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AFRIQUE NOIRE, UNE EXPERIENCE DEMOCRATIQUE SECULAIRE

 
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OGOTEMMELI
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MessagePosté le: Sam 16 Oct 2004 15:13    Sujet du message: AFRIQUE NOIRE, UNE EXPERIENCE DEMOCRATIQUE SECULAIRE Répondre en citant

AFRIQUE NOIRE, UNE EXPERIENCE DEMOCRATIQUE SECULAIRE

Si comme je le pense, LA DEMOCRATIE CONSISTE EN LA CREATION PAR UNE MULTITUDE HUMAINE D’UNE SOCIETE POLITIQUE AUTONOME, fondée en soi et pour soi ; alors l’Afrique noire possède une expérience démocratique déjà millénaire avant sa colonisation par l’Europe. Si donc une question de démocratie se pose aux Africains d’aujourd’hui, c’est bien essentiellement dans cette histoire politique millénaire qu’ils doivent en puiser les éléments de réponse adéquats ; plutôt que de verser dans un mimétisme amnésique d’expériences politiques étrangères. C’est indubitablement dans les décombres de l’Afrique ancienne qu’il faut rechercher les matériaux essentiels de la reconstruction socio-politique de l’Afrique à venir, en pleine conscience évidemment des circonstances actuelles dites de la mondialisation, qui consistent en l’occidentalisation du monde. C’est ainsi que j’entends le concept de RENAISSANCE AFRICAINE.

Mais encore faut-il que nous apprenions à connaître et comprendre notre histoire politique précoloniale. Ainsi, pour penser politiquement l’avenir de l’Afrique, il m’apparaît absolument indispensable de m’imprégner de son passé politique : de tant de richesses ancestrales à redécouvrir et à réhabiliter :

1) Un GBARA, c’est-à-dire une assemblée constituante est au fondement du MALI, dont le premier Mansah fut SUNDJATA KEITA. Cela se passait en 1240 de notre ère, à Kà-Ba, au pays de Sibi, sur la rive gauche du Djoliba, dans une vaste clairière appelée Fouga. Tous les gens du Mandène y étaient représentés. Tous acceptèrent Sundjata comme Mansah. Un ensemble de règles furent alors arrêtées pour codifier les rapports qui devaient désormais lier les gens représentés au Gbara. Ainsi avait été à nouveau réuni le peuple mandenké dans une même société politique, fondée sur une nouvelle loi que tous avaient prise.
A titre de comparaison, rappelons que la première expérience constitutionnelle moderne date de 1776 ; soit un demi millénaire après celle du Mali. Cette constitution nord-américaine scellait une alliance politique entre émigrés européens, en vue d’établir en droit des intérêts qu’ils avaient férocement acquis au détriment des autochtones, les Indiens d’Amérique, et des Nègres esclaves arrachés à leurs racines africaines.

2) La fonction politique de l’ARBRE A PALABRES peut être entendue comme lieu public pour les débats concernant les affaires publiques. Cet espace est effectivement ouvert à tous, bien qu’il y ait des règles strictes régissant la prise de parole. Cette institution de l’arbre à palabres manifeste indéniablement l’esprit d’ouverture et de transparence du débat public traditionnel africain.

3) Dans la tradition matriarcale africaine, la reine-mère est souvent aussi puissante que le roi. Dans bien des cas, c’est même elle qui le choisit, en étroite concertation avec les notables et les prêtres, conformément aux prescriptions des ancêtres-dieux. Ainsi selon cette tradition, la femme africaine est intimement associée à l’exercice effectif du pouvoir public, et peut occuper les plus hautes fonctions.

4) Au MOSSI, le RASSAM NABA , le chef des serviteurs de la couronne, est une des plus hautes personnalités politiques conseillant le MORO NABA. Il est lui-même de condition servile et administre une grande province, c’est-à-dire qu’il gouverne des hommes libres. A travers cette institution s’exprime une réelle volonté d’associer toutes les catégories sociales à l’organisation collective de la vie.

5) Périodiquement, parfois chaque jour, le Moro Naba (tout comme le Manghan) se promène dans les rues de sa capitale, accompagné de quelques dignitaires et suivant un itinéraire quasi immuable. Il peut alors être interpellé par quiconque, l’humble paysan ou l’étranger, en vue d’obtenir une faveur, un jugement, une réparation. Cette pratique a pour effet de maintenir un contact direct permanent entre gouvernants et gouvernés, afin que les décisions politiques et judiciaires soient le mieux possible instruites des aspirations concrètes des gens en chair et en os.

6) Au SONGHAY, le Koreï Farma est le ministre de la minorité blanche, des étrangers. Cela marque bien une volonté expresse de prendre en compte la dimension de l’autre, d’établir des droits pour les étrangers et de les faire respecter.
Cette tradition est attestée antérieurement au Songhay, puisque visitant le Mali au début du XIVème siècle, Ibn Battûta relève ceci : « Les Noirs ne confisquent pas les biens des hommes qui viennent à mourir dans leur contrée, quand même il s’agirait de trésors immenses. Ils les déposent, au contraire, chez un homme de confiance d’entre les Blancs, jusqu’à ce que les ayants droit se présentent et en prennent possession. »
[Ibn Battûta, Voyages, éd. La Découverte, 1994, T3, p426]


Ces quelques exemples d’institutions et pratiques politiques africaines historiquement attestées méritent d’être pris en compte et médités dans le débat actuel sur la démocratie en Afrique. Ils invitent à poser les termes d’une équation proprement africaine de l’avenir politique de l’Afrique noire, en puisant dans son expérience millénaire les facteurs d’une transformation démocratique de son être.
Cette exigence a déjà été formulée voici un demi siècle par les mouvements Panafricanistes. Ces derniers proposaient de dépasser les frontières territoriales et mentales dressées entre Africains par les esclavages et le colonialisme, afin de bâtir des sociétés politiques plus conformes aux réalités et intérêts (culturels, économiques, stratégiques, etc.) africains ; capables de résorber la balkanisation du continent noir.
Malheureusement, ces aspirations furent suspendues, voire interdites, par des préoccupations immédiates, incohérentes du développement économique. Un demi siècle perdu donc à courir en vain après le mythe du développement, sans avoir régler, ni encore moins expurger, la question préalable et primordiale de démocratie, c’est-à-dire de constitution, par les Africains et pour les Africains, de société politiques AUTONOMES.
Les crises politiques africaines contemporaines, notamment celle qui achève la néo-colonie COTE D’IVOIRE, montrent à quel point cette question est cruciale, urgentissime.
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Les Panafricanistes doivent s'unir, ou périr...
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OGOTEMMELI
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MessagePosté le: Mar 25 Jan 2005 04:54    Sujet du message: Répondre en citant

Salut,
Je me permets de remonter ce topic, parce que je compte y publier un article bientôt. Cela m'évitera de galérer pour le retrouver.
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nehem
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MessagePosté le: Mar 25 Jan 2005 18:21    Sujet du message: Intéressant Répondre en citant

Très intéressant,

Le thème que tu abordes est important, car au plan mondial, l'idéal démocratique est bien en panne, et en danger. Mais j'aimerai revenir sur ta définition de la démocratie :
Citation:
LA DEMOCRATIE CONSISTE EN LA CREATION PAR UNE MULTITUDE HUMAINE D’UNE SOCIETE POLITIQUE AUTONOME, fondée en soi et pour soi
.

Je crois, sans trop exagérer, que cette définition pourrait correspondre à quasiment n'importe quelle formation sociale, puisque pour qu'une formation sociale fonctionne il faut bien que la multitude qui la compose soit partie prenante, et donc nécessairement "créatrice" de cette société politique.

Il faut donc que tu précises ce que tu entends par société politique, car pour moi, toute société a nécessairement un caractère politique.
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OGOTEMMELI
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MessagePosté le: Mer 26 Jan 2005 21:20    Sujet du message: Répondre en citant

Nehem a écrit:
Je crois, sans trop exagérer, que cette définition pourrait correspondre à quasiment n'importe quelle formation sociale, puisque pour qu'une formation sociale fonctionne il faut bien que la multitude qui la compose soit partie prenante, et donc nécessairement "créatrice" de cette société politique. Il faut donc que tu précises ce que tu entends par société politique, car pour moi, toute société a nécessairement un caractère politique.

Ta question appelle au moins deux précisions :
- qu'est-ce qu'une société politique?
Une société politique n'est pas une communauté humaine. La première est instituée par une loi/volonté, tandis que l'autre existe par elle-même, naturellement.
C'est une personne morale dotée d'un territoire, dont elle mobilise les moyens/ressources, en vue de réaliser des fins politiques. A la différence d'une société économique, par exemple une société par capitaux, qui ne possède pas de territoire, et poursuit des fins d'ordre privé/économique.

- comment distinguer une société démocratique d'une non-démocratique?
Une société démocratique est instituée par une multitude, pour cette multitude. La loi démocratique est donc une loi émanant de TOUS. A la différence d'une société mono-archique ou oligo-archique, qui sont respectivement instituées par la loi d'un seul (Monarque) ou de quelques uns (oligarques).
En conséquence, toute société n'est pas nécessairement politique, et toute société politique n'est pas toujours, loin s'en faut, démocratique.
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nehem
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MessagePosté le: Jeu 27 Jan 2005 19:45    Sujet du message: Répondre en citant

OGOTEMMELI a écrit:
Nehem a écrit:
Je crois, sans trop exagérer, que cette définition pourrait correspondre à quasiment n'importe quelle formation sociale, puisque pour qu'une formation sociale fonctionne il faut bien que la multitude qui la compose soit partie prenante, et donc nécessairement "créatrice" de cette société politique. Il faut donc que tu précises ce que tu entends par société politique, car pour moi, toute société a nécessairement un caractère politique.

Ta question appelle au moins deux précisions :
- qu'est-ce qu'une société politique?
Une société politique n'est pas une communauté humaine. La première est instituée par une loi/volonté, tandis que l'autre existe par elle-même, naturellement.
C'est une personne morale dotée d'un territoire, dont elle mobilise les moyens/ressources, en vue de réaliser des fins politiques. A la différence d'une société économique, par exemple une société par capitaux, qui ne possède pas de territoire, et poursuit des fins d'ordre privé/économique.

- comment distinguer une société démocratique d'une non-démocratique?
Une société démocratique est instituée par une multitude, pour cette multitude. La loi démocratique est donc une loi émanant de TOUS. A la différence d'une société mono-archique ou oligo-archique, qui sont respectivement instituées par la loi d'un seul (Monarque) ou de quelques uns (oligarques).
En conséquence, toute société n'est pas nécessairement politique, et toute société politique n'est pas toujours, loin s'en faut, démocratique.


Dit comme ça, c'est beucoup plus clair.

Mais un point me dérange encore dans l'importance que tu donnes aux conditions de la fondation, par rapport au fonctionnement réel de la société. Dieu sait combien de dictateurs peuvent se targuer d'avoir été élus ! Pour cette raison, ne s'en tenir qu'au moment symbolique de la fondation me semble un critère bien mince ! Cette loi qui "émane de tous" peut avoir bien des faiblesses et laisser libre cours à toutes les dérives totalitaires. Les belles intentions d'un "par tous et pour tous" constitutionnel ne garantissent en rien l'effectivité du respect de l'intérêt général. Je crois donc nécessaire que tu précises encore ta définition, car en l'état, elle est loin d'être suffisamment charpentée !
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OGOTEMMELI
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MessagePosté le: Jeu 27 Jan 2005 21:22    Sujet du message: Répondre en citant

Salut Nehem,

J'ai traité de ces questions ici :
http://www.grioo.com/forum/viewtopic.php?t=1031
C'est pour cela que je n'y suis pas revenu plus longuement dans ce topic, dont l'objet était différent.
Mais je veux bien poursuivre la discussion dans "Concept de pouvoir public".
Dans le lien sus-mentionné, j'ai indiqué mes sources. Je n'ai donc pas inventé la définition de démocratie comme "pouvoir de tous, pour tous". Bien entendu, d'autres définitions existent, mais c'est celle-ci qui me convient fondamentalement.
Il ne suffit pas que la loi soit de TOUS, il faut encore qu'elle soit POUR TOUS. Ce qui écarte d'emblée le cas de l'élu (au suffrage universel) qui, par la suite, se sert de son mandat plutôt que de servir l'électorat...

Bien à toi
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nehem
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MessagePosté le: Ven 28 Jan 2005 10:07    Sujet du message: Démocratie Répondre en citant

Dans le topic que tu mets en lien, le mot démocratie n'apparaît pas. Or c'est bien de démocratie dont j'entends parler. Peux-tu donc répondre plus directement à mon objection précédente, à savoir que
Citation:
Les belles intentions d'un "par tous et pour tous" constitutionnel ne garantissent en rien l'effectivité du respect de l'intérêt général

J'ajouterai qu'une loi "pour tous" peux très bien être parfaitement totalitaire. C'est notamment le cas lorsque les dirigeants décident arbitrairement de ce qui est bon pour tous, au grès des circonstances.

Mais comme tu me dis ne pas être l'auteur de cette définition, je veux bien revenir à la source et jeter un oeil sur le texte initial. Dans lequel des deux livres et à quelle page, MAIRET définit-il la démocratie ?

Salutations.
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améline
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MessagePosté le: Ven 28 Jan 2005 10:32    Sujet du message: démocratie Répondre en citant

OGOTEMMELI a écrit:

Il ne suffit pas que la loi soit de TOUS, il faut encore qu'elle soit POUR TOUS. Ce qui écarte d'emblée le cas de l'élu (au suffrage universel) qui, par la suite, se sert de son mandat plutôt que de servir l'électorat..


c'est le d'emblée qui me gêne...
non que ta critique de l'élu soit fausse, mais tu jettes le bébé avec l'eau du bain! Si les citoyens élisent des ripoux et se font avoir, rien ne les empêche la fois d'après de rectifier le tir. ça ne condamne pas le principe de l'élection comme mode de désignation le moins mauvais des représentants du peuple.
A moins que t'aies mieux à proposer...
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nehem
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MessagePosté le: Ven 28 Jan 2005 11:57    Sujet du message: Re: démocratie Répondre en citant

améline a écrit:
OGOTEMMELI a écrit:

Il ne suffit pas que la loi soit de TOUS, il faut encore qu'elle soit POUR TOUS. Ce qui écarte d'emblée le cas de l'élu (au suffrage universel) qui, par la suite, se sert de son mandat plutôt que de servir l'électorat..


c'est le d'emblée qui me gêne...
non que ta critique de l'élu soit fausse, mais tu jettes le bébé avec l'eau du bain! Si les citoyens élisent des ripoux et se font avoir, rien ne les empêche la fois d'après de rectifier le tir. ça ne condamne pas le principe de l'élection comme mode de désignation le moins mauvais des représentants du peuple.
A moins que t'aies mieux à proposer...

Je crois surtout que la désignation n'épuise pas la représentation. La désignation n'est qu'un point de départ, le point Zéro de la représentation démocratique. Il n'est d'ailleurs pas interdit d'envisager d'autre points de départ que la désignation de représentants.
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OGOTEMMELI
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MessagePosté le: Ven 28 Jan 2005 22:39    Sujet du message: Répondre en citant

Nehem a écrit:
Mais comme tu me dis ne pas être l'auteur de cette définition, je veux bien revenir à la source et jeter un oeil sur le texte initial. Dans lequel des deux livres et à quelle page, MAIRET définit-il la démocratie ?

"Penser la démocratie ne saurait se réduire à penser l'émanciaption de la société civile ; la démocratie se définit plutôt comme l'existence civile d'une multitude selon le droit de sa propre nature. Et c'est l'objet du présent ouvrage que d'examiner les conditions philosophiques de sa réalisation dans les choses, ce qui est la meilleure façon d'en expliquer la définition." [Gérad MAIRET, "Discours d'Europe", éd. La Découverte, 1989, p32]
C'est cette définition de la démocratie qui m'agrée le plus. Je la trouve beaucoup plus féconde ; et surtout délestée de toute téléologie eurocentriste, pour se poser comme principe universel : la démocratie ainsi définie ne présuppose aucune institution ou pratique politique prédéterminée.
C'est aux êtres humains, d'ici comme d'ailleurs (dans les conditions particulières où ils se trouivent), de prendre en main leur propre destin, d'instituer des règles de vivre ensemble, selon leur propre conception de ce en quoi peut consister ce vivre-ensemble, et de les mettre en oeuvre efficacement pour le bien-être de chacun/tous.
Dans le livre ci-dessus cité, Mairet mobilise cette conception de la démocratie pour réfléchir à la Construction Européenne. Tandis que dans l'ouvrage qui lui précède, "Le Dieu mortel, essai de non-philosophie de l'Etat", sa réflexion est plus générale, et plus radicale. C'est donc là où tu trouveras une analyse serrée de ce qu'il entend par démocratie.
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OGOTEMMELI
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MessagePosté le: Ven 28 Jan 2005 23:20    Sujet du message: Répondre en citant

Nehem a écrit:
Dans le topic que tu mets en lien, le mot démocratie n'apparaît pas.

Mais celui de "démocratique" y apparait, notamment ici :
Citation:
Seule la loi de la multitude est démocratique, et seule une multitude peut poser une loi démocratique. Le pouvoir public est par excellence LE POUVOIR DE TOUS. Celui qu'ensemble les membres ("citoyens") d'une société politique possèdent et qu'aucune partie de cette société ne peut légitimement revendiquer, ni au nom de tous, ni a fortiori en son propre nom. En tant que puissance collective en acte, le pouvoir de tous, ou pouvoir public, ne vaut que s'il est effectivement exercé pour tous.

J'aurais dû proposer le lien ci-dessous, où j'ai écrit ceci :
http://www2.grioo.com/forum/viewtopic.php?t=856
Ogotemmêli a écrit:
Les hommes, du seul fait que ce sont des hommes, peuvent vivre ensemble en se constituant en société politique. Ce faisant, ils exercent un droit humain naturel qui est au fondement principiel de la politique. J’entends par DEMOCRATIE, l’exercice de ce droit naturel par une multitude historique particulière, qui choisit ainsi de vivre selon les LOIS qu’elle se donne à elle-même dans un espace-temps déterminé. Aussi suffit-il d’être un homme pour devenir membre de droit (CITOYEN) d’une société politique ; exclusivement à toute considération fallacieuse de race, ethnie, religion, sexe, etc.

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MessagePosté le: Ven 28 Jan 2005 23:33    Sujet du message: Re: démocratie Répondre en citant

améline a écrit:
c'est le d'emblée qui me gêne...
non que ta critique de l'élu soit fausse, mais tu jettes le bébé avec l'eau du bain! Si les citoyens élisent des ripoux et se font avoir, rien ne les empêche la fois d'après de rectifier le tir. ça ne condamne pas le principe de l'élection comme mode de désignation le moins mauvais des représentants du peuple.
A moins que t'aies mieux à proposer...

Je me suis permis de souligner "le principe". En effet, soit on discute de principes, soit on discute des modalités de leur effectivité ; ou encore de tout cela simultanément. Pourvu qu'on s'y retrouve.
Or, Nehem m'a interpellé sur une question de définition. Ce qui situe la discussion plutôt au plan des principes. En conséquence l'histoire des élus ripoux m'apparait inadéquate pour la validité de la définition de démocratie que j'ai mobilisée. C'est dans ce sens que j'ai parlé de l'écarter d'emblée. Donc, non pas au plan de la réalité, où évidemment cette occurrence est si souvent advenue.
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nehem
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MessagePosté le: Lun 31 Jan 2005 15:41    Sujet du message: Puissance collective en acte Répondre en citant

Ogotemmeli,

Merci de ta réponse circonstanciée

J'adhère avec l'évidente nécessité d'éviter l'eurocentrisme en la matière. On crève de cette conception monomaniaque du rien avant la grèce, rien en dehors de la grèce... C'est d'ailleurs pourquoi ta recherche m'intéresse.

J'aurai aussi tendance à adhérer à cette conception du pouvoir de tous comme puissance collective en acte, sachant que dans mon vocabulaire, il devient de fait coextensif de l'action collective. On ne peut pas, dans cette perspective, distinguer le pouvoir de tous de l'action collective en soi. Mais du coup :
Citation:
L'existence civile d'une multitude selon le droit de sa propre nature

Est une très vaste définition, assez séduisante, qui nécessite qu'on s'y arrète. En effet, pour bien comprendre en quoi cette définition permet bien de distinguer le démocratique du non démocratique (et éviter d'inclure le génocide rwandais dans le champ des actions démocratiques) , il est indispensable de lire l'ouvrage (ce qu'un jour, je prendrais peut-être le temps de faire) pour bien cerner ce qu'est, pour l'auteur :
- Une existence civile (apparemment très juridique)
- Une multitude (sans doute différente d'un peuple en général)
- Un droit (qui j'imagine, s'institue avec l'existence civile de la multitude)
- La nature d'une multitude (qui donc serait différente de sa culture)

Mais peut-être peux-tu déjà m'éclairer ?
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OGOTEMMELI
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MessagePosté le: Sam 05 Fév 2005 09:43    Sujet du message: Répondre en citant

Nehem a écrit:
il est indispensable de lire l'ouvrage (ce qu'un jour, je prendrais peut-être le temps de faire) pour bien cerner ce qu'est, pour l'auteur :
- Une existence civile (apparemment très juridique)
- Une multitude (sans doute différente d'un peuple en général)
- Un droit (qui j'imagine, s'institue avec l'existence civile de la multitude)
- La nature d'une multitude (qui donc serait différente de sa culture)
Mais peut-être peux-tu déjà m'éclairer ?

Salut Nehem,
Remarque : Je ne suis pas du tout disciple de Mairet. J’ai seulement mobilisé une définition de « démocratie » que j’ai trouvée dans ses ouvrages, afin de poursuivre mes propres fins, afrocentriques, qui ne sont pas le moins du monde les siennes. Donc, ce que j’en dis n’est pas toujours, encore moins nécessairement, ce qu’il a écrit.

- est civil, ce qui est relatif au citoyen, c’est-à-dire au membre d’une société politique. Par extension, est civil ce qui tient de la société politique elle-même.
[Soit dit en passant, l’expression très à la mode de « société civile » n’est qu’un vulgaire pléonasme, puisque par définition toute société politique est CIVILE…]
« existence civile » s’entend donc comme une existence dans la forme de société politique.

- le mot de « peuple » est trop connoté, voire saturé d’interprétations diverses. Celui de « multitude » est donc employé pour désigner seulement un ensemble d’individus. Lequel ensemble a tout de même une conscience de soi en tant qu’ensemble. C’est d’ailleurs en mobilisant cette conscience de soi que la multitude peut décider de se constituer en société politique, à exister civilement.

- De même qu’une personne peut, du seul fait qu’elle est/existe ; de même une multitude peut, du simple fait de son existence. Dans le cas de la personne, cette aptitude naturelle, ce droit donc, s’appelle liberté. Dans le cas de la multitude ce droit naturel s’appelle démocratie : Il est en son propre pouvoir que d’exister par elle-même. Il est en sa propre nature que de pourvoir aux conditions nécessaire à son existence. La démocratie consiste donc en la mise en œuvre par une multitude de cette capacité naturelle à être par elle-même, en devenant plus et mieux ce qu’elle veut/peut.

En définitive, cette analyse méticuleuse de « démocratie » à laquelle tu m’amènes est certes très intéressante. Mais comme elle a été déjà faite, notamment dans les références que j’ai proposées, je ne voudrais pas m’y attarder plus longuement. Il m’importe beaucoup plus d’en tirer l’enseignement suivant : les hommes, du seul fait que ce sont des êtres humains, peuvent créer des sociétés politiques viables.
En conséquence, les Africains parce que ce sont des êtres humains, peuvent créer des sociétés politiques viables ; en lieu et place des ectoplasmes agonisants qu’ils ont hérités de la traite négrière et la colonisation.

J’ajoute qu’il existe de nombreux précédents dans l’histoire de l’Afrique où cette possibilité s’est réalisée : pendant des millénaires, avant que notre monde ne soit subjugué par l’Europe, les Africains ont inventé des institutions et pratiques politiques n’ayant rigoureusement rien à envier à tout ce qui s’est fait ailleurs jusqu’à présent.
Ce constat n’est pas vain, puisqu’aujourd’hui lorsque les Africains parlent de démocratie (ou lorsqu’on en parle pour eux), il n’est souvent question que de copier des pratiques étrangères. Ce d’autant que les éminents spécialistes, forcément étrangers, de la politique en Afrique, tels Jean François BAYARD et Sophia MAPPA, professent doctement que l’Afrique n’a pas de passé politique digne d’intérêt. Leur propos est bien plus subtil et nuancé, mais revient finalement à cela…
L’enjeu théorique est aussi là : après nous avoir vainement nié toute histoire, voici que subrepticement on ne nous (re)connaît pas de « grande tradition du pouvoir » (dixit J-F Bayard). Un enjeu secondaire, en ce qui me concerne, car il y a assez longtemps que je ne prends plus pour argent comptant ce que racontent les Africanistes sur l’Afrique. Mais combien sommes-nous à être conscients de ce que nous avons une vraie, et riche, et grande tradition politique séculaire ? Que de ce point de vue, nous n’aurions aucune leçon à recevoir de personne si seulement nous savions de quoi nous sommes capables.
A ce propos, je suis tombé sur ceci dans le n°233 d’Alternatives économiques, Février 2005, p90 : « […] l’économiste [SEN Amartya, Prix Nobel] fera bondir les spécialistes de l’Afrique quand il assène qu’il « n’y a guère de doute quant au rôle traditionnel et à la pertinence continue, dans l’héritage africain, de la participation et du fait d’avoir à rendre des comptes ». »…
Si la démocratie est telle qu’ici définie, alors l’Afrique en a une expérience/expertise séculaire. SEN Amartya ne dit pas autre chose dans son tout récent opuscule, au titre évocateur : « La démocratie des autres, pourquoi la liberté n’est pas une invention de l’Occident », coll. Manuels, éd. Payot, 2005.Mais si la démocratie est tout autre chose (par exemple une expérience politique exclusivement occidentale), alors laissons là où elle est ; évitons de nous payer de mots-fétiches, afin de nous occuper toujours et principalement de cet état de déliquescence politique qui est nôtre. Et je dis que pour en sortir, nous pourrions nous imprégner de notre propre tradition politique millénaire.
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nehem
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MessagePosté le: Sam 05 Fév 2005 10:20    Sujet du message: SEN Répondre en citant

Merci mille fois de cette référence d'A. SEN sur laquelle je dois absolument jeter un oeil. Je cherchais justement un travail construit sur la matière, et la socio-économie de SEN m'a toujours beaucoup intéressée. Je ne savais pas qu'il avait encore frappé !

Pour en revenir à ta conception de la démocratie, plus ça va, plus je trouve qu'elle a beaucoup à voir avec le concept d' "auto-nomie" que Paul Ricoeur présente dans sa "petite éthique", et qui correspond d'une certaine manière, à l'exercice partagé d'une déontologie. Je connais assez mal Ricoeur, mais j'ai été séduit par la clarté de ce petit texte que tu trouveras sans trop de difficulté par Google.

En tout cas je t'encourrage à persister dans cette réflexion de fond qui me parait essentielle. C'est une des lignes de combat d'où le moment venu, il faudra bien sortir des tranchées. Si la réflexion de SEN me convient, j'essaierai d'en faire une petite conférence dans quelques temps, puisque j'en ai l'occasion (bien rémunérée, ce qui ne gache rien !).
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