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Enseigner nos langues, toutes nos langues ou autant que poss

 
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Auteur Message
samuel
Grioonaute régulier


Inscrit le: 28 Jan 2005
Messages: 465

MessagePosté le: Mer 30 Avr 2025 13:44    Sujet du message: Enseigner nos langues, toutes nos langues ou autant que poss Répondre en citant

La question qu'on entend presque toujours poser quand on propose l'enseignement de nos langues et dans nos langues (un enseignement multilingue à la place de l'enseignement monolingue, exclusiviste et assimilationniste du francais, du seul francais et en francais), est la suivante:

''Quelle langue maternelle (ou quelles langues) faut-il imposer à tout le monde comme langue d’enseignement si on bannit complètement le français'' ?

La deuxième question que je me suis entendu poser dans un forum burkinabè est la suivante:

''Comment remplace-t-on le français par nos dialectes dans l’enseignement général et technique pour être crédibles en interne et sur l’échiquier international ?...Dire à un samo de rendre un devoir de maths en mooré. Franchement ! Demander à un gourounsi de plancher sur un sujet de philo en bissa. Et puis quoi encore ?! Dire à un peul de comprendre le cours de physique-chimie qui lui est dispensé en bobo. Il ne manquerait plus que ça au Faso ici ! Et on pourrait citer de telles exemples durant des heures vu le nombre d’ethnies qu’il y a au Faso d’où la complexité de cette question d’enseignement dans nos langues maternelles.''

Je rappelle, à toutes fins utiles, qu'il y a 70 langues nationales reconnues au Burkina Faso.

Mais tout d'abord, le problème est mal compris par ce deuxième internaute car il ne s'agit pas de demander à un Samo de rendre un devoir en fulfuldé (langue peule) ou à un Bissa de rendre un devoir en gourounsi, etc., etc. Pour les six premières années d'étude tout au moins il s'agira de demander à l'enfant samo de rendre un devoir en samo, à l'enfant peul de rendre un devoir en fulfuldé (langue peule), à l'enfant mossi de rendre un devoir en mooré (langue mossi), à l'enfant gourounsi de rendre un devoir en gourounsi, etc. Etc. Dans un deuxième temps, il peut s'agir de choisir une langue unitaire ou officielle, par exemple le mooré, que tous les enfants Samo, Mossi, Gourounsi, Peuls, Zarma, Bissa, etc., apprendront en sus de leur langue maternelle. Donc l'enfant Samo, en sus du samo, apprendra le mooré, langue officielle du pays. L'enfant peul, en sus du peul, apprendra le mooré, langue officielle du pays. L'enfant Bissa, en sus du bissa, apprendra le mooré, langue officielle du pays, etc., etc: J'expliquerai tout cela plus bas (encore une fois si vous avez la patience de me lire), mais d'ores et déjà je vous prie de noter le paradoxe et le degré d'aliénation mentale chez cet internaute: il ne voit aucun problème à ce qu'on dise à un Samo de rendre un devoir en français, mais il voit un gros problème à ce qu'on dise au même enfant Samo de rendre un devoir en mooré. Bref!...

Si vous avez la patience de me lire jusqu'au bout et de me pardonner les multiples répétitions (faites à dessein pour des raisons pédagogiques) je m'efforcerai de répondre à ces deux questions fondamentales et chacun verra que les problèmes que nous croyons complexes et insolubles sont d'une simplicité désarmante et ne nous apparaissent telles que parce que nous sommes enfermés dans le système monolingue, exclusiviste et assimilationniste français et que nous ignorons que tout autour de nous, DANS TOUS LES AUTRES PAYS DU MONDE, c'est un autre système qui est en vigueur, qui marche parfaitement et que les usagers n'ont aucune envie de changer. Tout autour de nous, dans la quasi-totalité des autres pays du monde, C'EST LE SYSTÈME MULTILINGUE, INCLUSIF ET RESPECTUEUX DE LA DIVERSITÉ LINGUISTIQUE ET CULTURELLE, qui est en vigueur.

Voici un exemple de ce qu'il ne faut pas et de ce que je préconise pas du tout: tout récemment au Niger, le gouvernement a cru bon de déclarer le haoussa COMME SEULE LANGUE NATIONALE. Ce qui est un premier et salutaire pas dans la bonne direction, c'est-à-dire la reconnaissance et l'adoption de nos langues maternelles (de nos langues nationales) comme langues enseignées et langues d'enseignement. Malheureusement, la décision du gouvernement nigérien souffre d'un énorme biais qui n'a pas manqué de soulever les protestations outragées des locuteurs des autres langues nigériennes: alors que depuis l'indépendance jusqu'à nos jours, toutes les 11 (onze) langues maternelles du Niger étaient reconnues comme langues nationales (même si elles n'étaient pas enseignées) pour assurer l'équilibre entre toutes les communautés linguistiques et garantir l'unité nationale, seul le haoussa a été reconnu comme langue nationale par le gouvernement Tiani, excluant toutes les dix autres langues nationales qui ont été reléguées, dans une parfaite démarche ethnocentriste et chauvine, au rang de ''langues parlées''. Autant dire que Tiani et son gouvernement que l'on croyait révolutionnaires n'ont pas manqué de tomber dans le piège de ceux qui disent qu'en Afrique l'ethnie (leur ethnie) est l'horizon indépassable de la pensée. Bien sûr, des ''raisons'' (notamment le grand nombre de locuteurs du haoussa) ont été données pour justifier le choix du seul haoussa comme langue nationale, mais on oublie que toutes les langues se valent intrinsèquement et qu'il n'y a pas de langue ou de culture supérieure à une autre. De même que nous trouvons inacceptable de décider d’ôter la vie à un être humain juste parce qu'il est sourd, muet, aveugle et handicapé des quatre membres, en vertu du fait que la vie humaine est sacrée, de même toutes les langues et cultures humaines sont jugées égales et dignes d’être préservées et transmises dans les communautés qui en sont porteuses indépendamment du nombre de locuteurs ou d'autres considérations oiseuses.

Bref!, le danger de l'hégémonie linguistique et culturelle et la disparition à terme des autres langues si une et une seule d'entre elles est seule reconnue et seule enseignée, c'est ce que dénonce la première question ci-dessus. Dans ce cas, nous n'aurons pas avancé d'un pas, puisque nous n'aurons fait que remplacer le français par une autre seule langue, mais le résultat sera le même pour les autres langues qui sont appelées à disparaître progressivement si l'enseignement demeure, comme dans le système francais, monolingue, exclusiviste et assimilationniste. Or, parce que nous ignorons l'existence des autres systèmes, notamment le système multilingue, inclusif et garant de la diversité linguistique et culturelle, nous tendons à croire que c'est le système monolingue qui est le seul possible et le seul existant, alors qu'il n'en est rien. Le système que nous connaissons dans le monde dit francophone, le système monolingue, est un système ULTRA-MINORITAIRE dans le monde.

Il ne s’agit donc pas d’imposer une et une seule langue d’enseignement à tous les enfants comme avec le français aujourd’hui. Si nous faisons ça, nous aurons remplacé un problème d'hégémonie linguistique et culturelle (l'hégémonie linguistique et culturelle du francais) par un autre problème d'hégémonie linguistique et culturelle (celle du haoussa ou du mooré par exemple), même si, comme nous le verrons plus bas, le problème d'hégémonie linguistique ne peut être entièrement évité, mais seulement atténué en garantissant l'enseignement de toutes (ou de la majorité) des autres langues. Donc l’enfant burkinabè de langue gurunsi n’aura pas nécessairement à apprendre le fulfuldé (langue peule), sauf s’il en fait le choix pour des raisons personnelles ou si nous choisissons le fulfuldé comme langue unitaire ou officielle et deuxième langue que tous les enfants apprendront après leur langue maternelle. Le malentendu vient du fait que beaucoup de gens croient qu’on ne peut faire les choses qu’à la façon du colon français et qu’il ne peut y avoir qu’une seule langue d’enseignement comme avec le français aujourd’hui. Or, ce n’est pas de cela qu’il s’agit. Le système actuel, hérité du colon est monolingue (on n’admet qu’une et une seule langue d’enseignement), exclusiviste (toutes les autres langues existantes dans le pays sont exclues de l’enseignement au profit du seul francais) et assimilationniste (il s’agit de promouvoir la seule langue française et la seule culture française). Le problème avec ce système, c’est que d’ici quelques décennies toutes nos langues maternelles auront disparu et avec elles nos cultures car plus personne ne les parlera puisque, faute d’être enseignées, elles ne seront plus transmises de génération en génération. Comme nous le savons tous, d’ores et déjà, certains pères de famille ne parlent plus leur langue maternelle à leurs enfants et la situation est pire dans certains pays africains comme la Côte d’Ivoire, le Gabon ou même le Cameroun, où plus du tiers des enfants ne parlent déjà plus aucune langue africaine. Même leurs parents, dans bien des cas, ne parlent plus leur langue maternelle. Alors, que faire ? Faut-il laisser mourir nos langues maternelles, n’apprendre que le francais et finir par devenir des Français de culture après avoir été créolisés ? Moi, je pense que ce serait une catastrophe à nulle autre pareille, un génocide linguistique et culturel inacceptable. Faut-il enseigner nos langues et quelle(s) langue(s) enseigner ? Une seule à tous les enfants ? Sa langue maternelle à chaque enfant ? Un nombre limité de langues choisies parmi toutes ?

Ma réponse à ces questions est qu’il faut enseigner toutes nos langues, ou autant de langues que possible car la pluralité de nos langues n’est pas un obstacle à leur enseignement. Par ailleurs, la diversité linguistique ne changera en rien le nombre d’enfants que nous aurons à enseigner. S’il y a 5 enfants Gourounsi, 3 enfants Mossi, 4 enfants peuls, cela ne fera jamais que 12 enfants au total et ce nombre demeure le même comme lorsqu'ils étaient tous enseignés en francais. Nous n’aurons pas moins d’enfants parce que nous aurons choisi de n’enseigner qu’en francais tout comme nous n’aurons pas plus d’enfants parce que nous les aurons divisés selon leur langue. Seul le nombre d'enseignants changera car nous aurons besoin d'un enseignant pour chaque langue là où on regroupait tous les enfants de langues maternelles différentes dans une seule classe. Mais même ce problème n'en est un qu'en apparence puisqu'on pourra décider que chaque communauté linguistique devra choisir en son sein un enseignant pour sa langue. Ainsi le problème sera d'emblée résolu.

Je signale à cet égard que nos pays ne sont pas les seuls pays multiethniques et multilingues comme on nous a faussement appris depuis notre tendre enfance. Les ethnies et les langues différentes ne sont pas caractéristiques des seuls pays africains. Certains pays non-africains ont plus de langues et d’ethnies que nous : 250 langues différentes en Chine ; 700 langues différentes en Indonésie ; plus de 850 langues différentes en Papouasie Nouvelle-Guinée; 2.000 tribus différentes en Inde et des centaines et des centaines de langues différentes, etc. etc.. Pourtant, ils enseignent d’abord et avant tout leurs langues à leurs enfants et non la langue du colonisateur qui n'est apprise que plus tard dans l'enseignement comme langue étrangère. Par exemple le Vietnam, ancienne colonie française comme nous, compte 50 ethnies et langues différentes. Aujourd’hui les enfants vietnamiens qui vont à l’école n’apprennent plus aucun mot de francais, mais d’abord le vietnamien et/ou leur langue maternelle (le hmong par exemple). En fait, comme j’ai déjà eu à le dire, NOUS SOMMES LES SEULS qui avons choisi délibérément de laisser mourir nos langues et nos cultures en refusant de les enseigner à nos enfants au profit du français et du seul français. IL N'Y A AUCUN AUTRE PAYS DANS LE MONDE QUI SOIT DANS NOTRE CAS.

Donc, la solution consiste à remplacer le système d’enseignement monolingue par un système d’enseignement multilingue et décentralisé.

1. Enseignement multilingue : Toutes les langues du pays ou autant de langues que possible seront enseignées au moins les 6 premières années. Chaque enfant apprendra d’abord sa langue maternelle à l’école primaire.

2) Ensuite dès l’école primaire nous introduirons l’anglais comme première langue étrangère. Plus tard j’expliquerai pourquoi nous devons préférer l’anglais au français pour ne pas trop surcharger nos enfants. L’anglais deviendra obligatoire comme premiere langue étrangere (langue étrangere et non seule langue officielle comme on a fait du français chez nous), quelle que soit la langue de l’enfant.

3) Enfin, nous pourrons aussi introduire une de nos langues maternelles choisie par consensus comme langue ''unitaire'', langue ''officielle'', langue ''commune'' ou ''langue de travail'' selon l'appellation que nous aurons décidé de lui donner. Seule l'appellation de ''langue nationale'' appliquée à une seule de nos langues m’apparaît inappropriée en raison du fait que la définition de ''langue nationale'' fait référence aux langues autochtones, celles natives du pays, c'est-à-dire les langues indigènes au pays. En conséquence, on ne peut appliquer cette appellation à une seule langue là où plusieurs existent. La langue que nous aurons choisie comme langue unitaire ou langue officielle du pays sera rendue obligatoire pour tous les enfants qui l'apprendront en sus de leur langue maternelle.

Récapitulons: tous les enfants apprendront trois langues à l'école: 1) leur langue maternelle; 2) l'anglais comme première langue étrangère; 3) une de nos langues nationales choisie comme langue unitaire ou officielle et dont l'enseignement sera obligatoire. Trois langues, cela fait trop? Et pourtant, c'est exactement ce qui se passe encore aujourd'hui: aujourd'hui encore tous les enfants apprennent leur langue maternelle à la maison, dans le foyer familial, (mais pas à l'école). Puis, quand ils sont inscrits à l'école, ils apprennent le français. Puis, plus tard ils apprennent l’anglais en sus du français. Cela fait donc trois langues. Le système proposé ne change donc pas le nombre de langues apprises, mais seulement leur statut et leur nature car langue maternelle et la langue officielle ou unitaire deviennent des langues apprises à l'école et pas seulement à la maison. Le francais est supprimé comma langue obligatoire et l’anglais est introduit comme première langue étrangère.

Mais sachez que le choix d’une langue unitaire ou d'une seule langue officielle n’est pas obligatoire. Nous pouvons nous passer d’une langue unitaire pour éviter toute suspicion d’hégémonisme linguistique. Nous pouvons déclarer toutes nos langues maternelles comme langues nationales et/ou langues officielles et nous contenter d’enseigner tout simplement toutes nos langues ou la majorité de nos langues et laisser les échanges quotidiens entre nos populations se dérouler comme ils se déroulent depuis des millénaires et encore aujourd’hui sans qu’aucune langue ait été désignée comme seule ’’unitaire’’ ou seule officielle. Bien entendu, comme partout dans le monde, la pratique quotidienne imposera une de ces langues comme celle qui est la plus parlée dans les échanges quotidiens sans qu'on ait officialisé son statut, comme par exemple le Ouolof au Sénégal, le mooré au Burkina Faso, le haoussa au Niger, le bambara au Mali, etc. etc.

On peut donc décider de donner le même statut à toutes nos langues et de les enseigner toutes sur un pied d'égalité. C’est ce que font des pays comme le Luxembourg (3 langues différentes, toutes enseignées respectivement à leurs locuteurs natifs) ; la Suisse (4 langues différentes, toutes enseignées respectivement à leurs locuteurs natifs) ; la Belgique (3 langues différentes, toutes enseignées respectivement à leurs locuteurs natifs) ; le Canada (2 langues officielles et des dizaines de langues indigènes, souvent enseignées respectivement à leurs locuteurs natifs). Etc. On peut donc se contenter tout simplement d’enseigner toutes les langues et de les déclarer officielles. Les gens n’ont pas nécessairement besoin d’une langue unitaire ou officielle pour échanger au quotidien et se comprendre. Comme je l’ai déjà dit, c’est ce que font nos populations depuis des millénaires et encore aujourd’hui comme chacun peut le constater dans la rue.

Mais mon avis personnel est qu’il serait préférable que nous ayons une langue unitaire ou officielle déclarée comme telle et enseignée en sus de leur langue maternelle aux enfants car tous les pays cités ci-dessus ont seulement entre 2, 3 ou 4 langues. En plus, tous les enfants apprennent au moins deux langues du pays. Ils ont un système d’enseignement multilingue comme ce que je propose. Les pays qui ont plus de langues, des dizaines, voire des centaines de langues différentes, ont en général une de leurs multiples langues déclarée langue unitaire ou officielle : C'est le cas de la Chine avec le mandarin; C'est le cas de l'Iran avec le persan; C'est le cas de l'Inde avec l'hindi et l'anglais; C'est le cas de l'Indonésie avec le bahasa indonésien; C'est le cas du russe en Russie où existe plus d'une centaine de langues; C'est le cas du Vietnam avec le vietnamien, etc. etc.. DANS TOUS CES PAYS, PARCE QU'IL EXISTE DES DIZAINES, VOIRE DES CENTAINES DE LANGUES DIFFÉRENTES (TOUTES RECONNUES ET SOUVENT ENSEIGNÉES), ON A CHOISI AUSSI UNE ET UNE SEULE D'ENTRE ELLES COMME SEULE LANGUE UNITAIRE OU OFFICIELLE ENSEIGNÉE A TOUS LES ENFANTS EN SUS DE LEUR LANGUE MATERNELLE. Mais dans tous ces pays, toutes les autres langues maternelles sont reconnues et leur enseignement est garanti pat l’État. AUCUN D'ENTRE EUX N'A DÉCIDÉ DE FAIRE COMME EN FRANCE OU DANS LES PAYS DITS FRANCOPHONES OÙ UNE ET UNE SEULE LANGUE, LE FIANÇAIS, EST SEULE RECONNUE ET IMPOSÉE A TOUS COMME SEULE LANGUE ENSEIGNÉE ET SEULE LANGUE D'ENSEIGNEMENT.

A ceux qui répondront qu’entreprendre d'enseigner nos langues est trop compliqué et qu'il faut tout simplement continuer avec le système monolingue, exclusiviste et assimilationniste actuel du français, je réponds ceci: en continuant avec le système actuel, toutes nos langues et toutes nos cultures auront disparu dans quelques décennies. Beaucoup de nos langues sont déjà mortes et beaucoup, sinon toutes, sont en voie de disparition aujourd'hui faute d’être enseignées à l'école et transmises de génération en génération. C'est cela le véritable problème et le seul enjeu: la préservation de nos langues et de nos cultures. Faut-il laisser aller et les laisser mourir?

Bien entendu, toute entreprise humaine présente des difficultés, des problèmes. Il n’y a aucune solution idéale à aucun problème dans ce monde. Chaque fois que vous résolvez un problème, vous soulevez d’autres interrogations, d’autres problèmes. Essayer d’éviter tous les problèmes potentiels qui pourraient surgir, c’est tout simplement renvoyer la solution aux calendes grecques ; autrement dit, c’est choisir de ne rien faire. A un officier qui demandait quel est le plan idéal pour gagner une bataille avant de se lancer, Napoléon répondait : ’’Je me lance d’abord, puis je vois’’. Autrement dit, on ne peut pas cerner les contours d’un problème, et encore moins le résoudre avant de s’y être confronté. Donc, soit on fait le choix de se lancer au risque de se heurter à des problèmes, soit on choisit de ne rien faire. Nous autres Africains, il y a souvent un biais de raisonnement qu’on voit dans toutes les discussions. Sous prétexte de ’’critique’’, les gens ont toujours tendance à évoquer les raisons pour lesquelles une proposition n’est pas faisable, mais presque jamais les raisons pour lesquelles elle est faisable. Pour trouver des raisons de ne rien faire, nous sommes très forts, mais rarement pour trouver les raisons d’agir. Donc je pose la question suivante : puisqu’il y aura des problèmes potentiels, que faut-il faire ? Faut-il choisir de ne rien faire et de laisser mourir nos langues et nos cultures à petit feu, ou faut-il choisir d’agir, au risque d’être confronté à des problèmes ? Moi, je dis qu’il faut agir et le plus tôt sera le mieux. Il y aura des problèmes. Le risque zéro n'existe pas. Il n'y a pas d'entreprise humaine sans problème. On s'y confrontera inévitablement. Il faut se préparer à les résoudre, c’est tout.

D'ailleurs, plusieurs pays nous ont devancés dans cette voie et nous pourrons nous inspirer de leur exemple. Des pays qui étaient tous d'anciennes colonies Françaises comme nous ont choisi d'enseigner leurs langues maternelles à leurs enfants afin d'assurer la survie de leurs langues et de leurs cultures et d'affronter les problèmes qui surgiraient et aucun d'entre eux n'est revenu en arrière, aucun n'a regretté et abandonné ses langues. C'est le cas du Vietnam, du Laos, du Maroc, de la Tunisie, de l'Algérie, de la Mauritanie, de Madagascar ET DE TOUTES LES ANCIENNES COLONIES EUROPÉENNES SUR TOUS LES CONTINENTS. Tous ont choisi d'enseigner d'abord et avant tout leurs langues maternelles à leurs enfants et ils s'en portent très bien. Ils ont été capables de le faire. Pourquoi pas nous?
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