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A Mamadou Coulibaly, président de l'assemblée nationle de CI

 
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kochyz
Grioonaute


Inscrit le: 27 Mar 2006
Messages: 19

MessagePosté le: Dim 22 Fév 2009 00:11    Sujet du message: A Mamadou Coulibaly, président de l'assemblée nationle de CI Répondre en citant

A Mr Mamadou Coulibaly, président de l'assemblée nationale de Côte d'Ivoire.



Je suis de ces Ivoiriens qui souscrivent totalement à votre opinion selon laquelle : « le franc CFA est coercitif, injuste et moralement indéfendable...il doit se libérer du joug colonial ». Le franc CFA, comme vous dites, est une union de coopération monétaire dont les leviers de contrôle se situent en France où priment les intérêts français. D'autre part, la France oblige les Etats membres de cette union de coopération à placer 65% de leurs réserves de change dans un compte commun au trésor Français et leur impose un taux d'échange fixe de leur monnaie. Aucun de nos pays, vous poursuivez, ne sait réellement ce qui lui revient de ces réserves de change. A l'exception de la France qui a un accès exclusif a ce compte. Votre interview accordée à Un Monde Libre nous informe d'avantage.


Ces quelques éléments suffisent pour comprendre que nous somme dans un 'partenariat' unilatéral qui ne sert que les intérêts de la France. Je suis d'accord avec vous, Il nous faut une autonomie financière. Vos réflexions ont une résonance particulière en nous autres qui nourrissons cette envie profonde de nous libérer une fois pour toute, de l'emprise française. J'apprécie sincèrement votre courage, votre patriotisme et vos idées progressistes. Enfin, des politiciens qui plantent en nous les graines d'un changement d'état d'esprit en ce qui concerne non seulement la France, mais également nos capacités, nos droits, nos responsabilités collectives et individuelles.

Je pense par ailleurs, qu'une autonomie militaire, politique et financière ne brisera que quelques maillons superficiels de la longue chaine qui nous lie à la France. Il va nous falloir faire face courageusement aux autres formes d'occupation encore plus pernicieuses qui opèrent en profondeur. Ces influences qui ankylosent nos initiatives et qui bloquent l'émergence de notre propre génie. C'est à dire, l'occupation de notre conscience par la France et cela, par sa culture interposée. Cette occupation agit sur notre conscience à travers, entre autres, le français notre langue officielle, notre instruction scolaire, et au niveau des actes apparemment anodins comme les prénoms français que nous donnons à nos enfants. Nous devons donc hiérarchiser nos priorités. Les sujets qui font à coup sûr la une des journaux ne sont pas forcement les plus urgents. Une quelconque refondation ou velléité d'indépendance qui ne touche pas à la reconstruction de notre conscience ne sera rien d'autre qu'une tempête dans un verre d'eau. Au mieux des cas, elle sera une révolte qui ne nous donnera des résultats qu'à court terme. L'argumentation même la plus intelligente en faveur de la liberté ou de l'indépendance, aura une résonnance limitée dans une conscience sous occupation.

Nous devons donc impérativement moderniser nos langues. Comme vous le savez cher professeur, la langue est un élément hautement important de la culture d'un peuple. Il lui permet de symboliser et de communiquer ses concepts. C'est à dire ses mythes, ses légendes, ses expressions, ses traditions, son imaginaire, ces éléments qui définissent l'essence, l'identité intrinsèque d'un peuple. Comment pouvons-nous donc imaginer une quelconque indépendance vis à vis de la France quand notre principal vecteur linguistique appartient à ce pays? Le français, à beaucoup d'égards, nous conditionne à penser comme les Français. Cette langue formate notre façon d'agencer nos idées, de nous connaitre et de comprendre le monde. Si nous voulons crédibiliser notre volonté de prendre en main les rennes de notre propre destin, nous devons mettre nos langues au gout du jour. Les seules qui sont en mesure de traduire, de symboliser et de décoder le mieux notre environnement et notre vision du monde. Le taux d'alphabétisation et le niveau d'éducation scolaire ne serait pas aussi bas dans nos pays si notre instruction scolaire se faisait dans nos propres langues. Elles peuvent aisément supporter la pensée scientifique et philosophique comme l'a démontré le célèbre linguiste Africain, le professeur Théophile Obenga. La langue a des ramifications trop importantes sur le cerveau pour que nous empruntions celui d'un peuple, qui plus est, fondamentalement différent du nôtre. Le Français est un acquis que nous pouvons toujours utiliser parallèlement à nos propres langues comme c'est le cas pour l'anglais en Inde, dans certains pays arabes et ailleurs.

Ensuite, vient notre instruction scolaire dont la structure, la méthodologie, le contenu et les objectifs reflètent le paradigme intellectuel français plus que le nôtre. La sélection des matières à enseigner et leurs coefficients reflètent fondamentalement les repères, les objectifs et le paradigme intellectuel des pédagogues français. Les principales références intellectuelles, scientifiques, littéraires et politiques des élèves ivoiriens sont majoritairement occidentales. Pourquoi ? Parce que le format de notre instruction scolaire n'est pas le nôtre. Les Africains sont des créateurs prolifiques dans tous les domaines depuis la préhistoire jusqu'à nos jours. Que ces Africains soient nos principales références. Prenons l'histoire par exemple. L'enseignement de cette matière dans nos écoles, n'est rien d'autre qu'une plateforme de promotion de l'histoire de l'Europe. La focalisation mediatique et scolaire sur l'expérience Europeenne de la deuxième guerre mondiale est une betise. Et celle des AFricains? Comment se sont passes leurs mobilisations avant , leurs realites pendant et leurs sorts apres la guerre. Comment ont ils vecu les camps de concentrations Allemands? Que nous enseignent on sur ces sujets? Fohi!
Connaissant la nature et la richesse de notre passé, l'enseignement de cette histoire est crucial pour l'éveil de notre conscience. Malheureusement, cette matière est reléguée au bas de la liste des matières importantes. Le coefficient que nous lui assignons démontre le peu d'importance que nous accordons à notre mémoire historique. L'Ivoirien moyen de la classe de 3e ne sait pas grand chose de l'Afrique antique et de son impact sur les concepts majeurs universels actuels. De l'Afrique des grands empires avec les célèbres civilisations du Zimbabwe, d'Ife, du Ghana ou du Mali entre autres. Relativement Fohi. Même si nous restons dans les temps modernes avec l'histoire de la pénétration et de la pacification de la Côte d'Ivoire par la France ou de la farouche résistance des peuples Ivoiriens à la progression des Français ; là encore l'Ivoirien moyen n'en sait relativement rien. Pareil pour les luttes - O combien importantes – du PDCI-RDA et des autres regroupements Ouest Africains pour nos 'indépendances'. Notre histoire doit être écrite et enseignée par des Africains. Elle ne doit pas être une simple collection de dates dépourvue d'une narrative patriotique. Parce que l'histoire rappelle aux générations présentes la grandeur de leur passé et le potentiel qu'elles couvent en elles. Nos élèves doivent savoir que depuis l'Antiquité jusqu'au moyen âge, l'Afrique était une référence intellectuelle, politique, morale et économique. Nos élèves doivent savoir ce que nous étions en tant que peuple, ce qui a changé, comment et pourquoi. Afin de tirer les leçons nécessaires pour éviter les erreurs du passé. Ils doivent savoir, sur la base de notre expérience historique, le rôle réel de la France en Côte d'Ivoire. Notre mémoire historique est le support de notre conscience. Ne croyez vous pas que la refondation de notre instruction scolaire est autant importante sinon plus importante que la présence du 43e BIMA sur notre sol ?



48 ans après 'l'indépendance', nous continuons de donner des prénoms français à nos enfants sans tenir compte de leur impact sur notre subconscient. Vous le savez professeur, que le prénom dans les sociétés traditionnelles Africaines est un symbole important. Il nous identifie au clan, à notre ethnie ou à la famille. Il lie spirituellement ou marque l'affection pour un parent, il immortalise un événement important. Le prénom est une caractéristique important de notre identité. Un prénom français coupe le lien identitaire qui lie l'enfant à ses traditions. Inconsciemment, il conditionne l'enfant à s'identifier à la France. Le combat pour la possession de notre propre monnaie ne doit pas occulter cette réalité dont la solution dépend simplement de nos propres décisions politiques. Donnons à nos enfants des prénoms qui reflètent leurs origines.

La configuration de notre société est une autre preuve que notre asservissement est plus profond que nous daignons l'admettre. Pour exemple, analysons le concept du 'pré-carré français'. La France perçoit, 'à juste titre', notre pays comme sa possession. Nous participons volontairement et joyeusement à la promotion de la culture française à travers la francophonie et le ministère créé à cet effet. La Côte d'Ivoire, est quasiment une ville française. Les affiches publicitaires sont en français, la principale langue est le français, l'une des religions de prédilection est le catholicisme (importation française), le système judiciaire et la fonction publique sont profondément bureaucratique comme en France, les policiers sont arrogants, racketteurs et agressifs comme en France, les paliers des institutions publiques sont rigidement hiérarchisés comme en France, la signalisation routière est française, les chaines câblées sont françaises ou traduites en français. Notre économie est profondément pénétrée par les compagnies françaises. Aucun panneau de signalisation routière n'affiche une seule réalité de notre environnement. Une rue comme le boulevard Nangui Abrogoua --la dernière fois que j'ai vérifié--, avec ses étalages qui débordent sur la chaussée et ses piétons qui traversent dans tous les sens, devrait avoir des panneaux qui reflètent son caractère. Non. Au contraire, nous enseignons à nos futurs chauffeurs des panneaux de camping, de verglas, de neige, de tramway qui caractérisent l'environnement français. Même à ce niveau aussi basic, beaucoup de nos repères sociaux demeurent français. Soit dit en passant, Combien d'Ivoiriens savent qui est Nangui Abrogoua? Combien savent sa contribution à l'histoire de notre pays? Vous avez deviné, très peu. Par contre beaucoup d'Ivoiriens seraient capables de vous dire qui est soit Angoulvant, Latrille ou Mitterrand. C'est malheureux.

Je supporte entièrement votre croisade pour la possession de notre propre monnaie. Mais aussi longtemps que les concepts et les différents prismes à travers lesquels nous appréhendons ce monde n'appartiendrons pas à notre culture, nous resterons des perpétuels esclaves de la France. Financièrement ou pas. Le plus important est avant tout notre libération culturelle, notre décolonisation mentale. Cette fois ci, cela n'incombe pas à la France mais plutôt à vous les 'refondateurs', nos politiciens.

Les palestiniens n'ont pas de réelle autonomie politique, militaire et économique. Depuis 60 ans, le puissant état Israélien n'arrive pas à les phagocyter. Simplement parce qu'ils contrôlent leur culture. C'est à dire leur langue, leur religion, leur tradition et leur histoire. Ils savent d'où ils viennent et où ils vont. Les principaux acteurs de la mondialisation (l'Inde, la Chine, l'Europe, les USA...les pays arabes) contrôlent également leur culture. Fondamentalement, que nous apportera une autonomie financière quand notre paradigme intellectuel, notre conscience tout court, est sous occupation française ?

Merci de votre attention.



Dedi, Coventry, Angleterre.

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OGOTEMMELI
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MessagePosté le: Dim 22 Fév 2009 03:32    Sujet du message: Répondre en citant

Mamadou Koulibaly étant professeur d'économie,on comprend qu'il se préoccupe davantage du domaine de connaissance qu'il maîtrise. Son combat pour une souveraineté en matière de politique économique, et donc pour la maîtrise des outils monétaires et bancaires qui le permettent, est on ne peut plus louable, crucial : pour les 90% d'Africains qui ne parlent pas français, MAIS QUI ONT FAIM, ce combat économique de survie immédiate est absolument prioritaire...

Le comble, qui est aussi une conséquence de ce que vous décrivez, réside en ce qu'ils soient si rares les hommes politiques ivoiriens/africains qui problématisent notre dépendance protéiforme à la France. Pour l'essentiel, ils ne jurent que par la "Bonne gouvernance", le "Codéveloppement" franco-africain, et autres inepties béatement ânonnées...

C'est donc une précieuse pierre à l'édifice que vous apportez en soulignant ici un aspect radical de cette dépendance protéiforme, à savoir l'aspect pédagogique et linguistique :

- la plupart des oeuvres académiques majeures sur l'Afrique, notamment sur son histoire ancienne, est publiée en anglais ; sauf quand il s'agit des meilleurs auteurs africains d'expression française : Cheikh Anta Diop, Théophile Obenga, Paulain Hountondji, Joseph Tchundjang Pouémi, Djibril Samb, Aboubacry Moussa Lam, Niangoran Bouah, Harris Memel Fotê, Marcel Amondji, Mubanbige Bilolo, Kouamé Allou, etc. tous auteurs presque JAMAIS étudiés dans les écoles et universités africaines cornaquées par "l'Agence Française de Cooopération Culturelle et Technique"...

- la langue de la science et du commerce internationaux est l'anglais, le français ne jouant quasiment aucun rôle significatif en ces matières ; sauf en Afrique "du Pré Carré"...

- Le monolinguisme "francophonique" nous enferme dans un carcan culturel désuet appelé "francophonie", où une écrasante majorité d'Africains non francophones est violentée dans son africanophonie...

Bref, il existe d'innombrables raisons extrinsèques d'abandonner dare dare le français, en plus de celles intrinsèques que vous rapportez : la langue est effectivement la "boîte noire" de toute civilisation (dixit Alain Anselin). En sorte que renoncer à nos langues, cela revient à renoncer à nous-même, à notre conscience collective dans ce qu'elle de plus profond : c'est sortir de soi-même pour quémander "la natte des autres" ; s'aliéner culturellement, civilisationnellement...

Pour se défaire de carcan, je suggère que la Côte d'Ivoire adopte progressivement :

- l'anglais comme première langue internationale,

- le chinois (mandarin), l'arabe, l'indi, le russe et le latino-américain comme secondes langues internationales pour le commerce avec les pays d'avenir sur le plan économique mondial,

- le bambara et le kreyol comme langues officielles. La deuxième visant à renouer culturellement et politiquement avec le second continent nègre en quoi consiste la diaspora afrocaribéenne, notamment avec Ayiti, le premier Etat moderne fondé par des Nègres hors d'Afrique (membre d'honneur de l'Union Africaine)...


P.S.
La question spirituelle devra également être posée avec force : il n'est pas normal que l'on finance exclusivement des lieux de cultes dédiés aux religions étrangères infligées à l'Afrique, au détriment des religions africaines endogènes, notamment dans leurs versions syncrétiques élaborées par nos frères des Caraïbes et d'Amérique Nègre...

Vivement des édifices africains prestigieux financés par l'argent public et qui soient consacrés au Vaudou, Candomblé, Centeria, etc.

Comme quoi, le musulman et économiste Mamadou Koulibaly ne peut pas porter tout seul toutes les exigences de souveraineté pleine et entière de la Côte d'Ivoire dans tous les domaines où cette souveraineté est confisquée. Ce qu'il fait est déjà grandiose : pourvu qu'il y réussisse sans se faire brûler vif...

_________________
http://www.afrocentricite.com/
Umoja Ni Nguvu !!!

Les Panafricanistes doivent s'unir, ou périr...
comme Um Nyobè,
comme Patrice Lumumba,
comme Walter Rodney,
comme Amilcar Cabral,
comme Thomas Sankara,
Et tant de leurs valeureux Ancêtres, souvent trop seuls au front...
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