursuit. Le sérotype circulant est exclusivement le DEN-2.

Selon l’InVS, depuis mars 2007, le nombre estimé de cas suspects de dengue en Guadeloupe a nettement diminué par rapport aux deux années précédentes. La transmission a été faible durant les deuxième et troisième trimestres de l’année. A Saint-Martin, à la suite de la pré-alerte déclenchée en novembre 2006, le retour de la circulation du virus (endémique depuis 2004) à son niveau de base, amorcé en début d’année, s’est poursuivi. A Saint-Barthélemy, les pics épidémiques de juin, août et octobre 2006 ont été suivis d’une phase de diminution de la transmission en début d’année. La situation est retournée à son niveau de base à la fin du mois d’avril dernier.

La Guadeloupe, Saint-Barthélemy et Saint-Martin ont connu une épidémie d’intensité modérée de juillet 2005 à mars 2006 avec un pic épidémique pour la Guadeloupe et les îles du nord en septembre 2006. En Guadeloupe, le pic épidémique a atteint un maximum début novembre 2006. Par la suite, une première phase de décroissance lente s’est installée de la fin 2006 aux premiers mois de l’année 2007.

Pour limiter au maximum les risques de contamination, l’Institut de veille sanitaire conseille de se protéger individuellement contre les piqûres de moustiques et d’éviter la prolifération des vecteurs en éliminant régulièrement tous les lieux de reproduction des moustiques qui se trouvent à l’extérieur et à l’intérieur des maisons.

Dans la majorité des cas, la dengue ne présente pas de complications. Néanmoins, principalement en raison de la baisse du nombre de plaquettes, il existe un risque hémorragique au cours de cette infection virale. C’est pourquoi il est nécessaire d’une part d’éviter impérativement la prise d’aspirine et d’anti-inflammatoires et d’autre part de consulter son médecin traitant qui pourra prescrire, outre la demande de confirmation sérologique, une numération formule sanguine, notamment pour la surveillance du taux de plaquettes.
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owambo
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MessagePosté le: Ven 21 Sep 2007 09:52    Sujet du message: Répondre en citant

Nkossi a écrit:
On aura tout entendu ! J'ai suivi un professeur dernièrement à la TV française soutenir que l'explosion des cancers de la prostate aux Antilles ne serait pas dûe aux pesticides mais certainement liée à la génétique : les populations d'ascendance africaine seraient plus enclines à présenter ce type de cancer Rolling Eyes. Le Mr n'a pas fait d'études sur les populations africaines en Afrique où à ma connaissance il n ya pas cette explosion, mais décrète tranquillement cette énormité.
Donc on peut continuer à déverser des tonnes de pesticides car de toute façon les cancers ne viendraient pas de là ! Rolling Eyes


Cette théorie raciste a été mise en cause par R. Confiant et P. Boutrin dans leur livre dont jerecommnade la lecture (Chronique d'un empoisonnement annoncé):

"Et l'argument selon lequel l'origine noire de la majorité des Martiniquais en serait la vraie responsable , argument que nous démonterons plus tard, ne tient pas debout. En effet, les Blancs américains ont un taux de cancer de l prostate 5 fois plus élevé que celui des Nigérians et des Zimbabwéens, pays on ne peut plus noirs, ce qui est logique puisque les Etats-Unis sont le premier utilisateur de pesticide au monde."
P. 27 et 28

Je recommande à chacun de s'informer EN PROFONDEUR car nous allons faire l'objet d'allégations et d'attaques RACISTES pour que les Békés et pouvoirs publics se dédouanent de leur crime!!!
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owambo
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MessagePosté le: Sam 13 Oct 2007 11:31    Sujet du message: Répondre en citant

Interview de Madeleinede Grandmaison:

http://www.miziktv.com/videos/depuis_paris_extrait_DE_GRANDMAISON.wmv


Je suis dubitatif quand j'entend ses propos. Qui Croire ?? Y a t il une operation pour etouffer l'affaire ???

Qui est Madeleine de de Grandmaison:

Récupérée de « http://fr.wikipedia.org/wiki/Madeleine_de_Grandmaison »


Madeleine de Grandmaison

Madeleine de Grandmaison née en 1938 est une femme politique martiniquaise.

Elle est depuis 1998 vice-présidente du conseil régional de la Martinique et depuis 2003 présidente du CMT (Comité Martiniquais du Tourisme).

Conseillère régionale depuis 1986, elle occupe une place importante dans la vie politique martiniquaise. En 1998 elle devient 3eme vice-présidente de la région (dirigé par Alfred Marie-Jeanne) et présidente de la commission des affaires culturelles.

En 2003, elle tente d'obtenir l'investiture de son parti, le PPM, pour l'élection législative partielle qui a lieu suite à l'invalidation de Pierre Samot. Soutenue par Claude Lise, elle est battue par le candidat du maire de Fort de France (qui lui meme se fera battre largement par Philippe Edmond-Mariette du groupe Bâtir le Pays Martinique de Pierre Samot).

En 2004, pour les élections régionales, elle est à la tête de la liste "Convergences Martiniquaises" du PPM et des DVG. Elle doit faire face à la liste des Patriotes du président sortant Marie-Jeanne mais aussi de la liste "Alliance pour le pays Martinique" du groupe Batir, du Parti Socialiste et des divers gauches. Malgré les pronostics elle arrive en seconde position au 1er tour derrière Alfred Marie-Jeanne mais devant Pierre Samot qui est contraint de fusionner avec elle. Mais le report de voix se fait mal et elle est battue. Elle devient tout de même 7e vice-présidente de la région et conserve la présidence du CMT ou elle mène une politique énergique pour promouvoir la destination Martinique.

Proche de Claude Lise, elle a quitté le PPM suite au Congrès de 2005, pour fonder un nouveau parti, le Rassemblement démocratique martiniquais.

Récupérée de « http://fr.wikipedia.org/wiki/Madeleine_de_Grandmaison »
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owambo
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MessagePosté le: Jeu 06 Déc 2007 14:46    Sujet du message: Lozès: Borloo étouffe "un scandale écologique majeur&qu Répondre en citant

http://www.rue89.com/2007/12/06/lozes-borloo-etouffe-un-scandale-ecologique-majeur


Lozès: Borloo étouffe "un scandale écologique majeur"
Par Chloé Leprince (Rue89) 10H10 06/12/2007

Le président du Cran abandonne sa mission en Martinique suite à des pressions sur le dossier du pesticide chlordécone.



Patrick Lozès, le président du Cran, démissionne de la mission qui lui avait été confiée fin octobre par Jean-Louis Borloo en Martinique. Il accuse le ministère de l'Environnement d'avoir fait pression sur lui pour étouffer un "scandale écologique majeur".

C'est pour sa connaissance du terrain et ses réseaux aux Antilles que le président du Conseil représentatif des associations noires avait été approché par l'équipe de Jean-Louis Borloo. Le 30 octobre, il reçoit officiellement pour mission de dresser l'état des lieux environnemental de la Martinique après le passage du cyclone Dean, qui a balayé l'île et ravagé une bonne partie des bananneraies sur place, en août 2007.

Mais Patrick Lozès affirme que le ministère lui a très vite demandé de communiquer allègrement sur l'avancement de ses travaux... sauf sur une question: le chlordécone.

(Fichier AUdio MP3)


Ce pesticide hautement toxique, destiné à l'élimination des coléoptères, a été utilisé dans les bananeraies jusqu'au milieu des années 1990:

(Fichier AUdio MP3)

Le président du Cran argue avoir toujours alerté Jean-Louis Borloo sur l'importance de cet enjeu sur une île où "12700 personnes seraient encore à risque aujourd'hui":

"Le sol est encore contaminé, ainsi que de très nombreux aliments. La population continue donc à être contaminée."

De retour d'une mission dans les Antilles, le Pr Dominique Belpomme, cancérologue, avait déjà alerté l'opinion, en septembre dernier, au sujet du chlordécone. Parlant d'un "vrai désastre sanitaire", il rappelait alors que le produit cancérogène avait été interdit aux Etats-Unis dès 1976 du fait de sa dangerosité.

Dans ce rapport qui a fait polémique dans la communauté scientifique, Dominique Belpomme avait décrit la pollution des sources, des fruits et des légumes-racines, tout en précisant que l'effet du produit s'arrêtait à la peau des bananes. D'autres scientifiques taxant Dominique Belpomme d'alarmisme, plusieurs études sont en fait en cours pour déterminer les seuils au-delà desquels le chlordécone est réellement dangereux.

Aujourd'hui, Patrick Lozès affirme que, si on lui a demandé de mettre cette question sous le tapis, c'est bien parce que la production de bananes est un enjeu économiquement ultra sensible en Martinique depuis le passage du cyclone:

(Fichier AUdio MP3)


Le 30 novembre, il a envoyé sa lettre de démission au cabinet Borloo.
_________________
"Le malheur de l’Afrique est d’avoir croisé l’Europe .." AIME CESAIRE

"Notre couplage avec l’Occident dure depuis le XIII-XIVe siècle ....J’affirme juste que le « mariage » avec l’Europe n’a rien donné, qu’il faut par conséquent passer à autre chose. Malheureusement, nos dirigeants ne l’ont pas encore compris. Beaucoup croient encore en l’Occident." Pr THEOPHILE OBENGA

"L'Afrique se sauvera par ses propres forces, ou elle périra. Personne ne la sauvera à sa place, et c'est bien ainsi" ACHILLE MBEMBE
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