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Lettre à Cheikh Anta Diop par Olympe Bhêly-Quenum

 
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Auteur Message
owambo
Grioonaute 1


Inscrit le: 10 Oct 2005
Messages: 208

MessagePosté le: Mar 06 Nov 2007 11:01    Sujet du message: Lettre à Cheikh Anta Diop par Olympe Bhêly-Quenum Répondre en citant

Lettre à Cheikh Anta Diop, un lémure qui dérange. Par Olympe Bhêly-Quenum
05/11/2007

http://anibwe.com/article.php?action=26&id=2&ANIBWE_SESS=2745b2bf7eef5f818d211fec2273e8b6

La question se pose depuis trois ans de savoir si je t’avais connu ; en 2006, des Sénégalais - deux en Chine, cinq aux USA- m’ont laissé entendre avoir reconnu dans mon « vrai premier roman un personnage qui semble être Cheikh Anta Diop »; «[…] dans votre roman Années du bac, etc.,l’Africain qui a fait un discours constructif à la Mutualité, est-ce que c’était notre très regretté Cheikh Anta Diop ? », « Cher O B-Q, vous me rendrez un grand service, si vous confirmez que le personnage nommé Samb dans votre vrai premier roman était Cheikh Anta Diop… » etc. Eh bien ! voilà, même parti depuis longtemps, comment on ne t’oublie pas parce que tu continues de déranger; pour répondre simplement aux interrogations ci-dessus, je publie aujourd’hui ta dédicace dans mon exemplaire de ton irremplaçable Nations nègres et culture.
Si j’ai décidé de t’écrire, c’est aussi parce que trop de problèmes de nos longues discussions sont d’actualité et qu’afin de s’insérer dans des créneaux que leur ouvrent les structuralistes du néocolonialisme, des Africains qui n’étaient pas nés quand nous cherchions des solutions à des problèmes récurrents, s’imprègnent de l’essence de ceux qu’Emmanuel Mounier1, dans « Lettre à un ami africain », piloriait en traitant d’« ennemis de leur propre passé[…]ces renégats qui n’arriveront qu’à produire, dans l’écume de quelques grandes villes, de faux Européens, des Européens en contre-plaqué.»
Après l’élection d’un fils d’immigrés à la présidence de la République de l’ex-Mère Patrie, des Nègres compradores parmi lesquels certains plumitifs, huppes couronnées qu’on exhibe en en faisant des symboles d’une immigration réussie, illustrent le mépris du philosophe personnaliste qui écrivait à son ami Alioune Diop2.
Tu disais : « en démocratie chacun choisit le camp qui lui convient » ; nous savions aussi que la politique du ventre n’était pas une nouveauté mais il n’empêche que la profession de foi de nombre de ces beaux oiseaux fait penser à Milton brossant le portrait de ceux qui, « pour l’amour de leurs ventres, rampent, se faufilent et grimpent dans le troupeau. »3 N’est-ce pas singulier que le pâtre autour de qui s’activent les « Européens en contre-plaqué », courtisans asservis rongés par la malepeur, qui, n’allant jamais dénoncer les corruptions et la misère dans leur pays natal, cautionnent la politique de l’étranger qui avait piétiné l’Afrique en Afrique même ? Cet homme y avait déclaré : « La France, économiquement, n’a pas besoin de l’Afrique. Les flux entre la France et l’Afrique représentent 2% de notre économie. »
L’insolence ni le dédain ne l’empêchaient pas de recourir à la supercherie que voici : «[….] le candidat de l’UMP cloisonne ses relations avec les dirigeants africains à travers une myriade d’émissaires. C’est ainsi avec son seul directeur de campagne, Claude Guéant, qu’il voit les émirs du golfe de Guinée comme le doyen Omar Bongo ou le président Denis Sassou Nguesso. C’est l’ancien ministre Olivier Stirn qui le représentait, le 3 avril à Dakar à l’investiture du président Abdoulaye Wade. Officiellement les dossiers sont gérés par le conseiller diplomatique David Martinon avec Pierre Régent et un jeune diplomate “africain” Bons Bouton. Parmi les secrétaires nationaux de l’UMP, les ex-ministres .Jacques Godfrain et Hervé de Charrette, ne sont pas avares de notes, de même que Michel Barnier.» On pourrait y ajouter M. François Jay, un ancien de Bolloré recruté provenant de la SEM Coopération 92 .
Au cœur du double jeu, autant la volonté d’humilier l’Afrique que la haine et le racisme anti-nègres ont fait passer sous silence « le terrible constat » souligné par le regretté Président François Mitterrand clôturant la Conférence des Prix Nobel réunie à Paris : « […] ce ne sont pas les pays du Nord qui contribuent à financer les pays du Sud, mais l’inverse. La Banque Mondiale vient de le confirmer : en 1987, comme en 1986, les « transferts nets » des pays du Sud vers les pays du Nord ont atteint près de 30 milliards de dollars », devait-il déclarer. En 1994 - réunion du Groupe des Sept pays les plus industrialisés- le même chef d’Etat, qui avait personnellement répondu à une de mes lettres, stigmatisa derechef l’échange inégal entre le Nord et le Sud, sans oublier l’augmentation de l’endettement du Sud malgré l’importance des remboursements : « Vous savez qu’en dépit des sommes considérables affectées aux aides bilatérales et multilatérales le flux des capitaux qui viennent d’Afrique vers les pays industriels est plus important que le flux des capitaux qui vont des pays industriels vers ce continent. »
Que des « intellectuels » africains, mille-pattes humains dans les arcanes du pouvoir en place, ne soient pas de l’étoffe de ceux de notre génération décrits dans mon « vrai premier roman » ne me choque guère ; mais qu’ils se soient mis au service d’un fils d’immigrés devenu le chef d’Etat qui osa pérorer dans l’Université qui porte ton nom dans ton pays natal, me déçoit de l’Afrique actuelle. Un Africain francophone bardé de diplômes français, mais qui est devenu citoyen américain, m’a écrit : « …quelle aurait été l’attitude du regretté Cheikh Anta Diop, s’il était dans la salle où un de ceux que feu président Senghor appelait « les grands Blancs » a prononcé un discours qui s’apparente à l’innommable, en traitant les Africains plus bas que terre ? Et vous même, comment auriez-vous réagi ? »
Aux questions claires, réponses sans équivoque; “Cheikh Anta Diop se serait levé et aurait lissé sa moustache, prononcé une phrase en wolof et en français ; ayant exprimé son mépris, il aurait pris congé ». Est-ce que je me suis trompé ? Sans doute, c’est ce qu’a fait ton lémure ; « quant à moi, j’aurais invité le public à conspuer l’orateur et à le chasser de l’Université Cheikh Anta Diop, quitte à faire face à l’ire du président Wade.»

Non, l’Afrique n’a plus de leçons à recevoir de qui que ce soit, surtout pas d’un homme de demi-mesure, raciste caractérisé adepte de la politique du diviser pour régner aux yeux de qui « les Africains sont plus violents que les Arabes. » En lisant sa logorrhée à laquelle ne change rien ses dénonciations captatoires a posteriori, j’ai pensé à Hegel qui m’avait fait renoncer à la Philosophie ; sans avoir mis pieds en Afrique, ni connu d’Africain, le grand homme avait, entre autres âneries, écrit doctement : « On doit se représenter les nègres comme une nation d’enfants qui ne sort pas de son état de simplicité, état où l’on ne prend pas, et qui n’offre pas d’intérêt...Leur religion a quelque chose d’enfantin. Ils ne s’attachent pas à ce qu’ils sentent de plus élevé. I1 n’y a là qu’une pensée fugitive qui, pour ainsi dire, leur traverse l’esprit. Cet être élevé, ils l’identifient avec la première pierre venue, et ils s’en font leur fétiche, dont ils se débarrassent au moment où il ne leur est pas utile. »
Le racisme était à visage découvert ; on en descelle des relents dans le discours prononcé dans l’Université qui porte ton nom. Il y a déjà eu des réactions et il y en aura encore, non pas de la part des Africains en quête de créneaux où s’insérer dans la nouvelle FrançAfrique, mais de ceux qui devront se battre comme de notre temps afin que l’Afrique et la Négritude soient respectées. Madame Adame Ba Konaré a fait une proposition que j’approuve en faisant fi des considérations du nouveau président d’Afrique du Sud ; je serais étonné que l’extraordinaire combattant qu’est le président Nelson Mandela soit de l’avis de son successeur qui a apporté de l’eau au moulin d’un raciste anti-repentance ; si l’inculture était aussi à l’origine du discours ignoble débité à Dakar, je suggèrerais qu’au scribe ainsi qu’à l’orateur, les chefs d’Etat africains francophones offrent les huit volumes de Histoire générale d’Afrique publiés par l’UNESCO ; les lire en diagonal ou les feuilleter palliera leur inculture et leur ignorance crasse ; une telle lecture les rendra-t-elle moins méprisants, moins racistes ? Ah, regretté Camarade et Ami, je te cite : « Il est difficile d’essoucher complètement un rhizome. »
Mais, très cher Cheikh Anta, je te pose une question : jusques à quand les chefs d’Etat africains et les intellectuels de nos pays toléreront-ils que quelqu’un - fût-il le chef du pays le plus riche, le plus puissant aussi du monde - traite notre continent et les nègres que nous sommes, en des termes pour lesquels il ne devra pas nous présenter ses excuses ? Je n’oublie pas que celui-là est ennemi de la repentance ; oui, s’il était Allemand, il n’y aurait pas à Berlin le Mémorial juif que j’y ai récemment visité avec ma femme.
Telle est, dans ce débat, la position de l’ami avec qui, au Quartier latin, devant un verre de bière pour toi, une tasse de thé pour lui, tu aimais à soulever des problèmes qui vous menaient loin. Salut ! cher disparu qui ne l’est pas à jamais.

Ecrivain et chercheur, vice-président international Afrique de l'AICL - Association internationale de la critique littéraire- Olympe BHÊLY-QUENUM est auteur de plusieurs ouvrages dont certains ont marqué des générations d'Africains; son dernier livre intitulé LES APPELS DU VODÚN (cf. www.obhelyquenum.com ) basé sur les fondements culturels,
sociaux et politiques du Bénin, ne néglige pas la critique sociale, plonge dans
l'événementiel tout en explorant l'Afrique des profondeurs. Autant créateur de fiction que politique, l'écrivain prend position face au discours innommable prononcé à l'Université Cheikh Anta DIOP et livre un document inédit.

1 Philosophe personnaliste, fondateur la revue Esprit
2 Fondateur de Présence Africaine
3 Le Paradis perdu.
_________________
"Le malheur de l’Afrique est d’avoir croisé l’Europe .." AIME CESAIRE

"Notre couplage avec l’Occident dure depuis le XIII-XIVe siècle ....J’affirme juste que le « mariage » avec l’Europe n’a rien donné, qu’il faut par conséquent passer à autre chose. Malheureusement, nos dirigeants ne l’ont pas encore compris. Beaucoup croient encore en l’Occident." Pr THEOPHILE OBENGA

"L'Afrique se sauvera par ses propres forces, ou elle périra. Personne ne la sauvera à sa place, et c'est bien ainsi" ACHILLE MBEMBE
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hwenuzu
Grioonaute 1


Inscrit le: 12 Oct 2007
Messages: 246

MessagePosté le: Mar 06 Nov 2007 12:01    Sujet du message: Répondre en citant

Encore un vieux érudit qui délire tout seul pendant que Sarkozy se fout de notre gueule au vu et au su de tous!!!
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Hannibal
Grioonaute 1


Inscrit le: 03 Aoû 2004
Messages: 242

MessagePosté le: Mar 06 Nov 2007 14:35    Sujet du message: Répondre en citant

C'est un plaisir de savoir que d'autres ont été avant nous, qui ont lutté à leurs manières, avec leur moyen, et que ceux d'entre-eux encore vivants sont capables de témoigner.

Ca nous fait comprendre, que nous ne sommes ni les premiers, ni les derniers, et surtout que, le chemin de la lutte est long et difficile, mais l'espérance vivace est là grâce à la victoire certaine. C'est aussi comme ça que nous comprenons le rôle ingrat dévolu aux pionniers comme C. A. Diop. Avoir raison trop tôt !
_________________
« C’est la Voix des sans-voix pour dénoncer ceux qui se croient au-dessus de la Loi. Et qui se prennent pour le Roi des Rois. Les Martyrs sont morts pour la Résistance. Ils ont payé très cher pour notre Indépendance. Ce Chant pour leur exprimer notre reconnaissance. Oui, ce cri d’alarme pour nous révolter. » : Méway
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owambo
Grioonaute 1


Inscrit le: 10 Oct 2005
Messages: 208

MessagePosté le: Mar 06 Nov 2007 16:30    Sujet du message: Répondre en citant

hwenuzu a écrit:
Encore un vieux érudit qui délire tout seul pendant que Sarkozy se fout de notre gueule au vu et au su de tous!!!


Je te trouve injuste à l'égard d'O Quenum qui témoigne simplement de l'ancienneté et de l'actualité du combat pour la libération de l'Afrique.

Au passage, on il faut relever qu'un philosophe EUROPEEN, E. Mounier critiquait déjà à son époque le MIMETISME PARADIGMTIQUE qui continue aujourd'hui de mener l'Afrique à sa perte et de la maintenir dans dépendnce économique et politique car avant tout culturelle:

"Si j’ai décidé de t’écrire, c’est aussi parce que trop de problèmes de nos longues discussions sont d’actualité et qu’afin de s’insérer dans des créneaux que leur ouvrent les structuralistes du néocolonialisme, des Africains qui n’étaient pas nés quand nous cherchions des solutions à des problèmes récurrents, s’imprègnent de l’essence de ceux qu’Emmanuel Mounier1, dans « Lettre à un ami africain », piloriait en traitant d’« ennemis de leur propre passé[…]ces renégats qui n’arriveront qu’à produire, dans l’écume de quelques grandes villes, de faux Européens, des Européens en contre-plaqué
Après l’élection d’un fils d’immigrés à la présidence de la République de l’ex-Mère Patrie, [i]des Nègres compradores parmi lesquels certains plumitifs, huppes couronnées qu’on exhibe en en faisant des symboles d’une immigration réussie, illustrent le mépris du philosophe personnaliste qui écrivait à son ami Alioune Diop
". [/i]
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"Le malheur de l’Afrique est d’avoir croisé l’Europe .." AIME CESAIRE

"Notre couplage avec l’Occident dure depuis le XIII-XIVe siècle ....J’affirme juste que le « mariage » avec l’Europe n’a rien donné, qu’il faut par conséquent passer à autre chose. Malheureusement, nos dirigeants ne l’ont pas encore compris. Beaucoup croient encore en l’Occident." Pr THEOPHILE OBENGA

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