Pour ces mois d’été, Pour la Science vous propose d’explorer l’Afrique de l’Ouest depuis les premières occupations humaines, il y a plus de 500 000 ans. On y découvre que cette occupation a commencé bien avant ce qui était admis jusqu’à présent. De même, les archéologues pensaient que la poterie avait été inventée au Proche-Orient, mais ils ont découvert qu’elle est apparue en Afrique 2 000 ans plus tôt qu’au Proche-Orient. Qui plus est, il y a quelque 3 000 ans, des sociétés complexes constituées d’artisans, d’agriculteurs, de commerçants s’y sont développées. Ce dossier présente l’histoire méconnue de l’Afrique occidentale protohistorique.
A faire lire à Monsieur Guaino, plume de N. Sarkozy
J'ai couru me procurer ce numéro 358 de Pour la Science , car il y a trop peu d'info récente sur le sujet. Personnellement, le dernier ouvrage que j'ai lu sur l'archéologie ouest-africaine est celui de Marianne Cornevin, Secrets du continent noir révélés par l'archéologie (Maisonneuve et Larose, 1998), qui reprend essentiellement des info disponibles dans HGA (II et sq) en y ajoutant trop peu de nouveauté...
Le dossier est composé de 4 articles :
- Un paléolithique ignoré (Sylvain Soriano et Eric Huyscom)
- Un néolithique ancien en Afrique de l'Ouest ? (Eric Huyscom)
- Premières sociétés structurées (Peter Breunig)
- L'Homme, artisan des paysages de savane (Aziz Ballouche et Michel Rasse)
Pour le moment, je n'en ai lu que les trois premiers, et ai particulièrement apprécié les deux d'Eric Huyscom et ali, qui constituent pour moi une très belle pioche.
1/ L'article de Peter Breunig sur les "premières sociétés structurées" me pose un (petit) problème de pertinence, dans la mesure où il se fonde exclusivement sur des données archéologiques pour étudier des sociétés africaines du Nigéria au premier millénaire avant notre ère ; voire à partir de -500 ans.
Or, avec les travaux d'Olumidé Lucas (1948) et de Cheikh Anta Diop (1954) entre autres, il semblerait y avoir une forte corrélation entre l'invasion de Kmt par les Heka Khasout (environ -1780) et le début du phénomène dit des "sociétés structurées" en Afrique occidentale. Pis encore, l'accentuation de ce phénomène semble correspondre à une second courant migratoire présentant une forte corrélation avec le déclin définitif de Kmt, conquis par les Perses (-550).
Malheureusement, les seules données archéologiques ne permettent pas d'en rendre compte, puisque les arguments mobilisés par CAD et Olumidé sont d'ordre linguistique, cosmogonique, politico-culturel, etc. Bref, àmha cet article est trop incomplet, même si un simple article n'aurait pas suffit à tout analyser...
2/ En revanche, ceux de Huyscom (et ali), prof à l'U Genève et à l'U Bamako, sont assurément plus innovateurs. Il s'agit de commentaires suscités par les résultats importantissimes de leurs fouilles du site d'Ounjougou, sur le plateau de Bandiagara à 15 kilo de la ville éponyme ; donc dans le fameux pays Dogon (qui ne cesse de nous enseigner l'Afrique ancienne...).
- OUNJOUGOUa fourni de la céramique parmi les plus anciennes au monde, sinon la plus ancienne : 11500 BP. En tout cas, cette céramique serait plus ancienne de 2000 ans que les plus anciennes du Proche-Orient/Europe. Corollaire : le Néolithique ouest-africain serait beaucoup plus ancien que ce qu'on a toujours pensé ; même qu'il serait encore plus ancien (d'environ 500 ans) que celui du Sahara central/oriental (notamment le fameux Napta Playa...).
- Le site d'Ounjougou présente également quelques fossiles du Paléolithique datés à partir de -500 000 ans, plus sûrement à -150 000ans, et encore plus nombreux dans les couches récentes, à -65000 ans. Dans tous les cas, cela signifie que, contrairement à ce qu'on croyait, les implantations humaines en Afrique de l'Ouest sont beaucoup plus anciennes...
Bref, un dossier à consuslter d'urgence pour ceux que ces sujets intéressent. Eric Huyscom a des positions théoriques très avantgardistes et offensives, critiquant sévèrement ce qu'il appelle "eurogéocentrisme" "dangereux" en archéologie, et qui consiste à élaborer des définitions à prétention générale, exclusivement à partir de données Euope/P.O ; de telle sorte que ces définitions ne conviennent pas pour décrire d'autres données (ainsi réduites à une sorte d'invisibilité épistémologique...). L'auteur fait une petite piqûre de rappel de notre cher Hegel à propos de l'anhistoricité africaine...
Les Panafricanistes doivent s'unir, ou périr...
comme Um Nyobè,
comme Patrice Lumumba,
comme Walter Rodney,
comme Amilcar Cabral,
comme Thomas Sankara,
Et tant de leurs valeureux Ancêtres, souvent trop seuls au front...
Pourquoi les découvertes faites à Ounjougou modifient-elles notablement notre vision du peuplement paléolithique de l'Afrique de l'Ouest?
Les découvertes d'industries lithiques du Paléolithique ancien et moyen sont peu nombreuses en Afrique occidentale subsaharienne, et les rares artefacts mis au jour jusqu'alors l'avaient été dans des contextes stratigraphiques mal définis, voire inexistants.
Jusqu'à récemment encore, l'examen de la plupart des cartes archéologiques montrait une partie occidentale du continent pratiquement inoccupée au Pléistocène (la période commençant il y a 1.8 million d'années et se terminant il y a environ 12 000 ans), ce que Ounjougou contredit.
[P.39]
Les Panafricanistes doivent s'unir, ou périr...
comme Um Nyobè,
comme Patrice Lumumba,
comme Walter Rodney,
comme Amilcar Cabral,
comme Thomas Sankara,
Et tant de leurs valeureux Ancêtres, souvent trop seuls au front...
Je m'intéresse particulièrement aux civilisations et migrations ayant lieu plus près de la côte ouest africaine. Une certaine théorie propose le schéma suivant :
1- Du confluent des Volta noire et blanche où existait un important centre d'échanges, des hommes auraient migré vers le sud du Ghana en suivant les vallées des cours d'eau.
2- Puis une première vague se serait dirigée vers l'est de la Côte d'Ivoire actuelle, une autre vers l'ouest en direction des royaumes de Tado et d'Abomey, l'ensemble couvrant l'aire linguistique et culturelle du groupe Kwa actuel.
3- Les royaumes de Tado et d'Abomey ont ensuite connu un peuplement venant du Nigeria. Ce dernier mouvement est assez bien étudié.
Exite-t-il des publications sur la première vague de migration ?
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