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La falsification Pétré-Grenouilleau s’exporte en Guyane

 
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gilvert
Grioonaute


Inscrit le: 08 Juil 2005
Messages: 15

MessagePosté le: Jeu 15 Sep 2005 13:08    Sujet du message: La falsification Pétré-Grenouilleau s’exporte en Guyane Répondre en citant

Twisted Evil Twisted Evil Twisted Evil La falsification Pétré-Grenouilleau s’exporte en Guyane : Lawoetey-Pierre AJAVON enseignant-chercheur dit Non
14/09/2005

http://www.afrikara.com/index.php?page=contenu&art=816&PHPSESSID=2426e39ae96404bc34232b8beb5b8a6a

Après un suspect et soudain succès de librairie, suivi d’une miteuse consécration par le Sénat français qui n’a aucune compétence connue en matière d’histoire négrière, bénéficiant en sus du sponsoring médiatique des personnalités comme le présentateur louangeur Elkabbach, Pétré-Grenouilleau s’attaque à l’Outre-Mer. L’historien français qui, en absence de véritable autorité scientifique sur la traite négrière en France et avec l’appui grossier d’un quarteron influent de rentier de la mémoire, a popularisé en 2005 la thèse falsificatrice des négriers noirs ayant vendus leurs frères, a prévu d’insuffler son mensonge institué … en Guyane. Au pays d’une certaine Christiane Taubira, députée à qui l’on doit la loi reconnaissant la traite et l’esclavage transatlantiques comme crime contre l’humanité. Le hasard ne trouverait pas sa place dans ce choix et cette stratégie.



Lawoetey-Pierre AJAVON, enseignant-chercheur à Cayenne, auteur d’ouvrages et réflexions sur la traite négrière a décidé de porter cette atteinte à la mémoire et à la dignité des Guyanais, des Ultramarins et des Africains devant le rectorat, afin que des mesures soient prises pour empêcher la tête de pont du révisionnisme français libéré de déverser sa falsification en Guyane. Il a tenu, dans une démarche de transparence et de mobilisation collective à faire parvenir son texte adressé au rectorat de la Guyane à la rédaction d’Afrikara.com, ce dont les karanautes et nous-mêmes lui savons gré.





Lawoetey-Pierre AJAVON Cayenne, le 13 septembre 2005
Enseignant-chercheur à Cayenne



Monsieur le Recteur
Réf. : Dispositif PAF 05A0330053 Rectorat de la Guyane
Module 2920 Place de Grenoble
97300 CAYENNE







Monsieur le Recteur,




En tant qu’enseignant-chercheur en Histoire et en Anthropologie, c’est avec stupéfaction et indignation que je viens d’apprendre la venue en Guyane en novembre prochain de Monsieur Olivier Pétré-Grenouilleau, professeur à l’Université de Lorient et révisionniste notoire, dans le cadre de la formation des professeurs d’Histoire. Monsieur Pétré-Grenouilleau, qui bénéficie au passage du volume horaire le plus important dans ce dispositif (24 heures), doit intervenir conjointement avec Madame Polderamn pour une «mise au point scientifique sur l’histoire de la Guyane» et aborder en particulier le thème de l’esclavage !!!





Même si cette décision n’émane pas directement du Rectorat, force est de constater que sans sa collaboration, Monsieur Pétré-Grenouilleau n’aurait pas bénéficié de cette tribune. Il appartient donc à l’instance administrative chargée de l’immense responsabilité de la formation des professeurs, d’être vigilante afin d’éviter que ce genre de pseudo scientifique ne vienne falsifier la vérité historique, polluer l’esprit des confrères ayant la charge de retransmettre l’enseignement à nos jeunes et offenser gravement la mémoire des martyrs ayant fait les frais de ce qui restera probablement – espérons-le tout au moins - la plus grande tragédie de l’humanité, tant par sa durée que par son ampleur mondialiste et par le nombre des victimes. Je vous rappelle à toutes fins utiles quelques propos et le passé récents de Monsieur Olivier Pétré-Grenouilleau.



Monsieur Pétré-Grenouilleau, a osé se poser en censeur de la représentation nationale qui a adopté à une écrasante majorité la loi Taubira. Il prétend en effet que cette loi - votée en 2001 - « pose problème » et qu’elle est « à l’origine de l’anti-sémitisme en France ». Il déclare qu’il eût mieux valu faire silence sur l’esclavage au motif qu’il n’a été qu’un banal expédient économique…



Réfutant la reconnaissance de Crime Contre l’Humanité, il est bien évident qu’il rejette de fait celle de génocide alors que la traite et l’esclavage des Noirs tels qu’ils ont été perpétrés durant 400 ans entrent bien dans la caractérisation de crime de génocide tel que défini par les deux premiers articles de la Convention pour la Prévention et la Répression du Crime de Génocide adoptée par l’Assemblée Générale des Nations Unies le 9 Décembre 1948.



Je ne vais pas refaire ici le chapitre VI de mon ouvrage paru aux éditions Menaibuc en mai dernier et intitulé : « Traite et esclavage des Noirs, quelle responsabilité africaine ? », mais j’attire votre attention sur le fait que la totalité des actes énoncés par la Convention déterminant la qualification de génocide ont bien été perpétrés alors qu’un seul d’entre eux suffisait. A l’examen des textes de Loi, des faits et des documents d’époque notamment, le verdict est sans appel : la traite, la déportation et l’asservissement des Noirs tombent bien sous le coup de la caractérisation de génocide.



De plus, l’introduction de la première partie de la convention onusienne stipulant « …que le génocide est un crime du droit des gens … », rejeter cette qualification reviendrait à dire que les Noirs ne sont pas « des gens » et donc à nier encore et toujours leur statut d’humains.



Pourtant, il a fallu attendre l’année 2000 pour que le Haut Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme reconnaisse enfin esclavage, colonialisme et guerres de conquête infligés par l’Europe à de nombreux peuples dans le monde, comme crimes contre l’humanité.



La loi Taubira - même si elle ne règle pas tous les problèmes - est un immense espoir pour davantage de vérité, de justice et de démocratie. Des gens tels que le triste Monsieur invité en Guyane en novembre prochain nous font entrevoir le danger du retour vers un passé récent ténébreux, raciste et négationniste. C’est pour tout cela et d’autres propos encore que Monsieur Olivier Pétré-Grenouilleau, à la suite des nombreuses plaintes déposées pour révisionnisme et négationnisme par diverses associations (reçues le 25 juin 2005 par le Président du Sénat pendant plus de deux heures) telles que le COFFAD (Collectif des Fils et Filles des Africains Déportés) ou le Collectif de la Marche du 22 mai 2005 (Collectif des Antillais, Guyanais et Réunionnais) - encore un gain de la loi Taubira - serait en instance de devoir s’expliquer devant la Justice de notre pays. Les circonstances atténuantes ? Ses avocats auront du mal à les trouver : en tant qu’historien, nul ne pourra plaider la candeur et/ou l’ignorance profane de l’accusé. Maître Gilbert Collard, avocat des plaignants, a entre les mains un dossier qui le laisse apparemment serein quant à l’issue du procès. Bien sûr, il est indispensable d’attendre la suite des évènements car on ne peut juger une affaire avant les juges. Mais, peut-être serait-il sage, au moins, de surseoir à la venue du présumé coupable de révisionnisme car il est difficilement imaginable que le Rectorat de la Guyane soit celui qui ait donné une tribune « pour la formation des professeurs d’Histoire » à un pseudo historien qui risque fort – à court terme – d’être convaincu et condamné pour négationnisme et révisionnisme.



Par ailleurs, comment comprendre le « Prix du livre d’histoire » décerné le 11 juin 2005 par le Sénat français à Monsieur Pétré-Grenouilleau pour un ouvrage reconnu par tous, y compris par ses pairs, comme médiocre et pompeusement intitulé « Les traites négrières, essai d’histoire globale » ? Dès le 12 juin, invité du Journal du Dimanche, l’auteur donnait lui-même la réponse à cette question en dévoilant très maladroitement le but de son ouvrage : attaquer de la loi Taubira votée en 2001 !

L’esclavage négrier ! Ce pan douloureux de l’histoire des hommes doit être abordé - comme tout travail de recherche scientifique - avec sérénité, souci d’éthique, rigueur et objectivité. Indépendance intellectuelle obligeant, vous conviendrez qu’il n’y a – dans cette démarche - aucune place pour les politiques, leurs jeux et enjeux.



A l’heure du grand débat sur la citoyenneté et le devoir de mémoire, au moment même où – toujours grâce à la loi Taubira – on envisage d’améliorer l’enseignement aux jeunes sur ces sujets sensibles avec sérénité et honnêteté, n’a-t-on vraiment trouvé personne d’autre qu’un négationniste tel que Monsieur Pétré-Grenouilleau pour assurer « la formation des enseignants » et venir insulter les Guyanais, porteurs par la voix de leur députée Christiane Taubira, d’une loi indispensable à un futur démocratique ?



C’est pourquoi, Monsieur le recteur, ne doutant pas de votre honnêteté morale et sûr de votre indépendance intellectuelle dans l’exercice de la charge et des fonctions qui sont les vôtres – particulièrement en Guyane - j’ai du mal à croire que vous ne serez pas de ceux qui feront tout ce qui est en leur pouvoir pour empêcher qu’une insulte de plus vienne salir la mémoire des déportés africains martyrs.



Veuillez agréer, Monsieur le Recteur, l’expression de mes salutations dévouées.



Lawoetey-Pierre AJAVON
Enseignant-chercheur à Cayenne, lawoetey@voila.fr
Docteur d’Etat en Lettres et Sciences Humaines

Président de l’Association des Amis de Léon Damas



Ampliation :

Mme Christiane TAUBIRA, Députée de la 1ère circonscription de la Guyane,

Mme Juliana RIMANE, Députée de la 2ème circonscription de la Guyane,

Mr Antoine KARAM, Président de la Région Guyane,

Mr Georges OTHILY, Sénateur de la Guyane,

Mr Pierre DESERT, Président du Conseil Général Twisted Evil Twisted Evil
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Pakira
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MessagePosté le: Jeu 15 Sep 2005 23:15    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
«mise au point scientifique sur l’histoire de la Guyane»



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"tout nèg a nèg

ki nèg nwè ki nèg klè
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tout nèg a nèg

nèg klè pè nèg nwè
nèg nwè pa lè wè nèg klè
nèg nwè ké wéy klè
senti i sa roune nèg klè
mè nèg klè ké wéy klè a toujou nèg

sa ki fèt pou nèg vin' blang?
blang té gen chivé pli long?
pou senblé yé nou trapé chivé plat kon fil mang!!!
mandé to fanm...!
mè pou kisa blang lé vin' nwè?
ha... savé ki avan vin' blan yé té ja nèg!

a nou mèm ké nou mèm dépi nânni nânnan...
chinwa soti, kouli soti, indyen soti, blang soti
mèm koté nèg soti

avan yé sotil koté y fika
AFRIKA!!!"

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TjenbeRed
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MessagePosté le: Ven 16 Sep 2005 10:26    Sujet du message: Re: La falsification Pétré-Grenouilleau s’exporte en Guyane Répondre en citant

gilvert a écrit:
Lawoetey-Pierre AJAVON, enseignant-chercheur à Cayenne, auteur d’ouvrages et réflexions sur la traite négrière a décidé de porter cette atteinte à la mémoire et à la dignité des Guyanais, des Ultramarins et des Africains devant le rectorat, afin que des mesures soient prises pour empêcher la tête de pont du révisionnisme français libéré de déverser sa falsification en Guyane.
Citation:
En tant qu’enseignant-chercheur en Histoire et en Anthropologie, c’est avec stupéfaction et indignation que je viens d’apprendre la venue en Guyane en novembre prochain de Monsieur Olivier Pétré-Grenouilleau, professeur à l’Université de Lorient et révisionniste notoire, dans le cadre de la formation des professeurs d’Histoire. Monsieur Pétré-Grenouilleau, qui bénéficie au passage du volume horaire le plus important dans ce dispositif (24 heures), doit intervenir conjointement avec Madame Polderamn pour une «mise au point scientifique sur l’histoire de la Guyane» et aborder en particulier le thème de l’esclavage !!!


J'imagine que les Guyanais, derrière ou à côté de Christiane TAUBIRA, lui réserveront l'accueil qu'il mérite.

Cela me rappelle la tentative de LE PEN d'atterrir en Martinique ou en Guadeloupe, je ne sais plus, tentative avortée du fait des Antillais.
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(Mongo BETI, La France contre l'Afrique)


Pour éviter tout malentendu, je précise que je suis blanc.
Pour les "anciens" du Forum, mon prénom n'est pas François. Enfin, je ne suis pas lié à l'association "Tjenbé Rèd".[/color]
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gilvert
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MessagePosté le: Ven 16 Sep 2005 11:16    Sujet du message: Répondre en citant

mon inquietude est de savoir s'il aurra l'accueil qu'il merite Question

les guyanais reagiront 'ils massivement?

J'endoute Confused avec le peu d'engouement et le peu d'interet que certains manifestent pour la communaute noire Confused

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Skelter
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MessagePosté le: Ven 16 Sep 2005 12:19    Sujet du message: Re: La falsification Pétré-Grenouilleau s’exporte en Guyane Répondre en citant

gilvert a écrit:

Par ailleurs, comment comprendre le « Prix du livre d’histoire » décerné le 11 juin 2005 par le Sénat français à Monsieur Pétré-Grenouilleau pour un ouvrage reconnu par tous, y compris par ses pairs, comme médiocre et pompeusement intitulé « Les traites négrières, essai d’histoire globale » ? Dès le 12 juin, invité du Journal du Dimanche, l’auteur donnait lui-même la réponse à cette question en dévoilant très maladroitement le but de son ouvrage : attaquer de la loi Taubira votée en 2001 !


Ah bon?
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Kennedy
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MessagePosté le: Ven 16 Sep 2005 19:36    Sujet du message: Re: La falsification Pétré-Grenouilleau s’exporte en Guyane Répondre en citant

Skelter a écrit:
gilvert a écrit:

Par ailleurs, comment comprendre le « Prix du livre d’histoire » décerné le 11 juin 2005 par le Sénat français à Monsieur Pétré-Grenouilleau pour un ouvrage reconnu par tous, y compris par ses pairs, comme médiocre et pompeusement intitulé « Les traites négrières, essai d’histoire globale » ? Dès le 12 juin, invité du Journal du Dimanche, l’auteur donnait lui-même la réponse à cette question en dévoilant très maladroitement le but de son ouvrage : attaquer de la loi Taubira votée en 2001 !


Ah bon?


combien il te paye la Grenouille pour que tu le defende de la sorte?
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Goyave
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MessagePosté le: Ven 16 Sep 2005 19:39    Sujet du message: Répondre en citant

gilvert a écrit:
mon inquietude est de savoir s'il aurra l'accueil qu'il merite Question

les guyanais reagiront 'ils massivement?

J'endoute Confused avec le peu d'engouement et le peu d'interet que certains manifestent pour la communaute noire Confused

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Le problème c'est que l'IUFM de Guyane est bourré de profs métropolitains. Rolling Eyes
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TjenbeRed
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MessagePosté le: Sam 17 Sep 2005 16:29    Sujet du message: Répondre en citant

Goyave a écrit:
gilvert a écrit:
mon inquietude est de savoir s'il aurra l'accueil qu'il merite Question

les guyanais reagiront 'ils massivement?

J'endoute Confused avec le peu d'engouement et le peu d'interet que certains manifestent pour la communaute noire Confused

WAIT and SEE


Le problème c'est que l'IUFM de Guyane est bourré de profs métropolitains. Rolling Eyes

Je ne faisais pas allusion à l'accueil des profs, mais des Guyanais.
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Goyave
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Messages: 313

MessagePosté le: Sam 17 Sep 2005 16:35    Sujet du message: Répondre en citant

TjenbeRed a écrit:

Je ne faisais pas allusion à l'accueil des profs, mais des Guyanais.

Tu crois que tous les guyanais ont entendu parler de Petre-Grenouilleau ? Shocked A part quelques profs et chercheurs, je ne pense pas que Grenouilleau soit connu des guyanais en général donc qui d'autres que les profs pourraient être à l'origine d'un mouvement de protestation ?
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TjenbeRed
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MessagePosté le: Sam 17 Sep 2005 16:47    Sujet du message: Répondre en citant

Goyave a écrit:
TjenbeRed a écrit:

Je ne faisais pas allusion à l'accueil des profs, mais des Guyanais.

Tu crois que tous les guyanais ont entendu parler de Petre-Grenouilleau ? Shocked A part quelques profs et chercheurs, je ne pense pas que Grenouilleau soit connu des guyanais en général donc qui d'autres que les profs pourraient être à l'origine d'un mouvement de protestation ?

Je pense que Christiane TAUBIRA et PAKIRA, notamment, ont quelques amis en Guyane.

Et l'un et l'autre connaissent PETRE.
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Pakira
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Messages: 1750

MessagePosté le: Sam 17 Sep 2005 16:53    Sujet du message: Répondre en citant

Goyave a écrit:
TjenbeRed a écrit:

Je ne faisais pas allusion à l'accueil des profs, mais des Guyanais.

Tu crois que tous les guyanais ont entendu parler de Petre-Grenouilleau ? Shocked A part quelques profs et chercheurs, je ne pense pas que Grenouilleau soit connu des guyanais en général donc qui d'autres que les profs pourraient être à l'origine d'un mouvement de protestation ?


Exact.Mais je vois que AJAVON est Président de l’Association des Amis de Léon Damas,je crois pas que le voyage de Grenouille sera de tous repos Cool
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ki nèg nwè ki nèg klè
ki nèg klè ki nèg nwè
tout nèg a nèg

nèg klè pè nèg nwè
nèg nwè pa lè wè nèg klè
nèg nwè ké wéy klè
senti i sa roune nèg klè
mè nèg klè ké wéy klè a toujou nèg

sa ki fèt pou nèg vin' blang?
blang té gen chivé pli long?
pou senblé yé nou trapé chivé plat kon fil mang!!!
mandé to fanm...!
mè pou kisa blang lé vin' nwè?
ha... savé ki avan vin' blan yé té ja nèg!

a nou mèm ké nou mèm dépi nânni nânnan...
chinwa soti, kouli soti, indyen soti, blang soti
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HALAIN
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MessagePosté le: Mar 20 Sep 2005 21:03    Sujet du message: Répondre en citant

lu sur africamaat

2005-09-20 10:56:23 par lambi soné

Information importante : Suite aux différentes actions menées par le Collectif des Antillais Guyanais Réunionnais pour faire sanctionner les propos intolérables d’Olivier PÉTRÉ-GRENOUILLEAU sur l’esclavage ( plaintes en justice, campagne de mails et lettres de protestation auprès du président du sénat et de différentes autorités ), le Sénat a annulé le colloque international sur la question de l’esclavage qui devait se dérouler prochainement dans son enceinte sous l’autorité de PÉTRÉ-GRENOUILLEAU.

Tant que la justice ne se sera pas prononcée, le Collectif des Antillais Guyanais Réunionnais poursuivra son action visant a faire échec a toutes les tentatives de prosélytisme d’Olivier PÉTRÉ-GRENOUILLEAU
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Yom
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Messages: 347

MessagePosté le: Jeu 22 Sep 2005 09:02    Sujet du message: Traites négrières et esclavage : les enjeux d’un livre récen Répondre en citant

Un article du site Les mots sont importants
http://www.lmsi.net/article.php3?id_article=460

Traites négrières et esclavage : les enjeux d’un livre récent, par Marcel Dorigny

À propos d’un livre plébiscité par les médias : Les traites négrières d’ Olivier Pétré-Grenouilleau


Bien qu’il soit fortement contesté dans le monde universitaire, le livre d’Olivier Pétré-Grenouilleau a eu de nombreux échos dans la grande presse [1]. Il a été présenté comme faisant autorité dans plusieurs magazines et a reçu un prix décerné par le Sénat [2]. À l’occasion de la remise de ce prix, cet historien a fait des déclarations tendant à relativiser l’importance de la traite européenne et mettant en cause de la loi de mai 2001 qui a qualifié l’esclavage de crime contre l’humanité [3]. Spécialiste de l’esclavage et de la traite négrière, Marcel Dorigny formule un certain nombre de critiques majeures à cet ouvrage parfaitement adapté à des institutions et des médias qui ne connaissent rien au sujet, dédaignent l’ensemble de l’historiographie sur ces questions et y trouvent l’occasion inespérée de raviver à peu de frais la bonne conscience française et européenne.

Cet article est extrait du dernier numéro de la revue Hommes et Libertés, paru en septembre 2005 et consacré au « trou de mémoire coloniale ». Le sommaire de ce numéro figure au bas de cette page.


Les débats autour de la mémoire de l’esclavage, de la traite négrière et de leurs séquelles les plus actuelles n’ont jamais été aussi âpres que ces derniers mois, en écho à une actualité largement relayée par les grands médias nationaux. Si ces questions sont familières depuis longtemps aux historiens et aux militants des associations regroupant les Français d’outre-mer, le grand public ne les a véritablement découvertes que depuis peu d’années : en 1998 les commémorations du 150e anniversaire de l’abolition de l’esclavage dans les colonies françaises furent, pour beaucoup, un point de départ, puis, en mai 2001, le vote de la loi qualifiant la traite négrière et l’esclavage de crime « contre l’humanité » donna un nouvel élan aux débats en cours. À l’opposé, et nous ne pouvons que déplorer ce constat, le rétablissement de l’esclavage par Bonaparte en 1802, avec son cortège de massacres en Guadeloupe, n’a pas été inscrit parmi les grands événements de la mémoire nationale. Il ne fut pas non plus beaucoup question, en 2004, du bicentenaire de la naissance d’Haïti, cette « première République noire de l’histoire », aujourd’hui second État francophone d’Amérique, qui affirma son indépendance par une guerre victorieuse contre les troupes envoyées par Bonaparte pour y rétablir l’esclavage.

Le rappel, même sommaire, de ce contexte est nécessaire pour situer la relative abondance des ouvrages récents sur ce sujet, que l’on dit pourtant encore mal connu ou occulté : le cadre commémoratif a rendu possible des publications qui auraient plus difficilement trouvé un éditeur en d’autres temps. Si le livre d’Olivier Pétré-Grenouilleau, dont il est principalement question ici, ne veut pas s’afficher comme lié à un quelconque cadre commémoratif, il n’est pas moins évident qu’il s’inscrit dans le vaste débat, national et international, qui tend à replacer la traite négrière et l’esclavage dans la « mémoire collective », avec toutes les dérives plus ou moins implicites dont est riche de potentialités ce sujet brûlant. L’auteur est un spécialiste connu et reconnu de l’histoire de la traite : outre de nombreux articles, édition de textes et numéros de revues, cet ouvrage est le quatrième qu’il consacre à ce sujet ; c’est aussi le plus ambitieux, comme le pluriel du titre (Les traites négrières) et son sous-titre l’affichent explicitement (Essai d’histoire globale).

L’ouvrage se divise en trois parties précédées d’une longue introduction problématique L’engrenage négrier) :

I. Essor et évolution des traites négrières

II. Le processus abolitionniste ou comment sortir du système négrier

III. La traite dans l’histoire mondiale.

Sans entrer dans l’analyse détaillée du contenu de chacune de ces trois gardes parties, nous nous limiterons à une série de réflexions sur les grandes interprétations que l’auteur propose de ce vaste sujet, objet de tant de controverses depuis plusieurs décennies.

On se permettra d’abord de regretter qu’un tel ouvrage ne soit complété ni par un index des noms cités, ni par une bibliographie finale, ordonnée et hiérarchisée, qui éviterait au lecteur de chercher les références au fil des notes de bas de page. Cette absence de bibliographie est d’autant plus dommageable que l’essentiel des sources utilisées pour cette vaste synthèse sont de seconde main, principalement puisées à travers l’immense bibliographie anglo-américaine, mais également dans les travaux de Serge Daget et de Jean Mettas pour la traite française. En l’absence de traductions des synthèses anglaises ou américaines sur la traite (que l’on pense, par exemple, que l’ouvrage magistral de Hugh Thomas, The SlaveTrade. The History of the Atlantic Slave Trade 1440-1870, n’a toujours pas d’édition française alors qu’il est traduit en espagnol et en italien et l’on aura une idée des blocages de l’édition française en ce domaine !), ce livre permettra aux lecteurs français de se faire une idée de la complexité des problèmes que toute recherche sur les traites négrières rencontre. La masse des informations fiables et vérifiées contenues dans ce gros livre en fait un outil indispensable aujourd’hui où ce sujet est massivement jeté dans le débat public où trop souvent les arguments avancés ne reposent pas sur une connaissance sérieuse des grands acquis de la recherche, notamment en ce qui concerne les statistiques de la traite atlantique et en direction de l’océan Indien, la mortalité à bord des navires, les révoltes, la traite intra africaine ou encore la traite dite orientale, etc. Ces apports de l’ouvrage de Pétré-Grenouilleau sont incontestablement utiles et reflètent au plus près les résultats de la recherche historique des trente dernières années.

La traite européenne est minimisée

Mais au-delà de cet apport essentiel, force est de constater que ce livre, qui se veut œuvre de science historique, se place dans une logique parfaitement limpide. En mettant sur le même plan toutes les traites négrières (atlantiques, trans-sahariennes et orientales, intra africaines), l’auteur laisse entendre que si crime il y eut, il fut largement partagé et il ne saurait sérieusement être question d’accuser l’Europe seule de pratiques universellement admises pendant des siècles. Pourtant, on peut légitimement contester la méthode consistant à considérer que les chiffres des différentes traites sont comparables, voire donnent implicitement, malgré les précautions prises par l’auteur pour rejeter par avance cette accusation, « l’avantage » à la traite dite « orientale » avec ses 17 millions de déportés, « contre 11 » pour la traite occidentale, alors que les durées ont été très différentes : quatre siècles au plus pour la traite atlantique et vers l’océan indien, plus de treize siècles pour la traite trans-saharienne.

Sans oublier le fait majeur que les conséquences sur le peuplement actuel des continents sont sans comparaison possible : le continent américain est aujourd’hui en partie peuplé de descendants d’Africains déportés par la traite et les Antilles le sont presque totalement, ce qui n’est pas le cas des régions du pourtour méditerranéen et du Moyen Orient qui ont « bénéficié » de la traite trans-saharienne sur une beaucoup plus longue période et recevant des effectifs que les recherches utilisées par Olivier Pétré-Grenouilleau estiment sensiblement supérieurs à ceux de la traite atlantique... mais il est vrai qu’autant les archives des ports européens (ou brésiliens) permettent un calcul presque exact du rythme et des effectifs de la traite atlantique, les sources statistiques de la « traite orientale » et plus encore intra africaine sont quasi inexistantes, ou peu fiables, ce qui conduit les chercheurs à travailler sur des hypothèses, des recoupements, des témoignages indirects. La marge d’erreur dans l’estimation de l’ampleur de ces traites est ainsi très importante, du moins en l’état actuel de la recherche.

La même conclusion « minimaliste » ressort des chapitres où l’auteur veut démontrer que la traite européenne ne fut pas aussi rentable que la tradition « tiers-mondiste » d’origine marxiste l’a longtemps affirmé (à la suite, notamment, de Eric Williams). Surtout, la ligne directrice des précédents ouvrages de l’auteur, systématisée ici (p. 315-374) consiste à réfuter les liens entre activités négrières et essor économique de l’Europe. La révolution industrielle, origine de la suprématie de l’Europe sur le reste du monde, ne devrait ainsi rien au système négrier. L’arrière plan idéologique de telles démonstrations est tout aussi explicite, mais à finalité diamétralement opposée, que la thèse combattue qui voulait voir dans la traite le moteur principal, sinon exclusif, de l’enrichissement de l’Occident aux dépens de l’Afrique.

Une traite d’initiative européenne et qui a profité à l’Europe

À l’appui de sa thèse, Olivier Pétré-Grenouilleau réfute la théorie de « l’échange inégal », mettant en avant l’idée qu’il est impensable qu’un tel échange inégal ait pu se prolonger pendant des siècles. Cette idée est certes séduisante et on peut admettre aisément que les termes de l’échange (marchandises fabriquées en Europe contre esclaves africains) étaient d’égales valeurs pour les deux partenaires (le négrier africain vendeur de captifs et le négrier européen acheteur), mais cette égalité dans les valeurs d’usage au moment de la transaction sur la côte d’Afrique n’implique aucunement une équivalence des finalités économiques respectives : les marchandises de traite avaient généré du travail dans les villes et les campagnes d’Europe, ainsi que des profits aux différents stades du processus qui les avaient acheminées des lieux de production jusqu’aux ports d’embarquement, alors que l’importation de ces mêmes marchandises en Afrique apportaient certes aisance et puissance aux agents directs du trafic (les royaumes côtiers et leurs élites politiques et militaires), mais ne permettaient aucun développement des sociétés qui pratiquaient cet échange d’hommes, prélevés ailleurs , contre des produits de consommation ou des armes, fabriqués ailleurs.

Dire, à juste titre, que « l’Afrique n’a pas été seulement une victime de la traite, elle en a été l’un de ses principaux acteurs » (p. 462) ne change rien à ce constat : les acteurs africains de la traite se sont enrichis, cela ne fait aucun doute, mais ils n’ont pas enrichi l’Afrique ; ils ont même créé les conditions d’un blocage économique majeur à long terme. S’il y eut bien échange égal en termes de valeurs d’usage, les effets économiques étaient diamétralement opposés : les marchandises de traite étaient le produit du travail de l’Europe manufacturière et les esclaves achetés avec elles devenaient à leur tour, aux îles d’Amérique, la force de travail quasi exclusive de l’économie de plantation, qui envoyait en Europe des productions agricoles de haute valeur marchande, sans oublier le travail de transformation finale des denrées coloniales qui était assuré dans les zones portuaires d’arrivée des navires.

Réduire le rôle de la traite dans l’essor de l’Europe aux seuls résultats financiers bruts des expéditions de traite ne permet pas de mesurer le poids du « complexe négrier » dans sa globalité : production des marchandises de traite, économies portuaires incluant la construction navale et ses dérivés, la transformation des produits coloniaux, la demande des sociétés coloniales en produits manufacturés et objets de consommation de toutes sortes, y compris de luxe, circuits des capitaux drainés par le système bancaire. Il est bien évidemment absurde de prétendre que la traite fut le moteur unique de l’essor de l’Europe, et du reste personne n’a jamais dit cela en ces termes absolus, mais il est irrecevable de dire que cet essor fut lié à des causes endogènes dans lesquelles l’ensemble des activités induites par la traite ne pesèrent pas très lourd. C’est oublier un peu vite que la traite négrière n’avait pas d’existence indépendante de la mise en valeur des plantations, qui étaient sa raison d’être.

Ainsi, au-delà de ses qualités d’écriture et de la masse d’informations fiables mises à la disposition des lecteurs francophones, ce livre propose un schéma de lecture de l’histoire de la traite occidentale qui tend à l’insérer dans la beaucoup plus longue histoire des pratiques esclavagistes reposant sur la déportation des populations africaines depuis la fin de l’Antiquité, voire l’Egypte pharaonique et le monde gréco-romain, jusqu’au début du XXe siècle, et au-delà. La traite des Noirs organisée par les puissances européennes à partir du XVIe siècle pour peupler et mettre en valeur leurs colonies de plantation du nouveau monde perd ainsi une grande part de sa spécificité, de son caractère massif et de sa dimension fondamentalement raciale, au point qu’au XVIIIe siècle, en français, le mot Nègre était devenu synonyme d’esclave dans le vocabulaire courant, aussi bien que dans la langue fiscale, administrative, économique et même dans les dictionnaires !

Une volonté constante de « dédouaner » l’Europe de ses crimes

Cette volonté implicite, mais constante, de « dédouaner » l’Europe de l’époque moderne (XVIe-début XIXe siècles) de son rôle moteur dans le commerce négrier, en tant que maîtresse des circuits maritimes et surtout des débouchés coloniaux demandeurs de main-d’œuvre servile, laisse une impression de malaise au moment où pour la première fois depuis les abolitions du XIXe siècle les anciennes puissances négrières européennes sont en train de remettre en cause la « politique d’oubli » qui avait servi de doctrine officieuse au sujet de la traite pratiquée à grande échelle durant la première phase de l’expansion coloniale. La loi votée par le parlement français le 10 mai 2001 a marqué de façon spectaculaire ce changement d’attitude face à une histoire jusqu’alors mal assumée et les résolutions adoptées par la conférence de l’ONU à Durban sur les droits de l’homme au mois de septembre suivant vont également dans le sens d’une reconnaissance internationale de ce crime contre l’humanité.

On ne peut que regretter qu’un ouvrage de cette importance s’attache à développer avec autant de références savantes une thèse qui, sous prétexte de « détruire les poncifs » et de « dépasser les rancœurs et les tabous idéologiques accumulés, sans cesse reproduits par une sous littérature n’ayant d’historique que les apparences » (p. 10), contribue activement à fonder et à répandre une autre idéologie, qui veut à toutes fins minimiser la place de la traite négrière européenne, à la fois face aux autres traites et dans son rôle actif au sein du vaste complexe colonial dans l’essor de l’Europe entre le XVIe et le XIXe siècle. Un débat apaisé sur ce sujet brûlant et encore douloureux aujourd’hui pour les populations issues de cette histoire tragique ne peut se construire sereinement à partir d’une démarche fondée sur la volonté de mettre la traite atlantique en concurrence avec d’autres traites beaucoup moins connues, pour, en fin de compte, renvoyer dos-à-dos Européens, Africains et Arabes, tous acteurs à part égale du vaste drame subi par les Africains déportés pendant des siècles.

Marcel Dorigny

20 septembre 2005

Marcel Dorigny est maître de conférences au département d’histoire de l’université de Paris VIII-Saint-Denis. Dernier ouvrage paru : La plantation coloniale esclavagiste : du travail servile au travail libre, actes du Congrès des Sociétés savantes, Nancy, 2002, Editions du CTHS, Paris, 2004.
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MessagePosté le: Jeu 22 Sep 2005 14:08    Sujet du message: Re: Traites négrières et esclavage : les enjeux d’un livre r Répondre en citant

Yom a écrit:
Un article du site Les mots sont importants
http://www.lmsi.net/article.php3?id_article=460

Traites négrières et esclavage : les enjeux d’un livre récent, par Marcel Dorigny

À propos d’un livre plébiscité par les médias : Les traites négrières d’ Olivier Pétré-Grenouilleau


Bien qu’il soit fortement contesté dans le monde universitaire, le livre d’Olivier Pétré-Grenouilleau a eu de nombreux échos dans la grande presse [1]. Il a été présenté comme faisant autorité dans plusieurs magazines et a reçu un prix décerné par le Sénat [2]. À l’occasion de la remise de ce prix, cet historien a fait des déclarations tendant à relativiser l’importance de la traite européenne et mettant en cause de la loi de mai 2001 qui a qualifié l’esclavage de crime contre l’humanité [3]. Spécialiste de l’esclavage et de la traite négrière, Marcel Dorigny formule un certain nombre de critiques majeures à cet ouvrage parfaitement adapté à des institutions et des médias qui ne connaissent rien au sujet, dédaignent l’ensemble de l’historiographie sur ces questions et y trouvent l’occasion inespérée de raviver à peu de frais la bonne conscience française et européenne.

Cet article est extrait du dernier numéro de la revue Hommes et Libertés, paru en septembre 2005 et consacré au « trou de mémoire coloniale ». Le sommaire de ce numéro figure au bas de cette page.


Les débats autour de la mémoire de l’esclavage, de la traite négrière et de leurs séquelles les plus actuelles n’ont jamais été aussi âpres que ces derniers mois, en écho à une actualité largement relayée par les grands médias nationaux. Si ces questions sont familières depuis longtemps aux historiens et aux militants des associations regroupant les Français d’outre-mer, le grand public ne les a véritablement découvertes que depuis peu d’années : en 1998 les commémorations du 150e anniversaire de l’abolition de l’esclavage dans les colonies françaises furent, pour beaucoup, un point de départ, puis, en mai 2001, le vote de la loi qualifiant la traite négrière et l’esclavage de crime « contre l’humanité » donna un nouvel élan aux débats en cours. À l’opposé, et nous ne pouvons que déplorer ce constat, le rétablissement de l’esclavage par Bonaparte en 1802, avec son cortège de massacres en Guadeloupe, n’a pas été inscrit parmi les grands événements de la mémoire nationale. Il ne fut pas non plus beaucoup question, en 2004, du bicentenaire de la naissance d’Haïti, cette « première République noire de l’histoire », aujourd’hui second État francophone d’Amérique, qui affirma son indépendance par une guerre victorieuse contre les troupes envoyées par Bonaparte pour y rétablir l’esclavage.

Le rappel, même sommaire, de ce contexte est nécessaire pour situer la relative abondance des ouvrages récents sur ce sujet, que l’on dit pourtant encore mal connu ou occulté : le cadre commémoratif a rendu possible des publications qui auraient plus difficilement trouvé un éditeur en d’autres temps. Si le livre d’Olivier Pétré-Grenouilleau, dont il est principalement question ici, ne veut pas s’afficher comme lié à un quelconque cadre commémoratif, il n’est pas moins évident qu’il s’inscrit dans le vaste débat, national et international, qui tend à replacer la traite négrière et l’esclavage dans la « mémoire collective », avec toutes les dérives plus ou moins implicites dont est riche de potentialités ce sujet brûlant. L’auteur est un spécialiste connu et reconnu de l’histoire de la traite : outre de nombreux articles, édition de textes et numéros de revues, cet ouvrage est le quatrième qu’il consacre à ce sujet ; c’est aussi le plus ambitieux, comme le pluriel du titre (Les traites négrières) et son sous-titre l’affichent explicitement (Essai d’histoire globale).

L’ouvrage se divise en trois parties précédées d’une longue introduction problématique L’engrenage négrier) :

I. Essor et évolution des traites négrières

II. Le processus abolitionniste ou comment sortir du système négrier

III. La traite dans l’histoire mondiale.

Sans entrer dans l’analyse détaillée du contenu de chacune de ces trois gardes parties, nous nous limiterons à une série de réflexions sur les grandes interprétations que l’auteur propose de ce vaste sujet, objet de tant de controverses depuis plusieurs décennies.

On se permettra d’abord de regretter qu’un tel ouvrage ne soit complété ni par un index des noms cités, ni par une bibliographie finale, ordonnée et hiérarchisée, qui éviterait au lecteur de chercher les références au fil des notes de bas de page. Cette absence de bibliographie est d’autant plus dommageable que l’essentiel des sources utilisées pour cette vaste synthèse sont de seconde main, principalement puisées à travers l’immense bibliographie anglo-américaine, mais également dans les travaux de Serge Daget et de Jean Mettas pour la traite française. En l’absence de traductions des synthèses anglaises ou américaines sur la traite (que l’on pense, par exemple, que l’ouvrage magistral de Hugh Thomas, The SlaveTrade. The History of the Atlantic Slave Trade 1440-1870, n’a toujours pas d’édition française alors qu’il est traduit en espagnol et en italien et l’on aura une idée des blocages de l’édition française en ce domaine !), ce livre permettra aux lecteurs français de se faire une idée de la complexité des problèmes que toute recherche sur les traites négrières rencontre. La masse des informations fiables et vérifiées contenues dans ce gros livre en fait un outil indispensable aujourd’hui où ce sujet est massivement jeté dans le débat public où trop souvent les arguments avancés ne reposent pas sur une connaissance sérieuse des grands acquis de la recherche, notamment en ce qui concerne les statistiques de la traite atlantique et en direction de l’océan Indien, la mortalité à bord des navires, les révoltes, la traite intra africaine ou encore la traite dite orientale, etc. Ces apports de l’ouvrage de Pétré-Grenouilleau sont incontestablement utiles et reflètent au plus près les résultats de la recherche historique des trente dernières années.

La traite européenne est minimisée

Mais au-delà de cet apport essentiel, force est de constater que ce livre, qui se veut œuvre de science historique, se place dans une logique parfaitement limpide. En mettant sur le même plan toutes les traites négrières (atlantiques, trans-sahariennes et orientales, intra africaines), l’auteur laisse entendre que si crime il y eut, il fut largement partagé et il ne saurait sérieusement être question d’accuser l’Europe seule de pratiques universellement admises pendant des siècles. Pourtant, on peut légitimement contester la méthode consistant à considérer que les chiffres des différentes traites sont comparables, voire donnent implicitement, malgré les précautions prises par l’auteur pour rejeter par avance cette accusation, « l’avantage » à la traite dite « orientale » avec ses 17 millions de déportés, « contre 11 » pour la traite occidentale, alors que les durées ont été très différentes : quatre siècles au plus pour la traite atlantique et vers l’océan indien, plus de treize siècles pour la traite trans-saharienne.

Sans oublier le fait majeur que les conséquences sur le peuplement actuel des continents sont sans comparaison possible : le continent américain est aujourd’hui en partie peuplé de descendants d’Africains déportés par la traite et les Antilles le sont presque totalement, ce qui n’est pas le cas des régions du pourtour méditerranéen et du Moyen Orient qui ont « bénéficié » de la traite trans-saharienne sur une beaucoup plus longue période et recevant des effectifs que les recherches utilisées par Olivier Pétré-Grenouilleau estiment sensiblement supérieurs à ceux de la traite atlantique... mais il est vrai qu’autant les archives des ports européens (ou brésiliens) permettent un calcul presque exact du rythme et des effectifs de la traite atlantique, les sources statistiques de la « traite orientale » et plus encore intra africaine sont quasi inexistantes, ou peu fiables, ce qui conduit les chercheurs à travailler sur des hypothèses, des recoupements, des témoignages indirects. La marge d’erreur dans l’estimation de l’ampleur de ces traites est ainsi très importante, du moins en l’état actuel de la recherche.

La même conclusion « minimaliste » ressort des chapitres où l’auteur veut démontrer que la traite européenne ne fut pas aussi rentable que la tradition « tiers-mondiste » d’origine marxiste l’a longtemps affirmé (à la suite, notamment, de Eric Williams). Surtout, la ligne directrice des précédents ouvrages de l’auteur, systématisée ici (p. 315-374) consiste à réfuter les liens entre activités négrières et essor économique de l’Europe. La révolution industrielle, origine de la suprématie de l’Europe sur le reste du monde, ne devrait ainsi rien au système négrier. L’arrière plan idéologique de telles démonstrations est tout aussi explicite, mais à finalité diamétralement opposée, que la thèse combattue qui voulait voir dans la traite le moteur principal, sinon exclusif, de l’enrichissement de l’Occident aux dépens de l’Afrique.

Une traite d’initiative européenne et qui a profité à l’Europe

À l’appui de sa thèse, Olivier Pétré-Grenouilleau réfute la théorie de « l’échange inégal », mettant en avant l’idée qu’il est impensable qu’un tel échange inégal ait pu se prolonger pendant des siècles. Cette idée est certes séduisante et on peut admettre aisément que les termes de l’échange (marchandises fabriquées en Europe contre esclaves africains) étaient d’égales valeurs pour les deux partenaires (le négrier africain vendeur de captifs et le négrier européen acheteur), mais cette égalité dans les valeurs d’usage au moment de la transaction sur la côte d’Afrique n’implique aucunement une équivalence des finalités économiques respectives : les marchandises de traite avaient généré du travail dans les villes et les campagnes d’Europe, ainsi que des profits aux différents stades du processus qui les avaient acheminées des lieux de production jusqu’aux ports d’embarquement, alors que l’importation de ces mêmes marchandises en Afrique apportaient certes aisance et puissance aux agents directs du trafic (les royaumes côtiers et leurs élites politiques et militaires), mais ne permettaient aucun développement des sociétés qui pratiquaient cet échange d’hommes, prélevés ailleurs , contre des produits de consommation ou des armes, fabriqués ailleurs.

Dire, à juste titre, que « l’Afrique n’a pas été seulement une victime de la traite, elle en a été l’un de ses principaux acteurs » (p. 462) ne change rien à ce constat : les acteurs africains de la traite se sont enrichis, cela ne fait aucun doute, mais ils n’ont pas enrichi l’Afrique ; ils ont même créé les conditions d’un blocage économique majeur à long terme. S’il y eut bien échange égal en termes de valeurs d’usage, les effets économiques étaient diamétralement opposés : les marchandises de traite étaient le produit du travail de l’Europe manufacturière et les esclaves achetés avec elles devenaient à leur tour, aux îles d’Amérique, la force de travail quasi exclusive de l’économie de plantation, qui envoyait en Europe des productions agricoles de haute valeur marchande, sans oublier le travail de transformation finale des denrées coloniales qui était assuré dans les zones portuaires d’arrivée des navires.

Réduire le rôle de la traite dans l’essor de l’Europe aux seuls résultats financiers bruts des expéditions de traite ne permet pas de mesurer le poids du « complexe négrier » dans sa globalité : production des marchandises de traite, économies portuaires incluant la construction navale et ses dérivés, la transformation des produits coloniaux, la demande des sociétés coloniales en produits manufacturés et objets de consommation de toutes sortes, y compris de luxe, circuits des capitaux drainés par le système bancaire. Il est bien évidemment absurde de prétendre que la traite fut le moteur unique de l’essor de l’Europe, et du reste personne n’a jamais dit cela en ces termes absolus, mais il est irrecevable de dire que cet essor fut lié à des causes endogènes dans lesquelles l’ensemble des activités induites par la traite ne pesèrent pas très lourd. C’est oublier un peu vite que la traite négrière n’avait pas d’existence indépendante de la mise en valeur des plantations, qui étaient sa raison d’être.

Ainsi, au-delà de ses qualités d’écriture et de la masse d’informations fiables mises à la disposition des lecteurs francophones, ce livre propose un schéma de lecture de l’histoire de la traite occidentale qui tend à l’insérer dans la beaucoup plus longue histoire des pratiques esclavagistes reposant sur la déportation des populations africaines depuis la fin de l’Antiquité, voire l’Egypte pharaonique et le monde gréco-romain, jusqu’au début du XXe siècle, et au-delà. La traite des Noirs organisée par les puissances européennes à partir du XVIe siècle pour peupler et mettre en valeur leurs colonies de plantation du nouveau monde perd ainsi une grande part de sa spécificité, de son caractère massif et de sa dimension fondamentalement raciale, au point qu’au XVIIIe siècle, en français, le mot Nègre était devenu synonyme d’esclave dans le vocabulaire courant, aussi bien que dans la langue fiscale, administrative, économique et même dans les dictionnaires !

Une volonté constante de « dédouaner » l’Europe de ses crimes

Cette volonté implicite, mais constante, de « dédouaner » l’Europe de l’époque moderne (XVIe-début XIXe siècles) de son rôle moteur dans le commerce négrier, en tant que maîtresse des circuits maritimes et surtout des débouchés coloniaux demandeurs de main-d’œuvre servile, laisse une impression de malaise au moment où pour la première fois depuis les abolitions du XIXe siècle les anciennes puissances négrières européennes sont en train de remettre en cause la « politique d’oubli » qui avait servi de doctrine officieuse au sujet de la traite pratiquée à grande échelle durant la première phase de l’expansion coloniale. La loi votée par le parlement français le 10 mai 2001 a marqué de façon spectaculaire ce changement d’attitude face à une histoire jusqu’alors mal assumée et les résolutions adoptées par la conférence de l’ONU à Durban sur les droits de l’homme au mois de septembre suivant vont également dans le sens d’une reconnaissance internationale de ce crime contre l’humanité.

On ne peut que regretter qu’un ouvrage de cette importance s’attache à développer avec autant de références savantes une thèse qui, sous prétexte de « détruire les poncifs » et de « dépasser les rancœurs et les tabous idéologiques accumulés, sans cesse reproduits par une sous littérature n’ayant d’historique que les apparences » (p. 10), contribue activement à fonder et à répandre une autre idéologie, qui veut à toutes fins minimiser la place de la traite négrière européenne, à la fois face aux autres traites et dans son rôle actif au sein du vaste complexe colonial dans l’essor de l’Europe entre le XVIe et le XIXe siècle. Un débat apaisé sur ce sujet brûlant et encore douloureux aujourd’hui pour les populations issues de cette histoire tragique ne peut se construire sereinement à partir d’une démarche fondée sur la volonté de mettre la traite atlantique en concurrence avec d’autres traites beaucoup moins connues, pour, en fin de compte, renvoyer dos-à-dos Européens, Africains et Arabes, tous acteurs à part égale du vaste drame subi par les Africains déportés pendant des siècles.

Marcel Dorigny

20 septembre 2005

Marcel Dorigny est maître de conférences au département d’histoire de l’université de Paris VIII-Saint-Denis. Dernier ouvrage paru : La plantation coloniale esclavagiste : du travail servile au travail libre, actes du Congrès des Sociétés savantes, Nancy, 2002, Editions du CTHS, Paris, 2004.


de toute maniere on ne lachera pas la pression sur la grenouille

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MessagePosté le: Ven 23 Sep 2005 00:04    Sujet du message: Répondre en citant

HALAIN a écrit:
lu sur africamaat

2005-09-20 10:56:23 par lambi soné

Information importante : Suite aux différentes actions menées par le Collectif des Antillais Guyanais Réunionnais pour faire sanctionner les propos intolérables d’Olivier PÉTRÉ-GRENOUILLEAU sur l’esclavage ( plaintes en justice, campagne de mails et lettres de protestation auprès du président du sénat et de différentes autorités ), le Sénat a annulé le colloque international sur la question de l’esclavage qui devait se dérouler prochainement dans son enceinte sous l’autorité de PÉTRÉ-GRENOUILLEAU.


Marcel Dorigny a écrit:
On ne peut que regretter qu’un ouvrage de cette importance s’attache à développer avec autant de références savantes une thèse qui, sous prétexte de « détruire les poncifs » et de « dépasser les rancœurs et les tabous idéologiques accumulés, sans cesse reproduits par une sous littérature n’ayant d’historique que les apparences » (p. 10), contribue activement à fonder et à répandre une autre idéologie, qui veut à toutes fins minimiser la place de la traite négrière européenne, à la fois face aux autres traites et dans son rôle actif au sein du vaste complexe colonial dans l’essor de l’Europe entre le XVIe et le XIXe siècle. Un débat apaisé sur ce sujet brûlant et encore douloureux aujourd’hui pour les populations issues de cette histoire tragique ne peut se construire sereinement à partir d’une démarche fondée sur la volonté de mettre la traite atlantique en concurrence avec d’autres traites beaucoup moins connues, pour, en fin de compte, renvoyer dos-à-dos Européens, Africains et Arabes, tous acteurs à part égale du vaste drame subi par les Africains déportés pendant des siècles.

Marcel Dorigny

20 septembre 2005

Marcel Dorigny est maître de conférences au département d’histoire de l’université de Paris VIII-Saint-Denis. Dernier ouvrage paru : La plantation coloniale esclavagiste : du travail servile au travail libre, actes du Congrès des Sociétés savantes, Nancy, 2002, Editions du CTHS, Paris, 2004.

Ouf, on respire un peu mieux Smile

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HALAIN
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MessagePosté le: Ven 30 Sep 2005 21:50    Sujet du message: la mobilisation a paye !!! Répondre en citant

Petre le grenouille n'ira pas en Guyane ! : Laughing Laughing Laughing

http://www.africamaat.com/article.php3?id_article=411


apres l'annulation de son colloque sur l'esclavage au Senat , on attend maintenant le proces et le resultat de la plainte deposee contre Petre par le collectif dom suite a ses propos dans le JDD


Petre est dangereux pour la communaute noire .
Je ne comprends pas que sur africamaat , JP Omotunde parle de Petre à la légère ( l'eleve Petre , Laurel et Hardy , rires provoques par la lecture de ses textes) .

Il devrait au cintraire insister sur le danger que represente Petre pour notre communaute et inciter les noirs a lui mettre encore plus les batons dans les roues pour le reduire au silence Laughing
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gilvert
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MessagePosté le: Lun 03 Oct 2005 11:21    Sujet du message: Répondre en citant

La Mobilisation paie toujours : Olivier PETRE-GRENOUILLEAU ne viendra pas en Guyane !
02/10/2005

http://www.afrikara.com/index.php?page=contenu&art=845&PHPSESSID=dde89e6c1f06a5c740c6dc7ba93015fa

« Grâce à la mobilisation générale, nous avons obtenu gain de cause : OPG ne viendra pas nous polluer en Guyane ! ». C’est en ces termes que M. Lawoetey-Pierre AJAVON historien chercheur et fidèle karanaute, qui a mené l’offensive contre le révisionniste estampillé, a relaté dans une lettre à Afrikara.com, la victoire de la vérité historique et de l’action commune. Un front du refus comme on aimerait en voir d’autres. Cette victoire n’est pas que symbolique, elle montre que chaque fois que les différents maillons et membres de la communauté noire sauront s’organiser et se coaliser pour faire face à des discriminations communes, des dénis divers ou tentatives de restauration passéistes, le succès sera au bout du chemin. Et il n’est pas neutre que Pétré-Grenouilleau, Histo-Rien révisionniste artificier de l’offensive anti-loi Taubira tente de contester la députée de Guyane sur son propre terrain, voulant ainsi la décrédibiliser et faire apparaître sa lutte comme un combat solitaire… Mise en œuvre de façon concertée par des forces anti-républicaines et surtout inaptes à admettre un monde débarrassé des clivages de races, de servitudes, ce projet en annonce d’autres, et il sera bientôt inapproprié de n’être que réactif.



Ainsi depuis le 23 février en France, le législateur somme l’Histo-Rien d’enseigner le rôle positif de la colonisation ! En novembre 2004 un parlementaire français, M. Benisti, commettait un rapport établissant un lien de causalité entre l’usage des langues africaines et la délinquance des jeunes ! De l’autre côté les ventes aux enchères d’objets en relation avec la traite négrière ont suscité des réactions dignes et efficaces des descendants des victimes, ce commerce est rendu quasiment impossible, au moins difficile à perpétuer officiellement, légalement. La mobilisation contre le SMS raciste de Marc Olivier Fogiel animateur sur la chaîne publique France 3 a conduit à sa condamnation devant les tribunaux. Comme quoi, la mobilisation paie toujours, il faut en prendre son parti et en mûrir les formes, stratégies et modes d’action.



Nous publions in extenso la lettre de M. Lawoetey-Pierre AJAVON annonçant la fin du cauchemar, Pétré-Grenouilleau en Guyane pour former des historiens à la nouvelle idéologie négrière.





Merci à tous pour votre soutien venu de toutes parts : des Antilles, de France, du Québec, d’Afrique et bien sûr, ici en Guyane … Merci aux élus guyanais, aux sites internet militants qui nous ont servi de relais, aux associations, aux syndicats d’enseignants et à vous tous connus ou anonymes qui, mobilisés, n’attendiez qu’un mot pour vous mettre en action. Votre concours fut précieux ; c’était notre combat à tous et nous l’avons gagné : la mobilisation a payé.



Depuis le 16 septembre déjà – soir 3 jours après la lettre adressée au Recteur - des rumeurs circulaient selon lesquelles OPG « aurait envoyé un fax pour se désister » … Info ou intox ? Quoiqu’il en soit, l’information officielle – même si le Recteur n’a pas jugé bon de condescendre à répondre lui-même – m’est parvenue par les soins de Monsieur Fernand MARCHITTO, responsable de la Formation Continue Histoire-Géographie en Guyane qui a par ailleurs fait paraître une déclaration sur blada.com.



Toutefois, cette victoire – au-delà de la constatation réconfortante et encourageante du lien qui unit celles et ceux qui sont épris de justice et de vérité - a un goût bien amer. Comment se fait-il que nous devions autant nous battre et déployer autant d’énergie pour obtenir tout simplement le droit à la vérité historique ? Que de temps perdu ! A l’heure de la grande catharsis, au moment où il y a tant à faire pour la reconstruction de notre mémoire collective et individuelle, nous en sommes malheureusement encore à donner la chasse aux falsificateurs destructeurs de notre patrimoine mémoriel !



Désormais, forts des recommandations de Cheick Anta DIOP « armez-vous de science», c’est sur le terrain scientifique que nous sommes résolus à combattre tous les révisionnistes de quelque bord qu’ils viennent.



Cette courte lutte et sa modeste victoire furent des expériences de plus … Pour Diderot, « l’expérience [était] la mémoire de beaucoup de choses » … Restons vigilants et ne baissons jamais la garde.





Lawoetey-Pierre AJAVON

Cayenne le 29 septembre 2005
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MessagePosté le: Jeu 12 Jan 2006 14:05    Sujet du message: Re: Traites négrières et esclavage : les enjeux d’un livre r Répondre en citant

Yom a écrit:
Un article du site Les mots sont importants
http://www.lmsi.net/article.php3?id_article=460

Traites négrières et esclavage : les enjeux d’un livre récent, par Marcel Dorigny

À propos d’un livre plébiscité par les médias : Les traites négrières d’ Olivier Pétré-Grenouilleau


Bien qu’il soit fortement contesté dans le monde universitaire, le livre d’Olivier Pétré-Grenouilleau a eu de nombreux échos dans la grande presse [1]. Il a été présenté comme faisant autorité dans plusieurs magazines et a reçu un prix décerné par le Sénat [2]. À l’occasion de la remise de ce prix, cet historien a fait des déclarations tendant à relativiser l’importance de la traite européenne et mettant en cause de la loi de mai 2001 qui a qualifié l’esclavage de crime contre l’humanité [3]. Spécialiste de l’esclavage et de la traite négrière, Marcel Dorigny formule un certain nombre de critiques majeures à cet ouvrage parfaitement adapté à des institutions et des médias qui ne connaissent rien au sujet, dédaignent l’ensemble de l’historiographie sur ces questions et y trouvent l’occasion inespérée de raviver à peu de frais la bonne conscience française et européenne.

Cet article est extrait du dernier numéro de la revue Hommes et Libertés, paru en septembre 2005 et consacré au « trou de mémoire coloniale ». Le sommaire de ce numéro figure au bas de cette page.


Les débats autour de la mémoire de l’esclavage, de la traite négrière et de leurs séquelles les plus actuelles n’ont jamais été aussi âpres que ces derniers mois, en écho à une actualité largement relayée par les grands médias nationaux. Si ces questions sont familières depuis longtemps aux historiens et aux militants des associations regroupant les Français d’outre-mer, le grand public ne les a véritablement découvertes que depuis peu d’années : en 1998 les commémorations du 150e anniversaire de l’abolition de l’esclavage dans les colonies françaises furent, pour beaucoup, un point de départ, puis, en mai 2001, le vote de la loi qualifiant la traite négrière et l’esclavage de crime « contre l’humanité » donna un nouvel élan aux débats en cours. À l’opposé, et nous ne pouvons que déplorer ce constat, le rétablissement de l’esclavage par Bonaparte en 1802, avec son cortège de massacres en Guadeloupe, n’a pas été inscrit parmi les grands événements de la mémoire nationale. Il ne fut pas non plus beaucoup question, en 2004, du bicentenaire de la naissance d’Haïti, cette « première République noire de l’histoire », aujourd’hui second État francophone d’Amérique, qui affirma son indépendance par une guerre victorieuse contre les troupes envoyées par Bonaparte pour y rétablir l’esclavage.

Le rappel, même sommaire, de ce contexte est nécessaire pour situer la relative abondance des ouvrages récents sur ce sujet, que l’on dit pourtant encore mal connu ou occulté : le cadre commémoratif a rendu possible des publications qui auraient plus difficilement trouvé un éditeur en d’autres temps. Si le livre d’Olivier Pétré-Grenouilleau, dont il est principalement question ici, ne veut pas s’afficher comme lié à un quelconque cadre commémoratif, il n’est pas moins évident qu’il s’inscrit dans le vaste débat, national et international, qui tend à replacer la traite négrière et l’esclavage dans la « mémoire collective », avec toutes les dérives plus ou moins implicites dont est riche de potentialités ce sujet brûlant. L’auteur est un spécialiste connu et reconnu de l’histoire de la traite : outre de nombreux articles, édition de textes et numéros de revues, cet ouvrage est le quatrième qu’il consacre à ce sujet ; c’est aussi le plus ambitieux, comme le pluriel du titre (Les traites négrières) et son sous-titre l’affichent explicitement (Essai d’histoire globale).

L’ouvrage se divise en trois parties précédées d’une longue introduction problématique L’engrenage négrier) :

I. Essor et évolution des traites négrières

II. Le processus abolitionniste ou comment sortir du système négrier

III. La traite dans l’histoire mondiale.

Sans entrer dans l’analyse détaillée du contenu de chacune de ces trois gardes parties, nous nous limiterons à une série de réflexions sur les grandes interprétations que l’auteur propose de ce vaste sujet, objet de tant de controverses depuis plusieurs décennies.

On se permettra d’abord de regretter qu’un tel ouvrage ne soit complété ni par un index des noms cités, ni par une bibliographie finale, ordonnée et hiérarchisée, qui éviterait au lecteur de chercher les références au fil des notes de bas de page. Cette absence de bibliographie est d’autant plus dommageable que l’essentiel des sources utilisées pour cette vaste synthèse sont de seconde main, principalement puisées à travers l’immense bibliographie anglo-américaine, mais également dans les travaux de Serge Daget et de Jean Mettas pour la traite française. En l’absence de traductions des synthèses anglaises ou américaines sur la traite (que l’on pense, par exemple, que l’ouvrage magistral de Hugh Thomas, The SlaveTrade. The History of the Atlantic Slave Trade 1440-1870, n’a toujours pas d’édition française alors qu’il est traduit en espagnol et en italien et l’on aura une idée des blocages de l’édition française en ce domaine !), ce livre permettra aux lecteurs français de se faire une idée de la complexité des problèmes que toute recherche sur les traites négrières rencontre. La masse des informations fiables et vérifiées contenues dans ce gros livre en fait un outil indispensable aujourd’hui où ce sujet est massivement jeté dans le débat public où trop souvent les arguments avancés ne reposent pas sur une connaissance sérieuse des grands acquis de la recherche, notamment en ce qui concerne les statistiques de la traite atlantique et en direction de l’océan Indien, la mortalité à bord des navires, les révoltes, la traite intra africaine ou encore la traite dite orientale, etc. Ces apports de l’ouvrage de Pétré-Grenouilleau sont incontestablement utiles et reflètent au plus près les résultats de la recherche historique des trente dernières années.

La traite européenne est minimisée

Mais au-delà de cet apport essentiel, force est de constater que ce livre, qui se veut œuvre de science historique, se place dans une logique parfaitement limpide. En mettant sur le même plan toutes les traites négrières (atlantiques, trans-sahariennes et orientales, intra africaines), l’auteur laisse entendre que si crime il y eut, il fut largement partagé et il ne saurait sérieusement être question d’accuser l’Europe seule de pratiques universellement admises pendant des siècles. Pourtant, on peut légitimement contester la méthode consistant à considérer que les chiffres des différentes traites sont comparables, voire donnent implicitement, malgré les précautions prises par l’auteur pour rejeter par avance cette accusation, « l’avantage » à la traite dite « orientale » avec ses 17 millions de déportés, « contre 11 » pour la traite occidentale, alors que les durées ont été très différentes : quatre siècles au plus pour la traite atlantique et vers l’océan indien, plus de treize siècles pour la traite trans-saharienne.

Sans oublier le fait majeur que les conséquences sur le peuplement actuel des continents sont sans comparaison possible : le continent américain est aujourd’hui en partie peuplé de descendants d’Africains déportés par la traite et les Antilles le sont presque totalement, ce qui n’est pas le cas des régions du pourtour méditerranéen et du Moyen Orient qui ont « bénéficié » de la traite trans-saharienne sur une beaucoup plus longue période et recevant des effectifs que les recherches utilisées par Olivier Pétré-Grenouilleau estiment sensiblement supérieurs à ceux de la traite atlantique... mais il est vrai qu’autant les archives des ports européens (ou brésiliens) permettent un calcul presque exact du rythme et des effectifs de la traite atlantique, les sources statistiques de la « traite orientale » et plus encore intra africaine sont quasi inexistantes, ou peu fiables, ce qui conduit les chercheurs à travailler sur des hypothèses, des recoupements, des témoignages indirects. La marge d’erreur dans l’estimation de l’ampleur de ces traites est ainsi très importante, du moins en l’état actuel de la recherche.

La même conclusion « minimaliste » ressort des chapitres où l’auteur veut démontrer que la traite européenne ne fut pas aussi rentable que la tradition « tiers-mondiste » d’origine marxiste l’a longtemps affirmé (à la suite, notamment, de Eric Williams). Surtout, la ligne directrice des précédents ouvrages de l’auteur, systématisée ici (p. 315-374) consiste à réfuter les liens entre activités négrières et essor économique de l’Europe. La révolution industrielle, origine de la suprématie de l’Europe sur le reste du monde, ne devrait ainsi rien au système négrier. L’arrière plan idéologique de telles démonstrations est tout aussi explicite, mais à finalité diamétralement opposée, que la thèse combattue qui voulait voir dans la traite le moteur principal, sinon exclusif, de l’enrichissement de l’Occident aux dépens de l’Afrique.

Une traite d’initiative européenne et qui a profité à l’Europe

À l’appui de sa thèse, Olivier Pétré-Grenouilleau réfute la théorie de « l’échange inégal », mettant en avant l’idée qu’il est impensable qu’un tel échange inégal ait pu se prolonger pendant des siècles. Cette idée est certes séduisante et on peut admettre aisément que les termes de l’échange (marchandises fabriquées en Europe contre esclaves africains) étaient d’égales valeurs pour les deux partenaires (le négrier africain vendeur de captifs et le négrier européen acheteur), mais cette égalité dans les valeurs d’usage au moment de la transaction sur la côte d’Afrique n’implique aucunement une équivalence des finalités économiques respectives : les marchandises de traite avaient généré du travail dans les villes et les campagnes d’Europe, ainsi que des profits aux différents stades du processus qui les avaient acheminées des lieux de production jusqu’aux ports d’embarquement, alors que l’importation de ces mêmes marchandises en Afrique apportaient certes aisance et puissance aux agents directs du trafic (les royaumes côtiers et leurs élites politiques et militaires), mais ne permettaient aucun développement des sociétés qui pratiquaient cet échange d’hommes, prélevés ailleurs , contre des produits de consommation ou des armes, fabriqués ailleurs.

Dire, à juste titre, que « l’Afrique n’a pas été seulement une victime de la traite, elle en a été l’un de ses principaux acteurs » (p. 462) ne change rien à ce constat : les acteurs africains de la traite se sont enrichis, cela ne fait aucun doute, mais ils n’ont pas enrichi l’Afrique ; ils ont même créé les conditions d’un blocage économique majeur à long terme. S’il y eut bien échange égal en termes de valeurs d’usage, les effets économiques étaient diamétralement opposés : les marchandises de traite étaient le produit du travail de l’Europe manufacturière et les esclaves achetés avec elles devenaient à leur tour, aux îles d’Amérique, la force de travail quasi exclusive de l’économie de plantation, qui envoyait en Europe des productions agricoles de haute valeur marchande, sans oublier le travail de transformation finale des denrées coloniales qui était assuré dans les zones portuaires d’arrivée des navires.

Réduire le rôle de la traite dans l’essor de l’Europe aux seuls résultats financiers bruts des expéditions de traite ne permet pas de mesurer le poids du « complexe négrier » dans sa globalité : production des marchandises de traite, économies portuaires incluant la construction navale et ses dérivés, la transformation des produits coloniaux, la demande des sociétés coloniales en produits manufacturés et objets de consommation de toutes sortes, y compris de luxe, circuits des capitaux drainés par le système bancaire. Il est bien évidemment absurde de prétendre que la traite fut le moteur unique de l’essor de l’Europe, et du reste personne n’a jamais dit cela en ces termes absolus, mais il est irrecevable de dire que cet essor fut lié à des causes endogènes dans lesquelles l’ensemble des activités induites par la traite ne pesèrent pas très lourd. C’est oublier un peu vite que la traite négrière n’avait pas d’existence indépendante de la mise en valeur des plantations, qui étaient sa raison d’être.

Ainsi, au-delà de ses qualités d’écriture et de la masse d’informations fiables mises à la disposition des lecteurs francophones, ce livre propose un schéma de lecture de l’histoire de la traite occidentale qui tend à l’insérer dans la beaucoup plus longue histoire des pratiques esclavagistes reposant sur la déportation des populations africaines depuis la fin de l’Antiquité, voire l’Egypte pharaonique et le monde gréco-romain, jusqu’au début du XXe siècle, et au-delà. La traite des Noirs organisée par les puissances européennes à partir du XVIe siècle pour peupler et mettre en valeur leurs colonies de plantation du nouveau monde perd ainsi une grande part de sa spécificité, de son caractère massif et de sa dimension fondamentalement raciale, au point qu’au XVIIIe siècle, en français, le mot Nègre était devenu synonyme d’esclave dans le vocabulaire courant, aussi bien que dans la langue fiscale, administrative, économique et même dans les dictionnaires !

Une volonté constante de « dédouaner » l’Europe de ses crimes

Cette volonté implicite, mais constante, de « dédouaner » l’Europe de l’époque moderne (XVIe-début XIXe siècles) de son rôle moteur dans le commerce négrier, en tant que maîtresse des circuits maritimes et surtout des débouchés coloniaux demandeurs de main-d’œuvre servile, laisse une impression de malaise au moment où pour la première fois depuis les abolitions du XIXe siècle les anciennes puissances négrières européennes sont en train de remettre en cause la « politique d’oubli » qui avait servi de doctrine officieuse au sujet de la traite pratiquée à grande échelle durant la première phase de l’expansion coloniale. La loi votée par le parlement français le 10 mai 2001 a marqué de façon spectaculaire ce changement d’attitude face à une histoire jusqu’alors mal assumée et les résolutions adoptées par la conférence de l’ONU à Durban sur les droits de l’homme au mois de septembre suivant vont également dans le sens d’une reconnaissance internationale de ce crime contre l’humanité.

On ne peut que regretter qu’un ouvrage de cette importance s’attache à développer avec autant de références savantes une thèse qui, sous prétexte de « détruire les poncifs » et de « dépasser les rancœurs et les tabous idéologiques accumulés, sans cesse reproduits par une sous littérature n’ayant d’historique que les apparences » (p. 10), contribue activement à fonder et à répandre une autre idéologie, qui veut à toutes fins minimiser la place de la traite négrière européenne, à la fois face aux autres traites et dans son rôle actif au sein du vaste complexe colonial dans l’essor de l’Europe entre le XVIe et le XIXe siècle. Un débat apaisé sur ce sujet brûlant et encore douloureux aujourd’hui pour les populations issues de cette histoire tragique ne peut se construire sereinement à partir d’une démarche fondée sur la volonté de mettre la traite atlantique en concurrence avec d’autres traites beaucoup moins connues, pour, en fin de compte, renvoyer dos-à-dos Européens, Africains et Arabes, tous acteurs à part égale du vaste drame subi par les Africains déportés pendant des siècles.

Marcel Dorigny

20 septembre 2005

Marcel Dorigny est maître de conférences au département d’histoire de l’université de Paris VIII-Saint-Denis. Dernier ouvrage paru : La plantation coloniale esclavagiste : du travail servile au travail libre, actes du Congrès des Sociétés savantes, Nancy, 2002, Editions du CTHS, Paris, 2004.


Pour avoir lu le livre d'OPG je partage à 200% le point de vue de Marcel Dorigny.
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Le titre du bouquin de Bilé c'est "Noirs dans les camps Nazis" pas "Noirs Nazi"^^
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