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La femme dans la littérature africaine
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Diali
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MessagePosté le: Ven 02 Sep 2005 20:56    Sujet du message: Répondre en citant

BMW a écrit:
Tu as aimé ce livre, le mandat?

Je l'ai lu au lycée (c'était au programme) et franchement ça m'avait paru être un livre assez conventionnel sur le choc des culture, bref un truc pas très original, médiocre même (mais bon, ça fait 10 ans, je devrais le relire et me refaire une opinion).

Quand par contre j'ai lu "Les bouts de Bois de Dieu" je n'arrivais pas à croire que c'était le même auteur.

Sans vouloir te couper dans ton élan.


Laughing Je viens juste de te voir, tu ne m'as donc pas coupé dans mon élan et même cela n'aurait pas été grave, bien au contraire !

Je continuerai à te suivre et j'irai donc me procurer "les bouts de bois de Dieu" prochainement !
Par rapport au "mandat" : disons que j'avais préféré "Véhi-Ciosane" qui précède "le Mandat" dans le livre édité par Présence Africaine, c'est pourquoi j'avais commencé par aborder ce titre-là.
J'ai préféré le film en fait au livre (j'en ai parlé dans culture, je l'ai vu la semaine dernière). Mais en relisant le livre pour le post, je dois dire que finalement, il m'est apparu intéressant pour la qualité de ses dialogues (on pourrait en faire une pièce de théâtre) et parce qu'il aborde beaucoup de questions : les difficultés quotidiennes, la perte de certaines valeurs, etc.
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BM
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MessagePosté le: Lun 05 Sep 2005 13:18    Sujet du message: Répondre en citant

diali a écrit:
BMW a écrit:
Tu as aimé ce livre, le mandat?

Je l'ai lu au lycée (c'était au programme) et franchement ça m'avait paru être un livre assez conventionnel sur le choc des culture, bref un truc pas très original, médiocre même (mais bon, ça fait 10 ans, je devrais le relire et me refaire une opinion).

Quand par contre j'ai lu "Les bouts de Bois de Dieu" je n'arrivais pas à croire que c'était le même auteur.

Sans vouloir te couper dans ton élan.


Laughing Je viens juste de te voir, tu ne m'as donc pas coupé dans mon élan et même cela n'aurait pas été grave, bien au contraire !

Je continuerai à te suivre et j'irai donc me procurer "les bouts de bois de Dieu" prochainement !
Par rapport au "mandat" : disons que j'avais préféré "Véhi-Ciosane" qui précède "le Mandat" dans le livre édité par Présence Africaine, c'est pourquoi j'avais commencé par aborder ce titre-là.
J'ai préféré le film en fait au livre (j'en ai parlé dans culture, je l'ai vu la semaine dernière). Mais en relisant le livre pour le post, je dois dire que finalement, il m'est apparu intéressant pour la qualité de ses dialogues (on pourrait en faire une pièce de théâtre) et parce qu'il aborde beaucoup de questions : les difficultés quotidiennes, la perte de certaines valeurs, etc.


Sembène Ousmane est un esthète. Je n'ai jamais vu ses films, mais je ne doute point que certains plans doivent être à couper le souffle, surtout que l'Afrique de l'ouest est très belle avec ses larges espaces et son ciel d'un bleu pur.

Ce que je reproche au Mandat c'est d'être un livre sans profondeur.
Pas mal écrit, mais sans profondeur.
C'est très superficiel. L'Afrique est plus profonde que ça.
Je ne vois pas un Soyinka, ou un Ngugi Wa Thiongo parler de l'Afrique d'une manière si si anecdotique, si folklorique (les peripéties d'un petit vieux qui ne sait pas lire). C'est presque enfantin comme litterature.
C'est pour ça comme je te l'ai dit plus haut qu'en lisant "Les bouts de bois de Dieu", devant tant de complexité et de profondeur, je n'arrivais pas à croire que c'était le même auteur.

Enfin... les gouts et les couleurs...
J'essayerai de relire ce book, à voir si je l'apprehende differement 10 ans après.
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Diali
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MessagePosté le: Lun 05 Sep 2005 14:30    Sujet du message: Répondre en citant

BMW a écrit:
diali a écrit:
BMW a écrit:
Tu as aimé ce livre, le mandat?

Je l'ai lu au lycée (c'était au programme) et franchement ça m'avait paru être un livre assez conventionnel sur le choc des culture, bref un truc pas très original, médiocre même (mais bon, ça fait 10 ans, je devrais le relire et me refaire une opinion).

Quand par contre j'ai lu "Les bouts de Bois de Dieu" je n'arrivais pas à croire que c'était le même auteur.

Sans vouloir te couper dans ton élan.


Laughing Je viens juste de te voir, tu ne m'as donc pas coupé dans mon élan et même cela n'aurait pas été grave, bien au contraire !

Je continuerai à te suivre et j'irai donc me procurer "les bouts de bois de Dieu" prochainement !
Par rapport au "mandat" : disons que j'avais préféré "Véhi-Ciosane" qui précède "le Mandat" dans le livre édité par Présence Africaine, c'est pourquoi j'avais commencé par aborder ce titre-là.
J'ai préféré le film en fait au livre (j'en ai parlé dans culture, je l'ai vu la semaine dernière). Mais en relisant le livre pour le post, je dois dire que finalement, il m'est apparu intéressant pour la qualité de ses dialogues (on pourrait en faire une pièce de théâtre) et parce qu'il aborde beaucoup de questions : les difficultés quotidiennes, la perte de certaines valeurs, etc.


Sembène Ousmane est un esthète. Je n'ai jamais vu ses films, mais je ne doute point que certains plans doivent être à couper le souffle, surtout que l'Afrique de l'ouest est très belle avec ses larges espaces et son ciel d'un bleu pur.

Ce que je reproche au Mandat c'est d'être un livre sans profondeur.
Pas mal écrit, mais sans profondeur.
C'est très superficiel. L'Afrique est plus profonde que ça.
Je ne vois pas un Soyinka, ou un Ngugi Wa Thiongo parler de l'Afrique d'une manière si si anecdotique, si folklorique (les peripéties d'un petit vieux qui ne sait pas lire). C'est presque enfantin comme litterature.
C'est pour ça comme je te l'ai dit plus haut qu'en lisant "Les bouts de bois de Dieu", devant tant de complexité et de profondeur, je n'arrivais pas à croire que c'était le même auteur.

Enfin... les gouts et les couleurs...
J'essayerai de relire ce book, à voir si je l'apprehende differement 10 ans après.



Je te suis un peu dans ton "ancienne" impression car finalement, il m'a fallu en effet voir le film pour avoir envie de parler du livre !

C'est clair que ce n'est pas un texte qui laisse admiratif. Lecture facile, sujet apparemment simpliste mais plein de petits détails de scènes quotidiennes et des personnages attachants qui permettent de passer un bon moment en le lisant !

Je te trouve un peu sévère quand tu dis qu'il parle de l'Afrique de manière "anecdotique" avec "les péripéties d'un petit vieux". En effet, c'est bien le fil conducteur du livre, mais le sel c'est tout ce qu'il y a autour, c'est-à-dire les autres petites scènes de la vie quotidienne, certains dialogues, non ?

Quand tu dis que c'est enfantin comme littérature, pourquoi pas. C'est un peu comme les contes en fait. Mais on en tire toujours beaucoup de choses des contes. Enfin, moi, je trouve !

Sinon, j'en profite Laughing , peux-tu me conseiller des ouvrages de Soyinka et de Ngugi Wa Thiongo ? Merci d'avance !
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MessagePosté le: Lun 05 Sep 2005 14:51    Sujet du message: Répondre en citant

diali a écrit:
Je te trouve un peu sévère quand tu dis qu'il parle de l'Afrique de manière "anecdotique" avec "les péripéties d'un petit vieux". En effet, c'est bien le fil conducteur du livre, mais le sel c'est tout ce qu'il y a autour, c'est-à-dire les autres petites scènes de la vie quotidienne, certains dialogues, non ?

Quand tu dis que c'est enfantin comme littérature, pourquoi pas. C'est un peu comme les contes en fait. Mais on en tire toujours beaucoup de choses des contes. Enfin, moi, je trouve !

Sinon, j'en profite Laughing , peux-tu me conseiller des ouvrages de Soyinka et de Ngugi Wa Thiongo ? Merci d'avance !


C'est vrai que je suis un peu sévère.
Mais bon, je n'aime pas trop les livres qui donne une image cliché de l'Afrique.
Et le Mandat fait partie de ces livres.

Chez Soyinka, je te recommande fortement "La mort et l'ecuyer du Roi", c'est une pièce de théâtre et c'est transcendental.
Et aussi sa première oeuvre romanesque, "Les interprètes". C'est assez compliexe comme livre mais je préfère ce type de litterature.

Chez Ngugi, je te conseillerais "Pétales de Sang".
Il a aussi d'autres bouquins, mais je n'ai pas aussi réussi à les lire, car ils sont en rupture de stock.

Comme tjrs...
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MessagePosté le: Lun 05 Sep 2005 14:54    Sujet du message: Répondre en citant

BMW a écrit:
diali a écrit:
Je te trouve un peu sévère quand tu dis qu'il parle de l'Afrique de manière "anecdotique" avec "les péripéties d'un petit vieux". En effet, c'est bien le fil conducteur du livre, mais le sel c'est tout ce qu'il y a autour, c'est-à-dire les autres petites scènes de la vie quotidienne, certains dialogues, non ?

Quand tu dis que c'est enfantin comme littérature, pourquoi pas. C'est un peu comme les contes en fait. Mais on en tire toujours beaucoup de choses des contes. Enfin, moi, je trouve !

Sinon, j'en profite Laughing , peux-tu me conseiller des ouvrages de Soyinka et de Ngugi Wa Thiongo ? Merci d'avance !


C'est vrai que je suis un peu sévère.
Mais bon, je n'aime pas trop les livres qui donne une image cliché de l'Afrique.
Et le Mandat fait partie de ces livres.

Chez Soyinka, je te recommande fortement "La mort et l'ecuyer du Roi", c'est une pièce de théâtre et c'est transcendental.
Et aussi sa première oeuvre romanesque, "Les interprètes". C'est assez compliexe comme livre mais je préfère ce type de litterature.

Chez Ngugi, je te conseillerais "Pétales de Sang".
Il a aussi d'autres bouquins, mais je n'ai pas aussi réussi à les lire, car ils sont en rupture de stock.

Comme tjrs...



merci beaucoup pour les titres ! peut-être qu'il y aura des personnages féminins à mettre dans ce post et donc, on pourra en parler !
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MessagePosté le: Lun 05 Sep 2005 14:56    Sujet du message: Répondre en citant

diali a écrit:
merci beaucoup pour les titres ! peut-être qu'il y aura des personnages féminins à mettre dans ce post et donc, on pourra en parler !

C'est sûr, surtout chez Soyinka.
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MessagePosté le: Jeu 08 Sep 2005 07:25    Sujet du message: Répondre en citant

Juste quelques mots sur le "Jujubier du patriarche" avant d'en entamer le résumé (il faudrait d'ailleurs que je fasse un arbre généalogique pour expliquer le pourquoi de certains personnages !) et les extraits de personnages féminins.

C'est un livre quasi mystique pour moi car s'il parle de la mémoire, il parle d'une mémoire particulière, celle d'ancêtres exceptionnels dont l'exception est démultipliée par les chants des griots, par le pélerinage à Babyselli là où le canal qui est le berceau du fleuve Natangué fait écho au chant épique qui compte les aventures extraordinaires des glorieux ancêtres, pélerinage à la tombe du patriarche sur lequel a poussé un "jujubier miracle"...

Tout le livre est tourné vers ce passé glorifié qui explique le lien entre les ancêtres d'exception et les personnages "communs du présent" (permettant de comprendre les relations parfois complexes entre les personnages du livre qui sont donc tous issus de cette histoire).
La place des chants-épopées dans le livre est primordiale. Notamment, le dernier chant de Naarou, dont je parlerai longuement, s'étend sur les 25 dernières pages du livre !
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MessagePosté le: Sam 10 Sep 2005 21:33    Sujet du message: Répondre en citant

"Le jujubier du patriarche" est divisé en deux parties dont le fil conducteur est la fameuse épopée racontant les péripéties des ancêtres de Babyselli, à savoir les 700 ans d'histoire de la lignée des Almamy et celle des chasseurs du Foudjallon qui représentent 110 000 vers et 21 portes.

La première partie commence par la fin du pélerinage à Babyselli et évoque le "présent" des descendants des ancêtres. La deuxième partie se compose d'une partie du chant de l'épopée lors du pélerinage à Babyselli sur deux années consécutives. Cette deuxième partie est elle-même divisée en deux, avec la narration du chant de Naani le griot la première année et, le chant lui-même de Naarou la deuxième année.

Trois types de personnages ressortent du livre : les descendants des esclaves, les descendants des maîtres et les griots.

Il y a de nombreux personnages féminins que je décrirai par ordre de présentation dans le livre. Pour moi les deux personnages féminins les plus forts sont Naarou qui fait partie des personnages du présent, et Dioumana, l'ancêtre, à cause de qui tout est arrivé.

Naarou, c'est la descendante de Warèle et de Biti, Warèle étant l'esclave fidèle et dépositaire de tous les secrets de Thioro (1ère épouse sur 3 autres de l'Almamy Badar, qui donnera naissance à Sarebibi, mari de Dioumana et père de Yellimané). Warèle confiera à Biti, sa petite fille, la mission de donner la bille en cuivre à Yellimané pour qu'il aille délivrer sa mère Dioumana (fille de Gueladio le chasseur) réfugiée dans le ventre de la baleine Tarou parce que son mari, Sarebibi l'Almamy, refusait de l'aimer trop pour ne pas aller à l'encontre de son souhait d'aller le plus loin possible dans la maîtrise de ses instincts. Toute l'épopée, du moins la partie contée, est donc liée aux conséquences de la fuite de Dioumana.

La vraie protagoniste du livre est cependant la mémoire des ancêtres cristallisée par le chant et le pélerinage : les chants de Naani, mais aussi de Naarou qui n'est pourtant pas griotte, et le pélerinage à la tombe du patriarche (l'Almamy ou Yellimané) et au jujubier qui a poussé dessus, lancé par Yelli, fils de Wally et de Kantôme, pour qui la seule chose importante est l'histoire de ses ancêtres.

Avant de m'attaquer aux différents personnages féminins, je proposerai un arbre généalogique des personnages du "présent" et celui des ancêtres. (Je les ai dressés sur papier mais il faut que je les tape sur word).


Dernière édition par Diali le Sam 10 Sep 2005 21:57; édité 1 fois
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MessagePosté le: Sam 10 Sep 2005 21:50    Sujet du message: Répondre en citant

Avant les arbres (généalogiques !), un avant-goût du personnage de Naarou, fille de Penda, elle-même fille de Sagada l'esclave et de Wally, et élevée par Tacko, la femme de Yelli avec qui Penda a été élevée. Ce passage permet de rendre compte de la place de cette épopée dans le présent des personnages décrits.

Dans ce passage, Naarou s'adresse à Penda, sa mère de sang. Lorsqu'elle dit "mère", elle parle de Tacko, fille de Kantôme et de Wally, qui vient de la traiter d'esclave.

"... Puisque pour elle je suis une esclave, je la suivrai sur son propre terrain pour lui montrer la nullité de ses prétentions...
- Tacko est ta mère !
- Elle serait une mère indigne ! Je vais revendiquer ma part de l'épopée.
- Qu'est-ce que cela veut dire ?
- Que je descends de Warèle et de Biti qui ont joué un rôle déterminant dans l'épopée. C'est Naani en personne qui me l'a appris quand j'étais toute jeune. Je n'ai jamais pensé à une cloison entre Warèle, Biti, Sarebibi, Dioumana, et les autres, mais comme Mère me traite d'esclave, je revendique Warèle et Biti ; je revendique leur part d'héroisme... Qui dit qu'elles n'étaient pas de sang royal comme ces millions d'êtres dont le destin a basculé le temps d'un éclair parce que des aventuriers les ont arraché à leur famile, à leur terre, à leur histoire, ou parce qu'ils ont perdu un combat...".


(...).

"Elle (Penda) comprit aussi que la revendication de Naarou était conforme à sa personnalité et au rapport mystique qu'elle entretenait avec l'épopée. Le chant : un amour, une passion qui ne la quittera jamais et dont la flamme - non dévastatrice heureusement - brillera peut-être au-dessus de sa tombe quand elle rejoindra Dioumana dans le lit du fleuve Natangué".
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MessagePosté le: Sam 10 Sep 2005 21:54    Sujet du message: Répondre en citant

Qui a lu ce livre ?
BMW ?
Je crois que j'en suis tombée amoureuse même s'il m'a fallu le relire rien que pour refaire le point sur les personnages tellement ils sont nombreux et tellement leurs relations sont complexes d'où ma proposition de faire les arbres généalogiques !
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MessagePosté le: Dim 11 Sep 2005 10:05    Sujet du message: Répondre en citant

ça ne marche pas l'exportation de mes arbres généalogiques Crying or Very sad
(le copier/coller foire complètement et j'ai essayé de refaire un des arbres directement sans flèche ici et ça ne marche pas non plus)

comment puis-je faire ?
c'est un document tout simple word avec des flèches en fait et des zones de texte

est-ce que je peux joindre un fichier word à un post ?
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BM
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MessagePosté le: Mer 14 Sep 2005 11:59    Sujet du message: Répondre en citant

diali a écrit:
Qui a lu ce livre ?
BMW ?
Je crois que j'en suis tombée amoureuse même s'il m'a fallu le relire rien que pour refaire le point sur les personnages tellement ils sont nombreux et tellement leurs relations sont complexes d'où ma proposition de faire les arbres généalogiques !

Non, malheureusement.
Ça semble très interessant, comme livre.
J'ai toujours été attiré par les livres africains qui parlent d'Histoire, de généalogie, etc...
J'essayerai de le lire.
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Diali
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MessagePosté le: Mer 14 Sep 2005 20:33    Sujet du message: Répondre en citant

En attendant les arbres généalogiques qui ne devraient pas tarder, du moins je l'espère Laughing, je vais présenter le premier personnage féminin par ordre d'apparition dans le livre, "personnage du présent", Tacko, rivale en quelque sorte de Naarou, "l'esclave" (par sa grand-mère Sagada).

Tacko est l'épouse de Yelli avec qui elle élèvera Naarou mais aussi leur propre fille, Bouri, qui aura une complicité particulière avec Naarou.

Tacko représente la femme africaine à la fois traditionnelle dans le sens où elle est dévouée à sa famille, pour sa soumission en tant qu'épouse et en tant que fille de ... (elle tait ses états d'âme et supporte en silence ses peines pour ne pas causer de tort à sa famille, on apprend qu'elle est la première et seule épouse à être rester quand Yelli est devenu pauvre), mais c'est aussi une femme qui travaille, donc moderne.
Ses principaux traits de caractère sont les suivants : les pieds sur terre, très fière et virulente dans ses propos : elle pense avant tout à la gestion du présent ; elle est fière de ses origines, de son sang qui la rend supérieure à Naarou... ; elle ne se gêne pas pour faire face à Yelli qu'elle m'almène et qu'elle fait souffrir du fait de ses disputes avec Naarou qui est la protégée de ce dernier ...
La frustration de sa vie actuelle la rend jalouse de Naarou qui bénéficie d'une promotion sociale. Elle considère cette évolution comme une "perversion de l'histoire" !
Elle fait cependant partie de l'ancienne génération par rapport à Naarou et Bouri car elle se préoccupe énormément du "qu'en dira-t-on", n'accepte pas que sa fille Bouri ait envie de divorcer...

Je propose trois petits extraits explicites pour le caractère de Tacko dans le livre.

La première apparition de Tacko dans le livre est une confrontation avec son mari Yelli, elle lui rappelle comment il s'est ruiné (à cause des femmes), elle évoque l'lintérêt des griots, sa jalousie envers Naarou et critique l'intérêt trop important selon elle que son mari réserve à la fameuse épopée :

"(...) tu dois être plus fou, toi qui t'es ruiné bêtement parce que les femmes intelligentes ont su tirer sur ta corde sensible. Ta vanité t'a côuté cher. Où sont aujourd'hui les griots à qui tu distribuais tes biens quand ils te chantaient une généalogie enfouie sous les débris du temps et qu'ils servent, selon les circonstances, à tous ceux et à toutes celles qui peuvent faire preuve de largesses, y compris aux parvenus de tous bords et aux esclaves comme cette Naarou qui ne se sent plus ? (...). Monsieur pense qu'il est encore au Moyen-Age ; il veut être impeccable parce qu'il est le descendant de Yellimané le héros du Natangué. Yelli, reviens sur terre. Tu n'es ni Sarebibi l'Almamy, ni Yéllimané son fils, ni Gueladio le chasseur que courtisaient les fauves, encore moins Dioumana qui pouvait se payer le luxe d'aller dormir dans le ventre d'une baleine tout simplement parce que son Almamy d'époux refusait de l'aimer jusqu'à la folie. Ce n'est pas toi qui es allé la sortir du ventre de la baleine !"


Bouri annonce son divorce à ses parents en présence de Naarou :
"Goudi m'a chassée. Il a dit : "Je divorce une fois, je divorce deux fois, je divorce trois fois".
Ces mots tombèrent dans l'oreille de Yelli qui entrait. Il marqua un temps d'arrêt, serra les mâchoires et les poings. Tacko eut le souffle coupé. Quelle surprise cruelle et deshonorante ! Elle écarquilla les yeux, porta la main à la bouche dans une attitude de douloureuse stupéfaction, sentit ses jambes flancher et se laissa tomber dans le fauteuil d'à côté, en face de Bouri et de Naarou. Elle les regarda comme pour s'assurer de leur réalité. Ses yeux de panthèse à l'affût les glacèrent d'une sorte de terreur sournoisement attisée par le silence oppressant (...). Un sentiment accablant de vide pour tout le monde sauf pour Tacko qui, dans sa chair meurtrie par la honte, suffoquait littéralement".

A Naarou, suite à l'annonce de la demande de divorce de Goudi :

"- Mère...
- Ne m'appelle pas Mère. J'ai toujours senti que tu voulais notre déchéance. Tu es toujours présente quand la honte nous tombe dessus. Ah ! Ah ! Parce que tu es bien grasse aujourd'hui, couverte de bijoux, courtisée par les flagorneurs...
- Arrête, hurla Yelli, scandalisé et sentant fortement l'ouragan. Mais enfin Tacko, Naarou est ta fille !
- Non ! Elle restera toujours l'esclave qu'elle a été pour mes ancêtres qui l'ont achetée...".
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Diali
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MessagePosté le: Jeu 15 Sep 2005 06:29    Sujet du message: Répondre en citant

Avant l'analyse du personnage de Naarou, un extrait de sa première apparition qui synthétise à la fois le caractère de cette dernière et son "héritage", la place dans l'épopée.

" Comme toujours, Naarou fit une entrée décontractée. Elle aimait semer la pagaille et le rire. Elle taquina les enfants (...).
- Bonjour, tonton. Mère, comment vas-tu ?
C'est ainsi qu'elle s'adressait à Yelli et à Tacko. Elle avait grandi là, chez eux, et se considérait un peu comme la fille aînée. Elle y avait vécu jusqu'à son mariage car, dans sa famille, on avait l'haibtude de confier les enfants, filles ou garçons, aux descendants des Damel. C'était une façon de perpétuer l'histoire qui, un jour que personne ne se rappelait plus, avait fait porter le joug de l'esclavage aux aïeux de Warèle, l'ancêtre presque mythique de Naarou. L'héritage, plus tard, avait placé Warèle sous la tutelle de Thioro, la mère de l'Almamy Sarebibi.(...)
Depuis, la tradition avait allègrement chevauché les siècles sans remettre en question la loi tacitement acceptée d'un cheminement parallèle entre les familles des anciens maîtres et celles qui descendaient des esclaves.
Pourtant, au fil du temps, les "sangs s'étaient mêlés" à l'échelon le plus élevé de la hiérarchie sans entraîner une véritable fusion, l'échange étant inégal : aux hommes nobles de se permettre des escapades amoureuses hors des frontières de leur caste, aux autres de ne chasser que dans les limites de leur territoire.
De génération en génération, la même règle qui avait légué Warèle à Thioro avait prévalu.
Même quand l'esclavage fut aboli et que, de part et d'autre on en eut pris conscience, elle continua à fonctionner parce que, sans doute, le temps avait incrusté au plus profond des mentalités une idée complexe de vivre ensemble : quelque chose qui ressemble à un sentiment de parenté avait lié les uns aux autres. Les rapports étaient de supériorité jamais exprimée d'une part, et, d'autre part, de subordination non servile. Non servile vraiment, jusqu'à avoir le choix de dire oui ou non et de le proclamer pour la pérennité du royaume ou de ce qui en resta dans les esprits lorsque la colonisation eut tout balayé."

Extrait un peu long mais qui met en avant les liens complexes entre les "personnages du présent" (que j'avais fait ressortir rapidement dans le résumé du livre) issus de ces deux grandes familles, la famille des maîtres, et celle des esclaves, liées à tout jamais par l'épopée.
Cet extrait permet également de mettre en avant l'organisation d'une société à un moment donné, et de l'expliciter.
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Farao
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MessagePosté le: Jeu 15 Sep 2005 18:14    Sujet du message: La Brise du Jour Répondre en citant

Bonjour à tous

Dans un genre très différent de ce qui a été présenté jusqu'ici, je vous propose "La Brise du Jour" de Lydie Dooh-Bunya.
http://www.arts.uwa.edu.au/AFLIT/DoohBunyaLydie.html



Elle nous propose de faire un bout de chemin avec la narratrice, de son enfance à l'âge adulte, avec en toile de fond une histoire d'amour impossible.
Je rassure tout de suite les blasés: ici point de mélodrâme ou de dilemnes à 2 balles. C'est un récit d'une vérité, d'une efficacité vraiment émouvante, agrémenté de personnages dotés d'une réelle épaisseur. Un bijou d'ambiance et de psychologie.
_________________
Les Vrais savent. Préviens les autres...
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Diali
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MessagePosté le: Jeu 15 Sep 2005 20:32    Sujet du message: Re: La Brise du Jour Répondre en citant

Farao a écrit:
Bonjour à tous

Dans un genre très différent de ce qui a été présenté jusqu'ici, je vous propose "La Brise du Jour" de Lydie Dooh-Bunya.
http://www.arts.uwa.edu.au/AFLIT/DoohBunyaLydie.html



Elle nous propose de faire un bout de chemin avec la narratrice, de son enfance à l'âge adulte, avec en toile de fond une histoire d'amour impossible.
Je rassure tout de suite les blasés: ici point de mélodrâme ou de dilemnes à 2 balles. C'est un récit d'une vérité, d'une efficacité vraiment émouvante, agrémenté de personnages dotés d'une réelle épaisseur. Un bijou d'ambiance et de psychologie.



salut Farao,
j'ai lu l'extrait du lien que tu as mis, c'est super bien écrit.
juste une question par rapport à ta remarque : en quoi c'est différent de ce qui a été présenté jusqu'ici ? comment est décrit le personnage principal par ex ?
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Farao
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MessagePosté le: Ven 16 Sep 2005 10:49    Sujet du message: Ooops! My sorry... J'ai été succinct. Répondre en citant

Citation:
juste une question par rapport à ta remarque : en quoi c'est différent de ce qui a été présenté jusqu'ici ? comment est décrit le personnage principal par ex ?


Hey, ça fait deux questions ça...

La différence est une question d'échelle et de point de vue. Je dirais qu'on passe d'un regard distant à une échelle plus humaine. La Brise du Jour est un roman intimiste qui procède par petites touches impressionistes. La personnalité des personnages n'est pas décrite (cf. tes extraits de l'Aventure ambigüe et du roman de ken Bugul) mais se revèle au travers de leur parcours, leur actes, leurs choix. Ainsi on ne te dira pas que Pat, le cousin de Zinnie est un homme immature et faillible; tu le regarderas évoluer au gré des incidents de sa vie et prendras la juste mesure de ses qualités et défauts. Le résultat c'est des individus très humains et une réelle empathie.

A la fin du livre Zinnie sera confrontée à un choix crucial. Mais seuls les lecteurs qui auront le mieux suivi la formation de son caractère, pesé ses forces et ses faiblesses et sa capacité à tirer des leçons des aléas de son parcours et de celui de ses proches, pourront anticiper pour quelle option elle penchera finalement. On est loin de la prévisibilité d'un Maïmouna.

Je reproche également à nos écrivains, hommes et femmes, de trop vouloir caractériser leurs héroïnes en fonction de leur positionnement vis à vis de la tradition africaine (=pour ou contre) alors qu'il me semble que la plupart de nos soeurs vivent leur rapport à cette dernière de façon beaucoup plus naturelle.
Pour faire court, tout en répondant à ta dernière question, je dirais que Zinnie est clairement une battante, mais certainement pas la caricature féministe à laquelle on nous a habitués.

Pour de plus amples détails, tu sais ce qu'il te reste à faire... Wink
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ARDIN
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MessagePosté le: Ven 16 Sep 2005 11:01    Sujet du message: Re: Ooops! My sorry... J'ai été succinct. Répondre en citant

Farao!: Tu devrais faire critique litteraire sur cette rubrique.
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Farao
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MessagePosté le: Ven 16 Sep 2005 11:23    Sujet du message: Flatteur, va... Répondre en citant


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MessagePosté le: Ven 16 Sep 2005 12:56    Sujet du message: Re: Ooops! My sorry... J'ai été succinct. Répondre en citant

Farao a écrit:
Citation:
juste une question par rapport à ta remarque : en quoi c'est différent de ce qui a été présenté jusqu'ici ? comment est décrit le personnage principal par ex ?


Hey, ça fait deux questions ça...

La différence est une question d'échelle et de point de vue. Je dirais qu'on passe d'un regard distant à une échelle plus humaine. La Brise du Jour est un roman intimiste qui procède par petites touches impressionistes. La personnalité des personnages n'est pas décrite (cf. tes extraits de l'Aventure ambigüe et du roman de ken Bugul) mais se revèle au travers de leur parcours, leur actes, leurs choix. Ainsi on ne te dira pas que Pat, le cousin de Zinnie est un homme immature et faillible; tu le regarderas évoluer au gré des incidents de sa vie et prendras la juste mesure de ses qualités et défauts. Le résultat c'est des individus très humains et une réelle empathie.

A la fin du livre Zinnie sera confrontée à un choix crucial. Mais seuls les lecteurs qui auront le mieux suivi la formation de son caractère, pesé ses forces et ses faiblesses et sa capacité à tirer des leçons des aléas de son parcours et de celui de ses proches, pourront anticiper pour quelle option elle penchera finalement. On est loin de la prévisibilité d'un Maïmouna.

Je reproche également à nos écrivains, hommes et femmes, de trop vouloir caractériser leurs héroïnes en fonction de leur positionnement vis à vis de la tradition africaine (=pour ou contre) alors qu'il me semble que la plupart de nos soeurs vivent leur rapport à cette dernière de façon beaucoup plus naturelle.
Pour faire court, tout en répondant à ta dernière question, je dirais que Zinnie est clairement une battante, mais certainement pas la caricature féministe à laquelle on nous a habitués.

Pour de plus amples détails, tu sais ce qu'il te reste à faire... Wink


Salut Farao,

merci pour tes réponses à mes deux questions en effet ! c'est vrai que tu devrais faire critique littéraire !

est-ce que tu avais lu les livres proposés ?
je te demande ça parce qu'on est jamais neutre dans la présentation d'ouvrages, ni dans leur choix !
les livres que j'ai lus m'ont pour la plupart été conseillés par des amis sénégalais vivant au Sénégal, mais je leur avais demandé des références féminines d'abord.
Mariama Bâ et Aminata Sow Fall sont réputées pour leur côté "féministe" au bon sens du terme et cela se traduit dans leurs personnages.
Mais je ne vois pas leurs personnages comme des caricatures, peut-être que je les ai caricaturés moi en les présentant, c'est possible aussi !
Par ex, dans "le jujubier du patriarche", les personnages sont plus complexes que ça !

En tous les cas, je suis contente de prendre connaissance de d'autres types de livres.
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Farao
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MessagePosté le: Ven 16 Sep 2005 16:24    Sujet du message: On est d'accord Répondre en citant

Comme tu l'as si bien dit on n'est jamais neutre: la subjectivité et les centres d'interêts jouent un grand rôle; aussi toi et moi pouvons choisir et apprécier le même ouvrage pour des raisons très différentes. Et là est bien l'interêt de ce genre de topics.

Ma remarque ("les caricatures...") est un constat général et non une critique de tes choix ou de ta présentation, qui sont très interressants (tu m'as notemment donné envie de découvrir ken Bugul).

Pour répondre à ta (3ème!) question: parmi les titres ci-dessus cités j'ai lu Maïmouna, les Bouts de Bois de Dieu, le Xala et l'Aventure Ambigüe.

Voilà.
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Diali
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MessagePosté le: Sam 17 Sep 2005 07:50    Sujet du message: Re: On est d'accord Répondre en citant

Farao a écrit:
Pour répondre à ta (3ème!) question: parmi les titres ci-dessus cités j'ai lu Maïmouna, les Bouts de Bois de Dieu, le Xala et l'Aventure Ambigüe.

Voilà.


Laughing
je croyais m'être calmée avec les questions mais "chassez le naturel et il revient au galop"!!!
ça me rappelle un copain qui me disait "Coco di nga latjé ba sounou birr yi di daw" (= Coco, tu vas nous demander jusqu'à ce qu'on en ait la diarrhée ) ! Laughing Laughing Laughing
moi je n'ai pas encore lu "les bouts de bois de Dieu" mais je le lirai dès que possible !
Sinon, "Xala", je ne le trouve pas, tu l'as trouvé où ? (oups, encore une question !)
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Diali
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MessagePosté le: Sam 17 Sep 2005 08:22    Sujet du message: Répondre en citant

Normalement, je devrais mettre un lien la semaine prochaine pour les deux arbres généalogiques que j'ai dressés pour se repérer mieux avec tous les personnages de "jujubier du patriarche" que je décris.

En attendant, je vais parler de Naarou que j'ai déjà située dans ces arbres dans des posts précédents.
C'est mon personnage préféré du livre parce qu'elle est la vie, parce qu'elle est mystique, à la fois tournée vers le présent, aimant et aimée de son mari Amsata, à la fois confidente et protectrice de sa "soeur" Bouri, appréciée à sa juste valeur par Yelli, lucide sur les situations et les gens, etc ; et tournée vers l'épopée et cet art du chant.

D'abord, un petit passage qui la montre dans son recul envers la société dans laquelle elle vit :

"Depuis la faillite de Yelli elle avait appris à jauger le monde. Elle connaissait mieux que son mari les ressorts de la société dans laquelle ils vivaient, et le mal profond qui, depuis quelques décennies, rongeait les coeurs, appauvrissaient l'esprit et soullait l'âme. Sa conviction était établie : on ne savait plus contempler le beau, comme par exemple l'or qui brillait dans le coeur de Yelli et répandait sur sa figure l'auréole d'une bonté infinie. Non, on ne savait plus regarder le beau, on visait au-delà pour y découvrir des poubelles, humer les puanteurs et s'en gaver comme des charognards. A observer les gens, à les entendre commenter chaque geste, chaque mot et chaque silence des autres, Naarou avait souvent éprouvé une sorte de colère provoquée par le sentiment de vivre une ère de décrépitude morale où l'humain n'avait plus de sens".


Et des extraits pour expliciter son rapport au chant, à l'épopée.

Alors qu'elle est enfant, elle vient d'assister au récit de Naani le Griot :
"...(...) l'espoir de revoir Naani, le seul souvenir qu'elle avait gardé des cérémonies grandioses du mariage. Le griot avait promis de revenir. Il l'avait littéralement subjuguée par son accoutrement d'abord, par la mague qui semblait s'échapper de tout son être, ensuite. Malheureusement, il était parti après l'avoir fait rêver et provoqué des larmes sur les visages fardés des femmes. Les adultes avaient peut-être oublié, mais elle jamais. Jamais".

Après que sa "mère" Tacko l'eût traité d'esclave, elle revendique sa part de l'épopée auprès de sa mère Penda. Pour cette dernière, la légitimité remonte à moins loin que cette épopée. Par l'intermédiaire des réflexions de Penda suite à la revendication de Naarou, on découvre le rapport charnel qu'entretien Naarou avec le chant.

"(...) Elle comprit aussi que la revendication de Naarou était conforme à sa personnalité et au rapport mystique qu'elle entretenait avec l'épopée. Le chant : un amour, une passion qui ne la quittera jamais et dont la flamme - non dévastatrice heureusement - brillera peut-être au-dessus de sa tombe quand elle tejoindra Dioumana dans le lit du fleuve Natangué.
Il fallait comptabiliser une évidence : Naarou était une possédée du poème. A treize ans, elle pouvait déclamer sans trébucher un millier de vers, ce qui, vu son âge, était une performance d'autant plus étonnante qu'elle portait la marque du génie. De nombreux griots du terroir qui prétendaient être les dépositaires reconnus du chant apparaissaient comme de piètres figures lors des grandes occasions où il était de bon ton de faire revivre l'histoire. L'épopée coulait alors comme jadis le fleuve Natangué, et chacun se faisait un devoir de grossir d'extraits plus ou moins longs pour montrer avec une grande fierté que l'on n'avait pas perdu l'héritage.
En ces occasions, Naarou entrait dans le chant comme dans un sanctuaire, en accordant sa voix dont elle savait jouer comme d'une boule de cire, lui faisant prendre toutes les tonalités et les tons voulus. Puis la voix, progressivement, gagnait en intensité et entraînait Naarou dans une des vingt et une portes de l'épopée dont chacune, dit la légende, symbolise un temps - autant dire une vie - dans la longue trame des péripéties d'une histoire merveilleuse. Le chant alors s'emparait d'elle et, maître absolu de tout son coprs, distillait la séduction comme un air de sirène....".

C'est par le chant que Naarou règlera ses comptes avec Tacko, c'est Naarou qui aidera Yelli à organiser le pélerinage à Babyselli avec les récits de Naani, c'est par le chant de Naarou aussi que se terminera le livre.
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GUIDILOU
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MessagePosté le: Sam 17 Sep 2005 09:57    Sujet du message: Répondre en citant

Un lien utile
"Ce site propose un survol des ouvrages publiés en français par les femmes écrivains du continent africain. Il vous permet de découvrir leurs romans, leurs nouvelles, leurs pièces de théâtre, leur poésie, quelques textes inédits et des interviews. "

http://www.arts.uwa.edu.au/AFLIT/FEMEChome.html
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"Le savoir non digéré par la pensée est vain et la pensée non étayée par le savoir est dangereuse. "(Confucius)

"L' Homme est le remède de l'Homme " (proverbe Wolof)

" Tout ce que je sais c' est que je ne sais rien." (Socrate)
__
http://sequiperenlogicielsgratuits.blogspot.com
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http://www.grioo.com/blogs/DJIBRILCHIMEREDIAW/
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Diali
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MessagePosté le: Sam 17 Sep 2005 10:13    Sujet du message: Répondre en citant

GUIDILOU a écrit:
Un lien utile
"Ce site propose un survol des ouvrages publiés en français par les femmes écrivains du continent africain. Il vous permet de découvrir leurs romans, leurs nouvelles, leurs pièces de théâtre, leur poésie, quelques textes inédits et des interviews. "

http://www.arts.uwa.edu.au/AFLIT/FEMEChome.html


Merci pour ce site !
Il donne plein d'idées de lectures, par pays en plus. Pour le Sénégal, ça m'a rappelé aussi d'autres livres que j'ai lus il y a quelques temps déjà comme "la nuit est tombée sur Dakar" d'Aminata Zaaria par ex et dont je ne pensais pas forcément parler ici.
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Farao
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MessagePosté le: Sam 17 Sep 2005 17:25    Sujet du message: de Xala à Beyala Répondre en citant

Citation:
Sinon, "Xala", je ne le trouve pas, tu l'as trouvé où ?


A la librairie St Paul à Parakou (République du Bénin). C'est un peu loin pour toi, je crois...
Just kiddin'. C'était plus fort que moi...

Plus sérieusement c'est dommage tous ces titres introuvables. Ca ne va pas aider à la diffusion de la littérature africaine.

Maintenant je saute du coq à l'âne: Quelqu'un ici a-t-il lu Beyala? Si oui le verdict? (Indépendament de tout ce qu'on peut penser du personnage et de ses positions, si c'est possible)
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Diali
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MessagePosté le: Sam 17 Sep 2005 19:32    Sujet du message: Re: de Xala à Beyala Répondre en citant

Farao a écrit:
Citation:
Sinon, "Xala", je ne le trouve pas, tu l'as trouvé où ?


A la librairie St Paul à Parakou (République du Bénin). C'est un peu loin pour toi, je crois...
Just kiddin'. C'était plus fort que moi...

Plus sérieusement c'est dommage tous ces titres introuvables. Ca ne va pas aider à la diffusion de la littérature africaine.

Maintenant je saute du coq à l'âne: Quelqu'un ici a-t-il lu Beyala? Si oui le verdict? (Indépendament de tout ce qu'on peut penser du personnage et de ses positions, si c'est possible)


Laughing pour la librairie St-Paul
on m'a offert il y a 2/3 ans, "les arbres en parlent encore", j'avais commencé à le lire mais je n'ai pas fini le livre et je ne m'en souviens pas. Et toi, tu as lu quelque chose d'elle ?
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BM
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MessagePosté le: Dim 18 Sep 2005 13:29    Sujet du message: Re: de Xala à Beyala Répondre en citant

Farao a écrit:
Maintenant je saute du coq à l'âne: Quelqu'un ici a-t-il lu Beyala? Si oui le verdict? (Indépendament de tout ce qu'on peut penser du personnage et de ses positions, si c'est possible)

J'ai lu "C'est le soleil qui m'a brulée", je crois que c'est son premier roman.
Le style est acceptable, on ne peut pas dire qu'elle ne sait pas écrire (enfin, quand elle ne plagie pas).
Mais je n'ai pas aimé le fond.
C'est une prose vaguement pornographique sans réel sens.

Elle est à des années lumières de Mariama Ba, et à des milliards d'années lumière de Maryse Condé.
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Farao
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MessagePosté le: Lun 19 Sep 2005 09:11    Sujet du message: Beyala Répondre en citant

Je ne l'ai jamais lue. Le résumé de dos de couverture de ceux de ses livres qui me sont passés entre les mains ne me parlait pas vraiment.
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Ted LAMOUR
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MessagePosté le: Mar 20 Sep 2005 09:42    Sujet du message: Re: La femme dans la littérature africaine Répondre en citant

diali a écrit:
Je propose ce sujet pour parler des femmes dans la littérature africaine sous deux angles : les auteurs africaines mais aussi les descriptions qui sont faites de la femme africaine par les auteurs hommes ou femmes
Je commence par cette écrivain sénégalaise Mariama Bâ et par cet entretien que je trouve riche d'enseignements parce que c'est le premier roman africain que j'ai lu et parce que je trouve que cette femme était particulièrement merveilleuse.

Finalement, son deuxième livre (qu'elle évoque à la fin de l'interview) s'appellera "un chant écarlate", ce livre qui pourrait être enfin réédité par Anibwé. C'est avec ce dernier livre, "un chant écarlate", dans lequel la femme africaine y est décrite avec tant de saveurs, que j'ai vraiment saisi toutes les subtilités de la beauté de la femme africaine traditionnelle
.

Interview de Mariama Bâ par Alioune Touré Dia
publié dans Amina en novembre 1979.
--------------------------------------------------------------------------------
Succès littéraire de Mariama Bâ pour son livre
"Une si longue lettre"


Le livre de Mariama Bâ qui vient d'être publié aux Nouvelles Editions Africaines est intitulé "Une si longue lettre". L'unanimité des lecteurs et des critiques semble faite pour dire que c'est un roman plein de sensibilité comme seules les femmes savent en avoir.


Ce livre retrace la vie de deux amies: celle qui écrit la lettre, c'est Ramatoulaye. Celle à qui on écrit, c'est Aïssatou. A travers leurs deux vies que raconte celle qui écrit, c'est la sensibilité de deux femmes qui n'ont pas le même tempérament qui se dessine, c'est à la fois et surtout la peinture de la société sénégalaise. Cette femme ayant des enfants, il est normal qu'elle en parle. Cela débouche aussi sur la description de la jeunesse actuelle, des problèmes qui se posent à elle et aux mères éducatrices. Mais des femmes âgées sont représentées également dans ce roman. C'est la troisième génération de femmes. Leurs caractères et leurs mentalités se dessinent. Il y a notamment dans le récit une dame, la belle-mère du héros principal du roman. Cette dame pour entrer dans une certaine catégorie de femmes, les femmes aux bracelets lourds, n'hésite pas à mettre fin aux études de sa jeune fille et à la donner en mariage à un homme qui pourrait être son père. Il y a également Tante Nabou qui représente la femme traditionnelle, attachée à la vérité ancienne et qui défend farouchement son sang contre l'apport du sang d'une bijoutière ou castée. Il y a aussi une autre femme, Fatoumata qui est griote et qui représente une autre catégorie de femmes. En un mot, il y a dans ce roman un peu de tout ce qui intéresse de près ou de loin, à l'heure actuelle, nos sociétés en général, les femmes en particulier. C'est ce qui a fait dire à certains que ce livre ferait date dans l'histoire de la littérature africaine. Nous avons rencontré Mariama Bâ pour ces raisons. Nous avons parlé avec elle de sa vie, de ses idées et de son oeuvre.

--------------------------------------------------------------------------------
Qui êtes-vous, Mariama Bâ?

Je suis une sénégalaise. Mon père fut le premier ministre de la santé de la Loi-Cadre. Je suis orpheline de mère. J'ai été élevée par ma grand-mère. Mais grâce à mon père et à la vision juste qu'il avait eu de l'avenir, j'ai été à l'école, malgré mes grands-parents qui étaient des traditionalistes. Ma maison familiale est située à l'ancienne route des Abattoirs municipaux de Dakar qui porte actuellement le nom d'un conseiller municipal, Armand Angrand. Elle fait face au service d'hygène. Ce bâtiment montre par sa structure l'aisance de mes grands-parents. Mon grand-père est un lébou de Dakar. Dans notre concession familiale, il y a une grande mosquée en dur où s'assemble une foule à chaque heure de prière. Normalement, j'aurais dû grandir dans ce milieu familial, sans connaître l'école, avec l'éducation traditionnelle qui comprend l'initiation à des rites. Je devais savoir faire la cuisine, la vaisselle, piler le mil, transformer la farine en couscous. Je devais savoir laver le linge, repasser les grands-boubous et chuter le moment venu, avec ou sans mon consentement dans une autre famille, chez un mari.

Mais vous avez été tout de même à l'école. Quelle formation avez-vous reçue?

J'ai fait les classes primaires à l'actuelle école Berthe Maubert anciennement dénommée Ecole des Filles. En ce temps-là, après le certificat d'études primaires élémentaires, on faisait une classe préparatoire pour les grands examens. Le choix n'était pas vraiment large. Les bonnes élèves étaient orientées vers le concours de l'Ecole Normale des jeunes filles de Rufisque. Les élèves les plus âgées allaient à l'Ecole des Sages-Femmes. Les autres apprenaient la dactylographie pour être des secrétaires, par une formation accélérée. Je n'ai pas choisi d'aller à l'Ecole Normale des jeunes filles de Rufisque. J'avais choisi d'être secrétaire. J'avais à cette époque 14 ans. L'importance du choix d'un métier ne m'apparaissait pas du tout. C'est la directrice de l'école des filles qui est venue me retirer du groupe des élèves du secrétariat. Elle me dit: "Tout le monde mais pas toi. Tu es intelligente. Tu as des dons. Même si tu ne veux pas y aller, tu vas préparer le concours d'entrée à l'Ecole Normale des jeunes filles de Rufisque pour le renom de notre école." C'est pour le renom de notre école donc que j'avais préparé ce concours. A mon admission mes grands-parents ont voulu s'opposer à mon entrée à cette école. Un de mes oncles disait: "Pour les études d'une fille, le certificat d'études, ça suffit largement. Halte-là."Il a fallu vraiment le dynamisme de notre directrice Mme Maubert pour arracher le consentement de ma famille, mon père étant absent, affecté à Niamey. Le concours de l'Ecole Normale des jeunes filles de Rufisque était organisé à l'échelon de l'ex Afrique Occidentale Française. J'avais la chance de sortir cette année-là, première de l'ex-AOF. Mme Legoff, directrice de l'école des jeunes filles de Rufisque, était une femme de tête. Mais j'insiste sur le fait qu'elle était aussi une femme de coeur. C'est de son coeur qu'est né ce lien qui me relie à elle. Ce lien m'a suivi toute ma vie. Ce n'est pas un sentiment qui m'est spécial. C'est le sentiment de toutes les filles qui ont vécu à Rufisque. Mme Legoff avait une vision juste de l'avenir de l'Afrique. Son éducation reposait sur les principes que nous entendons prôner aujour'hui: "enracinement et ouverture. Enracinement dans nos valeurs traditionnelles propres, dans ce que nous avons de bien et de beau, et ouverture aux autres cultures, à la culture universelle." C'est ainsi qu'elle était arrivée à nous faire oublier que nous étions de colonies différentes. Nous avons noué des amitiés par affinités et par tempérament sans penser que telle était guinéenne, telle dahoméenne et telle autre ivoirienne; ce qui a créé entre nous un vrai brassage de races et de moeurs. Cela nous a appris à tenir compte d'autrui, à faire taire nos ressentiments. Un esprit de tolérance!

Du militantisme d'association

Depuis combien de temps êtes-vous dans l'enseignement?

J'ai exercé pendant 12 ans. Je suis sortie de l'Ecole Normale des jeunes filles de Rufisque en 1947. J'ai fait mes premiers pas dans l'enseignement à l'école de Médine. C'est à la suite d'une maladie que j'ai été affectée à l'inspection régionale où je sers toujours.

Il semble que vous servez aussi dans bon nombre d'associations féminines comme membre à part entière...

Je suis membre de ''Amicale Germaine Legoff". C'est l'Amicale de toutes les Normaliennes qui ont reçu leur formation de Mme Legoff à Rufisque. C'est cette amicale qui avait demandé aux autorités sénégalaises de prénommer l'Ecole Normale des jeunes filles de Rufisque, l'Ecole normale des jeunes filles Germaine Legoff. Nous avons obtenu satisfaction. Je suis aussi membre du Soroptimiste International, Club de Dakar. Je suis membre également du Cercle Fémina qui est une association de solidarité.

Mais pourquoi avez-vous opté pour le militantisme d'association?

Il y a des difficultés réelles pour la femme dans le militantisme politique. Si la femme est animée d'un idéal politique, si elle ne veut pas seulement être un support, un objet qui applaudit, si elle a en elle un message politique, il lui est difficile de s'insérer dans un parti politique. Les hommes sont souvent égoïstes. Il faut voir le visage de l'Assemblée nationale sénégalaise. C'est le pluralisme politique qui a renforcé le nombre de femmes, avec les femmes élues au niveau de l'un des partis d'opposition, le parti démocratique sénégalais, PDS. S'il n'y avait pas eu l'apport féminin de ce parti, il y aurait comme dans la législation précédente, quatre femmes; ce qui n'est même pas une représentation régionale. Il y a aussi des difficultés inhérentes aux resonsabilités de la femme au foyer. C'est la femme qui enfante, qui est mère, qui nourrit ses enfants, qui fait ou supervise les travaux domestiques. Il est difficile qu'elle cumule ces tâches avec des activités extérieures, si elle ne sait pas programmer son temps. Il est difficile d'ajouter des responsabilités à cet enlisement que représente la marche du foyer. Il y a également un autre handicap: le travail de la femme corse davantage la difficulté du militantisme politique. Au niveau des partis les organisations féminines connaissent des tiraillements inconnus des organisations masculines du fait du tempérament de la femme. La femme a l'émotion facile et la langue bien pendue. Quand elle rencontre une rivale sur son chemin, elle se met sans hésitation à fouiller dans son passé, pour ressusciter la grand-mère sorcière ou un fait sordide du grand-père. Au lieu de placer la lutte sur le plan idéologique, elle instaure la lutte sur le plan personnel. Toutes ces difficultés font hésiter bien des femmes à entrer dans l'arène politique. Dans le militantisme politique, l'octroi de postes comme les portefeuilles ministériels, les sièges de députés doublent les rivalités. Mais quand on a envie de travailler sainement, qu'on ne recherche pas à être connue, les associations féminines offrent des cadres d'évolution aux angles plus arrondis. Il y a des manoeuvres plus aisées sans hargne, sans rogne, sans grogne. Les associations féminines donnent les mêmes moyens d'épanouissement que les partis politiques. La promotion de la femme et de l'enfant sont souvent le mobile de leurs actions, même des femmes politiciennes. Cela ne signifie pas que nous soyons désintéressées du sort de notre pays, que nous n'aimions pas la politique. Bien au contraire. Nous savons le poids politique plus déterminant pour la marche de la Nation que le poids des associations féminines. Mais malgré cela, il y a des satisfactions dans le militantisme d'association.

Les encouragements d'Annette Mbaye D'Erneville.

Venons-en maintenant à votre roman intitulé "Une si longue lettre" qui semble faire l'unanimité des lecteurs et des critiques. Qu'est-ce qui vous a poussée à écrire?

Ce sont des amitiés (hommes et femmes) qui m'ont poussée à écrire. Quand j'étais à l'Ecole Normale des jeunes filles de Rufisque, mes devoirs étaient jugés très bons. Notre directrice avait montré l'un d'eux au directeur de la revue "Esprit" qui était venu en visite dans notre école. Ce dernier avait trouvé le texte tellement intéressant qu'il l'avait publié dans la revue. Après, Maurice Genevoix en publia de larges extraits dans un livre. M. Terisse en faisant un manuel pour les élèves du cours moyen de deuxème année a adapté le texte en le titrant: "Enfance à Dakar". Ce devoir éclairait de souvenirs personnels les lieux de ma naissance, comme on me demandait de le faire. Mais à la fin du texte, comparant mon enfance dans cette route de l'Abattoir, mon milieu familial et ses douceurs, au milieu où j'évoluais, j'ai senti en moi un conflit. Et je m'étais écriée:"On a blanchi ma raison et ma tête est restée noire. Mais mon sang inattaquable piaffe dans mes veines civilisées". J'avais écrit également en me souvenant des danses de mon enfance "J'avais huit ans et je criais tam-tam emporte-moi". A une époque où l'on prônait l'assimilation, je prenais position en la refusant. C'est ce refus qui a fait la célébrité de ce devoir. Des amis m'ont toujours poussé a écrire, surtout Annette Mbaye d'Erneville, ancienne journaliste à Radio-Sénégal. Forte de ma promesse, elle avait annoncé aux Nouvelles Editions Africaines (NEA) que j'allais leur apporter un manuscrit. Alors j'ai pensé à la réaction de ces messieurs assis autour d'une table commentant le fait de la non remise de manuscrit et se moquant d'une femme. Je me suis mise aussitôt à écrire "Une si longue lettre". Il est vrai que j'en connaissais les contours et que des éléments foisonnaient dans ma tête. Je voyais déjà comment le livre pouvait se terminer. L'encouragement d'Annette Mbaye d'Erneville a aidé à la naissance de l'oeuvre.

Pourquoi parlez-vous au juste à la première personne du singulier dans ce livre?

J'ai voulu donner au roman une forme originale. En général, l'auteur se met en dehors des personnages et raconte. J'ai choisi la forme d'une lettre pour donner à l'oeuvre un visage humain. Quand on écrit une lettre, on dit je. Ce "je" s'identifie à Ramatoulaye et non à l'auteur.

La polygamie indéfendable...

Dans votre roman, vous abordez entre autres problèmes, celui de la polygamie. Vous le faites par l'entermédiaire du personnage principal Ramatoulaye. Cette dernière parle sans gaîté de coeur du mariage de son mari avec Bintou l'amie de la jeune fille Daba. Comment voyez-vous personnellement le fait polygamique?

Une femme n'accepte jamais la polygamie par gaîté de coeur. C'est le cas de Ramatoulaye. Les femmes qui acceptent la polygamie sont contraintes. Comme le dit si bien d'ailleurs Aminata Sow Fall dans son livre intitulé "La grève des battus". Je cite de mémoire: "Toutes les femmes ont au moins une fois dans leur vie rêvé d'un mari pour elles toutes seules." C'est contraintes par les hommes, par la société, par la tradition, que la femme vit en polygamie. Une femme de mon âge qui approche de la cinquantaine peut accepter la polygamie. Quand par exemple on perd son mari où qu'on est divorcée d'un certain âge, il est difficile de trouver un conjoint de son âge, libre. Pour ne pas terminer solitairement ses jours, on peut en sacrifiant son idéal, avoir un compagnon. C'est sur ce plan seulement que la polygamie est peut-être défendable. Et encore, on fait du tort à la femme avec qui on partage son mari et les problèmes restent aussi ardus qu'à vingt ans. Mais une jeune fille qui est au début de sa vie, qui a tout son avenir, qui a son potentiel de jeunesse et de beauté, elle peut tout de m'ême s'engager dans le mariage monogamique. Les jeunes qui vont dans un mariage détrôner celle qui y est, subiront elles aussi, un jour, le même sort. Le mari qui commence à avoir deux femmes ne terminera certainement pas avec deux femmes. Il ira jusqu'à quatre femmes. Les mêmes raisons qu'il apporte à sa deuxième épouse pour expliquer son geste, il les donnera à la troisième fiancée ou à la quatrième pour les épouser.

Contre le système des castes mais...

Dans votre roman, vous abordez également le problème des castes. Il y a Aïssatou à qui on écrit la lettre, qui est castée et mariée à Mawdo Ba, un toucouleur de sang noble. En ce qui vous concerne, quel est votre jugement sur le système des castes?

A mon niveau, il m'est vraiment très difficile de répondre. Je trouve que c'est un problème à dépasser comme tant d'autres. Mais ce n'est pas avec nous qui sommes une génération charnière que ce problème trouvera une solution définitive. Nous pouvons aider à l'amorce d'une solution. Nous subissons des pesanteurs sociales au niveau de nos parents qui sont encore vivants. Je compte davantage sur les jeunes pour que ce problème soit aboli.

D'après ce que j'ai compris, vous n'accepteriez pas de donner votre fille par exemple à un jeune homme casté.

Si je le faisais, j'aurais les haros de toute ma famille, même si profondément je suis contre la ségrégation des castes. Il y a la force du sang, la force des liens familiaux. Je suis obligée de me plier aux exigences du groupe. Si j'ai ma fille qui marie son enfant avec un casté, ce n'est pas moi qui viendrai l'en dissuader. Je ne trouverais pas la même attitude indifférente chez mes parents.

Revoir la cellule familiale

Après avoir lu tout votre livre, on a l'impression que dans nos pays il y a une crise de la famille. Est-ce exact?

C'est très juste. Il y a une remise en question de la cellule familiale. C'est surtout au niveau des hommes qu'il y a crise. Nos grands-pères et nos pères craignaient Dieu et avaient des principes même s'ils étaient polygames. Il y a un certain respect qu'ils accordaient à leurs femmes. Il y a des limites qu'ils n'osaient pas franchir. On assiste aujourd'hui à des remises en question apportées dans notre société par des violations extérieures. Ces violations extérieures remettent en cause le noyau auquel nous croyions dans le passé et qui faisait vraiment notre force. Il y a notamment les agressions matérielles, celles de la société de consommation qui font que les jeunes filles très tôt, veulent arriver à l'échelon extrême de la richesse: voiture, villa, prêt-à-porter etc... Elles n'hésitent pas à se marier avec des hommes plus âgés qu'elles et nantis de trente gosses déjà. Où peut aboutir un mariage si disparate?

La crise de la famile ne rique-t-elle pas d'avoir des répercussions sur le plan national?

Ce sont les familles qui composent la Nation. S'il n'y a que des familles soudées, avec une vie harmonieuse, cela se répercute au niveau national. Il y a entente et épanouissement. Mais si les familles sont par contre désagrégées, les enfants, qui représentent le levain et l'avenir du pays ne sont pas bien éduqués. Ces enfants devenus adultes ne seront pas des hommes formés, conscients, aptes à tenir les rênes du pouvoir. La Nation recrute ses dirigeants parmi les enfants. Ces enfants pervertis, la Nation se retrouve avec des chefs comme ces faux dirigeants qui se prennent pour des dieux et poussent leur cruauté et leur inconscience jusqu'à assassiner des enfants.

Le tertre abandonné ou le chant écarlate?
De quoi dépend à votre avis, la réussite d'un foyer?

La femme est l'âme du foyer. L'homme et la femme ont deux natures différentes. La femme mariée porte davantage d'intérêt au compagnon de sa vie. Elle n'a pas d'ambition en dehors de son foyer. C'est un être qui n'a pas d'instinct polygamique. La femme est sans problème. C'est donc l'homme qui fait la réussite d'un foyer. Si l'homme se comporte en homme conscient, en compagnon tendre pour sa femme, cette dernière reste au foyer. La femme ne demande qu'à être aimée. La femme rend l'amour qu'on lui porte.

Après "Une si longue lettre", j'espère Mariama Bâ que vous n'allez pas interrompre brutalement la "correspondance" ou mieux encore, la production littéraire.

Je viens tout juste de terminer un roman. J'hésite entre deux titres "le tertre abandonné" et"le chant écarlate". Je démontre dans ce livre qu'on ne peut pas impunément se défaire de ce que l'on est, du jour au lendemain. Il s'agit d'un mariage mixte. J'espère que ce roman trouvera un éditeur et la même audience auprès des lecteurs que "Une si longue lettre".






Une description de la femme a été faite dans la nouvelle que j'ai écrite: je me suis également proposé de donner une vision d'une société, vu par une femme.
Ces nouvelles sont, en tant qu'africain un départ pour une plongée dans la littérature universelle.
Bonne lecture.

http://www.editionsmelonic.com/Virtuel/auteurs/europe/teddybatchi-eu029.htm
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MessagePosté le: Mar 20 Sep 2005 19:34    Sujet du message: Répondre en citant

Ted Lamour a écrit : Une description de la femme a été faite dans la nouvelle que j'ai écrite: je me suis également proposé de donner une vision d'une société, vu par une femme.
Ces nouvelles sont, en tant qu'africain un départ pour une plongée dans la littérature universelle.
Bonne lecture.


on a bien vu que tu as envie de faire connaître tes textes ! si tu veux vraiment apporter quelque chose ici, ce serait plutôt d'en parler : quelle est la femme que tu décris ? pourquoi la décris-tu comme ça ? pourquoi avoir voulu donner une vision de la société par une femme et quelle est cette vision ?
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MessagePosté le: Mar 20 Sep 2005 20:08    Sujet du message: Répondre en citant

Suite des personnages du "jujubier du patriarche"

Quelques mots sur les autres personnages du "présent" avant de m'attarder sur les personnages féminins importants de l'Epopée :
Penda, qui partit vivre avec son mari dioula au Cameroun avec qui elle eut trois enfants et qui, écartée de sa belle-famille à la mort de son mari partit vivre au Zaïre avec ses trois enfants puis qui fut expulsée vers sa famille au Sénégal, là où elle refit sa vie et eut Naarou qu'elle confia à Yelli et Tacko. C'est à la fois l'aventurière et l'un des pilliers de la famille notamment du fait de sa complicité avec Yelli.
La vieille tante Sekka décrite comme une femme aigrie, sans enfant et qui a "enterré" toutes ses co-épouses, qui exerça jusqu'à la fin, un empire diabolique sur son mari Macodou.
Bouri, la petite soeur de Naarou, du moins affectivement, qui rêva d'être comédienne, se maria avec Goudi, en divorça puis se remaria et finit écrasée par un camion.
On se retrouve donc face à des personnages d'une réelle épaisseur pour la plupart, avec des caractères bien définis et très divers ce qui donne toute la richesse du livre d'Aminata Saw Fall.


Les trois grands personnages féminins de l'épopée sont Warèle l'ancêtre de Naarou, sa petite fille Biti, et Dioumana.

Les deux premières ont un rôle important dans le dénouement. C'est grâce à elles que Yellimané pourra aller délivrer sa mère réfugiée dans le ventre de la baleine.

Mais je vais m'attarder sur Dioumana parce qu'elle est pour moi l'emblème de la féminité-même : attirante jusqu'à la folie, d'une coquetterie "moderne" avec ses nombreux tatouages, prête à disparaître si son mari refuse de l'adorer au sens propre du terme (c'est la raison pour laquelle elle se réfugiera dans le ventre de la baleine), prête à se sacrifier pour lui (elle mourra pour sauver l'Almamy)...
Autour d'elle, elle crée un monde de magie, de folie, de sensations, de communion, d'oubli...
C'est l'un des premiers "personnages" dont on parle dans le livre et c'est le dernier qui "entre en scène". C'est une véritable apparition, à la hauteur de l'attente du lecteur !

Quelques extraits du livre la présentant seront proposés.
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MessagePosté le: Mer 21 Sep 2005 08:08    Sujet du message: Répondre en citant

Dioumana est présente dans tout le livre. On se rappelle du résumé ironique à ce moment-là de l'épopée de la bouche de Tacko à Yelli (scène que j'ai reportée quelques posts plus hauts).
Mais elle est surtout présente dans les deux chants de la 2e partie du livre, en tant que personnage de l'Epopée, dans le récit du chant de Naani le griot d'abord où est conté le dénoument de l'épopée, puis dans le chant de Naarou où cette dernière décrit la jeunesse de Dioumana, sa rencontre avec l'Almamy en soulignant sa beauté.

D'abord le récit du chant de Naani : au moment au Dioumana est délivrée, les deux camps ennemis de Gueladio et de l'Almamy sont réunis.
"Le chant précise : il est des faits qu'il ne sera jamais donné à l'être humain de décrire. Tel fut ce face à face entre deux clans que tout séparait a priori mais qui se trouvaient là par la magie de la beauté d'une femme".
La première apparition de Dioumana a quelque chose de divin, de religiosité... Moment de Création. Plus qu'une deuxième naissance pour Dioumana. L'auteur ne la fera pas parler mais par sa description comportementale, par celle de son regard, elle en fait une héroine puissante, gracieuse, séductrice qu'elle élève au rang de déesse, une déesse dangereuse pour l'homme.
"La foule resta muette encore un petit moment. Interdite, comme cette armée de nuages qui avait l'air de lâcher la voûte céleste sur les têtes abruties par l'émotion et qui semblait avoir suspendu ses menaces, tout en les laissant planer sur la multitude d'hommes, de femmes et d'adolescents à la lisière du rêve (...). Ceux des premiers rangs virent une parcelle d'eau se soulever en trombe avant de se désagréger en une grosse gerbe à petites bulles, qui en se perdant dans le fleuve, laissèrent apparaître Yellimané tenant Dioumana par la main. Dès lors, une hystérie collective secoua les foules, de part et d'autre du fleuve. C'étaient des cris de joie et d'adimiration, des danses et ds chants? C'étaient aussi des larmes de bonheur. Des femmes et des hommes entraient en transe; C'était le délire; Fou, fou, fou. C'était enfin, du côté de Gueladion, un concert de voix rugissant, d'instruments à vent, de sifflets et de crécelles.
Dernières foulées de Yellimané et Dioumana dans le fleuve. Une merveille altérée par un relent de scandale pour les hommes de l'Almamy : la mère toute nue marchant côte à côte, main dans la main, avec son le fils qui - pudeur ? - ne la regarde pas. L'épouse de l'Almamy... Ô sacrilège ! On baissa les yeux du côté de Sarebibi et un lieutenant plus prompt que les autres se débarrassa de son turban, le déploya avec adresse sur le coprs de Dioumana sans la regarder? Celle-ci imperturbable, aujusta l'étoffe autour de son ventre et en fit passer un pan au-dessus de son épaule gauche. L'épaule droite, la tête et les jambes restèrent découvertes. Elle n'en parut nullement gênée. Pendant que, solennellement, Yellimané saluait son père, elle plongea son regard satanique dans le turban de l'Almamy. Ce dernier résista aux forces opposées qui l'assaillaient. Le poème ne s'éteint pas éteint ; il le savait."


Des derniers extraits pour Dioumana, quelques vers du chant de Naarou sur lequel se termine le livre.

"(...) O Yellimané fils de Dioumana
L'amazone paisible et rieuse
Qui conquit le coeur d'un Almamy
Dioumana aux sept tatouages,
Subhaanama cette sirène du Foudjallon
Longueur de liane, douce comme lait qui caille,
Mystérieuse comme l'océan.
Joyau tombé du ciel.
A douze ans elle s'est tatouée
(...)
Dioumana, quelle beauté !
A treize ans elle s'est tatouée
Ey kham, pourquoi ? a dit Diary la tatoueuse.
- Pour être belle Diary !
Deux fois, c'est toujours mieux !
(...)
Dioumana a dansé sa joie
Dieu ! Son rire sous ses gencives bleues
Et sa livre indigo
Et son teint en satin ocre.
(...)
Le jour faste du mariage
Elle avait quatorze ans et Sarebibi vingt ans
(...)
Elle devient femme, Dioumana
- Sarebbi : je m'en vais me tatouer.
Ses dents étaient blanches et sa lèvre indigo.
Et ses gencives comme un croissant de pasteL
- Sarebibi : je m'en vais me tatouer.
- Caprice de femme, Dioumana mon épouse ?
- Pour mieux t'aimer, Sarebibi
(...)
- Ey kham, s'étonna Diary la tatoueuse.
- Pour plaire à Sarebibi, Diary
Trois fois c'est mieux que deux
Puis quatre, cinq, six et sept.
Et naquit Yellimané.
(...)"
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MessagePosté le: Mer 21 Sep 2005 08:27    Sujet du message: Répondre en citant

Avant de finir sur les autres personnages, je m'interrogeais finalement sur la façon dont Aminata Sow Fall a choisi de parler de l'Epopée.
Je ne sais pas si c'est moi, en tant que lectrice femme, ou véritablement dans le choix de l'auteur, j'ai l'impression qu'elle traite de façon "féminine" cette épopée car c'est l'histoire d'amour qui a toute sa place finalement.
J'aurais bien aimé l'avis de lecteurs ou lectrices sur ce livre qui je le répète, est vraiment enchanteur !
Il laisse la place belle aux femmes mais les hommes ne sont pas décrits de façon trop dure, on les voit dans leur sensibilité, leurs faiblesses, leurs forces, leurs sentiments et c'est en cela que je trouve qu'Aminata est plutôt juste dans son regard.
Il est vrai qu'elle met surtout en avant des personnages féminins et c'est pourquoi ce livre a toute sa place ici.
Koumane, le père de Lambi, griot de l'Almamy ne disait-il pas :
"l'équilibre de notre monde repose sur les épuales de la femme, du marabout et du griot (...). Le secret est la mine d'or inépuisable que nous partageons avec les femmes et les marabouts conscients de leur dignité...".
Le livre d'Aminta Sow Fall est pour moi un véritable hommage à la femme, mais à la femme "plurielle" : la femme-mère, la femme séductrice, la femme-esprit, etc.
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Ted LAMOUR
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MessagePosté le: Jeu 22 Sep 2005 11:55    Sujet du message: Répondre en citant

diali a écrit:
Ted Lamour a écrit : Une description de la femme a été faite dans la nouvelle que j'ai écrite: je me suis également proposé de donner une vision d'une société, vu par une femme.
Ces nouvelles sont, en tant qu'africain un départ pour une plongée dans la littérature universelle.
Bonne lecture.


on a bien vu que tu as envie de faire connaître tes textes ! si tu veux vraiment apporter quelque chose ici, ce serait plutôt d'en parler : quelle est la femme que tu décris ? pourquoi la décris-tu comme ça ? pourquoi avoir voulu donner une vision de la société par une femme et quelle est cette vision ?


Pourquoi la femme?

Parce que dans un monde ou nous vivons un periode de grosses incertitudes ,il est utile d'associer à la raison un élément que seul la femme peut avoir de façon permante
Aujourd'hui, le chomage, la misère, les problemes écologiques, les problmes en Afrique, et les problèmes de société en général, font que nous nous questionnant parfois(pour ceux qui s'en donne la peine) sur notre avenir en tant qu'humain. Pour cela la raison présente parfois ses limites. Alors l'intuition, l'imagination, doivent aussi intervenir pour sentir l'air du temps et nous aider à savoir ou nous allons. Ces traits de caractère sont par essence féminin, ce qui explique lefait que j'ai choisi une femme pour donner son poinr de vue sur la société.

Merci
L'élément qui
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Ted LAMOUR
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MessagePosté le: Ven 23 Sep 2005 08:39    Sujet du message: Répondre en citant

[quote="Ted LAMOUR"]
diali a écrit:
Ted Lamour a écrit : Une description de la femme a été faite dans la nouvelle que j'ai écrite: je me suis également proposé de donner une vision d'une société, vu par une femme.
Ces nouvelles sont, en tant qu'africain un départ pour une plongée dans la littérature universelle.
Bonne lecture.


on a bien vu que tu as envie de faire connaître tes textes ! si tu veux vraiment apporter quelque chose ici, ce serait plutôt d'en parler : quelle est la femme que tu décris ? pourquoi la décris-tu comme ça ? pourquoi avoir voulu donner une vision de la société par une femme et quelle est cette vision ?


Qui est cette femme?

Cette femme n'est autre qu'un etre humain qui peut etre chacun d'entre nous.homme comme femme, sommes appelés à vivre des évènements qui seront pour nous élevateurs. Comme tous les éléments du vivant nous nous devons de grandir, dans notre corps , mais également dans notre vision des choses, donc dans notre manière de vivre. C'est aisni que nous arriverons à se frayer notre petit chemin dans cette vie. C'est en grandissant que notre existence prend tout son sens. J'ai choisi un etre humain de type féminin pour les raisons que j'ai énuméré plus haut.


description de la femme?

Je n'en ai faite aucun description physique. Cependant je l'ai décrit, sans apporter de jugement,sous un profil qui correspond à des facettes du monde d'aujourd'hui:
- intellectuelle(au sens académique du terme)
-ambitieuse
-sensible
- Elle avait fait un choix sur sa sexualité.
La vitesse avec laquelle va le monde nous exige presque tous à emprunter ces profils.
J'ai donc décrit un etre humain au 21eme siècle, dans une société de type "moderne".


PourquoiLa vision de la société par une femme?

j'ai énuméré les raisons plus haut


La vision de cette société?

lisez par vous meme.
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MessagePosté le: Ven 23 Sep 2005 11:25    Sujet du message: Répondre en citant

Ted LAMOUR a écrit:
diali a écrit:
Ted Lamour a écrit : Une description de la femme a été faite dans la nouvelle que j'ai écrite: je me suis également proposé de donner une vision d'une société, vu par une femme.
Ces nouvelles sont, en tant qu'africain un départ pour une plongée dans la littérature universelle.
Bonne lecture.


on a bien vu que tu as envie de faire connaître tes textes ! si tu veux vraiment apporter quelque chose ici, ce serait plutôt d'en parler : quelle est la femme que tu décris ? pourquoi la décris-tu comme ça ? pourquoi avoir voulu donner une vision de la société par une femme et quelle est cette vision ?


Pourquoi la femme?

Parce que dans un monde ou nous vivons un periode de grosses incertitudes ,il est utile d'associer à la raison un élément que seul la femme peut avoir de façon permante
Aujourd'hui, le chomage, la misère, les problemes écologiques, les problmes en Afrique, et les problèmes de société en général, font que nous nous questionnant parfois(pour ceux qui s'en donne la peine) sur notre avenir en tant qu'humain. Pour cela la raison présente parfois ses limites. Alors l'intuition, l'imagination, doivent aussi intervenir pour sentir l'air du temps et nous aider à savoir ou nous allons. Ces traits de caractère sont par essence féminin, ce qui explique lefait que j'ai choisi une femme pour donner son poinr de vue sur la société.

Merci
L'élément qui



merci pour les explications
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MessagePosté le: Mer 28 Sep 2005 21:46    Sujet du message: Répondre en citant

En attendant le fameux lien pour "le jujubier du patriarche" (il arrive, c'est vrai Laughing ), juste quelques mots sur le prochain livre dont je parlerai :
"rue Félix-faure" de Ken Bugul.
Il est sorti récemment, on le voit un peu partout (ou presque !).

Quelqu'un l'a-t-il lu ?

C'est encore un livre intéressant, écrit par cette femme écrivain sénégalaise et vivant au Bénin, dont j'ai déjà parlé plus haut, et qui traite aussi beaucoup des femmes.

En dehors même des caractéristiques propres des personnages féminins de ce livre, les femmes racontées sont liées en fait par leurs souffrances dues à un moqadem, guide spirituel, abusant de leur crédulité. Il s'agit d'une critique de ces faux guides spirituels, qui ont une emprise folle sur les personnes, par le poids de Dieu, alors qu'ils ne sont intéressés que par l'argent et le sexe.

A vrai dire, j'ai été déçue pendant presque la première moitié du livre du fait de ce style qui se "voulait" poétique, notamment par l'usage de la répétition. En effet, Ken Bugul, d'après moi, a abusé de la répétition dans une bonne partie du livre ce qui, en plus de créer cet univers poétique de la rue Felix-Faure comme souhaité, en donne une image trop lourde et artificielle. Petit à petit, son style s'est allégé et avec l'accélération de l'énigme, car le livre est globalement un roman policier, j'ai fini par le lire avec plaisir.

J'attends un peu de savoir si certains l'ont lu avant de me lancer comme d'hab dans le résumé et la description des personnages féminins.
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MessagePosté le: Jeu 29 Sep 2005 09:11    Sujet du message: Répondre en citant

sinon, le livre est aussi intéressant pour ceux qui connaissent Dakar car il y a une description socio-historique de la ville et notamment du quartier du Plateau.
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MessagePosté le: Lun 03 Oct 2005 20:40    Sujet du message: Répondre en citant

bon, je me lance alors !

"Rue Felix Faure" est une critique des intermédiaires de Dieu, des faux gouroux et des faux moqadems à travers le récit des souffrances d'un certain nombre de femmes tombées dans le piège et leur "résurrection" grâce à la vengeance.

"Rue Felix Faure" est le récit d'un cadavre retrouvé dans la rue et de ces quatre femmes voilées qui s'éloignent avec leur lampe-tempête de ce corps de lépreux découpé en morceaux avec ses "petites parties sexuelles" arrachées, enfoncées dans la bouche...

C'est le récit d'une énigme qui va se dénouer petit à petit mais c'est aussi le récit de cette rue-théâtre, rue de la vie, rue des belles filles sexy, rue des hommes en liberté parce qu'ils possèdent en eux Dieu sans intermédiaire, mais aussi rue des habitants aux drames enfouis laissant des personnages amputés par leurs souffrances : Drianké, la blueswoman boiteuse, la silencieuse Mun, Tonio et ses mornas, etc.
La silencieuse Mun découvre un tapuscrit et petit à petit, l'on comprend qui est ce cadavre, qui en a été victime... L'on comprend le boitement de Drianké, les mornas de Tonio, le silence de Mun, etc. Les quatre femmes voilées, les quatre lampes tempêtes...

Le livre est d'un réalisme cru par la description du cadavre, par les récits des sévices subis par les victimes du moqadem ou encore la description de la ville de Dakar où se déroule l'action et, en même temps, il est surréel avec la description des habitants de la rue (la nuit, ils portent des "costumes et des masques"), les noms qui leur sont donnés ("apprentis philosophes"), la description des maisons dans les arrière-cours (les maisonnettes qui ressemblent à des "boîtes à magie"), les jeux d'ombre et de lumière, les "voix qui se voulaient endormies", etc.
C'est une sorte de "conte pour adultes". Cela est renforcé par l'usage de la répétition qui par moment est véritablement agaçant !

La femme dans ce livre a essentiellement deux visages : celui de la femme libre, très belle, sexy, qui vient boire chez Drianké et, celui de la femme victime mais forte qui assure sa vengeance.
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