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La Françafrique selon SARKOZY : quelle rupture ?
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Auteur Message
Chabine
Super Posteur


Inscrit le: 02 Mar 2005
Messages: 3040

MessagePosté le: Mer 01 Aoû 2007 05:19    Sujet du message: Répondre en citant

bamiléké a écrit:
Chabine a écrit:
- quand est-ce qu'on fait sauter le Franc CFA, le plus long scandale de la Vè République gauloise ?


Citation:
Quinze ans après la brutale dévaluation de 1994, une rumeur s’amplifie. Selon un proche du dossier, « Bercy préparerait une nouvelle dévaluation ». Omar Bongo Ondimba avertit: « Il faut être clair, si par malheur une autre dévaluation du CFA devait intervenir, je ferai tout pour que l’Afrique Centrale et de l’Ouest abandonne le franc CFA et crée sa propre monnaie ».

http://www.lesafriques.com/a-la-une/franc-cfa.html?Itemid=0

Chabine et Bongo se rapprocheraient-ils? Laughing Laughing Shocked


HEYYYYY !!! Shocked C'est quoi même, TCHOURRRROUUUUUUUUU !!! Twisted Evil Twisted Evil Twisted Evil

Rdv ici pour ceux qui veulent poursuivre sur le sujet du Franc CFA : http://www.grioo.com/forum/viewtopic.php?t=9323

Sinon, nous avons de nouveau l'honneur de retenir l'attention de Delugio, l'auteur du blog conseillé par hormheb Very Happy Merci pour la spéciale dédicace, au passage Wink Tjenbéred, grand panafricain devant l'éternel Laughing , tu as droit aussi à ta minute de gloire Very Happy

Une deuxième livraison de son excellente analyse sur "L'ennemi intime" revient sur le concept de guerre cognitive, toujours à partir de la pantalonnade du nabot à Dakar.

Extraits :
http://coupercoller.wordpress.com/2007/07/30/lennemi-intime-2/

Citation:
L’ennemi intime (2)

Le pire cauchemar du colonisateur, d’après Ashis Nandy, c’est la perspective de voir le colonisé se fabriquer un cadre de référence propre, totalement différent de celui de la colonie:

“En présence d’un tel scénario, les colons commencent à vivre dans la peur que leurs sujets ne se mettent à les percevoir comme moralement et culturellement inférieurs et ne leur renvoient bel et bien cette image d’eux-mêmes. Le colonialisme sans mission civilisatrice n’est plus du colonialisme. Il devient un handicap pour le colon beaucoup plus que pour le colonisé.” (pp.51-52)

La crise que traverse la France post-coloniale n’est pas uniquement liée à ses propres problèmes économiques et sociaux, ni à son nouveau statut politique de puissance moyenne. Le statut de grande puissance n’était en effet qu’une conséquence de la capacité à porter un projet de civilisation emportant l’adhésion d’autres peuples, proches ou lointains. De ce point de vue, je ne sous-estime pas l’importance du peu d’écho que le discours du président français à Dakar a reçu sur le continent africain et dans la diaspora. En revanche, je ne suis pas certain que le fait de se focaliser sur l’orateur lui-même conduise à créer un cadre de référence alternatif à celui de la postcolonie Françafricaine. Cela m’a valu une remarque intéressante d’un internaute panafricain, TjenbeRed:

Citation:
Il ne faut certainement pas rester scotché indéfiniment aux paroles de SARKOZY, prophète de la Rupture.

Cependant, pour nous qui sommes en France ou dont le sort est encore influencé par la France (et c’est malheureusement encore le cas d’une grande partie de l’Afrique francophone), les discours de SARKOZY sur l’Afrique ne peuvent être négligés.

Puisque les médias français ne semblent retenir que l’aspect le plus politiquement correct des disours de SARKOZY, je crois qu’il nous appartenait de relever les incohérences, la propagande, les préjugés et les contre-vérités les plus graves, de façon à pouvoir répondre à ceux qui ne manqueront pas de nous opposer la rupture sarkozienne avec la Françafrique.

On pouvait certes deviner que cette rupture annoncée serait une mascarade. Mais avec le discours de SARKOZY, c’est écrit et on ne pourra pas nous accuser de caricaturer ou de faire un procès d’intention.

Rien n’interdit effectivement de passer à autre chose.


J’ai reçu ce message 5/5 et c’est en référence au forum de Grioo.com sur lequel il a été posté que je dédie ce second volet de mon triptyque sur L’Ennemi intime à hormheb, Chabine, TjenbeRed et les autres Grioonautes… Wink

Darkar: un grand moment de solitude

Dans le premier volet, j’ai fait appel à l’image de la caillera par esprit de jeu, mais également pour mettre en relief un trait particulier du petit prince des médias hexagonaux. Comment m’expliquer? Dakar fut pour Sarkozy un bide, ou si l’on préfère “un grand moment de solitude”. Il n’a pas obtenu de l’auditoire l’effet qu’il avait escompté de son discours. Ce type de solitude est comparable à ce que Nandy appelle “la solitude du colonisateur dans la colonie, forgée selon une théorie de la stratification culturelle et de l’exclusivisme” et qu’il définit dans ces termes:

“recherche indéfinie de la virilité et du statut aux yeux du colonisé; perception du peuple colonisé à l’image d’enfants crédules qu’il faut impressionner par un machisme marqué (d’où les exigences en conséquence de l’auditoire, qui ligotaient le colonisateur dans un “jeu” préformaté); refoulement enfin de son moi en faveur d’une identité impériale imposée - inauthentique et d’une pompe assassine.” (p.82)

En faisant cette tournée, le président français savait qu’il se coulait dans un costume trop grand pour lui. Du coup, il s’est appliqué jusqu’au bout et en a rajouté dans le rôle du colon mâle, blanc, adulte, hyperviril, sûr de son bon droit. En un mot, il a voulu - comme on dit à Abidjan - “montrer qu’il est garçonLaughing . Ce faisant, il n’a fait qu’exposer sa faiblesse et celle de son pays. A vouloir plaire tant à sa base électorale droitière qu’aux Africains du continent, il a abouti à des contradictions qui ont créé des tensions jusque dans sa propre équipe, et l’oblige désormais à préparer une autre tournée africaine à la rentrée. Mais même sans cette information, il suffit de lire d’autres sarkologues patentés pour comprendre l’enjeu:

“Nicolas Sarkozy ne semble pas très à l’aise dans ce rôle d’héritier de la Françafrique, mais sans doute se dit-il que c’est le prix à payer pour que la France garde une influence sur le continent africain et pour qu’elle puisse toujours s’appuyer sur quelques dizaines de voix d’états africains quand il faut affronter les Etats-Unis ou la Chine au Conseil de sécurité de l’ONU. Au-delà des grands discours, Nicolas Sarkozy en Afrique, c’est d’abord de la realpolitik.”

Or, les Sénégalais et les autres Africains - du continent ou de la diaspora - ne se sont pas laissés impressionner par sa démonstration de pseudo-machisme, donc de vraie caillera. Ce n’est plus une tournée, mais une tournante: venant à la suite de De Gaulle, Mitterand, et Chirac, le petit prince a bien du mal à tracer son sillon dans l’arrière train de la vieille Françafrique. Il ne fait pas le poids. Mais la fixation qu’il suscite chez certains d’entre nous risque de doper encore plus son illusion de toute-puissance déjà excessive et d’élargir sa surface médiatique de manière incontrôlée. Pour faire comprendre ce point, je me dois d’élargir le cadre de ma réflexion sur la guerre cognitive et de préciser mon point de vue sur les débats auxquels le discours dakarois du petit prince des médias a donné lieu.

(...)

Compte tenu de ce qui précède, le risque pour les résistants à l’ordre établi est de combattre avec des outils qui soient inadaptés au combat, puisque forgés par d’autres. En effet, la violence ultime du colon “consiste à créer une culture dans laquelle les dominés ont constamment la tentation de combattre leurs maîtres dans les limites psychologiques qui leur sont imposées.” (p.43)

Ici nous touchons au point auquel j’ai fait allusion en passant dans mon précédant post: je ne suis pas certain qu’il nous faille absolument et systématiquement “relever les incohérences, la propagande, les préjugés et les contre-vérités les plus graves, de façon à pouvoir répondre à ceux qui ne manqueront pas de nous opposer la rupture sarkozienne avec la Françafrique“. Si certains estiment que le jeu en vaut la chandelle, libre à eux de se livrer à cet exercice. Mais mon propos se situe au niveau stratégique: la plupart des discours adversaires (je pense notamment aux bien-pensants d’Agoravox) ne méritent tout simplement pas qu’on leur réponde. C’est une perte de temps.

L’absence d’une réponse panafricaine appropriée à Dakar, dans l’enceinte même de l’université CAD, démontre de façon exemplaire tout le territoire mental perdu et la nécessité d’une reconquête mûrement réfléchie. Or celle-ci ne se fera pas avec des troupes dispersées et sans vision d’ensemble du combat qui reste à mener. Ce n’est pas le lieu ici de dire ce qu’il convient de faire, mais d’offrir les éléments permettant à chacun de penser la situation réelle. Le message ici est simple: il faut éviter de se disperser et de perdre du temps à faire le coup de poing contre toutes les petites frappes rencontrées sur le web. Si vous êtes obligés de vous aligner sur les positions des autres, vous avez déjà perdu. C’est aussi simple que cela. Il faut savoir peser soigneusement la propagande adversaire, pour savoir quand répondre et quand laisser dire.
(...)

On attend avec impatience le 3è volet Razz

En attendant, gars, tu m'as trop donné la flemme de démonter point par point le discours du nabot, dêh... Very Happy On verra plus tard, peut-être que ça vaut pas le coup, en effet. Sauf si c'est un prétexte pour continuer à nous armer de science jusqu'aux dents Twisted Evil Pour l'instant, je suis déjà 1er gaou ("le discours de SarKKKozy est très bien construit" ai-je eu la faiblesse d'écrire plus haut Embarassed ), j'ai pas envie d'être gnata ôh... Laughing

On attend ta prochaine livraison, et on verra Wink Arrow

PS : j'ai parcouru histoire de rigoler un coup, les réactions des internautes gaulois bien-pensants, sur Agoravox, ou les sites de la presse gauloise mainstream, c'est vraiment trop drôle Laughing ils s'y croient tous, hein : un bon coup de morale, "oui, SarKKKo a raison, Africain prends toi z'en main c'est ton destain", ils sont tous à nous faire la morale comme à de grands enfants, incroyable... Rolling Eyes J'attends de voir leur tête quand on va les prendre au mot, se prendre en main pour de bon, comme ils nous y invitent, foutre les dictateurs hors d'Afrique, finir avec le racket du Franc CFA et les prix préférentiels des matières premières pillées par la France. Quand ils paieront 15€ le litre de super, 500 €/mois d'électricité et 40 € la tablette de chocolat, on verra bien s'ils donneront autant de leçons Twisted Evil Twisted Evil Pas besoin de perdre son temps à répondre, en effet... Rolling Eyes
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"Le colonialisme et ses dérivés ne constituent pas à vrai dire les ennemis actuels de l'Afrique. À brève échéance ce continent sera libéré. Pour ma part plus je pénètre les cultures et les cercles politiques plus la certitude s'impose à moi que LE PLUS GRAND DANGER QUI MENACE L'AFRIQUE EST L'ABSENCE D'IDÉOLOGIE."
Cette Afrique à venir, Journal de bord de mission en Afrique occidentale, été 1960, Frantz Fanon, Pour la Révolution Africaine
2011, annee Frantz Fanon
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hormheb
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MessagePosté le: Mer 01 Aoû 2007 07:33    Sujet du message: c'est calixte Tayoro Répondre en citant

Citation:
Sinon, nous avons de nouveau l'honneur de retenir l'attention de Delugio, l'auteur du blog conseillé par hormheb Very Happy Merci pour la spéciale dédicace, au passage Wink Tjenbéred, grand panafricain devant l'éternel Laughing , tu as droit aussi à ta minute de gloire Very Happy


En fait c'est Calixte Tayoro et pas Delugio.

le blog de delugio lui est ici: http://delugio.zeblog.com/

Et celui de Theophile Kouomouo (on le ne le presente plus celui-la, well il y a pas bcp de journalistes qui claquent la porte du fameux et fumeux "Le monde" pour des raisons de ligne editoriale. Surtout quand on est africain. Ca dit tout du personnage..) est ici: http://www.kouamouo.afrikblog.com/

tous les 3 parlent de la tournee de Sarko.
J'avoue que ce sont mes blog preferes depuis un certain temps. Chacun d'eux a sa specificite et sont complementaires.
C'est un passage oblige pour tout panafricain digne de ce nom.
Je vous laisse decouvrir leur commentaire de la tournee de Sarko.
pas de copier/coller ici, comme ca vous irez sur leur site. ca vaut le detour
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Maryjane
Super Posteur


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MessagePosté le: Mer 01 Aoû 2007 08:22    Sujet du message: Répondre en citant

Chabine a écrit:
PS : j'ai parcouru histoire de rigoler un coup, les réactions des internautes gaulois bien-pensants, sur Agoravox, ou les sites de la presse gauloise mainstream, c'est vraiment trop drôle Laughing ils s'y croient tous, hein : un bon coup de morale, "oui, SarKKKo a raison, Africain prends toi z'en main c'est ton destain", ils sont tous à nous faire la morale comme à de grands enfants, incroyable... Rolling Eyes J'attends de voir leur tête quand on va les prendre au mot, se prendre en main pour de bon, comme ils nous y invitent, foutre les dictateurs hors d'Afrique, finir avec le racket du Franc CFA et les prix préférentiels des matières premières pillées par la France. Quand ils paieront 15€ le litre de super, 500 €/mois d'électricité et 40 € la tablette de chocolat, on verra bien s'ils donneront autant de leçons Twisted Evil Twisted Evil Pas besoin de perdre son temps à répondre, en effet... Rolling Eyes


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bamiléké
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Inscrit le: 13 Aoû 2005
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MessagePosté le: Mer 01 Aoû 2007 21:26    Sujet du message: Répondre en citant

Et un dernier uppercut du grand Achille Mbembe!

Citation:
Achille MBEMBE démonte le mensonge de Sarkosy sur l'Afrique
Lors de sa récente visite de travail en Afrique sub-saharienne, le président de la République française, Nicolas Sarkozy, a prononcé à Dakar un discours adressé à “ l’élite de la jeunesse africaine ”. Ce discours a profondément choqué une grande partie de ceux à qui il était destiné, ainsi que les milieux professionnels et l’intelligentsia africaine francophone. Viendrait-il à être traduit en anglais qu’il ne manquerait pas de causer des controverses bien plus soutenues compte tenu des traditions de nationalisme, de panafricanisme et d’afrocentrisme plus ancrées chez les Africains anglophones que chez les francophones. Achille Mbembe en fait, ici, une critique argumentée.


En auraient-ils eu l’opportunité, la majorité des Africains francophones aurait sans doute voté contre Nicolas Sarkozy lors des dernières élections présidentielles françaises.
Ce n’est pas que son concurrent d’alors, et encore moins le parti socialiste, aient quoi que ce soit de convaincant à dire au sujet de l’Afrique, ou que leurs pratiques passées témoignent de quelque volonté que ce soit de refonte radicale des relations entre la France et ses ex-colonies. Le nouveau président français aurait tout simplement payé cher son traitement de l’immigration lorsqu’il était le ministre de l’intérieur de Jacques Chirac, ses collusions avec l’extrême droite raciste et son rôle dans le déclenchement des émeutes de 2005 dans les banlieues de France.
Pour sa première tournée en Afrique au sud du Sahara, il a donc atterri à Dakar précédé d’une très mauvaise réputation - celle d’un homme politique agité et dangereux, cynique et brutal, assoiffé de pouvoir, qui n’écoute point, dit tout et le double de tout, ne lésine pas sur les moyens et n’a, à l’égard de l’Afrique et des Africains, que condescendance et mépris.
Mais ce n’était pas tout. Beaucoup étaient également prêts à l’écouter, intrigués sinon par l’intelligence politicienne, du moins la redoutable efficacité avec laquelle il gère sa victoire depuis son élection. Surpris par la nomination d’une Rachida Dati ou d’une Rama Yade au gouvernement (même si à l’époque coloniale il y avait plus de ministres d’origine africaine dans les cabinets de la république et les assemblées qu’aujourd’hui), ils voulaient savoir si, derrière la manœuvre, se profilait un grand dessein – une véritable reconnaissance, par la France, du caractère multiracial et cosmopolite de sa société.
Il était donc attendu. Dire qu’il a déçu est une litote. Certes, le cartel des satrapes (d’Omar Bongo, Paul Biya et Sassou Nguesso à Idris Déby, Eyadéma Fils et les autres) se félicite de ce qui apparaît clairement comme le choix de la continuité dans la gestion de la “ Françafrique ” - ce système de corruption réciproque qui lie la France à ses affidés africains.
Mais si l’on en juge par les réactions enregistrées ici et là, les éditoriaux, les courriers dans la presse, les interventions sur les chaînes de radios privées et les débats électroniques, une très grande partie de l’Afrique francophone – à commencer par la jeunesse à laquelle il s’est adressé – a trouvé ses propos franchement choquants. Et pour cause. Dans tous les rapports où l’une des parties n’est pas assez libre ni égale, le viol souvent commence par le langage – un langage qui, sous prétexte d’amitié, s’exempte de tout et s’auto-immunise tout en faisant porter tout le poids de la cruauté au plus faible.

Régression
Mais pour qui n’attend rien de la France, les propos tenus à l’université de Dakar sont fort révélateurs. En effet, le discours rédigé par Henri Guaino (conseiller spécial) et prononcé par Nicolas Sarkozy dans la capitale sénégalaise offre un excellent éclairage sur le pouvoir de nuisance – conscient ou inconscient, passif ou actif – qui, dans les dix prochaines années, pourrait découler du regard paternaliste et éculé que continuent de porter certaines des “ nouvelles élites françaises ” (de gauche comme de droite) sur un continent qui n’a cessé de faire l’expérience de radicales mutations au cours de la dernière moitié du XXe siècle notamment.
Dans sa “ franchise ” et sa “ sincérité ”, Nicolas Sarkozy révèle au grand jour ce qui, jusqu’à présent, relevait du non-dit, à savoir qu’aussi bien dans la forme que dans le fond, l’armature intellectuelle qui sous-tend la politique africaine de la France date littéralement de la fin du XIXe siècle. Voici donc une politique qui, pour sa mise en cohérence, dépend d’un héritage intellectuel obsolète, vieux de près d’un siècle, malgré les rafistolages. Le discours de Nicolas Sarkozy à Dakar montre comment, enfermé dans une vision frivole et exotique du continent, les “ nouvelles élites françaises ” prétendent jeter un éclairage sur des réalités dont elles ont fait leur hantise et leur fantasme (la race), mais dont, à la vérité, elles ignorent tout. Ainsi, pour s’adresser à “ l’élite de la jeunesse africaine ”, Henri Guaino se contente de reprendre, presque mot à mot, des passages du chapitre consacré par Hegel à l’Afrique dans son ouvrage La raison dans l’histoire – et dont j’ai fait, récemment encore et après bien d’autres, une longue critique dans mon livre De la postcolonie (pp. 221-230).
Selon Hegel en effet, l’Afrique est le pays de la substance immobile et du désordre éblouissant, joyeux et tragique de la création. Les nègres, tels nous les voyons aujourd’hui, tels ils ont toujours été. Dans l’immense énergie de l’arbitraire naturel qui les domine, ni le moment moral, ni les idées de liberté, de justice et de progrès n’ont aucune place ni statut particulier. Celui qui veut connaître les manifestations les plus épouvantables de la nature humaine peut les trouver en Afrique. Cette partie du monde n’a, à proprement parler, pas d’histoire. Ce que nous comprenons en somme sous le nom d’Afrique, c’est un monde anhistorique non développé, entièrement prisonnier de l’esprit naturel et dont la place se trouve encore au seuil de l’histoire universelle.
Les “ nouvelles élites françaises ” ne sont pas convaincues d’autre chose. Elles partagent ce préjugé hégélien. Contrairement à la génération des “ Papa-Commandant ” (de Gaulle, Pompidou, Giscard d’Estaing, Mitterrand ou Chirac) qui épousait tacitement le même préjugé tout en évitant de heurter de front leurs interlocuteurs, les “ nouvelles élites ” de France estiment désormais que l’on ne peut rendre compte de sociétés aussi plongées dans la nuit de l’enfance qu’en s’exprimant sans frein, dans une sorte de vierge énergie. Et c’est bien ce qu’elles ont à l’idée lorsque, désormais, elles défendent tout haut l’idée d’une nation “ décomplexée ” par rapport à son histoire coloniale.
À leurs yeux, on ne peut parler de l’Afrique qu’en suivant, en sens inverse, le chemin du sens et de la raison, peu importe que cela se fasse dans un cadre où chaque mot prononcé l’est dans un contexte d’ignorance. D’où la tendance à saturer les mots, à recourir à une sorte de pléthore verbale, à procéder par la suffocation des images – toutes choses qui octroient au discours de Nicolas Sarkozy à Dakar son caractère heurté, bégayant et abrupt.
J’ai en effet beau faire la part des choses. Dans le long monologue de Dakar, je ne trouve d’invitation à l’échange et au dialogue que rhétorique. Derrière les mots se cachent surtout des injonctions, des prescriptions, des appels au silence, voire à la censure, une insupportable suffisance dont, je l’imagine, on ne peut faire preuve qu’à Dakar et à Libreville, et certainement pas à Pretoria ou à Luanda.
Aux sources de l’ethnologie coloniale
À côté de Hegel existe un deuxième fonds que recyclent sans complexe les “ nouvelles élites françaises ”. Il s’agit d’une somme de lieux communs formalisés par l’ethnologie coloniale vers la fin du XIXe siècle. C’est au prisme de cette ethnologie que se nourrit une grande partie du discours sur l’Afrique, voire une partie de l’exotisme qui constitue l’un des visages privilégiés du racisme à la française.
Cet amas de préjugés, Lévy Brühl tenta d’en faire un système dans ses considérations sur “ la mentalité primitive ” ou encore “ prélogique ”. Dans un ensemble d’essais concernant les “ sociétés inférieures ” (Les fonctions mentales en 1910 ; puis La mentalité primitive en 1921), il s’acharnera à donner une caution pseudo-scientifique à la distinction entre “ l’homme occidental ” doué de raison et les peuples et races non-occidentaux enfermés dans le cycle de la répétition et du mythe.
Se présentant – coutume bien rodée – comme “ l’ami ” des Africains, Leo Frobenius (que dénonce avec virulence le romancier Yambo Ouologuem dans Le devoir de violence) contribua largement à diffuser une partie des ruminations de Lévy Brühl derrière le masque du “ vitalisme ” africain. Certes, considérait-il que la “ culture africaine ” n’est pas le simple prélude à la logique et à la rationalité. Toujours est-il qu’il considérait qu’après tout, l’homme noir est un enfant. Comme son contemporain Ludwig Klages (auteur, entre autres, de L’éros cosmogonique, L’homme et la terre, L’esprit comme ennemi de l’âme), il estimait que l’homme occidental avait payé d’une dévitalisation génératrice de comportements impersonnels la démesure dans l’usage de la volonté – le formalisme auquel il doit sa puissance sur la nature.
De son côté, le missionnaire belge Placide Tempels dissertait sur “ la philosophie bantoue ” dont l’un des principes était, selon lui, la symbiose entre “ l’homme africain ” et la nature. Aux yeux du bon père, la force vitale constitue l’être de l’homme bantu. Celle-ci se déploie du degré proche de zéro (la mort) jusqu’au niveau ultime de celui qui s’avère un “ chef ”.
Telles sont d’ailleurs, en plus de Pierre Teilhard de Chardin, les sources principales de la pensée de Senghor qu’Henri Guaino se fait fort de mobiliser dans l’espoir de donner aux propos présidentiels une caution autochtone. Ignore-t-il donc l’inestimable dette que, dans sa formulation du concept de la négritude ou dans la formation de ses notions de culture, de civilisation, voire de métissage, le poète sénégalais doit aux théories les plus racistes, les plus essentialistes et les plus biologisantes de son époque ?
Mais il n’y a pas que l’ethnologie coloniale. Au demeurant, celle-ci se nourrit de nombreux récits de voyage et nourrit à son tour toute une culture populaire dont les films, la publicité, les bandes dessinées, la peinture et la sculpture, la photographie ou les expositions ne sont qu’un aspect. Ici, on s’efforce de créer un objet qui, loin de permettre d’effectuer le travail de reconnaissance de l’Autre, fait plutôt de ce dernier un objet substitutif, de donner libre cours à des fantasmes.
Le conseiller spécial du président français reprend à son compte cette technique aussi bien que l’essentiel des thèses (qu’il prétend par ailleurs réfuter) des idéologues de la différence et des pontifes de l’ontologie africaine. Puis il procède comme si l’idée selon laquelle il existerait une essence nègre, une “ âme africaine ” dont “ l’homme africain ” (Muntu) serait la manifestation la plus vivante – comme si cette idée somme toute farfelue n’avait pas fait l’objet d’une critique radicale par les meilleurs des philosophes africains, à commencer par Fabien Éboussi Boulaga dont l’ouvrage, La crise du Muntu, est à cet égard un classique.
Dès lors, comment s’étonner qu’au bout du compte, sa définition du continent et de ses gens soit une définition purement négative ? En effet, “ l’homme africain ” du président Sarkozy est surtout reconnaissable soit par ce qu’il n’a pas, ce qu’il n’est pas ou ce qu’il n’est jamais parvenu à accomplir (la dialectique du manque et de l’inachèvement), soit par son opposition à “ l’homme moderne ” (sous-entendu “ l’homme blanc ”) – opposition qui résulterait de son attachement irrationnel au royaume de l’enfance, au monde de la nuit, aux bonheurs simples et à un âge d’or qui n’a jamais existé.
Pour le reste, l’Afrique des “ nouvelles élites françaises ” est essentiellement une Afrique rurale, féérique et fantôme, mi-bucolique et mi-cauchemardesque, peuplée de paysans, faite d’une communauté de souffrants qui n’ont rien commun sauf leur commune position à la lisière de l’histoire, prostrés qu’ils sont dans un hors-monde - celui des sorciers et des griots, des êtres fabuleux qui gardent les fontaines, chantent dans les rivières et se cachent dans les arbres, des morts du village et des ancêtres dont on entend les voix, des masques et des forêts pleines de symboles, des poncifs que sont la prétendue “ solidarité africaine ”, “ l’esprit communautaire ” , “ la chaleur ” et le respect des aînés.

La politique de l’ignorance
Le discours se déroule donc dans une béatifique volonté d’ignorance de son objet, comme si, au cours de la deuxième moitié du XXe siècle, l’on n’avait pas assisté à un développement spectaculaire des connaissances sur les mutations, sur la longue durée, du monde africain.
Je ne parle pas de la contribution des chercheurs africains eux-mêmes à la connaissance de leurs sociétés, ni de la critique interne de leurs cultures – critique à laquelle certains d’entre nous ont contribué. Je parle des milliards de son propre trésor que le gouvernement français a commis dans cette grande œuvre et ne m’explique guère comment, au terme d’un tel investissement, on peut encore, aujourd’hui, parler de l’Afrique en des termes aussi peu intelligents.

Que cache cette politique de l’ignorance volontaire et assumée ?
Comment peut-on se présenter à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar au début du XXIe siècle et parler à l’élite intellectuelle africaine comme si l’Afrique n’avait pas de tradition intellectuelle et critique propre et comme si Senghor et Camara Laye étaient les derniers mots de l’intelligence africaine au cours du XXe siècle ?
Par ailleurs, où sont donc passées les connaissances accumulées au cours des cinquante dernières années par l’Institut de Recherche sur le Développement, les laboratoires du Centre National de la Recherche Scientifique, les nombreux appels d’offres thématiques réunissant chercheurs africains et français qui ont tant servi à renouveler notre connaissance du continent – initiatives souvent généreuses auxquelles il m’est d’ailleurs arrivé, plus d’une fois, d’être associé ?
Comment peut-on faire comme si, en France même, Georges Balandier n’avait pas montré, dès les années cinquante, la profonde modernité des sociétés africaines ; comme si Claude Meillassoux, Jean Copans, Emmanuel Terray, Pierre Bonafé et beaucoup d’autres n’en avaient pas démonté les dynamiques internes de production des inégalités ; comme si Catherine Coquery-Vidrovitch, Jean-Suret Canale, Almeida Topor et plusieurs autres n’avaient pas mis en évidence et la cruauté des compagnies concessionnaires, et les ambigüités des politiques économiques coloniales ; comme si Jean-François Bayart et la revue Politique africaine n’avaient pas tordu le cou à l’illusion selon laquelle le sous-développement de l’Afrique s’explique par son “ désengagement du monde ” ; comme si Jean-Pierre Chrétien et de nombreux géographes n’avaient pas administré la preuve de l’inventivité des techniques agraires sur la longue durée; comme si Alain Dubresson, Annick Osmont et d’autres n’avaient pas décrit, patiemment, l’incroyable métissage des villes africaines ; comme si Alain Marie et les autres n’avaient pas montré les ressorts de l’individualisme ; *comme si Jean-Pierre Warnier n’avait pas décrit la vitalité des mécanismes d’accumulation dans l’Ouest-Cameroun et ainsi de suite.

Déni de responsabilité
Quant à l’antienne sur la colonisation et le refus de la “ repentance ”, voilà qui sort tout droit des spéculations de Pascal Bruckner, Alain Finkielkraut et autres Daniel Lefeuvre. Mais à qui fera-t-on croire qu’il n’existe pas de responsabilité morale pour des actes perpétrés par un État au long de son histoire ? À qui fera-t-on croire que pour créer un monde humain, il faut évacuer la morale et l’éthique par la fenêtre puisque dans ce monde, il n’existe ni justice des plaintes, ni justice des causes ?
Afin de dédouaner un système inique, la tentation est aujourd’hui de réécrire l’histoire de la France et de son empire en en faisant une histoire de la “ pacification ”, de “ la mise en valeur de territoires vacants et sans maîtres ”, de la “ diffusion de l’enseignement ”, de la “ fondation d’une médecine moderne ”, de la mise en place d’infrastructures routières et ferroviaires. Cet argument repose sur le vieux mensonge selon lequel la colonisation fut une entreprise humanitaire et qu’elle contribua à la modernisation de vieilles sociétés primitives et agonisantes qui, abandonnées à elles-mêmes, auraient peut-être fini par se suicider.
En traitant ainsi de la colonisation, on prétend s’autoriser, comme dans le discours de Dakar, d’une sincérité intime, d’une authenticité de départ afin de mieux trouver des alibis - auxquels on est les seuls à croire – à une entreprise passablement cruelle, abjecte et infâme. L’on prétend que les guerres de conquête, les massacres, les déportations, les razzias, les travaux forcés, la discrimination raciale institutionnelle – tout cela ne fut que “ la corruption d’une grande idée ” ou, comme l’explique Alexis de Tocqueville, “ des nécessités fâcheuses ”.
Demander que la France reconnaisse, à la manière du même Tocqueville, que le gouvernement colonial fut un “ gouvernement dur, violent, arbitraire et grossier ”, ou encore lui demander de cesser de soutenir des dictatures corrompues en Afrique, ce n’est ni la dénigrer, ni la haïr. C’est lui demander d’assumer ses responsabilités et de pratiquer ce qu’elle dit être sa vocation universelle.
D’autre part, il faut être cohérent et cesser de tenir à propos de la colonisation des propos à géométrie variable – certains pour la consommation interne et d’autres pour l’exportation. Qui convaincra-t-on en effet de sa bonne foi si, en sous-main des proclamations de sincérité telles que celles de Dakar, l’on cherche à dédouaner le système colonial en cherchant à nommer, à titre posthume comme maréchal, des figures aussi sinistres que Raoul Salan ou en cherchant à construire un mémorial à des tueurs comme Bastien Thiry, Roger Degueldre, Albert Dovecar et autres Claude Piegts ?

Conclusion
La majorité des Africains ne vit ni en France, ni dans les anciennes colonies françaises. Elle ne cherche pas à émigrer dans l’Hexagone. Dans l’exercice quotidien de leur métier, des millions d’Africains ne dépendent d’aucun réseau français d’assistance. Pour leur survie, ils ne doivent strictement rien à la France et la France ne leur doit strictement rien. Et c’est bien ainsi.Ceci dit, un profond rapport intellectuel et culturel lie certains d’entre nous à ce vieux pays où, d’ailleurs, nous avons été formés en partie. Une forte minorité de citoyens français d’origine africaine, descendants d’esclaves et d’ex-colonisés y vivent, dont le sort est loin de nous être indifférent, tout comme celui des immigrés illégaux qui, malgré le fait d’avoir enfreint la loi, ont néanmoins droit à un traitement humain.
Depuis Fanon, nous savons que c’est tout le passé du monde que nous avons à reprendre ; que nous ne pouvons pas chanter le passé aux dépens de notre présent et de notre avenir ; qu’il n’y a pas de mission nègre comme il n’y a pas de fardeau blanc ; que nous n’avons ni le droit ni le devoir d’exiger réparation de qui que ce soit ; que le nègre n’est pas, pas plus que le blanc ; et que nous sommes notre propre fondement.
Aujourd’hui, y compris parmi les Africains francophones dont la servilité à l’égard de la France est particulièrement accusée et qui sont séduits par les sirènes du nativisme et de la condition victimaire, beaucoup d’esprits savent pertinemment que le sort du continent, ou encore son avenir, ne dépend pas de la France. Après un demi-siècle de décolonisation formelle, les jeunes générations ont appris que de la France, tout comme des autres puissances mondiales, il ne faut pas attendre grand-chose. Personne ne sauvera les Africains malgré eux.
Elles savent aussi que jugées à l’aune de l’émancipation africaine, certaines de ces puissances sont plus nuisibles que d’autres. Et que compte tenu de notre vulnérabilité passée et actuelle, le moins que nous puissions faire est de limiter ce pouvoir de nuisance. Une telle attitude n’a rien à voir avec la haine de qui que ce soit. Au contraire, elle est le préalable à une politique de l’égalité sans laquelle il ne saurait y avoir un monde commun. Si donc la France veut jouer un rôle positif dans l’avènement de ce monde commun, il faut qu’elle renonce à ses préjugés. Il faut que ses nouvelles élites opèrent le travail intellectuel nécessaire à cet effet. On ne peut pas parler à l’ami sans s’adresser à lui. Etre capable d’amitié, c’est, comme le soulignait Jacques Derrida, savoir honorer en son ami l’ennemi qu’il peut être. Cela est un signe de liberté. Pour l’heure, le prisme à partir duquel elles regardent l’Afrique, la jugent ou lui administrent des leçons n’est pas seulement obsolète. Il ne fait aucune place à des rapports d’amitié qui seraient coextensifs à des rapports de justice et de respect. Tant que cet aggiornamento n’est pas réalisé, ses clients et affidés locaux continueront de l’utiliser pour de tristes fins. Mais personne, ici, ne la prendra vraiment au sérieux et, encore moins, l’écoutera.


Par Achille MBEMBE
Le 01-08-2007



PS:*
Citation:
...comme si Jean-Pierre Warnier n’avait pas décrit la vitalité des mécanismes d’accumulation dans l’Ouest-Cameroun...


J'ai eu l'occasion d'évoquer cet aspect envers lequelle les colons et les pouvoirs successifs ont toujours montré de la défiance... pour le malheur du pays entier.
Plusieurs auteurs le confirment.
Mais certains grioonautes, soit disant avisés ont nié le problème, n'y ont vu que de la propagande, du tribalisme et autre "esssentialisme"...c'est dommage. Confused
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Chabine
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MessagePosté le: Mer 01 Aoû 2007 21:38    Sujet du message: Répondre en citant

bamiléké a écrit:
PS:*
Citation:
...comme si Jean-Pierre Warnier n’avait pas décrit la vitalité des mécanismes d’accumulation dans l’Ouest-Cameroun...


J'ai eu l'occasion d'évoquer cet aspect envers lequelle les colons et les pouvoirs successifs ont toujours montré de la défiance... pour le malheur du pays entier.
Plusieurs auteurs le confirment.
Mais certains grioonautes, soit disant avisés ont nié le problème, n'y ont vu que de la propagande, du tribalisme et autre "esssentialisme"...c'est dommage. Confused

Tu es vraiment LOURDINGUE, bamiléké

Tu sais très bien que pratiquement aucun Grioonaute n'a été d'accord avec tes argumentations sur ce point, non qu'il s'agissait de mensonges, loin de là, mais il y a avait un problème de méthode. Tu t'es fait incendier par tout le monde. Au lieu de la ramener sur tous les tons en te crispant sur TA vision du problème, peut-être pourrais-tu réfléchir sur ta façon de le poser, prendre un peu de recul, et faire ton auto-critique. Ca ne peut que t'être bénéfique Wink Sincèrement Confused

Sinon, merci pour cette livraison d'Achille MBEMBE, les grands esprits se rencontrent (bon, mauvais jeu de mots vu ce que je t'ai dit avant Laughing ), je viens de lancer un topic avce en introduction une excellente analyse des Post Colonial studies par lui Wink

Alors ? Nous qui pleurnichons toujours après nos élites qui ne prennent pas leurs responsabilités ? Twisted Evil Les temps changent, on dirait Razz A qui le tour ?
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"Le colonialisme et ses dérivés ne constituent pas à vrai dire les ennemis actuels de l'Afrique. À brève échéance ce continent sera libéré. Pour ma part plus je pénètre les cultures et les cercles politiques plus la certitude s'impose à moi que LE PLUS GRAND DANGER QUI MENACE L'AFRIQUE EST L'ABSENCE D'IDÉOLOGIE."
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bamiléké
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MessagePosté le: Mer 01 Aoû 2007 22:23    Sujet du message: Répondre en citant

Chabine a écrit:
bamiléké a écrit:
PS:*
Citation:
...comme si Jean-Pierre Warnier n’avait pas décrit la vitalité des mécanismes d’accumulation dans l’Ouest-Cameroun...


J'ai eu l'occasion d'évoquer cet aspect envers lequelle les colons et les pouvoirs successifs ont toujours montré de la défiance... pour le malheur du pays entier.
Plusieurs auteurs le confirment.
Mais certains grioonautes, soit disant avisés ont nié le problème, n'y ont vu que de la propagande, du tribalisme et autre "esssentialisme"...c'est dommage. Confused

Tu es vraiment LOURDINGUE, bamiléké

Tu sais très bien que pratiquement aucun Grioonaute n'a été d'accord avec tes argumentations sur ce point, non qu'il s'agissait de mensonges, loin de là, mais il y a avait un problème de méthode. Tu t'es fait incendier par tout le monde. Au lieu de la ramener sur tous les tons en te crispant sur TA vision du problème, peut-être pourrais-tu réfléchir sur ta façon de le poser, prendre un peu de recul, et faire ton auto-critique. Ca ne peut que t'être bénéfique Wink Sincèrement Confused

Sinon, merci pour cette livraison d'Achille MBEMBE, les grands esprits se rencontrent (bon, mauvais jeu de mots vu ce que je t'ai dit avant Laughing ), je viens de lancer un topic avce en introduction une excellente analyse des Post Colonial studies par lui Wink

Alors ? Nous qui pleurnichons toujours après nos élites qui ne prennent pas leurs responsabilités ? Twisted Evil Les temps changent, on dirait Razz A qui le tour ?


Beh dis donc, moi qui ai cherché toutes les formules les moins polémiques, cités des auteurs peut suspects de légèreté etc,etc (il parait que je me planquai derière eux, meme si ils ont tous été soit ignorés soit dénigrés par mes contradicteurs ); je tacherai de chercher ce qui cloche dans MA vision non mensongère mais mal posée... Bref tu avoues toi meme que l'on s'est limité à contester sur la forme et non sur le fond.
Je crois que certains grioonautes d'accords avec moi n'ont pas osés trops intervenir, sachant que j'ai abordé un sujet qui fini generalement en guerre civile par mots interposés, faute de sérénité ,il n'y à qu'a aller sur les sites camerounais...

STP; pas de censure, j'arrète le hors sujet...merci mdam!!

Nos vrais élites prennent de plus en plus leurs responsabilité comme tu le dis ,mais elles sont soit en exil, soit très loin des cercles de décision africains ou non Confused
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hormheb
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MessagePosté le: Mer 01 Aoû 2007 23:04    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Au fait, le Pr Théophile OBENGA vient de sortir un ouvrage qui a l'air pas mal :

http://www.congopage.com/article4856.html
Appel à la Jeunesse Africaine de Théophile Obenga

Il y a une librairie afrocentriste à FdF (petite pub au passage, c'est pas la mienne, hein Razz ), à la rue Victor Hugo, où les Martiniquais le trouveront certainement :wink


Obenga sur RFI au sujet de son dernier ouvrage. Sarko a Dakar est aussi evoque, meme si c'est de facon tres light...


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MessagePosté le: Jeu 02 Aoû 2007 11:53    Sujet du message: Répondre en citant

Chabine a écrit:
Sinon, nous avons de nouveau l'honneur de retenir l'attention de Delugio [en réalité Calixte TAYORO, merci Hormheb], l'auteur du blog conseillé par hormheb Very Happy Merci pour la spéciale dédicace, au passage Wink Tjenbéred, grand panafricain devant l'éternel Laughing , tu as droit aussi à ta minute de gloire Very Happy

Oui, ça devient gênant, mais j'y reviendrai sur le fond, car c'est important et car j'ai évidemment le plus grand mal à me revêtir des habits de l'afrocentricité (quoi de plus normal ?).

Chabine a écrit:
Une deuxième livraison de son excellente analyse sur "L'ennemi intime" revient sur le concept de guerre cognitive, toujours à partir de la pantalonnade du [édité par TjenbeRed : Prophète de la Rupture] à Dakar.

Extraits :
http://coupercoller.wordpress.com/2007/07/30/lennemi-intime-2/


Calixte TAYORO a écrit:
L’ennemi intime (2)

[...]
De ce point de vue, je ne sous-estime pas l’importance du peu d’écho que le discours du président français à Dakar a reçu sur le continent africain et dans la diaspora.

Je ne suis pas sûr de comprendre.

Calixte TAYORO a écrit:
En revanche, je ne suis pas certain que le fait de se focaliser sur l’orateur lui-même conduise à créer un cadre de référence alternatif à celui de la postcolonie Françafricaine. Cela m’a valu une remarque intéressante d’un internaute panafricain, TjenbeRed:

Citation:
Il ne faut certainement pas rester scotché indéfiniment aux paroles de SARKOZY, prophète de la Rupture.

Cependant, pour nous qui sommes en France ou dont le sort est encore influencé par la France (et c’est malheureusement encore le cas d’une grande partie de l’Afrique francophone), les discours de SARKOZY sur l’Afrique ne peuvent être négligés.

Puisque les médias français ne semblent retenir que l’aspect le plus politiquement correct des disours de SARKOZY, je crois qu’il nous appartenait de relever les incohérences, la propagande, les préjugés et les contre-vérités les plus graves, de façon à pouvoir répondre à ceux qui ne manqueront pas de nous opposer la rupture sarkozienne avec la Françafrique.

On pouvait certes deviner que cette rupture annoncée serait une mascarade. Mais avec le discours de SARKOZY, c’est écrit et on ne pourra pas nous accuser de caricaturer ou de faire un procès d’intention.

Rien n’interdit effectivement de passer à autre chose.


J’ai reçu ce message 5/5 et c’est en référence au forum de Grioo.com sur lequel il a été posté que je dédie ce second volet de mon triptyque sur L’Ennemi intime à hormheb, Chabine, TjenbeRed et les autres Grioonautes…

Darkar: un grand moment de solitude

Dans le premier volet, j’ai fait appel à l’image de la caillera par esprit de jeu, mais également pour mettre en relief un trait particulier du petit prince des médias hexagonaux. Comment m’expliquer? Dakar fut pour Sarkozy un bide, ou si l’on préfère “un grand moment de solitude”. Il n’a pas obtenu de l’auditoire l’effet qu’il avait escompté de son discours.
[...]

Compte tenu de ce qui précède, le risque pour les résistants à l’ordre établi est de combattre avec des outils qui soient inadaptés au combat, puisque forgés par d’autres. En effet, la violence ultime du colon “consiste à créer une culture dans laquelle les dominés ont constamment la tentation de combattre leurs maîtres dans les limites psychologiques qui leur sont imposées.” (p.43)

Il me semble reconnaître là quelques débats que j'ai pu avoir avec le trop rare ARDIN (c'est un appel) sur l'afrocentricité (pour faire court). Mais je me heurte sans doute à mes propres limites. Je me bats avec les armes qui sont les miennes et j'invite Calixte TAYORO à lire ou relire l'avant-dernière phrase de ma signature (et peut-être à modifier le qualificatif flatteur qu'il m'a attribué). S'il est difficile aux Africains de la Diaspora de se placer du point de vue exclusivement africain, je crois que ça m'est tout simplement impossible, même si je m'efforce de comprendre ce point de vue.

Calixte TAYORO a écrit:
Ici nous touchons au point auquel j’ai fait allusion en passant dans mon précédant post: je ne suis pas certain qu’il nous faille absolument et systématiquement “relever les incohérences, la propagande, les préjugés et les contre-vérités les plus graves, de façon à pouvoir répondre à ceux qui ne manqueront pas de nous opposer la rupture sarkozienne avec la Françafrique“. Si certains estiment que le jeu en vaut la chandelle, libre à eux de se livrer à cet exercice.

Je ne suis pas sûr non plus qu'il faille le faire "absolument et systématiquement", mais je crois que Chabine a très bien répondu à cet argument :
Chabine a écrit:
- MAIS nous ne passons cependant pas notre temps à commenter cette farce, nous mettons le personnage à sa juste place.

Je tiens à souligner ceci pour ceux qui ne sont jamais satisfaits, qui trouvent qu'on n'est jamais assez afrocentristes, qu'on donne trop d'importance au blanc et pas assez aux nôtres.

Je suis désolée, mais là, il s'agit du président du pays qui continue à siphoner les richesses de ses ex-colonies. Cet individu a tenté de réaliser un hold-up sur les cerveaux de ces jeunes étudiants sénégalais. Certains ont pu se laisser prendre, d'autres ont été séduits par la prose pitoyable du nabot, sur le net (nous en avons un exemple sur ce forum même). Autant de frères perdus pour la cause.


Calixte TAYORO a écrit:
Mais mon propos se situe au niveau stratégique: la plupart des discours adversaires (je pense notamment aux bien-pensants d’Agoravox) ne méritent tout simplement pas qu’on leur réponde. C’est une perte de temps.

Nous sommes d'accord. Pour répondre, il faudrait s'y consacrer à plein temps, avec des résultats des plus hypothétiques.

Mais quand j'ai écrit ceci :
Citation:
Puisque les médias français ne semblent retenir que l’aspect le plus politiquement correct des disours de SARKOZY, je crois qu’il nous appartenait de relever les incohérences, la propagande, les préjugés et les contre-vérités les plus graves, de façon à pouvoir répondre à ceux qui ne manqueront pas de nous opposer la rupture sarkozienne avec la Françafrique.
On pouvait certes deviner que cette rupture annoncée serait une mascarade. Mais avec le discours de SARKOZY, c’est écrit et on ne pourra pas nous accuser de caricaturer ou de faire un procès d’intention.
,
je ne pensais pas à internet, mais à la vie de tous les jours, dans laquelle nous sommes les uns et les autres confrontés à des naïfs persuadés que la politique africaine de la France est une opération humanitaire destinée à sauver ces pôvres Africains si mal dotés par Dame Nature (et, accessoirement, maudits par Dieu pour les croyants). Par exemple (et cet exemple n'est pas gratuit), tel naïf ou faux-naïf qui, pourtant doté d'un cerveau a priori bien fait, ne comprend pas que les Ivoiriens n'acceptent pas l'aide de la France pour ramener la paix en Côte d'Ivoire.


Calixte TAYORO a écrit:
L’absence d’une réponse panafricaine appropriée à Dakar, dans l’enceinte même de l’université CAD, démontre de façon exemplaire tout le territoire mental perdu et la nécessité d’une reconquête mûrement réfléchie.

Cette observation me semble trancher avec l'optimisme initial affiché par l'auteur, lequel pointait le flop de SARKOZY. Cette observation ne prouve-t-elle pas qu'il y a quand même un grave problème ? Et que le discours de SARKOZY était un véritable missile à têtes multiples, dont les unes étaient destinées aux Africains, d'autres aux Français et le reste à qui sait ?


Calixte TAYORO a écrit:
Or celle-ci ne se fera pas avec des troupes dispersées et sans vision d’ensemble du combat qui reste à mener. Ce n’est pas le lieu ici de dire ce qu’il convient de faire, mais d’offrir les éléments permettant à chacun de penser la situation réelle. Le message ici est simple: il faut éviter de se disperser et de perdre du temps à faire le coup de poing contre toutes les petites frappes rencontrées sur le web. Si vous êtes obligés de vous aligner sur les positions des autres, vous avez déjà perdu. C’est aussi simple que cela. Il faut savoir peser soigneusement la propagande adversaire, pour savoir quand répondre et quand laisser dire.

Nous sommes d'accord, voir ci-dessus la réponse de Chabine que j'ai citée.

En conclusion, je soulignerai deux phrases que j'ai écrites et qui ouvrent et ferment respectivement la citation qu'a retenue Calixte TAYORO.

TjenbeRed a écrit:
Il ne faut certainement pas rester scotché indéfiniment aux paroles de SARKOZY, prophète de la Rupture.
[...]
Rien n’interdit effectivement de passer à autre chose. [/i]


Et je m'associe à Chabine :
Chabine a écrit:
En attendant, gars, tu m'as trop donné la flemme de démonter point par point le discours du [édité par TjenbeRed : Prophète de la Rupture], dêh... Very Happy On verra plus tard, peut-être que ça vaut pas le coup, en effet.

_________________
"Qui a peur de peuples noirs développés ?"
(Mongo BETI, La France contre l'Afrique)


Pour éviter tout malentendu, je précise que je suis blanc.
Pour les "anciens" du Forum, mon prénom n'est pas François. Enfin, je ne suis pas lié à l'association "Tjenbé Rèd".[/color]
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Chabine
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MessagePosté le: Jeu 02 Aoû 2007 16:14    Sujet du message: Répondre en citant

Notre ami Calixte a produit le 3è volet de son analyse (mais c'est encore provisoire, donc nous patientons Razz ):

http://coupercoller.wordpress.com/2007/08/01/lennemi-intime-3-fin/

Sinon, ayant toujours la flemme d'analyser le discours de Dakar point par point (et je pars en vacances bientôt, donc c'est mal barré c't'histoire Laughing ), j'ai trouvé dans un long article suffisement de matière pour démonter certains points du verbiage du nabot, notamment celui-ci :

Tintin le nabot au Sénégal a écrit:
La réalité de l’Afrique, c’est une démographie trop forte pour une croissance économique trop faible.

La réalité de l’Afrique, c’est encore trop de famine, trop de misère. La réalité de l’Afrique, c’est la rareté qui suscite la violence. La réalité de l’Afrique, c’est le développement qui ne va pas assez vite, c’est l’agriculture qui ne produit pas assez, c’est le manque de routes, d’écoles, d’hôpitaux.

La réalité de l’Afrique, c’est un grand gaspillage d’énergie, de courage, de talents, d’intelligence.


Analyse (et pas réponse) du sociologue et théologien camerounais Jean-Marc ELA :
http://fr.allafrica.com/stories/200707300366.html

Citation:
Observateur attentif et exigeant de nos sociétés, dans leur fonctionnement interne ainsi que dans le rapport qu'elles ont aux autres, il déconstruit, dans cette réflexion, le mythe de l'invasion qui hante l'Occident. Sans nier la préoccupation et les enjeux liés à la question de l'immigration africaine, notamment en Occident, il soupçonne toutefois les stratèges et autres groupes de pression du nord, inquiets du double processus de vieillissement et de dénatalité irréversibles que connaîssent leurs sociétés, d'alimenter la fiction d'un péril migratoire dont l'Occident serait menacé.

Il démasque avec clarté les stratégies mises en oeuvre par le «monde ridé», qui visent à gérer le dynamisme démographique africain au travers d'un «génocide préventif et silencieux» qui prend en otage l'appareil génital de la femme africaine par le biais de pratiques contraceptives irréalistes. Tout en plaidant pour une «éthique de l'altérité» au moment où se multiplient les expulsions, les sans papiers, et autres «politiques d'immigration choisie», le sociologue indique les responsabilités et taches urgentes qui sont celles des élites africaines, dans un continent qui lui apparaît, «en dépit du brouillard comme un continent d'avenir». Les phrases qui suivent constituent un résumé commenté des idées majeures développées dans ce livre utile.


Lisez la suite sur le line, l'article est long, mais ça vaut la peine Wink
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"Le colonialisme et ses dérivés ne constituent pas à vrai dire les ennemis actuels de l'Afrique. À brève échéance ce continent sera libéré. Pour ma part plus je pénètre les cultures et les cercles politiques plus la certitude s'impose à moi que LE PLUS GRAND DANGER QUI MENACE L'AFRIQUE EST L'ABSENCE D'IDÉOLOGIE."
Cette Afrique à venir, Journal de bord de mission en Afrique occidentale, été 1960, Frantz Fanon, Pour la Révolution Africaine
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Chabine
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MessagePosté le: Jeu 02 Aoû 2007 16:44    Sujet du message: Répondre en citant

Quelques réactions de journalistes africains, en pagaille Razz :

http://fr.allafrica.com/stories/200707310397.html

Citation:
Sénégal: Les sophismes de Sarkozy

Wal Fadjri (Dakar)
Publié sur le web le 31 Juillet 2007

Anne Baba Ngoly


Le discours sur le drame de l'Afrique, à fort relent de leçon de morale, que Sarkozy a servi à notre à jeunesse à l'Ucad II, a démontré une fois de plus son redoutable talent d'orateur et de manieur des concepts. Nous ne dénions à personne le droit légitime d'avoir sa propre lecture du drame que vivent l'Afrique et les Africains. Mais nous restons sceptiques, voire sur nos gardes lorsqu'il s'agit d'une leçon de morale émanant d'une personnalité qui préside aux destinées d'une nation qui n'est pas étrangère à ce drame.

Surtout, lorsque ce discours est truffé de sophismes dont la fonction est de tout dire sauf la vérité, tout en donnant l'impression de l'avoir dit dans tout son éclat. Les sophistes grecs usaient à merveille de ce verbiage et exerçaient de ce fait une forte fascination contre tout le beau monde qui les écoutait avec passion et qui était incapable de déceler que derrière la magie du discours, se cachaient des contrevérités savamment dissimulées. Ce, jusqu'au jour où Socrate mit à nu, au grand jour, l'inconsistance de leur discours. C'est pourquoi Socrate devait nécessairement mourir pour que vive le sophisme !
(...)


http://fr.allafrica.com/stories/200707310350.html

Citation:
Sénégal: Sarkozy et l'Afrique - Un mauvais départ

Sud Quotidien (Dakar)
OPINION
Publié sur le web le 31 Juillet 2007

Moubarack LO


(...)
Au surplus, la vision que M. Sarkozy a de l'homme africain est étonnante et provocatrice. Selon lui, l'africain, représenté par le paysan, serait incapable de se tourner vers l'avenir, d'innover et de changer l'ordre des choses, d'entrer dans l'histoire et de s'inventer un destin. On croirait entendre Stephen Smith qui dans son livre « Négrologie, comment l'Afrique meurt » défend les mêmes thèses fallacieuses. De la bouche d'un chef de l'État, une telle attitude est inacceptable et répréhensible.
(...)


http://fr.allafrica.com/stories/200707300475.html

Citation:
Sénégal: Sarkozy a dakar - Un discours néo-colonial

Notre Voie (Abidjan)
Publié sur le web le 30 Juillet 2007
Abdoulaye Villard Sanogo


Le président français était jeudi à Dakar où il a tenu, à l'endroit de la jeunesse africaine, un discours paternaliste digne de la grande métropole, dans lequel il justifie la traite négrière.

Les Européens ne changeront pas de si tôt, comme le chien, leur façon de s'asseoir. Dans un discours fleuve qu'il a prononcé jeudi, à l'Université Cheickh Anta Diop de Dakar, la capitale sénégalaise, Nicolas Sarkozy, le nouveau président français, a cru devoir donner des leçons européennes aux Africains. Si la jeunesse africaine, a-t-il demandé, veut la démocratie, les droits de l'Homme, son pays la France et l'Europe s'engageront à ses côtés. Mais pour cela, a-t-il expliqué, il faut que cette jeunesse prenne ses responsabilités car personne d'autre ne le fera à sa place. Joli ! pourrait-on dire pour s'exclamer.
(..)


http://fr.allafrica.com/stories/200707270126.html

Citation:
Sénégal: L'injure !

Sud Quotidien (Dakar)
ÉDITORIAL
Publié sur le web le 27 Juillet 2007
Bacary Domingo MANE


(...)
Quand je l'ai entendu parler aux étudiants, dans un amphithéâtre plein à craquer, j'ai pensé à ces missionnaires venus en Afrique "civiliser" nos arrières grands-parents. Il parle du paysan africain qui vit « avec les saisons ; dont l'idéal de vie est d'être en harmonie avec la nature, ne connaît que l'éternel recommencement du temps rythmé par la répétition sans fins des mêmes gestes et des mêmes paroles ». Et d'ajouter, parlant toujours du paysan africain : « jamais il ne s'élance vers l'avenir. Jamais il ne lui vient à l'idée de sortir de la répétition pour s'inventer ».

Des clichés, encore des clichés, toujours des clichés. Quelle injure ! Le paysan africain serait-il dépourvu de raison au point de s'enfermer dans un mimétisme « bestial » ? Entre « l'éternel recommencement du temps rythmé par la répétition sans fins des mêmes gestes et des mêmes paroles » du paysan africain, et l'ignorance ou l'inculture de l'élite européenne, la raison m'interdit de choisir.

Sarkozy, le monde a évolué et l'Afrique avec. Il suffit pour cela de faire un tour dans certains champs pour s'en convaincre. Le temps où les Africains habitaient sur les arbres (il semble que des européens continuent à le penser, quelle hérésie !) est révolu. Les singes ont disparu depuis que les immeubles ont remplacé les arbres. Encore la démesure ! Pitié.


http://fr.allafrica.com/stories/200707270136.html

Citation:
Sénégal: En visite d'Etat au Sénégal - SARKOZY fait la leçon aux Africains

Wal Fadjri (Dakar)
ANALYSE
Publié sur le web le 27 Juillet 2007
Aguibou KANE
Dakar


Pour une leçon inaugurale, Nicolas Sarkozy n'a pas eu droit hier, à l'Ucad II, à des ovations à la fin de son discours. Parce qu'une grande partie de son auditoire n'a pas du tout apprécié de le voir ainsi s'ériger en donneur de leçons.

La leçon dite inaugurale d'hier de Nicolas Sarkozy, si c'en est une, n'a pas eu l'effet escompté. Le propre d'une leçon est d'être retenue et assimilée.

Or, après le dernier mot prononcé dans son speech, le président français n'a pas eu droit au standing ovation qui sied en pareilles circonstances. C'est à peine si des étudiants, exacerbés, n'ont pas été tentés de le huer. La mine peu réjouie de nombre de personnes au sortir de la salle de l'Ucad II en dit, aussi, long sur la réception mitigée que le discours a eu auprès de l'assistance.
(..)


Je n'ai posté que des extraits, rdv sur les liens postés pour avoir l'intégralité. Bonne lecture Wink Arrow
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"Le colonialisme et ses dérivés ne constituent pas à vrai dire les ennemis actuels de l'Afrique. À brève échéance ce continent sera libéré. Pour ma part plus je pénètre les cultures et les cercles politiques plus la certitude s'impose à moi que LE PLUS GRAND DANGER QUI MENACE L'AFRIQUE EST L'ABSENCE D'IDÉOLOGIE."
Cette Afrique à venir, Journal de bord de mission en Afrique occidentale, été 1960, Frantz Fanon, Pour la Révolution Africaine
2011, annee Frantz Fanon
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bamiléké
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MessagePosté le: Jeu 02 Aoû 2007 19:18    Sujet du message: Répondre en citant

Sarko et ses potes ont interets à se réveiller car les africains ne sont plus dupes depuis longtemps.
Il n'y a qu'à lire les réactions de ses derniers chaque fois qu'un officiel français s'exprime !!!

http://www.cameroon-info.net/cin_reactions.php?s_id=20008
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hormheb
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MessagePosté le: Ven 03 Aoû 2007 07:18    Sujet du message: Répondre en citant

encore un commentaire. Celui de Edgar Yapo, editorialiste au courrier d'Abidjan. C'est la bande de Theo Kouomouo et cie...



Citation:
Dans l’histoire des nations, il est des rencontres auxquelles un homme politique ne peut se soustraire sans porter l’estampille d’un désaveu indélébile. La cérémonie dénommée « Flamme de la paix » est certainement de celles-ci. La lucidité la plus commune, le bon-sens le plus élémentaire, la courtoisie la plus rudimentaire, auraient voulu que les cinq personnalités longtemps auréolées du titre ronflant des « cinq grands » soient toutes présentes à ce grand rendez-vous de notre histoire nationale.



Il est évident que les 20 millions de citoyens que compte notre pays, ne pouvaient tous s’engouffrer dans ce stade municipal de Bouaké, mais les cinq personnalités censées les incarner auraient pu au moins les y représenter, comme aux jours où il était question de postes à partager, de ministères à dépecer, de strapontins à accaparer. Par quelle arrogance donc Bédié, Ado et Banny ont-ils pu mépriser le symbolisme de la réunification de la Côte-d’Ivoire ? Quels maléfices, quels sortilèges ont-ils pu incliner ces personnalités à dédaigner, d’une façon aussi incroyable, la mémoire des nombreux morts de la crise ivoirienne ? Qui donc a pu jamais autoriser l’ex-Président à mépriser la Côte-d’Ivoire immolée ? Par quelle race d’orgueil l’ex-député de Daoukro a-t-il pu couvrir de son dédain, le parterre des invités de la Côte-d’Ivoire ?


Quelle vanité a poussé l’ex-premier Ministre à fouler aux pieds la présence des Présidents Toumani Touré et Blaise Compaoré, lui qui rêvait en 1992, d’une Côte-d’Ivoire « avec un autre nom », une Côte-d’Ivoire qui s’étendrait du Golf de Guinée au Sahel ? Comment l’ex-candidat potentiel à la présidentielle de 2000 a-t-il pu tenir pour nulle l’existence de Thabo M’Béki, Président de l’Afrique du Sud ?

Qui donc a réussi à abuser le prince de Morofê sur le bien-fondé de sa non-participation à la cérémonie de la paix ? Qui donc lui a fait avaler que sa présence aux côtés de la Côte-d’Ivoire réunifiée serait un péché ? Quelque notable éméché ? Quelque artiste « néo-houphouétiste » ?
Ces trois absences remarquées, aurons-nous perçue celle relative de la France officielle, sous la présence en minimum syndical de son ambassadeur ? Or, « Everywhere you go, I go too ! », ricanent désormais les ivoiriens. L’insubmersible Aubrey Hooks étant de la partie, le collègue pouvait-il prendre le risque de s’absenter ?


Le bûcher de la paix refermé, l’histoire retiendra que Bédié, Banny et Ouattara furent absents et que la Côte-d’Ivoire n’en fut pas moins symboliquement réconciliée avec elle-même. Mais pour nous, ceux qui écriront cet épisode de notre parcours national auraient tort de le faire dans l’oubli du discours prononcé le 26 juillet dernier par Nicolas Sarkozy, en terre sénégalaise, c’est-à-dire finalement, à quelques « encablures » de Bouaké.


Copernic avait-il décidé de renverser le paradigme du grand arbitre blanc, qu’ il fallait bien lui opposer le géocentrisme de la bonne vieille AOF dakaroise, tout en atténuant l’influence médiatique de l’antithèse ivoirienne. Un tel message, à peine subliminal n’a pu passer inaperçu. Tous les ingrédients de l’agitation médiatique française ont été mobilisés : contestation de l’âge d’Or de l’Afrique, au sein même de l’Université portant l’illustre nom de Cheick Anta Diop, théoricien de l’antériorité de la civilisation nègre sur celle occidentale, refus déclaré d’endosser l’héritage moral de la colonisation, relativisation des affres de l’ expansionnisme, obsession ethniciste, paternalisme patent, présupposes gobinistes à peine édulcorées, toute une gamme de sujets susceptibles d’occuper une opinion qui se respecte, le temps de laisser passer le train subversif.


Il y avait bien de la provocation dans le propos de l’homme qui déclarait le 26 juillet, à propos de la colonisation, et ce, au pays même de l’île de Gorée : « Nul ne peut demander aux générations d'aujourd'hui d'expier ce crime perpétré par les générations passées. Nul ne peut demander aux fils de se repentir des fautes de leurs pères ». Angela Merkel pourra-t-elle jamais prononcer une telle criminalité dans un amphithéâtre de Tel-Aviv ?


A Dakar, pourtant, au micro de la vieille AOF rapiécée, un dédoublement à portée négationniste, enrobé d’une rythmique à la Eluard : « Ils ont voulu convertir l'homme africain, ils ont voulu le façonner à leur image, ils ont cru qu'ils avaient tous les droits, ils ont cru qu'ils étaient tout puissants, plus puissants que les dieux de l'Afrique, plus puissants que l'âme africaine, plus puissants que les liens sacrés que les hommes avaient tissés patiemment pendant des millénaires avec le ciel et la terre d'Afrique, plus puissants que les mystères qui venaient du fond des âges ».


Cette rhétorique anaphorique chère aux amis surréalistes de l’Afrique négritudienne avait pour vocation de tenir le bon nègre par la barbichette de l’affect avant de lui servir sa pilule gobiniste. Pour Monsieur Sarkozy l’homme africain est celui qui jamais : « ne s'élance vers l'avenir. Jamais il ne lui vient à l'idée de sortir de la répétition pour s'inventer un destin » et le président français de narguer des quartiers de polémistes : « Le drame de l'Afrique, c'est que l'homme africain n'est pas assez entré dans l'histoire ». Mais faut-il donner dans la controverse creuse là où l’histoire nous appelle à l’action et à la construction des conditions sociologiques de note essor ?


Nous n’avons pas du tout le droit d’en vouloir à tous ceux qui par leurs actes et leurs propos tentent de semer des embûches sur le chemin de notre renaissance nationale ou continentale. Qu’ils s’appellent Bédié, d’Ado, Banny ou Sarkozy, ils ne peuvent être pris pour cibles. La tâche à accomplir est trop grande pour que l’on s’embarrasse de considérations personnalisées. L’Afrique digne dont un pan réside en Côte-d’Ivoire devra, sans perdre la moindre minute, surmonter les outrages et se remettre au travail. Face aux humiliations, face au sarcasme et au négationnisme, la sérénité et l’ardeur au travail permettront à notre continent de renaitre de ses cendres.


Excellences Lectrices, Excellences Lecteurs, la Côte-d’Ivoire ne sera jamais aussi forte qu’en déjouant tous les pronostics des oiseaux de mauvais augure. Quelqu’un a parlé de la capitale de la paix. J’ai envie de libérer Bouaké de l’exclusivité d’une telle charge. Et si toute l’Afrique en était la capitale ? Le "monde entier", me répondraient sans doute, les universalistes, les vrais !

le lien est ici:
http://wwwleblogdedgaryapo.blogspot.com/

Avec ca, les grioonautes on a la totale: Couper/coller; Theo; Delugio et Edgar Yapo

ce n'est pas du chauvinisme, mais avec ma petite experience de militantisme de terrain (pas de fauteuil... Smile ) , je crois que les gars du courrier d'abidjan et tous les autres cites ci-dessus ont fait un sacre bon boulot durant toute la crise ivoirienne. Bon boulot dans le sens panafricain. Et ils poursuivent dans ce sens la. Ils ont gagne le droit d'etre desormais suivi a la trace par tout panafricain digne de ce nom.

Chapeau-bas les gars,
Tjebered !
(chabine , pas la peine de me coincer sur l'orthographe, il est tres controverse Smile )
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Didier_Daan
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MessagePosté le: Lun 06 Aoû 2007 19:47    Sujet du message: Répondre en citant

Chabine a écrit:
Analyse (et pas réponse) du sociologue et théologien camerounais Jean-Marc ELA :
http://fr.allafrica.com/stories/200707300366.html

Voila un des VRAIS penseurs Afrofrancophones. Je me souviens entre autre de sa réponse à René Dumont (celui qui a écrit que l´Afrique noire est mal partie) qui prônait la réduction de la natalité des pays africains. Il lui a simplement demandé s´il avait vu les camerounais sur les routes se tenant par la main de Yaoundé à Bamenda... Laughing
Bien entendu une intelligence pareille n´a pas de place dans le régime camerounais actuel, et en France certainement. Résultat, il vit en exil au Canada....
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bamiléké
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MessagePosté le: Mar 07 Aoû 2007 00:11    Sujet du message: Répondre en citant

Pendant que par exemple le nom du Pdt d l'Assemblée Nationale camerounaise traine quotidiennement dans des affaires de corruption, recel de vehicules volés et autres camerouniaiserie",voilà ce qu'un haut personnage ivoirien dit...

_____________________________________________________________
Réponse à Nicolas Sarkozy: A l’Eurafrique, nous préférons la Librafrique
Le président de l’Assemblée nationale de Côte-d’Ivoire prend le contre-pied du président français.

LE 6 AOUT 2007 : Le président de la République française est venu, comme De Gaulle et il a parlé aux Africains. Qu’a-t-il dit au juste ? Il nous a fait une série de propositions et d’analyses. Écoutons-le : “Ce que la France veut faire avec l’Afrique, c’est une alliance, c’est l’alliance de la jeunesse française et de la jeunesse africaine pour que le monde de demain soit un meilleur monde”.Le nom de cette alliance est Eurafrique. La France s’est mariée à l’Europe et nous vous apportons cette Europe de même que nous vous apportons à l’Europe. L’Afrique sera dans la corbeille de mariage de la France avec l’Europe et dans la corbeille de l’Europe avec le monde. Je suis venu vous proposer une place, comme la France sait le faire habituellement. Souvenez-vous par exemple des DOM TOM.

Mais comme vous le savez, l’Afrique est très différentiée. Il y a l’Afrique du Nord. Et il y a l’Afrique noire. En Libye, donc en Afrique du Nord, où je suis passé, j’ai signé des contrats juteux d’exploitation de centrales nucléaires et d’uranium. Des contrats portant sur la défense et autres affaires hautement stratégiques pour mon pays. Avec l’Afrique du Nord, on ne parle ni de morale, ni de développement. On ne donne pas de leçons mais on passe des contrats. On ne lance pas d’appels aux Libyens de l’étranger pour leur retour dans leur pays. On ne fait pas de promesses d’aides publiques françaises à la Libye. On parle affaires. Des contrats, des contrats et encore des contrats. Sur l’uranium, sur la défense, sur le nucléaire. Trade not aid, telle est notre règle.

Avec l’Afrique noire, avec vous, que dire ? Je vous ai fait mal, mes bébés. Hum ! N’en parlons plus. Mais ne me demandez surtout pas de repentance, puisque vous-mêmes, vous êtes coupables de vous être laissés battre par mes ancêtres. En plus, quand mes ancêtres arrivaient chez vous, vous vous décimiez vous-mêmes déjà sans notre aide. Vous êtes plus coupables que nous. Nous avons commis des crimes contre l’Humanité. Oui, mais vous n’avez rien fait pour nous en empêcher. En tout cas pas suffisamment pour nous convaincre que ce que nous avions l’intention de faire, était criminel.

Ne rêvez surtout pas à un retour en arrière pour rejoindre votre prétendu âge d’or qui aurait existé dans le passé. Vous n’avez jamais eu d’âge d’or. N’en rêvez pas. Le monde ne marche pas à reculons mais progresse vers l’avenir. L’histoire a un sens. La colonisation a été un crime contre l’humanité, mais mes parents ont proposé aux vôtres l’indépendance, qu’ils ont acceptée.

La colonisation c’était l’exploitation de l’homme par l’homme ; l’indépendance est exactement le contraire. Vos historiens et autres anthropologues vous mentent. Je vous le dit ici à vous, les jeunes d’Afrique, à l’Université Cheick Anta Diop. Devant vos chefs. Devant vos profs. Devant votre classe politique, gouvernement et opposition réunis. Devant vous étudiants, hommes de maintenant et hommes de demain. Arrêtez de rêver d’un futur qui puisse être le vôtre, à vous tout seuls.

Maintenant, vous m’appartenez définitivement. Arrêtez d’avoir la nostalgie d’un passé qui n’a jamais existé.

Je vous propose l’Eurafrique. Vous entrez avec moi dans les bonnes grâces de l’Europe. Je vous apporte l’Europe comme hier je vous ai apporté l’Esclavage. Je vous apporte l’Europe comme hier je vous ai apporté la Colonisation. Je vous apporte l’Europe comme hier je vous ai apporté l’Indépendance.

Je vous vois stupéfaits, n’est-ce pas ? Mais je vous apporte aussi les moyens qui vous seront propres pour inventer, vous-mêmes, votre avenir. Oubliez le passé. Maintenant, vous ne serez plus seulement à la France, mais à l’Europe. La France, c’est votre héritage occidental. La colonisation vous l’a apportée. Aid not trade. Telle est mon offre. Ne vous coupez pas de cet héritage. La civilisation européenne vous appartient. A vous aussi. Renoncez à la tentation de pureté comme nous le faisons en Europe. Ne répondez pas au racisme de la France par le racisme. Ne répondez pas à l’intolérance de la France par l’intolérance. Je sais, je vous ai fait mal, mais laissez tomber. Allons ensemble dans l’avenir. Renoncez à la maladie de l’intelligence. Si vous voulez venir chez nous, pas de problème, nous négocierons votre migration. Nous déciderons ensemble, pour vous, comment vous viendrez. Pas en citoyens libres, mais en immigrés.

Vous rêvez de la Renaissance africaine ? Pourquoi pas ! Après tout, vous avez eu, semble-t-il, l’Egypte et d’autres brillantes civilisations que mes ancêtres ont battues à plate couture et soumises depuis des siècles. Oubliez le passé peu glorieux que vos ascendants vous ont laissé. Nous vous aiderons à la bâtir, cette renaissance, si tel est votre désir.

Commencez déjà par prendre notre civilisation comme héritage. Vous voulez la liberté, la démocratie ? Bien. Mais savez-vous que l’Europe est bâtie sur l’égalité, la justice, le droit, la liberté, la démocratie et la libre propriété ? Je vous apporte ces valeurs universelles. Et n’allez pas chercher ailleurs. Tout ce que vous voulez, commandez et je vous livre tout de suite. Nous sommes généreux, nous vous aimons. Ce n’est pas de la pitié, mais c’est notre intérêt.

Ainsi nous a parlé Nicolas Sarkozy, le président de tous les Français.

Que lui dire ?
Merci Sarkozy. Merci pour tes propositions. Mais nous, on veut aller dans le monde par le marché et non sous la protection de qui que ce soit. Nous connaissons le chemin. Le monde, ce n’est pas que la France; le monde, ce n’est pas que l’Europe. Le monde, c’est aussi l’Afrique, c’est aussi l’Amérique, c’est aussi l’Asie. Le monde, c’est ailleurs. Nous voulons choisir librement notre méthode d’y entrer, notre façon d’y participer. Ce n’est pas par dégoût, mais c’est notre intérêt et rien que cela.

L’Eurafrique ? Très bien merci. Mais ça sera vraisemblablement comme par le passé. Il y a déjà les sommets franco-africains. Il y aura des sommets Eurafricains. Il y aura une bureaucratie Eurafricaine, comme il y a celle des UE-ACP.Nous n’avons plus du temps à perdre à négocier lors de sommets de Chefs d’Etat. Nous allons directement sur les marchés librement avec nos besoins et nos moyens.

Nous ne voulons plus être marchés captifs de qui que ce soit. Nous voulons redevenir libres. Il ne s’agit pas d’un retour à un quelconque âge d’or. Il ne s’agit pas d’une option pour nous, mais de notre survie.

Il s’agit d’être simplement des humains, de vivre comme tels et d’être traités comme tels. Nous ne voulons pas de traitement de faveur. Nous voulons avoir notre liberté de choix. Nous voulons tirer profit des droits imprescriptibles que nous avons d’être propriétaires de nous-mêmes en tant qu’humains. Nous voulons être libres dans la mondialisation, comme nous ne l’avons jamais été sur les marchés des esclaves. Sur les marchés coloniaux. Dans le pacte colonial. Nous ne voulons pas aller sur les marchés mondiaux enchaînés par des accords protectionnistes ; ni avec la France, ni avec l’Europe.

N’est-ce pas vous qui avez dit que l’Afrique ne comptait pas pour la France ? N’est-ce pas vous qui dites aussi que le Niger, avec son uranium, compte énormément pour la France ? Savez-vous que le Niger est un pays d’Afrique ? La duplicité de votre langage ne nous rassure guère. Vous parlez d’amour là où le monde parle d’intérêt et d’intérêt là où le monde parle d’amour. Nous ne voulons plus de cette protection infantilisante qui vous donne le droit de vouloir: Tout faire pour nous. Tout faire avec nous. Tout faire par nous. Tout faire sans nous. Et au bout du compte, tout faire contre nous. Nous ne voulons plus des accords léonins qui, sous prétexte de vouloir nous aider, nous font plus de mal que de bien.

Nous voulons que Sarkozy nous laisse faire, nous laisse passer. Nous voulons que la France nous laisse faire, nous laisse passer. Nous voulons que l’Europe nous laisse faire, nous laisse passer. Nous voulons que le monde nous accueille comme nous sommes, tels que nous sommes et non comme la France veut que nous soyons ou que l’Europe voudrait que nous soyons. Nous connaissons le mode d’emploi de la mondialisation. Aucun épouvantail ne nous fera renoncer sur la route de la liberté.

L’Eurafrique ? Pourquoi pas. Merci pour votre offre. Mais nous sommes déjà dans le monde sous le couvert de l’Europe qui agit par procuration de la France. Nous ne voulons pas de la mondialisation des servitudes. Nous voulons celle des libertés. Nous voulons simplement : De l’économie de marché. De la société ouverte. De la société de droit. Ni plus, ni moins. Sarkozy pourrait-il nous aider dans ce sens ? A nous libérer des accords précédents ? Ceux des indépendances ? Pour enfin nous libérer du carcan post colonial.

Nous ne voulons pas aller dans le monde comme hier nous sommes allés dans l’Europe, par la France. Nous ne voulons pas de votre liberté en double standard, et sous surveillance. Nous ne comprenons pas que nos avoirs extérieurs nets en devises soient déposés au Trésor Public de chez vous. Nous ne comprenons pas que nous soyons perçus comme des contribuables par l’Etat français, alors que vous nous ressassez que la colonisation est terminée depuis belle lurette ?

Nous ne voulons plus de vos accords de coopération qui ne règlent rien, mais qui pillent tout. Nous voulons être libres de choisir nous-mêmes notre destin. Libres de choisir nous-mêmes qui nous accompagnera et pour quoi. Merci de votre sollicitude.

Tu veux que je décide librement ? Soit. Mais je ne veux pas que tu sois là. Tu veux que je décide librement ? Mais soit. Je ne veux pas décider avec toi. Je veux décider seul. Tu veux que ma volonté se réalise pleinement ? Oui, je le veux aussi. Mais je ne veux pas réaliser mon destin avec toi. Je veux le faire moi-même, sans guide, ni parrain, ni gourou. Tu veux t’associer avec moi ? Oui, mais ne me demande pas d’être exclusivement à toi. D’être ta chose. Je veux être libre de m’associer avec qui je veux et comme je le veux et quand je le veux. La mondialisation telle qu’elle est faite pour moi ne me plait pas. C’est vrai. Je veux la démocratie. Je veux le droit. Je veux la justice. Je veux la propriété libre. Je veux la liberté. Mais je veux aussi la responsabilité.

Rencontre de deux visions

Au lieu de l’Eurafrique, nous voulons la Librafrique. Si vous voulez un véritable discours de rupture, monsieur le président de la République française alors, en plus de définir la politique africaine de la France, il vous faudra désormais intégrer la politique française de l’Afrique. C’est de la rencontre des ces deux visions sous la contrainte de nos autres relations que naîtra le monde meilleur souhaité par la jeunesse africaine et pour lequel elle est prête à travailler avec toutes les jeunesses du monde.Pour cela, il faut que vous nous laissiez faire.

Les libertés et les droits de l’homme ne se négocient pas. L’autodétermination des peuples est un droit. Vous ne pouvez pas garder les démocraties pour vous et cultiver les autocraties chez nous. Arrêtez de le faire. Le marché ne peut pas être pour l’Europe et les bureaucraties pour l’Afrique. Arrêtez de le concevoir.

Encore une fois merci d’être venu et d’avoir parlé comme vous avez parlé.
Votre discours avorté de rupture donne une occasion de rupture effective à la Jeunesse d'Afrique si discourtoisement interpellée par vous à Dakar le 26 juillet 2007. Vos désirs de rupture d'avec les vues de vos prédécesseurs ne nous intéressent pas, d'autant qu'ils n'iront jamais jusqu'à la remise en cause des fondamentaux de la traditionnelle politique africaine de la France. Par contre, nous avons avec la mondialisation l'occasion de rompre avec le modèle de coopération que la France nous propose. Merci de nous avoir donné l’occasion de vous le dire. Parce que nous avons compris que, si pour le moment, la rupture, ce n'est pas pour vous, nous vous indiquons que c'est avec vous, nouvelles et anciennes élites françaises, que nous, jeunes d'Afrique, nous rompons.

Mamadou KOULIBALY Président de l'Assemblée Nationale de Côte d'Ivoire
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Teo Van
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MessagePosté le: Mar 07 Aoû 2007 19:05    Sujet du message: Répondre en citant

bamiléké a écrit:
Pendant que par exemple le nom du Pdt d l'Assemblée Nationale camerounaise traine quotidiennement dans des affaires de corruption, recel de vehicules volés et autres camerouniaiserie",voilà ce qu'un haut personnage ivoirien dit...

_____________________________________________________________
Réponse à Nicolas Sarkozy: A l’Eurafrique, nous préférons la Librafrique
Le président de l’Assemblée nationale de Côte-d’Ivoire prend le contre-pied du président français.

LE 6 AOUT 2007 : Le président de la République française est venu, comme De Gaulle et il a parlé aux Africains. Qu’a-t-il dit au juste ? Il nous a fait une série de propositions et d’analyses. Écoutons-le : “Ce que la France veut faire avec l’Afrique, c’est une alliance, c’est l’alliance de la jeunesse française et de la jeunesse africaine pour que le monde de demain soit un meilleur monde”.Le nom de cette alliance est Eurafrique. La France s’est mariée à l’Europe et nous vous apportons cette Europe de même que nous vous apportons à l’Europe. L’Afrique sera dans la corbeille de mariage de la France avec l’Europe et dans la corbeille de l’Europe avec le monde. Je suis venu vous proposer une place, comme la France sait le faire habituellement. Souvenez-vous par exemple des DOM TOM.

Mais comme vous le savez, l’Afrique est très différentiée. Il y a l’Afrique du Nord. Et il y a l’Afrique noire. En Libye, donc en Afrique du Nord, où je suis passé, j’ai signé des contrats juteux d’exploitation de centrales nucléaires et d’uranium. Des contrats portant sur la défense et autres affaires hautement stratégiques pour mon pays. Avec l’Afrique du Nord, on ne parle ni de morale, ni de développement. On ne donne pas de leçons mais on passe des contrats. On ne lance pas d’appels aux Libyens de l’étranger pour leur retour dans leur pays. On ne fait pas de promesses d’aides publiques françaises à la Libye. On parle affaires. Des contrats, des contrats et encore des contrats. Sur l’uranium, sur la défense, sur le nucléaire. Trade not aid, telle est notre règle.

Avec l’Afrique noire, avec vous, que dire ? Je vous ai fait mal, mes bébés. Hum ! N’en parlons plus. Mais ne me demandez surtout pas de repentance, puisque vous-mêmes, vous êtes coupables de vous être laissés battre par mes ancêtres. En plus, quand mes ancêtres arrivaient chez vous, vous vous décimiez vous-mêmes déjà sans notre aide. Vous êtes plus coupables que nous. Nous avons commis des crimes contre l’Humanité. Oui, mais vous n’avez rien fait pour nous en empêcher. En tout cas pas suffisamment pour nous convaincre que ce que nous avions l’intention de faire, était criminel.

Ne rêvez surtout pas à un retour en arrière pour rejoindre votre prétendu âge d’or qui aurait existé dans le passé. Vous n’avez jamais eu d’âge d’or. N’en rêvez pas. Le monde ne marche pas à reculons mais progresse vers l’avenir. L’histoire a un sens. La colonisation a été un crime contre l’humanité, mais mes parents ont proposé aux vôtres l’indépendance, qu’ils ont acceptée.

La colonisation c’était l’exploitation de l’homme par l’homme ; l’indépendance est exactement le contraire. Vos historiens et autres anthropologues vous mentent. Je vous le dit ici à vous, les jeunes d’Afrique, à l’Université Cheick Anta Diop. Devant vos chefs. Devant vos profs. Devant votre classe politique, gouvernement et opposition réunis. Devant vous étudiants, hommes de maintenant et hommes de demain. Arrêtez de rêver d’un futur qui puisse être le vôtre, à vous tout seuls.

Maintenant, vous m’appartenez définitivement. Arrêtez d’avoir la nostalgie d’un passé qui n’a jamais existé.

Je vous propose l’Eurafrique. Vous entrez avec moi dans les bonnes grâces de l’Europe. Je vous apporte l’Europe comme hier je vous ai apporté l’Esclavage. Je vous apporte l’Europe comme hier je vous ai apporté la Colonisation. Je vous apporte l’Europe comme hier je vous ai apporté l’Indépendance.

Je vous vois stupéfaits, n’est-ce pas ? Mais je vous apporte aussi les moyens qui vous seront propres pour inventer, vous-mêmes, votre avenir. Oubliez le passé. Maintenant, vous ne serez plus seulement à la France, mais à l’Europe. La France, c’est votre héritage occidental. La colonisation vous l’a apportée. Aid not trade. Telle est mon offre. Ne vous coupez pas de cet héritage. La civilisation européenne vous appartient. A vous aussi. Renoncez à la tentation de pureté comme nous le faisons en Europe. Ne répondez pas au racisme de la France par le racisme. Ne répondez pas à l’intolérance de la France par l’intolérance. Je sais, je vous ai fait mal, mais laissez tomber. Allons ensemble dans l’avenir. Renoncez à la maladie de l’intelligence. Si vous voulez venir chez nous, pas de problème, nous négocierons votre migration. Nous déciderons ensemble, pour vous, comment vous viendrez. Pas en citoyens libres, mais en immigrés.

Vous rêvez de la Renaissance africaine ? Pourquoi pas ! Après tout, vous avez eu, semble-t-il, l’Egypte et d’autres brillantes civilisations que mes ancêtres ont battues à plate couture et soumises depuis des siècles. Oubliez le passé peu glorieux que vos ascendants vous ont laissé. Nous vous aiderons à la bâtir, cette renaissance, si tel est votre désir.

Commencez déjà par prendre notre civilisation comme héritage. Vous voulez la liberté, la démocratie ? Bien. Mais savez-vous que l’Europe est bâtie sur l’égalité, la justice, le droit, la liberté, la démocratie et la libre propriété ? Je vous apporte ces valeurs universelles. Et n’allez pas chercher ailleurs. Tout ce que vous voulez, commandez et je vous livre tout de suite. Nous sommes généreux, nous vous aimons. Ce n’est pas de la pitié, mais c’est notre intérêt.

Ainsi nous a parlé Nicolas Sarkozy, le président de tous les Français.

Que lui dire ?
Merci Sarkozy. Merci pour tes propositions. Mais nous, on veut aller dans le monde par le marché et non sous la protection de qui que ce soit. Nous connaissons le chemin. Le monde, ce n’est pas que la France; le monde, ce n’est pas que l’Europe. Le monde, c’est aussi l’Afrique, c’est aussi l’Amérique, c’est aussi l’Asie. Le monde, c’est ailleurs. Nous voulons choisir librement notre méthode d’y entrer, notre façon d’y participer. Ce n’est pas par dégoût, mais c’est notre intérêt et rien que cela.

L’Eurafrique ? Très bien merci. Mais ça sera vraisemblablement comme par le passé. Il y a déjà les sommets franco-africains. Il y aura des sommets Eurafricains. Il y aura une bureaucratie Eurafricaine, comme il y a celle des UE-ACP.Nous n’avons plus du temps à perdre à négocier lors de sommets de Chefs d’Etat. Nous allons directement sur les marchés librement avec nos besoins et nos moyens.

Nous ne voulons plus être marchés captifs de qui que ce soit. Nous voulons redevenir libres. Il ne s’agit pas d’un retour à un quelconque âge d’or. Il ne s’agit pas d’une option pour nous, mais de notre survie.

Il s’agit d’être simplement des humains, de vivre comme tels et d’être traités comme tels. Nous ne voulons pas de traitement de faveur. Nous voulons avoir notre liberté de choix. Nous voulons tirer profit des droits imprescriptibles que nous avons d’être propriétaires de nous-mêmes en tant qu’humains. Nous voulons être libres dans la mondialisation, comme nous ne l’avons jamais été sur les marchés des esclaves. Sur les marchés coloniaux. Dans le pacte colonial. Nous ne voulons pas aller sur les marchés mondiaux enchaînés par des accords protectionnistes ; ni avec la France, ni avec l’Europe.

N’est-ce pas vous qui avez dit que l’Afrique ne comptait pas pour la France ? N’est-ce pas vous qui dites aussi que le Niger, avec son uranium, compte énormément pour la France ? Savez-vous que le Niger est un pays d’Afrique ? La duplicité de votre langage ne nous rassure guère. Vous parlez d’amour là où le monde parle d’intérêt et d’intérêt là où le monde parle d’amour. Nous ne voulons plus de cette protection infantilisante qui vous donne le droit de vouloir: Tout faire pour nous. Tout faire avec nous. Tout faire par nous. Tout faire sans nous. Et au bout du compte, tout faire contre nous. Nous ne voulons plus des accords léonins qui, sous prétexte de vouloir nous aider, nous font plus de mal que de bien.

Nous voulons que Sarkozy nous laisse faire, nous laisse passer. Nous voulons que la France nous laisse faire, nous laisse passer. Nous voulons que l’Europe nous laisse faire, nous laisse passer. Nous voulons que le monde nous accueille comme nous sommes, tels que nous sommes et non comme la France veut que nous soyons ou que l’Europe voudrait que nous soyons. Nous connaissons le mode d’emploi de la mondialisation. Aucun épouvantail ne nous fera renoncer sur la route de la liberté.

L’Eurafrique ? Pourquoi pas. Merci pour votre offre. Mais nous sommes déjà dans le monde sous le couvert de l’Europe qui agit par procuration de la France. Nous ne voulons pas de la mondialisation des servitudes. Nous voulons celle des libertés. Nous voulons simplement : De l’économie de marché. De la société ouverte. De la société de droit. Ni plus, ni moins. Sarkozy pourrait-il nous aider dans ce sens ? A nous libérer des accords précédents ? Ceux des indépendances ? Pour enfin nous libérer du carcan post colonial.

Nous ne voulons pas aller dans le monde comme hier nous sommes allés dans l’Europe, par la France. Nous ne voulons pas de votre liberté en double standard, et sous surveillance. Nous ne comprenons pas que nos avoirs extérieurs nets en devises soient déposés au Trésor Public de chez vous. Nous ne comprenons pas que nous soyons perçus comme des contribuables par l’Etat français, alors que vous nous ressassez que la colonisation est terminée depuis belle lurette ?

Nous ne voulons plus de vos accords de coopération qui ne règlent rien, mais qui pillent tout. Nous voulons être libres de choisir nous-mêmes notre destin. Libres de choisir nous-mêmes qui nous accompagnera et pour quoi. Merci de votre sollicitude.

Tu veux que je décide librement ? Soit. Mais je ne veux pas que tu sois là. Tu veux que je décide librement ? Mais soit. Je ne veux pas décider avec toi. Je veux décider seul. Tu veux que ma volonté se réalise pleinement ? Oui, je le veux aussi. Mais je ne veux pas réaliser mon destin avec toi. Je veux le faire moi-même, sans guide, ni parrain, ni gourou. Tu veux t’associer avec moi ? Oui, mais ne me demande pas d’être exclusivement à toi. D’être ta chose. Je veux être libre de m’associer avec qui je veux et comme je le veux et quand je le veux. La mondialisation telle qu’elle est faite pour moi ne me plait pas. C’est vrai. Je veux la démocratie. Je veux le droit. Je veux la justice. Je veux la propriété libre. Je veux la liberté. Mais je veux aussi la responsabilité.

Rencontre de deux visions

Au lieu de l’Eurafrique, nous voulons la Librafrique. Si vous voulez un véritable discours de rupture, monsieur le président de la République française alors, en plus de définir la politique africaine de la France, il vous faudra désormais intégrer la politique française de l’Afrique. C’est de la rencontre des ces deux visions sous la contrainte de nos autres relations que naîtra le monde meilleur souhaité par la jeunesse africaine et pour lequel elle est prête à travailler avec toutes les jeunesses du monde.Pour cela, il faut que vous nous laissiez faire.

Les libertés et les droits de l’homme ne se négocient pas. L’autodétermination des peuples est un droit. Vous ne pouvez pas garder les démocraties pour vous et cultiver les autocraties chez nous. Arrêtez de le faire. Le marché ne peut pas être pour l’Europe et les bureaucraties pour l’Afrique. Arrêtez de le concevoir.

Encore une fois merci d’être venu et d’avoir parlé comme vous avez parlé.
Votre discours avorté de rupture donne une occasion de rupture effective à la Jeunesse d'Afrique si discourtoisement interpellée par vous à Dakar le 26 juillet 2007. Vos désirs de rupture d'avec les vues de vos prédécesseurs ne nous intéressent pas, d'autant qu'ils n'iront jamais jusqu'à la remise en cause des fondamentaux de la traditionnelle politique africaine de la France. Par contre, nous avons avec la mondialisation l'occasion de rompre avec le modèle de coopération que la France nous propose. Merci de nous avoir donné l’occasion de vous le dire. Parce que nous avons compris que, si pour le moment, la rupture, ce n'est pas pour vous, nous vous indiquons que c'est avec vous, nouvelles et anciennes élites françaises, que nous, jeunes d'Afrique, nous rompons.

Mamadou KOULIBALY Président de l'Assemblée Nationale de Côte d'Ivoire
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La CI est vraiment à l'avant garde du réveil en Afrique dite francophone.


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Nicolas Sarkozy « La France, économiquement, n’a pas besoin de l’Afrique. Les flux entre la France et l’Afrique représentent 2% de notre économie ».
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bamiléké
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MessagePosté le: Mar 07 Aoû 2007 22:52    Sujet du message: Répondre en citant

Teo Van a écrit:
bamiléké a écrit:
Pendant que par exemple le nom du Pdt d l'Assemblée Nationale camerounaise traine quotidiennement dans des affaires de corruption, recel de vehicules volés et autres camerouniaiserie",voilà ce qu'un haut personnage ivoirien dit...

_____________________________________________________________
Réponse à Nicolas Sarkozy: A l’Eurafrique, nous préférons la Librafrique
Le président de l’Assemblée nationale de Côte-d’Ivoire prend le contre-pied du président français.

LE 6 AOUT 2007 : Le président de la République française est venu, comme De Gaulle et il a parlé aux Africains. Qu’a-t-il dit au juste ? Il nous a fait une série de propositions et d’analyses. Écoutons-le : “Ce que la France veut faire avec l’Afrique, c’est une alliance, c’est l’alliance de la jeunesse française et de la jeunesse africaine pour que le monde de demain soit un meilleur monde”.Le nom de cette alliance est Eurafrique. La France s’est mariée à l’Europe et nous vous apportons cette Europe de même que nous vous apportons à l’Europe. L’Afrique sera dans la corbeille de mariage de la France avec l’Europe et dans la corbeille de l’Europe avec le monde. Je suis venu vous proposer une place, comme la France sait le faire habituellement. Souvenez-vous par exemple des DOM TOM.

Mais comme vous le savez, l’Afrique est très différentiée. Il y a l’Afrique du Nord. Et il y a l’Afrique noire. En Libye, donc en Afrique du Nord, où je suis passé, j’ai signé des contrats juteux d’exploitation de centrales nucléaires et d’uranium. Des contrats portant sur la défense et autres affaires hautement stratégiques pour mon pays. Avec l’Afrique du Nord, on ne parle ni de morale, ni de développement. On ne donne pas de leçons mais on passe des contrats. On ne lance pas d’appels aux Libyens de l’étranger pour leur retour dans leur pays. On ne fait pas de promesses d’aides publiques françaises à la Libye. On parle affaires. Des contrats, des contrats et encore des contrats. Sur l’uranium, sur la défense, sur le nucléaire. Trade not aid, telle est notre règle.

Avec l’Afrique noire, avec vous, que dire ? Je vous ai fait mal, mes bébés. Hum ! N’en parlons plus. Mais ne me demandez surtout pas de repentance, puisque vous-mêmes, vous êtes coupables de vous être laissés battre par mes ancêtres. En plus, quand mes ancêtres arrivaient chez vous, vous vous décimiez vous-mêmes déjà sans notre aide. Vous êtes plus coupables que nous. Nous avons commis des crimes contre l’Humanité. Oui, mais vous n’avez rien fait pour nous en empêcher. En tout cas pas suffisamment pour nous convaincre que ce que nous avions l’intention de faire, était criminel.

Ne rêvez surtout pas à un retour en arrière pour rejoindre votre prétendu âge d’or qui aurait existé dans le passé. Vous n’avez jamais eu d’âge d’or. N’en rêvez pas. Le monde ne marche pas à reculons mais progresse vers l’avenir. L’histoire a un sens. La colonisation a été un crime contre l’humanité, mais mes parents ont proposé aux vôtres l’indépendance, qu’ils ont acceptée.

La colonisation c’était l’exploitation de l’homme par l’homme ; l’indépendance est exactement le contraire. Vos historiens et autres anthropologues vous mentent. Je vous le dit ici à vous, les jeunes d’Afrique, à l’Université Cheick Anta Diop. Devant vos chefs. Devant vos profs. Devant votre classe politique, gouvernement et opposition réunis. Devant vous étudiants, hommes de maintenant et hommes de demain. Arrêtez de rêver d’un futur qui puisse être le vôtre, à vous tout seuls.

Maintenant, vous m’appartenez définitivement. Arrêtez d’avoir la nostalgie d’un passé qui n’a jamais existé.

Je vous propose l’Eurafrique. Vous entrez avec moi dans les bonnes grâces de l’Europe. Je vous apporte l’Europe comme hier je vous ai apporté l’Esclavage. Je vous apporte l’Europe comme hier je vous ai apporté la Colonisation. Je vous apporte l’Europe comme hier je vous ai apporté l’Indépendance.

Je vous vois stupéfaits, n’est-ce pas ? Mais je vous apporte aussi les moyens qui vous seront propres pour inventer, vous-mêmes, votre avenir. Oubliez le passé. Maintenant, vous ne serez plus seulement à la France, mais à l’Europe. La France, c’est votre héritage occidental. La colonisation vous l’a apportée. Aid not trade. Telle est mon offre. Ne vous coupez pas de cet héritage. La civilisation européenne vous appartient. A vous aussi. Renoncez à la tentation de pureté comme nous le faisons en Europe. Ne répondez pas au racisme de la France par le racisme. Ne répondez pas à l’intolérance de la France par l’intolérance. Je sais, je vous ai fait mal, mais laissez tomber. Allons ensemble dans l’avenir. Renoncez à la maladie de l’intelligence. Si vous voulez venir chez nous, pas de problème, nous négocierons votre migration. Nous déciderons ensemble, pour vous, comment vous viendrez. Pas en citoyens libres, mais en immigrés.

Vous rêvez de la Renaissance africaine ? Pourquoi pas ! Après tout, vous avez eu, semble-t-il, l’Egypte et d’autres brillantes civilisations que mes ancêtres ont battues à plate couture et soumises depuis des siècles. Oubliez le passé peu glorieux que vos ascendants vous ont laissé. Nous vous aiderons à la bâtir, cette renaissance, si tel est votre désir.

Commencez déjà par prendre notre civilisation comme héritage. Vous voulez la liberté, la démocratie ? Bien. Mais savez-vous que l’Europe est bâtie sur l’égalité, la justice, le droit, la liberté, la démocratie et la libre propriété ? Je vous apporte ces valeurs universelles. Et n’allez pas chercher ailleurs. Tout ce que vous voulez, commandez et je vous livre tout de suite. Nous sommes généreux, nous vous aimons. Ce n’est pas de la pitié, mais c’est notre intérêt.

Ainsi nous a parlé Nicolas Sarkozy, le président de tous les Français.

Que lui dire ?
Merci Sarkozy. Merci pour tes propositions. Mais nous, on veut aller dans le monde par le marché et non sous la protection de qui que ce soit. Nous connaissons le chemin. Le monde, ce n’est pas que la France; le monde, ce n’est pas que l’Europe. Le monde, c’est aussi l’Afrique, c’est aussi l’Amérique, c’est aussi l’Asie. Le monde, c’est ailleurs. Nous voulons choisir librement notre méthode d’y entrer, notre façon d’y participer. Ce n’est pas par dégoût, mais c’est notre intérêt et rien que cela.

L’Eurafrique ? Très bien merci. Mais ça sera vraisemblablement comme par le passé. Il y a déjà les sommets franco-africains. Il y aura des sommets Eurafricains. Il y aura une bureaucratie Eurafricaine, comme il y a celle des UE-ACP.Nous n’avons plus du temps à perdre à négocier lors de sommets de Chefs d’Etat. Nous allons directement sur les marchés librement avec nos besoins et nos moyens.

Nous ne voulons plus être marchés captifs de qui que ce soit. Nous voulons redevenir libres. Il ne s’agit pas d’un retour à un quelconque âge d’or. Il ne s’agit pas d’une option pour nous, mais de notre survie.

Il s’agit d’être simplement des humains, de vivre comme tels et d’être traités comme tels. Nous ne voulons pas de traitement de faveur. Nous voulons avoir notre liberté de choix. Nous voulons tirer profit des droits imprescriptibles que nous avons d’être propriétaires de nous-mêmes en tant qu’humains. Nous voulons être libres dans la mondialisation, comme nous ne l’avons jamais été sur les marchés des esclaves. Sur les marchés coloniaux. Dans le pacte colonial. Nous ne voulons pas aller sur les marchés mondiaux enchaînés par des accords protectionnistes ; ni avec la France, ni avec l’Europe.

N’est-ce pas vous qui avez dit que l’Afrique ne comptait pas pour la France ? N’est-ce pas vous qui dites aussi que le Niger, avec son uranium, compte énormément pour la France ? Savez-vous que le Niger est un pays d’Afrique ? La duplicité de votre langage ne nous rassure guère. Vous parlez d’amour là où le monde parle d’intérêt et d’intérêt là où le monde parle d’amour. Nous ne voulons plus de cette protection infantilisante qui vous donne le droit de vouloir: Tout faire pour nous. Tout faire avec nous. Tout faire par nous. Tout faire sans nous. Et au bout du compte, tout faire contre nous. Nous ne voulons plus des accords léonins qui, sous prétexte de vouloir nous aider, nous font plus de mal que de bien.

Nous voulons que Sarkozy nous laisse faire, nous laisse passer. Nous voulons que la France nous laisse faire, nous laisse passer. Nous voulons que l’Europe nous laisse faire, nous laisse passer. Nous voulons que le monde nous accueille comme nous sommes, tels que nous sommes et non comme la France veut que nous soyons ou que l’Europe voudrait que nous soyons. Nous connaissons le mode d’emploi de la mondialisation. Aucun épouvantail ne nous fera renoncer sur la route de la liberté.

L’Eurafrique ? Pourquoi pas. Merci pour votre offre. Mais nous sommes déjà dans le monde sous le couvert de l’Europe qui agit par procuration de la France. Nous ne voulons pas de la mondialisation des servitudes. Nous voulons celle des libertés. Nous voulons simplement : De l’économie de marché. De la société ouverte. De la société de droit. Ni plus, ni moins. Sarkozy pourrait-il nous aider dans ce sens ? A nous libérer des accords précédents ? Ceux des indépendances ? Pour enfin nous libérer du carcan post colonial.

Nous ne voulons pas aller dans le monde comme hier nous sommes allés dans l’Europe, par la France. Nous ne voulons pas de votre liberté en double standard, et sous surveillance. Nous ne comprenons pas que nos avoirs extérieurs nets en devises soient déposés au Trésor Public de chez vous. Nous ne comprenons pas que nous soyons perçus comme des contribuables par l’Etat français, alors que vous nous ressassez que la colonisation est terminée depuis belle lurette ?

Nous ne voulons plus de vos accords de coopération qui ne règlent rien, mais qui pillent tout. Nous voulons être libres de choisir nous-mêmes notre destin. Libres de choisir nous-mêmes qui nous accompagnera et pour quoi. Merci de votre sollicitude.

Tu veux que je décide librement ? Soit. Mais je ne veux pas que tu sois là. Tu veux que je décide librement ? Mais soit. Je ne veux pas décider avec toi. Je veux décider seul. Tu veux que ma volonté se réalise pleinement ? Oui, je le veux aussi. Mais je ne veux pas réaliser mon destin avec toi. Je veux le faire moi-même, sans guide, ni parrain, ni gourou. Tu veux t’associer avec moi ? Oui, mais ne me demande pas d’être exclusivement à toi. D’être ta chose. Je veux être libre de m’associer avec qui je veux et comme je le veux et quand je le veux. La mondialisation telle qu’elle est faite pour moi ne me plait pas. C’est vrai. Je veux la démocratie. Je veux le droit. Je veux la justice. Je veux la propriété libre. Je veux la liberté. Mais je veux aussi la responsabilité.

Rencontre de deux visions

Au lieu de l’Eurafrique, nous voulons la Librafrique. Si vous voulez un véritable discours de rupture, monsieur le président de la République française alors, en plus de définir la politique africaine de la France, il vous faudra désormais intégrer la politique française de l’Afrique. C’est de la rencontre des ces deux visions sous la contrainte de nos autres relations que naîtra le monde meilleur souhaité par la jeunesse africaine et pour lequel elle est prête à travailler avec toutes les jeunesses du monde.Pour cela, il faut que vous nous laissiez faire.

Les libertés et les droits de l’homme ne se négocient pas. L’autodétermination des peuples est un droit. Vous ne pouvez pas garder les démocraties pour vous et cultiver les autocraties chez nous. Arrêtez de le faire. Le marché ne peut pas être pour l’Europe et les bureaucraties pour l’Afrique. Arrêtez de le concevoir.

Encore une fois merci d’être venu et d’avoir parlé comme vous avez parlé.
Votre discours avorté de rupture donne une occasion de rupture effective à la Jeunesse d'Afrique si discourtoisement interpellée par vous à Dakar le 26 juillet 2007. Vos désirs de rupture d'avec les vues de vos prédécesseurs ne nous intéressent pas, d'autant qu'ils n'iront jamais jusqu'à la remise en cause des fondamentaux de la traditionnelle politique africaine de la France. Par contre, nous avons avec la mondialisation l'occasion de rompre avec le modèle de coopération que la France nous propose. Merci de nous avoir donné l’occasion de vous le dire. Parce que nous avons compris que, si pour le moment, la rupture, ce n'est pas pour vous, nous vous indiquons que c'est avec vous, nouvelles et anciennes élites françaises, que nous, jeunes d'Afrique, nous rompons.

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Pourquoi?
Ce discour ne restera sans doute pas dans les annales de la litterature, mais la libertée de ton est unique pour un dirigeants d'Afrique dite francophone!
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bamiléké
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MessagePosté le: Mer 08 Aoû 2007 21:59    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Par Jean-François Bayart*

Y a pas rupture, patron !
* Chercheur français, auteur, entre autres, de L’Etat en Afrique. La politique du ventre, Fayard, Paris, nouvelle édition 2006)

“ Y a pas rupture ”, aura pensé le bon tirailleur sénégalais amateur de Banania, après avoir écouté la péroraison de Nicolas Sarkozy à la jeunesse africaine – et avec lui l’auditoire médusé de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar devant lequel le président de la République française avait choisi de présenter sa vision du continent, ce 26 juillet. Le cynisme avec lequel celui-ci avait raflé la mise de la libération des infirmières bulgares, en véritable coucou de la diplomatie, au nez et à la barbe de tous ceux qui la négociaient depuis de longues années, moyennant quelques contrats juteux, l’itinéraire de ce premier périple subsaharien au cœur du “ pré carré ” et bien à l’écart des pays anglophones, fussent-ils éminents partenaires de notre économie, la formule indigéniste convenue selon laquelle “ en Afrique, le doyen, cela compte ” pour justifier l’étape gabonaise – tout cela ne laissait guère d’incertitude quant à la continuité de la “ Françafrique ” qu’entendait assumer le nouvel hôte de l’Elysée. Comme il fallait s’y attendre, les appels vibrants en faveur de la refondation de la relation franco-africaine, durant la campagne électorale, n’engageaient que ceux qui avaient voulu y croire ou qu’avaient désespérés les paroles ineptes de Ségolène Royal sur la place que devait prendre l’énergie solaire dans l’aide publique au développement.
Mais le pragmatisme de la Realpolitik est une chose, sa théorisation en est une autre. Or, les propos dakarois de Nicolas Sarkozy sont littéralement stupéfiants, au-delà de leur maladresse insigne, voire de leur incongruité dans une Université qui porte le nom de l’un des principaux penseurs de la négritude. “ Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’Histoire (…) Jamais il ne s’élance vers l’avenir (…) Dans cet univers où la nature commande tout, l’homme reste immobile au milieu d’un ordre immuable où tout est écrit d’avance (…) Il n’y a de place ni pour l’aventure humaine, ni pour l’idée de progrès ”, a déclaré le président de la République. Il a ainsi repris presque mot pour mot le célèbre poncif hégélien : “ L'Afrique, aussi loin que remonte l'histoire, est restée fermée, sans lien avec le reste du monde ; c'est le pays de l'or, replié sur lui-même, le pays de l'enfance, qui, au-delà du jour de l'histoire consciente, est enveloppé dans la couleur noire de la nuit ”. Nicolas Sarkozy, qui aime à citer les grands auteurs républicains, aurait pu aussi bien reprendre le Discours sur l’Afrique de Victor Hugo, en 1879, dans lequel notre poète national se désolait de “ ce bloc de sable et de cendre, ce morceau inerte et passif qui depuis six mille ans fait obstacle à la marche universelle ”, et enjoignait aux Européens : “ Allez, Peuples ! Emparez-vous de cette terre. Prenez-la. A qui ? A personne. Prenez cette terre à Dieu. Dieu la donne aux hommes, Dieu offre l’Afrique à l’Europe. Prenez-la ”. C’est ce qu’elle fit, l’Europe, et si nous avons bien compris le verbe présidentiel elle n’a pas à en éprouver le moindre remords, quels que fussent ses “ torts ” indéniables en la matière. Car “ nul ne peut demander aux fils de se repentir des fautes de leurs pères ” – un adage que devraient méditer nos amis allemands, ces pauvres imbéciles qui se croient engagés par les turpitudes de leurs parents nazis ! Car au fond les colonisateurs “ se trompaient mais ils étaient sincères ” (n’est-il pas à craindre que les nazis et les staliniens, “ sincères ”, l’étaient eux aussi ?). Nicolas Sarkozy renoue de la sorte avec le discours de légitimation de la conquête qui justifiait la “ mission civilisatrice ” de la France dans les colonies par l’incapacité de l’âme primitive à “ entrer dans l’Histoire ”, à mettre en valeur les fabuleuses richesses du continent et à épouser les idées du “ Progrès ”, toute engluée qu’elle était dans l’ “ immobilité ” de la Tradition.
On devine le Président assez ignorant des sciences sociales. Pourtant il se dit soucieux de les rendre “ utiles ” grâce à la réforme de l’Université et du CNRS. En l’occurrence ce fut une belle occasion perdue de les exploiter. En effet, la lecture de quelques-uns des nombreux livres d’histoire et d’anthropologie écrits, entre autres, et pour nous en tenir aux plus facilement accessibles, par les chercheurs français depuis une cinquantaine d’années aurait appris à Nicolas Sarkozy que les sociétés africaines ont bien entendu une histoire. Que celle-ci est très ancienne et qu’elle a véhiculé des idées autochtones de “ progrès ” telles que la notion de olaju (littéralement les “ Lumières ”) chez les Yoruba du Nigeria. Que le développement des grandes cultures de rente comme l’huile de palme au Nigeria et au Ghana, l’arachide au Sénégal ou le cacao en Côte d’Ivoire a souvent précédé l’occupation coloniale et s’est généralement effectué indépendamment des politiques publiques de “ mise en valeur ”. En bref que l’immuabilité de la “ tradition africaine ” n’a jamais existé que dans l’esprit des Européens et que de façon générale elle “ n’appartient point aux hommes ”, ainsi que le faisait remarquer Voltaire avant les délires racialistes du 19ème siècle – pas même aux “ hommes noirs ”.
Ce petit exercice de lecture lui aurait également enseigné que les Africains d’aujourd’hui, à l’instar de leurs ancêtres, ne sont pas étrangers à l’ “ aventure ” et savent “ s’élancer vers l’avenir ”. Telle est précisément la signification de l’émigration que ne dicte pas la seule désespérance des jeunes face à la misère, comme on le ânonne trop souvent et comme l’a paradoxalement reconnu le Président lui-même dans son discours, mais bel et bien leur volonté positive de conquérir leur dignité d’homme adulte, de bénéficier des opportunités de la globalisation, d’en faire profiter leur pays et leur famille, de s’enrichir matériellement et culturellement. Une soif d’ “ aventure ” - les Sapeurs congolais empruntent précisément ce mot pour parler de leur voyage initiatique à Paris - que n’étancheront pas la problématique hors sujet du “ co-développement ” et sa mise sous tutelle du ministère de l’Immigration et de l’identité nationale. Derechef les bibliothèques des universités et des centres de recherche regorgent d’études qui démontrent l’inanité de cette approche et plus largement de la politique de quotas supposée attirer la main d’œuvre qualifiée et décourager le regroupement familial des pauvres hères. Las, cette littérature n’intéresse guère nos dirigeants qui préfèrent gaver l’électorat de fadaises populistes plutôt que de l’informer des besoins réels de notre économie et de nos possibilités (et impossibilités) concrètes en matière de régulation des migrations.
Tenus à quelques kilomètres des plages d’où ces pionniers des temps modernes prennent la mer, forts de leur histoire mais au péril de leur vie du fait des législations malthusiennes et objectivement criminelles de l’ “ Europe forteresse ”, les propos régressifs du président de la République ont eu quelque chose d’abject

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MessagePosté le: Mer 08 Aoû 2007 22:19    Sujet du message: Répondre en citant

L'avis d'un africain sarkosyste...camerounais bien sur... Rolling Eyes


Citation:
SHANDA TONME

La nouvelle France
Wear big shoes and carry a big stick. Porte de grosses chaussures et tient un gros bâton.

C’est à nous, réalistes et cyniques, et plus aux rêveurs et aux sentimentaux de tous les cieux, qu’il revient dorénavant, de lire, d’expliquer Sarkozy, et de dégager de sa démarche et de ses ambitions ouvertes, la ligne, l’orientation, la philosophie et les applications prévisibles. Il ne suffit plus de spéculer ni d’analyser, mais bien de prendre considération et de se préparer en toute connaissance de cause.
La diplomatie de grosses chaussures et du gros bâton, est celle qui a été à la base de la formulation des meilleures doctrines des relations internationales depuis Meternich, illustre diplomate autrichien dont s’inspira Henry Kissinger pour produire les années de gloire de la diplomatie américaine. Harry Truman, que l’on tient pour le premier théoricien de la guerre froide, ne fit pas autre chose lorsqu’en 1947, dans un discours mémorable au Fulton College à Mobil dans l’Etat de l’Alabama au sud des Etats-Unis, il déclara : “ les Etats-Unis vont contenir le communisme partout dans le monde et défendront avec acharnement toutes les valeurs de liberté auxquelles ils croient. Toute atteinte à la liberté sera une atteinte aux valeurs et aux intérêts de l’Amérique ”.
Le discours de Nicolas Sarkozy, au soir de la proclamation des résultats qui le portent à la présidence de la République française, en faisant d’office le chef d’orchestre de la diplomatie de son pays, était déjà tout un programme comme jamais aucun autre nouvel élu ne l’avait déployé et magnifié. La sortie du nouveau président à Dakar, ce jeune homme quinquagénaire dont certains détracteurs se plaisent à rappeler quelques échecs comme celui du concours d’entrer à Science Po, est un chef d’œuvre de réalisme, de courage, de vérité, de loyalisme et d’amitié, qui confirme la naissance d’une nouvelle France. Certes, fidèle à une tradition de vision prospective et d’anticipation objective qui font l’originalité de notre démarche de tous les temps, nous avions avant les élections et après, annoncé l’événement, mais nous ne l’avions point entrevue dans une telle magnificence et dans une telle brutalité.
Nous appartenons à l’école de pensée qui, en politique étrangère, fonde la puissance sur la clarté des ambitions, et la valeur des ambitions sur la crédibilité du maître d’ouvrage. Sarkozy est-il oui ou non crédible ? C’est oui.
C’est le moment plus que jamais de débattre, de s’exprimer sans retenues ni excuses, et de proposer selon ses intérêts, selon ses attentes, et selon ses forces. Notre conviction sur cet homme qui du haut des tribunes académiques de l’université Cheick Anta Diop de Dakar, rappelle aux Africains leurs responsabilités sur leurs situations actuelles tout en regrettant l’esclavage et la colonisation pour lesquels il se refuse à toute repentance automatique, est entièrement positive.
Je veux une France qui nous dise ce que nous sommes et ce que nous valons à ses yeux, ce qu’elle ne veut plus de nous, ce qu’elle tire de nous, et ce que nous pouvons profiter d’elle, et non une France qui nous prêche les romans d’amour, les verbes sentimentaux de voltaire, les fables douces de La Fontaine, les flatteries infantiles de Mitterrand, et le paternalisme ancestral de Chirac.
Je veux une France qui indique clairement le chemin de la responsabilité de l’Afrique et des Africains, et qui menace de ne plus se plier à nos flatteries et à nos indigences, et non une France qui promet tout, accorde tout, embrasse tout, gère tout, et supervise tout, sans droit ni titre, et selon un néo - colonialisme outrancier.

Je veux une France qui pense au sort réel de l’Afrique et qui refuse de garder indéfiniment (chez elle) les fils et les filles d’Afrique qui ont de la compétence et du mérite, ceux-là mêmes dont nous avons besoin pour nous construire, pour nous changer, pour devenir respectables et respectés dans le monde. Il faut dorénavant que chacun de nous sache exactement ce qu’il veut et sur quoi il veut fonder et reposer son destin. Celui de la France ne s’accommode plus de paresseux, de fainéants et des hordes d’affamés en quête de nourriture.
Je suis pour la France de Sarkozy, celle qui va renvoyer chacun chez lui pour aller faire sa révolution chez lui, dans son pays, y changer les choses, renverser les régimes, bousculer les systèmes, inventer la liberté et imposer la démocratie. Mais que font donc ces milliers de cadres africains en Occident, en Amérique et en Asie ? la Chine est devenue une grande puissance en partie grâce aux millions de chinois formés à l’extérieur qui, pétris de la technique et des innovations avancées, sont rentrés s’établir dans leur pays. Ne traitez point celui qui veut choisir d’accueillir des étrangers propres et compétents chez lui de raciste. On n’est pas raciste parce que l’on veut le meilleur visiteur pour sa famille et son village, ni le meilleur instituteur pour ses enfants.
La France dont la voix s’est élevée à Dakar et au Gabon en cette fin du mois de juillet 2007, est celle à la fois belle, cynique, réaliste, et progressiste qui ne craint pas de présenter un des dictateurs les plus décriés de la planète, comme un fidèle ami de toujours par delà les régimes et les colorations des politiques hexagonales. Le courage et la lucidité de monsieur Sarkozy sont une invitation à la raison et au réarmement moral d’une Afrique perdue dans des plaintes inutiles d’un passé qui ne lui a pas sourit. Ne vous condamnez point à crisper votre cœur en permanence parce que vous avez été dominés, parce que vous avez été vaincus dans les guerres des civilisations. Prenez vous en main et luttez contre tous les vents pour changer le cours sinistre de votre destin.
Je suis pour la France qui n’a pas de complexe à dire qu’elle va tourner la page des combines, mais qu’il revient à la jeunesse africaine, de travailler concrètement pour rendre effectivement opérationnelle, cette nouvelle vision des relations entre les deux parties.
A ces intellectuels prompts à se plaindre et à trouver des excuses sans jamais avoir le courage de se remettre en cause, je dis toute ma colère et tout mon dédain. Je déclare que si j’avais les moyens, je dominerai la France sans pitié et sans complaisance, car c’est ainsi que sont faites les lois naturelles qui gouvernent les relations entre les peuples, les Etats, les nations, les cultures et les civilisations. Qui ne voudrait pas voir son fils ou sa fille sortir premier de la classe et occuper le premier banc ? Qui ne voudrait pas être celui qui dicte et celui qui indique la voie ? Qui aimerait concéder sa place de premier au dernier, au nom d’une interprétation bizarre de la charité ?

Le monde qui accueille Nicolas Sarkozy en ce 2007 est stupéfait devant la tonicité et la vigueur d’une ambition diplomatique qui vient rappeler que l’on a beau détester l’Amérique, elle demeure la première économie et la première puissance industrielle du monde. Les Etats-Unis demeurent le lieu d’invention d’Internet, le pays de Bill Gates, la plaque tournante de l’économie marchande, le berceau et le siège de l’Organisation des Nations unies. Lorsque le président français en appelle aujourd’hui au réalisme des Africains, il prêche en réalité la révolution pour tous, comme l’avait déjà fait Lénine qui expliquait à tous les mouvements révolutionnaires du monde que chacun d’eux avait la mission et la responsabilité de construire la révolution dans son pays.
L’expression la plus forte de la nouvelle France s’est donc faite en terre africaine, en ces lieux où la France est l’auteur de faits d’armes contestés et où elle semble cultiver les doutes et les espoirs les plus contradictoires. C’est dans cette Afrique, symbole, instrument, vitrine et héritage à la fois d’un brassage éloquent de sa culture et de sa langue, que l’on scrute encore plus que partout, les moindres signes d’une évolution dans ses rapports avec le reste du monde.
Sarkozy, en appelant à la responsabilité des générations d’africains depuis les hauteurs de l’académie, invite à des révolutions que nous tardons à réaliser. Mais qu’avons-nous apporté à la construction des libertés, au syndicalisme, au triomphe des droits des gens ? Nous ne sommes ni à la base des luttes qui ont érigé les congés du travailleur en norme juridique universelle, ni la source des sacrifices qui ont donné l’électricité. Nous sommes donc, comme dit Aimé Césaire, ceux qui n’ont inventé ni la lampe à pétrole, ni la machine à vapeur.
Nicolas Sarkozy n’a pas peur que l’Afrique change, car ce serait tant mieux pour tout le monde, pour lui, pour la France, et ce serait tant pis pour les autres, tous ceux qui trichent, les potentats, les cancres, ceux qui refusent de voir et de vivre la vérité, ceux qui craignent le règne de la compétence et du mérite. Je vote pour cette option et je vous invite à me contrarier, dans un débat franc et ouvert.



Le messager
Le 08-08-2007


Au moins j'espère que le discour de Sarko aura reveillé les derniers réveurs qui ont foi en "l'amitié entre les peuples".
"Wake up africa".
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« nan laara an saara » :
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Teo Van
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MessagePosté le: Mer 08 Aoû 2007 23:24    Sujet du message: Répondre en citant

bamiléké a écrit:

Pourquoi?
Ce discour ne restera sans doute pas dans les annales de la litterature, mais la libertée de ton est unique pour un dirigeants d'Afrique dite francophone!


bonjour Bamileke,

juste que ce type là ne peux que débiter des conneries. Ces libertés de ton ne sont que de façade.
Le sujet qu'il maîtrise le mieux c'est 1) l'Ivoirité et 2 ) La côte d'ivoire contre le reste des pays africains.

Il donne des interview en anglais en voulant montrer sa rupture avec la France. Ignorant qu'il rejoue le même film juste en changeant les termes du dialogue.

Pour cet exploit, Il est montré en exemple .. et RFI le brandit en ennemi.. mauvais exemple.. mais bon point pour RFI qui sait qu'en le qualifiant ainsi, il canalisera et portera la colère de toute cette jeunesse, vers des cieux ou la France est encore Reine.

En d'autre termes c'est le meilleur allié de la France en Afrique.

Mais faut pas le dire trop fort sinon Gnata va se reveiller.

Alors que nous savons presque tous ici sur Grioo, ce qu'être Africain conscient. Dans un débat avec nous sur la connaissance de notre histoire ainsi que la conscience panafricaine, ce type là brillera par sa mal connaissance et nous nous ferions un plaisir de lui faire relire les 25000 topics ouverts sur chacuns des sujets pouvant nous concerner.
_________________
Nicolas Sarkozy « La France, économiquement, n’a pas besoin de l’Afrique. Les flux entre la France et l’Afrique représentent 2% de notre économie ».
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Chabine
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MessagePosté le: Jeu 09 Aoû 2007 05:29    Sujet du message: Répondre en citant

Finalement, une condamnation sans appel dans les colonnes de Libé (vous savez, ce journal dont l'esx-patron était un pote au nabot... Rolling Eyes ).

http://www.liberation.fr/rebonds/270247.FR.php

«L’homme africain...»
Retour sur le discours de Nicolas Sarkozy à Dakar le 26 juillet dernier.
Par Thomas Heams, maître de conférences en génétique à Paris.
QUOTIDIEN : jeudi 2 août 2007


Ainsi donc, le déterminisme de la pédophilie était un signe avant-coureur, une mise en jambe de campagne avant les choses sérieuses. Dans une allocution sidérante prononcée à Dakar, Nicolas Sarkozy qui ose tout, et c’est à cela qu’on le reconnaît, a dévoilé le fond d’une pensée qui, si les mots ont un sens, est la parole officielle française la plus raciste depuis longtemps. Chimiquement pure.
Ainsi donc, « le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire. Le paysan africain [.] dont l’idéal de vie est d’être en harmonie avec la nature, ne connaît que l’éternel recommencement du temps rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes et des mêmes paroles. Dans cet imaginaire où tout recommence toujours, il n’y a de place ni pour l’aventure humaine ni pour l’idée de progrès. Dans cet univers où la nature commande tout, [ il ] reste immobile au milieu d’un ordre immuable où tout semble être écrit d’avance. Jamais l’homme ne s’élance vers l’avenir. Jamais il ne lui vient à l’idée de sortir de la répétition pour s’inventer un destin.» Nous y voilà. La chaleur, le rythme des saisons.
Nicolas Sarkozy a oublié de concéder que dans cet océan de médiocrité, l’Africain, au moins, avait le rythme dans la peau et courait vite Laughing . Le tableau aurait été parfait. Une typologie lamentable, qui n’est même pas du néocolonialisme mais du bon vieux colonialisme à l’ancienne, à la Jules Ferry. Car à quoi servent ces considérations d’arrière-zinc ? A parler de la colonisation bien évidemment. Oh, certes, cruelle ! Mais que l’on se rassure, si terrible qu’elle soit, la colonisation a «ouvert les cœurs et les mentalités africaines à l’universel et à l’Histoire». On ne fait pas d’omelettes sans casser des œufs. Ces mots ont été prononcés par notre plus haut représentant. En notre nom. Mais depuis combien de temps ne parle-t-on plus comme cela ?
Doit-on rappeler au président de la République ces propres mots, prononcés quelques jours plus tôt au Mémorial de la Shoah, ces mots justes et pertinents, s’inscrivant dans la lignée de ceux de Jacques Chirac : ne jamais oublier, assumer sa part de responsabilité. Pourquoi à Paris ces mots forts qui insistent sur la permanence de la mémoire, et en Afrique ces mots veules qui font de la mémoire des crimes de la colonisation une réalité que l’on concède du bout des lèvres, pour aussitôt appeler à ne pas s’y complaire. Est-ce trop demander, au XXIe siècle, que d’attendre d’un président un minimum de cohérence ?
Ces mots dessinent-ils le portrait d’un raciste fanatique ? Non bien sûr. Notre Président ne se lève pas le matin en maudissant les Africains. Mais cela ne suffit pas à l’absoudre, tout comme il ne suffit pas d’emmener Basile Boli pour faire passer la pilule. Et être capable de prononcer un discours sur l’homme Africain, et de toutes ses supposées tares de même que l’on incline à penser que l’on naît pédophile, c’est incontestablement s’inscrire dans une anthropologie raciste, une vision rancie et fermée du monde, où l’Europe civilisatrice et l’Afrique éternelle se regardent en chiens de faïence. Cruelle déception pour tous ceux qui, indépendamment du reste, pouvaient espérer de la France qu’elle passe un cap. Solidement ancrée sur sa vigilance face aux aventures impériales états-uniennes, elle avait en revanche donné trop souvent l’impression d’être frileuse sur les droits de l’homme, officiellement au nom du très chiraquien «respect de la différence» pour les régimes en place. Nicolas Sarkozy, dans son discours au soir de son élection, s’étant présenté comme le président des droits de l’homme (du moins à l’étranger) on pouvait espérer de sa part une audace, puisée aux sources du libéralisme politique, qui aurait permis de rompre avec le paternalisme gaulliste, sans renouer pour autant avec l’impérialisme. On assiste avec stupeur à une régression inattendue qui ne manquera pas de nous isoler encore plus aux yeux de nos partenaires africains. Cette parodie de discours prétendument direct, qui s’autorise toutes les outrances sur la base de sa sincérité autoproclamée, est une marque d’infamie. Reste une question. Dans un pays normal, ces propos devraient mettre le feu au débat. Mais en ces temps où il est de bon ton d’être décomplexé, tout devient possible, comme dirait l’autre. Mais, citoyens, commentateurs, représentants, qu’auriez-vous dit si ces mots, ces catégorisations pitoyables et scandaleuses, étaient sortis de la bouche d’un Le Pen ? A quels feux croisés aurions-nous assisté ! Mais non, l’indignation de la presse sénégalaise semble n’avoir eu d’égal que le silence incroyable de tout ce que nous pouvons compter d’intellectuels, de ligues de droits de l’homme.
_________________
"Le colonialisme et ses dérivés ne constituent pas à vrai dire les ennemis actuels de l'Afrique. À brève échéance ce continent sera libéré. Pour ma part plus je pénètre les cultures et les cercles politiques plus la certitude s'impose à moi que LE PLUS GRAND DANGER QUI MENACE L'AFRIQUE EST L'ABSENCE D'IDÉOLOGIE."
Cette Afrique à venir, Journal de bord de mission en Afrique occidentale, été 1960, Frantz Fanon, Pour la Révolution Africaine
2011, annee Frantz Fanon
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owambo
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MessagePosté le: Jeu 09 Aoû 2007 16:18    Sujet du message: Achille Mbembé réagit aux proposde sarkozy sur RFI Répondre en citant

http://www.rfi.fr/actufr/articles/092/article_54977.asp
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owambo
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MessagePosté le: Jeu 09 Aoû 2007 16:38    Sujet du message: Achille fait suite au débat provoqué par sa réaction Répondre en citant

http://www.africultures.com/index.asp?menu=affiche_article&no=6819

France-Afrique : ces sottises qui divisent
par Achille Mbembe
publié le 09/08/2007

Il y a quelques jours, et en réponse au discours controversé prononcé par Nicolas Sarkozy, chef d'état français à l'université Cheikh Anta Diop de Dakar (Sénégal), nous publiions un texte d'Achille Mbembe, « L'Afrique de Nicolas Sarkozy ». Ce texte a été très largement diffusé en Afrique francophone et en Europe. Repris par plusieurs organes de presse et dans les médias alternatifs, il a suscité de vigoureux débats sur plusieurs sites internet. Il a également donné lieu à de nombreuses réactions et nouvelles interrogations qui obligent son auteur à préciser sa pensée - ce qu'il a aimablement accepté de faire dans la note qui suit.

L'on veut savoir pourquoi, à mes yeux, le discours de Nicolas Sarkozy à Dakar est odieux, indécent, et à la limite du vraisemblable.
Il est répugnant pour quatre raisons.
Il y a d'abord la volonté, plusieurs fois suggérée par Nicolas Sarkozy lors de la récente campagne électorale, d'instrumentaliser l'histoire de France ou en tout cas de rallier les Français à une vision factice et agressive du signifiant national.

Pour le néoconservatisme français, la manipulation de l'histoire nationale passe par trois voies : la récupération de certaines figures emblématiques de la gauche (Jaurès, Blum, Moquet), le procès intenté à la culture et à la pensée dite de « Mai 68 », et pour ce qui nous concerne directement, la réhabilitation du colonialisme (qui va de pair avec la persécution des étrangers dans l'Hexagone).


Indulgence pour les larrons

Ce dernier est désormais présenté non comme le crime qu'il fut du début (guerres de conquête) jusqu'à la fin (les luttes pour l'indépendance et la décolonisation), mais comme une simple « faute » qu'il faudrait passer par pertes et profits. Pis, la nouvelle légende veut que la colonisation ait été une entreprise bénévole et humanitaire. Prostrés dans la haine de soi et de la France, voire dans l'ingratitude, les ex-colonisés, nous dit-on, seraient malheureusement incapables d'en apprécier en dernière instance les bienfaits puisque, abandonnés à eux-mêmes, ils n'auraient jamais trouvé la voie du progrès et de la liberté.

À ce projet révisionniste s'ajoute, au nom du refus de la repentance, la disqualification de tout regard critique sur le système colonial et le déni de toute responsabilité quant aux horribles crimes et atrocités de l'époque. Je conviens que le contenu de l'histoire (y compris l'histoire de la colonisation) ne saurait se résumer aux massacres. Ceci dit, l'on ne peut pas faire comme si la conscience de soi était une chose, et la conscience de l'injustice ou du dommage causé à autrui une autre que l'on peut aisément séparer de notre conscience d'homme.

On l'a vu lors de la campagne électorale en France et, plus récemment encore à Dakar. Chaque fois, le procédé est le même. On commence par dénoncer et par stigmatiser ceux et celles qui « rougissent de l'histoire de la France » ou la « noircissent » - les « adeptes de la repentance ».

Puis, au nom de la fierté nationale, de l'amour pour la patrie, de la sincérité et de la bonne foi, on enchaîne par une exaltation en bonne et due forme des colons. On veut nous faire croire que d'aussi humbles serviteurs de la mission civilisatrice n'auraient gagné leur vie qu'en toute honnêteté. Colonisant en toute innocence, ils n'auraient jamais exploité personne. Au demeurant, ils n'avaient pour dessein que de « donner l'amour » à des peuplades asservies par des siècles d'obscurantisme et de superstitions. Injustice de l'histoire, ils n'ont, en fin de compte, récolté que la haine et le mépris de ceux au salut desquels ils sacrifièrent pourtant tout.

Pour Nicolas Sarkozy et les siens, les pertes subies par les colons français pèsent plus lourds à la bourse de la mémoire que les ravages et les destructions subis par ceux qui, au prix de mille privations, d'incessantes humiliations et, parfois, de leurs vies, mirent un terme à cette nuit de la souffrance humaine que fut la colonisation. Car, dans la théologie politique des néoconservateurs français, l'indulgence pour les larrons doit toujours l'emporter sur la pitié pour les crucifiés.


Amitiés perfides

La deuxième raison de ma stupéfaction est l'insolence, et surtout l'arrogance et la brutalité qu'autorise une telle volonté de méconnaissance. Pour noyer la vérité et jeter la poudre aux yeux de ceux qui sont distraits, l'on recourt au « raisonnement par les bons sentiments » dont Françoise Vergès (Abolir l'esclavage. Les ambiguïtés d'une politique humanitaire) a démontré, il n'y a pas longtemps, la perversité.

En effet, ce discours incohérent (la faute oui, la repentance non) et vermoulu, mais à la nuque raide - telle est bien la marque déposée du nouveau conservatisme français. Il se trouve que chez Nicolas Sarkozy en particulier, ce conservatisme prend de plus en plus des allures truculentes, à la manière du trop bandant de nos satrapes tropicaux, comme en témoigne d'ailleurs son penchant pour le maniement de l'invective sous les oripeaux de l'exhortation, le tout assaisonné d'imprécations et de déclarations à l'emporte-pièce - le pur épuisement qui naît d'un vide fondamental.

Car, ce que notre négrophile donneur de leçons cherche à camoufler derrière les formules convenues telles que la sincérité ou encore la vérité, c'est avant tout une insoutenable dose de mauvaise foi que l'on veut faire passer pour de la générosité et de la franchise. L'amitié dont il se réclame à tue-tête ne porte pas seulement au flanc la blessure d'une flèche perfide. Et le nouveau chef de l'État ne cherche pas seulement à manipuler l'histoire de France. Il veut aussi falsifier la nôtre et les significations humaines dont cette dernière est porteuse. Ce faisant, et par on ne sait quel pouvoir, il s'autorise de parler de l'Afrique et des Africains à la manière du maître qui a pris la mauvaise habitude de maltraiter son esclave et d'avilir sa chose, et qui ne parvient pas à se déprendre d'attitudes héritées d'un sinistre passé dont nous ne voulons plus.


Colo-nostalgie

Puis il y a la fourberie. L'on prétend s'adresser à l'élite africaine. En réalité, l'on ne cesse de faire des clins d'œil à la frange la plus obscurantiste de l'électorat français - l'extrême-droite, les colo-nostalgiques, tous ceux-là qui, rongés par la mélancolie postcoloniale, pensent que quatre ou cinq millions d'immigrés et de citoyens français d'origine noire et arabe dans un pays de plus de cinquante-cinq millions d'âmes menacent l'identité française.

Plus grave encore, ce n'est pas comme si le président Sarkozy était dans l'attente d'une réponse de notre part. Car il y a plus de vingt ans déjà que Jean-Marc Éla (L'Afrique des villages) a écrit le plus beau livre sur l'inventivité des paysans africains. Auparavant, Cheikh Anta Diop, Théophile Obenga, Joseph Ki-Zerbo, Abdoulaye Bathily, Bethuel Ogot, Ade Ajayi, Adu Boahen, Joseph Inikori, Toyin Falola, Kwame Arhin et des dizaines d'autres avaient mis en place les fondations d'une historiographie africaine solide et documentée. Celle-ci établit, entre autres comment, de tout temps, l'Afrique a fait partie du monde, y a joué activement son rôle et a contribué ce faisant au développement des techniques, du commerce et de la vie de l'esprit.

Aux yeux de notre nouvel ami, tout cela ne compte guère. Et pour cause. Il ne s'adresse pas à nous comme dans un rapport de face-à-face où nous compterions comme interlocuteurs. En fait, il ne regarde ni ne voit notre visage. Chez lui, « l'homme noir » est un être abstrait, doté d'une « âme » certes, mais sans visage, puisque plongé dans les ténèbres de l'innommé. Quand il prétend dialoguer avec nous, ce n'est pas dans le cadre d'un rapport moral d'égalité et, par conséquent, de justice. C'est dans le registre de la volonté de puissance - un je-ne-sais-quoi de narcissique et d'autant plus triomphaliste qu'il est marqué du sceau de l'ignorance volontaire et assumée.


L'insolence de l'ignorance

La troisième raison de mon incrédulité est la vision éculée que le nouveau chef d'état français a choisie, désormais, de véhiculer de l'Afrique et des Africains. Comme je l'indiquais dans un texte précédent, cette vision se situe en droite ligne de la dogmatique raciste du XIXe siècle.
Le président puise à pleines mains dans cette fange, sans la moindre distance ni ironie. Il répète des pages entières des élucubrations de Hegel, Lévy-Bruhl, Leo Frobenius, Placide Tempels et autres inventeurs de « l'âme africaine », construisant au passage sa « vérité » avec les copeaux de l'ethnophilosophie d'hier, comme d'autres avant lui s'investissaient dans l'ethnozoologie, dans l'espoir de mettre à nu « l'essence foncièrement animale du nègre ».

Mais sait-il seulement que l'étroitesse d'esprit caractéristique du racisme colonial - ce terrorisme avant la lettre - a fait l'objet d'une critique soutenue par les intellectuels africains eux-mêmes depuis la deuxième moitié du XIXe siècle ? Sait-il seulement que respecter l'ami, c'est aussi se référer honnêtement à ses opinions ?
Or, il existe bien une longue tradition de critique interne des sociétés et des cultures africaines qui aurait pu aider notre théoricien à développer un argument un tant soit peu vraisemblable. Encore aurait-il fallu qu'il commence par enlever la poutre logée dans ses yeux avant de se préoccuper de celle qui encombre l'œil du voisin.
De ce point de vue, des roitelets nègres ont en effet pris part à la Traite des esclaves, comme aujourd'hui le cartel des satrapes - dont la plupart bénéficient du soutien actif de la France - qui participent à la destruction de leurs propres peuples.

Mais que dire donc de la collaboration française sous l'occupation nazie ? Que dire du régime de Vichy dont la chute eût été impossible sans la contribution décisive des gens d'origine africaine (comme le montre l'historien Siba Grovogui, Beyond Eurocentrism and Anarchy. Memories of International Order and Institutions), mais dont on copie et reproduit aujourd'hui les méthodes de classification et de discrimination des personnes par le biais du ministère de l'identité et de l'immigration ?
Comment se fait-il que celui qui, en France, promeut un type de relation entre l'identitaire et l'État si proche de l'idéologie de Vichy et qui ne résiste pas à la tentation de mobilisation de formes de xénophobie anti-arabe et africaine soit le même qui vienne nous administrer des leçons d'universalisme dans l'enceinte d'une université dédiée à un authentique patriote africain ?

Pour être logique avec soi-même, pourquoi ne va-t-on pas dire aux Israéliens que, quant au fond, les soutiers du nazisme n'étaient, comme nos colons d'hier, que de pauvres innocents, des gens honnêtes qui ne voulaient que le bien des Juifs ? Pourquoi ne va-t-on pas dire à Nelson Mandela que, quant au fond, les tortionnaires et bénéficiaires du dernier État raciste au monde - l'État d'apartheid en Afrique du Sud - ne voulaient que son bien ?

On le voit bien, ce petit jeu du révisionnisme est moralement répugnant. Et Césaire l'avait bien compris, qui dans son Discours sur le colonialisme, dénonçait déjà, en 1952, « les voluptés sadiques, les innommables jouissances qui vous friselisent la carcasse de Loti quand il tient au bout de sa lorgnette d'officier un bon massacre d'Annamites ».


Une tradition critique

Dans la pensée africaine de langue française, Frantz Fanon (Peau noire, masque blanc) est sans doute celui qui a fait la déconstruction la plus convaincante de la sottise raciste tout en proposant les linéaments d'une humanité fraternelle.

De W.E.B. Dubois à C.L.R. James en passant par Martin Luther King et Nelson Mandela, de Stuart Hall à Paul Gilroy, Fabien Éboussi Boulaga et tous les autres, le meilleur de la pensée noire a toujours été rendu sous la forme du rêve d'un nouvel humanisme, d'une renaissance du monde par-delà la race, d'une polis universelle où est reconnu à tous le droit d'hériter du monde dans son ensemble. L'Afrique dont ils se réclament - ce mot et ce nom - est une multiplicité vivante qui, à l'instar du mot « Juif », est liée, dès les origines, au futur de l'universel.

Au cœur de cette pensée, les questions de mémoire sont d'abord des questions de responsabilité devant soi et devant un héritage. Dans cette pensée, on ne devient vraiment « homme » que dans la mesure où l'on est capable de répondre de ce dont on n'est pas l'auteur direct, de celui ou de celle avec qui on n'a, apparemment, rien en partage - l'assignation à la responsabilité. C'est à cause de cette assignation principielle à la responsabilité que notre tradition critique s'oppose fondamentalement à l'antihumanisme et la politique du nihilisme qui caractérise le néoconservatisme à la française.

Nicolas Sarkozy se prévaut de Senghor pour accréditer des thèses irrecevables parce qu'historiquement fausses et moralement corrompues, marquées comme elles le sont par le pesant d'antihumanisme qui, toujours, loge au fond de toute idéologie raciste.

D'abord, il fait semblant d'oublier qu'au moment où Césaire, Senghor et les autres lancent le mouvement de la négritude, l'humanité des Noirs est contestée. Les Noirs, à l'époque, ne constituent pas seulement une race opprimée. Comme les Juifs, il n'y a, alors, pratiquement pas un seul endroit au monde où ils jouissent de paix, de repos et de dignité. La lutte, à l'époque, est littéralement une lutte pour l'affirmation du droit à l'existence.

Cette dimension insurrectionnelle de la critique culturelle, on ne la retrouve pas seulement chez les penseurs africains. Elle est également présente chez les penseurs afro-américains et de la diaspora, descendants d'esclaves et survivants des temps de la captivité dans les plantations du Nouveau Monde. La gommer aujourd'hui pour ne retenir que la poétique du royaume de l'enfance, du merveilleux et des forêts qui chantent relève de la falsification.

D'autre part, il est vrai que quand on se bat pour affirmer son droit d'exister, on a tendance à recourir à des figures de style fixes et binaires, à des raccourcis peut-être mobilisateurs, mais sans doute un peu courts sur la longue durée.

Senghor en particulier ne s'en priva guère qui, s'inscrivant dans la continuité des vocabulaires les plus racistes de son époque, déclara que l'émotion est nègre comme la raison est hellène. Encore ouvre-t-il la voie à un dépassement de la race et à la possibilité d'une réconciliation des mondes, comme on peut le lire dans ses Chants d'ombre.

Sarkozy oublie par ailleurs qu'aux yeux de nombreux intellectuels africains, le même Senghor est demeuré une figure polémique. Poète chanté et reconnu, l'essentiel de sa réflexion philosophique a été largement réfuté. Comme l'a bien montré la génération de Marcien Towa (Léopold Sédar Senghor : négritude ou servitude ?) et de Stanislas Adotevi (Négritude et négrologues), ce dernier ne concevait pas seulement la culture comme quelque chose de biologique et d'inné. Pour bien des penseurs africains anglophones, Senghor se contenta, tout au long de sa carrière, de faire la politique de la France en Afrique. Ils estiment, à tort ou à raison, qu'au panthéon des héros africains, c'est ce qui le distingue de Kwame Nkrumah (Africa Must Unite), Amilcar Cabral (Unity and Struggle), Cheikh Anta Diop (Nations nègres et culture) ou encore Nelson Mandela (Long Walk to Freedom).

Plus près de nous, la pensée contemporaine d'origine africaine n'a cessé de démontrer que s'il existe bel et bien une existence locale, des catégories vides de sens telles que « l'âme africaine » ne sauraient en rendre compte.

Paul Gilroy (The Black Atlantic), Édouard Glissant (Poétique de la relation), Maryse Condé, Françoise Vergès, Raphael Confiant et bien d'autres ont largement fait valoir qu'il n'y a pas d'identité fixe. Pour l'ensemble du nouveau roman africain de langue française, d'Alain Mabanckou à Efoui Kossi en passant par Abdurahman Waberi, Ken Bugul, Véronique Tadjo, Samy Tchak, Patrice Nganang et les autres, les identités ne peuvent être que des identités de relation et non de racines. Le cinéma africain, de Sembène Ousmane à Basseck ba Kobhio, tout comme la musique africaine n'ont cessé de montrer que l'identité fixe est source de mort culturelle ; ou encore que le présent et le futur seront nécessairement hybrides. Dans le domaine des arts et de l'esthétique, la problématique de la différence est battue en brèche, comme en témoigne la récente Exposition internationale « Africa Remix » de Simon Njami (voir Africa Remix. Contemporary Art of a Continent).

D'autre part, l'ethnophilosophie, dans laquelle puise abondamment Nicolas Sarkozy, a fait l'objet d'une vigoureuse critique. Paulin Hountondji (Sur la philosophie africaine), Valentin Mudimbe (The Invention of Africa) et Fabien Éboussi Boulaga (La crise du Muntu) en particulier n'ont cessé de dénoncer la sorte d'identitarisme qui ne s'obtient qu'en érigeant en trait exclusif les multiples appartenances dont nous sommes les héritiers.

À la suite du philosophe ghanéen Anthony Appiah (In My Father's House), j'ai moi-même sévèrement critiqué l'idéologie victimaire (De la postcolonie) tout en proposant le concept d'« afropolitanisme » comme antidote à la négritude et au nativisme.

Au demeurant, qui ignore encore aujourd'hui que le recours à des poncifs tels que « l'âme noire » ou l'« authenticité africaine » sont, avant tout, des manières pour les régimes corrompus et leurs élites politiques et intellectuelles de se prévaloir de la différence dans l'espoir de légitimer leur brutalité et leur vénalité ? N'est-il pas vrai, par ailleurs, qu'à cet esprit de la vénalité « coopèrent » sans vergogne et depuis la décolonisation bien des réseaux français qui, pour l'occasion, ne s'embarrassent guère de la couleur de la peau ?

Par ailleurs, beaucoup d'entre nous, de Frantz Fanon à Françoise Vergès (La république coloniale), avons toujours dit que la repentance et la réparation produisent des victimes. La vulgate de la repentance perpétue l'image de l'autre comme corps non parlant, comme corps sans énergie ni vie. Et cela, ce n'est pas nous. Car nous ne sommes pas seulement des victimes de notre propre drame. Nous en sommes également des acteurs et des témoins.


Pouvoir de nuisance

Plus que jamais, les relations entre la France et l'Afrique seront des liens consciemment voulus et non plus imposés. À leur fondement se trouveront des valeurs morales et éthiques, ou alors ce ne seront pas des liens du tout - un simple pouvoir de nuisance.

Si la France persiste dans son autisme, c'est-à-dire son refus de comprendre le monde et d'avoir du génie dans son rapport avec l'Afrique, alors nous ne l'écouterons point. Pour l'heure, le projet néoconservateur français pour l'Afrique tel qu'énoncé par Nicolas Sarkozy à Dakar n'est pas une invitation à bâtir une société humaine, un langage commun, encore moins un monde commun. Parce qu'il se contente de reproduire les sottises qui divisent, ce projet n'est pas une invitation à faire ensemble l'expérience de la liberté.

Voilà pourquoi il faut s'y opposer dès maintenant, sans crainte, mais avec courage, intelligence et fermeté. Parce que si on laisse faire, le prix à payer sera, mine de rien, très élevé pour les Africains.


par Achille Mbembe
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GONDWANA
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MessagePosté le: Jeu 09 Aoû 2007 19:35    Sujet du message: Répondre en citant

Magistral Achille Mbembé.A encadrer et conserver précieusement.
Par contre Shanda Tomne a pour une fois été assez décevant,pour ne pas dire très.
J'ai aussi apprécié l'opposant gabonais Mengara et Koulibaly,comme quoi ça se réveille.
ll est entrain d'arriver la meilleure des choses avec Sarkozy,la France s'est enfin départie de son mielleux et hypocrite discours d'amitié pour revêtir ses anciens oripeaux coloniaux d'arrogance,de mépris et de condescendance à l'égard de l'Afrique Noire,car notre ubique de l'Elysée a plutôt filé doux au Maghreb(M6 n'a pas jugé opportun de le recevoir par exemple après l'Algérie).
C'est aussi ça la nouvelle France "décomplexée et assumée".Plus d'"amis de 30 ans" mais des ex(?)-colonisés fainéants de 300 ans.
Au moins l'électro-choc est passé.On ne pourra plus dire "On ne savait pas".
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Didier_Daan
Bon posteur


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MessagePosté le: Ven 10 Aoû 2007 18:30    Sujet du message: Répondre en citant

Chabine a écrit:
Finalement, une condamnation sans appel dans les colonnes de Libé (vous savez, ce journal dont l'esx-patron était un pote au nabot... Rolling Eyes ).

Et ce n´est pas tout....

Lettre ouverte à Nicolas Sarkozy
http://www.liberation.fr/rebonds/271587.FR.php
Plusieurs écrivains africains se joignent à Raharimanana pour répondre au président français.
QUOTIDIEN : vendredi 10 août 2007

Monsieur le Président,
Vous étiez venu dites-vous à Dakar nous parler — nous les Africains —, avec franchise et sincérité, vous étiez donc venu avec tout le fond de votre pensée, car c’est ainsi je crois qu’on qualifie la franchise et la sincérité, un échange sans fard et sans arrière-pensée. Nous prenons donc acte de la conception que vous avez de ce continent et de ses habitants. Vous étiez venu dites-vous pour nous assurer que la France s’associera à nous si nous voulons la liberté, la justice et le droit, mais permettez-moi d’être franc et sincère également.
Au lendemain de votre discours, que faisiez-vous donc avec Omar Bongo, quarante ans de règne dans la dictature, un doyen dites-vous, et quel doyen dans la corruption et l’aliénation de son pays ! De quelle liberté, de quelle justice, de quel droit parlez-vous ? Je n’ose même pas vous poser la question concernant votre sourire à cet autre grand dictateur africain : Muammar al-Kadhafi ! Que dire du don nucléaire que vous lui promettiez ? Il serait maintenant fréquentable ? Sincèrement ? Mais soit… Nous les Africains manquons un peu de raison et ne comprenons pas ces subtilités qui nous éloignent de la nature et de l’ordre immuable des saisons.
Vous étiez donc venu — vidi vici complétera l’autre, regarder en face notre histoire commune. Fort bien ! Votre posture tombe à propos pour une génération d’Africains et de Français avides de comprendre enfin ces drames continuels frappant l’Afrique. Il nous reste simplement à tomber d’accord pour définir le sens de ce mot histoire. Car quand vous dites que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire, vous avez tort. Nous étions au cœur de l’histoire quand l’esclavage a changé la face du monde. Nous étions au cœur de l’histoire quand l’Europe s’est partagé notre continent. Nous étions au cœur de l’histoire quand la colonisation a dessiné la configuration actuelle du monde. Le monde moderne doit tout au sort de l’Afrique, et quand je dis monde moderne, je n’en exclus pas l’homme africain que vous semblez reléguer dans les traditions et je ne sais quel autre mythe et contemplation béate de la nature. Qu’entendez-vous par histoire ? N’y comptent que ceux qui y sont entrés comme vainqueurs ? Laissez-nous vous raconter un peu cette histoire que vous semblez fort mal connaître. Nos pères, par leurs luttes sont entrés dans l’histoire en résistant à l’esclavage, nos pères par leurs révoltes, ont contraint les pays esclavagistes à ratifier l’abolition de l’esclavage, nos pères par leurs insurrections — connaissez-vous Sétif 1945, connaissez-vous Madagascar 1947 ? ont poussé les pays colonialistes à abandonner la colonisation. Et nous qui luttions depuis les indépendances contre ces dictateurs soutenus entre autres par la France et ses grandes entreprises — le groupe de votre ami si généreux au large de Malte par exemple, ou la compagnie Elf.
Savez-vous au moins combien de jeunes Africains sont tombés dans les manifestations, les grèves et les soulèvements depuis cette quarantaine d’années de dictature et d’atteinte aux droits de l’homme ?
Fait-on partie de l’histoire quand on tombe dans un coin de rue d’Andavamamba, les bottes des militaires foulant votre corps et vous livrant aux chiens ? Croyez-vous vraiment que jamais l’homme (africain) ne s’élance vers l’avenir, jamais il ne lui vient à l’idée de sortir de la répétition pour s’inventer un destin ? Jamais dites-vous ? Devons-nous l’interpréter comme ignorance, comme cynisme, comme mépris ? Ou alors, comme ces colonisateurs de bonne foi, vous vous exprimez en croyant exposer un bien qui serait finalement un mal pour nous. Seriez-vous aveugle ? Dans ce cas, vous devriez sincèrement reprendre la copie nous concernant. Vous avez tort de mettre sur le même pied d’égalité la responsabilité des Africains et les crimes de l’esclavage et de la colonisation, car s’il y avait des complices de notre côté, ils ne sont que les émanations de ces entreprises totalitaires initiées par l’Europe, depuis quand les systèmes totalitaires n’ont-ils pas leurs collaborateurs locaux ? Car oui, l’esclavage et la colonisation sont des systèmes totalitaires, et vous avez tort de tenter de les justifier en évoquant nos responsabilités et ce bon côté de la colonisation. Mais tout comme vous sûrement, nous reconnaissons qu’il y a eu des «justes». Or vous savez fort bien que les justes n’excusent pas le totalitarisme. Vous avez tort de penser que les dictateurs sont de nos faits. Foccart vous dit peut-être quelque chose ? Et les jeux des grandes puissances — dont la France évidemment, qui font et défont les régimes ? Paranoïa de notre part ? Oui, nous devons résister, et nous résistons déjà, mais la France est-elle franchement de notre côté ? Qui a oublié le Rwanda ? Vous appelez à une «renaissance africaine», venez d’abord parler à vos véritables interlocuteurs, de ceux qui veulent sincèrement et franchement cette renaissance, nous la jeunesse africaine, savons qu’ils ne se nomment pas Omar Bongo, Muammar al-Kadhafi, Denis Sassou Nguesso, Ravalomanana ou bien d’autres chefs d’Etat autoproclamés démocrates.
Nous vous invitons au débat, nous vous invitons à l’échange. Par cette lettre ouverte, nous vous prenons au mot, cessez donc de côtoyer les fossoyeurs de nos espérances et venez parler avec nous. Quant à l’Eurafrique, en avez-vous parlé à Angela ?
Sincèrement et franchement à vous.
Antananarivo, le 3 août 2007
Raharimanana et les écrivains
Boubacar Boris Diop (Sénégal),

Abderrahman Beggar (Maroc, Canada),

Patrice Nganang (Cameroun, Etats-Unis) Koulsy Lamko (Tchad),

Kangni Alem (université de Lomé),

et l’éditrice Jutta Hepke (Vents d’ailleurs).
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ARDIN
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MessagePosté le: Ven 10 Aoû 2007 20:13    Sujet du message: a tjenbered Répondre en citant

Salut,

A Tjenbered, l'initiateur de ce topic,
Je viens intervenir sur ton sujet pour apporter un autre son de cloche. En effet, la fixation qui est faite sur la personne de Nicolas Sarkozy empeche de cerner le probleme des rapports FRANCE-AFRIQUE dans son ensemble. Cette fixation a aussi entame la capacite d'analyse d'intellectuels Africains qui se succedent pour reagir au discours de Nicolas Sarkozy. Ceux-ci ont manque de recul, et finissent par faire de la personne qu'ils critiquent un simple bouc-emissaire. Ces repliques, ces lettres ouvertes, ressemblement finalement a de l'imposture.
_________________
l'Hommage a Cheikh Anta Diop sur PER-ANKH
l'Hommage a Mongo Beti sur PER-ANKH
l'Hommage a Aime Cesaire sur PER-ANKH

LPC-U : CONSTRUIRE LE CONGO POUR L'UNITÉ DE L'AFRIQUE
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Dilo
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MessagePosté le: Ven 10 Aoû 2007 21:36    Sujet du message: Répondre en citant

Ardin, bien que ton message s'adresse à l'intiateur de ce topic, qui certes te répondra, je me permets de te dire que pour moi, ces réactions copiées/collées par différents intervenants ici, me paraissent bien opportunes. Tu as écrit:
Citation:
Ces repliques, ces lettres ouvertes, ressemblement finalement a de l'imposture.

Imposture?? Pendant que le tout nouveau président francais va d'actualité en Afrique pour s'en moquer une fois de plus et plus parternaliste que pendant sa campagne, quand veux-tu que les réactions, les répliques soient-elles plus opportunes??
Le combat contre les aspects profonds des méfaits de la Francafrique ne doit pas faire laisser passer ces tares de Sarko sans répliques appropriées. Plus elles sont abondantes et pertinentes, mieux cela vaut comme avertissements pour les autres apprentis sorciers qui emboîtent le pas de Sarko dans la continuité du mépris contre ceux qu'ils ont toujours marché dessus. Ces répliques n'ont point occulté le combat de fond qui continue.
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afrocalipse
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MessagePosté le: Dim 12 Aoû 2007 16:31    Sujet du message: Répondre en citant

du Prof. Ramsès L. BOA THIEMELE
Maître de Conférences de Philosophie

Université de Cocody Abidjan

source www.thotep.com
http://www.thotep.com/article.php3?id_article=346


SARKOZY OU L’IMPOSSIBLE RUPTURE


Le 26 juillet, M. Sarkozy, président de la République française, a prononcé une allocution à Dakar. La jeunesse africaine réunie pour la circonstance a écouté un jeune président qu’elle avait espéré tout aussi jeune dans l’esprit. Mais au lieu d’idées nouvelles, M. Sarkozy lui a servi un discours que, en d’autres temps et en d’autres lieux, si le mot avait encore sa connotation idéologique, on aurait traité de réactionnaire. Ce mot n’est plus tout à fait à la mode ; il fait même sourire aujourd’hui. Remplaçons-le par autre chose tout en gardant la même idée. M. Sarkozy est un conservateur en matière de représentations mentales à l’égard de l’Afrique et des Africains. Pourquoi n’a-t-il pas franchi le pas du changement alors qu’il était venu, selon ses paroles, proposer une Renaissance africaine ? Quelle est cette Renaissance qui reproduit les schèmes anciens en exaltant un dualisme périmé ?

I) Symptômes d’un oubli du nom

M. Sarkozy est un conservateur dans l’esprit. Il remercie une université qui n’existe plus, l’université de Dakar. Cette université s’appelle, depuis quelques années, l’université Cheikh Anta Diop de Dakar. M. Sarkozy le savait-il ? Est-ce un refus délibéré de prononcer le véritable nom de cette université ? Est-ce au contraire une volonté délibérée de conserver un nom ancien alors que la nouvelle dénomination est postcoloniale ?

On peut penser qu’on fait un faux procès à M. Sarkozy en soulevant ces interrogations. Mais la teneur idéologique de son discours nous permet de penser qu’il s’agit en réalité d’un refus délibéré de prononcer un nom qui pèse lourd sur sa langue et sur son esprit. Ce discours tenu à Dakar est totalement l’opposé de la pensée de Cheikh Anta Diop. M. Sarkozy est donc venu à Dakar, à l’université Cheikh Anta Diop, tenir un discours qui ressasse les préjugés de Hegel, de Gobineau, de l’ethnologie coloniale, de l’évolutionnisme culturel. Toutes ces idées sont résumées par la phrase de M. Sarkozy : « Le problème de l’Afrique, c’est que trop souvent elle juge le présent par rapport à une pureté des origines totalement imaginaire et que personne ne peut espérer ressusciter ».

Penser comme le fait M. Sarkozy, c’est considérer les Africains comme des peuples singuliers qui n’ont pas le droit de reprendre à leur compte ce qui a mis en mouvement l’esprit de créativité des autres hommes et des autres cultures. La quête des origines a été considérée comme solution au mal africain par C. A. Diop. Est-ce l’éternel retour du même ou la puissance attrayante de l’origine qui pousse Cheikh Anta Diop à regarder vers le passé lointain de l’Egypte antique ? C. A. Diop considère les anciens logés à l’origine égyptienne ancienne en tant qu’héritage à recueillir pour le présent. Le principe de la continuité historique qu’il propose repose sur la parenté d’essence des civilisations négro-africaines sud-sahariennes puis des Antiquités égyptiennes anciennes et éthiopiennes. En affirmant l’unité culturelle africaine et sa filiation en ligne directe avec ces origines anciennes, il suggère une réévaluation de notre propre passé. Cette négritude originelle des Antiquités égypto-éthiopiennes insère désormais le Noir ou l’Africain au cœur de l’histoire universelle. Ce n’est, comme le pense M. Sarkozy, ni la civilisation musulmane, ni la chrétienté ou encore la colonisation qui vont « ouvrir les cœurs et les mentalités africaines à l’universel et à l’histoire ». Le croire, c’est enfermer l’essence de l’Africain dans un particularisme exotique et présenter l’Occident comme le modèle de l’universel.

En effet, c’est une constante tendance depuis les Lumières que l’Occident a de se présenter comme la figure aboutie de l’universel. Dans Eloge de la philosophie, Maurice Merleau-Ponty stigmatise cette prétention occidentale à s’identifier comme système de référence quand il constate que l’Occident a inventé une idée de la vérité l’obligeant et l’autorisant à comprendre les autres cultures, et donc à les récupérer comme moments d’une vérité totale. M. Sarkozy refuse de s’abonner à une autre philosophie de l’histoire ; il conserve intacte cette philosophie qui vit avec les deux grands mythes hérités du 18e et du 19e siècle.

II) LE FAUX UNIVERSEL OU L’UNIVERSEL DE SURPLMOB

Au siècle des Lumières, des intellectuels européens avaient forgé le mythe d’une Grèce ancienne ayant inventé la déesse Raison, celle qui chasse les superstitions et éclaire l’esprit. La philosophie occidentale a du reste vécu longtemps sous ce double et tenace préjugé fondé à la fois sur la Grèce comme origine absolue de la Pensée et de la Raison posée a priori hors de l’histoire. Au 19e siècle, les philosophes occidentaux vont croire également que la même Grèce avait créé ex nihilo la démocratie. Une certaine philosophie de l’histoire, qui se réfère à la Grèce et à Socrate comme origines de la pensée, réduit l’histoire de la pensée grecque à ce schéma simpliste à la limite du mythe. Bien plus, cette tendance n’est fondée sur aucun argument scientifique ; elle repose en vérité sur des préjugés ou simplement la méconnaissance des autres cultures. Ainsi une reconnaissance beaucoup plus complète de l’histoire des idées sur la démocratie offrirait, selon Amartya Sen, suffisamment matière à la remise en question de l’opinion fréquemment rappelée selon laquelle la démocratie n’est qu’une notion occidentale. (Amartya Sen, La démocratie des autres. Pourquoi la liberté n’est pas une invention de l’Occident, Paris, Payot)

M. Sarkozy veut ignorer les travaux de R. Preiswerk et D. Perrot. Ces auteurs estiment, à raison, qu’on ne saurait en aucun cas nier la contribution des Grecs à une certaine systématisation des connaissances empiriques et à la spéculation philosophique, mais que, il est sans doute faux d’accorder à la Grèce le monopole de la raison, dans le sens d’une connaissance théorique, et de rejeter sur les autres cultures la connaissance mystique, les distorsions cognitives provenant de la religion, l’irrationalité ou encore l’émotivité (cf. Ethnocentrisme et Histoire : l’Afrique, l’Amérique indienne et l’Asie dans les manuels occidentaux. Paris, Editions Anthropos). M. Sarkozy a du mal à se départir de cette philosophie de l’histoire marquée par l’idéologie évolutionniste et une approche essentialiste des cultures quand il écrit que la racine que les Africains ont à conserver, forme de leur identité, devraient être la « mystique, la religiosité, la sensibilité, la mentalité africaine. »

Il donne raison à ceux qui pensent que l’altérité dérange l’Occident et que l’Autre constitue un problème pour l’Occident. Quand l’Autre, l’Africain, n’est pas le bon sauvage vivant de cueillette, vigoureux au sexe surdimensionné, ignorant donc heureux, il apparaît sur la scène de l’histoire en tant que figurant, à côté des vrais acteurs, « immobile, selon les mots mêmes de M. Sarkozy, au milieu d’un ordre immuable où tout semble être écrit d’avance...Il ne lui vient jamais à l’idée de sortir de la répétition pour s’inventer un destin. » Avec pareilles idées, M. Sarkozy ne pouvait pas dire le nom complet de l’université où il prononçait son allocution.

Car c’est contre ce faux universel ou cet universel de surplomb que va s’insurger en particulier C. A. Diop. Par ces écrits, il affirme l’historicité de la raison ; il en appelle à une nouvelle histoire qui intègre la dimension intérieure de chaque culture à sa propre représentation ; enfin il donne les conditions scientifiques d’une réconciliation psychologique de l’Africain avec un pan de son passé resté dans l’obscurité, méconnu de lui et occulté par d’autres.

III) DU POUVOIR DES ORIGINES

Parce que la réconciliation de ce qu’on a été avec ce qu’on veut devenir ne se conçoit pas sans la reconnaissance des permanences de son être, l’origine égyptienne ancienne devient la médiation obligatoire de la reconquête de soi par soi. Ce mouvement vers l’origine restaure et fortifie la conscience africaine débarrassée de tous ses complexes. A travers la recherche des liens génétiques et culturels entre l’Egypte antique et l’Afrique noire, C. A. Diop va à la reconquête de la mémoire indispensable à la redécouverte de soi et à l’élaboration de l’avenir. Il veut renforcer la personnalité africaine par une réappropriation salutaire de la mémoire. Ce retour à l’origine sera un rempart contre toutes les formes de destruction de l’identité personnelle africaine. Le retour à l’Egypte antique devient ainsi une exigence éthique à augmenter ce qu’on a reçu en héritage de ses ancêtres.

En somme, ces deux mouvements vers les origines constituent des efforts pour triompher du temps et de la défaite du moment. Si le temps par son caractère irréversible nous impose l’impossible retour vers l’origine, il nous appartient de contourner cela en imprimant à nos actes des sens multiples. Le retour à l’origine n’est aucunement le prélude à une nostalgie négligeant le présent.

Cette structure de pensée de Ch. A. Diop n’est pas singulière. Elle imprègne la société globale, la religion, la politique, aussi bien en Afrique que partout ailleurs dans le monde. La quête des origines est quête du vrai puisque dans l’origine se trouve le paradigme ou le principe de réactualisation.

Dans le domaine religieux, on peut découvrir une nostalgie spirituelle. La religion commence à partir du moment où des disciples reçoivent le témoignage de l’événement fondateur et décident de le transmettre. Mais liturgie et rite instituent sous divers symboles, la perpétuation de ce qui fut à l’origine. Dans le christianisme par exemple, chaque messe partage le pain et le vin comme Jésus les avait partagés à l’origine. Du reste, Jésus ne demande-t-il pas d’en faire autant en souvenir de lui ?

De même, l’origine est souvent évoquée, pour le meilleur comme pour le pire, par les hommes politiques pour justifier leurs choix. La philosophie de l’authenticité au Zaïre, au temps de Mobutu, a su subjuguer les masses en jouant sur la puissance évocatrice, émotionnelle et culturelle du retour à l’origine. La Renaissance et la Modernité occidentales construisirent leurs imaginaires en se branchant sur l’Antiquité grecque. La révolution française de 1789 ne va pas échapper à cette fascination des origines. Elle aussi se construira une mythologie des origines par une relecture des institutions et des faits de société de Athènes, Spartes et Rome. L’Union européenne nous rappelle constamment au souvenir d’une Europe mythique unie, construite sur des valeurs originelles chrétiennes partagées. Le caractère prospectif et universaliste de la problématique de l’origine élaboré par C. A. Diop se voit de nos jours, en Europe, au nombre croissant des généalogistes et à leur passion collective. La question du « qui suis-je ? » se substitue désormais à celle du « d’où viens-je ? »

En somme, la quête des origines est un moteur de créativité et d’inventivité sociales. Remonter aux origines n’est pas indifférent à un projet de libération et d’accouchement de la société nouvelle. Et c’est pourquoi, dans son livre L’Idéologie de la rupture, Jacques d’Hondt, mieux au fait du pouvoir et de la quête des origines nous donne cette leçon de lucidité : « Chaque communauté rêve d’un avenir à son goût, dans des états d’âme où elle anticipe en imagination son destin. Et puis, sa vue de l’avenir, elle la projette sur sa représentation des commencements. Elle se donne les émergences qui s’accordent à ses illusions d’accomplissement et de perpétuité. »

Avec cet imaginaire fertile, C. A. Diop veut libérer l’énergie spirituelle enlisée dans la routine stérile et la gestion de la misère quotidienne ; il veut restaurer l’homme africain dans la plénitude matutinale. Il savait que l’Afrique a besoin de nouvelles utopies. Un peuple qui ne rêve pas ne peut se projeter avec succès dans le futur. Un peuple qui ne croit pas en la capacité de l’esprit à transcender l’espace et le temps s’empêtre dans le détail de l’existence quotidienne. Il lui faut l’énergie de l’espérance, de l’utopie et des ruptures. Ce sont ces énergies qui permettront de provoquer la Renaissance africaine.

Il faut remercier M. Sarkozy de nous avoir proposé une Renaissance africaine. Nous ajouterons à la sienne, celle que C. A. Diop avait élaborée en 1948 dans son article « Quand pourra-t-on parler d’une renaissance africaine ». Il y a aussi celle de Thabo M’Beki, reprise en 1999, lors de son investiture comme président de l’Afrique du Sud. Il y a celle, plus ancienne de Marcus Garvay et de bien d’autres. Décidément, M. Sarkozy, si jeune et si moderne, ne désire pas rompre avec une vieille tradition occidentale qui ignore royalement les pensées différentes élaborées en Afrique. Il a conservé les paroles ethnologiques anciennes sur l’Afrique. Il va finir par ressembler à l’image qu’il se fait de l’Africain qui ne « connaît que l’éternel recommencement du temps rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes et des mêmes paroles. » En fin de compte, M. Sarkozy n’a pas voulu faire le choix de la refondation intellectuelle voire politique d’une France définitivement dégagée du rets colonial.
_________________
De dire que je suis Africain relève pour beaucoup de l'hérésie, du mensonge, d'affirmer que mes racines sont en Afrique demeure une ineptie. Les juifs survivants de Auschwitz n'en sont pas ressortis Polonais. Alors moi je suis et resterais Africain et c'est en tant que tel que je serais soumis à la critique ou à l'approbation.
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TjenbeRed
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MessagePosté le: Lun 13 Aoû 2007 16:49    Sujet du message: Re: a tjenbered Répondre en citant

ARDIN a écrit:
Salut,

A Tjenbered, l'initiateur de ce topic,
Je viens intervenir sur ton sujet pour apporter un autre son de cloche. En effet, la fixation qui est faite sur la personne de Nicolas Sarkozy empeche de cerner le probleme des rapports FRANCE-AFRIQUE dans son ensemble. Cette fixation a aussi entame la capacite d'analyse d'intellectuels Africains qui se succedent pour reagir au discours de Nicolas Sarkozy. Ceux-ci ont manque de recul, et finissent par faire de la personne qu'ils critiquent un simple bouc-emissaire. Ces repliques, ces lettres ouvertes, ressemblement finalement a de l'imposture.


Salut ARDIN,

De la même façon que j'ai répondu à Calixte TAYORO qu'il ne s'agissait pas de répondre "absolument et systématiquement" à la propagande révisionniste, françafricaine et négrophobe, en y consacrant toute son énergie, je te répondrai dans le même esprit qu'il ne s'agit pas de faire une fixation sur SARKO qui serait ainsi transformé en bouc-émissaire, voire en martyr (le comble !).

Il s'agit en revanche, à travers la dénonciation des élucubrations révisionnistes abracadabrantesques de SARKOZY, de pointer du doigt la Françafrique, dont SARKOZY n'est qu'un porte-parole.

Ainsi que je l'ai écrit à i-télé qui faisait semblant de croire que la Françafrique vivait ces dernières années ( http://www.grioo.com/forum/viewtopic.php?p=109529#109529 ) :
Citation:

Par pitié, arrêtez d'affirmer à l'antenne qu'Omar BONGO est "l'une des dernières figures de la Françafrique".

La Françafrique se renouvelle en permanence et un pouvoir françafricain succcède à un autre.

Un exemple : le Togo, où le fils Faure GNASSINGBE a récemment succédé, avec l'appui de la France, à son père Gnassingbé EYADEMA. Pour combien d'années encore ?

le monstre se renouvelle avec les générations de dirigeants politiques (et économiques).

La cible n'est pas SARKOZY, qui n'est que le porte-drapeau de la Françafrique bientôt remplacée par l'EURAFRIQUE.

Quant à l'imposture des auteurs africains que tu dénonces, vraiment je te trouve dur. Pourrais-tu écrire ce que tu écris si tu vivais dans ton pays ? Tu connais le sort éditorial réservé, notamment en France, à tel auteur qui ne fait pas preuve d'assez de subtilité.
_________________
"Qui a peur de peuples noirs développés ?"
(Mongo BETI, La France contre l'Afrique)


Pour éviter tout malentendu, je précise que je suis blanc.
Pour les "anciens" du Forum, mon prénom n'est pas François. Enfin, je ne suis pas lié à l'association "Tjenbé Rèd".[/color]
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ARDIN
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MessagePosté le: Mar 14 Aoû 2007 14:41    Sujet du message: Re: a tjenbered Répondre en citant

TjenbeRed a écrit:
ARDIN a écrit:
Salut,

A Tjenbered, l'initiateur de ce topic,
Je viens intervenir sur ton sujet pour apporter un autre son de cloche. En effet, la fixation qui est faite sur la personne de Nicolas Sarkozy empeche de cerner le probleme des rapports FRANCE-AFRIQUE dans son ensemble. Cette fixation a aussi entame la capacite d'analyse d'intellectuels Africains qui se succedent pour reagir au discours de Nicolas Sarkozy. Ceux-ci ont manque de recul, et finissent par faire de la personne qu'ils critiquent un simple bouc-emissaire. Ces repliques, ces lettres ouvertes, ressemblement finalement a de l'imposture.


Salut ARDIN,

De la même façon que j'ai répondu à Calixte TAYORO qu'il ne s'agissait pas de répondre "absolument et systématiquement" à la propagande révisionniste, françafricaine et négrophobe, en y consacrant toute son énergie, je te répondrai dans le même esprit qu'il ne s'agit pas de faire une fixation sur SARKO qui serait ainsi transformé en bouc-émissaire, voire en martyr (le comble !).

Il s'agit en revanche, à travers la dénonciation des élucubrations révisionnistes abracadabrantesques de SARKOZY, de pointer du doigt la Françafrique, dont SARKOZY n'est qu'un porte-parole.

Ainsi que je l'ai écrit à i-télé qui faisait semblant de croire que la Françafrique vivait ces dernières années ( http://www.grioo.com/forum/viewtopic.php?p=109529#109529 ) :
Citation:

Par pitié, arrêtez d'affirmer à l'antenne qu'Omar BONGO est "l'une des dernières figures de la Françafrique".

La Françafrique se renouvelle en permanence et un pouvoir françafricain succcède à un autre.

Un exemple : le Togo, où le fils Faure GNASSINGBE a récemment succédé, avec l'appui de la France, à son père Gnassingbé EYADEMA. Pour combien d'années encore ?

le monstre se renouvelle avec les générations de dirigeants politiques (et économiques).

La cible n'est pas SARKOZY, qui n'est que le porte-drapeau de la Françafrique bientôt remplacée par l'EURAFRIQUE.

Quant à l'imposture des auteurs africains que tu dénonces, vraiment je te trouve dur. Pourrais-tu écrire ce que tu écris si tu vivais dans ton pays ? Tu connais le sort éditorial réservé, notamment en France, à tel auteur qui ne fait pas preuve d'assez de subtilité.

Il n'ya pas de sort editorial reserve a un auteur, il n'ya que la liberte de choix qui est determine par tel ou tel interet, et les intellectuels de facon general se positionne par rapport a ca.
En France, Jean Paul Sartre n'a pas eu de sort reserve, il a choisi son positionnement, tout comme Louis Sala-Molins aujourd'hui ou Olivier le Cour de Grandmaison. De meme, qu'Alain Finkielkraut ou Pascal Bruckner ont choisi le leur.
Il ya donc un probleme de la liberte de choix: on choisit son positionnement selon un interet.
Outre cet aspect, il ya pour les Intellectuels africains, notamment ceux qui se sont alignes dans la chaine de reaction a Sarkozy, la commodite de l'exercice, qui masque sans doute beaucoup de limites.
Combien sont ils a formuler des propositions? a se mettre a l'avant-garde du combat pour la lutte des classes sur place en Afrique? Sachant que le salut passe aussi, et surtout par la?
Tjenbered, Parmi ces "intellectuels reacteurs", il ya ceux qui se sont fait "chiens de garde" d'une litterature qui livre l'Afrique en pature aux negrophobes. Cette dissonance, les discredite et c'est a ce niveau que se situe l'imposture.
Citation:
Pourrais-tu écrire ce que tu écris si tu vivais dans ton pays?

Bien sur que oui, je n'ai pas attendu d'etre en Occident pour m'illustrer. Je te donnerai plus d'infos en prive.
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Didier_Daan
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MessagePosté le: Mer 15 Aoû 2007 08:34    Sujet du message: Re: a tjenbered Répondre en citant

ARDIN a écrit:
Outre cet aspect, il ya pour les Intellectuels africains, notamment ceux qui se sont alignes dans la chaine de reaction a Sarkozy, la commodite de l'exercice, qui masque sans doute beaucoup de limites.

Sois un peu plus crédible en donnant des exemples précis. En tout cas, à mon avis un (soit-disant) intellectuel afro en France n'en est pas un. Il y est rapidement englué dans le système de telle sorte que sa pensée, se devant d'être libératrice et révolutionnaire plutôt qu'idolâtrique comme celle de Senghor, est phagocytée illico par ce système qui n'autorise que réflexion sur l'intégration/assimilation plutôt que sur le développement. Les rares intellectuels/penseurs afrofrancophones, qui pensent le développement de l'Homme NegroAfricain, sont ailleurs qu'en France métropolitaine, le centre. Que ce soit Aimé Césaire, les Profs. Obenga, Jean-Marc Ela, Eboussi Boulaga, Ambroise Kom, etc.; ou encore des jeunes lions comme Patrice Nganang.... Même si Mongo Beti reste une exception, et encore qu'il a fini ses jours au Cameroun. Les hommes des sciences afrofrancophones, comme les Cheikh Modibo Diarra, Dr. Simo, etc. ne sont pas en France...
ARDIN a écrit:
Combien sont ils a formuler des propositions? a se mettre a l'avant-garde du combat pour la lutte des classes sur place en Afrique? Sachant que le salut passe aussi, et surtout par la?

Ca c'est ce que j'appele la diversion. Nous savons tous (ou presque) notre combat. Nous savons tous (ou presque) QUI/QUOI est l'ennemi. Alors affrontons-le directement!!!
Même en Afrique (francophone) tu te rendras compte que l'ennemi est dans la maison, dans la périphérie.... Ce n'est pas une personne, mais plutôt un SYSTEME SECULIER!!!
Tous ces intellectuels cités plus haut émettent des propositions claires. Il suffit juste de les lire.
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TjenbeRed
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MessagePosté le: Mer 15 Aoû 2007 10:32    Sujet du message: Re: a tjenbered Répondre en citant

ARDIN a écrit:
Outre cet aspect, il ya pour les Intellectuels africains, notamment ceux qui se sont alignes dans la chaine de reaction a Sarkozy, la commodite de l'exercice, qui masque sans doute beaucoup de limites.

Si je comprends bien ta pensée, tu reproches à certains intéllectuels de tirer sur l'ambulance SARKOZY, alors que d'habitude ils sont plus prompts à jouer les motards ouvrant la route devant la caravane de la Françafrique. Est-ce cela ?

Si oui, je comprends mieux ta colère (?). Mais quelque chose me gêne tout de même. C'est la généralisation du propos et ton manque de nuance, je crois :
ARDIN a écrit:
Parmi ces "intellectuels reacteurs", il ya ceux qui se sont fait "chiens de garde" d'une litterature qui livre l'Afrique en pature aux negrophobes. Cette dissonance, les discredite et c'est a ce niveau que se situe l'imposture.

Tu y vas vraiment fort ! Peut-être faudrait-il sortir de la généralisation et, s'il faut intenter un procès, faire celui de tel ou tel, en pointant les contradictions qu'il peut y avoir à dénoncer SARKOZY tout en dînant à la table françafricaine ?

Citation:
Il n'ya pas de sort editorial reserve a un auteur, il n'ya que la liberte de choix qui est determine par tel ou tel interet, et les intellectuels de facon general se positionne par rapport a ca.
En France, Jean Paul Sartre n'a pas eu de sort reserve, il a choisi son positionnement, tout comme Louis Sala-Molins aujourd'hui ou Olivier le Cour de Grandmaison. De meme, qu'Alain Finkielkraut ou Pascal Bruckner ont choisi le leur.
Il ya donc un probleme de la liberte de choix: on choisit son positionnement selon un interet.
Combien sont ils a formuler des propositions? a se mettre a l'avant-garde du combat pour la lutte des classes sur place en Afrique? Sachant que le salut passe aussi, et surtout par la?

Je faisais référence à tel auteur qui n'a pu trouver d'éditeur parce qu'il touchait à la sacro-sainte statue de SENGHOR.

Tout le monde n'a pas la stature artistique de Jean-Paul SARTRE. Et ce dernier, et Louis SALA-MOLINS, n'ont-il pas perdu quelques plumes dans les combats qu'ils ont menés. C'est tout à leur honneur, mais n'ont-ils pas perdu en crédibilité dans leur monde ce qu'ils ont gagné en humanité ?

Je ne suis vraiment pas sûr que tous les intellectuels africains ayant un minimum de conscience panafricaine aient la capacité d'assumer un tel rôle. Ca n'en fait pas pour autant des traîtres à mon sens.

Enfin, tu parles de "lutte des classes". Le lutte des classes est-elle vraiment le problème de l'Afrique ? Qu'entends-tu par là ?

ARDIN a écrit:
TjenbeRed a écrit:
Pourrais-tu écrire ce que tu écris si tu vivais dans ton pays?

Bien sur que oui, je n'ai pas attendu d'etre en Occident pour m'illustrer.

Mais tu n'es plus en Afrique... Et même pas en France... Et si tu étais resté en Afrique, bien malin qui pourrait dire ce qu'il serait advenu de ta plume...

Mongo BETI aurait-il pu rester au Cameroun ?

Théophile OBENGA aurait-il pu enseigner à l'université s'il était resté au Congo ?

Je crains qu'il n'y ait pas de réelle liberté de choix. Tout au plus peut-on choisir le métal qui constitue les barreaux de sa prison...
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"Qui a peur de peuples noirs développés ?"
(Mongo BETI, La France contre l'Afrique)


Pour éviter tout malentendu, je précise que je suis blanc.
Pour les "anciens" du Forum, mon prénom n'est pas François. Enfin, je ne suis pas lié à l'association "Tjenbé Rèd".[/color]
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bamiléké
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MessagePosté le: Mer 15 Aoû 2007 18:34    Sujet du message: Répondre en citant

En parlant de "chiens de garde" je crois qu'Ardin évoque ses écrivains intellectuels africains spécialisé dans la publication d'ouvrages qui décrivent inlassablement une Afrique traditionnelle, bucolique, sauvage ou magique, sans jamais veritablement se positionner par rapports aux problèmes actuels qui minent le continent.
En lisant les oeuvres de ses écrivains ,Sarko et ses amis se touvent donc confortés dans leur image caricaturale et réductrices des noirs (le sage, le village, la tradition, la superstition, la description chirurgicale d'atrocités commises lors de guerres tribales etc,etc...)
Mongo Béti s'était offusqué contre se genre de litterature qui conforte les negrophobes de tout poil dans leur représentation folklorique et negative de l'Afrique et des africains.
Les Miano, Mabanckou ou mème feu Kourouma en sont des exemples (tous super appréciés en Occident); mème si on peu reconnaitre ou pas la qualité de leurs écritures... Donc attaquer aujourd'hui Sarko sert de cache sexe à leurs inconséquences ou lachetés.
Maintenant parmis les "intellectuels reacteurs" de l'affaire Sarko, je ne sais pas qui on peu les mettre dans se panier. Confused
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Olmeque
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MessagePosté le: Jeu 16 Aoû 2007 01:57    Sujet du message: Répondre en citant

tu parles des Senghor-like, a tout hasard???bamileke
La critique du discours de Sarko dans le home de Grioo est tres construite et meme tres gentille. Sarko est UN VRAI raciste, il n a bien plus mechant que Chirac sur notre sujet. Le discours off de daylymotion, qu il a fait sur la difference entre les noirs et les arabes de France, c'est tout simplement innaceptable, il fait des generalites avec l'ivoirien du gang des barbares. Peut etre que un de ses grands lobbys qui l'a pousse a ete particulierement choque...maybe Rolling Eyes . Chirac est malhonnete et francais, c'est sure qu'il va mener la vie dure a l'afrique, Mais c est un passionne de culture ancienne qui a un mepris semble t il limiter envers nous. Mais Sarko, il m etonne, je suis meme surpris que quelqu un de son intelligence puisse voir en nous des sortes d'animaux pas civiliser ou franciser Shocked . Son discours est tres reducteur du noir, en gros nous n existion pas avant qu eux europeen arrivent, ca c'est la justification de la colonisation du 19e siecle tout a fait Exclamation Mais si on n'est pas des etre humain apart entiere il faut le dire une bonne foi, non??!!! que de tourner autour du pot!!! Mad Et Rama Yade c'est la strategie a la Bush, style melting-pot...Et ca apaise sa droite moderer qui se donne bonne conscience comme ca. Mais dite vous bien que la couleur de cette fille n'a aucune importance, pour satisfaire ses boss, elle devra etre plus blanche que blanche, alors qu'elle importance sur la couleur que nous renvoit les reflets du soleil sur elle; ils peuvent bien lui pardonner ca.
l'eurafrique, dans le meilleur des cas c'est du bla-bla, dans le pire, j y vois de la vampirisation de matiere premiere, intellectuelle, et une imposition de modele social, et historique. On va finir comme le guetto de l'europe, la banlieu de la ou tout le monde voudrai aller, mais eux auront tous les droits chez nous, comme maintenant mais officiellement...Laisser parler et attendez qu,il bouge dans 5 ans...ou 10 PUT...de MER...!!!!
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Olmeque
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MessagePosté le: Dim 19 Aoû 2007 20:50    Sujet du message: Répondre en citant

ho les gars et les filles,critiquer moi qu'on en discute la... Rolling Eyes
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ARDIN
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MessagePosté le: Lun 20 Aoû 2007 15:11    Sujet du message: Répondre en citant

Tjenbered a ecrit:
Citation:
Si je comprends bien ta pensée, tu reproches à certains intéllectuels de tirer sur l'ambulance SARKOZY, alors que d'habitude ils sont plus prompts à jouer les motards ouvrant la route devant la caravane de la Françafrique. Est-ce cela?

Non, je reproche aux intellectuels Africains de developper une rethorique pseudomilitante d’un cote, et faire l’inverse de l’autre.
De facon generale, ils sont bourres de contradiction, je prends pour exemples Achille Mbembe et Boubacar Boris Diop.
La commodite de l’exercice vient du fait qu’ils s’attirent facilement la sympathie des Africains en repondant a une attente, mais par contre, ce que je denonce, c’est leur incapacite d’aller au bout de la logique qui veut qu’il ne faut pas s’arreter a la critique.
Citation:
Tu y vas vraiment fort ! Peut-être faudrait-il sortir de la généralisation et, s'il faut intenter un procès, faire celui de tel ou tel, en pointant les contradictions qu'il peut y avoir à dénoncer SARKOZY tout en dînant à la table françafricaine?

Tjenbered! quand je dis:
Citation:
Parmi ces intellectuels…. Il ya ceux qui….

Il me semble pourtant evident que je sors de la generalisation et que je marque bien une nuance, non?
Peut etre, qu’il te faut mieux t’impregner de la pensee de ces intellectuels, notamment: Achille Mbembe, Boubacar Boris Diop, Kangni Alem pour ne citer que ceux la.
Teo Van s’etant charge de Mamadou Koulibaly. Sur ce dernier, voici ce qu’il en dit:
Citation:
juste que ce type là ne peux que débiter des conneries. Ces libertés de ton ne sont que de façade.
Le sujet qu'il maîtrise le mieux c'est 1) l'Ivoirité et 2) La côte d'ivoire contre le reste des pays africains.
.
Si tu lis par exemple son livre (Les Servitudes du Pacte Colonial), tu constateras qu'il n'ya aucun agencement, aucune coherence entre les propos tenus dans le livre, et le comportement sur le terrain de l’homme politique.(dont il faut aussi suivre les actes)

Achille Mbembe: lis un peu son article sur son fameux «afropolitanisme» qu’africultures prend du plaisir a remettre en ligne ici
Je te filerai une somme d’articles plus tard, mais il faudra aussi que tu lises quelques uns de ses bouquins, pour te faire une idee suffisamment construite sur l’intellectuel qu’il est.

Boubacar Boris Diop: je t’invite a te procurer le livre d’Anne Cecile Robert intitule: L’Afrique au secours de l’Occident dont il est le prefaceur, preface d’ailleurs, qui est en totale decalage avec le propos de l’auteur, je te laisse le soin de decouvrir.
Lis le aussi dans le numero 20 de la revue «Africultures» de septembre 1999 consacre a l’esclavage, intitule: La traite: un tabou en Afrique?. Tu comprendras peut etre pourquoi je parle d’imposture.

Quand a Kangni Alem, c’est lui que je visais en parlant des chiens de garde d’une litterature qui livre l’Afrique en pature aux Negrophobes. Avant de poursuivre, une petite remarque: C’est bien de reagir contre la Negrophobie, contre Stephen Smith, Pascal Sevran, etc… Mais il faut aussi interpelle les Africains(surtout) ceux qui (leur) servent de leviers.
Sur Kangni Alem donc, je t’invite a lire cet article tire du blog d’un grioonaute: PLAYDOYER POUR UNE LITTERATURE SANS CONCESSION A L'EXOTISME DU PIRE qui l’interpelle, et sa reponse sur son blog: ici est tres revelatrice.

Les pantins ne sont pas uniquement les dictateurs qu’on connaît, et je fonde mon opinion sur la bonne connaissance de la psychologie qui entoure les enjeux sur la litterature africaine et l’engagement des intellectuels.

Tjenbered, la question fondamentale que j’ai voulu poser ici, est celle du role et de la fonction de l’intellectuel africain dans une Afrique qui regorge de paradoxes. Mon propos visait a braquer la lumiere sur la responsabilite des intellectuels Africains(ceux qui sont sur ma ligne de mire) parce qu’elle ne s’articule pas sur un effort de lucidite sereine pour comprendre ce qui nous est arrive, vers ou nous sommes entraines, et les mecanismes pour sortir l'Afrique de cette situation.
Citation:
Je ne suis vraiment pas sûr que tous les intellectuels africains ayant un minimum de conscience panafricaine aient la capacité d'assumer un tel rôle. Ca n'en fait pas pour autant des traîtres à mon sens.

Je n’ai nulle part formule la moindre insinuation de ce genre, tu m’as sans doute pas bien compris.
Citation:
Enfin, tu parles de "lutte des classes". Le lutte des classes est-elle vraiment le problème de l'Afrique ? Qu'entends-tu par là?

Je n’ai pas parle de la lutte des classes comme PROBLEME, mais plutot comme DEBUT DE LA SOLUTION.
Le temps ne me permet pas de m’etendre sur ce point, et pour ne pas aussi s’eparpiller, je vais t’envoyer vers le livre de Jean Marc Ela intitule Le Cri de l’homme africain.

Didier_Daan et Dilo, j’estime que vous n’avez pas bien saisi le sens de ce que j’ai voulu dire, j’espere que ma reponse a Tjenbered a apporte plus d’elements de comprehension. Excusez moi de ne pas vous avoir repondu directement, mais je suis toujours dispose a poursuivre l'echange, dans le bon esprit bien sur.

Bamileke, contrairement a Didier_Daan et Dilo, tu as tres bien compris mon propos. Ces intellectuels sont tous des Senghoristes en puissance, meme s’ils s’en defendent, ce qui les trahit, c’est leur positionnement face a la question de la rupture avec l’Occident.

Cher Olmeque, j’aurai bien aime m’attarder sur ton post comme ton souhait l’exige, mais malheureusement, je dois me limiter a te repondre sur un aspect.
Je ne pense pas que le probleme se pose en terme de plus raciste ou moins raciste. Si nous devrions debattre sur cet aspect, nous nous egarerons.
En observant l’histoire recente, la France a eu De gaulle, Pompidou, Giscard, Mitterand, Chirac. Lequel d’eux a voulu mettre un terme a l’exploitation de l’Afrique? Aucun. Pourquoi? Parce qu’aucun n’etait cense le faire. Ceux qui ont cru a la rethorique de Sarkozy sur la rupture sont des NAIFS.
Il revient donc aux intellectuels Africains de penser de nouvelles formes de resistance, de combativite a proposer aux Africains.
Il ya de nouvelles formes de domination qui s’exercent sur l’Afrique aujourd’hui: nous sommes passes de la Franceafrique a la Mafiafrique, et en face, il n’y a pas d’alternatives aux formes traditionnelles de protestations. C’est sur ce terrain que nous devrions sollicites l’imagination de nos intellectuels, mais nous perdons un temps fou sur les contingences comme Sarkozy alors qu'il ya un consensus complet du cote des elites occidentales sur la question de l'exploitation de l'Afrique.
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Dilo
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MessagePosté le: Lun 20 Aoû 2007 17:12    Sujet du message: Répondre en citant

ARDIN, par manque de temps, je ne saurais m'étaler sur ton propos dense et surtout artistique Laughing, quant à tes diverses répliques aux intervenants. Oui, d'accord! Le fait de n'avoir pas mis tous ces intellos dans le même sac, permet de mieux comprendre ton propos. Tous ne pourront pas être de la trempe de feu MONGO BETI! Nous en reparlerons.

BAMILIKE, j'apprécie bien certains de tes messages, mais ne le prend pas mal si je me permet une toute petite correction grammaticale (en gras), qui permet de mieux comprendre tes messages. (Le démonstratif et le possessif!!!). Sorry! Dont worry!

bamiléké a écrit:
En parlant de "chiens de garde" je crois qu'Ardin évoque ces écrivains intellectuels africains spécialisé dans la publication d'ouvrages qui décrivent inlassablement une Afrique traditionnelle, bucolique, sauvage ou magique, sans jamais veritablement se positionner par rapports aux problèmes actuels qui minent le continent.
En lisant les oeuvres de ces écrivains ,Sarko et ses amis se touvent donc confortés dans leur image caricaturale et réductrices des noirs (le sage, le village, la tradition, la superstition, la description chirurgicale d'atrocités commises lors de guerres tribales etc,etc...)
Mongo Béti s'était offusqué contre ce genre de litterature qui conforte les negrophobes de tout poil dans leur représentation folklorique et negative de l'Afrique et des africains.
Les Miano, Mabanckou ou mème feu Kourouma en sont des exemples (tous super appréciés en Occident); mème si on peut reconnaitre ou pas la qualité de leurs écritures... Donc attaquer aujourd'hui Sarko sert de cache sexe à leurs inconséquences ou lachetés.
Maintenant parmis les "intellectuels reacteurs" de l'affaire Sarko, je ne sais pas qui on peut les mettre dans ce panier. Confused
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bamiléké
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MessagePosté le: Mar 21 Aoû 2007 01:15    Sujet du message: Répondre en citant

Dilo a écrit:
ARDIN, par manque de temps, je ne saurais m'étaler sur ton propos dense et surtout artistique Laughing, quant à tes diverses répliques aux intervenants. Oui, d'accord! Le fait de n'avoir pas mis tous ces intellos dans le même sac, permet de mieux comprendre ton propos. Tous ne pourront pas être de la trempe de feu MONGO BETI! Nous en reparlerons.

BAMILIKE, j'apprécie bien certains de tes messages, mais ne le prend pas mal si je me permet une toute petite correction grammaticale (en gras), qui permet de mieux comprendre tes messages. (Le démonstratif et le possessif!!!). Sorry! Dont worry!

bamiléké a écrit:
En parlant de "chiens de garde" je crois qu'Ardin évoque ces écrivains intellectuels africains spécialisé dans la publication d'ouvrages qui décrivent inlassablement une Afrique traditionnelle, bucolique, sauvage ou magique, sans jamais veritablement se positionner par rapports aux problèmes actuels qui minent le continent.
En lisant les oeuvres de ces écrivains ,Sarko et ses amis se touvent donc confortés dans leur image caricaturale et réductrices des noirs (le sage, le village, la tradition, la superstition, la description chirurgicale d'atrocités commises lors de guerres tribales etc,etc...)
Mongo Béti s'était offusqué contre ce genre de litterature qui conforte les negrophobes de tout poil dans leur représentation folklorique et negative de l'Afrique et des africains.
Les Miano, Mabanckou ou mème feu Kourouma en sont des exemples (tous super appréciés en Occident); mème si on peut reconnaitre ou pas la qualité de leurs écritures... Donc attaquer aujourd'hui Sarko sert de cache sexe à leurs inconséquences ou lachetés.
Maintenant parmis les "intellectuels reacteurs" de l'affaire Sarko, je ne sais pas qui on peut les mettre dans ce panier. Confused


Mea culpa, j'ai parfois la paresse de bien relire mes messages avant de les poster,d'ou des "boulettes" dignes d'un mauvais élève de 6e Embarassed
Quand à ma confusion entre démonstratif et possessif, je m'étonne moi mème!!! (je devais ètre déconcentré par la énième bouffonnerie de la classe politique locale camerounaise...) Rolling Eyes
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sang froid
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MessagePosté le: Mer 22 Aoû 2007 23:50    Sujet du message: Réaction des filles de A. Kourouma Répondre en citant

Réaction des filles de A. Kourouma au discours de N. Sarkozy à Dakar

http://www.liberation.fr/rebonds/273089.FR.php

Citation:

En mémoire de notre père
L’histoire de l’Afrique ne commence pas au moment de la colonisation.
Par Nathalie et Sophie Kourouma, filles d’Ahmadou Kourouma, écrivain ivoirien décédé le 11 décembre 2003.
QUOTIDIEN : lundi 20 août 2007
Monsieur le Président, nous vous écrivons pour dire à nos amis, nos sœurs et frères d’Afrique que nous, Africaines de France, voulons faire entendre leurs gestes et leurs dits. Nous vous écrivons pour dire à nos amis de France de rester attentifs et fidèles à leurs idéaux de liberté, d’égalité et de fraternité qui ont besoin, à nouveau, d’être affirmés.
Le 26 juillet dernier, à Dakar, vous nous avez annoncé que l’Afrique «n’est pas assez entrée dans l’histoire».
Nous voulons vous dire que nous, peuple d’Afrique, sommes des êtres humains. Nous voulons vous révéler que parce que nous sommes «assez» humains, nous sommes «assez» entrés dans l’histoire. L’histoire ne se nomme pas par sa quantité, l’histoire ne se compte pas. L’histoire, monsieur le Président, ne se monnaye pas. Et bien qu’elle raconte des rapports de force sociaux, politiques, culturels, l’histoire ne se comptabilise pas. Elle se dit par ceux qu’elle enfante et avec ceux à qui elle confère, de fait, le statut d’homme. Notre histoire n’existe pas seulement au regard de celle du peuple français et de son seul jugement. Notre histoire ne se dit pas seulement avec ce que la France nous a apporté ou enlevé.
Nous voulons vous dire notre histoire d’homme, de soumissions et de libérations.
Avant l’arrivée de vos pères, différents royaumes et de nombreux empires se sont partagé nos sols à travers les siècles et de multiples péripéties. Nous osons ­espérer que le débarquement des Malais à Madagascar (- 409 avant J.-C.), l’introduction du fer par les Bantous en Afrique centrale et méridionale (- 100 avant J.-C.), l’annexion par Rome du royaume de Maurétanie (1er siècle de notre ère), l’expédition abyssine au Yémen et en Arabie (549), la naissance du Zimbabwe (719), la fin de la conquête par les Arabes de la Berbérie (720), l’arrivée de Kaya Maghan Cissé au Ghana (789), la naissance de l’Empire Sanhadja au Soudan occidental (800), l’émergence de la dynastie des Fatimides en Tunisie (919), l’entrée des rois de Kouya à Gao (890), la fondation des cités Etats de Kano, Katsina, Zaria, Gobir (918), l’islamisation des Toucouleurs, des Soninkés, etc. (1040), l’expansion de l’Empire Yorouba et le déclin de l’Empire du Ghana (XIIe siècle), les grandes migrations bantoues (XIIe siècle), la scission du Maghreb en trois régions (Tunisie, Algérie, Maroc au XIIIe siècle), la victoire de Soudjata Keïta sur Soumaoro Kanté (1235), la prise de pouvoir des Songhaï au Mali (XIVe siècle), l’expansion du royaume du Bénin (XIVe siècle), la prise du pouvoir du royaume Haoussa par Amina (1425), notamment, sont des événements dont les noms au moins, vous évoquent quelque chose.
En 1442, la traite des Noirs par les Européens débute. Notre histoire ne commence pas parce que nous prenons, à vos yeux, une réalité économique. Sans vous, avec vous, contre vous, Européens, nos royaumes et nos empires ont continué à exister — Kongo (XVIe siècle), Ashanti (XVIIe siècle), Dioula de Kong (XVIIIe siècle), Bamoun (XIXe siècle). Parce que nous sommes des hommes, certains d’entre nous ont tenté de vous ignorer, d’autres de pactiser avec vous, d’autres encore de vous éliminer.
En 1830, vos pères ont pris Alger. En 1874, les Anglais se sont emparés de ­Kumassi. En 1899 l’empereur Samory a été fait prisonnier par vos concitoyens.
Au XXe siècle nous, peuple d’Afrique, avons connu la colonisation, les indépendances, la néocolonisation et les dictatures des tyrans que vos pères ont mis en place. La colonisation, monsieur le Président, n’a aucun aspect positif. La guerre n’a jamais, nulle part, d’aspect positif. Le peuple de France nous a apporté des ­routes dites-vous. C’est nous qui les avons construites. Des milliers d’hommes sont morts par les travaux forcés que vos pères avaient institués afin de nous «humaniser». Ces routes qui devaient nous rendre humains permettaient le convoiement des matières premières agricoles et ­minières que vos pères exploitaient (la culture du cacao a été introduite en Côte- d’Ivoire en 1919, les cours du cacao ont dés lors été établis sur les places financières européennes). Ces hôpitaux bâtis étaient réservés à vos compatriotes. Ces écoles que vous nous avez imposées ne nous permettaient pas de mener nos études à notre gré. C’était à vous, autorité coloniale, de décider et de nous autoriser ou non telle ou telle branche ou secteur ­d’activités.
Mais restons en là.
Nous voulons vous dire que nous, peuple d’Afrique, parce que nous sommes des êtres humains, nous sommes «assez entrés dans l’histoire».
Si la France assoupie en cette période estivale vous laisse croire que vous êtes son sauveur, nous, peuple d’Afrique, voulons vous dire que nous n’avons pas besoin de vous, pour être rassurés sur notre statut d’homme, pour être assurés de réaliser notre histoire.
Nous voulons vous dire que notre histoire s’est faite, entre autres, avec vos pères et que notre devenir se fera en dépit de vos amis, ces messieurs Bouygues, Bolloré, Elf, Total, Lafarge, etc. Qui aujourd’hui encore, se partagent nos terres, abusent de nos ressources et se payent certains de nos dirigeants, il est vrai, souvent, avec leur très bonne volonté et leur reconnaissance.
Nous voulons vous dire, monsieur le Président, qu’en tant qu’êtres humains, nous souhaitons échanger équitablement avec votre pays, nos biens, nos savoirs, nos joies, nos douleurs mais que nous n’avons pas besoin de vous comme sauveur, nous n’avons pas besoin de vous comme autorité, nous n’avons pas besoin de vous comme mandataire.
Nous voulions vous écrire en mémoire de notre père.
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Fille d'Afrique
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MessagePosté le: Jeu 23 Aoû 2007 13:50    Sujet du message: Répondre en citant

Merci, ô grand merci aux filles Kourouma. Le proverbe " les chiens ne font pas des chats" prend toute sa signification en vous lisant.

Merci pour toute l'Afrique. Paix et lumière à votre père, ce héros de notre Afrique.
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nehem
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MessagePosté le: Jeu 23 Aoû 2007 16:24    Sujet du message: Le faux pas africain Répondre en citant

Réaction du Monde :

Citation:
Analyse
Le faux pas africain de Sarkozy, par Philippe Bernard


Depuis près d'un mois, Nicolas Sarkozy déclenche en Afrique une vague d'hostilité dont il n'avait sans doute pas anticipé l'ampleur. S'adressant aux "jeunes d'Afrique" dans un amphithéâtre de l'université Cheikh-Anta-Diop de Dakar le 26 juillet, le président de la République avait proclamé avec fougue son amour du continent : "J'aime l'Afrique, j'aime et je respecte les Africains", a-t-il lancé devant un parterre d'universitaires triés sur le volet. Les "vrais" étudiants avaient été écartés par crainte de manifestations d'hostilité à l'égard de l'homme de "l'immigration choisie".

L'assistance aurait pu applaudir à la reconnaissance des "crimes contre l'humanité" liés à l'esclavage et des "effets pervers de la colonisation" exprimée avec un degré d'emphase que n'avait jamais atteint le candidat Sarkozy. Si l'auditoire a finalement réservé un accueil glacial à cette longue "adresse" présentée par l'Elysée comme fondatrice, c'est probablement qu'il n'y a pas trouvé le moindre signe de "repentance". Pareille absence ne pouvait pourtant guère surprendre de la part d'un président dont le discours décomplexé tourne le dos à une démarche qu'il assimile à une forme de haine de soi et de la France. Fidèle à lui-même, le président a absous les colonisateurs qui, certes, "ont pillé des ressources" et "ont eu tort" de le faire, mais étaient "sincères".

La stupeur des invités et le torrent de commentaires indignés que suscite jusqu'à aujourd'hui le discours de Dakar parmi les intellectuels africains proviennent surtout des sentences définitives et globalisantes, à forte teneur culturaliste, voire essentialiste, qu'a assénées le président français à propos de "l'homme africain". Nul ne saurait contester, y compris parmi les élites du continent, que "l'Afrique a sa part de responsabilité dans son propre malheur". Le problème est que M. Sarkozy a présenté les échecs présents du continent comme contrebalançant, voire justifiant, les torts des colonisateurs. Désireux de mettre l'accent sur les responsabilités actuelles, il s'est exprimé comme si la ponction historique de 13 millions d'esclaves et l'exploitation coloniale étaient strictement sans effet sur l'Afrique actuelle. Comme si la mise en place et le soutien par la France, y compris par la violence, de régimes dévoués à ses intérêts n'étaient pour rien dans les errements de la démocratie.

Dans ce texte rédigé par son conseiller spécial Henri Guaino, le président a présenté l'Africain comme un homme prisonnier de sa culture, marqué par l'irrationalité et l'incapacité d'envisager le futur. "Le drame de l'Afrique, a-t-il déclaré, c'est que l'homme africain n'est pas assez entré dans l'Histoire (...). Jamais il ne s'élance vers l'avenir (...). Dans cet univers où la nature commande tout (...), il n'y a de place ni pour l'aventure humaine ni pour l'idée de progrès."

Certes, la suite du discours appelait à la "renaissance africaine", un thème cher au président sud-africain Thabo Mbeki, qui a félicité chaleureusement son homologue français dans une lettre rendue publique par l'Elysée le 13 août. M. Sarkozy a aussi magnifié le métissage culturel né de la colonisation qui annonce le "grand destin commun" de "l'Eurafrique", une expression qui date de l'entre-deux-guerres et fleure le colonialisme. Ce "métissage", il n'est d'ailleurs plus question pour le président français de l'honorer dès qu'est abordée la question sensible de l'immigration.

Mais les auditeurs africains de M. Sarkozy ont surtout été choqués par ses généralisations sur l'homme africain, animé par "ce besoin de croire plutôt que de comprendre, de ressentir plutôt que de raisonner, d'être en harmonie plutôt qu'en conquête".

Sur quel autre continent que l'Afrique un chef d'Etat occidental en visite officielle pourrait-il se permettre de donner pareille leçon, d'instruire des procès en responsabilité historique, de multiplier des clichés dans une enceinte universitaire précisément consacrée à la réflexion critique et à la recherche sur des réalités complexes ?


"NOUS NOUS SENTONS INSULTÉS"


"La recherche sur l'Afrique et ses relations au monde ont fait (...) des progrès considérables, qui interdisent absolument de parler du continent dans les termes qui ont été les vôtres", réplique Ibrahima Thioub, historien à l'université Cheikh-Anta-Diop de Dakar dans un texte diffusé sur Internet. L'enseignant, tout en refusant toute comparaison avec le nazisme, appelle à "comprendre que la mémoire africaine de la traite atlantique des esclaves et de la colonisation est à l'Afrique (...) ce que la mémoire de l'Occupation est à la France".

"Se peut-il que (M. Sarkozy) n'ait pas compris à quel point nous nous sommes sentis insultés ?", interroge Boubacar Boris Diop. Cet écrivain et journaliste sénégalais estime "légitime" le fait d'"instruire le procès des sociétés africaines" à condition qu'une telle démarche ne serve pas uniquement à renforcer les Occidentaux dans leurs préjugés. Il analyse les propos de M. Sarkozy en "une sorte de discours sur l'état de l'Union... française" significatif des "relations de suzerain à vassal que Sarkozy peut entretenir avec ses obligés de la Françafrique".

Alors que ces intellectuels espéraient prendre au mot M. Sarkozy, chantre de la "rupture", ils ont vu dans son discours la confirmation d'une vision paternaliste et d'un soutien renouvelé à des régimes indéfendables. En faisant ainsi la leçon à des intellectuels dont certains n'ont aucune complaisance à l'égard des régimes africains, le président a affaibli leur position, agissant comme si la critique et les remèdes ne pouvaient venir que des Blancs. "Dans sa "franchise" et sa "sincérité", Nicolas Sarkozy révèle au grand jour ce qui, jusqu'à présent, relevait du non-dit, à savoir que (...) l'armature intellectuelle qui sous-tend la politique africaine de la France date de la fin du XIXe siècle", écrit Achille Mbembe, universitaire camerounais de renom. M. Mbembe raille la vision des "élites dirigeantes françaises" d'une Afrique "mi-bucolique, mi-cauchemardesque", faite d'"une communauté de souffrants prostrés dans un hors-monde".

Muet à Dakar sur la dérive autoritaire du pouvoir au Sénégal, empressé à honorer de sa visite Omar Bongo, à la tête du Gabon depuis quarante ans, Nicolas Sarkozy n'a pas été jusqu'au bout du discours de vérité qu'il prétend tenir. Son choix de faire étape chez M. Bongo, défenseur des intérêts pétroliers français mais peu soucieux de transformer les richesses de son pays en développement, accrédite le constat d'une certaine inertie de la politique africaine de la France, loin de la rupture revendiquée. Comment, dans ces conditions, le président français aurait-il pu rendre crédible aux yeux des "jeunes d'Afrique" son appel à la "renaissance" solennellement adressé depuis Dakar ?

Philippe Bernard
Article paru dans l'édition du 24.08.07.

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