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Posté le: Mer 26 Mai 2010 08:39 Sujet du message: Aurons-nous des quotas pour les jurys de tribunaux ?
Aurons-nous des quotas pour les jurys de tribunaux ?
Dans le Gard, un avocat critique un verdict en dénonçant l'incapacité d'un jury exclusivement blanc à juger une affaire concernant une personne de couleur. Philippe Bilger dénonce avec force arguments cette première, qui montre à quel point l'esprit du temps est devenu perméable, sous couvert de diversité au communautarisme le plus extravagant.
C'est une « première » mais cela devait arriver.
La cour d'assises du Gard a acquitté le 1er octobre un gendarme ayant mortellement blessé un jeune homme de 17 ans.
Me Alain Ottan, conseil des parties civiles, a mis en cause ce verdict en dénonçant « un jury blanc, exclusivement blanc, où les communautés ne sont pas toutes représentées »...
Contre l'avis du Conseil de l'Ordre, des poursuites ont été engagées par le procureur général de Montpellier. Trois à six mois d'interdiction professionnelle ont été requis sur le plan disciplinaire à l'encontre de Me Ottan pour ce « manque de délicatesse et de modération » (Le Midi Libre).
Cet avocat, n'ayant jamais connu une pareille mésaventure, assume ses propos, soulignant son « esprit de responsabilité » et soutenant qu'ils s'inscrivaient toujours dans « sa mission de défense ».
Etonnant tout de même d'entendre un conseil battre en brèche ainsi une décision de justice. En général, les avocats, en matière criminelle, plaident si souvent l'acquittement qu'une sorte de tradition s'est instaurée. Dans ces déplaisants commentaires d'après procès, il est rare que même le conseil de la partie civile s'en prenne à l'absolution décidée par un jury. On ne sait jamais. Les avocats changent si souvent, si naturellement de registre et de vérité qu'il serait imprudent d'offenser l'avenir.
Je ne suis pas persuadé que Me Ottan, en dépit de son courage intellectuel, ait eu raison en donnant ce tour au débat judiciaire. En effet, s'aventurer à déplorer l'absence de jurés de couleur - comme s'il y avait là une manipulation alors que le tirage au sort et les récusations sont maîtres de tout - fait perdre à la cour d'assises un caractère qui ne lui avait jamais été dénié. Ce qu'on est en droit d'exiger d'un jury criminel et des magistrats qui l'assistent ne relève pas de l'origine, de la couleur ou de la religion mais de l'obligation de justice et de l'apparence d'impartialité. Laisser penser que ces vertus capitales si souvent exprimées pourrait dépendre d'autre chose que de l'intelligence, de la sensibilité et de l'humanité de chacun va nous entraîner sur un terrain qui, au lieu de mettre entre parenthèses les tensions sociales et communautaristes, les exacerbera. Tout acquittement dorénavant, pour peu qu'il ait concerné un accusé et une victime de couleur différente, sera discuté au nom d'une prétendue partialité de « peau ».
Me Ottan a ouvert une boîte de Pandore. C'est moins une affaire « de délicatesse et de modération » qu'un problème démocratique.
Se plaindre d'un jury exclusivement blanc, c'est ouvrir la voie à des querelles de mauvais aloi. Blanc, noir ou jaune, peu importe. La justice a forcément toutes les couleurs. Il s'agit toujours de chercher au fond de soi le meilleur pour être digne de ce que la citoyenneté vous a confié.
Posté le: Mer 26 Mai 2010 14:46 Sujet du message: Re: Aurons-nous des quotas pour les jurys de tribunaux ?
Jofrere a écrit:
Aurons-nous des quotas pour les jurys de tribunaux ?
Dans le Gard, un avocat critique un verdict en dénonçant l'incapacité d'un jury exclusivement blanc à juger une affaire concernant une personne de couleur. Philippe Bilger dénonce avec force arguments cette première, qui montre à quel point l'esprit du temps est devenu perméable, sous couvert de diversité au communautarisme le plus extravagant.
C'est une « première » mais cela devait arriver.
La cour d'assises du Gard a acquitté le 1er octobre un gendarme ayant mortellement blessé un jeune homme de 17 ans.
Me Alain Ottan, conseil des parties civiles, a mis en cause ce verdict en dénonçant « un jury blanc, exclusivement blanc, où les communautés ne sont pas toutes représentées »...
Contre l'avis du Conseil de l'Ordre, des poursuites ont été engagées par le procureur général de Montpellier. Trois à six mois d'interdiction professionnelle ont été requis sur le plan disciplinaire à l'encontre de Me Ottan pour ce « manque de délicatesse et de modération » (Le Midi Libre).
Cet avocat, n'ayant jamais connu une pareille mésaventure, assume ses propos, soulignant son « esprit de responsabilité » et soutenant qu'ils s'inscrivaient toujours dans « sa mission de défense ».
Etonnant tout de même d'entendre un conseil battre en brèche ainsi une décision de justice. En général, les avocats, en matière criminelle, plaident si souvent l'acquittement qu'une sorte de tradition s'est instaurée. Dans ces déplaisants commentaires d'après procès, il est rare que même le conseil de la partie civile s'en prenne à l'absolution décidée par un jury. On ne sait jamais. Les avocats changent si souvent, si naturellement de registre et de vérité qu'il serait imprudent d'offenser l'avenir.
Je ne suis pas persuadé que Me Ottan, en dépit de son courage intellectuel, ait eu raison en donnant ce tour au débat judiciaire. En effet, s'aventurer à déplorer l'absence de jurés de couleur - comme s'il y avait là une manipulation alors que le tirage au sort et les récusations sont maîtres de tout - fait perdre à la cour d'assises un caractère qui ne lui avait jamais été dénié. Ce qu'on est en droit d'exiger d'un jury criminel et des magistrats qui l'assistent ne relève pas de l'origine, de la couleur ou de la religion mais de l'obligation de justice et de l'apparence d'impartialité. Laisser penser que ces vertus capitales si souvent exprimées pourrait dépendre d'autre chose que de l'intelligence, de la sensibilité et de l'humanité de chacun va nous entraîner sur un terrain qui, au lieu de mettre entre parenthèses les tensions sociales et communautaristes, les exacerbera. Tout acquittement dorénavant, pour peu qu'il ait concerné un accusé et une victime de couleur différente, sera discuté au nom d'une prétendue partialité de « peau ».
Me Ottan a ouvert une boîte de Pandore. C'est moins une affaire « de délicatesse et de modération » qu'un problème démocratique.
Se plaindre d'un jury exclusivement blanc, c'est ouvrir la voie à des querelles de mauvais aloi. Blanc, noir ou jaune, peu importe. La justice a forcément toutes les couleurs. Il s'agit toujours de chercher au fond de soi le meilleur pour être digne de ce que la citoyenneté vous a confié.
C'est vrai que la race importe peu mais les réalités si.Il faut prendre en compte dans les jurys,les individus conscients de l'environnement social en place et capable de faire la part des choses.
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