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Aux origines de l'Egypte

 
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OGOTEMMELI
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MessagePosté le: Jeu 14 Juin 2007 16:11    Sujet du message: Aux origines de l'Egypte Répondre en citant

Après "les traites négrières", je voudrais ouvrir une discussion à propos d'un autre ouvrage concernant un tout autre sujet. Mais le problème épistémologique fondamental est toujours le même : que ce l'on dit, a fortiori sur autrui, est déterminé dans une mesure très significative par le lieu (culturel/civilisationnel) d'où l'on parle.

Aux origines de l'Egypte est le titre d'un excellent livre de Béatrix Midant-Reynes relatif à l'histoire de Km.t depuis le "Néolithique à l'émergence de l'Etat".

Ce sujet a été également traité par Babacar Sall (en ce qui concerne particulièrement le Prédynastique) et par Alain Anselin (en ce qui concerne particulièrement l'Etat, la Royauté, disons la Politique).

Eh bien, à la lecture des uns et des autres auteurs, j'ai eu cette étrange impression que malgré toute son érudition, le travail de Midant-Reynes "souffre" beaucoup de sa méconnaissance des civilisations négro-africaines anciennes. Comme si malgré tant de rigueur académique et de précaution méthodologique, cette égyptologue de renom échouait à atteindre l'essentiel de ce qu'elle vise ; reconduisant en définitive des considérations sur sa propre culture dans un contexte civilisationnel radicalement autre :

Béatrix Midant-Reynes a écrit:
Avec le IVè millénaire et la mise en place des deux grands foyers culturels de Haute et Basse-Egypte, un nouveau chapitre s'ouvre.

L'arrivée de populations nouvelles, le passage progressif à une économie céréalière, la fermeture des larges étendues sahariennes ont eu pour effet d'augmenter la population alors que se limitaient les espaces exploitables. Nous l'avons vu plus haut, il n'y a pas lieu de parler de pression démographique, mais le seuil d'équilibre entre le nombre de bouches à nourrir et le système qui leur permet de vivre s'est déplacé.

Dans les sociétés inégalitaires de Haute-Egypte, le résultat en fut le renforcement des inégalités et la hiérarchisation accélérée de la société.

Le moteur du changement tient alors en grande partie aux processus de compétition qui vont s'exercer entre prétendants au pouvoir.

Les regards vont se tourner vers les sources de matières premières indispensables à l'expression du prestige, tous les efforts vont se tendre à en élaborer les modes d'acquisition.

A l'inverse de ce qui s'était passé aux périodes précédentes, c'est davantage la volonté des hommes qui va à présent dicter les règles du jeu avant tout politique. La carte des contacts passera donc en premier par celle des matières premières, de leurs gîtes, de leurs lieux de production.

A un autre niveau d'analyse il conviendra d'intégrer les capacités de production, de consommation et de distribution des groupes en mesure de les exploiter. [Cf. B M-R, "Aux origines de l'Egypte", éd. Fayard, Paris, 2003, p.278]

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OGOTEMMELI
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MessagePosté le: Jeu 14 Juin 2007 16:52    Sujet du message: Re: Aux origines de l'Egypte Répondre en citant

Béatrix Midant-Reynes a écrit:
Avec le IVè millénaire et la mise en place des deux grands foyers culturels de Haute et Basse-Egypte, un nouveau chapitre s'ouvre.

En fait, on peut aussi dire que ce chapitre s'est ouvert quelques 200 ans avant la formation du Double-Pays, sous la houlette de Narmer. En effet, l'archéologue Bruce Williams a établi que le T3 Sti (le Pays de l'Arc), qui s'étendait de la Basse-Nubie à la Haute-Egypte, était déjà un "Etat" pharaonique, avec la même superstructure politico-sacerdotale qui sera reconduite/imitée par les fondateurs de T3 Wj. D'ailleurs, c'est à l'occasion du déclin de cet Etat que certaines des principautés de la Haute-Egypte, conduites par la Dynastie Zéro, vont s'émanciper ; puis progressivement élaborer Km.t...

Midant-Reynes a écrit:
L'arrivée de populations nouvelles, le passage progressif à une économie céréalière, la fermeture des larges étendues sahariennes ont eu pour effet d'augmenter la population alors que se limitaient les espaces exploitables.

L'auteure dit écarter le malthusianisme et sa "pression démographique" expliquant les phénomènes sociétaux. Mais elle valide la rareté des "espaces exploitables" au regard de la croissance démographique (exponentielle? Rolling Eyes ) comme facteur explicatif des événements politiques datés du "IV millénaire", dans une partie de la vallée du Nil longue de plusieurs centaines de kilomètres. Quelle est l'estimation de la population de cette région à l'époque considérée?..
Midant-Reynes a écrit:
Nous l'avons vu plus haut, il n'y a pas lieu de parler de pression démographique, mais le seuil d'équilibre entre le nombre de bouches à nourrir et le système qui leur permet de vivre s'est déplacé.

A supposer le malthusianisme éconduit par Midant-Reynes, que dire de ce qui ressemble si furieusement à du matérialisme historique : un "stress" entre le nombre croissant de "bouches à nourrir" et la structure et le niveau des forces productives comme facteur explicatif des changements sociétaux. On croirait entendre Karl Marx, au XIXè sicèle de notre ère Rolling Eyes ; soit 5000 ans après le "IVè millénaire" qui est ici visé...

Midant-Reynes a écrit:
Dans les sociétés inégalitaires de Haute-Egypte, le résultat en fut le renforcement des inégalités et la hiérarchisation accélérée de la société.
Le moteur du changement tient alors en grande partie aux processus de compétition qui vont s'exercer entre prétendants au pouvoir.

Bien entendu, la "compétition" ne pouvait manquer à l'appel pour expliquer l'évolution historique d'une société du IVè millénaire avant notre ère par une savante européenne de notre époque dite "moderne". On se croirait dans la campagne électorale pour les Présidentielles 2007 en France Rolling Eyes . Ou alors dans le contexte très âpre de la guerre (heu, "compétition") économique mondilaisée. Celle qui oppose non seulement les entreprises entre elles ("locales", "délocalisées", "étrangères", etc.), mais aussi les Etats entre eux ; entre "riches" et "pauvres", "développés" et "émergents", dans une structure générale "inégalitaire"...

Midant-Reynes a écrit:
Les regards vont se tourner vers les sources de matières premières indispensables à l'expression du prestige, tous les efforts vont se tendre à en élaborer les modes d'acquisition.

Ici j'ai l'impression de lire un article de géostratégie dans "Le Monde diplomatique", où on explique comment le contrôle international des accès aux matières premières énergétiques (pétrole, uranium, gaz naturel, etc.) sudétermine la configurtation des relations internationales, suscitant souvent/parfois des conflits militaires sanglants (en Irak, dans le Golfe Persique, etc.)...

Midant-Reynes a écrit:
A l'inverse de ce qui s'était passé aux périodes précédentes, c'est davantage la volonté des hommes qui va à présent dicter les règles du jeu avant tout politique. La carte des contacts passera donc en premier par celle des matières premières, de leurs gîtes, de leurs lieux de production.

Géostratégie contemporaine quand tu nous tiens...


P.S. Je citerai un autre extrait. Puis je proposerai d'autres interprétations des événements ici visés par madame Midant-Reynes, notamment celles d'Alain Anselin : tout à fait autre...
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MessagePosté le: Mar 18 Sep 2007 11:28    Sujet du message: Répondre en citant

Ze Belinga a écrit:
Ce serait une espèce de méta programme inavouable des égyptologues conventionnels que de reconvertir les thèmes, résultats, hypothèses fortes de Diop dans leurs propres énoncés, modèles, en tentant de maintenir le cap d’un eurocentrisme incrusté, non pas nécessairement sur toute l’Egypte, mais sur sa connaissance, sur le leadership scientifique en Egyptologie.

[Cf. Afrikara ici]

Bernadette Menu fait un pas plus explicite vers l’investigation scientifique de la (négro-) africanité de Kmt, si l’on en juge par la préface faite par Charles Lespinay et Raymond Verdier de son ouvrage (que j’ai seulement commencé à lire) intitulé Egypte pharaonique, nouvelles recherches sur l’histoire juridique, économique et sociale de l’ancienne Egypte, éd. L’Harmattan, 2004.

Charles Lespinay et Raymond Verdier a écrit:
L’ouvrage offre un état du savoir actuel sur l’Egypte ancienne, son organisation juridique et institutionnelle. Approfondissant les travaux antérieurs de l’auteur sur le régime des terres, les formes de dépendance et les liens contractuels, il apporte un éclairage nouveau sur les origines de l’Etat, la justification du pouvoir, la construction du territoire et l’organisation de l’économie.

La première partie de ce volume […] montre […] que la formation de l’Etat égyptien n’est pas un hasard mais l’effet de la volonté de quelques grands rois (la « dynastie 0 » et les deux « fondateurs »), issus de clans ou de lignages originaires du Sud, et purement africains.

Dès la seconde moitié du IVè millénaire avant JC, l’Egypte se constitue du Sud au Nord en une fédération de pouvoirs locaux dirigés par un chef unique, et dont les enseignes pourraient représenter les entités protectrices, gravées sur différents supports : poteries, étiquettes et objets divers en ivoire,palettes en grauwacke, têtes de massues hypertrophiées, etc. Ces enseignes semblent remplacer les emblèmes des clans dominants (les « totems » des ethnologues ) d’où sont issus les premiers rois et dont certains noms (Eléphant, Scorpion, Crocodile) rappellent ceux de clans actuellement répandus en Afrique.

A leur tour, les enseignes seront évincées, lors de l’apparition du pouvoir pharaonique en son expression unique et absolue, par des symboles incarnant l’éternité et la toute-puissance du souverain. La coutume de nommer le roi sacré du nom de l’entité protectrice de son clan, de son territoire et/ou de sa titulature, nom repris parfois ensuite par le clan lui-même, se retrouve par exemple au XVIè siècle dans le Sénégal casamançais où un roi « Crocodile » (Bamba en manding, Jareg en baynunk) est en sécession à l’égard de son suzerain, le roi de Casamance. On connaît aussi, entre autres, le cas des empereurs Kéita du Mali au XIIIè siècle dont le lion est l’emblème.

L’auteur nous décrit plusieurs autres caractéristiques que l’Etat égyptien en gestation semble avoir en commun avec les civilisations d’Afrique noire : la dimension religieuse du pouvoir et du territoire ; le contrôle éminent des terres par le roi-dieu ; la place de la chasse et de la guerre dans la construction de la société ; l’incorporation des captifs de guerre, dans un système où « l’esclavage » ne semble pas exister ou du moins n’être qu’un statut transitoire avant l’insertion dans la société égyptienne.

[…] L’apparition de l’agriculture et de l’élevage, les essais systématiques de domestication des animaux et des plantes, semblent bien être l’expression de la volonté d’un pouvoir divin et centralisé mais soucieux du bien-être de tous. Cela fait penser encore aux sociétés d’Afrique noire, réputées communautaires, et à leur contrôle collectif des terres et des êtres, où l’individu est censé s’effacer devant l’intérêt général qui lui dicte ses règles de comportement, alors même qu’il y trouve ses marges d’indépendance, d’individualité et de liberté.
[pp7-8]

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Dernière édition par OGOTEMMELI le Mar 18 Sep 2007 12:47; édité 5 fois
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OGOTEMMELI
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MessagePosté le: Mar 18 Sep 2007 11:55    Sujet du message: Répondre en citant

Ogotemmêli a écrit:
Eh bien, à la lecture des uns et des autres auteurs, j'ai eu cette étrange impression que malgré toute son érudition, le travail de Midant-Reynes "souffre" beaucoup de sa méconnaissance des civilisations négro-africaines anciennes. Comme si malgré tant de rigueur académique et de précaution méthodologique, cette égyptologue de renom échouait à atteindre l'essentiel de ce qu'elle vise ; reconduisant en définitive des considérations sur sa propre culture dans un contexte civilisationnel radicalement autre

Si tant d'indices semblent conforter l'idée que la civilisation de Kmt est une civilisation négro-africaine, alors la compréhension de l'histoire de Kmt ne devrait pas faire l'économie d'une connaissance approfondie de l'histoire de l'Afrique noire : et vice versa...

Or, en matière d'organisation politique négro-africaine, l'on dispose d'abondants documents de la période dite "impériale" (les 17 premiers siècles de notre ère), dont l'examen attentif pourrait favoriser une meilleure connaissance des circonstances historiques de la formation de T3 Kmt.

A mon avis, les modèles d'organisation politique de l'Afrique impériale sont probablement les plus heuristiques pour décrire le processus politique de formation de T3 Kmt...

Apparemment, ce serait la voie empruntée par Bernadette Menu (2004), plus que ne l'a fait Midant-Reynes (2003). En fait, bien qu'ayant souligné des similitudes particulièrement saisissantes (des décennies à la suite de Diop et de toute l'Ecole africaine d'Egyptologie...), Madame Menu -tout comme sa compatriote- a surtout joué la sempiternelle carte de l'originalité "mystique" de Kmt : comme un étrange déplacement épistémologique du "miracle grec" vers un nouveau "miracle égyptien" ; lequel porterait plus spécifiquement sur l'origine de l'Etat...

Or, l'Etat de Kmt n'est pas le premier attesté dans la région : selon Bruce Williams, il y a eu d'abord T3 Sti...
Or, il apparaît de plus en plus indéniablement que les éléments culturels fondamentaux de T3 Kmt n'ont rien d'original en Afrique, puisque justement on les retrouve (souvent exactement tels quels) dans de nombreux autres contextes civilisationnels africains contemporains ou ultérieurs. En sorte que c'est une perspective de connaissance globale de ces divers contextes africains qui améliorerait plus sûrement l'entendement des spécificités locales kmtiennes, par contraste. De ce point ce vue, la démarche comparatiste globale adoptée par Diop/Obenga en linguistique devrait inspirée les travaux d'anthropologie politique (culturelle, économique) de Kmt...
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MessagePosté le: Mar 18 Sep 2007 12:40    Sujet du message: Répondre en citant

Confère le post sur : Bambara way of life :
Citation:
Le totémisme est l'un des arguments mobilisés par CAD pour démontrer que les Kmtyw étaient des Nègres "de l'espèce de tous les naturels d'Afrique", partangeant des us et coutumes attestées encore de nos jours principalement chez les peuples négro-africains. Les Fari de la Dynastie Zéro que l'on suspecte d'être plutôt des chefs de nomes (des Fa de Dugu?) avaient des emblèmes animaliers (Faucon, Scorpion, Crocodile, Lion, etc.) ; ce qui fait penser au Tné des Kéita, Traoré, Xisé et tant d'autres familles ayant connu un grand destin politique en Afrique ancienne...


Charles Lespinay et Raymond Verdier a écrit:
La première partie de ce volume […] montre […] que la formation de l’Etat égyptien n’est pas un hasard mais l’effet de la volonté de quelques grands rois (la « dynastie 0 » et les deux « fondateurs »), issus de clans ou de lignages originaires du Sud, et purement africains.

-Le "Sud" : n'est-ce pas de T3 Sti?

-Les "grands rois" : ne seraient-ils pas des Fa administrant des Dugu?
Citation:
Dès la seconde moitié du IVè millénaire avant JC, l’Egypte se constitue du Sud au Nord en une fédération de pouvoirs locaux dirigés par un chef unique, et dont les enseignes pourraient représenter les entités protectrices, gravées sur différents supports : poteries, étiquettes et objets divers en ivoire,palettes en grauwacke, têtes de massues hypertrophiées, etc. Ces enseignes semblent remplacer les emblèmes des clans dominants (les « totems » des ethnologues ) d’où sont issus les premiers rois et dont certains noms (Eléphant, Scorpion, Crocodile) rappellent ceux de clans actuellement répandus en Afrique.

-"Fédération de pouvoirs locaux" : n'est-ce pas un regroupement de Dugu d'une même région en vue de former un Kafu?

-Les "totems" des "ethnologues" seraient en réalité les Tné des Bambara (par exmple)...
Citation:
A leur tour, les enseignes seront évincées, lors de l’apparition du pouvoir pharaonique en son expression unique et absolue, par des symboles incarnant l’éternité et la toute-puissance du souverain. La coutume de nommer le roi sacré du nom de l’entité protectrice de son clan, de son territoire et/ou de sa titulature, nom repris parfois ensuite par le clan lui-même, se retrouve par exemple au XVIè siècle dans le Sénégal casamançais où un roi « Crocodile » (Bamba en manding, Jareg en baynunk) est en sécession à l’égard de son suzerain, le roi de Casamance. On connaît aussi, entre autres, le cas des empereurs Kéita du Mali au XIIIè siècle dont le lion est l’emblème.

Un kêlêtigui (un chef de guerre) aurait-il regroupé des Kafu situés entre le T3 Sti et le Delta du Nil, à la suite de dissensions chroniques parmi les Aînés, en vue de former une Mansaya, ie une fédération politique dite T3 Kmt gouvernée par un Fari/Mansa?

Si tel était le cas, les conditions de formation politiques d'Etats africains anciens comme Wagadu, Mali, Kongo-dyna-Nza, pourraient nous instruire des circonstances de l'émergence de l'Etat pharaonique de T3 Kmt (voire de celui de T3 Sti...)...
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OGOTEMMELI
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MessagePosté le: Mer 19 Sep 2007 10:25    Sujet du message: Répondre en citant

Aspects géopolitiques du Prédynastique

Il importe de se représenter précisément dans l’espace-temps la situation politique de la vallée égypto-nubienne du Nil « à l’aube » des dynasties kmtiennes (au IVè millénaire avant notre ère). Cela permet de bien voir que Kmt n’advint pas de néant, mais que son processus de formation est profondément ancré dans un contexte afro-africain ancien, sans aucune interférence étrangère : où l’on voit que la théorie du multiculturalisme des origines est une fumisterie, surtout si elle suppose des apports politico-culturels non-africains aux temps matriciels…

Alain Anselin a écrit:
L’archéologie a dégagé les nécropoles de véritables élites sociales sur les sites de Hiérakonpolis, Abydos et à un degré moindre, Nagada pour la période de Nagada II.

En fait, sans que l’on puisse constater de rupture culturelle jusqu’à la première dynastie, le pouvoir semble s’être déplacé du sud vers le nord, de Hiérakonpolis vers Abydos, et de là vers Memphis, où le pharaon Aha de la Ière dynastie transfère le centre du pouvoir pour le rapprocher du grenier du delta, et des carrefours du grand commerce lointain.

Les cimétières nagadéens sont les premiers livres de l’histoire de l’Egypte et livrent les premières inscriptions, aussi laconiques qu’elliptiques, connues, en écriture hiéroglyphique, sur le flanc des jarres, sous l’empreinte des sceaux, et sur les objets rituels du pouvoir, têtes de massue, palettes, manches de couteaux.

En partant dans l’espace du sud vers le nord, on aboutit, à l’aube des dynasties thinites, c’est-à-dire des dynasties qui administrent en leur palais une Egypte unifiée, à un château de cartes de six régions politiques :

1/ La Basse Nubie ou T3-Sti identifiée par les « Couronnes Blanches » du cimetière L de Qustul[…]

2/ La Haute Egypte de la Couronne Blanche ou T3-Sm’w installée autour de Hiérakonpolis, Nekhen […]

3/La Haute Egypte de la Couronne Rouge, située dans les grasses plaines de confluence du Nil et du wâdi Hammamat […] dont la capitale Nwbt (Nagada) doit sa prospérité très ancienne, dès le Nagada I/II, au commerce de l’or extrait des mines voisines.

4/ Le T3 Wr de la Double Couronne […] autour de sa capitale Tni, et de sa nécropole royale d’Abydos […] Les égyptologues s’accordent à tenir en Abydos ou plutôt This, Tni […], le lieu depuis lequel l’unification de l’Egypte a été réalisée […]

5/ Le T3 Mh, le delta, oriental, terrestre et caravanier, de Maadi au Nagada I/IIa (-3900/-3600), central, fluvial et portuaire de Dep et W3dt (Buto) à partir de -3600 […]

6/ La côte palestinienne, autour des sites de En Besor Oasis, Tel Erani et Beersheva, qui placent en retour la culture cananéenne sous l’influence de la culture nagadéenne de Basse Egypte, autour d’une vingtaine de sites qui témoignent de la « colonisation égyptienne de la plaine méridionale et des basses terres de Canaan durant l’Early Bronze I Period de la culture de Beersheva."

[in Africa Antigua, 2001, pp21-40 : Les hiéroglyphes de l’architecture et l’histoire de l’Egypte antique (quatrième millénaire avant JC)]

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MessagePosté le: Jeu 20 Sep 2007 20:59    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
[...] en matière d'organisation politique négro-africaine, l'on dispose d'abondants documents de la période dite "impériale" (les 17 premiers siècles de notre ère), dont l'examen attentif pourrait favoriser une meilleure connaissance des circonstances historiques de la formation de T3 Kmt.

A mon avis, les modèles d'organisation politique de l'Afrique impériale sont probablement les plus heuristiques pour décrire le processus politique de formation de T3 Kmt...


Maurice Delafosse a écrit:
La famille [africaine] est basée, non sur le mariage, mais sur la descendance. Une famille ainsi comprise est destinée à s'accroître de génération en génération, sans aucune limite numérique en principe.

Dans la pratique, une limite est forcément apportée à son extension par la superficie des terres cultivables qui constituent le lot acquis par l'ancêtre et qui fournissent aux descendants de celui-ci leurs moyens de'existence.

Lorsque l'étendue de ces terres devient insuffisante, une fraction de la famille se détache du noyeau primitif et s'en va, sous la conduite de l'aîné de ses membres, chercher ailleurs un terrain encore inoccupé, sur lequel elle s'établit.

Cette fraction devient alors une nouvelle famille, issue de la première, mais formant, du simple fait qu'elle ne vit plus sur le même sol, une communauté distincte. Tous les liens cependant ne sont pas rompus. Les deux familles, et celles qui, postérieurement, sont issues de l'une ou de l'autre dans les mêmes conditions et à la suite de circonstances analogues, se souviennent qu'elles ont une ascendance commune, les mêmes traditions initiales. [...]

Tant que les familles d'un même clan, quoique vivant sur des lots de terre distincts, continuent à habiter la même région, ces liens moraux se doublent en général de liens politiques, le patriarche de la famille dont sont sorties les autres remplissant les fonctions de chef de clan.

[...] Ces liens persistent même là où des familles du clan ont adopté une langue étrangère et ont, en quelque sorte, changé de nationalité.

[...] il est incontestable que la conversion à une autre foi, si cette conversion est sincère et ne se borne pas à l'adoption de quelques rites surérogatoires, détermine une cause de dissociation de la famille [...]
[Les Nègres, éd. L'Harmattan, 2005, pp.37-39]

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MessagePosté le: Jeu 20 Sep 2007 21:59    Sujet du message: Répondre en citant

Herodote a écrit:
Les Ioniens ont une opinion particulière sur ce qui concerne l'Égypte ; ils prétendent qu'on ne doit donner ce nom qu'au seul Delta, depuis ce qu'on appelle l'Échauguette de Persée, le long du rivage de la mer, jusqu'aux Tarichées de Péluse, l'espace de quarante schènes ; qu'en s'éloignant de la mer l'Égypte s'étend, vers le milieu des terres, jusqu'à la ville de Cercasore, où le Nil se partage en deux bras, dont l'un se rend à Péluse, et l'autre à Canope. Le reste de l'Égypte, suivant les mêmes Ioniens, est en partie de la Libye, et en partie de l'Arabie.

En admettant cette opinion, il serait aisé de prouver que, dans les premiers temps, les Égyptiens n'avaient point de pays à eux; car le Delta était autrefois couvert par les eaux, comme ils en conviennent eux-mêmes, et comme je l'ai remarqué ; et ce n'est, pour ainsi dire, que depuis peu de temps qu'il a paru. Si donc les Égyptiens n'avaient point autrefois de pays, pourquoi ont-ils affecté de se croire les plus anciens hommes du monde? Et qu'avaient-ils besoin d'éprouver des enfants, afin de s'assurer quelle en serait la langue naturelle?

Pour moi, je ne pense pas que les Égyptiens n'ont commencé d'exister qu'avec la contrée que les Ioniens appellent Delta, mais qu'ils ont toujours existé depuis qu'il y a des hommes sur terre ; et qu'à mesure que le pays s'est agrandi par les alluvions du Nil, une partie des habitants descendit vers la basse Égypte, tandis que l'autre resta dans son ancienne demeure ; aussi donnait-on autrefois le nom d'Égypte à la Thébaïde, dont la circonférence est de six mille cent vingt stades.

[Livre II, Euterpe, XV]

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MessagePosté le: Ven 21 Sep 2007 09:27    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Si tel était le cas, les conditions de formation politiques d'Etats africains anciens comme Wagadu, Mali, Kongo-dyna-Nza, pourraient nous instruire des circonstances de l'émergence de l'Etat pharaonique de T3 Kmt (voire de celui de T3 Sti...)...

Voici un dernier extrait de texte. Après quoi, je proposerai un commentaire de l'ensemble de matériau ainsi réuni, dont on peut ne pas voir d'emblée quels liens ils auraient avec "l'origine de Kmt"...
Viviana Pâques a écrit:
[…] à l’origine le sol appartient aux génies et le chef successeur du fondateur du village est le seul qui puisse établir un contact avec le chef des génies et traiter avec lui. Il est l’administrateur terrestre du génie ; il assure son culte, l’exploitation du sol et l’organisation de la communauté territoriale. Le premier chef de la terre a été le premier occupant ; les chefs successifs sont ses héritiers suivant l’ordre successoral.

Pour fonder un nouveau village, un chef choisit l’emplacement du territoire non encore occupé, généralement à un nœud de routes, à une proximité d’un point d’eau, près d’un baobab, d’un doubalé ou de tout autre arbre sacré.Il offre des sacrifices aux génies et reçoit en échange de ceux-ci l’autorisation de s’installer. Son groupement prospère, des familles moins bien partagées veulent s’établir sur cette terre propice, elles en demandent l’autorisation au chef. […]

Toute communauté familiale devient patriarcale à la mort du chef de famille lorsque celui-ci demeure sans héritiers […] ; elle groupe alors autour d’elle les communautés familiales enfermant elles-mêmes des communautés consanguines et utérines. Lorsque la patriarchie est ancienne, un nombre considérable de personnes vivent sous son égide. Toutes se reconnaissent des dyamu et des interdits […] communs.

Quand l’agglomération devient trop peuplée, un fa essaime et fonde un village. Par la suite les gens des contrées voisines peuvent solliciter le patronage du premier village, en participant à ses djo et en sacrifiant à ses génies protecteurs.

L’assemblée de tous ces villages forme un kafo ou kafu (canton), qui comprend la première famille installée, ses plus anciens voisins, les habitants des autres villages, enfin les étrangers.

Tous ces gens se reconnaissent des intérêts communs et les villages d’un même canton envoyaient des représentants à l’assemblée qui se tenait à la résidence du chef. Ainsi la grande famille grandit en patriarchie pour former un dugu (village) et s’épanouit en kafu.

Parfois à la suite de fragmentations, certains communautaires adoptent un dyamu spécial et d’autres interdits ; le nouveau dyamu s’adjoint à l’ancien et peu à peu le supplée.

Les principes caractéristiques de la communauté mère subsistent auxquels s’ajoutent quelques traits nouveaux, mais jamais la parenté entre les deux ne s’éteint.

Inversement, les Indigènes même de race différente portant le même dyamu sont considérés comme parents entre eux, ce qui implique de leur part le respect des traditions ancestrales vis-à-vis du culte, la pratique de l’entraide mutuelle, le respect de l’autorité du Fa qui doit protéger tous ses parents si loin qu’en remonte le lignage, la fidélité à tous les pactes intervenus entre communautés.

Enfin entre les individus de race différente, certains dyamu, bien que dissemblables, sont tenus pour équivalents et peuvent s’interchanger.

[Cf. Viviana Pâques, Les Bambara, éd. L’harmattan, 2005, pp54-55]

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OGOTEMMELI
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MessagePosté le: Sam 22 Sep 2007 15:56    Sujet du message: Répondre en citant

De T3 Sti à T3 Kmt

1/ Selon le témoignage d’Hérodote, ce sont des habitants de la Haute-Egypte qui ont occupé les terres « au dessous du Lac Moeris », à mesure que les alluvions du Nil asséchaient ces marais, remplissant progressivement un golfe de la mer Méditerranée, à l’embouchure même du Nil, jusqu’à former un delta. A noter que les travaux contemporains de géologie archéologique confirment ce point (cf. Jacques Labeyrie, L’homme et le climat, 1985)...

Donc, ce ne seraient pas des gens venus du Proche-Orient qui auraient crée ce qu’on appelle « royaume de Basse-Egypte » (comme ne le dit pas Midant-Reynes, bien qu’elle semble le penser très fort...), mais des Africains qui y ont installé des Dugu...

Par ailleurs, comme l’installation dans le Delta date du nagadéen (donc du Prédynastique), on ne devrait pas dire que c’est le fait de Haut-égyptiens, c’est-à-dire de Kmtyw, puisque Kmt n’existait pas encore à cette époque. En revanche, T3 Sti existait, et a probablement été la puissance politique à partir de laquelle ces installations avaient été initiées. Leurs initiateurs étant par conséquent, non pas des Haut-Egyptiens, mais des Bas-Nubiens : ce qu’attesterait leur emblème politique de la « Couronne Blanche » ; celle justement de T3 Sti…


2/ L’extrait de Viviana Pâques est un cas particulier (en l’occurrence Bambara) du cas général exposé par Maurice Delafosse sur les modalités socio-politiques d’expansion des nations nègres. En effet, il semble que, dans le passé, la création d’entités politiques par les Africains consistait principalement en l’occupation d’un territoire inhabité par une population dont le noyau dur était composé d’un ensemble de familles (primo-occupantes) se reconnaissant dans un ancêtre commun. Cette manière de faire-société est favorisée en Afrique par un contexte d’immensité géographique, de grande disponibilité de terres, avec ses 30 millions de kilomètres carrés…

3/ L’ ancêtre commun est l’Aîné des primo-occupants ayant contracté alliance avec les forces vitales (ou « génies ») des lieux : c’est-à-dire ayant pu fusionner consciemment sa propre énergie-vie avec les flux d’énergie-vie circulant dans ces lieux, pour le compte de sa famille et de leurs futures descendances, en vue d’une installation paisible ; respectueuse de ces forces (ou flux) et respectée par elles.

La réactualisation périodique de cette alliance/symbiose originelle fait l’objet de pratiques cultuelles, spirituelles, jugées indispensables à l’équilibre cosmique et social de la communauté des morts aussi bien que des vivants. Dans ce dispositif cultuel commémorant l’ancestralité et le pacte originel, l’Aîné primordial est souvent perçu par les Blancs (ethnologues, anthropologues, égyptologues, etc.) comme un équivalent de ce qu’ils appellent « Dieu » dans leur propre culture

Pourtant, le premier Aîné (par exemple Wsr, Xisé, Nimi'a Lukeni Lwa Nzinga, etc.) n’est pas seulement une figure spirituelle, c’est aussi une figure politique. Ce n’est pas seulement un objet de culte, ou un "héros mythique", ce fut aussi un être humain en chair et en os, ayant réellement existé, dont le très lointain souvenir de la vie terrestre s’estompe progressivement au profit de sa fonction cultuelle ; celle-ci étant chaque fois renouvelée par des rites dédiés (cf. Josep Cervello Autuori). Il n’en demeure pas moins qu’en tant que figure politique, la personne de l’Aîné est régulièrement actualisée dans la personne même du souverain régnant. « Le guide des morts est le père des rois » : chaque Meny/Mwene incarne symboliquement l'Aîné Primordial…

A partir du foyer d’installation initiale, d’autres lieux alentours peuvent être occupés ultérieurement par des groupes de familles issues du premier, toujours sous la houlette d’un Aîné. On considère généralement que cette expansion est dûe à la pression démographique exercée sur le territoire initial. Pourtant, il y a une autre cause possible d’exode : celle qui consiste dans les dissensions politiques, notamment à l’occasion de querelles de succession entre familles d’élites sociales : ce fut le cas d’Abla Pokou obligée de s’exiler avec ses alliés, après que son fils a été évincé de son droit de succéder au trône ashanti. Elle est alors devenue l’ancêtre des Ba-wuli (ou Baoulé). Aussi semble-t-il que ce soient également des conflits politiques qui expliquèrent l’émancipation de la Dynastie Zéro du giron de la fédération du T3 Sti
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MessagePosté le: Mar 25 Sep 2007 14:29    Sujet du message: Répondre en citant

De T3 Sti à T3 Kmt

Citation:
Aussi semble-t-il que ce soient également des conflits politiques qui expliquèrent l’émancipation de la Dynastie Zéro du giron de la fédération du T3 Sti…

En tout cas, l’autonomisation politique des élites basse-nubiennes survient au moment où T3 Sti connaît une période séculaire de déclin, de relâchement de son autorité politique sur la partie septentrionale de son territoire…

Cette cause conflictuelle pourrait également expliquer d’une part le transfert de la capitale du pays de la Dynastie Zéro, de Nekhen vers Nwbt. D’autre part, l’abandon par ces gens du Faucon de la « Couronne Blanche », comme dernier avatar de leur ancienne allégeance au T3 Sti dont c’était l’emblème, au profit de l’instauration d’une « Couronne Rouge » symbolisant l’émergence d’une nouvelle formation politique de la vallée du Nil, concurrente du Pays-de-l’Arc…

Or, ce Pays-de-l’Arc contrôlait les principales routes du commerce lointain : aussi bien avec les pays de l’hinterland africain, qu’avec ceux asiatiques des pourtours de la Mer rouge. T3 Sti importait par exemple des « produits syro-palestiniens » (cf. Bruce Williams cité par Anselin). En conséquence, la viabilité -a fortiori l’expansion- du pays de la « Couronne Rouge » nécessitait l’ouverture de nouvelles voies de commerce lointain et d’approvisionnement en produits d’importation.

Cela a pu motiver l’installation progressive de Dugu dans le Delta, en vue de contrôler l’accès aux routes du Proche-Orient, notamment syro-palestiniennes : routes caravanières, puisque les routes maritimes de la Mer Rouge demeuraient sous contrôle du T3 Sti.

Ce serait alors la signification essentielle du document archéologique dit « Palette aux Vautours », où un Lion (une armée à l’emblème de lion ?) massacre des Syro-palestiniens vêtus d’un simple étui pénien, dont les cadavres font le festin d’une nuée de vautours. La même interprétation peut être faite de la pièce dite « Palette au Taureau », où un taureau massacre également un Syro-palestinien...

En tout cas, le lion est attesté comme étant un des tné de la Dynastie Zéro : comme si des expéditions sporadiques des gens de la Couronne Rouge allaient « pacifier » le Delta convoité par des Syro-Palestiniens, à la faveur du déclin de T3 Sti qui contrôlait auparavant cette région jusqu’au sud de la Palestine (de Canaan)…

Dans cette perspective, je voudrais proposer une autre interprétation du document dit « Palette de Nârmer », lequel est généralement considéré comme énonçant l’unification des deux couronnes (rouge et blanche)…

On peut voir cette « palette » comme un document :
- relatant le présent au recto, et le passé au verso ;
- où sur chaque face, les événements sont d’autant plus récents qu’ils sont figurés à la partie supérieure.

Au verso, c’est un personnage coiffé de la couronne blanche qui combat victorieusement des Syro-palestiniens dans la scène supérieure. Tandis qu’au dessous de cette scène gisent (ou flottent) d’autres étrangers vaincus.

Au recto, c’est un personnage coiffé de la couronne rouge que l’on distingue dans une procession avançant vers des vaincus décapités. Au dessous de cette scène, deux personnages (apparemment égypto-nubiens) domptent deux hydres au corps de félin et aux longs cous de reptiles entrelacés. Encore au dessous de cette deuxième scène se trouve un taureau détruisant le symbole d’une agglomération dont les habitants sont représentés par le type dit « Syro-palestinien »...

Il résulte de cette rapide description que la fameuse « Palette de Nârmer » ne serait pas un document d’unification des deux couronnes. Elle relaterait plutôt les conditions historiques de leur succession dans le delta : autrefois sous contrôle du T3 Sti (au verso), mais désormais sous l’autorité des gens de Nwbt (au recto)...

En effet, le siège politique de la Couronne Blanche se trouvant en Nubie du T3 Sti, il n’est pas très pertinent d’induire que des scènes de victoires militaires successives dans le Delta, de surcroît sur des ennemis « Syro-Palestiniens » seraient la preuve de l’unification des couronnes rouge et blanche...

En réalité, cette unification n’interviendra que beaucoup plus tard, à l’issue des succès militaires de T3 Kmt sur T3 Sti ; soit au temps de « Sesostris III» de la XIIè dynastie. Par conséquent, la conquête du delta au Prédynastique permet « seulement » aux gens de Nwbt de fonder une Fédération politique de Haute et Basse Egypte, qu’ils nommeront le Double-Pays (ou T3 Wy) ; afin de s’ouvrir une voie stratégique pour le commerce international. Il créent ainsi un second Etat pharaonique (et non le premier...), après le T3 Sti, dans la vallée du Nil...

L'intérêt hautement stratégique du delta pour cette nouvelle Fédération politique expliquerait l'installation de sa capitale politique à l'orée même de cette région, dans la ville de Mn Nfr (ou Memphis) ; leur ville sainte demeurant W3st (ou Thèbes)...
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MessagePosté le: Mer 03 Oct 2007 05:21    Sujet du message: Répondre en citant

Kmt : entre enclume et marteau...

Ayant échoué à faire prendre Kmt pour une société politique non-africaine, d’aucuns égyptologues ont subrepticement concédé d’en « faire » une société multiculturelle. L’inconfort de cette nouvelle perspective historiographique consiste en ce que ces auteurs n’arrivent pas à étayer suffisamment cette multiculturalité originelle de Kmt...

Ils renonçent ainsi à expliquer T3 Kmt à partir de son véritable contexte politique matriciel africain, sans parvenir pour autant à lui « trouver » une détermination socio-politique « asiatique », « syro-palestinienne ». Dans cet entre-deux où ils se tiennent en funambules, ces égyptologues se résolvent à inventer un nouveau modèle « miracologique » : celui d’un « miracle kmtien », après le fameux « miracle grec » toujours vivace d’ailleurs…

Ainsi, Kmt ne serait certes pas né de néant, mais serait d’une originalité ontologique, immanente, telle que rien en dehors de lui-même n’expliquerait ce phénomène ; et surtout pas des déterminations socio-culturelles afro-africaines, je veux dire négro-africaines. La concession au multiculturalisme devient alors une simple prétérition, puisque concrètement elle continue d’interdire de mobiliser les éléments nègres de ce soit-disant métissage originel de Kmt. Cela, compte tenu de la formation universitaire non-africaniste des égyptologues, aussi bien qu’en raison de préventions idéologiques tenaces, quoique désormais inavouables…

Or, on ne peut comprendre clairement l’histoire politique de T3 Kmt si on élude le conflit politique originel dont celle-ci procède. Celui ayant amené des entités nubiennes de la Fédération du T3 Sti à faire sécession en sa partie septentrionale, puis à se rassembler sous l’emblème d’une Couronne Rouge, et progressivement à fonder un Double-Pays. Le vrai problème que pose une telle séquence historiographique à certains auteurs, c’est justement qu’elle pointe d’emblée explicitement l’origine nubienne, donc négro-africaine, immédiate des populations africaines qui vont progressivement devenir kmtiennes…

Ce d’autant plus que pour fonder T3 Kmt, ces ex-Nubiens vont « pacifier » le Delta en combattant, voire en massacrant, les pasteurs asiatiques qui y séjournaient périodiquement en vue de faire paître leur bétail (du temps où T3 Sti régnait sur ces contrées), et qui envisagèrent d’en occuper la partie orientale (à l’occasion du déclin de T3 Sti) ; celle donnant sur les routes caravanières stratégiques du commerce lointain avec le Proche-Orient. Ces initiatives militaires dans le Delta n'avaient donc rien à voir avec un quelconque projet de "métissage" culturel. Elles visaient au contraire à "nettoyer" cette contrée de l'implantation progressive jugée menaçante des "Syro-Palestiniens"…

Ces deux événements majeurs à l’origine de la formation de T3 Kmt -sécession à T3 Sti et pacification dans le Delta- vont surdéterminer toute l’histoire multimillénaire de l’Egypte pharaonique. Où les Asiatiques seront toujours la figure emblématique de l’étranger ; tandis que les Nubiens seront les concurrents politiques par excellence, ces frères-ennemis politiques, tantôt alliés tantôt adversaires. Au demeurant, plus souvent alliés qu’adversaires. Où les nations asiatiques n'auront de cesse de prendre leur revanche sur ces graves humiliations militaires originelles à elles infligées par la puissance africaine naissante. Où T3 Sti tentera d'arbitrer au mieux de ses propres intérêts (politiques, militaires et économiques) les effets des conflits récurrents entre T3 Kmt et l'Asie, au fil de millénaires…

- Les politiques kmtiennes de l’immigration viseront essentiellement les populations asiatiques (et lybiennes).

- Les principales attaques politico-militaires subies par T3 Kmt seront le fait de puissances asiatiques.

- Les restrictions aux frontières méridionales de T3 Kmt viseront essentiellement à réguler les flux commerciaux, en vue d’en tirer le meilleur parti économique, notamment fiscal, et d’accéder à certaines voies du commerce lointain dans l’hinterland africain.

- Les alliances politiques ou militaires, en vue de vaincre les assaillants étrangers se noueront principalement avec T3 Sti.

- Les deux pays africains seront unifiés à deux reprises : au Moyen Empire, par la XIIè Dynastie originaire de Wst (en Haute-Egypte), dont le premier pharaon était le fils d’une Nubienne. Et par la XXVè dynastie entièrement constituée de dynastes nubiens...

- Et il s’agit bel et bien d’unifications politiques, tandis que l’expansion géographique de T3 Kmt en Asie sous la houlette de la XVIIIè Dynastie est véritablement une entreprise punitive, et surtout de conquêtes impérialistes menées par un pays africain au summum de sa puissance économique et militaire

Par ailleurs, le défit originel à T3 Sti pourrait également expliquer l’hypertrophie des monuments funéraires à la gloire des premières dynasties kmtiennes, celles de l’Ancien Empire. En effet, les Kmtyw n’ont pas inventé l’architecture monumentale en Afrique (ni d’ailleurs les hiéroglyphes…), puisque celle-ci existait déjà au T3 Sti ; mais ils l’ont sublimée : en construisant des monuments d’un gigantisme extravagant, multipliant les prouesses technologiques nécessaires à cette sublimation...

Comme si par la construction de pyramides ou obélisques encore plus immenses et plus fastueux que ce qu’il y avait à T3 Sti, les Kmtyw de l’Ancien Empire voulaient démontrer leur plus grande ingéniosité, leurs plus grandes capacités de mobilisations des ressources collectives, comparativement à leurs « éternels » frères-ennemis du T3 Sti ; principaux concurrents sur l’échiquier géopolitique africain (voire mondial)…

L’on connaît un cas similaire à notre époque dite « moderne », avec les colons européens partis s’installer en Amérique, notamment aux EUA. Ces derniers y ont développé un gigantisme architectural (grosses bagnoles, immenses autoroutes, incommensurables gratte-ciels) demeuré pendant des décennies l’un des principaux symboles de leurs puissance, prospérité, créativité prétendument supérieures à leurs « frères » européens...

Pourtant, désormais le must pour un Etatsunien fortuné, c’est d’acquérir un vieux château médiéval en Europe, de consommer la gastronomie française (ou plus généralement européenne), et de rouler en Lexius (ou autre véhicule moins énorme et moins polluant). Il n’en demeure pas moins que les buildings américains auront profondément influencé l’architecture contemporaine ; même si les constructions à nombreux étages étaient connus de longue date, par exemple à travers les hôtels particuliers hausmaniens. et que les gros 4x4 qui pilulent désormais partout sont inspirés du gigantisme automobile amerloque…
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MessagePosté le: Ven 05 Oct 2007 06:08    Sujet du message: Répondre en citant

Je voudrais étayer certains paragraphes de mon précédent post avec des citations d'auteurs, notamment en vue de permettre à d'aucuns n'étant pas familiers à ce débat de trouver ici des éléments de référence bibliographique succincte...
Citation:
Ayant échoué à faire prendre Kmt pour une société politique non-africaine, d’aucuns égyptologues ont subrepticement concédé d’en « faire » une société multiculturelle. L’inconfort de cette nouvelle perspective historiographique consiste en ce que ces auteurs n’arrivent pas à étayer suffisamment cette multiculturalité originelle de Kmt...

Aboubacry Moussa Lam a écrit:
L'un des pères de l'égyptologie, Gaston Maspero (1846-1916) n'hésita pas à blanchir les anciens Egyptiens et à en faire des envahisseurs venus de l'extérieur de l'Afrique [Cf. Histoire ancienne des peuples de l'Orient].

Pour Claire Lalouette, ils étaient des métis d'Africains et de Sémites mais ces derniers seraient dominants et viendraient d'Asie à partir du 4è millénaire [Cf. L'art et la vie dans l'Egypte pharaonique].

Avec Jean Leclant, le débat franchit un pas très important. Cet auteur reconnaît en effet que pour comprendre culturellement l'Egypte ancienne il faut regarder du côté des civilisations négro-africaines ; mais attention, il y a une chose qu'il ne faut pas perdre de vue : les anciens Egyptiens n'étaient pas des Noirs car "jamais les egyptiens de l'époque pharaonique ne se sont considérés eux-mêmes comme des Noirs" ; d'où donc la nécessité de ne pas confondre race et civilisation. [...]

Maurizio Damiano-Appia est celui qui a eu le courage de reconnaître les manipulations faites par ses prédécesseurs autour d'une prétendue "Race Dynastique" blanche et mésopotamienne, afin d'exclure les Africains de la genèse de la civilisation égyptienne. Malgré cela, il pense que les Egyptiens étaient une race à part, race faite d'une "synthèse magique" impliquant des groupes venus des quatre points cardinaux se retrouver en Egypte [Cf. Dictionnaire encyclopédique de l'ancienne Egypte et des civilisation nubiennes]. [...]

Ainsi de Maspero à Damiano-Appia, l'Egyptien passe du Blanc le plus pur au métis le plus parfait et se serait définitivement séparé de l'Africain (terme utilisé par les spécialistes occidentaux pour rester dans le flou) au Sahara du fait de la Désertification.


[Aboubacry Moussa Lam, La vallée du Nil, berceau de l'unité culturelle de l'Afrique Noire, éd. Khepera/Presses Universitaires de Dakar, pp.103-105]

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MessagePosté le: Sam 27 Oct 2007 23:47    Sujet du message: Répondre en citant

Salut Ogotemmeli, j'ai beaucoup apprécié ce sujet. On voit que tu as fait beaucoup de recherches. Ce n'est pas toujours facile de se retrouver quand on étudie l'histoire de l'Egypte et notamment l'histoire de ses débuts. Une question me turlupine: Les Egyptiens viennent-ils directement du sud de l'Afrique ou alors se trouvaient-ils tout d'abord en Afrique du nord (gravure rupeste du Tassili) pour se rendre en Egypte quand le Sahara s'est désséché?

Y a-t-il eu des hommes au début du néolithique aussi bien au Sahara qu'en Egypte ou alors le Sahara a-t-il eu la prééminence sur l'Egypte?
Merci d'avance.
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MessagePosté le: Dim 28 Oct 2007 21:06    Sujet du message: Répondre en citant

J'ai fait quelques petites recherches sur un livre de Babacar Sall, "Racines éthiopiennes de l'Egypte ancienne". Et j'y ai trouvé la réponse.

Selon lui "si les pratiques néolithiques ont été apportées en Egypte et en Lybie supérieure et moyenne, c'est qu'elles venaient d'ailleurs" p 193.

Pour les néophytes, la préhistoire comprend en gros (et pour simplifier) deux grandes périodes: le paléolithique et le néolithique séparées par la quatrième glaciation. Le néolithique commence entre -12 000 et - 10 000 selon les auteurs et se termine par l'invention de l'écriture et la généralisation de la metallurgie vers -3 000.
Le Néolithique est marqué par de profondes mutations techniques et sociales, liées à l’adoption par les groupes humains d’une économie de production basée sur l’agriculture et l’élevage, et impliquant le plus souvent une sédentarisation. Les principales innovations techniques sont la généralisation de l'outillage en pierre polie et de la poterie en céramique.



Selon Babacar Sall, "les foyers néolithiques les plus anciens d'Egypte sont ceux du Fayoum (daté de -5 000) et de Mérimdé Béni Salamé. Or leur zone d'épanouissement n'a pas connu d'Epipaléolithique (extrême fin du Paléolithique). Voilà un ensemble de faits qui militent pour un Néolithique apporté en Egypte" p 194.

Mais de quelle région, ce néolithique a-t-il été apporté en Egypte?

"Le site de Khartoum n'a pas été daté antérieurement à 4 000 avant J-C. Le site de Nabta Playa (en Haute Egypte à 100 km à l'ouest d'Abou Simbel) est daté du VIe millénaire avant J-C. "p 195

"Au 5e millénaire , le désert du Sahara n'existait pas. Les éleveurs de bovidés y vivaient avec leur troupeux jusqu'au début de 2e millénaire avant J-C." Donc les population des massifs sahariens n'ont pas pu se rendre en Egypte puisqu'elles connaissaient de bonnes conditions.
De plus, selon Babacar Sall, "en Lybie inférieure ( nord de la Lybie), au nord de la latitude de la pointe du Delta, les plus vieilles dates de manifestations néolithiques tournent autour de -5 000." p 196

En fait, il faudrait chercher l'origine du néolithique en Egypte "dans l'espace éthiopien (saharo-soudanais) au VIIe millénaire avant J-C" p 197. "L'espace couvert par cette culture dans ses pus anciennes manifestations est au sud du Tropique. C'était à l'époque (-7 000) un monde éthiopien comme le montrent l'Homme d'Asselar (qui pratiquait encore l'avulsion des incisives comme la Dame d'Amekni dans le Hoggar), les restes d'un enfant à Ouan Muhuggiag, le squelette d'Amekni etc..." p 198

Si tu veux, on peut créer un topic différent pour parler du néolithique en Afrique et dans le monde et pourquoi pas du paléolithique. Ces questions m'intéressent.
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MessagePosté le: Mar 30 Oct 2007 04:28    Sujet du message: Répondre en citant

djehouti a écrit:
Salut Ogotemmeli, j'ai beaucoup apprécié ce sujet. On voit que tu as fait beaucoup de recherches. Ce n'est pas toujours facile de se retrouver quand on étudie l'histoire de l'Egypte et notamment l'histoire de ses débuts.

Une question me turlupine: Les Egyptiens viennent-ils directement du sud de l'Afrique ou alors se trouvaient-ils tout d'abord en Afrique du nord (gravure rupeste du Tassili) pour se rendre en Egypte quand le Sahara s'est désséché?

Y a-t-il eu des hommes au début du néolithique aussi bien au Sahara qu'en Egypte ou alors le Sahara a-t-il eu la prééminence sur l'Egypte?
Merci d'avance.

[...]

J'ai fait quelques petites recherches sur un livre de Babacar Sall, "Racines éthiopiennes de l'Egypte ancienne". Et j'y ai trouvé la réponse. [...] Si tu veux, on peut créer un topic différent pour parler du néolithique en Afrique et dans le monde et pourquoi pas du paléolithique. Ces questions m'intéressent.

Salut Djehouti,

Mille excuses pour le retard que je mets à te répondre. Je suis un peu comme ces gamins qui voient plus gros que leur ventre. En effet, j'ai ouvert moult chantiers sur ce forum et ailleurs (arbre cosmique, symbolique des couleurs, théorie linguistique, etc.), mais je ne suis plus en mesure de tout poursuivre, encore moins d'en achever...

En fait, actuellement, je phospore plutôt sur le Yovodah. Si bien qu'il m'est difficile de continuer à alimenter ce topic-ci de façon relativement documentée. Eh oui, il y a des cycles comme ça : tantôt on a envie de s'intéresser à tel sujet particulièrement, et brusquement on repart vers un autre, puis un énième ; avant éventuellement de revenir au premier de la séquence, si l'on n'a pas eu entretemps envie de rouvrir un plus ancien "dossier"...
---------------------
La réponse de Babacar Sall installe solidement le Néolithique kmtien dans les courants préhistoriques de la vallée du Nil, depuis les Grands Lacs. Avec Aboubacry Moussa Lam (La Vallée du Nil, berceau de l'unité culturelle de l'Afrique noire), ils me semblent avoir marqué des points inexpugnables dans la fausse alternative entre "Sahara" et "Nubie" pour ce qui concerne l'origine des courants néolithiques kmtiens. Mais, comme tu le suggères, il conviendrait d'ouvrir un topic dédié à cette épineuse question si passionnante. Juste deux remarques d'ordre paléo-géologique :

- Depuis la Nubie jusqu'à la latitude du lac Fayoum, la vallée du Nil n'est que le prolongement oriental africain d'un vaste milieu écologique allant de l'Atlantique (à l'Ouest) jusqu'à englober toute la Péninsule Arabique (à l'Est). Seule une perspective pluridisciplinaire globale de cette immense région permettrait de mieux comprendre les mécanismes de son peuplement : au Pléitocène, à l'Holocène, au Prédynastique...

- Depuis les Grands Lacs jusqu'aux côtes est-africaines de la Méditerranée, le Nil est l'artère principale de diffusions, échanges, interactions entre les peuples africains aimantés (ou expulsés...) par l'éco-système de sa vallée. Ce Nil est comme un symbole naturel du continuum anthropologique entre les différentes régions qu'il traverse, et ainsi relie...

Corrolaire de ces remarques : des courants transversaux et des courants verticaux ont très probablement déterminé les mécanismes de peuplement de la vallée du Nil, depuis la Nubie jusqu'au Delta ; ce de manière concommitante, alternative ou successive selon les périodes considérées...

Pour autant, au Prédynastique, à l'époque dite de Nagada, de la Dynastie 0 ou de la Dynastie 00, les phénomènes politiques qui surviennent en Haute-Egypte sont surdéterminés par ceux déjà survenus en Nubie du T3 Sti. De même, ceux qui sont survenus ultérieurement en Basse-Egypte sont surdéterminés par l'émergence de la Couronne Rouge de Haute-Egypte ; celle des Sm3w hr...


P.S.
Sm3w hr (Shemsou Hor) ressemble beaucoup à Suma Oro (ou Sumahoro, Sumanguru). Leur totem/tné était respectivement le Faucon (pour les Sm3w hr) et l'Aigle (pour les suma Oro). Or, les égyptologues traduisent Sm3w hr par "suivants d'Horus" ; tandis que que Suma Oro laisserait entendre plutôt "Prêtre/Serviteur Oro", ou "Prêtre Aigle/Faucon" : les Sm3w hr ne seraient peut-être pas des "suivants d'Horus" (sic Rolling Eyes ), mais les Prêtres des nations ayant le Faucon/Aigle comme tné/totem ; et bien entendu, les prêtres religieux sont aussi les élites politiques...
Quant à tné des Bambara (= "totem"), cela ressemble à Tni des Kmtyw, la capitale des premières dynasties kmtiennes dites "dynasties thinites". Toutefois, je ne peux pas dire si ces rapprochements ont une quelconque once de validité philologique...
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djehouti
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MessagePosté le: Jeu 01 Nov 2007 13:50    Sujet du message: Répondre en citant

Ok je te comprends parce que moi aussi je suis assez débordé. Je profite de ces 2 jours fériés pour aller sur le topic. je te remercie pour ta réponse. Comme je te l'avais proposé plus haut je vais créer un topic sur le néolithique dans le monde pour savoir où en étaient les Indo européens et les Sémites pendant cette même période. Je le garderai dans le forum egyptologie.

Par contre j'aurai d'autres questions pour toi concernant l'Egypte prédynastique. Il y a encore pas mal de choses qui m'échappent. A bientôt!
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OGOTEMMELI
Super Posteur


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MessagePosté le: Sam 17 Nov 2007 09:20    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Ces deux événements majeurs à l’origine de la formation de T3 Kmt -sécession à T3 Sti et pacification dans le Delta- vont surdéterminer toute l’histoire multimillénaire de l’Egypte pharaonique.

Où les Asiatiques seront toujours la figure emblématique de l’étranger ; tandis que les Nubiens seront les concurrents politiques par excellence, ces frères-ennemis politiques, tantôt alliés tantôt adversaires. Au demeurant, plus souvent alliés qu’adversaires.

Où les nations asiatiques n'auront de cesse de prendre leur revanche sur ces graves humiliations militaires originelles à elles infligées par la puissance africaine naissante. Où T3 Sti tentera d'arbitrer au mieux de ses propres intérêts (politiques, militaires et économiques) les effets des conflits récurrents entre T3 Kmt et l'Asie, au fil de millénaires…

La relecture récente du "Voyage à l'intérieur de l'Afrique" de Mungo Park (1795-1796) m'a encore conforté dans cette perspective : qui oserait dire que Segou, Tombouctou ou Jenne du XVIIIè siècle n'étaient pas des villes négro-africaines ?

Pourtant, les descriptions qu'en fait Mungo Park qui les a visitées donnent à comprendre combien ces métropoles africaines étaient particulièrement cosmopolites : Juifs, Maures, Foulah, Bambara, Mandingues et autres "ethnies" de tous horizons s'y côtoyaient, souvent dans une cohabitation confligène ; en tout cas à l'équilibre fragile mais viable...

Mungo Park compare volontiers le phénotype des Maures à celui des Créoles des Amériques ; avec une peau presqu'aussi blanche que celle des Arabes. Ces Maures méprisent les Nègres, mais encore plus les non-muslmans, fussent-ils blancs comme Park (réminiscences des Croisades en Méditerranée...) ; a fortiori noirs comme les Bambara (fieffés "païens", "mécréants" et si fiers de l'être!!!)...

Ainsi, nombre de conflits de l'époque survenus dans le Bassin du Djoliba, et présentés par les négriéristes (façon OPG) comme des "guerres de production d'esclaves", procédaient en réalité des dissensions économico-politiques entre Maures et Nègres (contrôle des points d'eau et des mines de sel du Sahel), ou entre Musulmans et non-musulmans...

Par conséquent, les Bambara et les Maures étaient quasiment de tous ces conflits ; soit en tant que non-musulmans vs musulmans, soit en tant que Nègres vs non-Nègres. Et bien entendu, les vainqueurs du moment faisaient d'innombrables prisonniers de guerre dont certains étaient vendus pour être déportés vers la Méditerranée ou vers les côtes atlantiques...

Plus généralement (à ce que j'ai compris de Mungo Park), les populations des villes et villages assaillis fuyaient avant l'arrivée des assaillants, lors de nombreux exodes massifs qui allaient augmenter la population des villes les mieux défendues (les plus puissantes) ; lesquelles tentaient de protéger jalousement leur cosmopolitisme : sans pour autant laisser d'être radicalement des Pays de Nègres...

D'autres villes, villages ou royaumes préféraient négocier leur reddition, en convenant d'un tribut annuel versé au vainqueur, souvent constitué de bétail, récoltes, pêche, et autres produits de leur propre industrie : ce sont ces nations vaincues que l'on a présentées comme des nations entières d'esclaves au service de "Rois nègres producteurs de bois d'ébène"...
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lolo01
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MessagePosté le: Ven 08 Fév 2008 17:16    Sujet du message: Répondre en citant

J'ai découvert récemment un livre d'un soi disant philosophe camerounais André Julien MBEM , Mythes et réalités de l'identité culturelle africaine, qui s'attaque honteusement à Cheikh Anta Diop. Voici un extrait de son livre :


(...) Une Egypte ethniquement homogène, c'est à dire nègre de part en part, aurait donc crée une civilisation aux apports exclusivement nègres sans mélange ethnique ni influence extérieure. Soulignons d'emblée que les arguments proprement historiques de Cheikh Anta Diop dans cette assertion pourtant capitale sont discutables. Ils relèvent même davantage du formalisme logique que de la déduction factuelle, son affirmation est faiblement motivée par de véritables données empiriques tirées de la vallée du Nil et qui convergeraient toutes vers la thèse d'une civilisation aux composantes exclusivement nègres. Pour démontrer que l'idée du métissage de la civilisation égyptienne n'est pas défendable, CAD la juge aussi contestable que le point de vue qui viendrait rétrospectivement soutenir, 2000 ans après la civilisation européenne actuelle, que les peuples colonisés d'Afrique ou du Maghreb par exemple contribuèrent jadis à son rayonnement parce qu'ils en font partie.

Nous avons pas seulement affaire avec des politiciens véreux, mais aussi avec toute sorte de gens qui se disent intellectuels et qui écrivent des livres sans prendre eux-même toutes les précautions scientifiques nécessaires pour discuter des thèses d'un éminent spécialiste en l'espèce de CAD dont les thèses ont en partie reçu l'aval de ses pair lors du colloque du Cair, et voir qu'un apprenti philosophe vienne en 2005 salir cette mémoire là ma fait mal au coeur. Si au moins avait-il annexée à sa démarche un raisonnement scientifique et non un catalogue d'accrobaties linguistiques, je pourrais au moins me satisfaire d'une telle démarche. Mais dans le but uniquement de salir CAD, qui plus est, de recourir aux arguments des eurocentristes, je me dis qu'il n'y a pas seulement les bras de l'occident dont nous devrons débarrasser mais aussi les têtes locales de la pensée eurocentriste.
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MessagePosté le: Ven 08 Fév 2008 17:20    Sujet du message: Répondre en citant

J'ai découvert récemment un livre d'un soi disant philosophe camerounais André Julien MBEM , Mythes et réalités de l'identité culturelle africaine, qui s'attaque honteusement à Cheikh Anta Diop. Voici un extrait de son livre :


"(...) Une Egypte ethniquement homogène, c'est à dire nègre de part en part, aurait donc crée une civilisation aux apports exclusivement nègres sans mélange ethnique ni influence extérieure. Soulignons d'emblée que les arguments proprement historiques de Cheikh Anta Diop dans cette assertion pourtant capitale sont discutables. Ils relèvent même davantage du formalisme logique que de la déduction factuelle, son affirmation est faiblement motivée par de véritables données empiriques tirées de la vallée du Nil et qui convergeraient toutes vers la thèse d'une civilisation aux composantes exclusivement nègres. Pour démontrer que l'idée du métissage de la civilisation égyptienne n'est pas défendable, CAD la juge aussi contestable que le point de vue qui viendrait rétrospectivement soutenir, 2000 ans après la civilisation européenne actuelle, que les peuples colonisés d'Afrique ou du Maghreb par exemple contribuèrent jadis à son rayonnement parce qu'ils en font partie."

Nous avons pas seulement affaire avec des politiciens véreux, mais aussi avec toute sorte de gens qui se disent intellectuels et qui écrivent des livres sans prendre eux-même toutes les précautions scientifiques nécessaires pour discuter des thèses d'un éminent spécialiste en l'espèce de CAD dont les thèses ont en partie reçu l'aval de ses pair lors du colloque du Cair, et voir qu'un apprenti philosophe vienne en 2005 salir cette mémoire là ma fait mal au coeur. Si au moins avait-il annexée à sa démarche un raisonnement scientifique et non un catalogue d'accrobaties linguistiques, je pourrais au moins me satisfaire d'une telle démarche. Mais dans le but uniquement de salir CAD, qui plus est, de recourir aux arguments des eurocentristes, je me dis qu'il n'y a pas seulement les bras de l'occident dont nous devrons débarrasser mais aussi les têtes locales de la pensée eurocentriste.
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