M.O.P. Super Posteur
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Posté le: Mar 12 Juil 2005 13:40 Sujet du message: |
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Innovation: Les députés se soignent contre le tribalisme
Une thérapie de groupe a été organisée à l’hémicycle, avec le visionnage de “Hôtel Rwanda”, un film sur les ravages du génocide.
http://www.cameroon-info.net/cin_reactions.php?s_id=16560
YAOUNDE - 12 Juillet 2005 : Assemblée nationale: Gare à la guerre! Hôtel Rwanda,le film à succès sur le génocide rwandais, projeté aux députés.
"ça vous a plu?". "ça nous a plutôt touché, excellence". Grégoire Owona, le ministre délégué à la présidence chargé des Relations avec les assemblées se préoccupe du sentiment de chacun de ses hôtes. C'était vendredi dernierà Ngoa-Ekellé, à la sortie de la salle des fêtes de l'Assemblée nationale. A l'issue de la traditionnelle réception qu'il offre aux députés pendant chaque session parlementaire. Mais avant le repas, Grégoire Owona les a soumis à plus d'une heure de supplice. En leur projetant le film culte intitulé Hotel Rwanda, qui a fait un tabac en juin dernier à Yaoundé, lors du festival des Ecrans noirs du cinéma africain. C'est l'histoire du génocide rwandais, portée pour la première fois à l'écran. Paul Rusensabagina, un Hutu à qui l'acteur noir américain Don Cheadle prête ses traits, est marié à une Tutsi. Lorsque qu'éclate le conflit entre l'ethnie majoritaire, les Hutus détenteurs du pouvoir, et les Tsutis, déterminés à y accéder, Paul est l'un des cadres administratifs africains les plus en vue de l’Hôtel des Mille collines. Fréquenté par la communauté blanche, l'endroit est plus ou moins à l'abri des soubresauts du conflit. Mais quand les crues meurtrières s'étendent, les Occidentaux quittent le navire à la dérive, les casques bleus des Nations-unies sont impuissantes devant la barbarie des hommes. l’hôtel des Mille collines, abandonné par sa direction, échoit aux mains de Paul. Le havre de sécurité devient la proie des Forces armées rwandaises (Far), assoiffées de prébendes, qui troquent la moindre vie de tutsi contre espèces sonnantes. Quelques billets de dollars contre le vie d'un "cafard". Paul dépouillera l'hôtel confié à sa gestion, pour sauver autant de vies que possible. Celles des Tustis pourchassés par les Far, comme celles de Hutus harcelés par des Tutsi en furie, surmontant les déchirements que connaissent bien de famille où un parent est hutu et l'autre tutsi.
Barbarie
Le députés sont sortis si attérrés de cette séance baptisée "soirée détente" que l'humouriste Narcisse Kouakam, qui a présenté quelques skecthes de son nouvelle fournée, n'a pas pu leur remonter l'esprit. Comment a t-on pu laisser une telle barbarie se produire? Comment la communauté internationale n'a t-elle pas pu réagir?
Hamidou, député du Djérem, n'a pu aller au bout de la soirée. Pour lui, Hotel Rwanda met les hommes politiques en face de leurs responsabilités. "Nous devons refléchir à ce qui nous attend si nous mettons en péril la paix et la stabilité". Haman Tchiouto, député du Mayo-Kani et maire de Mindif, a vu "à quoi se réduit l'humanité quand les gens sont prêts à tout pour accéder ou défendre le pouvoir. Je me rends compte que les guerres à base tribale sont les plus barbares. Ce film doit créer en chacun de nous un sentiment d'horreur vis-à-vis de la guerre". Commentant la situation au Cameroun, il enchaîne: "nous, les hommes politiques, nous avons l'habitude de recourir aux arguments tribaux quand nos positions sont en péril. Atention: danger".
Le témoignage de la fin est d'Alioum Alhadji Hamadou. Il y a quelques années, le député du Diamaré a eu l'occasion de séjourner au Rwanda, dans l'hotel même où le film a été tourné. Les cendres du génocide étaient alors encore brûlantes. Pour lui, Hôtel Rwanda est un pâle tableau en comparaison de ce qui s'est réellement passé. Et qui était encore plus cruel. Il a ramené de son séjour une histoire de femmes tutsis que les beaux-parents hutus éventraient pour tuer le petit-fils à naître...
L'initiative de projeter ce film aux députés a été diversement appréciée. Sur une allusion d'un député du Rdpc qui, pendant la séance, faisait le décriptage tribal des récentes nominations à la tête des directions du ministère de l'Economie et des finances, un autre député du même parti a adressé cette exhortation au Renouveau:"éviter une rwandisation du Cameroun". Rwandisation: un mot que le député Hamidou trouve barbare et imprononçable. Le député du Djérem qui salue le caractère "cathartique" de l'initiative de Grégoire Owona, voit cependant dans la large diffusion de ce film, un couteau à double tranchant: "La plupart des viols, grands crimes, actes de terrorisme qui arrivent chez nous viennent aussi de ce que nos enfants voient à la télévision et sur les écrans de cinéma", observe t-il; Outre les députés, le vice premier ministre, ministre de la jusctice et garde des Sceaux Amadou Ali, le ministre des Sports et de l'Education physique, Philippe Mbarga Mboa, le ministre de la Jeunesse, Adoum Garoua, le ministre délégué aux Relations extérieures en charge du monde islamique, Adoum Gargoum... ont assisté à la projection de Hôtel Rwanda.
Les autres ministres qui, eux aussi, sont confrontés à la gestion des équilibres tribaux dans la passation des marchés, les décisions de nomination et d'affectation, l'affectation des dépenses d'investissement et des projets de développement, les recrutements dans les écoles et les grands corps de l'Etat... se devraient de regarder ce film. Et de rectifier le tir chacun à son niveau.
© Xavier Luc Deutchoua, Mutations _________________ La vie est un privilege, elle ne vous doit rien!
Vous lui devez tout, en l'occurence votre vie |
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