Avec beaucoup de tact, je commence à poser des questions plus precises à mon père. C'est très très difficile. Il faut savoir que mon père ne montre jamais ses emotions, et là il a commencé à pleurer. C'est juste pour vous dire...
Je crois qu'il va falloir aller faire un tour à Nkongsamba, là ou se trouvait un de ces camps de torture. Ca sera la 1ere chose que je ferais dès que je repars au pays...Pour la generation du dessus, je crois que c'est trop trop difficile pour elle de se pencher et d'enqueter sur ce genocide.
C'est à nous de le faire, trouver les charniers, interroger des survivants ou des temoins de ces scenes, [
b]mettre la main sur la liste des militaires francais presents à cette epoque....[/b]
etc... _________________ https://www.amazon.fr/dp/2955284106
Inscrit le: 24 Nov 2005 Messages: 1 Localisation: Douala
Posté le: Jeu 24 Nov 2005 17:53 Sujet du message:
Le travail de mémoire entrepris pour que les évènements de la décolonisation au Cameroun ne soient pas oubliés est louable. Toutefois, je déplore l'approche réductrice et finalement tribaliste que ce devoir de mémoire est en train de prendre. Parler de "génocide Bamiléké" est interessant aux oreilles des non camerounais mais est trop réducteur pour le camerounais qui connait l'histoire. En effet, tous les témoignages montrent que la guerre d'indépendance, le "maquis" a eu lieu non seulement à l'Ouest du cameroun, mais aussi dans le Mungo, le Nkam, le wouri, le Nyong et kellé ainsi que dans la sanaga maritime. Dans toutes ces régions les massacres de masses ont eu lieu et des charniers existent toujours. Les villages entiers étaient rasés. Des populations entières ont fuit la terre de leurs ancêtres et souvent pour toujours. Aujourd'hui encore les Banen et Bandem originaire du Nkam sont plus nombreux à l'extérieur que dans leur région d'origine qui est presque vide. Presque 80% des déscendandants des survivants sont né loin de leur région et n'y sont jamais allés.
A Douala, beaucoup ont encore en mémoire le souvenir du massacre du quartier Congo. Soupçonné d'abriter des indépendantistes, l'armée française avait encerclé ce quartier et l'avait bombardé au napalm. Tous ceux qui tentaient d'échapper aux flammes tombaient sous les balles des soldats français. Même dans, la périphérie de Douala, les massacres ont eu lieu.
Dans le "film de l'assassinat de Félix Roland Moumié" (Leader indépendantiste) documentaire réalisé par un journaliste suisse et diffusé sur la chaine privé Canal 2 en novembre 2005, on se souvient encore du témoignage du vieux Nguimbous qui parle date à l'appui de ce jour de 1963 où l'armée française a bombardé son village dans la région Babimbi, faisant plus de 3000 morts sur place, sans compter ceux qui fuyaient et partaient mourir dans la forêt. Il parle d'exécutions sommaire, de viols de femmes devant leurs maris, etc. Aujourd'hui encore, selon le film, pour punir les Bassa Babimbi, aucune route allant dans cette région forestière et fertile n'est goudronnée. Le Nyong et kéllé, le Nkam, le Wouri et le Mungo réunis auraient connus près de 100.000 civils morts. Les scenes de têtes coupées et exposées au public étaient fréquentes dans ces régions .
En 2000, dans son émission "un siecle d'histoire" diffusé à la télévision d'Etat camerounaise (CRTV), Charles Ndongo recevait Pierre Messmer, ancien Premier Ministre français et haut commissaire au Cameroun à l'époque des faits. Il avoue qu'il avait pour mission en arrivant au Cameroun de "casser du nationaliste UPC". Il révèle que André Marie MBIDA, Premier ministre camerounais en 1958, lui aurait proposé de rassembler les bassa village par village et de les brûler au napalm. Il aurait refusé. C'est dire comment on considérait les régions d'origine des leaders nationalistes au Cameroun.
Tout cela pour dire que s'il faut parler de génocide, on parlerait de génocide camerounais et non pas Bamiléké seulement. Faire de ces massacres qui ont touché et endeuillé des centaines de milliers de familles camerounaises un génocide uniquement Bamiléké est historiquement faux, intellectuellement malhonnête et une insulte à la mémoire de tous ces morts (combattants de la liberté et civils innocents).
Il importe donc de militer effectivement pour un devoir de mémoire et de réparations pour tous les camerounais massacrés par un colon hostile à l'idée qu'un peuple de nègres (le peuple camerounais), le seul en Afrique noire à cette époque, lui tienne tête et non transformer une entreprise noble en oeuvre bassement tribaliste. Car si on parvient à prouver que le terme "génocide" n'est pas exagéré, il faudrait en ce moment parler de génocide camerounais. _________________ Citoyen camer
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