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Déconstruction des concepts de l'Occident

 
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Auteur Message
OGOTEMMELI
Super Posteur


Inscrit le: 09 Sep 2004
Messages: 1498

MessagePosté le: Lun 03 Sep 2007 23:16    Sujet du message: Répondre en citant

Zheim a écrit:
Bien que le texte explique très bien quel est le rôle de la dette, j’ai trouvé qu’au final il ne va pas au bout des responsabilités. Annuler la dette c’est bien, mais après ? D’ailleurs certains Etats européens commencent déjà à en annuler (certaines parties), pourquoi ?
Et bien simplement parce qu’en conservant le fonctionnement économique actuel, APRES, ces pays ne peuvent que ré-emprunter, cad re-contracter une dette.
Au fond, en en restant au stade de la contestation de « la dette» seule, idem pour tous les sujets sur « la Francafrique » seule, on ne va pas au fond du problème. On en reste à ce stade (contestation) sur des dizaines de points sans aller au fond, en faisant vivre des ONG qui bien qu’elles aillent dans le bon sens, sont incapable de proposer une alternative viable.

Salut Zheim, je comptais citer Viviane Forrester (L'Horreur économique, 1996) dans ce topic, mais ce sera certainement pour une autre fois. Je voudrais plutôt réagir particulièrement à ton dernier post : dans tes schémas, IFI est extérieur au circuit économique africain ; tout comme en général les économies notamment des pays francophones sont dépourvues de souveraineté monétaire...

Le problème de la Dette n'est pas seulement une question d'iniquité des mécanismes d'endettement, qu'il suffirait alors d'annuler, puis d'en assainir les modalités, pour "sauver" les pays croupissant sous son poids : c'est comme tu l'as si bien dit tout le système des échanges économiques internationaux qui devrait être modifié de fond en comble...

Je voudrais cependant insister davantage sur l'aspect SOUVERAINETE MONETAIRE. En effet, c'est seulement dans le système tel qu'il fonctionne actuellement que des pays riches en ressources naturelles et humaines sont "contraints" d'emprunter dans une soit-disant "phase d'accumulation du capital".

En fait, ce sont les pays pauvres en matières premières qui étaient "contraints" économiquement de proposer, dans un premier temps, leurs propres instruments monétaires et de crédit en échange desdites matières premières. Puis, dans un second temps, ils ajoutèrent à leur offre monétaire davantage de produits finis fabriqués grâce aux flux de matières premières ainsi captés.

En sorte qu'il ne suffit pas d'enrayer les flux d'évasion financière depuis l'Afrique, ni même d'attirer des capitaux/investissements étrangers vers l'Afrique ; il faudrait surtout créer des institutions financières (pan)africaines autonomes, à la mesure des besoins de monnaie, crédit, et investissement africains. Des IFA TOTALEMENT CONTROLEES par les africains eux-mêmes et qui seraient au service exclusif de la transformation locale de toutes les ressources naturelles africaines par les Africains eux-mêmes, conformement aux besoins de biens et services locaux (et subsidiairement étrangers).

Au regard des immenses ressources naturelles du Continent-Mère, leur transformation sur place créerait un volume de transactions réelles et monétaires sans précédent, c'est-à-dire des millions d'emplois locaux et une VALEUR AJOUTEE (donc de la richesse marchande) d'un montant colossal.

Or, tout cela suppose une grande vitesse de circulation de la masse monétaire tranafricaine, et donc des institutions locales spécialisées pour mettre à disposition cette masse monétaire et en optimiser les modalités de circulation...

Or, aujourd'hui les systèmes bancaires locaux sont composés de filiales de banques occidentales ayant vocation à organiser l'évasion des flux financiers hors de l'Afrique, voire à pomper la faible épargne locale au profit d'activités off shore...

Une des conséquences internationales nécessaires d'une telle stratégie intracontinentale consisterait en la hausse exponentielle du cours de toutes les matières premières : quand un kilogramme d'uranium vaudra 20 tonnes de camember ou 200 000 litres de bordeaux grand cru, alors des pays comme la France pèseraient beaucoup moins dans l'économie mondiale que le Niger ; d'autant moins que vins et fromages ne sont pas indispensables aux Nigériens, outre qu'ils pourraient en produire s'ils y tenaient (ou encore s'en procurer à moindre prix dans d'autres pays)...
_________________
http://www.afrocentricite.com/
Umoja Ni Nguvu !!!

Les Panafricanistes doivent s'unir, ou périr...
comme Um Nyobè,
comme Patrice Lumumba,
comme Walter Rodney,
comme Amilcar Cabral,
comme Thomas Sankara,
Et tant de leurs valeureux Ancêtres, souvent trop seuls au front...
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Teo Van
Grioonaute régulier


Inscrit le: 24 Sep 2005
Messages: 495
Localisation: Afrique Sub Saharienne.

MessagePosté le: Mer 19 Sep 2007 11:24    Sujet du message: Répondre en citant

Bonjour ZHEIM !

La démarche de remise en cause , déconstruction des concepts qui forment les piliers architecturaux de la civilisation occidentale est très interessante.

Mais après il faudra reconstruire. Alors avec quoi ?
_________________
Nicolas Sarkozy « La France, économiquement, n’a pas besoin de l’Afrique. Les flux entre la France et l’Afrique représentent 2% de notre économie ».
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Alex
Grioonaute régulier


Inscrit le: 05 Aoû 2005
Messages: 466

MessagePosté le: Mer 19 Sep 2007 16:45    Sujet du message: Répondre en citant

Zheim, OGOTEMMELI et toi avez apporté l'une des présentations les plus claires de la situation actuelle du Continent sur le plan économique.Mais:

Zheim a écrit:


Le fond serait d’avoir déjà conscience de la nécessité de mettre complètement fin à cette enfermement dans l’exploitation de matières premières pour l’Occident (dont certaines où il ne sera jamais possible de contrôler les prix si le consommateur est extérieur, comme dit plus haut). Développer le commerce Sud-Sud oui, mais en étant assuré avant tout, que tout le monde ait en tête les phrases de Sankara, pour ne pas retomber au final dans le processus décrit avant.
Sans être d’un optimisme naïf, je pense qu’avec une prise de conscience là-dessus, les changements réels pourraient être très rapides. Là où est la naïveté, c’est par contre de « croire » en un changement politique pour les mettre en œuvre Rolling Eyes


!!!!!!!!!!!! Mad , Mon cher , c'est pas de l'optimisme naïf mais de la naiveté tout simlplement:

Zheim a écrit:

je pense qu’avec une prise de conscience là-dessus, les changements réels pourraient être très rapides. Evil or Very Mad


Vous l'avez très bien expliqué dans le circuit économique.Et vous parlez de prise de conscience.Mes chers tous nos intellos savent ce que vous savez déjà sur notre dépendance économique.Si pourquoi,ils ne veulent pas nous en séparer ,vous avez affirmé qu'ils ont des intérets lié à ceux de l'Occident.Il faut noté que depuis 50 ans les Africains évitent la confrontation contre l'Occident.

Zheim a écrit:

Là où est la naïveté, c’est par contre de « croire » en un changement politique pour les mettre en œuvre


Là j'aimerais bien qu'on me dise comment ?

Je ne sais pas mais il y'a une chose que je ne comprends pas.Pourquoi nous amplifions à ce point la supériorité de l'Occident, en reprenant l'intervention de Zheim:

Zheim a écrit:

J'ai créé ce topic en réponse au topic suivant.
http://www.grioo.com/forum/viewtopic.php?t=9675

Tout le monde apprend à vivre dans une société avant même de la comprendre. Marx est peut-être le premier à voir l’ idéologie qui soutient une société comme un système d'opinions, de concepts, servant les intérêts de classes sociales.
. Ce que l’on appelle rapidement "le système" est en fait un système de concepts scientifiques de base sur lequel il repose. Ainsi comme une religion repose sur un certain nombre de dogmes, l'idéologie occidentale se fonde sur un certain nombre de pilliers qui sont autant de croyances.
Comprendre et déconstruire, ou comprendre pour détruire et reconstruire un système , cela peut donc se faire en démontant un à un les concepts sur lesquels il repose, qui sont ses unités fondamentales.
Ce genre de déconstruction se retrouve chez plusieurs auteurs aussi bien occidentaux (géographiquement) qu’africains (si tant est que le lieu géographique d’un auteur ai un sens). On en trouve notamment un très bon début dans « Le Viol de l’imaginaire » d’Aminata Traoré (Chapitre 5 : Mots clés et mots d’ordre), où elle écrit :
Aminata Traoré a écrit:

Dans la situation actuelle de l’Afrique et du monde, qui joue avec les mots joue avec les vies. (…)
il ne sera mis un terme aux maux de l’Afrique que si l’on procède à la déconstruction du discours dominant
(…)
Tentons de revisiter dans cette perspective les mots-clés, démystifions les, et dans tous les cas réfutons les mots d’ordre en gardant à l’esprit les nombreuses vies humaines perdues ou gachées du fait de termes macroéconomiques plaqués sur nos réalités

J’ai souligné le mot « démystifier » utilisé par A. Traoré qui est fondamental, puisqu’il renvoit à des « mythes » qui fondent tout ce système, et qu’il est fondamental de repérer. Regrouper les analyses de « déconstruction de ce discours », c’est justement l’ambition de ce topic.
Je précise pour les « afrocentristes » purs et durs que ce topic ne se limite nullement aux auteurs africains, les occidentaux eux-mêmes étant souvent mieux les mieux placés pour aller au fond de l’analyse de leur propre système, tout comme les africains pour ce qui est de l’Afrique.


La mystique du P.N.B.
Citation:
Nous parlons là du plus extraordinaire bluff collectif des sociétés modernes. D’une opération de magie blanche sur les chiffres, qui cache en réalité une magie noire d’envoûtement collectif. Nous parlons de la gymnastique absurde des illusions comptables, des comptabilités nationales. Rien n’entre là que les facteurs visibles et mesurables selon les critères de la rationalité économique – tel est le principe de cette magie. A ce titre n’y entre ni la travail domestique des femmes, ni la recherche, ni la culture – par contre peuvent y figurer des choses qui n’ont rien à y voir, par le seul fait qu’elles sont mesurables. De plus, ces comptabilités ont ceci de commun avec le rêve qu’elles ne connaissent pas le signe négatif et qu’elles additionnent tout, nuisances et éléments positifs dans l’illogisme le plus complet.
(…)
Les nuisances et leur palliatif y figurent au même titre que la production de biens objectivement utiles. « La production d’alcool, de comics, de dentifrice…et de fusées nucléaires y épongent l’absence d’écoles, de routes, de piscines » (Galbraight)
Les aspects déficitaires, la dégradation, l’obsolescence n’y figurent pas - s’ils y figurent c’est positivement ! (…) C’est l’aboutissement chiffré logique de la finalité magique de la production pour elle-même : toute chose produite est sacralisée par le fait même de l’être. Toute chose produite est positive, toute chose mesurable est positive. La baisse de la luminosité de l’air à Paris de 30% en cinquante ans est résiduelle et inexistante aux yeux des comptables. Mais si elle résulte en une plus grande dépense d’énergie électrique, d’ampoules, de lunettes, etc., alors elle existe, et du même coup elle existe comme surcroît de production et de richesse sociale ! Toute atteinte restrictive ou sélective au principe sacré de la production et de la croissance provoquerait l’horreur du sacrilège.
Obsession collective consignée dans les livres de comptes, la productivité a d’abord la fonction sociale d’un mythe, et pour alimenter ce mythe, tout est bon, même l’inversion de réalités objectives qui y contredisent en chiffres qui le sanctionnent.
Mais il y a peut-être là, dans cette algèbre mythique des comptabilités, une vérité profonde, LA vérité du système économico-politique des sociétés de croissance. Que le positif et le négatif soient additionnés pêle-même nous semble paradoxal. Mais c’est peut-être tout simplement logique. Car la vérité, c’est peut-être que ce sont les biens « négatifs », les nuisances compensées, les coûts internes de fonctionnement, les frais sociaux d’endorégulation « dysfonctionnelle », les secteurs annexes de prodigalité inutile qui jouent dans cet ensemble le rôle dynamique de locomotive économique. Cette vérité latente du système est, bien sûr, cachée par les chiffres, dont l’addition magique voile cette circularité admirable du positif et du négatif (vente d’alcool et construction d’hôpitaux, etc.). Ce qui expliquerait l’impossibilité, malgré les efforts et à tous les niveaux d’extirper les aspects négatifs : le système en vit et ne saurait s’en défaire.
Nous retrouvons ce problème à propos de la pauvreté, ce « volant » de pauvreté que les sociétés de croissance « traînent derrière elles » comme leur tare, et qui est de fait une de leur nuisance les plus graves. Il faut admettre l’hypothèse que toutes les nuisances entrent quelque part comme facteur positifs, comme facteurs continuels de la croissance., comme relance de la production et de la consommation.
(…)
C’est de ses tares cachées, de ses équilibres, de ses nuisances, de ses vices au regard d’un système rationel que le système réel précisément prospère.
Jean Baudrillard – « La société de consommation » p. 45-47


La croissance
Citation:
Si la croissance inaugure l’accession de tous à un revenu, et à un volume de biens supérieurs dans l’absolu, ce qui est sociologiquement caractéristique, c’est le processus de distorsion qui s’institue au sein même de la croissance, c’est le taux de distorsion qui subtilement structure et donne son vrai sens à la croissance. Il est tellement plus simple de s’en tenir à la disparition spectaculaire de certaine pénuries extrêmes ou de certaines inégalités secondaires, de juger de l’abondance sur des chiffres et des quantités globales, sur des accroissements absolus et des produits nationaux bruts, que d’analyser en terme de structure ! Structurellement c’est le taux de distorsion qui est significatif. C’est lui qui marque internationalement la distance croissante entre pays sous-développés et nation sur-développées, mais au sein de celles-ci aussi bien la « perte de vitesse » des bas salaires sur les revenus plus élevés, des secteurs qui fléchissent sur les secteurs de pointe, du monde rural sur le monde urbain et industriel, etc. Il ne sert à rien d’alléguer toujours le caractère provisoire ou conjoncturel de cette distorsion lorsqu’on voit le système s’y maintenir de par sa propre logique et y assurer sa finalité. Tout au plus peut on admettre qu’il se stabilise autour d’un certain taux de distorsion, c'est-à-dire incluant, quel que soit le volume absolu de richesse, une inégalité systématique.
(…)
Nous ne dirons plus avec les euphoristes : « la croissance produit de l’abondance, donc de l’égalité », nous ne prendrons pas la vue extrême inverse : « La croissance est productrice d’inégalité ». renversant le faux problème : la croissance est-elle égalitaire ou inégalitaire ? nous dirons que c’est LA CROISSANCE ELLE MËMË QUI EST FONCTION DE L’INEGALITE. C’est la nécessité pour l’ordre social « inégalitaire », pour la structure sociale de se maintenir, qui produit et reproduit la croissance comme son élément stratégique.
(…)
Si la pauvreté, si les nuisances sont irréductibles, c’est qu’elles sont partout ailleurs que dans les quartiers pauvres, non pas dans les slums ou les bidonvilles, mais dans la structure socio-économique. Mais c’est justement là qu’il faut cacher ce qui ne doit pas être dit : pour masquer cela, des milliards de dollars ne sont pas de trop. (…)Une société, comme un individu, peut ainsi se ruiner pour échapper à l’analyse. Il est vrai qu’ici, l’analyse serait mortelle pour le système lui-même.
Jean Baudrillard – « La société de consommation » p.65-71


Le développement
Citation:
Ce qu’on appelle le développement, c’est l’auto-développement des pays du Nord en conformité avec les réalités , les intérêts, et les valeurs de ces pays. C’est pourquoi le développement ne se réalise pas pour les pays africains. Il faudrait un renversement copernicien, un bouleversement du sens des rapports pour qu’il y ait un véritable développement. Bien sur dans certains pays on a réalisé un taux de croissance intéressant, mais il s’agit de croissance sans auto-développement. C’est dans ces termes qu’il faut poser le problème et se demander si jamais les conditions ont été réalisées en Afrique pour un vrai développement : un développement qui ne serait pas au service d’autrui. (…)
Aujourd’hui les dirigeants occidentaux invitent l’Afrique à faire comme eux. Mais si le monde entier faisait comme les américains, l’écosystème planétaire craquerait par surconsommation d’énergie. Proposer un tel système, c’est de la supercherie, c’est un discours mensonger.
(…)
Car non seulement nous ne pouvons pas recopier le modèle actuel des pays riches, mais nous ne pouvons pas reprendre purement et simplement la ligne d’évolution, l’itinéraire suivi pendant des siècles par les pays développés. Il faut en effet rejeter, refuser le modèle linéaire du développement.
D’après ce que les historiens savent ; aucun peuple ne s’est développé uniquement à partir de l’extérieur. Si on se développe c’est en tirant de soi de soi-même les éléments de son propre développement. En réalité tout le monde s’est développé de manière endogène. Personne ne s’est installé sur la place publique en tendant sa sébile dans la main en attendant d’être développé. Si l’on voulait représenter par une figure géométrique ce type de développement idéal, il faudrait le voir comme une spirale ascendante ou comme le paradigme de l’arbre. L’arbre est enraciné, il puise dans les profondeurs de la culture sous-jacente, mais il est ouvert aussi vers des échanges multi-formes.
(…)
Bref, je dirais que l’idée européenne du développement finit par sombrer dans une sorte de casino planétaire. Est-ce le but de l’esprit humain ? Est-ce que l’esprit humain s’est mis à l’œuvre pour aboutir à cela comme fin de l’Histoire ?
Joseph Ki-Zerbo « A quand l’Afrique » p.155-175


Citation:
Pour Amadou Hampâté Bâ, « toute société donnée, dès l’instant où elle présente une unité de comportement dans le temps et l’espace, basé sur un système cohérent de connaissances hérités de ses ancêtres et transmis de père en fils, relatif à une certaine vision du monde, on peut dire qu’une telle société représente un type de civilisation qui lui est propre. Dans ce type de société, la « marche en avant » ou l’évolution possible, peut ne pas être tournée vers la conquête du monde extérieur, mais vers la recherche ou l’accomplissement d’un type d’homme parfait dont le modèle est l’ancêtre, ou le héros initiateur, fondateur du clan ».[1]
L’Occident s’est affranchi de cette forme de référent, qui continue cependant de nourrir l’imaginaire de bon nombre de peuples et de conférer à l’action humaine une dimension morale.
[1] : Amadou Hampâté Bâ, « Les religions africaines comme source de valeur de civilisation », p. 67
Aminata Traoré, « Le viol de l’imaginaire », p. 13



L’environnement
Citation:
Le langage des systèmes ne peut éviter de concevoir les entités sous l’angle du contrôle. Il est depuis son origine le langage des ingénieurs et des gestionnaires.(…)
Le mot apparemment inoffensif d’environnement se conforme lui-même parfaitement à cette tendance. A l’inverse du mot nature, il ne contient aucune vie ; il est abstrait, incolore et il incarne la passivité.(…)
Autour de quoi se trouve l’environnement ? Qu’est ce qui a de l’importance pour lui et pour qui est-il lui-même important ? Dans le langage usuel des rapports internationaux sur l’environnement, le sujet sous-jacent n’est le plus souvent rien d’autre que l’économie nationale.

Comme on le sait de nombreuses communautés rurales du tiers-monde n’ont pas besoin d’attendre la venue d’experts de ces nombreux instituts agrico-écologiques fondés à la hâte qui leur apporteraient, par exemple, la formule contre l’érosion des sols. De tous temps, le souci de la santé de leurs enfants et de leurs petits-enfants a fait parti de leurs pratiques culturales et de leurs économies. La planification centralisée de l’environnement risque d’entrer en conflit avec les écologies locales.
Dans l’Himalaya, le mouvement indien Chipko, avait fait du courage et de la sagesse des femmes qui protégèrent de leurs corps les arbres des tronçonneuses un symbole de résistance locale, rayonnant bien au-delà des frontières de l’Inde.(…)
Du jour au lendemain, celles qui avaient sauvé les arbres par instinct de survie et sagesse religieuse se voient confrontés à des expertises scientifiques et des catégories abstraites de planification nationale des ressources. La suppression du savoir local risque de connaître une impulsion plus grande.
(…)
Aussi différemment que soit percu la forme des choses dans toutes les cultures, les voir comme ressources fait disparaître cette limite intrinsèque et les livre à l’intervention de l’extérieur. Concevoir l’eau, le sol, les animaux ou les êtres humains comme ressource les établit comme objet qui requiert la gestion des planificateurs et les calculs des prix des économistes. Un tel discours écologique conduit à accélérer la fameuse colonisation du monde vivant.
(…)
Quand a-t-on jamais suggéré de préparer la société à la survie collective ? Les cultures anciennes n’ont ni mis en jeu consciemment leur continuité, ni prêté une attention particulière à leur survie. La survie n’était rien de plus qu’un sous-produit d’autres réalisations culturelles peut-être grandioses ; ce n’était pas un projet bien planifié mais une banalité.(…)
Le risque pour les fondements de la vie est la conséquence de l’identification d’une bonne vie à la disponibilité de biens matériels.
Une classe montante d’écocrates, comme on pourrait les nommer, se coupe de son domaine de compétence en projetant la gestion rationelle des éléments de la vie devenus rares, mais en laissant la dynamique qui a créé cette pénurie se maintenir.(…°
Quiconque réclame la gestion mondiale des ressources comme programme de développement sous-entend la victoire universelle de cette conception du monde spécifiquement occidentale. Les nombreux chemins possibles vers une bonne vie sont ainsi réduit vers l’unique piste de course vers un niveau de vie plus élevé.
(…)
Comprendre l’état de la planète en tant que ressources, gestion et efficacité,(…) perpétue le développement comme mission culturelle de l’Occident. Plus le langage des rapports sur l’environnement devient monnaie courante, plus il sera difficile de montrer du respect envers la nature et de ne pas la voir comme ressource,(…) ou de juger le comportement du point de vue de la vertu et non du point de vue de l’efficacité. La bissection de l’écologie en vue d’une cure technique d’efficacité mène donc à un piège : tandis que tous les efforts pour le droit à la vie de la nature sont de mises, le droit à la vie des cultures risque d’être écrasé. Et cela non plus n’est pas bénéfique à la nature.
Wolfgang Sachs, Gustavo Esteva « Des ruines du développement », p.53-80


La mystique de la sollicitude : l’Humanitaire
Citation:
(Le) système de gratification et de sollicitude a, dans toutes les sociétés modernes, des supports officiels : ce sont toutes les institutions de redistribution sociale (…), par où, « les pouvoirs publiques sont amenés à compenser les excès des pouvoirs des monopoles par les flux des prestations sociales destinées à satisfaire des besoins et non pas à rémunérer des services productifs. Ces derniers transferts sans contrepartie apparente, diminuent sur une longue période, l’agressivité des classes dites dangereuses ».
(…)
Grâce à ses prélèvements et ses transferts économiques, l’instance sociale (c'est-à-dire l’ordre établi) se donne le bénéfice psychologique de la générosité.
Tout un lexique maternel, protectionniste désigne ces institutions (…). Cette « charité » bureaucratique, ces mécanismes de « solidarité collective » (…) jouent ainsi à travers l’opération idéologique de redistribution, comme mécanisme de contrôle social.
(…)
D’une pierre deux coups : le salarié est bien content de recevoir sous les apparences du don ou de la prestation « gratuite » une partie de ce dont il a été auparavant dessaisi.
(…)
D’où l’importance idéologique capitale du mode « social » de la redistribution : celle-ci induit dans la mentalité collective le mythe d’un ordre social tout entier dévoué tout entier au « service » et au bien-être des individus.
Jean Baudrillard – « La société de consommation » p. 253-255


Citation:
Du point de vue cynique des privilégiés, l’aide au développement a joué sa dernière carte : il s’agit à présent dans le meilleur des cas de maintenir sous contrôle le potentiel d’explosion du tiers-monde.(…) La justification de la politique de développement ne réside pas dans l’aide à l’essor économique, mais dans la précaution contre les crises explosives. Après avoir longtemps servi la projection de nos utopies, elle est maintenant chargée de l’apaisement de nos peurs
Wolfgang Sachs, Gustavo Esteva « Des ruines du développement », p.68


Citation:
Quand on me traite de ''catastrophiste'', je réponds que le pire des catastrophismes
n’est pas d’annoncer les catastrophes quand on pense qu’elles se préparent, mais
bien de les laisser survenir par le seul fait qu’on ne les a pas prévues et, pire
encore, qu’on s’est interdit de les prévoir. C’est pourquoi je classerais volontiers
dans la catégorie des ''catastrophistes'' les innombrables auteurs qui s’emploient à
rassurer l’opinion, sans mettre en cause le système mondial, sa dynamique et son
évolution. Ceux qui prétendent que chômage et misère sont des maux passagers
auxquels on trouvera des remèdes. Ceux qui présentent comme conciliables les
intérêts des peuples du tiers-monde et des travailleurs du monde industriel. Ceux
qui soutiennent qu’il est possible de vaincre la faim là-bas sans un changement
radical des politiques et des rapports économiques ici, ou sans que ce changement
s’effectue à notre détriment.
François Partant, « La fin du développement », 1997
http://www.les-renseignements-genereux.org/brochures.html?id=168


La pauvreté
Citation:
Toute société impérialiste voit dans l’Autre la négation de l’idéal qu’elle s’efforce elle-même d’atteindre. Elle cherche à le domestiquer en l’attirant dans le champ d’application de son idéal et en l’y situant au degré le plus bas.(…)
Ainsi la pauvreté définissait des populations entières, non par ce qu’elles sont ou veulent être, mais par ce qu’il leur manque ou ce qu’elles doivent devenir. Le mépris économique avait atteint le niveau du mépris colonial.
Par ce moyen se constitua également la base cognitive de l’intervention, dont le caractère se dégage de lui-même sitot que la particularité d’un pays est réduite à l’unité de mesure du niveau de vie : là où le problème s’apelle faiblesse de revenu, la solution ne peut être que le développement économique. A peine mentionne t-on l’idée que la pauvreté pourrait être une conséquence de l’oppression, et par conséquent qu’elle pourrait être résolue par l’émancipation ; (…)Nenni !
(…)
Sous la bannière de la lutte contre la pauvreté, la transformation de nombreuses sociétés en économie d’argent put être menée comme une croisade morale ; qui pouvait se dérober à un appel si justifié à l’expansion économique ?
Wolfgang Sachs, Gustavo Esteva « Des ruines du développement », p.25


Citation:
L’Afrique dite « pauvre » est devenue aujourd’hui – comble de l’ironie- exportatrice nette de capitaux, tandis que le revenu moyen par habitant est passé sous on niveau de 1960. Pour chaque dollar de capital net recu, le continent rembourse 1,06 dollar, dont 51 cents au titre des pertes liés au termes de l’échange.
[i]Aminata Traoré, « Le viol de l’imaginaire », p. 63


La Fatigue
Citation:
Mais là n’est pas l’essentiel, et c’est pourquoi on ne guérira pas la fatigue « pathologique » par le sport et l’exercice musculaire, comme le disent les spécialistes naïfs (pas plus que par des tranquillisants ou des stimulants). Car la fatigue est une contestation larvée, qui se retourne contre soi et qui s’ « incarne » dans son propre corps parce que, dans certaines conditions, c’est la seule chose à laquelle l’individu dépossédé puisse s’en prendre. De la même façon que les Noirs qui se révoltent dans les viles d’Amérique commencent par brûler leurs propres quartiers. La vrai passivité est dans la conformité joyeuse au système, chez le cadre « dynamique », l’œil vif et l’épaule large, parfaitement adapté à son activité continuelle. La fatigue, elle, est une activité, une révolte latente, endémique, inconsciente d’elle-même.
(…)
Et c’est parce qu’elle est une activité (latente) qu’elle peut soudainement se reconvertir en révolte ouverte, comme le mois de mai l’a partout montré. La contagion spontanée, totale, la « traînée de poudre » du mouvement de mai ne se comprend que dans cette hypothèse : ce qu’on prenait pour une atonie, une désaffection, une passivité généralisée était en fait un potentiel de forces actives dans leur résignation même, dans leur fatigue, dans leur reflux, et donc immédiatement disponibles
Jean Baudrillard – « La société de consommation » p. 293-294


L’Aliénation
Citation:
Ce qui est capital ici c’est que l’homme aliéné n’est pas seulement l’homme appauvri, diminué, mais intact dans son essence – c’est un homme retourné, changé en mal et en ennemi de lui-même, dressé contre lui-même
Jean Baudrillard – « La société de consommation » p. 306


[edit 02/09: rajout des citations Wolfgang Sachs, Gustavo Esteva]


Tout ceci montre que le stéréotype ocidentale à pour danger immédiat de nous ammener à agir comme les Occidentaux et à penser comme eux.La première chose que l'Occident y colle,c'est une image d'invincibilité car le grand maître se pose toujours en être supérieur que l'élève mieux l'esclave.Certe l'élève developpe une revolte mais l'esclave lui ne developpe qu'une revolte interne car il règne en lui une crainte fortuite et voir même demésurer du maître.Oui,cela semble idiot mais c'est précisement ça que nos enseignants,nos politiciens ramenent dans leurs valises d'Europe;une analyse pure à l'occidentale.Le rapport de force par exemple s'exprime en Afrique sur des critères qui favorisent de loin l'Occident par contre en Asie,c'est carrement l'inverse.C'est pour cela qu'aujourd'hui les plus grandes menaces de l'Occident viennent de là.Al Qaida,la Chine,l'Iran ou encore l'Irak apportent des phénomènes carrement inconnus à l'Occident mais beaucoup d'autres mieux qu'eux comprennent ces phénomènes.C'est pour cela que la démocratie par exemple est un mort né hors des frontières occidentales,c'est parce que beaucoup au fond n'en veulent pas une calquée sur la même forme.

Sans revolte l'esclave ne peut pas mésurer ses capacités à réagir vis à vis du maitre.Le maître lui ne devra jamais se douter d'une entreprise de l'esclave car cela le poussera à devenir encore plus cruel,d'où le sentiment affectif des Occidentaux.On espère que l'esclave restera sage car on se dit que quelque part on n'est pas si mauvais que ça et pour preuve l'esclave est calme donc il n'y a rien à faire pour changer l'équilibre de force ou mieux faire de réelles concessions.Le 11 septembre ou encore les patriotes ivoiriens étaient des phénomènes impensables pour les stratèges américains ou encore français mais vous avez vu les resultats.C'est des cas où il y'a des esclaves qui ont assez d'attendre l'heure qu'on attend depuis et ils frappent avec leur moyens de bord.L'Allemagne ne juge pas le regime nazis de la même manière que les puissances Alliés.Si tous les deux sont d'accord sur le fait que les leaders nazis étaient des monstres,ils ne le sont pas pour les revendications qui ont poussé un peuple aussi civilisé vers une telle boucherie.L'Allemagne clame l'oppression,les puissances alliés clament l'impérialisme. Cela prouve une chose; toute entité margilisé ne sera jamais respecter tant qu'il n'osera pas se revolté. Les esclaves Noirs ont attendu leur liberté en Amérique,leurs descendants continuent à l'attendre aujourd'hui.Le salut vient selon beaucoup de l'assimilation mais elle tue leurs cultures.Une analyse calquée sur le modèle du maître ne peux qu'amplifier un sentiment de paralysie devant toutes prises d'initiaves dignent de ce nom pour se tirer de son influence. A long terme,c'est la culture de l'esclave qui empatit. En fait c'est conforme au complexe de l'esclave.

La liberté de l'Afrique passe par une nouvelle confrontation avec l'Occident.Economique,Politique ou militaire,cela n'a pas de sens mais une chose est certaine,elle est crutiale pour sauver ce qui reste encore à sauver de ce cotinent.
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ARDIN
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MessagePosté le: Jeu 20 Sep 2007 16:08    Sujet du message: Répondre en citant

Alex a écrit:
Zheim, OGOTEMMELI et toi avez apporté l'une des présentations les plus claires de la situation actuelle du Continent sur le plan économique.Mais:

Zheim a écrit:


Le fond serait d’avoir déjà conscience de la nécessité de mettre complètement fin à cette enfermement dans l’exploitation de matières premières pour l’Occident (dont certaines où il ne sera jamais possible de contrôler les prix si le consommateur est extérieur, comme dit plus haut). Développer le commerce Sud-Sud oui, mais en étant assuré avant tout, que tout le monde ait en tête les phrases de Sankara, pour ne pas retomber au final dans le processus décrit avant.
Sans être d’un optimisme naïf, je pense qu’avec une prise de conscience là-dessus, les changements réels pourraient être très rapides. Là où est la naïveté, c’est par contre de « croire » en un changement politique pour les mettre en œuvre Rolling Eyes


!!!!!!!!!!!! Mad , Mon cher , c'est pas de l'optimisme naïf mais de la naiveté tout simlplement:

Alex, je me permets de completer: La prise de conscience ne suffit pas. S'il ne fallait que ca, nous serions deja sortis de l'auberge!

Il faut en fait batir a partir de la prise de conscience, un systeme coherent qui commence par "l'independance de penser", donc le refus d'une tutelle intellectuelle, ensuite, un systeme politique sans mimetisme ou le "developpement endogene" prendra corps avec ce systeme. Ensuite, que l'expression artistique soit le reflet de notre propre histoire et notre propre culture, c'est a dire, que les thematiques developpees par le cinema par exemple soit en rapport avec notre passe, notre vecu et notre avenir, ainsi que tous les autres domaines de la culture. Il est par exemple aberrant que la connaissance de notre histoire profonde resulte d'un systeme parascolaire alors que nous devrions avoir et assurer le controle de notre systeme educatif

Tant qu'on aura la configuration actuelle, ou nous avons de part et d'autre, une classe politique soumise a l'Occident et collaborant a la defense de ses interets financiers, de l'autre une classe bourgeoise, (incluant les intellectuels pourtant "conscients" de l'emprise de l'Occident sur l'Afrique) et gravitant autour de la defense de ces memes interets de facon tres subtile, une classe de militants depourvus de moyens materiels et financiers, et une population deconnectee, delaissee, desesperee, etc... La prise de conscience qui suscite l'espoir finit par etre aneantie...
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Teo Van
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MessagePosté le: Jeu 20 Sep 2007 17:01    Sujet du message: Répondre en citant

Soyons un peu plus concret lorsque nous parlons de déconstruction reconstruction.

En économie par exemple , comment reconstruisons nous ? Dans cette Afrique reconstruire , la monnaie , par exemple, existera t elle sous son sens technique et sociale actuelle ?

Comment reconstruisons nous le vivre ensemble ? Quelles seront les sources du droit ?

C'est très facile de reconstruire cet espace abstrait qu'est le monde des idées , avec des mots qui une fois soumis au jugement critique, perdent leur sens.

Ardin parle de développement endogène". J'espère que son terme developpement ne recouvre pas le même sens que celui utilisé par la civilisation occidentale pour justifier la néocolonisation.
Endogène si celà veut dire propre au milieu , c'est ainsi que des économiste ont qualifier l'économie de la récupération comme endogène à l'Afrique. ou la prédominence du secteur informel. Il iront jusqu' l'alimenter avec des système de micro crédit.

En fait Ardin ce que je souhaite c'est que tu sois plus concret, vu l'importance du sujet évoqué.

C'est quoi l'indépendance de penser ? De quoi devons nous détacher notre façon de pensée ? Quel typologie de la pensée devons nous détacher ? Je dis celà parceque hormis les saints , la majorité d'entre nous ne pensera qu'à jouir des fruits de la vie. Et cette pensée là est humaine.

Dans ce système politique qui sera mis en place et qui sera autre, parlera t on de démocratie ?
Quel système politique sera issue de cette reconstruction ?

Alex pense que "La liberté de l'Afrique passe par une nouvelle confrontation avec l'Occident.Economique,Politique ou militaire".
Se confronter suppose qu'on adhère à la logique de l'occident. C'est pourtant justement ce que souhaite les Occidentaux. Que nous soyons eux. Alors dans ce cas, pourquoi remettre en cause et déconstruire ?

Merci d'être plus concret lorsque vous invitez à faire la démarche de remise en cause déconstruction reconstruction.
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ramses
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MessagePosté le: Jeu 20 Sep 2007 18:00    Sujet du message: Répondre en citant

Bonjour à toutes et à tous,
Le sujet est profond. C'est vrai que beaucoup de diplômés (et non intellectuels) africains sont conscients de tous ces problèmes mais ils ont renoncé. Le concret commence par des idées claires, un projet, une vision. Puis à l'échelle d'un pays ou d'un continent, il passe par la masse. King et Malcolm x ont su incarner le combat aux USA; Mao a su mobiliser son pays...dans leurs stratégies, il y'a eu un élement clé: le contact constant avec le peuple pour le lever. Ils descendaient dans la rue, faisaient du porte à porte. MAo a fait la grande marche de Chine. Quel était le métier de Malcolm? C'est aussi ainsi qu'on convaincra nos peuples déçus par tous ces intellectuels de bureaux de nous suivre.

L'exposé de Zheim montre que le diagnostic est fait. Ce qui rend le problème désespérant et insoluble, c'est l'impression que tout ce qu'on fait ne sert à rien. Il faut passer par le peuple, l'Amérique latine est entrain de muter par le bas et on voit le profil de ceux qui sont portés au pouvoir là bas.
IL existe une fracture au sein des africains, entre ceux qui profitent du système actuel avec ses connivences extérieures et feront tout pour le maintenir, ceux qui veulent changer cela mais ne savent pas comment s'y prendre, ceux qui veulent changer cela mais se sont découragés. Il faudra lutter contre cette classe qui ne veut pas laisser ses privilèges, ce n'est pas une question d'alternance démocratique seulement, on le voit avec le Sénégal ou le Bénin (soglo/Kérékou) la corruption et le pillage n'ont pas cessé. C'est un changement de mentalité et pour cela, il faut le peuple derrière. La véritable théorie ce ne sont pas les idées libératrices qu'on peut émettre mais de croire que sans la masse, on pourra avancer. Ce n'est pas Paris, l'Onu ou quiconque qui a sauvé Gbagbo. On objectera qu'un peuple qui a faim, qui souffre n'écoute pas. Il écoute pourtant le discours religieux. Il écoute mais à force d'avoir été trahi par des opposants corrompus, il se tourne vers ce qui ne peut le trahir : Les ciel.. Ces églises remplies des heures le Dimanche, on doit arriver à remplir des 'églises du salut africain' de la même façon, sans toutefois prêcher de bonnes paroles. Nous avons le destin que nous méritons. Pour remettre à pied un pays d'un millions et quelques comme le Gabon, riche de tout ce que l'on sait, faut-il vingt ans?
Avec quelques mécènes capables de financer dans l'ombre le mouvement et quelques volontaires dans chaque pays, on peut arriver en moins d'un quart de siècle à faire émerger une vrai "mentalité africaine". Le prix à payer est peut être de renoncer à quelque chose... On a l'impression que toutes les idées ne mènent à rien parce qu'on les gaspille. C'est dans les quartiers, les lycées et colllèges, les universités, par l'intermédiaire de clubs, de journées culturelles ou autres, de manifestations citoyennes qu'on fera bouger les lignes de l'esprit. L'islamisme gagne les pays musulmans sur ce terreau là, la religion aussi, en allant à la rencontre des gens, en leur apportant une soi disante dignité spirituelle.
L'Afrique a les richesses, de l'argent, des individus compétents. Certains parlent d'une formation insuffisante, mais que le Bénin arrive déjà à garder ses docteurs ou le Cameroun ses sportifs pour demander à en former plus, c'est une éducation vouée à l'exportation...
L'Afrique a besoin du feu, de plusieurs Malcolm et Sankara. Peu importe combien tomberront. Le siècle dit des lumières qui aurait donné à l'occicdent son rayonnement est composé d'individus scientifiques ou hommes de lettres qui sont morts pauvres, parfois exilés si ce n'est crucifiés mais ont fait ce qu'ils estimaient devoir faire. La génération dite consciente de l'Afrique doit faire ce qu'elle sait devoir faire, prendre le risque de la pauvreté, du bannissement par les siens souvent, et vivre son rêve. Notre rêve à tous est de redonner à l'afrique son sens, sa dignité, sa force et sa beauté. Il n'ya que nous pour le réaliser, sans aucune aide des autres. A nous d'imposer ce rêve. Toutes les initiatives sont bienvenues pour parler, pour agir. Agir ne signifie pas poser un acte qui en lui seul et en une unité de temps changerait le cours de l'histoire. on doit travailler en profondeur, essayer gauchement ou adroitement mais ne pas cesser d'essayer...
Le ras le bol, l'envie de changer, de s'améliorer existe en chaque africain qui veut passer à un autre stade. Qu'est-ce qui l'en empêche? La théorie, c'est toutes les raisons dissuasives que nous nous mettons, en pensant à ce qu'ont subi nos aînés ou en pensant à ce que subissent certains encore aujourd'hui, en ayant peur de ce qu'on pourra subir. a chacun de choisir entre vivre le rêve de se libérer et de libérer l'Afrique ou d'avoir peur de ce qui peut arriver s'il s'y engage véritablement. Nous avons notre destin. Comment faire, que faire, à chacun de trouver, de commencer par quelque chose.
_________________
"Donnez-moi la foi sauvage du sorcier, donnez à mes mains puissance de modeler, donnez à mon âme la trempe de l'épée [...] Faîtes-moi rebelle à toute vanité mais docile à son génie, comme le poing à l'allongée du bras!" Césaire
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Alex
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MessagePosté le: Ven 21 Sep 2007 16:07    Sujet du message: Répondre en citant

Teo Van a écrit:
Se confronter suppose qu'on adhère à la logique de l'occident. C'est pourtant justement ce que souhaite les Occidentaux. Que nous soyons eux. Alors dans ce cas, pourquoi remettre en cause et déconstruire ?


Détruire ? Mais qu'est-ce qu'il y'a à détruire ou déconstruire .Regardes dans les capitales africaines qu'est-ce qui a été véritablement construis ? Est-ce ces minables gratte-ciels qui font la fierté de l'hégémonie des firmes occidentales qui les gerent ou ces chateaux des colabo africains.Rien n'a été construit en afrique depuis 50 ans si ce n'est qu'un système d'endoctrinement cérébrale.C'est cet endoctrinement qu'il faut détruire.Tout reste à construire ici et l'Afrique à des cerveaux et les moyens pour le faire mais elle est lié.

Téo,les fôrets et les gisements africains sont pillés par les firmes occidentales depuis un siècle avec la complicité de la plupart d'entre nous.Faut-il attendre ? Les végétation de l'intérieur de l'Afrique sont dangeureusement ménacé par l'évolution du Sahara au nord et Kalahari-Namib au sud.Avec les politiques écologiques désastreuses des régimes en place,il est certain que dans 100 ans les 3/4 de ce contient seront désertique.La famine menace la plupart du Nord des pays d'Afrique de l'ouest,centrale et orientale.Cela risque évoluer en grignotant parcelles après parcelles.Les repercussions sur la planète seront même considérable.Faut-il attendre ?


Je ne crois pas en ces Mandela ou autre Senghor,ces leaders qui ont "évités" les véritables problèmes de leur pays pour plaire à l'Occident parce que celle-ci leur a fait gober que les chances étaient égales entre les races.Aujourd'hui,les populations de leur pays payent l'asservissement de ces leaders. Mad

Oui,un sacrifice a un prix et le prix de le reconstruction de l'Afrique ou de sa véritable construction est lourd,très lourd.Nous sommes tous coupable de fuir cette reconstruction.Une reconstruction dont le prix semble nous faire peur tous.Mais chaque fois que nous nous regardons dans un miroir nous n'avons pas le courage de nous voir en face parce que ces taudis et cette misère qui nous entourrent est la preuve de notre echec.Pour ne pas culpabilisé,nous avançons les principes du capitalisme et accusons nos gouvernements corrompus et irresponsables, pourtant nos gouvernements ne sont que notre reflet.Fuir en Occident ne changera rien,il est facile de faire la difference entre un Africain et un Noir de la diaspora.Les Afro-Américains l'on fait pour Obama aux Etats-Unis.TV5,TF1 et CANAL le font en France.De retour en Afrique,c'est vos propres proches qui vous le feront savoir.Twisted Evil

Mon père m'a dit quand j'étais petit,si tu manges et tu n'es pas rassasier chez toi.Ce n'est pas chez le voisin que tu le seras. Confused
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MessagePosté le: Ven 21 Sep 2007 20:42    Sujet du message: Répondre en citant

Alex a écrit:
Oui,un sacrifice a un prix et le prix de le reconstruction de l'Afrique ou de sa véritable construction est lourd,très lourd.Nous sommes tous coupable de fuir cette reconstruction.Une reconstruction dont le prix semble nous faire peur tous.Mais chaque fois que nous nous regardons dans un miroir nous n'avons pas le courage de nous voir en face parce que ces taudis et cette misère qui nous entourrent est la preuve de notre echec.Pour ne pas culpabilisé,nous avançons les principes du capitalisme et accusons nos gouvernements corrompus et irresponsables, pourtant nos gouvernements ne sont que notre reflet.Fuir en Occident ne changera rien,il est facile de faire la difference entre un Africain et un Noir de la diaspora.Les Afro-Américains l'on fait pour Obama aux Etats-Unis.TV5,TF1 et CANAL le font en France.De retour en Afrique,c'est vos propres proches qui vous le feront savoir.Twisted Evil

Mon père m'a dit quand j'étais petit,si tu manges et tu n'es pas rassasier chez toi.Ce n'est pas chez le voisin que tu le seras. Confused


Là est donc la Vérité.

On n'est jamais mieux ailleurs que chez soi, à condition bien sûr de balayer devant sa maison. Oui nos gouvernements sont notre reflet, le reflet de la lâcheté qui nous pousse plus à fuir qu'à se battre et améliorer notre sort sur place en Afrique. Ne savons-donc faire rien d'autre que fuir ? Tous ceux que nous prenons plaisir à traiter de tous les noms derrière nos claviers, avons-nous eu ne fut ce qu'une seule fois à nous poser des questions sur la situation dans laquelle ils se trouvent ? Ont-ils les mains libres ?
Toujours ces fameuses indépendances "accordées" à nos pays qui me chiffonnent. Il y a très sûrement un truc qui ne tourne pas rond et contre lequel nos états ne peuvent rien sans NOUS.

Si nous ne prenons pas la peine d'analyser la situation de l'Afrique sous un autre angle que celui de condamner et jeter aux orties nos dirigeants (ils le méritent, mais...), nous n'arriverons pas à véritablement déconstruire pour reconstruire. Et là, tous les beaux discours pourront toujours remplir les forums de grioo, des siècles et des siècles encore.

Moi, je commence à m'essoufler sur grioo, j'espère que je tiendrai le coup va !
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