Inscrit le: 29 Nov 2004 Messages: 229 Localisation: Savoie
Posté le: Jeu 31 Mar 2005 12:57 Sujet du message: 350 000 africains privés de trithérapie à partir de ce soir
Qui a regardé sur Arte hier soir l'émission qui expliquait que la fabrication des génériques en Inde cessait au 31 mars , en application du code de l'OMC qui protège les brevets et que le gouvernement indien, (contre quoi au plan géopolitique?) a décidé de respecter, privant 700 000 personnes de toute possibilité de se traiter contre le Sida dont la moitié en Afrique?
J'espère quand même garder ma capacité d'indignation (aussi longtemps qu'elle m'évitera de tomber dans le cynisme...)
Nous avons une tres grande capacite d'indignation et ce n'est pas fini. En attendant, c'est l'Inde qui fabrique le plus de medicaments pour l'Afrique, c'est en Europe qu'on demande aux gens de donner aux Africains et c'est en Afrique qu'on attend que ca se passe (j'exagere la mais globalement au niveau des ONG, des humanitaires du terrain et dans le domaine medical, c'est le cas).... Indignons-nous donc gaiement, c'est actuellement ce que globalement, nous faisons de mieux.
Bref, il n'y avait rien de cynique dans mon intervention si ce n'est la nature meme des evennement qui est cynique. Je repose donc ma question "y a t il quelque chose de surprenant ?".
On ne va pas reprocher aux Indiens de faire ce qui sert leurs interets globalement, sous la pression de l'OMC parce que finalement on en pati. Les Indiens ou les Chinois ne sont pas le nouveau salut de l'Afrique. Le salut de l'Afrique, c'est l'Afrique elle meme et si elle ne cherche pas aservir elle-meme ses propres interets, personne ne le fera a sa place. Quelqu'un a parle de "developpement endogene". Il s'appelle Joseph Ki-Zerbo. On commence qd ? _________________ Vert, Jaune, Rouge...
Lorsqu'on parle de sida en Afrique, je crois que très souvent nous regardons là oú nous sommes tombés, sans chercher à savoir là ou nous avons glissé.
Je vois d'un mauvais oeil, et je serai tjrs contre que les pharmaceutiques européens vendent trop cher leurs produits aux africains. Pour moi, c'est de l'exploitation, ce sont des gens qui directement ou indirectement nous doivent plus que ce qu'ils pourront jamais rembourser.
Mais en ce qui concerne l'Inde, mon son de cloche est different: l'Inde a ses propres chats a fouetter, elle a financé sa recherche, ce n'est pas un pays neo-colonial.
Là-bas il y a des gens qui vivent plus pauvrement que les africains.
C'est un pays sous-developpé.
Ils peuvent legitimement aspirer à tirer des benefices de ce qu'ils ont investi.
Ils sont la preuve que même un pays aux ressources limitées peut faire de la bonne recherche si elle decide d'investir sur la matière grise.
En Afrique, nous refusons de le faire, et donc, tant pis pour nous, ils ne nous restera que nos yeux pour pleurer.
Mais d'un autre côté, je voudrais soulever un autre problème, celui de savoir oú on a glissé.
Je crois nous ne pouvons eluder notre propre responsabilité, la faillite de notre système moral en ce qui concerne le drame du Sida en Afrique.
Je me souviens d'un depistage à l'Université de Yaoundé, dont le résultat indiquait séroprevalence de 70%. (vous avez bien lu).
Des jeunes étudiants, qui ont tous le niveau bac+quelque chose, qui ont appris la biologie au lycée, qui connaissent tous sur le bout des doigts ce qu'est le Sida et comment il se transmet.
Comment une maladie SEXUELLEMENT TRANSMISSIBLE peut-elle atteindre 10%, voire 40% des adultes dans un pays négro-africain?
Est-ce que c'est normal?
Est-ce que cela est compatible avec les valeurs de notre civilisation négro-africaine?
Quel africain (surtout les jeunes) peut-il dire aujourd'hui qu'il ignore ce qu'est le sida?
Qu'il ignore comment il se transmet?
Qu'il ignore ce qu'est un preservatif et comment on l'utilise?
Est-il normal qu'en 2005, les études indiquent qu'une prostituée à Douala n'utilise qu'une fois sur deux le preservatif dans ses activités? Qu'un citadin accepte et parfois revendique des relations sexuelles non-protégées avec des prostituées?
Un preservatif coute en moyenne 1 euro en Europe, ce qui n'est pas du tout donné, contre 25 Fcfa= 5 centimes en Afrique.
Un preservatif en Afrique (ou du moins au Camer oú j'ai vécu) ne coûte pratiquement rien.
Mais alors, dites-moi: pourquoi les gens ne les utilisent-ils pas?
Il y a des pauvres/illéttrés/ruraux partout, en Chine, en Inde, en Amérique du sud, au Maghreb, mais pourquoi faut-ils que seuls les africains affolent toutes les statistiques?
QU'EST-CE QUI NE VA PAS ???
Je ne veux pas faire dans de l'auto-flagellation, attention.
Je dis juste que le Sida n'est pas la grippe, on ne l'attrape pas par hasard (sauf rares et accidentels cas comme les transfusions, etc...)
Je dis juste qu'en 1990 on pouvait attraper le sida par ignorance ou par malchance, mais ce n'est pas defendable en 2005.
Je dis juste qu'il est anormal que 15% de camerounais, ou 40% de botswanais aient une MST, et parmi eux des pères et mères de familles.
Les pays sahéliques (Sénégal, etc...) ont des taux d'alphabetisation très bas (autour de 30%), des PNB plus bas encore, mais ils ont encore un sens élevé de la morale et de la vie saine en société, ce qui fait qu'ils ont un taux de séroprévalence de moins de 5%.
Mais le Botswana, le Gabon, la CI, la RDC, le Nigeria, le Cameroun, etc...ont des PNB et des taux d'alphabetisation plus conséquents, mais alors...Ces pays (pourtant les plus riches en Afrique Noire!) sont aujourd'hui devenus de veritables bordels à ciel ouvert.
Un pays comme le Cameroun qui est alphabétisé à 85% (sûrement dans le top 3 en Afrique Noire) en est à 15% de seroprevalence, avec des pointes de 50% dans certaines régions.
Quelle raison valable y a-t-il à cela?
En France, pour l'année 2004, 51% des femmes ayant acquis le VIH étaint des subsahariennes: cela indique très clairement qu'il y a un problème de comportement, c'est pour moi l'épicentre du problème.
Voilà à mon sens les questions que nous devrions nous poser.
Malheureusement, à chaque fois que je les soulève, je me rends toujours compte que presque personne n'accepte de voir la chose sous cet angle.
Mais les faits et les chiffres et les faits sont têtus, et si nous refusons de nous pencher sur le VRAI problème, qui n'est pas la pauvreté (car le Sénégal est bien plus pauvre que le Camer mais 5 fois moins atteint; les chinois, les indiens, ceux de l'Amsud sont aussi citoyens du tiers monde, mais ils sont 10 fois mois atteints que les africains), alors nous risquons de voir la situation s'aggraver dramatiquement dans les 20 prochaines années.
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