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La femme dans la littérature africaine
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Diali
Bon posteur


Inscrit le: 13 Juil 2005
Messages: 550

MessagePosté le: Mar 09 Aoû 2005 09:11    Sujet du message: La femme dans la littérature africaine Répondre en citant

Je propose ce sujet pour parler des femmes dans la littérature africaine sous deux angles : les auteurs africaines mais aussi les descriptions qui sont faites de la femme africaine par les auteurs hommes ou femmes.

Quelques précisions en ce jour du 5 novembre sur ce post, après quelques mois de "pratique" !
Comme je l'écrivais le 22 octobre ici même :
NB :
J'ai conscience que je propose pêle-mêle de grands classiques, de grands sujets et, des références très récentes pour des ouvrages qui semblent plus accessibles et cela pour deux raisons :
- mes lectures se font de cette manière : je ne m'attache pas à un genre particulier, ni à une époque précise ;
- ce post n'a pas fait l'objet d'un pré-travail et relate mes lectures au fur et à mesure.

Désolée pour ceux qui n'y voient qu'un fourre-tout !
Ce désordre a au moins le mérite de montrer la richesse de cette littérature africaine, et en particulier sénégalaise, je le conçois, puisque pour l'instant mes références sont surtout sénégalaises.

Je déborde aussi parfois de la thématique strictement de la femme quand certains auteurs traitent de sujets qui intéressent particulièrement les grioonautes et je profite également de certains sujets postés dans le forum pour les recouper avec des ouvrages.

Enfin, je profite de cet ajoût pour remercier aussi toutes celles et tous ceux qui par leur contribution me motivent chaque jour davantage et me font découvrir de nouveaux titres.





Je commence par cette écrivain sénégalaise Mariama Bâ et par cet entretien que je trouve riche d'enseignements parce que c'est le premier roman africain que j'ai lu et parce que je trouve que cette femme était particulièrement merveilleuse.

Finalement, son deuxième livre (qu'elle évoque à la fin de l'interview) s'appellera "un chant écarlate", ce livre qui pourrait être enfin réédité par Anibwé. C'est avec ce dernier livre, "un chant écarlate", dans lequel la femme africaine y est décrite avec tant de saveurs, que j'ai vraiment saisi toutes les subtilités de la beauté de la femme africaine traditionnelle[/b].

Interview de Mariama Bâ par Alioune Touré Dia
publié dans Amina en novembre 1979.
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Succès littéraire de Mariama Bâ pour son livre
"Une si longue lettre"


Le livre de Mariama Bâ qui vient d'être publié aux Nouvelles Editions Africaines est intitulé "Une si longue lettre". L'unanimité des lecteurs et des critiques semble faite pour dire que c'est un roman plein de sensibilité comme seules les femmes savent en avoir.


Ce livre retrace la vie de deux amies: celle qui écrit la lettre, c'est Ramatoulaye. Celle à qui on écrit, c'est Aïssatou. A travers leurs deux vies que raconte celle qui écrit, c'est la sensibilité de deux femmes qui n'ont pas le même tempérament qui se dessine, c'est à la fois et surtout la peinture de la société sénégalaise. Cette femme ayant des enfants, il est normal qu'elle en parle. Cela débouche aussi sur la description de la jeunesse actuelle, des problèmes qui se posent à elle et aux mères éducatrices. Mais des femmes âgées sont représentées également dans ce roman. C'est la troisième génération de femmes. Leurs caractères et leurs mentalités se dessinent. Il y a notamment dans le récit une dame, la belle-mère du héros principal du roman. Cette dame pour entrer dans une certaine catégorie de femmes, les femmes aux bracelets lourds, n'hésite pas à mettre fin aux études de sa jeune fille et à la donner en mariage à un homme qui pourrait être son père. Il y a également Tante Nabou qui représente la femme traditionnelle, attachée à la vérité ancienne et qui défend farouchement son sang contre l'apport du sang d'une bijoutière ou castée. Il y a aussi une autre femme, Fatoumata qui est griote et qui représente une autre catégorie de femmes. En un mot, il y a dans ce roman un peu de tout ce qui intéresse de près ou de loin, à l'heure actuelle, nos sociétés en général, les femmes en particulier. C'est ce qui a fait dire à certains que ce livre ferait date dans l'histoire de la littérature africaine. Nous avons rencontré Mariama Bâ pour ces raisons. Nous avons parlé avec elle de sa vie, de ses idées et de son oeuvre.

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Qui êtes-vous, Mariama Bâ?

Je suis une sénégalaise. Mon père fut le premier ministre de la santé de la Loi-Cadre. Je suis orpheline de mère. J'ai été élevée par ma grand-mère. Mais grâce à mon père et à la vision juste qu'il avait eu de l'avenir, j'ai été à l'école, malgré mes grands-parents qui étaient des traditionalistes. Ma maison familiale est située à l'ancienne route des Abattoirs municipaux de Dakar qui porte actuellement le nom d'un conseiller municipal, Armand Angrand. Elle fait face au service d'hygène. Ce bâtiment montre par sa structure l'aisance de mes grands-parents. Mon grand-père est un lébou de Dakar. Dans notre concession familiale, il y a une grande mosquée en dur où s'assemble une foule à chaque heure de prière. Normalement, j'aurais dû grandir dans ce milieu familial, sans connaître l'école, avec l'éducation traditionnelle qui comprend l'initiation à des rites. Je devais savoir faire la cuisine, la vaisselle, piler le mil, transformer la farine en couscous. Je devais savoir laver le linge, repasser les grands-boubous et chuter le moment venu, avec ou sans mon consentement dans une autre famille, chez un mari.

Mais vous avez été tout de même à l'école. Quelle formation avez-vous reçue?

J'ai fait les classes primaires à l'actuelle école Berthe Maubert anciennement dénommée Ecole des Filles. En ce temps-là, après le certificat d'études primaires élémentaires, on faisait une classe préparatoire pour les grands examens. Le choix n'était pas vraiment large. Les bonnes élèves étaient orientées vers le concours de l'Ecole Normale des jeunes filles de Rufisque. Les élèves les plus âgées allaient à l'Ecole des Sages-Femmes. Les autres apprenaient la dactylographie pour être des secrétaires, par une formation accélérée. Je n'ai pas choisi d'aller à l'Ecole Normale des jeunes filles de Rufisque. J'avais choisi d'être secrétaire. J'avais à cette époque 14 ans. L'importance du choix d'un métier ne m'apparaissait pas du tout. C'est la directrice de l'école des filles qui est venue me retirer du groupe des élèves du secrétariat. Elle me dit: "Tout le monde mais pas toi. Tu es intelligente. Tu as des dons. Même si tu ne veux pas y aller, tu vas préparer le concours d'entrée à l'Ecole Normale des jeunes filles de Rufisque pour le renom de notre école." C'est pour le renom de notre école donc que j'avais préparé ce concours. A mon admission mes grands-parents ont voulu s'opposer à mon entrée à cette école. Un de mes oncles disait: "Pour les études d'une fille, le certificat d'études, ça suffit largement. Halte-là."Il a fallu vraiment le dynamisme de notre directrice Mme Maubert pour arracher le consentement de ma famille, mon père étant absent, affecté à Niamey. Le concours de l'Ecole Normale des jeunes filles de Rufisque était organisé à l'échelon de l'ex Afrique Occidentale Française. J'avais la chance de sortir cette année-là, première de l'ex-AOF. Mme Legoff, directrice de l'école des jeunes filles de Rufisque, était une femme de tête. Mais j'insiste sur le fait qu'elle était aussi une femme de coeur. C'est de son coeur qu'est né ce lien qui me relie à elle. Ce lien m'a suivi toute ma vie. Ce n'est pas un sentiment qui m'est spécial. C'est le sentiment de toutes les filles qui ont vécu à Rufisque. Mme Legoff avait une vision juste de l'avenir de l'Afrique. Son éducation reposait sur les principes que nous entendons prôner aujour'hui: "enracinement et ouverture. Enracinement dans nos valeurs traditionnelles propres, dans ce que nous avons de bien et de beau, et ouverture aux autres cultures, à la culture universelle." C'est ainsi qu'elle était arrivée à nous faire oublier que nous étions de colonies différentes. Nous avons noué des amitiés par affinités et par tempérament sans penser que telle était guinéenne, telle dahoméenne et telle autre ivoirienne; ce qui a créé entre nous un vrai brassage de races et de moeurs. Cela nous a appris à tenir compte d'autrui, à faire taire nos ressentiments. Un esprit de tolérance!

Du militantisme d'association

Depuis combien de temps êtes-vous dans l'enseignement?

J'ai exercé pendant 12 ans. Je suis sortie de l'Ecole Normale des jeunes filles de Rufisque en 1947. J'ai fait mes premiers pas dans l'enseignement à l'école de Médine. C'est à la suite d'une maladie que j'ai été affectée à l'inspection régionale où je sers toujours.

Il semble que vous servez aussi dans bon nombre d'associations féminines comme membre à part entière...

Je suis membre de ''Amicale Germaine Legoff". C'est l'Amicale de toutes les Normaliennes qui ont reçu leur formation de Mme Legoff à Rufisque. C'est cette amicale qui avait demandé aux autorités sénégalaises de prénommer l'Ecole Normale des jeunes filles de Rufisque, l'Ecole normale des jeunes filles Germaine Legoff. Nous avons obtenu satisfaction. Je suis aussi membre du Soroptimiste International, Club de Dakar. Je suis membre également du Cercle Fémina qui est une association de solidarité.

Mais pourquoi avez-vous opté pour le militantisme d'association?

Il y a des difficultés réelles pour la femme dans le militantisme politique. Si la femme est animée d'un idéal politique, si elle ne veut pas seulement être un support, un objet qui applaudit, si elle a en elle un message politique, il lui est difficile de s'insérer dans un parti politique. Les hommes sont souvent égoïstes. Il faut voir le visage de l'Assemblée nationale sénégalaise. C'est le pluralisme politique qui a renforcé le nombre de femmes, avec les femmes élues au niveau de l'un des partis d'opposition, le parti démocratique sénégalais, PDS. S'il n'y avait pas eu l'apport féminin de ce parti, il y aurait comme dans la législation précédente, quatre femmes; ce qui n'est même pas une représentation régionale. Il y a aussi des difficultés inhérentes aux resonsabilités de la femme au foyer. C'est la femme qui enfante, qui est mère, qui nourrit ses enfants, qui fait ou supervise les travaux domestiques. Il est difficile qu'elle cumule ces tâches avec des activités extérieures, si elle ne sait pas programmer son temps. Il est difficile d'ajouter des responsabilités à cet enlisement que représente la marche du foyer. Il y a également un autre handicap: le travail de la femme corse davantage la difficulté du militantisme politique. Au niveau des partis les organisations féminines connaissent des tiraillements inconnus des organisations masculines du fait du tempérament de la femme. La femme a l'émotion facile et la langue bien pendue. Quand elle rencontre une rivale sur son chemin, elle se met sans hésitation à fouiller dans son passé, pour ressusciter la grand-mère sorcière ou un fait sordide du grand-père. Au lieu de placer la lutte sur le plan idéologique, elle instaure la lutte sur le plan personnel. Toutes ces difficultés font hésiter bien des femmes à entrer dans l'arène politique. Dans le militantisme politique, l'octroi de postes comme les portefeuilles ministériels, les sièges de députés doublent les rivalités. Mais quand on a envie de travailler sainement, qu'on ne recherche pas à être connue, les associations féminines offrent des cadres d'évolution aux angles plus arrondis. Il y a des manoeuvres plus aisées sans hargne, sans rogne, sans grogne. Les associations féminines donnent les mêmes moyens d'épanouissement que les partis politiques. La promotion de la femme et de l'enfant sont souvent le mobile de leurs actions, même des femmes politiciennes. Cela ne signifie pas que nous soyons désintéressées du sort de notre pays, que nous n'aimions pas la politique. Bien au contraire. Nous savons le poids politique plus déterminant pour la marche de la Nation que le poids des associations féminines. Mais malgré cela, il y a des satisfactions dans le militantisme d'association.

Les encouragements d'Annette Mbaye D'Erneville.

Venons-en maintenant à votre roman intitulé "Une si longue lettre" qui semble faire l'unanimité des lecteurs et des critiques. Qu'est-ce qui vous a poussée à écrire?

Ce sont des amitiés (hommes et femmes) qui m'ont poussée à écrire. Quand j'étais à l'Ecole Normale des jeunes filles de Rufisque, mes devoirs étaient jugés très bons. Notre directrice avait montré l'un d'eux au directeur de la revue "Esprit" qui était venu en visite dans notre école. Ce dernier avait trouvé le texte tellement intéressant qu'il l'avait publié dans la revue. Après, Maurice Genevoix en publia de larges extraits dans un livre. M. Terisse en faisant un manuel pour les élèves du cours moyen de deuxème année a adapté le texte en le titrant: "Enfance à Dakar". Ce devoir éclairait de souvenirs personnels les lieux de ma naissance, comme on me demandait de le faire. Mais à la fin du texte, comparant mon enfance dans cette route de l'Abattoir, mon milieu familial et ses douceurs, au milieu où j'évoluais, j'ai senti en moi un conflit. Et je m'étais écriée:"On a blanchi ma raison et ma tête est restée noire. Mais mon sang inattaquable piaffe dans mes veines civilisées". J'avais écrit également en me souvenant des danses de mon enfance "J'avais huit ans et je criais tam-tam emporte-moi". A une époque où l'on prônait l'assimilation, je prenais position en la refusant. C'est ce refus qui a fait la célébrité de ce devoir. Des amis m'ont toujours poussé a écrire, surtout Annette Mbaye d'Erneville, ancienne journaliste à Radio-Sénégal. Forte de ma promesse, elle avait annoncé aux Nouvelles Editions Africaines (NEA) que j'allais leur apporter un manuscrit. Alors j'ai pensé à la réaction de ces messieurs assis autour d'une table commentant le fait de la non remise de manuscrit et se moquant d'une femme. Je me suis mise aussitôt à écrire "Une si longue lettre". Il est vrai que j'en connaissais les contours et que des éléments foisonnaient dans ma tête. Je voyais déjà comment le livre pouvait se terminer. L'encouragement d'Annette Mbaye d'Erneville a aidé à la naissance de l'oeuvre.

Pourquoi parlez-vous au juste à la première personne du singulier dans ce livre?

J'ai voulu donner au roman une forme originale. En général, l'auteur se met en dehors des personnages et raconte. J'ai choisi la forme d'une lettre pour donner à l'oeuvre un visage humain. Quand on écrit une lettre, on dit je. Ce "je" s'identifie à Ramatoulaye et non à l'auteur.

La polygamie indéfendable...

Dans votre roman, vous abordez entre autres problèmes, celui de la polygamie. Vous le faites par l'entermédiaire du personnage principal Ramatoulaye. Cette dernière parle sans gaîté de coeur du mariage de son mari avec Bintou l'amie de la jeune fille Daba. Comment voyez-vous personnellement le fait polygamique?

Une femme n'accepte jamais la polygamie par gaîté de coeur. C'est le cas de Ramatoulaye. Les femmes qui acceptent la polygamie sont contraintes. Comme le dit si bien d'ailleurs Aminata Sow Fall dans son livre intitulé "La grève des battus". Je cite de mémoire: "Toutes les femmes ont au moins une fois dans leur vie rêvé d'un mari pour elles toutes seules." C'est contraintes par les hommes, par la société, par la tradition, que la femme vit en polygamie. Une femme de mon âge qui approche de la cinquantaine peut accepter la polygamie. Quand par exemple on perd son mari où qu'on est divorcée d'un certain âge, il est difficile de trouver un conjoint de son âge, libre. Pour ne pas terminer solitairement ses jours, on peut en sacrifiant son idéal, avoir un compagnon. C'est sur ce plan seulement que la polygamie est peut-être défendable. Et encore, on fait du tort à la femme avec qui on partage son mari et les problèmes restent aussi ardus qu'à vingt ans. Mais une jeune fille qui est au début de sa vie, qui a tout son avenir, qui a son potentiel de jeunesse et de beauté, elle peut tout de m'ême s'engager dans le mariage monogamique. Les jeunes qui vont dans un mariage détrôner celle qui y est, subiront elles aussi, un jour, le même sort. Le mari qui commence à avoir deux femmes ne terminera certainement pas avec deux femmes. Il ira jusqu'à quatre femmes. Les mêmes raisons qu'il apporte à sa deuxième épouse pour expliquer son geste, il les donnera à la troisième fiancée ou à la quatrième pour les épouser.

Contre le système des castes mais...

Dans votre roman, vous abordez également le problème des castes. Il y a Aïssatou à qui on écrit la lettre, qui est castée et mariée à Mawdo Ba, un toucouleur de sang noble. En ce qui vous concerne, quel est votre jugement sur le système des castes?

A mon niveau, il m'est vraiment très difficile de répondre. Je trouve que c'est un problème à dépasser comme tant d'autres. Mais ce n'est pas avec nous qui sommes une génération charnière que ce problème trouvera une solution définitive. Nous pouvons aider à l'amorce d'une solution. Nous subissons des pesanteurs sociales au niveau de nos parents qui sont encore vivants. Je compte davantage sur les jeunes pour que ce problème soit aboli.

D'après ce que j'ai compris, vous n'accepteriez pas de donner votre fille par exemple à un jeune homme casté.

Si je le faisais, j'aurais les haros de toute ma famille, même si profondément je suis contre la ségrégation des castes. Il y a la force du sang, la force des liens familiaux. Je suis obligée de me plier aux exigences du groupe. Si j'ai ma fille qui marie son enfant avec un casté, ce n'est pas moi qui viendrai l'en dissuader. Je ne trouverais pas la même attitude indifférente chez mes parents.

Revoir la cellule familiale

Après avoir lu tout votre livre, on a l'impression que dans nos pays il y a une crise de la famille. Est-ce exact?

C'est très juste. Il y a une remise en question de la cellule familiale. C'est surtout au niveau des hommes qu'il y a crise. Nos grands-pères et nos pères craignaient Dieu et avaient des principes même s'ils étaient polygames. Il y a un certain respect qu'ils accordaient à leurs femmes. Il y a des limites qu'ils n'osaient pas franchir. On assiste aujourd'hui à des remises en question apportées dans notre société par des violations extérieures. Ces violations extérieures remettent en cause le noyau auquel nous croyions dans le passé et qui faisait vraiment notre force. Il y a notamment les agressions matérielles, celles de la société de consommation qui font que les jeunes filles très tôt, veulent arriver à l'échelon extrême de la richesse: voiture, villa, prêt-à-porter etc... Elles n'hésitent pas à se marier avec des hommes plus âgés qu'elles et nantis de trente gosses déjà. Où peut aboutir un mariage si disparate?

La crise de la famile ne rique-t-elle pas d'avoir des répercussions sur le plan national?

Ce sont les familles qui composent la Nation. S'il n'y a que des familles soudées, avec une vie harmonieuse, cela se répercute au niveau national. Il y a entente et épanouissement. Mais si les familles sont par contre désagrégées, les enfants, qui représentent le levain et l'avenir du pays ne sont pas bien éduqués. Ces enfants devenus adultes ne seront pas des hommes formés, conscients, aptes à tenir les rênes du pouvoir. La Nation recrute ses dirigeants parmi les enfants. Ces enfants pervertis, la Nation se retrouve avec des chefs comme ces faux dirigeants qui se prennent pour des dieux et poussent leur cruauté et leur inconscience jusqu'à assassiner des enfants.

Le tertre abandonné ou le chant écarlate?
De quoi dépend à votre avis, la réussite d'un foyer?

La femme est l'âme du foyer. L'homme et la femme ont deux natures différentes. La femme mariée porte davantage d'intérêt au compagnon de sa vie. Elle n'a pas d'ambition en dehors de son foyer. C'est un être qui n'a pas d'instinct polygamique. La femme est sans problème. C'est donc l'homme qui fait la réussite d'un foyer. Si l'homme se comporte en homme conscient, en compagnon tendre pour sa femme, cette dernière reste au foyer. La femme ne demande qu'à être aimée. La femme rend l'amour qu'on lui porte.

Après "Une si longue lettre", j'espère Mariama Bâ que vous n'allez pas interrompre brutalement la "correspondance" ou mieux encore, la production littéraire.

Je viens tout juste de terminer un roman. J'hésite entre deux titres "le tertre abandonné" et"le chant écarlate". Je démontre dans ce livre qu'on ne peut pas impunément se défaire de ce que l'on est, du jour au lendemain. Il s'agit d'un mariage mixte. J'espère que ce roman trouvera un éditeur et la même audience auprès des lecteurs que "Une si longue lettre".


Dernière édition par Diali le Sam 05 Nov 2005 11:34; édité 2 fois
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Tchoko
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MessagePosté le: Mar 09 Aoû 2005 10:34    Sujet du message: Répondre en citant

Salut Diali,

Merci de nous remettre à l'ordre du jour cette interview de Mariama Bâ. Je n'ai pas lu "une si longue lettre" malgré toutes les recommandations qu'on m'en a faites, et c'est peut-être dommage. J'espère que je l'attaquerai un de ces quatre matins...

Sinon, pour revenir à l'interview, j'aurai déja bien aimé que quelqu'un m'explique dans le fond ce qu'il ressort du système de castes.

Pour le reste, ce qui me dérange légèrement dans l'interview, sans vouloir donner dans la paranoïa, c'est la sensation de voir toujours ce papa ou cette maman occidental faire les choix stratégiques pour l'enfant quand toute la famille aimerait qu'elle arrête l'école :

Citation:
Mais vous avez été tout de même à l'école. Quelle formation avez-vous reçue?

J'ai fait les classes primaires à l'actuelle école Berthe Maubert anciennement dénommée Ecole des Filles. En ce temps-là, après le certificat d'études primaires élémentaires, on faisait une classe préparatoire pour les grands examens. Le choix n'était pas vraiment large. Les bonnes élèves étaient orientées vers le concours de l'Ecole Normale des jeunes filles de Rufisque. Les élèves les plus âgées allaient à l'Ecole des Sages-Femmes. Les autres apprenaient la dactylographie pour être des secrétaires, par une formation accélérée. Je n'ai pas choisi d'aller à l'Ecole Normale des jeunes filles de Rufisque. J'avais choisi d'être secrétaire. J'avais à cette époque 14 ans. L'importance du choix d'un métier ne m'apparaissait pas du tout. C'est la directrice de l'école des filles qui est venue me retirer du groupe des élèves du secrétariat. Elle me dit: "Tout le monde mais pas toi. Tu es intelligente. Tu as des dons. Même si tu ne veux pas y aller, tu vas préparer le concours d'entrée à l'Ecole Normale des jeunes filles de Rufisque pour le renom de notre école." C'est pour le renom de notre école donc que j'avais préparé ce concours. A mon admission mes grands-parents ont voulu s'opposer à mon entrée à cette école. Un de mes oncles disait: "Pour les études d'une fille, le certificat d'études, ça suffit largement. Halte-là."Il a fallu vraiment le dynamisme de notre directrice Mme Maubert pour arracher le consentement de ma famille, mon père étant absent, affecté à Niamey. Le concours de l'Ecole Normale des jeunes filles de Rufisque était organisé à l'échelon de l'ex Afrique Occidentale Française. J'avais la chance de sortir cette année-là, première de l'ex-AOF. Mme Legoff, directrice de l'école des jeunes filles de Rufisque, était une femme de tête. Mais j'insiste sur le fait qu'elle était aussi une femme de coeur. C'est de son coeur qu'est né ce lien qui me relie à elle. Ce lien m'a suivi toute ma vie. Ce n'est pas un sentiment qui m'est spécial. C'est le sentiment de toutes les filles qui ont vécu à Rufisque. Mme Legoff avait une vision juste de l'avenir de l'Afrique. Son éducation reposait sur les principes que nous entendons prôner aujour'hui: "enracinement et ouverture. Enracinement dans nos valeurs traditionnelles propres, dans ce que nous avons de bien et de beau, et ouverture aux autres cultures, à la culture universelle." C'est ainsi qu'elle était arrivée à nous faire oublier que nous étions de colonies différentes. Nous avons noué des amitiés par affinités et par tempérament sans penser que telle était guinéenne, telle dahoméenne et telle autre ivoirienne; ce qui a créé entre nous un vrai brassage de races et de moeurs. Cela nous a appris à tenir compte d'autrui, à faire taire nos ressentiments. Un esprit de tolérance! [/b]

Bon là, c'est Madame Maubert et Madame Legoff...

Citation:
Venons-en maintenant à votre roman intitulé "Une si longue lettre" qui semble faire l'unanimité des lecteurs et des critiques. Qu'est-ce qui vous a poussée à écrire?
Ce sont des amitiés (hommes et femmes) qui m'ont poussée à écrire. Quand j'étais à l'Ecole Normale des jeunes filles de Rufisque, mes devoirs étaient jugés très bons. Notre directrice avait montré l'un d'eux au directeur de la revue "Esprit" qui était venu en visite dans notre école. Ce dernier avait trouvé le texte tellement intéressant qu'il l'avait publié dans la revue. Après, Maurice Genevoix en publia de larges extraits dans un livre. M. Terisse en faisant un manuel pour les élèves du cours moyen de deuxème année a adapté le texte en le titrant: "Enfance à Dakar". Ce devoir éclairait de souvenirs personnels les lieux de ma naissance, comme on me demandait de le faire. Mais à la fin du texte, comparant mon enfance dans cette route de l'Abattoir, mon milieu familial et ses douceurs, au milieu où j'évoluais, j'ai senti en moi un conflit. Et je m'étais écriée:"On a blanchi ma raison et ma tête est restée noire. Mais mon sang inattaquable piaffe dans mes veines civilisées". J'avais écrit également en me souvenant des danses de mon enfance "J'avais huit ans et je criais tam-tam emporte-moi". A une époque où l'on prônait l'assimilation, je prenais position en la refusant. C'est ce refus qui a fait la célébrité de ce devoir. Des amis m'ont toujours poussé a écrire, surtout Annette Mbaye d'Erneville, ancienne journaliste à Radio-Sénégal. Forte de ma promesse, elle avait annoncé aux Nouvelles Editions Africaines (NEA) que j'allais leur apporter un manuscrit. Alors j'ai pensé à la réaction de ces messieurs assis autour d'une table commentant le fait de la non remise de manuscrit et se moquant d'une femme. Je me suis mise aussitôt à écrire "Une si longue lettre". Il est vrai que j'en connaissais les contours et que des éléments foisonnaient dans ma tête. Je voyais déjà comment le livre pouvait se terminer. L'encouragement d'Annette Mbaye d'Erneville a aidé à la naissance de l'oeuvre.

Bon là, c'est Maurice Genevoix et M. Terisse...Heureusement qu'à la fin, on a quand même Annette Mbaye, comme déclic à la naissance de son oeuvre...


Citation:
Après avoir lu tout votre livre, on a l'impression que dans nos pays il y a une crise de la famille. Est-ce exact?

C'est très juste. Il y a une remise en question de la cellule familiale. C'est surtout au niveau des hommes qu'il y a crise. Nos grands-pères et nos pères craignaient Dieu et avaient des principes même s'ils étaient polygames. Il y a un certain respect qu'ils accordaient à leurs femmes. Il y a des limites qu'ils n'osaient pas franchir. On assiste aujourd'hui à des remises en question apportées dans notre société par des violations extérieures. Ces violations extérieures remettent en cause le noyau auquel nous croyions dans le passé et qui faisait vraiment notre force. Il y a notamment les agressions matérielles, celles de la société de consommation qui font que les jeunes filles très tôt, veulent arriver à l'échelon extrême de la richesse: voiture, villa, prêt-à-porter etc... Elles n'hésitent pas à se marier avec des hommes plus âgés qu'elles et nantis de trente gosses déjà. Où peut aboutir un mariage si disparate?

Je suis OK avec la crise familiale, qui doit même certainement exister encore plus aujourd'hui. Par contre Mariama Ba dit, que la crise était surtout chez les hommes. J'avoue ne pas comprendre, et de plus, tout en bas, elle prend l'exemple plutôt de jeunes filles qui se sont perverties et qui vivent aujourd'hui, à travers des besoins matériels toujours croissants. Moi, j'aurais dit que le problème vient surtout de la femme, dont le rôle dans le foyer a complètement changé depuis plusieurs années, et qui, à force de vouloir se positionner en tant qu'homme, n'a pas su recentrer correctement sa place dans la gestion de la famille en adéquation avec ses toutes nouvelles et légitimes revendications.

Citation:
De quoi dépend à votre avis, la réussite d'un foyer?

La femme est l'âme du foyer. L'homme et la femme ont deux natures différentes. La femme mariée porte davantage d'intérêt au compagnon de sa vie. Elle n'a pas d'ambition en dehors de son foyer. C'est un être qui n'a pas d'instinct polygamique. La femme est sans problème. C'est donc l'homme qui fait la réussite d'un foyer. Si l'homme se comporte en homme conscient, en compagnon tendre pour sa femme, cette dernière reste au foyer. La femme ne demande qu'à être aimée. La femme rend l'amour qu'on lui porte.

Je suis OK avec ça, et un peu quand elle dit que la femme n'a pas d'ambition en dehors du foyer. Autant à l'époque cette assertion était vraie, autant qu'aujourd'hui elle l'est à moitié.

La perversion et l'émancipation de la femme dont j'ai parlé plus haut, ont provoqué ce qu'on pourrait appeler un dérèglement des rapports Hommes/femmes. Les femmes ne veulent plus être traitées comme des objets, ont des revendications plus grandes et se battent donc pour avoir le pouvoir financier qui leur donnera indépendance, se débrouillent pour avoir un poids social qui leur permettra de préparer d'éventuels accidents conjugaux et de pouvoir s'autogérer par la suite, si leurs revendications ne sont pas prises en compte.

Grosso modo, les ambitions sont plus question de stabilité financière pour la plupart, pouvoir éduquer la petite maisonnée de manière autonome au cas où le mari fait des siennes. Ce qui n'était pas le cas de nos mères, qui, quelque soient les comportements de l'homme étaient comme éternellement destinées à être posées et à ne pas bouger...

Après, on peut dire qu'en grande majorité, elles n'ont pas d'ambitions dans une perspective de participation à la vie de la cité, vie politique, entrepreunariat, etc...En dûr, ce serait un schéma comme celui-ci : La femme naît, elle grandit, elle va à l'école, deux ou trois ans avant la fin de son cursus universitaire elle trouve le futur potentiel mari, ils avancent ensemble, dès qu'ils sont stables (boulot et tout), c'est le mariage, puis le petit bébé, et puis d'autres petits bébés...Et après, si t'es un mec à 27/30 ans avec toute ta vie devant toi et plein de supers gros projets, tu peux être définitivement fixé.

Ca a l'air un peu sexiste, mais ça résume un peu la pensée d'un vieux sage qui me disait souvent que : "la femme est à l'homme, ce que le frein est à la voiture".

C'est mon point de vue.

Tchoko Cool
_________________
« En me renversant, on n'a abattu à Saint-Domingue que le tronc de l'arbre de la liberté, mais il repoussera car ses racines sont profondes et nombreuses. » (Toussaint Louverture)


Dernière édition par Tchoko le Mar 09 Aoû 2005 10:52; édité 1 fois
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Diali
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MessagePosté le: Mar 09 Aoû 2005 10:48    Sujet du message: Répondre en citant

salut Tchoko


tu dis "Je suis OK avec la crise familiale, qui doit même certainement exister encore plus aujourd'hui. Par contre Mariama Ba dit, que la crise était surtout chez les hommes. J'avoue ne pas comprendre, et de plus, tout en bas, elle prend l'exemple plutôt de jeunes filles qui se sont perverties et qui vivent aujourd'hui, à travers des besoins matériels toujours croissants. Moi, j'aurais dit que le problème vient surtout de la femme, dont le rôle dans le foyer a complètement changé depuis plusieurs années, et qui, à force de vouloir se positionner en tant qu'homme, n'a pas su recentrer correctement sa place dans la gestion de la famille en adéquation avec ses toutes nouvelles et légitimes aspirations hors foyer. "

je suis d'accord avec ta remarque.
il faut juste rappeler que cet interview et que les écrits de Mariama Bâ datent d'il y a 25 ans maintenant et que beaucoup de choses ont changé !
en effet, j'ai constaté ce que tu as décrit, je pense juste qu'on est dans une phase transitoire de l'émancipation féminine (la femme qui réclame les mêmes droits que l'homme), phase transitoire parce qu'elle se fait un peu dans tous les sens et de façon excessive
pour ce qui est du matérialisme de certaines femmes africaines, ce n'est pas forcément lié à l'émancipation parce qu'on retrouve ce que tu décris chez certains hommes africains
c'est l'image de l'occident (et je parle bien d'image) qui fait que l'argent facile devient un moyen comme un autre et surtout très rapide pour se procurer justement ces besoins matériels de plus en plus croissants


je te conseille la lecture de ce livre et surtout si tu tombes sur son " chant écarlate" dans une biblio, prends-le ! c'est vraiment un hommage à la femme africaine à travers l'histoire d'un jeune étudiant sénégalais qui d'abord tombe amoureux d'une étudiante blanche.

Le prochain livre dont je pense parler c'est "Maïmouna" d'Abdoulaye Sadji.
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Nénuphar
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MessagePosté le: Mar 09 Aoû 2005 10:52    Sujet du message: Répondre en citant

Very Happy
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Diali
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MessagePosté le: Mar 09 Aoû 2005 13:48    Sujet du message: Répondre en citant

[quote="Tchoko"]Salut Diali,


Sinon, pour revenir à l'interview, j'aurai déja bien aimé que quelqu'un m'explique dans le fond ce qu'il ressort du système de castes.


voilà quelques infos
la question reste vraiment d'actualité car beaucoup de mariages ne se font toujours pas entre castés et non castés car les parents les refusent

La lutte des castes continue au Sénégal
Adja Nafissatou Mbaye


" La problématique des castes au Sénégal ". Tel était le thème de l'atelier organisé mercredi dernier à Dakar, par la coalition des Organisations non gouvernementales sénégalaises contre le racisme. Cette dernière entend combattre ce qu'elle considère comme un des grands fléaux africains. Décryptage.


16/07/01 : La coalition des Organisations non gouvernementales (ONG) sénégalaises contre le racisme a organisé, mercredi à Dakar, un atelier de sensibilisation à la problématique des castes au Sénégal. L'événement était un prélude à la contribution du pays pour la conférence mondiale contre le racisme du 28 août au 7 septembre prochains à Durban, en Afrique du Sud.

" L'atelier était un premier pas pour discuter du problème des castes. Car jusqu'ici, les multiples débats sur la question n'avaient pas servi à grand-chose ", déclare M.Omar Diop, secrétaire général de la coalition, dont l'objectif affiché est d'arriver à faire évoluer les mentalités au Sénégal. Pays où le phénomène des castes prend des proportions démesurées.

Mobilisation

Créée en novembre dernier, la coalition regroupe plus d'une trentaine d'ONG sénégalaises qui, toutes, œuvrent pour les droits de l'homme. D'autres organismes, tels que la Rencontre africaine pour la défense des droits de l'homme ( RADDHO ) et le Comité national de pilotage du Sénégal (CNPS), se sont joints à elle pour défendre la cause.

L'atelier de mercredi dernier était l'occasion de poser le problème des castes, pour dépasser le cadre actuel dans lequel il s'inscrit. Celui des préjugés et de la discrimination. Un retour sur l'histoire montre en effet que les castes, telles qu'elles sont interprétées aujourd'hui, ne reflètent pas l'héritage que nous a légué l'Histoire.

Au Sénégal, ce sont les " niégnos " - ceux qui exercent des métiers manuels - et les griots - dont l'attribution est de chanter les louanges de leurs " Nguer " (nobles) au cours des cérémonies officielles -, qui souffrent le plus de cette discrimination. Une discrimination émanant des Wolofs, qui ne sont d'aucune caste et qui occupent la première place dans la hiérarchie sociale.

Retour aux sources

L'histoire du XIIIème siècle, avec la formation des castes sous le grand empire du Mali, est bien différente de celle qui prévaut de nos jours, soit huit siècles et demi plus tard. Sous le règne de Soumangourou, les forgerons étaient initialement très respectés, l'empereur étant lui-même forgeron. La victoire et l'avènement de Soundjata Keita au pouvoir changent la donne avec l'institution de clans.

Le nouveau monarque appelle tous ses généraux et dignitaires à fonder une société divisée en trente clans dont celui des hommes libres, appelés "Tontigui", celui des griots, celui des artisans dont les cordonniers et les forgerons, les "guiégnos " ou encore, le clan des esclaves, les "wolosso".

Excepté pour les esclaves, l'organisation de la société en clans n'était pas une hiérarchisation mais un partage des responsabilités. A ce titre un "Tontigui" n'était pas supérieur à un griot. Il n'avait simplement pas les mêmes fonctions sociales.

La tradition souligne d'ailleurs qu'il a fallu agrandir le clan des griots en leur adjoignant des familles de "Tontigui" pour que les dépositaires de l'Histoire et des traditions soient plus nombreux et que les chances que le nom du Mandé (ancien nom du Royaume du Mali) parvienne aux générations futures soient plus grandes.

L'interdiction de certains mariages interclaniques répondait au seul souci de sauvegarder la structure sociale et non pas à un critère de supériorité comme il est habituel de le faire croire aujourd'hui.

L'ethnie, moins importante que la caste

Le problème des castes, en Afrique en général et au Sénégal en particulier, est de plus en plus associé au racisme. La coalition des ONG sénégalaises a tenu à rappeler à travers l'atelier de ce mercredi que le principe de caste tel qu'il s'applique au Sénégal rappelle de façon criante le racisme.

" Les problèmes ethniques sont moins importants que le problème des castes, au Sénégal ", souligne M. Diop. En effet, l'appartenance à une caste influence les choix politiques, la vie économique et même les mariages. Les castes sont des groupes héréditaires. Elles entretiennent entre elles des rapports hiérarchiques. Ainsi, un fils de griot ne pourra pas épouser la fille d'un forgeron, de même qu'un cordonnier n'aura jamais l'opportunité de devenir président de la République. Beaucoup de mariages ont ainsi été purement et simplement annulés, les familles se liguant contre de telles unions.

C'est le cas de Ourèye N, jeune sénégalaise de 27 ans qui vit à Paris depuis quatre ans. " J'ai dû rompre avec l'homme que j'aime toujours, simplement parce qu'il était casté (griot, ndlr). Ma mère menaçait de se suicider si je me mariais avec lui. Je suis maintenant très malheureuse et j'ai peur de finir vieille fille, vu que je ne suis plus toute jeune. Ces histoires de castes ont brisé ma vie ".

Les marabouts montrent l'exemple

Ce sont ces coutumes dont la coalition des droits de l'homme tente de se départir en mettant l'accent sur leur côté absurde. Comme, par exemple, l'existence d'un cimetière exclusivement réservé aux gens de castes dans la région de Bakel (à l'Est du Sénégal).

Des conférences et table-rondes sont prévues à travers le pays, avant la conférence de Durban, pour toucher ceux qui n'ont pas facilement accès à l'information. L'atelier de mercredi dernier a par ailleurs suscité un brin d'espoir, notamment grâce à l'exemple de la confrérie Layéne dans laquelle il n'existe plus de castes, car les marabouts ont invité tous les fidèles à se marier entre eux. " Une référence que la coalition ne cessera pas de citer pour encourager les autres confréries – très influentes - à faire de même ", soutient M. Omar Diop.

Au total, cette rencontre - qui était la première du genre - aura permis de mesurer l'ampleur de la tâche qui attend les associations qui s'aventurent dans le domaine, encore largement inexploré, voire tabou, des castes. Le tout pour que l'article 1er de la Déclaration universelle des droits de l'homme prenne, enfin, tout son sens au Sénégal.
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MessagePosté le: Mer 10 Aoû 2005 09:28    Sujet du message: Répondre en citant

Maimouna d'Abdoulaye Sadji

C'est un roman écrit en 1958, il est édité par Présence africaine.

A travers le destin de Maïmouna, petite fille de la brousse (Louga), on découvre Dakar, la grande ville pervertrice, tentatrice, qui permet de monter dans l'échelle sociale mais qui peut aussi faire dégringoler, la ville éloignée de la nature, où le soleil ne se voit pas aussi bien, ville de l'ambition...
Un livre où s'oppose deux mondes, la modernité de la ville avec le cinéma,sa richesse avec les grandes fêtes et les tenues précieuses et, la simplicité de la vie de la brousse, rythmée par les saisons, Afrique mystique avec le recours systématique aux marabouts et la présence des Djinnés...
Maïmouna finit par se lasser de la petite vie tranquille à Louga, ne voit plus que la pauvreté de la case où elle vit avec sa mère et souhaite retrouver sa soeur qui a fait un bon mariage à Dakar.
Grâce à sa beauté, elle y deviendra "Etoile de Dakar", avec de nombreux prétendants.
La jalousie fera qu'elle ne sera qu'une étoile filante et reviendra à la case départ, amochée, abandonnée de tous... Punition divine ?
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MessagePosté le: Mer 10 Aoû 2005 09:34    Sujet du message: Répondre en citant

Un extrait de "Maïmouna"

Mise en beauté de Maïmouna à son arrivée à Dakar par Rihanna, la grande soeur

Maimouna, parée, pouvait réaliser avec les beautés de Tahiti. Sa brosse peignée, étirée et ondulée au fer chaud fut ornée de fleurs artificielles. Rihanna enleva la profusion de perles et de paillettes d'or, mit aux lobes de la petite de longs pendentifs à la mode antillaise, formés de cercles d'or d'une minceur incroyable. Au cou, elle lui passa une chainette du même métal jaune crème, qui ressemblait à un long reflet de soleil. Pour tout vêtement, un boubou de gaze au col échancré, de manière qu'on découvrit toute son épaule et la naissance du sein ; puis un pagne blanc immaculé et par dessus un autre à pois roses et verts, comme les fleurs artificielles qui ornaient ses cheveux.
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MessagePosté le: Jeu 11 Aoû 2005 07:25    Sujet du message: Répondre en citant

Ce livre d'Abdoulaye Sadji évoque la condition de la femme en général au Sénégal il y a quelques années.
Le bon mariage est perçu comme la seule issue salutaire pour assurer un bon avenir à la femme et indirectement à sa famille.

Abdoulaye Sadji, à travers le récit de "Maïmouna", fait apparaître cependant les questionnements et les doutes des jeunes femmes face à ces mariages de raison, tout en orientant cependant l'issue : privilégier la situation à l'amour, la raison au coeur... Il n'y a pas d'autre choix pour la femme pour "grandir".

Pour ceux qui ont lu "Maimouna", je ne sais pas si ça vous en avez tiré la même chose en dehors du plaisir de la lecture !

Le prochain livre que je proposerai, c'est "la Grève des Bàttu" de Aminata Saw Fall. La femme n'y est pas a priori le sujet principal et pourtant, elle est là sans cesse représentée à travers des personnages qui mettent en avant sa condition actuelle ou récente et surtout un décalage dont je parlerai (je crois que la première publication est de 1979 mais c'est à vérifier !).
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MessagePosté le: Jeu 11 Aoû 2005 09:04    Sujet du message: Répondre en citant

Salut Nallyter

Je n'ai pas encore lu "Nini la mulâtresse" mais ce ne serait tarder !
C'est un livre qui me tente vraiment.
Je crois qu'il se passe à St-Louis, la ville d'Adoulaye Sadji si je ne m'abuse !
Il l'a écrit avant "Maïmouna".
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MessagePosté le: Jeu 11 Aoû 2005 14:19    Sujet du message: Répondre en citant

nallyter a écrit:
Salut Diali,

Citation:
Je crois qu'il se passe à St-Louis, la ville d'Adoulaye Sadji si je ne m'abuse !


Que l'action se situe dans cette ville n'étonne pas . C'est l'ancienne capitale des colons français qui ont bâti cette ville, d'où le nom de Saint Louis en hommage au roi de france (Louis 13 ou 14, je ne me rappelle pas très bien).
Ces colons français ont pris pour épouses des africaines et de leurs unions sont nés de tas rejetons. Ces femmes sont appelées des signares (du portugais "senhora " (prononcez ségnora = femme). On retrouve leur descendance actuellement là-bas. Les traits de leur mixité ont quelque peu disparu. Mais elles y sont.



En effet, quand je suis allée à St-Louis, je n'ai pas été frappée par la "mixité des traits" des ndar-ndar (=habitants de St-Louis) !
par contre, j'ai entendu beaucoup de personnes louer leur beauté particulière...
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MessagePosté le: Jeu 11 Aoû 2005 21:22    Sujet du message: Répondre en citant

Description de Salla, la femme de Narou, dans la "Grève des Bàttu" (1979) de Aminata Sow Fall

Elle a de jolis boubous, Salla, et elle sait bien les porter. Mais il n'y a pas que cela, il y a les rangées de perles toutes blanches qui ornent ses reins sous un beeco immaculé et que les femmes d'aujourd'hui dédaignent en ignorant qu'elles abandonnent ainsi une bonne dose de leur sel. Le tintement de ces perles dans le silence des nuits de savane, à travers l'envoûtante fumée du cuuraay, et l'odeur ensorcelante des gongo, quel bonheur indescriptible pour Narou !
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MessagePosté le: Ven 12 Aoû 2005 19:43    Sujet du message: Répondre en citant

Les boroom bàttu, ce sont les mendiants des rues que Mour a pour mission de faire chasser de la ville. Mour a travers cette mission brigue une position de vice-président. Les mendiants finissent par disparaitre des rues et c'est toute l'organisation sociale de la ville qui se trouve être compromise notamment parce que la tradition est de donner la charité ou de faire des sacrifices qui doivent aller aux mendiants.

A travers ce récit, Aminata Sow Fall aborde en toile de fond la condition de la femme notamment vis-à-vis de la polygamie et la décalage qui est ressentie entre la femme "moderne" et cette situation "traditionnelle".

Lolli est la femme de Mour. Ce dernier va lui apprendre qu'on va lui "donner" une 2e femme le lendemain, après vingt-quatre ans de mariage.
Il lui dit à titre d'introduction "Lolli, une femme ne doit pas rouspéter. Sache bien que ton mari est libre. Il n'est pas une chose qui t'appartient. Tu lui dois respect, obeissance et soumission. Le seul lot de la femme est la patience ; mets-toi cela dans la tête si tu veux être une femme digne".

A l'annonce de ce mariage, Lolli est désespérée. Sa mère et ses amies lui demandent de ne pas se comporter en petite fille et de rester au foyer vu les huit enfants.
Seule Raabi sa fille lui dit : "maman, tout ce que te disent les femmes sont des arguments qu'elles cherchent pour se justifier. Chacune d'elles aurait voulu avoir un mari à elle toute seule ; elles se sont toutes dit au moins une fois dans leur vie qu'elles ne partageraient pas leur mari. Si elles ne l'ont pas dit, elles en ont rêvé. Puis, quand elles se sont trouvées dans la situation où tu te trouves aujourd'hui, elles ont cédé à la pression des vieux et des vieilles, qui sont d'un autre âge et ne peuvent pas comprendre le monde d'aujourd'hui ; elles ont cédé surtout à à la lâcheté car elles n'ont pas su prendre leurs responsabilités ; elles se sont alors cherché et trouvé d'autres raisons qui leur permettaient de se maintenir dans une situation qu'au fond elles détestent. En agissant ainsi, elles ont pensé avoir sauvé les apparences".
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MessagePosté le: Sam 13 Aoû 2005 10:13    Sujet du message: Répondre en citant

Sine, la seconde épouse, est apparemment plus choyée mais c'est Lolli qui est dépositaire de tous les secrets de son mari Mour et qui reçoit notamment ses marabouts. C'est Lolli la confidente, la complice de Mour, et au fil du livre, on nous fait comprendre que Lolli reste la vraie femme qui a conquis Mour et que Sine n'était qu'un caprice finalement : Mour ne trouvera jamais en elle ce qu'il a trouvé dans sa première femme.
Une leçon à tirer, je pense, de la part d'Aminata Sow Fall "féministe"...

Ce qui est intéressant, c'est le portrait moral des différentes femmes et leurs idées par rapport à la polygamie subie en fonction de leur situation respective de première femme, de "deuxième" et de fille de la première femme. Les différences entre générations se font ressentir. La deuxième épouse est très proche finalement, dans ses idées, de la fille de Lolli, même si elle a accepté d'être "deuxième".

Sine est décrite comme la femme moderne (elle fume, elle n'est pas soumise). Quand Mour lui demande d'éteindre sa cigarette, elle riposte "si tu crois que j'accepterai d'être planquée ici comme un meuble et de ne recevoir que des interdictions et des ordres, tu te trompes ! Je suis une personne et non un bout de bois ! (...) Crois-tu que je suis ici pour subir tes caprices ? Non ! Je suis ton épouse, traite-moi comme ton épouse ! Vraiment, Mour, tu dois déchanter si tu crois que j'accepterai que tu me traites comme un vulgaire objet ! Monsieur disparaît des jours et, quand il réapparait, c'est pour me donner des ordres ! Ah non, Mour ! Va faire cela à ta Lolli, moi je ne suis pas un mouton".

Lolli est décrite comme la femme soumise contrairement à sa fille, Raabi. Celle dernière qui n'a jamais été intéressée par les "futilités de la vie" mais par ses livres, des discussions interminables avec ses amis sur les grands problèmes qui agitent le monde (les guerres, l'exploitation des petits pays par les grandes puissances, la déshumainisation des sociétés...) n'aime pas les situations de compromis. "C'est pourquoi elle a supplier sa mère de ne pas céder aux multiples préssessions ; elle lui a parlé comme à un être faible quine sait pas, ne peut pas défendre ses droits. Sa mère ne l'a pas écoutée, mais Raabi ne lui en veut pas, au contraire. Elle s'explique ses motivations mais ne les trouve pas justifiées. Cela n'altère en rien l'amour qu'elle a pour sa mère. Mais quand le père rentre à la maison, après une absence de quatre jours passées chez la deuxième, et qu'elle voit sa mère l'accueillir en toi, en grande toilette, large sourire, encens et mets recherchés et délicieux, elle a un pincement au coeur ; elle perd l'appétit pendant quatre longs jours où la communication entre elle et son père se réduit aux salutations d'usage et aux courtes réponses aux questions qu'il lui pose sur les études, les copains, les évènements du monde".
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MessagePosté le: Dim 14 Aoû 2005 17:13    Sujet du message: Répondre en citant

Les deux prochains auteurs que je propose sont Sembène Ousmane et Ken Bugul.
Encore des Sénégalais :désolée, mes références sont essentiellement sénégalaises et en fait, j'aimerais bien qu'on me conseille des auteurs de d'autres pays !

Pour Sembène Ousmane, je voulais en parler avant mais j'attends juste de récupérer "Véhi-Ciosane" d'une copine ! C'est l'un des auteurs-référence pour la femme même s'il a abordé d'autres questions. Il est à la fois écrivain et réalisateur. En 1988, il est le premier à avoir parlé dans son film du sort qui a été réservé aux tirailleurs sénégalais par les militaires français au camp de Thiaroye. Il est né en 1923 à Ziguinchor. Son dernier film, c'est le fameux "Moolaade" qui traite de l'excision.

Dans "Véhi-Ciosane", il traite du thème de l'inceste dans un village traditionnel. Ses personnages féminins sont très intéressants et j'attends donc de récupérer mon livre pour en parler.
Je recherche toujours "Xala" dans lequel il aborde les conséquences néfastes de la polygamie (jalousie des premières femmes qui accueillent une nouvelle co-épouse)

Pour Ken Bugul, que j'ai découverte récemment grâce à un grioonaute qui me l'a conseillée sur un post que j'avais fait, je propose de résumer "Riwan ou le chemin de sable" qui a eu le grand prix de l'Afrique noire en 1999. Son regard est intéressant, notamment en tant que fille de marabout, ancienne fonctionnaire internationale chargée de la planification familiale pour l'Afrique, et admistrative du centre de promotion et de ventes d'oeuvres culturelles, d'objets d'art au Bénin.
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MessagePosté le: Ven 19 Aoû 2005 10:06    Sujet du message: Répondre en citant

Riwan ou le chemin de sable de Ken Bugul

Est-ce que quelqu'un a lu ce livre récent ?

Voici un petit résumé sans trop en dire !

La narratrice est une "intellectuelle" qui a beaucoup voyagé, qui a aussi une certaine expérience de la vie mais qui a aussi subi beaucoup de déceptions et s'est perdue en chemin. Elle va devenir la 28e épouse du Sérigne de Daroulère, dans sa concession de Dianké.

A travers ce roman est décrite la vie des femmes du Sérigné dans la concession : la jalousie, la frustration, la dépendance, mais aussi la joie, la solidarité, la sérénité, la féminité, la séduction pour attirer le Sérigne qui est décrit comme une personne aimable même pour les plus jeunes.
Riwan, c'est ce fou que l'on ramènera à la concession et qui sera dompté d'un seul regard du Sérigne et au service de ce dernier pour toujours. Le chemin de sable, celui qui amène de toutes parts à la concession, notamment depuis la maison de la narratrice.

A travers ce récit, un autre regard sur la polygamie, la maîtrise de soi et finalement, malgré la jalousie humaine envers les co-épouses et surtout celle qui suit, une certaine sérénité retrouvée pour la narratrice qui n'avait jamais atteint le bonheur dans ses relations monogamiques "modernes".

Ken Bugul ne remet pas en cause les critiques contre les relations polygamiques traditionnelles, elle fait passer le message suivant "ce n'est pas si simple, ce n'est pas si tranché, le bonheur est partout".
Enfin, voilà ce que j'en ai tiré personnellement !

Je proposerai comme d'habitude quelques extraits du livre.
Et ensuite, je parlerai de Véhi Ciosane de Sembène Ousmane car j'ai enfin récupéré le livre !
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MessagePosté le: Sam 20 Aoû 2005 08:53    Sujet du message: Répondre en citant

"Habituellement, quand une femme rejoignait le domicile conjugal et y trouvait déjà une autre épouse, elle devait subir l'épreuve du xaxar. Terrible épreuve ! Le xaxar pouvait briser un ménage à peine consommé ou pas consommé du tout. Le xaxar n'était pourtant pas institué par les sociétés traditionnelles pour détruire, mais pour construire. C'est un rituel institué pour exorciser dès le départ les démons de la haine et de la jalousie. Un rituel qui permettait aux femmes de vivre ensemble sans heurts, un rituel qui libérait des affres de ces sentiments et sensations qu'on attribuait à la jalousie et qui pouvaient mener au meurtre et à la folie".
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MessagePosté le: Sam 20 Aoû 2005 08:58    Sujet du message: Répondre en citant

"A présent, le Serigne passait de temps en temps la nuit avec l'épouse qui venait de Ndiarème ou avec les épouses de passage qui venaient de Daroulère, notamment la belle et puissance Xudia. Ah, cette femme ! Elle était magnifique et mystérieuse. Femme jusqu'au bout des orteils. Toujours élégamment habillée, toujours parfumée, et le bruit de ses rangées de perles aux reins... Personne ne lui faisait de remarques mais personne ne pouvait ignorer la charge de sensualité qu'elle transportait".
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MessagePosté le: Sam 20 Aoû 2005 09:02    Sujet du message: Répondre en citant

"Le Serigne n'était pas un simple mari. Il y avait un autre rapport, une autre relation essentiellement basée sur le Ndigueul et cette relation était la plus importante".

Le Ndigueul, c'est l'ordre, l'instruction. En servant le Serigne, ses épouses obtiendront le Paradis.
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MessagePosté le: Sam 20 Aoû 2005 09:17    Sujet du message: Répondre en citant

La narratrice critique la femme "moderne" qu'elle a été. Celle qui ne lui a pas permis d'atteindre la sérénité.

"J'avais désespéremment voulu, sans le vouloir réellement au fond de moi-même, resembler à la plupart de mes contemporaines, c'est-à-dire fonctionner sur des clichés. Une femme moderne devait être dans un ménage monogamique, absolument avoir deux ou trois enfants, se promener le week end avec son mari et ses enfants, manger avec lui, dormir avec lui dans la même chambre, porter son nom à la place de son propre nom, celui de ses pères, être affichée partout avec lui et devant tout le monde et ceci pour le meilleur et pour le pire. Et gare à celle qui oserait regarder son mari qui était à elle toute seule".

Elle évoque le ménage polygamique avec ses frustrations, ses tristesses, la peur du rejet, mais aussi cette certaine sérénité acquise dans ce milieu de femmes.

"Ces femmes, souvent jeunes, étaient pour moi des rivales, pas de redoutables rivales mais quand même des rivales. Cela je ne pouvais le nier. Discrètement, les plus jeunes me le faisaient sentir, peut-être sans arrière pensée mais c'était une des règles tacites du jeu entre épouses du Serigne. Nous nous respections, nous nous sentions solidaires d'appartenir au même homme, nous nous mesurions aussi.(...). Ma position privilégiée ne me faisait pas perdre de vue que j'étais dans un ménage polygamique, que je partageais le même homme avec plusieurs femmes que je voyais tous les jours. Des femmes avec qui je parlais, discutais, plaisantais. Des femmes qui partageaient le même lit que l'homme auquel j'étais lié par des liens forgés dans l'amitié et une tendresse complice.(...) La position privilégiée était en fait d'être la dernière de la file".
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MessagePosté le: Lun 22 Aoû 2005 10:21    Sujet du message: Répondre en citant

Préface de Véhi-Ciosane par Sembène Ousmane

"L'histoire que je vous conte aujourd'hui est aussi vieille que le monde. Les institutions les plus primitives, comme celles de notre temps, relativement mieux élaborées, implacablement la condamnent. Et encore, dans certains pays, ceci n'est délit que lorsque la jeune fille est mineure, ou le garçon. Certes, il restera la question morale... le délit moral.
Pendant des années, je me suis entretenu avec quelques-uns d'entre vous : Africains. Les raisons, vos raisons ne m'ont pas convaincu. Certes, vous étiez d'accord sur ce point : "N'écris pas cette histoire". Vous argumentiez que ce serait jeter l'opprobre sur nous, LA RACE NOIRE. Mieux, ajoutiez-vous, les détracteurs de la CIVILISATION NEGRO-AFRICAINE allaient s'en emparer, et...., et...., et... pour nous jeter l'opprobre.
De peur d'être pédant, je me refuse d'analyser vos réactions devant ce cas. Mais quand cesserons-nous de recevoir, d'approuver nos conduites, non en fonction de NOTRE MOI D'HOMME, mais de la couleur des autres. Certes la solidarité raciale existe, mais elle est suggestive.(...)."
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MessagePosté le: Lun 22 Aoû 2005 10:30    Sujet du message: Répondre en citant

"Ngoné War Thiandum en avait assez de cette détresse têtue. L'excitation curieuse, qui fragmentairement l'avait conduite à trouver le géniteur de l'enfant illégitime que portait sa fille, s'était d'un coup brisée.(...). On l'avait unie aux Ndiobène, clan aussi noble dont les noms étaient aussi légendaires que le sien. Dans cette vie de guelewar... (de sang noble) une tache indélibile, de cet acte incestueux, plus qu'un affront pour tous, venait souiller les Ndiobène et les Thiandum-Thiandum.
Lumineuses surgirent les paroles du sage : "Il naît parfois, dans de plus simples familles, des plus humbles communautés, un enfant qui, en grandissant, élève son nom, le nom de son père, de sa mère, toute sa famille, sa communauté, sa tribu. Plus fréquent, vient au monde dans des communautés de castes dites supérieures, de passé glorieux, un enfant qui, par sa conduite, ternit tout l'héritage de son passé glorieux, éclabousse même de la dignité de l'individuel diambur-diambur". Cedi dit, en pensée, elle hésitait encore à agir.
Le reste de la nuit était long, plus long que les précédentes nuits. C'était la dernière nuit de son aiyé (selon l'immuable loi de la polygamie, jusqu'au lever du soleil, tout ici, était à elle : homme et objets). Courageusement, avec précaution, elle retira son pied, descendit du lit, referma la porte derrière elle".
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MessagePosté le: Lun 22 Aoû 2005 10:37    Sujet du message: Répondre en citant

"Et ajoutait-on sur le dos de la griote :
- Enfin, elle a trouvé la paix de l'esprit. Ce monde n'était pas viable pour elle.
L'unanimité s'était faite sur ces deux phrases.
On empruntait les chemins conduisant à Ndiobène : les vieilles femmes, leur pagne de cérémonie sur la tête, en file processionnaire entre les palissades, chuchotaient :
- Avec ce poids dans le coeur, son sang s'est tourné. Yallah, merci de l'appeler dans ton monde, dit l'une d'elles avec piété.
- Khar Madiagua Diob a mis bas comme un animal cette nuit, révéla une autre avec promptitude dans le propos, fière d'avoir été la première à divulguer la nouvelle.
- Que dis-tu ? demanda une femme, abandonnant son interlocutrice.
- Comme le soleil nous surplombe. Je te le dis.
- C'est la nuit qui accouche du soleil.
- Qu'est-ce qu'elle a eu ?
- Personne ne le sait. Elle est chez Déthyé Law. Elle a un monstre, dit-on.
- Elle ne pouvait avoir qu'un monstre. Yallah, de nos jours, a perdu patience."
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MessagePosté le: Lun 22 Aoû 2005 10:46    Sujet du message: Répondre en citant

"C'est à ce moment-là qu'ils virent Détyè Law avec sa famille. Et ce soir-là, au palabre, disant que le griot avait fui, celui-ci répondit :
- Non ! ... Non ! Je voulais savoir si le Sénégal a encore en son sein des hommes de valeur. Car je sais que quiconque, pour une fois, une seule fois, refuse de témoigner pour la vérité, dans son propre pays, ne doit pas voyager. Car, de l'étranger, on n'a que son pays comme habit moral.
Aussi, à ce palabre, après l'exclusion de Médoune Diob, il fut décidé de chasser du village Khar Madiagua Diob - la fille-mère.
(...)
Le soleil levant mordait à ras l'horizon. Le nid de palmiers projetait la touffe de son feuillage emmêlé sur la surface du lac en verre dépoli.
- Nous sommes arrivées. C'est ici qu'on se sépare. Tu continues sur ton front. Une fois au bord de la mer, prends sur ta gauche. Pas de doute, tu ne rencontreras personne de Santhu-Niaye.
Khar Madiagua Diob acquiesça d'un hochement de tête.
- Comment sera ta vie, maintenant ? Yallah seul le sait. Là où tu iras, personne ne saura, et personne ne doit savoir. Evite de parler de parler de certaines choses. Ce que tu laisses derrière toi, tu le sais. Devant, ce qui va venir et doit venir, on ne le sait pas clairement. Yallah seul le sait. Mais ta vie sera ce que tu en feras. Souviens-toi que, partout, tu seras avec tes semblables, des êtres humains. Si tu descends des Thiandum-Thiandum, tu ne peux pas vivre tout le temps avec ta rancune. Tu empoisonnerais ta vie et celle de tes voisins. Non plus n'oublie pas : l'être a pour remède l'être."
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MessagePosté le: Lun 22 Aoû 2005 11:49    Sujet du message: Répondre en citant

Salut, Diali

Déjà bravo pour ce topic.
Tu n'as pas a t'excuser de faire la place belle à la litterature senegalaise: c'est l'une des rares en Afrique qui fasse place belle à la femme, à la fois en tant qu'auteure et en tant qu'actrice.

Je ne reviendrai pas sur ce qui a été dit sur "Une si longue lettre" de Mariama Ba, sauf que celui qui n'a pas lu le livre est en train de rater un des meilleur classiques de la litterature afro.
Je trouve aussi que "La grève des Battu" de Aminata Sow Fall traite bien le problème de la femme dans la société senegalaise et africaine en général.
J'aurais aimé m'exprimer sur Ken Bugul, mais je n'ai pas encore lu ses livres. Je voulais lire "Le baobab fou" il ya quelques temps mais il était en rupture de stock.
"Maïmouna" de Abdoulaye Sadji est aussi un livre que je prendrai le temps de decouvrir.

Toujours pour rester dans la branche senegalaise de la litterature afro, l'une des oeuvres ou le rôle de la femme dans la société en temps de crise est le mieux traité est "Les bouts de bois de Dieu" de Sembène Ousmane.
Et enfin, je pense aussi que le très grand Cheikh Hamidou Kane a effleuré le thème du leadership de la femme Noire dans "L'aventure ambigüe", avec le personnage de la grande royale.

En fouillant dans ma mémoire, il me faut bien me rendre compte que ce sont les ouest-africains en general, et les senegalais en particulier, qui ont reussi a donner à la femme une place de choix dans la litterature.
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MessagePosté le: Lun 22 Aoû 2005 16:36    Sujet du message: Répondre en citant

Salut BMW

Merci pour tes encouragements, ça fait très plaisir.

Moi aussi je recherche "le baobab fou", c'est un roman semi-autobiographique qui date de 1982, impossible de le trouver celui-là non plus !
"Ken Bengul" en wolof, cela veut dire "personne n'en veut", rien que par le choix de ce nom, j'ai envie d'en savoir plus sur elle, Mariétou Mbaye Biléoma de son nom de naissance. J'ai commencé son dernier roman "Rue Félix-Faure" ce matin.

Sinon, tu m'as donné envie de relire "l'aventure ambigüe" que j'ai lu il y a près de deux ans et j'en parlerai donc ici prochainement !
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MessagePosté le: Jeu 25 Aoû 2005 21:25    Sujet du message: Répondre en citant

"L'aventure ambigüe", c'est avant-tout le récit du déchirement de Samba Diallo entre son origine, le pays des Diallobé, sa première éducation auprès de son maître coranique..., et l'Occident.

C'est un livre vraiment intéressant de ce point de vue-là et j'en conseille la lecture à tout le monde car il traite des questions d'identité qu'on retrouve dans plusieurs posts sur grioo.

Mais dans ce post, j'ai choisi de parler de la femme donc je vais proposer des extraits du livre évoquant ce personnage emblématique de la Grande Royale, comme l'a souligné BMW.

"Lorsqu'il (il s'agit de Samba, le personnage principal) leva la tête, son regard rencontra un grand visage altier, une tête de femme qu'enmitouflait une légère voilette de gaze blanche.
On la nommait la Grande Royale. Elle avait soixante ans et on lui en eût donné quarante à peine. On ne voyait d'elle que le visage. Le grand boubou bleu qu'elle portait traînait jusqu'à terre et ne laissait rien apparaître d'elle que le bout pointu de ses babouches jaunes d'or, lorsqu'elle marchait. La voilette de gaz entourait le cou, couvrait la tête, repassait sous le menton et pendait derrière, sur l'épaule gauche. La Grande Royale, qui pouvait bien avoir un mètre quatre-vingts, n'avait rien perdu de sa prestance malgré son âge.
La voilette de gaz blanche épousait l'ovale d'un visage aux contours pleins. La première fois qu'il l'avait vue, Samba Diallo avait été fasciné par ce visage, qui était comme une page vivante de l'histoire des Diallobé. Tout ce que le pays compte de tradition épique s'y lisait. Les traits étaient tout en longueur, dans l'axe d'un nez légèrement busqué. La bouche était grande et sans exagération. Un regard extraordinairement lumineux répandait sur cette figure un éclat impérieux. Tout le reste disparaissait sous la gaze qui, davantage qu'une coiffure, prenait ici une signification de symbole. L'Islam refrénait la redoutable turbulence de ces traits, de la même façon que la voilette les enserrait. Autour des yeux et sur les pommettes, sur tout ce visage, il y avait comme le souvenir d'une jeunesse et d'une force sur lesquelles se serait opposé brutalement le rigide éclat d'un souffle ardent."
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MessagePosté le: Jeu 25 Aoû 2005 21:32    Sujet du message: Répondre en citant

La Grande Royale était la soeur aînée du chef des Diallobé. On racontait que, plus que son frère, c'est elle que le pays craignait. Si elle avait cessé ses infatigables randonnées à cheval, le souvenir de sa grande silhouette n'en continuait pas moins à maintenir dans l'obeissance des tribus du Nord, réputées pour leur morgue hautaine. Le chef des Diallobé était de nature paisible. Là où il préférait en appeler la compréhension, sa soeur tranchait par voie d'autorité.

"Mon frère n'est pas un prince, avait-elle coutume de dire. C'est un sage". Ou bien encore : "Le souverain ne doit jamais raisonner au grand jour, et le peuple ne doit pas voir son visage de nuit".

Elle avait pacifié le Nord par sa fermeté. Son prestige avait maintenu dans l'obéissance les tribus subjuguées par sa personnalité extraordinaire. C'est le Nord qui l'avait surnommée la Grande Royale.
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MessagePosté le: Dim 28 Aoû 2005 18:04    Sujet du message: Répondre en citant

Encore quelques extraits de ce merveilleux livre "l'aventure ambiguë" que je conseille vivement à tout le monde parce qu'il est bien écrit, qu'il parle de beaucoup de questions soulevées par les grioonautes et c'est un vrai regal de le relire pour la 3e fois.

Juste deux petits extraits hors sujet par rapport à ce post, pour expliquer davantage le fameux déchirement que j'évoquais plus haut pour résumer le livre qui se fait par le biais de l'"école étrangère".

Ce premier extrait est tiré d'une longue tirade de la Grande Royale au Maître pour lui convaincre qu'il n'y a pas d'autre choix que d'envoyer les Diallobé à l'école étrangère :
"L'école étrangère est la forme nouvelle de la guerre que nous font ceux qui sont venus, et il faut y envoyer notre élite, en attendant d'y pousser tout le pays. Il est bon qu'une fois encore l'élite précède. S'il y a un risque, elle est la mieux préparer pour le conjurer...".

Je ne retrouve plus le passage mais l'école étrangère est celle qui permettra aux Diallobé de se nourrir, de construire leurs maisons, et de soigner l'intérieur de leurs corps.

Le deuxième extrait correspond à la réponse de Samba Diallo, à Paris, en licence de philosophie, au père de Lucienne, étudiante dans sa classe :
"Peut-être enseignerai-je en effet. Tout dépendra de ce qu'il sera advenu de moi au bout de cela. Vous savez, notre sort à nous autres, étudiants noirs, est un peu celui de l'estafette. Nous ne savons pas, au moment de partir de chez nous, si nous reviendrons jamais.
- Et de quoi dépend ce retour ? demanda Pierre (le frère de Lucienne)
- Il est arrivé que nous soyons capturés au bout de notre itinéraire, vaincus par notre aventure même. Il nous apparait soudain que, tout au long de notre cheminement, nous n'avons pas cessé de nous métamorphoser, et que nous voilà devenus autres. Quelquefois la métamorphose ne s'achève pas, elle nous installe dans l'hybride et nous y laisse. Alors, nous nous cachons, remplis de honte."


Dernière édition par Diali le Dim 28 Aoû 2005 18:06; édité 1 fois
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MessagePosté le: Dim 28 Aoû 2005 18:04    Sujet du message: Répondre en citant

Pour en revenir au sujet, je propose encore un extrait qui montre les qualités de la Grande Royale, et surtout la façon dont elle est respectée et écoutée par ces deux grands hommes que sont le chef des Diallobé qui est aussi son frère, et le maître (coranique).

"La Grande Royale était entrée sans bruit, selon son habitude. Elle avait laissé ses babouches derrière la porte. C'était l'heure de sa visite quotidienne à son frère. Elle prit place sur la natte, face aux deux hommes.
- Je me rejouis de vous trouver ici, maître. Peut-être allons-nous mettre les choses au point, ce soir.
- Je ne vois pas comment madame. Nos voies sont parallèles et toutes deux inflexibles.
- Si fait, Maître. Mon frère est le coeur vivant de ce pays mais vous en êtes la conscience. Enveloppez-vous d'ombre, retirez-vous dans votre foyer et nul, je l'affirme, ne pourra donner le bonheur aux Diallobé. Votre maison est la plus démunie du pays, votre corps le plus décharné, votre apparence la plus fragile. Mais nul n'a, sur ce pays, un empire qui égale le vôtre.
Le maître sentait la terreur le gagner doucement, à mesure que cette femme parlait. Ce qu'elle disait, il n'avait jamais osé se l'avouer très clairement, mais il savait que c'était la vérité.
(...)
- Mon frère, n'est-il pas vrai que sans la lumière des foyers nul ne peut rien pour le bonheur des Diallobé ? Et, grand maître, vous savez bien qu'il n'est point de dérobade qui puisse vous libérer.
(...)
- (...) Grande Royale, dites-moi que votre choix vaudra mieux que le vertige ; qu'il nous en guérira et ne hâtera pas notre perte, au contraire. Vous êtes forte. Tout ce pays repose sous votre grande ombre."
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MessagePosté le: Dim 28 Aoû 2005 19:05    Sujet du message: Répondre en citant

Il y a enormément de poésie dans le livre de Kane.
Et en particulier je trouve qu'il a donné une dimension fantastique à ce personnage de la grande Royale.
J'espère que les extraits motiveront ceux qui n'ont pas encore lu le livre à le faire.

C'est l'un des livres les mieux écrits que j'aie été amené à lire.
Il n'est pas volumineux et en format de poche il ne coute presque rien.
Donc, pour ceux qui ne l'ont pas encore lu, please, trouvez le temps de rectifier.
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MessagePosté le: Jeu 01 Sep 2005 06:40    Sujet du message: Répondre en citant

Encore quelques petits extraits de l'"Aventure Ambiguë" (je vais finir par copier le livre en entier si ça continue !).

Samba Diallo à Paris :

"... Je ne suis pas un pays des Diallobé distinct, face à un Occident distinct, et appréciant d'une tête froide ce que je puis lui prendre et ce qu'il faut que je lui laisse en contrepartie. Je suis devenu les deux. Il n'y a pas une tête lucide entre deux termes d'un choix. Il y a une nature étrange, en détresse de n'être pas deux".

Samba Diallo évoquant la Grande Royale à ses amis de Paris :

"J'ai une vieille cousine, dit-il, chez qui la réalité ne perd jamais ses droits. On l'appelle la Grande Royale. Elle n'est pas encore revenue de la surprise où l'ont plongée la défaite et la colonisation des Diallobé. Je ne dois être allé à l'école, et d'être ici ce soir, qu'à son désir de trouver une explication. Le jour où je prenais congé d'elle, elle me disait encore : " Va savoir chez eux comment l'on peut vaincre sans avoir raison".
- Voilà une femme qui ne s'en laisse pas conter, au moins. Elle doit être bien grande princesse..."

Samba à Adèle, petite fille de son ami, c'est une noire étant née à Paris :
- Adèle, appela Samba Diallo.
- Oui.
- Je crois que je les hais.
(...)
- Ma haine est une rédhibition d'amour. Je les ai aimés trop tôt, imprudemment, sans les connaître assez. Tu comprends ? Ils sont d'une nature étrange. Ils n'inspirent pas des sentiments simples. Nul ne devrait se lier à eux sans les avoir bien observés au préalable.
- Oui. Mais ils n'en laissent pas le temps aux gens qu'ils conquièrent.
- Alors, les gens qu'ils conquièrent devraient se tenir sur leurs gardes. Il ne faut pas les aimer. Les haines les plus empoisonnées sont celles qui naissent des vieilles amours.(...)".


Je vais essayer de m'arrêter là pour ce livre mais c'est difficile !

Les prochains livres dont je parlerai seront "le jujubier du patriarche" de Aminata Sow Fall et sûrement le récent "rue Félix-Faure" de Ken Bugul. Je pense aussi parler de la femme dans les contes et légendes africaines par la suite et sinon, je suis toujours preneuse de nouveaux titres de votre part ! Sinon, je ne sais pas si je m'attaque à la poèsie ou si je reste pour l'instant dans les romans.
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MessagePosté le: Jeu 01 Sep 2005 20:35    Sujet du message: Répondre en citant

diali a écrit:
Je vais essayer de m'arrêter là pour ce livre mais c'est difficile !

C'est clair.

Ce que j'ai le plus aimé ds ce book, c'est le debut, l'ascetisme du maitre de Samba Diallo, la recherche de la sainteté, et comment Samba Diallo cherche à s'engager sur cette voie.
C'était en plus très poétiquement écrit.
mais bon, rien à voir à voir avec le topic, qui est la femme dans la litterature africaine.
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MessagePosté le: Jeu 01 Sep 2005 20:54    Sujet du message: Répondre en citant

C'est vrai qu'on fait un peu de hors sujet mais Cheikh Hamidou Kane le mérite bien !
Je te dois, BMW, d'avoir relu ce livre que m'avait conseillé un ami sociologue sénégalais il y a deux ans et c'est un livre que je mettrai dans mes 5 livres préférés ! Donc, encore merci ! Je le lis aussi après ma connaissance maintenant depuis presque deux ans et demi de la culture sénégalaise et je peux l'apprécier d'autant plus !
Personnellement, ce qui m'émeut le plus, c'est cette fameuse déchirure que ressent Samba Diallo entre les deux mondes, et aussi le personnage du fou parce qu'en fait, il est tellement lucide que les autres ne le croient pas sauf le maître puis Samba Diallo.
Je ne sais pas si tu te souviens la scène où il explique que les blancs n'ont plus de chairs, qu'ils ont été mangés par les objets, quand il parle des objets en fer qu'ils portent à la bouche pour parler des couverts, des objets rapides qu'ils chaussent à leurs pieds...
Enfin bref, je crois que j'en parlerai des heures, chaque paragraphe est un poème à lui tout seul !

Pour en revenir à la femme dans la littérature négro-africaine, je parlerai avant ce que j'ai proposé ce matin, du "Mandat" de Sembène Ousmane dont j'ai vu le film il y a une semaine (il date de 1968) car les personnages féminins sont vraiment forts chez cet écrivain-réalisateur ! Je parlerai des deux co-épouses d'Ibrahima Dieng, le principal personnage du livre, après un petit résumé bien sûr.
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MessagePosté le: Ven 02 Sep 2005 07:59    Sujet du message: Répondre en citant

"Le mandat", c'est le récit mouvementé de Ibrahima Dieng, chef de famille, marié à Méty et Aram, sans travail, pauvre mais considéré, qui reçoit un mandat de Paris.
Tout le récit est tourné autour de ce que le mandat, ou du moins la promesse du mandat, apporte à la petite famille (avance des commerçants mais aussi demandes insistantes des amis, des voisins...) et le mur que constitue la bureaucratie, l'administration puisque pour toucher ce mandat, Ibrahima Dieng doit fournir un certain nombre de papiers administratifs dont il ne dispose pas.
On assiste donc, entre rire parfois mais surtout sentiment d'injustice (notamment lorsque des personnes riches utilisent sans scrupule la sorte de naïveté du protagoniste) et de compassion envers Ibrahima, à l'impuissance de ce dernier à pouvoir toucher son mandat alors que celui-ci a été dépensé "généreusement" par ses deux co-épouses.
Ces deux dernières, soumises entièrement à leur mari, font preuve aussi de beaucoup d'ingéniosité pour amoindrir les conséquences de cette mésaventure vis-à-vis du voisinage et pour assurer le quotidien de toute la famille.
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MessagePosté le: Ven 02 Sep 2005 20:05    Sujet du message: Répondre en citant

Le premier chapitre du livre met en scène les deux co-épouses qu'on sent déjà à la fois vives et complices entre elles. Le facteur vient leur apporter le fameux mandat qui vient de Paris :

"Le facteur gara son solex sur le pieu tordu de la porte d'entrée. A son assalamalec, deux femmes assises à même la terre, d'un ton méfiant, répondirent. Elles le connaissaient, mais par son emploi, l'homme traînait derrière lui un préjugé défavorable.
- Femmes, votre époux, Ibrahima Dieng est-il présent ?
L'une des deux, Mety, qui était l'aînée et première épouse, décocha un regard inquisiteur sur le visage de l'homme puis sur ses mains :
- Qui, dis-tu ?
- Mety, interpella le facteur, Mety, j'habite le quartier et je sais qu'Ibrahima Dieng est le maître de céans. Je ne suis pas un toubaba.
- Bah, qu'est-ce que j'ai dit ?
- Rien en effet... rien qui puisse te conduire en enfer.
- Tu sais toi aussi, que notre homme n'est jamais à la maison à cette heure-ci. Chômer d'accord ! Mais se vautrer toute la journée dans nos pagnes, cela non. Tu demandes comme si tu étais un étranger.
- Je dois faire mon travail. Toutes, lorsque vous me voyez, c'est comme si vous voyiez un alcati (agent de police).
- Tu es pire qu'un alcati. Il suffit que tu laisses un papier une ou deux semaines pour qu'arrivent les "gens d'impôts" : saisie. Et ici, dans cette maison, tu n'as jamais apporté de bonnes nouvelles.
- Justement, c'est le contraire ce matin.
- Han ! fit Mety en se redressant vivement. Sa camisole s'accrochait à sa trop grande saillie postérieure.
- Bougresse ! dès qu'on parle d'argent vous voilà frétillantes comme des vers. C'est de l'argent.
- Il vient d'où ?
- De Paris... Un mandat.
- Paris ? Qui Ibrahima connaît-il à Paris ? Tu es sûr que c'est pour lui ? Bah, ne nous tue pas avec l'espoir.
- Il y a même une lettre avec, je connais mon métier.
- Tu as entendu, Aram, lança Mety joyeuse à l'adresse de la seconde épouse qui s'était rapprochée. Elle était plus jeune, plus maigre, les joues creuses, le menton pointu.
- Un mandat de combien ? demanda encore Aram
- 25 000 francs.

Elles épilogaient entre elles sur l'énormité de la somme.

- Yallah est venu, Mety, toi qui te lamentais, disait Aram."
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MessagePosté le: Ven 02 Sep 2005 20:18    Sujet du message: Répondre en citant

Tu as aimé ce livre, le mandat?

Je l'ai lu au lycée (c'était au programme) et franchement ça m'avait paru être un livre assez conventionnel sur le choc des culture, bref un truc pas très original, médiocre même (mais bon, ça fait 10 ans, je devrais le relire et me refaire une opinion).

Quand par contre j'ai lu "Les bouts de Bois de Dieu" je n'arrivais pas à croire que c'était le même auteur.

Sans vouloir te couper dans ton élan.
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MessagePosté le: Ven 02 Sep 2005 20:20    Sujet du message: Répondre en citant

Pour retirer le mandat, Ibrahima Dieng a besoin de se faire une carte d'identité, pour se faire la carte d'identité, il a besoin d'une photo. Or, le photographe s'est avéré une crapule. Ibrahima reçoit un coup de poing dans le nez par ce dernier au cours de la dispute et rentre chez lui avec du sang plein les vêtements, sans photo et donc sans mandat alors que sa famille vit sur les avances de ce mandat et que tout le voisinage est au courant de ce dernier et souhaite en profiter d'une façon ou d'une autre. Le climat était donc difficile avec voisins comme commerçants.

Ne pouvant plus supporter ce climat de tension, Mety joue ici son meilleur rôle en faisant croire à tout le monde qu'Ibrahima s'est fait voler le mandat :

"- Il va mourir, répétait Aram geignarde.
- On a voulu le tuer ! Dès qu'il a reçu le mandat, trois hommes se sont jetés sur lui, déclara Mety vivement et à haute voix. Profitant de la soudaineté et de l'effet de surprise, elle poursuivait sur un ton plaintif, les yeux huileux :
- Si l'argent était à lui, Yallah sait qu'on souffrirait moins. L'argent était à son neveu qui travaille à Paris. Sa soeur était venue pour prendre sa part, et c'est grâce aux boucles d'oreille d'Aram données en gage chez Mbarka qu'elle a pu repartir. Maintenant, nous avons tout perdu... Tout même l'estime qu'on avait dans ce quartier à cause de ce mandat.
Un souffle de commune solidarité de miséreux traversa les coeurs.
- Ne pleure plus, Aram et toi aussi Mety, renchérit une femme.
- Ici, dans le quartier, tout le monde croit que nous sommes des individualistes. Que nous faisons fi de la solidarité de voisinage.
- Mety, ne nous accable pas ! Tu nous blesses. Vrai, nous avons entendu parler de ce mandat. Que veux-tu quand on a une famille et qu'on a faim, on croit à ce qu'on raconte.(...)".
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MessagePosté le: Ven 02 Sep 2005 20:34    Sujet du message: Répondre en citant

Un dernier extrait du livre. Ibrahima reproche à Mety d'avoir menti. Cette dernière justifie son comportement, épaulée par Aram.

" Nous les femmes, étions mises à l'index. A la borne-fontaine, chacune venait : "avance un kilo de riz", "prête-moi cent francs", ainsi de suite. C'était insupportable de dire toujours la même chose. Leur répondre la vérité ?... Elles ne voulaient pas le croire. C'est simple, la vérité ne sert plus à rien ! dit Mety.
- Il faut toujours dire la vérité. Si dure soit-elle il faut la dire. Maintenant, qu'est-ce que je vais dire ? Tu sais bien le mandat est encore à la poste.
(...)
- (...) Mety a raison - pardonne-moi de te contredire. Il nous était impossible à l'une comme à l'autre de faire face aux nombreuses sollicitations. Nous étions aux dires du quartier, des égoïstes. Toute leur faim était canalisée, dirigée vers nous.
- Vivre avec des voisins et être leur ennemi est intenable. Et tu sais toi-même que nous ne sommes pas les seuls à falsifier la vérité. Nous nous cachons des uns et des autres? Pourquoi ?... Personne n'a de quoi faire vivre décemment sa famille. Cette nouvelle conduite n'est pas le fruit de notre méchanceté, c'est plutôt que la vie n'est plus comme du temps de notre jeunesse, notre jeunesse à nous, les parents d'aujourd'hui. Combien sont-ils ceux qui font rentrer leur sac de riz la nuit venue ? Et pourquoi ?... Pour ne pas partager.
- Que vais-je dire quand on saura que le mandat est à la poste ?
Mety leva le front, son mouchoir de tête noué de côté semblait accentuer le frisson qui secouait le bas de son visage. Dans ses yeux, le relfet accusateur, "est-il vraiment bête ou juge-t-il que c'est nous mêmes qui le sommes ?"
- Quand ce jour viendra, répond que c'est Mety qui a menti.
- Moi aussi, articula Aram".
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Diali
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MessagePosté le: Ven 02 Sep 2005 20:39    Sujet du message: Répondre en citant

Globalement, dans "le Mandat", on assiste à des scènes qui sembleraient paradoxales : d'un côté, des scènes où les deux femmes sont complètement soumises à leur mari, à son entière disposition, à ses ordres et de l'autre, des scènes où l'on se rend compte qu'elles maîtrisent finalement beaucoup de choses.

C'est ce paradoxe, il me semble, qui caractérise encore beaucoup la femme sénégalaise.
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Diali
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MessagePosté le: Ven 02 Sep 2005 20:45    Sujet du message: Répondre en citant

Je reviendrai donc sur Aminta Sow Fall avec "le Jujubier du Patriarche". Il s'agit d'un livre écrit en 1993, particulièrement intéressant pour le thème de la femme avec un foisonnement de personnages féminins.

Ce livre est un véritable voyage dans le temps car il traite de la mémoire avec les chants qui célèbrent les lignées des héros antiques, des castes qui perdurent, des résidus de la femme esclave et de la femme maîtresse, des disquettes... Je pense que je m'y attarderai longuement !
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