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Malek Chebel : L'esclavage en Terre d'Islam

 
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OGOTEMMELI
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Inscrit le: 09 Sep 2004
Messages: 1498

MessagePosté le: Ven 18 Jan 2008 06:34    Sujet du message: Malek Chebel : L'esclavage en Terre d'Islam Répondre en citant

Maatkmt a écrit:
Je viens de lire un article intitulé "Islam et esclave" dans le JA n°2445 du 18 au 24 novembre 2007. Peut-être que vous l'avéez déjà lu mais je voudrais le faire partager et j'espère que Ja ne m'en voudra pas que vous searis indulgent avec chèrs grioonautes



ISLAM ET ESCLAVAGE


JEUNE Afrique DU 18 AU 24 NOVEMBRE 2007 N°2445

DOMINIQUE MATAILLET

TABOU, Au terme d'une longue enquête qui l'a mené de Nouakchott Brunei, Malek CHEBEL dresse un constat accablant : l'esclavage a été et reste un fait musulman

Le mot le plus courant, en arabe, pour désigner l'esclave est 'abd, duquel dérivent des termes comme 'ubudiyya (« esclavage »).D'autres vocables sont encore utilisés, tels que raqîq (« mis en servitude »), jâriya (« esclave femme »), ghulîm (« esclave homme »).Et ce n'est pas tout. Au Proche-Orient, zandj (probablement de Zanzibar) et aswad désignent l'esclave noir, alors que mamlûk (littéralement « possédé ») s'applique à une catégorie particulière, la caste militaire servile.

Ce n'est donc pas le vocabulaire qui manque en terre d'Islam pour parler de l'esclavage. Cette richesse sémantique tranche toutefois avec le mutisme qui entoure le phénomène. Un mutisme d'autant plus choquant, aux yeux de Malek CHEBEL, que l'esclavage a pris des dimensions considérables tout au long de l'histoire de cette région du monde et qu'il reste à bien des égards très présent dans le quotidien de centaines de millions de gens.

C'est pour briser ce silence assourdissant que l'anthropologue algérien, bien connu des lecteurs de Jeune Afrique pour ses nombreux ouvrages autour de l'islam, s'est livré à une longue enquête. Fruit d'innombrables lectures, son pavé de 500 pages est aussi et surtout le compte rendu d'un voyage de plusieurs mois qui l'a conduit des rives de l'Atlantique au fin fond du Sud-Est asiatique en passant par les pays du Golfe, l'Asie mineure, l'Afrique saharienne.

Le constat final est accablant : « À Brunei, au Yémen, dans les pays du Sahel, chez les Touaregs, en Libye, dans le Sahel tunisien, en Égypte, en Arabie, en Mésopotamie, au Soudan ou à Djibouti, il n'est pas un lieu gagné par l'islam où ne se soit jamais pratiqué le commerce d'esclaves

Encore convient-il d'établir des distinctions entre pays et de relever les caractéristiques propres des différentes contrées concernées. La Libye et l'Algérie, par exemple, débouchés naturel des routes commerciales transsahariennes, ont surtout servi de voies de transit. Des pays tels q l'Égypte ou l'Arabie saoudite actuelles étaient, eux, de gros consommateurs, osera-t-on dire. Idem pour la Turquie. Les Européens ont fantasmé sur les odalisques des harems d'Istanbul, sujet de prédilection pour les peintres orientalistes, et se sont extasiés sur les exploits militaires des janissaires de l'Empire ottoman. Faut il rappeler que les premières comme les seconds étaient des captifs?

En Afrique, on le sait, c'est à la lisière du monde noir que l’esclavage prit les plus grandes proportions. Au Maroc où la composante négroïde de la population saute aux yeux du voyageur les traces sont manifestes. Que sont les musiciens gnaouas sinon les descendants des Noirs importés » de la zone soudanienne au temps où le Maroc était une grande puissance régionale? Et puis, il y a le cas de la Mauritanie, où, malgré les démentis, l'esclavage reste une réalité manifeste. La preuve en est que le Parlement a voté à plusieurs reprises des textes l'interdisant. Malek Chebel rappelle un indice qui ne trompe pas: de nombreuses associations d'affranchis tentent de se constituer en force politique. « En attendant, commente l'auteur, chaque foyer de Beidane ("Blancs") entretient des harratine noirs, fils d'anciens esclaves auxquels il donne le nom de "serviteurs", un peu comme on faisait naguère à la Barbade, où l'on gratifiait pudiquement du nom d'apprentis" les esclaves fraîchement libérés de leurs chaînes. »

Ainsi donc, une bonne part de la main-d'oeuvre servile utilisée dans le monde arabe venait d'Afrique subsaharienne - en Tunisie, le même mot, abîd, désigne indistinctement l'esclave et le Noir... - et tout particulièrement du Sahel, de l'Éthiopie ainsi que de la côte orientale du continent. Mais les Balkans et les steppes de l'Asie centrale furent également d'importants bassins pourvoyeurs.

Combien furent-ils? Dans le cas de la traite occidentale, les éléments de chiffrage existent: les négriers tenaient des journaux de bord dans lesquels était reporté le détail de leur commerce honteux. Rien de tel avec la traite orientale. Confrontant les diverses sources, Malek Chebel estime à plus de 20 millions le « volume total de l'esclavage en terres arabes et musulmanes ». Ce nombre englobe aussi bien les captifs de guerre slaves, les concubines et les domestiques circassiennes, que les domestiques noirs achetés à des négriers ou razziés dans les villages du Sahel, les marins chrétiens capturés par les corsaires barbaresques en Méditerranée. Les négriers arabes auraient donc fait « mieux » que leurs homologues européens. Les uns ont, il est vrai, sévi pendant quatorze siècles, contre moins de quatre pour les autres.

Faut-il chercher dans le Coran la cause du mal? Le Livre, certes, accepte que la condition de sujétion des esclaves par rapport aux maîtres soit maintenue en l'état. Car l'islam est né dans une région du monde où l'esclavage était quasiment un mode de production. Mais il tente d'en limiter les abus;'tout comme il apporte un progrès incontestable à la situation des femmes (notamment en limitant à quatre le nombre des épouses autorisé).

Par ailleurs, l'affranchissement est recommandé au croyant dont il favorise l'accès au Paradis. Le prophète Mohammed n'avait-il pas donné l'exem¬ple en la matière?

Vivement encouragé en théorie, l'affranchissement n'a, hélas, guère été suivi en pratique. De siècle en siècle, l'esclavage est devenu un fait musulman, s'inscrivant profondément dans les habitudes. Pourtant, c'est un sujet dont on ne parle pas. En dehors de l'Égyptien Mohamed Abdou, du Syrien Rachid Ridha, de l'Iranien Mirza Ah Mohamed, fondateur, au XIXe siècle, du bâbisme, qui a fermement condamné cette pratique, la plupart des réformateurs sont restés étonnamment discrets sur la question.

Et que dire des islamologues ! Louis MASSIGNON, Vincent MONTEIL ou Jacques BERQUE disposaient des informations qui leur auraient permis, en plein XXe siècle, de tirer la sonnette d'alarme. Peut-être ont-ils préféré, écrit Malek CHEBEL, « la hauteur mystique des grands penseurs, des philosophes et des théosophes de l'islam aux réalités scabreuses des marchands de chair humaine ». Ils savaient, mais leur empathie pour l'islam les inclinait à trouver à cette religion et aux hommes qui s'en réclament des excuses qui ne sont en rien justifiées.

Quand bien même la réalité de l'esclavage arabe est reconnue, c'est souvent pour en atténuer la rudesse : il n'aurait pas abouti à la dépersonnalisation de l'esclave, comme cela a été le cas avec le commerce triangulaire Afrique-Amérique-Europe, affirme-t-on. Comme s'il pouvait y avoir une graduation dans l'infamie...

Mais le pire est peut-être dans l'impact que l'esclavage a eu sur les moeurs politiques du monde arabe. Dans un livre tout récent*, l'universitaire marocain Mohammed ENNAJI explique en quoi il a fondé le rapport au pouvoir et donc l'ab¬solutisme qui est encore souvent la règle dans cette partie du monde.

Une fois le livre de Malek CHEBEL - dont, curieusement, les médias ont peu parlé - fermé, on ne voit plus la civilisation islamique de la même façon. Comme l'auteur lui-même, qui, pour, cette étude a dû « parcourir au moins 120000 kilomè¬tres » pour en arriver à cette terrible conclusion: « L'islam dit l'inverse de ce que les musulmans pratiquent, et c'est une énigme en soi. La duplicité humaine qui consiste à transfor¬mer un message d'émancipation en goulag humain fait partie intégrante de ce paradoxe. » ∎

* Le Sujet et le Mamelouk. Esclavage, pouvoir et religion dans le monde arabe, éd. Mille et une nuits, 368 pages, 16 euros.




Malek Chebel : « j'ai voulu briser le silence»
Propos recueillis par Dominique MATAILLET

JEUNE AFRIQUE : Pourquoi ce livre, et pourquoi maintenant?

MALEK CHEBEL : C'est une question qui me tenait à coeur depuis longtemps. Pour écrire mes livres, je constitue des dossiers richement documentés. La prise de conscience, tardive, hélas, du phénomène de l'esclavage dans le monde islamique m'a laissé penser que l'opinion était assez bien préparée. Compte tenu de la surface que j'ai acquise dans le domaine des études sur l'islam, je me suis dit: c'est un discours qui peut passer maintenant.

Est-ce que ce discours passe effectivement? Il semble qu'il crée beaucoup de gêne.

S'il dérange, c'est que je touche quelque chose de fondamental et de vrai. C'est qu'il y a encore des esclaves. Tant mieux donc si mon livre gêne, car j'ai voulu briser l'opacité qui entoure cette question de l'esclavage.

Avez-vous eu vent de réac¬tions hostiles?

Il y a eu un mouvement dans les chancelleries arabes, qui a été vite éteint. Ils ont compris que, média¬tiquement parlant, cela aurait été très mauvais pour eux d'enclencher une offensive.

Les médias vous suivent-ils ?

Je constate une gêne, une retenue de leur part, ici, en France. Les journalistes sont circonspects. Ils ne savent pas comment prendre l'information.

Au Maghreb, mis à part un papier, en août, donc avant la sortie du livre, dans Le Quotidien d'Oran, c'est motus et bouche cousue. Même au Maroc, d'habitude plus ouvert, aucun écho dans les médias non plus. En clair, il y a un blocage maghrébin.

Dans quels pays l'escla¬vage a-t-il gardé le plus de réalité ?

L'esclavage est encore sensible en Mauritanie. Mais l'État fait des efforts assez importants pour se débarrasser de cet héritage scandaleux. Le phéno¬mène des petites bonnes au Maroc est aussi à prendre en considération. Un secrétariat d'État a d'ailleurs été créé pour recenser les jeunes filles et leur donner un statut. Il y a évidemment tout un esclavage invisible dans les monarchies et les sultanats du Golfe. À quoi s'ajoute, dans les mêmes pays, un nouvel esclavage économique. Dans l'Afrique moyenne, au Mali, au Tchad et ailleurs, subsistent de mul¬tiples formes d'esclavage, liées cette fois à la pauvreté. On ,m,',a parlé de vente d'enfants ici ou là. Il faut men¬tionner également les intouchables en Inde.

Vous décrivez la société toua¬règue comme l'une des pires sociétés esclavagistes...

Les rapports esclavagistes ont été à peu près maintenus. Il y a, bien sûr, eu une atténuation avec l'ap¬parition des États-nations dans les ` cinq pays africains où vivent les Touaregs. 'L'existence d'une police nationale, d'une justice relativement distincte des ethnies et des oligar¬chies est un progrès incontestable. Mais, sous cape, les aristocrates touaregs sont toujours des aristo¬crates et les esclaves, les harratine, sont toujours leurs serviteurs.

Pourquoi les mentalités évo¬luent-elles si lentement?

Parce que tout le monde, à com¬mencer par les élites religieuses, se tait. Quand on pose la question, on dit qu'il y a bien d'autres problèmes tels que la pauvreté, les maladies. Moi, je dis: sur le plan moral, ce n'est pas acceptable en 2007 qu'il y ait encore des esclaves.


Comment expliquer ce silence dans le monde arabo-musulman?

Pour beaucoup de gens, l'esclavage, ça n'existe pas. Même quand tu dis à un esclavagiste: « Tu as des esclaves. » Il te répond: « Mais non, ce sont mes enfants adoptifs. Je les aime comme mes fils. »

On dit aussi que l'escla¬vage dans le monde arabe n'a rien à voir avec l'esclavage occidental...

C'est vrai que la traite négrière occidentale était strictement économique, puisqu'elle consistait à transporter des Africains dans les plantations en Amérique, alors que l'esclavage oriental était plus diversifié. Les captifs étaient utilisés dans l'agri¬culture, mais aussi comme soldats ou pour servir dans les palais.

Si la traite occidentale a duré moins de quatre siècles, la traite orientale s'est étalée sur quatorze siècles, puisque j'en situe les débuts avec la naissance de l'islam. Le fait que le phénomène soit dilué dans le temps et qu'il n'y ait pas eu de bateau négrier donne le senti¬ment que c'est différent. Le volume total de l'esclavage dans le monde arabo-islamique atteint pourtant, selon les estimations les plus sérieuses, les 20 millions, soit plus que le nombre d'Africains déportés dans les Amériques. Alors, pour moi, aujourd'hui, c'est pareil.


Nota
Cet article a été posté par Maatkmt ICI. Je me suis permis de le copier-coller, afin d'ouvrir un topic dédié à l'ouvrage dont il est fait la promotion par J.A. et que j'attendais de lire avant d'en parler...
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Nomade
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MessagePosté le: Ven 18 Jan 2008 06:50    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:

Faut-il chercher dans le Coran la cause du mal? Le Livre, certes, accepte que la condition de sujétion des esclaves par rapport aux maîtres soit maintenue en l'état. Car l'islam est né dans une région du monde où l'esclavage était quasiment un mode de production.



Ca c'est le probleme de toutes les religions abrahimique. Lorsque tu t'accorches a la lettre a des livres religieux (philosophique) ecrit dans des temps barbares et qu'il n'y a aucune possibilites de mis a jours. Il est en effet difficiles de changer des paroles et les ecrits dans ces religions qui nous dit-on, viennent directement de dieu.

Comme un enfant accroche a ses sens qui mature avec le temps pour ultimement devenir un homme ages sage. L'Humain dans sa colletivite evolue aussi avec le temps a traves les siecles. Lorsque tu t'accorches a des livres ecrits dans des temps barbares, ou l'humain etait encore dans sa phase adolescente. Tu te condamne a rester dans cette phase avec des mentalites du passe.
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OGOTEMMELI
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MessagePosté le: Ven 18 Jan 2008 07:12    Sujet du message: Répondre en citant

Outre l'originalité très relative du titre de Malek Chebel, qui rappelle furieusement celui de Jacques Heers, Les négriers en terres d'islam, j'ai trouvé ce livre carrément médiocre. Son seul mérite est d'être l'un des rares écrits sur le sujet par un universitaire francophone d'origine maghrébine...

Pourtant, l'auteur annonce monts et merveilles dans l'avant-propos, où il promet d'"essayer de dire toute la vérité de l'esclavage, sans se soucier des effets que certaines révélations pourront produire" [p.8 ]. En tout cas, pour la partie concernant proprement le passé (VIIè-XIXè), je n'ai lu absolument aucune révélation, et ai même relevé des contre-vérités, voire des lieux communs mensongers ressassés depuis des décennies par certains spécialistes occidentaux du sujet...

En fait, Malek Chebel s'est seulement abonné à la doxa eurocentriste au sujet de "l'esclavage en terre d'islam", sans grand effort de "distanciation critique", reconduisant les mêmes poncifs fondés sur les mêmes insuffisances de sources. Or, on aurait pu s'attendre à ce que l'universitaire arabophone s'appuyât sur une (re)lecture personnelle DIRECTE desdites sources arabes originales, afin d'en extraire sa propre interprétation de leur contenu. Malheureusement, il n'en ai rien : de la doxa, rien que de la doxa eurocentriste, y compris ses relents négrophobes, dont Malek Chebel se fait ainsi un héraut...

Bref, ce n'est pas tout de l'affirmer, encore faut-il étayer ce avis si sévère d'éléments concrets puisés du livre. Ce que je me propose de faire par la suite. D'ores et déjà, un petit aperçu :

Malek Chebel a écrit:
En fait, l'esclavage est la pratique la mieux partagée de la planète, c'est un fait humain universel. (p.8 )

Il faut pourtant lire 181 pages pour enfin commencer à entrevoir ce que l'auteur entend par "esclavage", c'est-à-dire pour qu'enfin Malek Chebel présente sa définition de l'objet du livre :
Citation:
un homme en possède un autre, ou une femme, ou des enfants, et peut en faire ce que bon lui semble, y compris les vendre, ou les racheter après les avoir cédés. (P181)


Citation:
Sur le plan historique et anthropologique, la polygamie -même limitée de manière drastique- constitue un avatar de l'esclavagisme spontané [...] la polygamie est un esclavage atténué... (p23)


Citation:
Au temps où l'andalousie était musulmane, plus particulièrement à partir du XIè siècle, un corps militaire composé de soldats noirs -d'esclaves, donc- fut constitué vers 950 par Abderrahman an-Nançîr (littéralement "le Conquérant"). (pp37-38 )

Il suffit donc que ces soldats fussent "noirs" pour être aussitôt estampillés "esclaves" Rolling Eyes Rolling Eyes Twisted Evil
De tels raccourcis foisonnent dans ce texte vraiment médiocre...
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innsa
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Messages: 99

MessagePosté le: Ven 18 Jan 2008 09:58    Sujet du message: Répondre en citant

Votre article me fait penser a Olivier Pétré-Grenouilleau, qui pour justifier l'esclavage et la traite des noirs nous explique que l'Europe n'a pas inventé le commerce des noirs: Les arabes (encore eux) sont les "inventeurs" de l'esclavage!

Donc vous autres noirs, au lieu d'en vouloir aux blancs, joignez vous a eux pour luter contre l'axe du mal
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Nomade
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Inscrit le: 30 Nov 2005
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MessagePosté le: Ven 18 Jan 2008 10:31    Sujet du message: Répondre en citant

innsa a écrit:
Votre article me fait penser a Olivier Pétré-Grenouilleau, qui pour justifier l'esclavage et la traite des noirs nous explique que l'Europe n'a pas inventé le commerce des noirs: Les arabes (encore eux) sont les "inventeurs" de l'esclavage!

Donc vous autres noirs, au lieu d'en vouloir aux blancs, joignez vous a eux pour luter contre l'axe du mal


Je ne sais pas si c'est ce que dis l'article mais bien sur que ca ne fait pas de sens. Ce n'est pas parceque tu n'as pas inventer le meurtre qu'il est legitime d'en commettre un. Mais ceux qui continuent d'en commettre doivent etre comdamne.
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sang froid
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MessagePosté le: Ven 18 Jan 2008 20:54    Sujet du message: Répondre en citant

J'ai suivi une présentation de ce livre sur France O et le commentaire de fin attribué à François Soudan de JA m'a laissé perplexe. Il disait à peu près ceci : les intellectuels "arabes" ont fait leur travail, il reste à leurs homologues d'Afrique noire de faire le leur sans "compétition victimaire" et tra la la ...


Au fait OGO, où en es-tu avec ce projet ? Je viendrai te voir pour une dédicace.

http://www.grioo.com/forum/viewtopic.php?t=9389


Citation:
J'ai déserté les posts sur ce sujet, parce que je voudrais essayer d'en faire un bouquin d'ici à la fin de 2007. Comme ça, seuls ceux que cela intéresse vraiment le liront, éventuellement, plutôt que d'infliger des kilo. de textes à des grioonautes si peu réactifs à ces histoires de Yovodah...
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OGOTEMMELI
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MessagePosté le: Ven 18 Jan 2008 22:25    Sujet du message: Répondre en citant

sang froid a écrit:
Au fait OGO, où en es-tu avec ce projet ? Je viendrai te voir pour une dédicace.

http://www.grioo.com/forum/viewtopic.php?t=9389


Citation:
J'ai déserté les posts sur ce sujet, parce que je voudrais essayer d'en faire un bouquin d'ici à la fin de 2007. Comme ça, seuls ceux que cela intéresse vraiment le liront, éventuellement, plutôt que d'infliger des kilo. de textes à des grioonautes si peu réactifs à ces histoires de Yovodah...

Yes, frère : les affaires suivent leur cours, même si j'avais été trop optimiste en annonçant "fin 2007". J'espère avoir terminé au printemps. Merci pour tes encouragements...
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OGOTEMMELI
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MessagePosté le: Ven 18 Jan 2008 23:18    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Avant la grande traite des XVIIIè et XIXè siècles, qui fut quasi exclusivement africaine, les centres d'approvisionnement en esclaves étaient situés au Nord et à l'Est : d'un côté l'Anatolie et les Balkans, de l'autre la Chine. (p.38 )

Le langage commercialiste si caractéristique des historiens de la traite négrière, qui se prennent pour des économistes sans en avoir les compétences, est allègrement chaussé par Chebel : "centres d'approvisionnement" fait penser à tort à des fermes d'élevages d'"esclaves", avec leurs entrepôts bondées de marchandise humaine attendant fébrilement que des Arabes viennent "s'approvisionner". Or, les troupes musulmanes razziaient des Saqaliba (Slaves, Bulgares, Géorgiens, etc.), pirataient des bateaux en Méditerranée d'où ils kidnappaient les équipages chrétiens, notamment byzantins. C'est donc seulement dans un second temps que ces captifs étaient réduits par leurs agresseurs en "esclaves", ou en "eunuques", car évidemment ils n'étaient pas nés tels...
Citation:
Mais le plus grand bassin de "production" d'esclaves fut alors sans aucun doute l'Afrique orientale. La conjonction de deux facteurs, la pauvreté de ces populations et leur paganisme antérieur à l'islam, accélérèrent leur mise en servitude. (p.40)

Que de sottises en si peu de phrases!!!

- "bassin de production d'esclaves" : ce langage est fondamentalement raciste, ce qui est un comble pour un auteur prétendant justement stigmatiser le racisme "en terre d'islam". Les sociétés africaines assaillies par les razzieurs et autres pirates n'étaient pas des "bassins de production", c'étaient des organisations humaines, avec leurs institutions politiques, pratiques économiques, et bien entendu leurs conceptions spirituelles irréductibles à du "paganisme" ; de surcroît par un anthropologue...

- "paganisme" : Des siècles avant l'islam, les Nubiens, à la suite des Egyptiens, pratiquaient le christianisme. Aux VIIè et VIIIè siècles, deux Etats chrétiens de Nubie vont se réunifier : Nobadia en Basse-Nubie, avec sa capitale Faras, et Makuria en Moyenne-Nubie, avec sa capitale Dongola. D'ailleurs, au temps pré-islamique, une bonne partie de la péninsule arabique était sous contrôle politique des Nubiens (en l'occurrence, les Axoumites), dont les cultes pharaoniques constituaient la référence spirituelle. Sarwat Anis al-Assiouty a amplement démontré les fondements égypto-nubiens des trois religions dites "révélées"...

- "pauvreté" : L'unification politique nubienne qui est achevée en 697, sous l'égide du roi Merkurios, ouvre une ère de prospérité économique et de rayonnement politique de la Nubie chrétienne, qui durera jusqu'au XIIè siècle!!! Il aurait suffit à Malek Chebel de lire le chapitre 8 du tome III d'HGA (Histoire Générale de l'Afrique) pour éviter de dire autant d'idiotie. Comment parler intelligemment d'un si vaste continent sans même se donner la peine de s'informer sur son histoire????

"servitude" : L'Egypte byzantine a capitulé face aux assauts musulmans en 642. Les souverains arabes, ayant pris de la confiance en raison de cette conquête de l'Egypte sans vraiment combattre (seulement siège de deux villes : Babylone/Fustat et Alexandrie), tentèrent de s'attaquer à la Nubie chrétienne. Plusieurs expéditions militaires, mais toujours vaillamment repoussées par les armées nubiennes coalisées, notamment grâce aux fameux archers (et lanciers) nubiens, de réputation millénaire, puisqu'héritiers directs des traditions guerrières de T3 Sti, "Le Pays de l'Arc", qui fut le premier Etat pharaonique formé dans la vallée du Nil...
Bref, jusqu'au XIIè siècle, les Arabes n'ont jamais pu subjuguer durablement la souveraineté de la Nubie chrétienne : pas plus eux que T3 Kmt face à T3 Sti, ni les Heka Khasiouta face aux Koushites, ni les Perses face aux Axoumites, etc. En réalité, des pirates arabes qui sévissaient sur la mer Erythrée kinappaient les équipages de navires ennemis ; de même que certaines tribus infiltrées sur les côtes somaliennes entreprenaient des razzias sur les pays limitrophes de la Nubie chrétienne, suscitant sporadiquement des expéditions punitives nubio-chrétiennes...

Si un peuple sur cette planète a farouchement résisté aux innombrables tentaives de mise en servitude, c'est bien le peuple de la Nubie ; pays riche en or (nub en égyptien, d'où Nubie), ivoire, bétail, céréales, etc. et qui a monopolisé pendant des millénaires les chemins du commerce lointain avec l'hinterland africain (malgré les expéditions d'Herkouf)...

Réduire une si richissime histoire de l'Afrique orientale en "paganisme", "pauvreté" et "servitude", c'est carrément se foutre du monde : pendant 600 ans (VIIè-XII), la Nubie chrétienne a été le rempart à l'expansion rapide de l'islam en Afrique orientale. rien à voir avec ce qu'il s'est passé en Egypte, en Afrique du nord ou en Andalousie...
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OGOTEMMELI
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Inscrit le: 09 Sep 2004
Messages: 1498

MessagePosté le: Sam 19 Jan 2008 06:45    Sujet du message: Répondre en citant

Malek chebel a écrit:
Sur le plan des représentations, on doit constater que le regard négatif porté sur le Noir s'est cristallisé depuis l'Antiquité, ce que la tradition arabe, puis la doxa musulmane n'ont fait que reprendre. [p.45]

L'"Antiquité", c'est quelle période exactement???
Au Nouvel Empire (-1580 à -1085), notamment du temps de la XVIIIè dynastie kmtienne, les Noirs étaient carrément les maîtres du monde. Cf CAD, Civilisation ou Barbarie, pp110-131
Cheikh Anta Diop a écrit:
au XVIè siècle av. J.-C, la XVIIIè dynastie égyptienne, sous Thoumès III (1504-1450 BC) en particulier, avait effectivement conquis toute la méditerranée orientale (Crète, chypre, les Cyclades, etc.) et toute l’Asie occidentale (Khati, ou pays Hittite, le Mitanni, l’Amourou, Kadesh, la Syrie, le pays d’Akkad, la Babylonie).
Au total, d'après l'hymne triomphal, en vers, de Thoumôsis III, gravé sur la "stèle poétique", à Karnak, en face de Thèbes en Haute-Egypte, cent dix Etats étrangers furent conquis et intégrés à divers degres à l'empire égyptien. En une année, sous Thoutmôsis III, le trésor égyptien encaissa 3500 kg d'or (electrum), dont les neuf dixièmes provenaient de tribut payés par les vassaux.

L’Asie occidentale fut divisée en districts administratifs placés sous l’autorité de gouverneurs égyptiens, chargés de recueillir les tributs, ou impôts annuels, que tous ces Etats vaincus et vassalisés étaient tenus de verser au trésor égyptien.

Dans certaines villes comme à Jaffa, les princes vaincus furent purement et simplement remplacés par des généraux égyptiens, et l'administration fut directe.

[...]Ces Etats vaincus conservaient de petites gardes territoriales instruites par des officiers égyptiens. Mais la défense de ce vaste empire incombait à l'armée égyptienne elle-même, tant et si bien que même sous Aménophis III, les villes phéniciennes protesteront quand elles estimeront que les troupes égyptiennes chargées de les protéger sont insuffisantes.

[...] 1400 ans avant Rome, l'Egypte créa le premier empire centralisé du monde.

Pendant 500 ans, donc, les diasporas nègro-africaines disséminées au monde étaient (pour l'essentiel) ressortissantes du pays le plus puissant de l'époque : elles ne pouvaient donc pas avoir une image "négative", d'esclave.
Cheikh Anta Diop a écrit:
même Athènes a été fondée par une colonie de Noirs égyptiens dirigés par Cécrops, qui introduisit l’agriculture et la métallurgie en Grèce continentale vers le XVIè siècle av. J.-C., d’après la tradition grecque elle-même. Erechthée, qui unifia l’Attique, est venu lui aussi d’Egypte, d’après Diodore de Sicile, tandis que l’Egyptien Danaos fonda à Argos la première dynastie royale en Grèce. C’est à la même époque que Cadmus le Phénicien, sujet égyptien, fonda la ville de Thèbes en Béotie et la royauté dans ce pays

La lecture attentive d'Homère confirme ce rôle "civilisateur" des Nègres "de l'espèce de tous les naturels d'Afrique" qu'étaient les Egyptiens. Les ancêtres-dieux grecs de l'Olympe sont d'origine thébaine, en Haute-Egypte, où les Prêtres des régions helléniques venaient en pèlerinage annuel. La Haute-Egypte est le pays d'origine de la XVIIIè dynastie, et de son personnel (militaire, sacerdotal, politique) qui a administré l'expansion impérialiste égyptienne...

Les troupes de Troie comportaient des éléments nègres, probablement ces officiers instructeurs égyptiens qui encadraient certains Etats vassalisés ; comme les "conseillers militaires" français "aident" l'armée tchadienne à repousser les "rebelles", ou aident les "rebelles" ivoiriens à déstabiliser Gbagbo : Rien à voir avec des troupes enrôlées de force , des "esclaves militaires"...

Pendant la période hellénistique proprement dite :
Alain Bourgeaois a écrit:
[…] Certes, il est vrai que l’esclavage était un constituant fondamental de la société antique, et nul peuple, nulle race n’échappa à cette condition : une multitude de Grecs furent bien esclaves à Rome. Mais que les Nègres soient venus en Grèce en qualité d’esclaves, c’est cela qui est contestable, et j’ajouterai : hautement improbable.

[…] Une preuve plus convaincante que les artistes n’ont pas voulu représenter des esclaves se tirera de l’observation des vases eux-mêmes. Les vases à double tête sont de types très divers, et pas nécessairement à tête de nègre, loin de là.[…] Et sur ceux-mêmes qui présentent un Nègre, qu’observe-t-on ? Que la femme blanche est d’une élégance et parfois d’une somptuosité rares. Sa coiffure est une parure de fête, un riche cécryphale brodé, tuyauté, fleuri. Et l’on eût accolé à ces belles Athéniennes, à ces aristocratiques jeunes filles, en frères siamois, des esclaves ? […] La question, à notre avis, se résoud d’elle même, et en toute clarté : les artistes ont peint là des hommes et des femmes libres, de nobles étrangers, des hôtes, et ont continué de voir en eux les « Nègres irréprochables » d’Homère. Ils les ont traités sur pied d’égalité avec la femme blanche, et parfois sur pied d’égalité avec des Dieux!

[La Grèce antique devant la négritude, éd Présence Africaine, 1971, pp84-92]

Dans l'ouvrage d'Alain Bourgeois, il y a une iconographie abondante, où l'on voit plein de Nègres en Grèce antique, sur des poteries, boucles d'oreille, etc. Rien à voir avec une quelconque "image négative". c'est un bon millénaire plus tard que les choses vont commencer à se gâter, puis empirer au fil des siècles ultérieurs, notamment par l'agression conjuguée des musulmans et des chrétiens au cours du second millénaire de notre ère...

Seule une profonde ignorance de l'"Antiquité" africaine conduit Malek Chebel, à penser l'histoire de l'Afrique ancienne à travers le prisme de son passé récent calamiteux. Mais encore une fois, les sources sont largement disponibles, et l'ignorance ne peut plus être une excuse pour raconter des bobars et se prendre pour un diseur-de-vérités-qui-fâchent...
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OGOTEMMELI
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MessagePosté le: Dim 20 Jan 2008 21:37    Sujet du message: Répondre en citant

Malek Chebel a écrit:
D’abord le nombre. Combien furent-ils ? 10 millions, 20 millions, plus ? […] la question s’est finalement révélée stérile. En effet, l’estimation du nombre total des esclaves n’est utile que pour une éventuelle compensation, ou à la rigueur pour un travail de mémoire. Il est bien entendu que dans ce phénomène monstrueux le plus scandaleux n’est pas le nombre, mais le principe. C’est pourquoi avant toute évaluation, je tiens à répéter que le principe même de l’esclavage est barbare.
(p.87)


Mais le travail de l’historien (fût-il non-spécialiste, comme ici), n’est-il pas de rendre raison des faits, au moins autant que des principes qui les gouvernent ? Or, ces faits ont plusieurs dimensions, qualitative aussi bien que quantitative. En sorte que la question du nombre est digne d’intérêt scientifique pour elle-même, comme un objet de connaissance ayant son propre potentiel d’heuristicité.

Cette question du nombre sollicite diverses disciplines scientifiques : statistique, démographie historique, géographie humaine, archéologie, etc. Qu’elle dépasse largement quelques incompétents en ces diverses matières qui l’ont préemptée, cela n’en annihile pas pour autant l’intérêt intrinsèque (plutôt d’ailleurs que "l’utilité"). En outre, qu’elle fût « utile » que pour « compensation », qui dit à Malek Chebel que le dossier des réparations est définitivement clos ???


Malek Chebel a écrit:
Disons que le volume total de l’esclavage en terres arabes et musulmanes ne saurait avoir été inférieur à 20 millions. Si ce chiffre pouvait être affiné, on parviendrait sans doute à une estimation comprise entre 15 et 30 millions d’êtres asservis pour différentes rasions (guerre, commerce, troc) et en différents corps (domesticité, armée, administration, agriculture, harem), et ce, à raison d’une moyenne annuelle corrigée de 2 à 3 millions par siècle.
(p.90)


Voici comment quelqu’un, qui n’y comprend rigoureusement rien aux techniques quantitatives d’analyse démographique, escamote un sujet, après avoir prétendu que cela n’avait aucun intérêt (scientifique) ; qu’il suffisait de verser une larme de crocodile sur la « barbarie » du « principe » pour aussitôt s’autoriser à embrouiller la compréhension des faits (en leur dimension démographique, quantitative). Même un vulgaire vendeur de tapis ne se serait pas livré à un tel marchandage, à la grande louche, sur les chiffres.

En effet, une moyenne arithmétique controuvée, à partir d’une estimation globale sortie d’un chapeau, a-t-elle un sens s’agissant d’un phénomène qui a duré 13 siècles, avec un rythme d’évolution évidemment non linéaire, comportant de nombreuses fluctuations d’amplitudes diverses ????

Seuls de vraies équipes de statisticiens chevronnés pourraient proposer des modèles théoriques d’estimation ayant quelque intérêt scientifique, après avoir périodisé correctement l’évolution séculaire du phénomène étudié. Car la vérité scientifique n’est pas la vérité révélée, mais elle dispose de ses propres conditions internes de validité, de falsifiabilité, que n’importe quel nigaud ne peut pas fouler au pied, juste parce qu’il a décrété que le sujet n’était pas « utile »…

Malek Chebel a écrit:
En additionnant toutes les estimations que les auteurs ont avancées pour chacun des quatorze siècles de l’islam et dans chaque compartiment du domaine servile, je suis arrivé à un total compris entre 21 et 22 millions d’esclaves. (p.91)

Justement : on ne peut pas additionner purement et simplement les estimations des uns et des autres, pour en tirer une énième estimation naïve. Cette façon de réifier des chiffres bidons est aussi une manière d’insulter les faits, de les ensevelir. Déjà, parmi les auteurs dont les chiffres ont été ainsi additionnés, il s’en trouve qui n’ont fait que reprendre les estimations des autres, en les corrigeant eux aussi au doigt et à l’œil. En sorte que la simple aggrégation de toute cette matière hétéroclite ne débouche sur aucune information scientifiquement recevable. C’est que du pipeau

A ce propos, j’ai lu un très bel article de Patrick Manning qui présente et critique les méthodes d’estimation généralement employées par ses collègues spécialistes de la « traite négrière », notamment par Lovejoy (abondamment cité par OPG…), John Thornton, Joseph Miller, Joseph Inikori, D. Curtin , etc. :
La traite négrière et l'évolution démographique de l'Afrique, in La chaîne et le lien. Une vision de la traite négrière, éd. UNESCO, Paris, 1998, pp 153-173.

Florilège :
Patrick Manning a écrit:
Joseph Miller est allé jusqu’à soutenir que l’incidence des famines périodiques sur la population africaine a été supérieure à celle de la traite des Noirs. (p.156)

[…] Certains chercheurs ont soutenu que l’introduction de nouvelles cultures en Afrique a permis une élévation des taux de croissance démographique, de sorte que les pertes dues à l’esclavage étaient compensées par de nouvelles naissances. Cette thèse, qui s’accompagne parfois d’une référence à une remarque faite en passant par Curtin et selon laquelle le maïs américain a peut-être été la cause d’une poussée démographique africaine, n’a jamais été argumentée de manière systématique.

[…] Le débat sur les incidences, en Afrique, du commerce d’exportation des esclaves s’est ouvert sans bruit en 1969, lorsque John Fage, relevant la vitalité et la continuité des sociétés de l’Afrique de l’Ouest, a proposé, en réponse aux évaluations de Curtin, des évaluations laissant supposer que la traite des noirs n’avait quasiment eu aucune influence sur la taille ou la structure de la population africaine. […] A la suite de Fage, David Northrup et roger anstey ont fait des estimations analogues.

Travaillant de manière indépendante, Thornton et l’auteur de la présente étude ont montré, en 1981, qu’il était nécessaire, pour ces calculs, de tenir compte de la structure par âge et par sexe de la population.

Bref, avec des hypothèses défiant parfois les méthodes élémentaires d’analyse démographiques, on comprend aisément que tant d’estimations colportées de publications en publications ne valent rigoureusement rien scientifiquement...

Même Manning, qui est l’un des auteurs les plus consistants méthodologiquement, oublie une chose pourtant simple à comprendre : dans la mesure où la traite négrière (atlantique) conjugue ses effets démographiques avec la traite musulmane (transsaharienne et est-africaine), il n’est pas raisonnable de cloisonner l’analyse quantitative de leurs impacts sur la population totale négro-africaine, entre le XVè siècle et le XIXè siècle.

Tandis que pour les périodes antérieures, où l’activité négrière musulmane est moins significative en Afrique, ses seuls effets quantitatifs ont probablement été moins incidants sur la population, d’autant que les razzieurs musulmans (Arabes, Berbères, Touaregs, etc.) étaient souvent confrontés à de puissants Etats africains (Nubie chrétienne, Wagadou, Mali, etc.) aux capacités de défense militaire tout à fait compétitives face aux négriers de l’époque ; jusqu’à l’introduction des armes à feu par des mercenaires Andalous, emmenés par Djouder au XVIè siècle, pour le compte des sultans marocains…

Bref, la question des chiffres est loin au delà des vagues compétences de Malek Chebel en la matière ; sa contribution ne faisant qu’amplifier le bruit qui recouvre ce domaine de connaissance scientifique à part entière, et entièrement à part…
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Kareem Said
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MessagePosté le: Lun 21 Jan 2008 11:45    Sujet du message: Répondre en citant

Salut Ogotemmeli,

Le 1er Empire centralisé de l'Histoire n'est-il pas celui fondé par un sémite SARGON II d'AKKAD aux alentours de 2300 avant JC ? Il m'a toujours semblé que le 1er Empire de l'Histoire fut l'oeuvre des Sémites de Mésopotamie en l'occurence les Akkadiens , me trompe-je ?
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MessagePosté le: Lun 21 Jan 2008 12:05    Sujet du message: Répondre en citant

Mr Malek Chebel la composante négroide de la population marocaine ne peut pas s'expliquer que par la présence d'esclaves noirs à une certaine époque ( notamment au Moyen-Age ) , il y a toujours eu des Noirs libres au Maroc aussi loin que l'on remonte dans le temps de meme qu'en Algérie , Tunisie , Egypte et Lybie . C'est marrant que l'on voit en chaque noir du Grand Maghreb un descendant d'esclave . Le peuplement du Maroc c'est un mélange de noirs , de blancs , de métis , d'asiatiques etc... mais il est clair qu'à la base le Maroc devait avoir une importante population noire et ça saute aux yeux pour quiconque visite le Maroc de nos jours ( surtout au Sud ) .

Une petite précision pour l'esclavage en Mauritanie , le problème est plus complexe que les Occidentaux veulent nous le faire croire : tous les Noirs de Mauritanie n'ont pas été esclaves des Beydanes par exemple les Soninkés et les Peulhs n'ont jamais été soumis / assujettis par les Maures ceci est strictement impossible c'est meme le contraire pour quiconque connait l'Histoire de l'Empire du Ghana et du Mali 2 Empires Noirs Africains tellement puissants qui pouvaient se permettre d'assujettir des berbères blancs ( à l'époque ils étaient des vassaux ) . Bref l'esclavage en Mauritanie à l'heure actuelle c'est qu'entre Maures ( qu'ils soient noirs ou blancs ) mais aucun Soninké ou Peulh n'est esclave des Maures ceci est impossible . A bon entendeur
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MessagePosté le: Jeu 31 Jan 2008 02:53    Sujet du message: Répondre en citant

Kareem Said a écrit:

Le 1er Empire centralisé de l'Histoire n'est-il pas celui fondé par un sémite SARGON II d'AKKAD aux alentours de 2300 avant JC ? Il m'a toujours semblé que le 1er Empire de l'Histoire fut l'oeuvre des Sémites de Mésopotamie en l'occurence les Akkadiens , me trompe-je ?

L'histoire de Sargon est plus légendaire qu'à proprement parler historique : un certain Sharrum-kîn aurait subjugué la Basse-Mésopotamie, puis tenté de faire de même en Haute-Mésopotamie...

Cela me rappelle le cas des Heka Khasouta, qui ont contrôlé essentiellement la Basse-Egypte et passent quand même pour avoir dominé toute l'Egypte ; tandis qu'en réalité la Haute-Egypte était demeurée sous le "protectorat" de Koush...

Selon moi, l'entreprise impérialiste du Nouvel Empire -surtout de la XVIIIè dynastie- est mieux documentée, plus conséquente en tant qu'elle couvre de très vastes territoires ("110 Etats" étrangers), et plus durable, puisqu'elle s'étend sur 500 ans (-1580 à -1085). Ses conséquences culturelles, scientifiques, architecturales, cultuelles, politiques, etc. sont beaucoup plus prégnantes (Cf. Black Athena, de Marrtin Bernal)...

Nonobstant, à l'époque de ce Nouvel Empire, les Négro-africains ne pouvaient pas avoir une mauvaise image dans le monde, car ils en contrôlaient de vastes régions, particulièrement les deux grands carrefours du commerce international qu'étaient la Méditerranée et la mer Erythrée, de même que les principaux axes caravaniers de l'économie mondiale (de son épicentre, en tout cas). Et c'est bien ce point précis du propos de Malek Chebel que je voulais récuser en rappelant ce cas...
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MessagePosté le: Dim 23 Mar 2008 05:16    Sujet du message: Répondre en citant

Malek Chebel a écrit:
C'est en 640 qu'eut lieu la première rencontre entre l'islam et les tribus animistes du Soudan. C'est dire que ce pays compte parmi les premiers à avoir embrassé la religion du Prophète -non sans mal, il faut dire.

En effet, dès ce premier contact, les armées musulmanes exigèrent des rois locaux qu'ils leur fournissent une importante quantité de biens en échange d'une paix solide (mais non définitive) comprenant aussi la protection due par le maître arabe à son client.

Un traité (baqt) fut même signé en 652 entre les représentants de l'Etat musulman, la Nubie -Province égyptienne pas encore conquise- et le Soudan.

Treize siècles et demi après, cette soumission du Soudan et de la Nubie aux souverains musulmans venus d'Arabie et d'Egypte reste très ancrée dans l'inconscient collectif.


De fait, les Soudanais se sont méticuleusement acquittés de la lourde charge qui consistait à envoyer annuellement au Caire un nombre défini d'esclaves. "Entre 300 t 400 esclaves par an, dont 40 étaient directement affectés au palais", soutient le chercheur soudanais Abdal-Gaffar M. Ahmed, installé à Khartoum.

[...] D'après les chercheurs actuels, ce pacte resta en vigueur durant les quatre siècles de la toute puissance ottomane, du XVè au XVIIIè, quand ses termes ne s'aggravèrent pas du fait des besoins pressants en jeunes recrues qui e faisaient sentir à Istanbul.

[pp 170-171]

J'ai préféré consacrer un article (un topic) dédié à cette question de baqt, car c'est l'un des plus gros lièvres que je crois avoir débusqués lors de mes recherches sur le yovodah. Pourtant, je n'en reviens toujours pas qu'une telle supercherie persiste d'ouvrages en publications sur le sujet, prenant tranquillement toutes les apparences d'un fait avéré, dûment documenté, lors même qu'il n'en est strictement rien...

Il n'existe aucune source écrite authentique d'un traité qui aurait été signé en 652, a fortiori d'un baqt, stipulant que les Nubiens devaient fournir annuellement des centaines d'esclaves aux Arabes!!!

Les armées muslmanes n'avaient pas vaincu les armées Nubiennes à cette date, et ne pouvaient donc leur imposer quoique ce fut. Pis, ultérieurement, lesdites armées arabes essuyèrent plusieurs défaites face aux Nubiens qui les attaquaient jusque dans leur propre territoire de l'Egypte conquise. C'est bien plus tard, à partir du déclin de la Nubie chrétienne, maintes fois harcelée par des troupes musulmanes, que les Arabes prendront le dessus, vers le XIIIè siècle ; mais plus effectivement à partir du XVIè siècle...

La version ci-dessus de Malek Chebel est l'une des plus caricaturales qu'il m'ait été donné de lire : "tribus animistes" par ci, "Etat musulman" par là ; "soumission" par ci "souverains musulmans" par là ; "son client" par ci "maître arabe" par là ; etc.

Que de ragots aux relents négrophobes, ne reposant sur quasiment aucun fait attesté. Pire, quelques flagrantes contre-vérités historiques, telle que la Nubie du VIIè siècle aurait été "une province d'Egypte non encore conquise" Rolling Eyes Rolling Eyes Rolling Eyes

Vraiment, quand on ne sait pas, il vaut mieux se renseigner, au lieu de berner le chanland aussi drôlement. Ce livre de Malek Chebel est assurément médiocre...
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