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Le francais tue nos langues et nos cultures

 
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samuel
Grioonaute régulier


Inscrit le: 28 Jan 2005
Messages: 459

MessagePosté le: Sam 19 Nov 2022 08:33    Sujet du message: Le francais tue nos langues et nos cultures Répondre en citant

Le français tue nos langues et nos cultures

Lorsqu’on évoque la nécessité de remplacer l’enseignement monolingue du français par l’enseignement de nos langues maternelles (et donc un enseignement multilingue) dans tous nos pays, il se trouve toujours des gens pour nous dire : « Mais toi-même c’est en français que tu t’exprimes en ce moment, non ?...Et tu veux critiquer le français » ? Nous devons donc commencer par balayer cet argument stupide et indigne avant de montrer pourquoi nous avons le devoir sacré d’assurer la survie de nos langues et de nos cultures en rendant leur enseignement obligatoire, effectif et généralisé sur toute l’étendue du territoire africain.

1. Nous n’avons pas choisi de parler français. Nous parlions nos propres langues quand les Français sont arrivés et nous ne demandions pas à parler leur langue. Le français nous a été imposé à coups de chicote par la violence institutionnelle française.

2. Le français n’a rien de spécial qui ferait que nous devrions le préférer à d’autres langues et particulièrement à nos propres langues maternelles. Le français est une langue comme toutes les autres et si le français s’écrit, toutes les langues peuvent s’écrire.

3. La fonction que remplit le français aujourd’hui comme langue d’échanges peut être remplie par n’importe quelle autre langue africaine. N’importe quelle autre langue peut être élevée au rang de langue véhiculaire et de langue d’échanges entre nous au-delà des frontières. Donc, au lieu d’être en train d’échanger avec vous en français, j’aurais pu être en train d’échanger avec vous en lingala, en swahili, en haoussa, en yorouba, en boulou, etc. C’est tout juste que je n’ai pas eu le choix et l’opportunité de faire autrement que de vous parler en français. Sinon, en réalité, dans la vie de tous les jours, dans tous nos pays, les gens échangent entre eux dans nos langues. D’autre part, la plupart des Africains parlent plusieurs langues et le français n’est qu’une langue parmi celles-là. Rien de plus.

Cet argument (et toi-même ? ») est donc un argument stupide et ceux qui l’avancent croient tout simplement que si nous parlons français, c’est parce qu’il y a quelque chose de spécial dans le français que les autres langues n’auraient pas alors qu’il n’en est rien. Il n’y a absolument rien dans le français qui puisse nous pousser à le préférer à nos propres langues maternelles.

Le deuxième argument, tout aussi stupide, qu’on avance pour nous décourager d’enseigner nos propres langues maternelles au lieu du français, est le suivant : nous sommes des pays multiethniques et multilingues. En conséquence, nous devons utiliser le français comme langue d’unification et d’homogénéisation.

4. La première remarque à ce sujet est que nous ne sommes pas les seuls pays multiethniques et plurilingues dans ce monde. En fait, 99% des pays du monde, la quasi-totalité des pays du monde, sont multiethniques et plurilingues. Oui, les ethnies et les langues différentes n’existent pas qu’en Afrique. L’Indonésie à elle seule compte 17.000 (dix-sept mille) îles, 1340 (mille trois cent quarante) groupes ethniques et tribus et plus de 700 (sept cent) langues différentes. La Chine compte au moins 56 ethnies différentes, plus de 300 dialectes et de multiples langues dites « minoritaires ». L’Inde compte plus de 2.000 (deux mille) groupes ethniques et tribus, 22 langues officielles et plus de 270 « langues maternelles » différentes. On peut citer le Pakistan, la Thaïlande, la Lettonie, etc. En fait, c’est le cas pour la quasi-totalité des pays du monde ; du plus petit au plus grand des pays, nous trouvons partout des ethnies et des langues différentes et pourtant, dans tous ces pays, les gens enseignent d’abord et avant tout leurs propres langues maternelles à leurs enfants avant de songer à leur enseigner une langue étrangère quelconque pour les besoins du développement scientifique et du commerce international.

Dans aucun de ces pays le gouvernement n’a dit : « Enseignons uniquement l’anglais et uniquement en anglais pour unifier le pays et oublions nos langues maternelles ». Tous ces pays ont adopté un enseignement multilingue dans lequel les langues officielles et les langues maternelles du pays sont enseignées à côté de l’anglais. En Chine, les langues de toutes les « minorités ethniques » sont enseignées dans leurs régions respectives à côté du chinois. Au Pakistan, l’enseignement de toutes les 70 langues nationales est obligatoire, chacune dans la région ou elle est parlée. Ensuite l’anglais est introduit comme langue d’enseignement et/ou sujet d’étude à l’école. Aucun de ces pays n’a fait le choix d’enseigner uniquement l’anglais au détriment des langues maternelles du pays sous prétexte qu’elles « sont trop nombreuses ».
La question de la difficulté d’enseigner de nombreuses langues est résolue dès lors que chaque langue est enseignée dans la région où elle est parlée, à l’école primaire pendant les trois premières années au moins, et dans les villes des enseignements dans les langues correspondantes seront donnés dans toutes les écoles. En fait, beaucoup de nos pays ont déjà des expériences d’enseignement de nos langues nationales ou maternelles.

Il s’agit donc de faire un choix : soit nous promouvons l’enseignement de nos langues maternelles au moins les trois premières années à l’école primaire, ou nous acceptons le risque de les voir mourir à brève échéance. L’enseignement monolingue du français, partout où il est pratiqué en Afrique, est en train de tuer lentement mais sûrement nos langues maternelles et nos cultures. D’ores et déjà dans certains pays africains, au moins un tiers des enfants ne parlent aucune de nos langues maternelles, ne parlent aucune autre langue que le français. Il semble même qu’il y a des parents qui « ont honte » de parler leur langue maternelle à leurs enfants. Or, une langue qui n’est plus parlée par personne finit par mourir faute de locuteurs. Ils sont nombreux, très nombreux les Africains qui pensent qu’il est « plus noble » de parler français que de parler nos langues. Ils sont nombreux, très nombreux, les parents africains qui à la maison parlent uniquement en français à leurs enfants. Ce qui est la chose la plus triste et la plus ridicule qu’on puisse imaginer.

Enfin, le dernier argument est celui de « l’unification ». On nous dit que le français joue un rôle d’unification en homogénéisant les populations. Certains acceptent donc de voir mourir nos langues et nos cultures sous prétexte d’unification. Ils préfèrent que nous devenions Français plutôt que nous restions des Boulous, des Haoussas, des Peuls, des Songhais, des Touaregs, des Yacoubas, des Bétés, etc. qui parlent aussi anglais ou français. Pour eux, la simple existence de langues différentes est un facteur de division et ils ne voient le salut que dans une langue unique pour tous. Or, les conflits ne viennent pas de nos différences linguistiques ou « ethniques ». Les conflits ont d’autres causes ayant trait au contrôle des ressources économiques, politiques, etc., et aux interférences et manipulations des grandes puissances. Nos différences linguistiques et « ethniques » sont tout juste manipulées comme auraient pu l’être d’autres types de différences (confessionnelles, de classe, de région, d’âge, etc.) si elles n’existaient pas.

La première question qu’on peut donc se poser à ce sujet est la suivante : puisqu’il s’agit d’unification, pourquoi est-ce qu’une autre langue africaine que le français (une langue étrangère), ne pourrait pas jouer ce rôle d’unification ? Qu’est-ce qu’il y a dans le français qui ferait qu’il serait plus « unificateur » que n’importe quelle autre langue africaine de notre choix? Pourquoi faut-il préférer le français comme langue d’unification à toutes les autres langues africaines ?

La deuxième question consiste à savoir pourquoi « l’homogénéisation » serait préférable à la diversité linguistique. Pourquoi faut-il nécessairement « homogénéiser » les gens ? La diversité linguistique et culturelle n’est-elle pas une richesse qu’il faut préserver à tout prix ?
Avant de consacrer la deuxième partie à d’autres aspects de ce problème, soulignons ceci :

LE DROIT DE TRANSMETTRE SA LANGUE ET SA CULTURE A SES ENFANTS EST UN DROIT HUMAIN FONDAMENTAL, INALIENABLE. Priver un groupe de cette possibilité, sous une forme ou une autre, est un crime sans nom, un génocide culturel. L’enseignement monolingue du français au détriment de nos langues est un génocide culturel. La France et la francophonie sont en train de perpétrer un génocide culturel en Afrique.
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