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Paroles de trafiquant de bois d'ébène

 
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OGOTEMMELI
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MessagePosté le: Ven 30 Sep 2005 05:53    Sujet du message: Paroles de trafiquant de bois d'ébène Répondre en citant

Théodore CANOT, « Les aventures d’un négrier », éd. Bouhet La Découvrance, 2004
Histoire véridique de la vie et des aventures du capitaine Théodore CANOT, trafiquant en or, en ivoire et en esclaves sur la côte de Guinée, telle qu'il la raconta en l'année 1854 à Brantz MAYER.


Voici un extrait, très dense, de ce texte. Qu’en pensez-vous ?Pp119-121 : « Toujours et partout, les Africains ont été esclaves : leur image dans les plus anciens monuments est associée à l’idée de travaux les plus vils et de complète servitude. Néanmoins, j’affirme sans hésiter que les trois quarts des esclaves exportés d’Afrique sont le fruit de guerres fomentées par la cupidité de notre propre race. Nous excitons les convoitises des noirs en leur inculquant des besoins et des désirs dont l’indigène ingénu n’avait jamais rêvé tant que l’esclavage était resté une institution purement domestique, répondant au seul souci de bien-être. Mais des denrées et des objets, d’abord de pur luxe, sont devenus peu à peu de première nécessité et c’est l’homme qui, en Afrique, est devenu, véritablement, la monnaie d’échange.
L’Angleterre d’aujourd’hui [1827], malgré toute sa philanthropie, expédie, sous la croix de saint George, à des comptoirs commodément établis sur la côte en vue du commerce légal, des fusils de Birmingham, des cotonnades de Manchester et du plomb de Liverpool, lesquels sont vertueusement échangés à Sierra Leone, à Acra et sur la Côte de l’Or, contre des traites espagnoles ou brésiliennes sur Londres. Pourtant, quel négociant britannique ignore sur quel trafic sont basées ces traites et pour qui sont effectués ces achats de marchandises ? La France, en dépit de son bonnet rouge et de sa fraternité, expédie des rouenneries, des eaux-de-vie de Marseille, de minces taffetas et mille colifichets de clinquant. L’Allemagne réclame sa part du gâteau avec ses miroirs et ses perles de verre et quantité de nos propres négociants [italiens] qui, s’ils était pris, pendraient le négrier à côté du pirate, n’hésitent pas à le ravitailler indirectement en tabac, en poudre, en cotonnades, en rhum yankee et même en idées de la Nouvelle-Angleterre afin de tendre le piège où il sera peut-être attrapé. Et, je le répète, c’est la convoitise de toutes ces marchandises qui est à l’origine des guerres entre Africains, guerres dont le seul but est de faire des esclaves, et c’est à une base faite de corps et de vies humaines que ces traites de premier ordre doivent leur solidité.

Telle est bien le fait dominant sur lequel s’appuie la traite de l’esclave africain ; pourtant, toute sorte de traite viendrait-elle à être interdite qu’on verrait encore les coutumes et les lois indigènes maintenir l’esclavage comme rouage de la vie domestique quoique, cela va sans dire, dans une proportion toute différente. Les haineuses querelles intestines entre tribus, ou entre différentes parties d’une même tribu, amèneront toujours des conflits armés semblables aux expéditions de nos ancêtres des temps féodaux et, invariablement, les captifs deviendront des serfs. D’autre part, le génie financier de l’Afrique, au lieu de choisir les billets de banque ou les métaux précieux pour agents monétaires, a décidé qu’une créature humaine, personnification du travail, est ce qu’il y a de plus précieux au monde. L’étalon des valeurs, c’est l’homme. Un esclave, c’est un billet à ordre qui peut être escompté ou échangé ; un lettre de change qui se transporte elle-même à destination et acquitte une dette en nature, un tribut qui entre sur ses pieds dans le trésor du chef. L’esclavage n’est donc pas près d’être abandonné par les noirs en tant qu’institution nationale. Dans l’intérêt social, le servage héréditaire persistera ! Ils enverront encore aux baraquements étrangers le criminel ou le prisonnier de guerre et voueront à la servitude sur place les enfants des condamnés, les enfants indisciplinés , les joueurs, les jeteurs de sorts, les vagabonds, les infirmes, le sourd, le muet, la femme stérile et l’homme sans foi. Cinq sixièmes de la population dans les chaînes.

Pour faciliter la vente de ces diverses sortes d’infortunés ou de malfaiteurs, il existe parmi les Africains, une classe nombreuse de courtiers aussi habiles dans leur trafic que les maquignons des pays civilisés dans leur. Ils parcourent la région en quête de sujets qui puissent répondre aux demandes diverses de leurs clients. Ils recrutent les gardes du corps des princes ; ils procurent, pour le service personnel, des individus issus de certaines tribus ; ils remplissent les harems des débauchés ; ils font rentrer les dettes sous forme de chair humaine ; dans des cas pressés, ils se substituent aux agents de la police et, sous prétexte d’emprisonnement, ils pratiquent des enlèvements. Si un roi indigène manque de cotonnades, d’armes, de poudre, de balles, de tabac, de rhum ou de sel et ne commerce pas directement avec le littoral, il se sert de l’un de es adroits compères pour effectuer la transaction. Ainsi, pendant que les cotonnades britanniques et le rhum yankee remontent le fleuve après avoir une fois changé de mains, l’esclave se rapproche de la côte où il deviendra la valeur d’ébène d’une lettre de change. »
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OGOTEMMELI
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MessagePosté le: Mar 04 Oct 2005 07:22    Sujet du message: Répondre en citant

Le contexte
L’Angleterre abolit la traite des Nègres le 01/05/1807 ; après le Danemark en 1802, mais avant la Suède en 1813 et la Hollande en 1814. Elle engagera progressivement d’autres Etats négriers à suivre cette voie, notamment au Traité de Paris de 1814, puis au congrès de Vienne de 1815. Elle ira jusqu’à en indemniser certains, tels l’Espagne et le Portugal, afin qu’ils abolissent la traite à leur tour. Aussi à partir de 1818, ses bâtiments de guerre sillonnent les mers pour traquer les contrevenants aux différents textes d’interdiction de la traite des Nègres.

A ce nouveau contexte européen d’abolitionnisme, les négriers répondent par des stratégies de contrebandiers, afin de poursuivre illégalement le trafic de bois d’ébène, surtout en partant de ports américains du Brésil, Cuba, EUA. Les différentes « aventures » de Théodore Canot ont lieu dans ce contexte, à la lumière duquel il faut comprendre son propos, notamment dans l’extrait ici visé.

Pour ce trafiquant de bois d’ébène, les Nègres ont toujours été esclaves, leurs nations ont toujours pratiqué l’esclavage, et continueraient de le pratiquer après que la traite soit abolie. A l’entendre, l’abolition serait comme inutile, et n’aurait pour conséquence que de rendre plus compliqué le trafic international de bois d’ébène, sans l’interrompre entre les « tribus » africaines, qui jamais n’abandonneraient une institution chez elles aussi prégnante et nécessaire.


Faits et interprétations
Canot affirme que 75% du volume de bois d’ébène embarqué sur les bateaux négriers (de son époque) proviennent de guerres « fomentées » en Afrique par « la cupidité » des Blancs. En d’autres termes, la disponibilité endogène de captifs et autres catégories serviles d’Afrique ne suffisait pas à approvisionner la demande européenne de bois d’ébène ; laquelle pour être satisfaite conduisait nécessairement à promouvoir les conflits armés entre africains, à multiplier les razzias et autres condamnations abusives d’ostracisme. Les victimes de ces conflits étaient donc, au moins indirectement, victimes de cette « cupidité » des Blancs. Il s’ensuit que réduire le nombre de victimes du Yovodah au seul nombre de déportés, au demeurant sous-estimé, est une escroquerie historiographique.

Selon Canot, l’esclave est devenu « l’étalon des valeurs » grâce au « génie financier de l’Afrique ». C’est le lieu de faire une remarque d’ordre général : les trafiquants de l’espèce de Théodore Canot n’étaient pas le moins du monde des sommités intellectuelles de leur époque ; c’étaient des aventuriers, souvent intrépides, motivés essentiellement par le goût du lucre. En conséquence, si l’ont peut tirer parti des faits (« brut de décoffrage ») qu’ils rapportent, il convient en revanche de se méfier grandement des analyses qu’ils en font ; lesquelles sont très souvent dépourvues de distance, et surtout de perspicacité.
Ainsi de cette invention de l’esclave comme monnaie : bien entendu ce sont les négriers blancs qui imposent progressivement ce moyen de paiement sur les côtes africaines où ils sévissent, contrairement aux élucubrations de Canot. Ce sont eux qui viennent échanger des produits manufacturés contre des lots de bois d’ébène ; eux qui par conséquent ont institué ce mode d’échange au fil des siècles.

Trois quarts de siècle séparent le « Journal » de Plasse et les « Aventures » de Canot, l’expédition légale du premier faisant place aux contrebandes du second. Dans cet intervalle, des courtiers nègres ont pris des positions importantes, en raison de ce que l’illégalité du trafic de bois d’ébène les a rendus encore plus indispensables à leurs commanditaires négriers blancs, obligés de payer plus cher leurs prestations et fidélité. D’autre part, la surveillance accrue du littoral africain par la marine militaire britannique contribue à réduire le nombre de comptoirs d’approvisionnement en bois d’ébène, et donc celui de courtiers nègres ; concentrant l’activité clandestine aux mains de quelques uns, augmentant du même coup leurs capacités économiques et leur pouvoir de type seigneurial. Ce seront les fameux "rois nègres ayant vendu les leurs". Sauf que "la Traite des Nègres" tirait déjà inexorablement à sa fin, et que Théodore Canot lui-même fut l'un de ces seigneurs, tout comme "Cha-cha, le prince des négriers" [chap. XXIV, pp195-200]...
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OGOTEMMELI
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MessagePosté le: Jeu 06 Oct 2005 04:59    Sujet du message: Répondre en citant

Tous les lycées d’Afrique et de la Diaspora devraient inscrire ce type de texte à leurs programmes d’histoire, afin d’introduire la jeunesse nègre à une connaissance directe, intrinsèque, des faits constitutifs du Yovodah.
Si je ne me retenais pas, c’est carrément un livre que j’écrirais pour exposer tous les commentaires que m’inspirent ces « aventures » de Canot, tellement il y en a à dire de la foule d’informations que ce texte comporte.

Une constante toutefois : de Plasse à Canot, ces récits ne font que très peu de cas des souffrances et atrocités infligées à leurs « cargaisons humaines » ; non pas qu’il n’y en eût pas, mais parce que cela n’avait pas une grande importance, relevant des banales nécessités de ce trafic. Ces »journal » et « aventures » consistent donc bien en une vision de la chasse par les chasseurs.

Aussi leurs élisions permettent-elles à certains commentateurs de mauvaise foi d’inférer que les cargaisons de bois d’ébène étaient généralement l’objet de la plus grande attention bienveillante de leurs « manutentionnaires » et trafiquants, lesquels les traitaient avec soin et prévenance. Bien entendu, il n’en fut rien, ou très rarement. D’ailleurs certaines données glanées ici et là dans ces récits confirment suffisamment la barbarie permanente à bord des négriers ; sans parler des conditions d’exploitation atroces du bois d’ébène, une fois mis à disposition des planteurs américains…

P99 « […] la nudité absolue sera, tout le temps du voyage, la seule manière d’assurer la propreté et la santé. […] quant aux enfants, garçons et filles, ils sont gardés, jour et nuit, sur le pont, sans autre abri contre les éléments qu’une voile lorsqu’il fait beau et, par gros temps, une bâche goudronnée. [.. ;] On a vu parfois sur des négriers, des esclaves tenter de se laisser mourir de faim ; aussi, lorsque le gardien déclare que le malade est un simulateur, l’appétit de celui-ci est-il excité par l’effet du « chat à neuf queues ». » Inutile de préciser que ce « chat à neuf queues » est un fouet…

Pp190-191 : « Douze des marins avaient contracté la maladie [la vérole] et quinze corps, déjà, avaient été jetés à la mer. On avait renoncé à tout secret. Cadavre après cadavre s’enfonçait dans l’abîme et la tempête soufflait toujours. Enfin, lorsque le vent et les flots s’apaisèrent suffisamment pour permettre d’enlever les panneaux de mer, notre consternation fut sans bornes en découvrant que presque tous les esclaves étaient morts ou mourants. Nous n’avions pas de temps à perdre en mélancolie ou en douleur sentimentale. Douze des plus vigoureux d’entre les survivants reçurent l’ordre de traîner dehors les cadavres gisant parmi les malades mais, malgré le rhum qui leur était versé en abondance pour les abrutir, nous dûmes renforcer leur équipe de courageux volontaires fournis par l’équipage qui, les mains protégées par des gants goudronnées, lançaient dans la mer ces amas de chairs putrides. Les jours se succédaient, pareils ; et, pourtant, l’amour de la vie ou, peut-être, l’amour de l’or, nous poussait encore à lutter avec une vaillance digne d’une meilleure cause. Enfin, la mort s’avoua satisfaite mais pas avant que les huit cents créatures embarquées pleine de santé ne fussent diminuées de quatre cent quatre-vingt-dix-sept squelettes. »

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OGOTEMMELI
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MessagePosté le: Jeu 13 Oct 2005 06:00    Sujet du message: Répondre en citant

Des nombreux personnages évoqués dans ce récit, quatre retiennent particulièrement l’attention. Outre le narrateur, Théodore CANOT, il y a Jack ORMOND, le « señor Da Souza », et « Don Pedro Blanco ».
En lieu et place des mythiques « rois nègres vendeurs de nègres », ceux-ci sont les principaux protagonistes du trafic de bois d’ébène au cœur du dix-neuvième siècle. Or, ce sont des Blancs ou des Métis établis sur les côtes africaines où ils règnent en parrains sur une économie négrière de contrebande. Certes, on trouve ici ou là des protagonistes nègres, et il ne s’agit pas de le nier, mais les « big boss » de ce Yovodah sont bien les Européens ou leurs progénitures locales. S’ils ne razzient pas directement, ce sont eux qui suscitent les razzias de Nègres, les financent, et fournissent les armes à feu pour ce dessein.

En conséquence, ces « aventures de négrier » apportent une énième preuve de ce que les vrais responsables du Yovodah, les seuls responsables de ce crime contre l’humanité nègre, sont les Blancs/Occidentaux. Les témoignages oculaires de ceux qui y ont participé concrètement ne cherchent pas à dissimuler cette vérité, mais plutôt à s’enorgueillir de leurs « aventures »…

Théodore CANOT
Né à Florence d’une mère italienne et d’un soldat français, il émigra à Boston en 1819 ; comme tant d’Italiens qui s’installèrent aux EUA au dix-neuvième siècle. Si certains comme AL Capone devinrent les grands parrains de la contrebande d’alcool au vingtième siècle, il faut savoir qu’au siècle précédent, le trafic qui attirait le plus les aventuriers, fussent-ils d’Europe ou des Amériques, était la contrebande de bois d’ébène. C’était l’une des voies les plus accessibles aux petites gens d’Europe, notamment les soldats démobilisés des nombreuses guerres entre nations blanches, pour faire rapidement fortune et s’extraire de leur modeste condition de naissance.
Canot exerça presque tous les métiers sur un bateau négrier, avant de devenir commandant de bord ; tantôt subrécargue, c’est-à-dire acheteur de bois d’ébène pour le compte de commanditaires, armateurs.
Puis il s’établit sur la côte africaine, offrant ses services à un gros négociant local, Mongo John, seigneur de Bangalang. C’est auprès de ce parrain du trafic de bois d’ébène que Canot apprendra le métier de « roi nègre marchand d’esclaves ». Il pourra alors s’établir à son propre compte, créant sa factorie clandestine à New Sestros, d’où il expédiera des milliers de Nègres dans l’univers concentrationnaire des Amériques. Il y assoira une solide réputation à l’égale des plus grands contrebandiers de Nègres, couronnée par le sobriquet de « Monsieur Poudre-à-canon »…

Jack ORMOND, alias Mongo John
C’était le fils d’un « opulent trafiquant originaire de Liverpool » avec une négresse, « fille d’un chef indigène du Rio Pongo ». Envoyé en Angleterre par son père pour y étudier, il dû revenir en Afrique plus tôt que prévu, à cause du décès de ce père. Pour payer son voyage retour, Jack effectua des petits boulots de marin pendant plusieurs années. Une fois en Afrique, il hérita des affaires de son père, propriétaire d’une « factorie », grâce au soutien de sa mère qui sut faire valoir les droits de son aîné orphelin selon les lois locales.
« […] le jeune marin concentra bientôt dans ses mains toute la puissance de la famille et se proclama « Mongo », c’est-à-dire chef de la rivière […] en même temps il dépêchait des messagers à Sierra Leone et à Gorée pour annoncer qu’il serait promptement en mesure de pourvoir d’amples cargaisons […] On imaginera sans peine que peu d’années suffirent à faire de Jack Ormond non seulement un opulent négociant, mais aussi un Mongo populaire parmi les grandes tribus foulahs et mandingues à l’intérieur. Les petits chefs dont les territoires bordaient la mer, le flattaient en lui donnant le titre de roi et, connaissant ses goûts mormons, ils peuplaient son harem avec les plus beaux de leurs enfants, gage précieux d’amitié et de fidélité. » p71.


PS : Je présenterai ultérieurement les deux autres specimen de "rois nègres marchands d'esclaves".
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OGOTEMMELI
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MessagePosté le: Dim 16 Oct 2005 06:19    Sujet du message: Répondre en citant

DA SOUZA, alias Cha-Cha
Pp197-198 : « Je fis choix, pour consigner l’Estrella, de l’un des plus remarquables traitants dont le génie ait jamais contribué à l’expansion du commerce africain [c’est-à-dire du Yovodah]. Le señor Da Souza – plus connu, sur la côte et dans l’intérieur, sous le nom de Cha-Cha – était, disait-on, un métis indien de Rio-de-Janeiro d’où il avait émigré au Dahomey après avoir déserté l’armée de son impérial maître. J’ignore comment il était arrivé en Afrique ; sans doute le fugitif avait-il fait partie de l’équipage de quelque négrier et abandonné son navire comme, déjà, au Brésil, il avait déserté le service militaire. Ses parents étaient pauvres, indolents, négligents et Cha-Cha avait grandi illettré et têtu.

Mais dès qu’il eut touché le sol de l’Afrique, une nouvelle ardeur parut couler dans ses veines. On raconte que, pendant quelques temps, sa vie fut pénible et misérable mais, précisément à cette époque, la traite brésilienne reçut une extraordinaire impulsion et, peu à peu, le pauvre aventurier sut mettre à profit l’adresse dont il faisait preuve dans ses rapports avec les indigènes et aussi le rôle de courtier qu’il joua bientôt auprès de ses compatriotes. [.. .] La nuance que donnait à son teint le mélange de sang indien le qualifiait peut-être d’une manière spéciale pour cette entreprise.
Il aimait les coutumes de la population. Il parlait le dialecte local aussi couramment qu’un indigène. Il conquit successivement les bonnes grâces de tous les chefs. Il s’efforçait de passer pour un parfait Africain auprès des Africains, bien que, parmi les blancs, il affectât toujours les manières et l’abord aimable de son pays natal. Grâce à ces procédés, Cha-Cha petit à petit, sut se faire bien voir de tous ceux avec lesquels il avait affaire et, d’un côté, s’assura les commissions du Brésil et de Cuba tandis que, de l’autre, le belliqueux roi du Dahomey le traitait en grand favori et le protégeait comme tel.

[…] Il construisit une agréable et vaste habitation [à « Whydah »], dans un beau site, à proximité d’un fort portugais abandonné. Il y accumula tous les luxes et toutes les commodités qui pouvaient satisfaire les caprices ou flatter les sens. Vins, denrées de choix, friandises, vêtements y étaient apportés de Paris, Londres, de la Havane. Les plus belles femmes de la côte étaient adroitement attirées dans son établissement. Des billards, des salles de jeu servaient à distraire les navigateurs retenus. Bref, il s’entourait de tout ce qui pouvait corrompre la vertu, flatter les passions, tenter la cupidité, faire apparaître les faiblesses, satisfaire la sensualité et compléter l’image de la traite l’image [orgiaque] de la traite telle qu’elle s’incarnait au Dahomey. »


Don Pedro Blanco, « le Rothschild de la traite »
Pp215-219 : "A près de cent milles au nord de Monrovia, une rivière paresseuse vient se perdre lentement dans l’Atlantique. Pendant la saison des pluies, elle apporte de riches alluvions qu’elle dépose au point de rencontre de la marée et de l’océan où elles forment un réseau d’innombrables îlots spongieux. Pour qui vient de la mer, elles émergent à peine, couvertes de roseaux et de palétuviers et pareille à un immense champ de champignons vénéneux. Il va s’en dire qu’un endroit comme celui-là ne se recommandait par aucun avantage spécial à l’agriculteur ou au commerçant, mais sa dangereuse barre, son extrême désolation, en faisaient le repaire désigné du traitant ou de l’outlow. Telles furent, selon toute vraisemblance, les raisons qui poussèrent Don Pedro Blanco, marin instruit originaire de Malaga, à choisir Gallinas pour théâtre de ses opérations.

Don Pedro était venu en ces lieux pour la première fois en qualité de capitaine d’un négrier mais, n’ayant pu compléter sa cargaison, il avait envoyé son navire chargé seulement de cent noirs dont la vente suffisait à peine à payer les officiers et l’équipage. Blanco resta sur la côte avec une partie des marchandises du Conquistador et, sur cette base, commença à trafiquer avec les indigènes et les capitaines des négriers ; quatre ans plus tard, il pouvait remettre à ses armateurs le produit de leurs marchandises et faire, pour son propre compte, de florissantes affaires. […] pendant de nombreuses années, il monopolisa le trafic de la région Vey et en retira d’énormes gains.

[…] A un mille environ de l’embouchure de la rivière, nous trouvâmes un groupe d’îlots dont chacun portait la factorie de tel ou tel marchand d’esclaves affilié à la grande confédération. Les établissements de Blanco occupaient plusieurs de ces terrains plats et marécageux. […] Tel était le milieu où vivait Don Pedro en 1836 lorsque je vis pour la première fois son corps mince, son visage bronzé […] Trois ans après cette entrevue, il quitta définitivement la côte avec une fortune de près de un million [de livres]. [.. ;] On sait quel était le prestige de cet homme parmi les indigènes ; il dépassa de beaucoup celui de Cha-Cha dont j’ai parlé plus haut. Résolu comme il l’était à réussir dans la traite, il ne négligea rien tant à l’égard des blancs qu’à l’égard des noirs, de ce qui pouvait assurer son succès.

On m’a souvent demandé ce qui caractérisait cet esprit capable de s’isoler volontairement pendant presque toute une vie, au milieu de marais pestilentiels, sous un climat brûlant, trafiquant de chair humaine, suscitant des guerres, avilissant et corrompant des noirs ignorants, totalement privé de société, d’amusement, d’excitation et de distraction, parcourant chaque année le même cycle monotone de saisons et de visages, sans autre compagnie que celle d’hommes en état de révolte contre les lois, affranchi de tous liens, sauf de ceux formés par la cupidité qui lui attachait des hommes rejetés par l’Europe et prêts à tout moment à se faire des satellites d’un astre comme Don Pedro. […] Tel était, esquissé à grands traits, le célèbre marchand d’hommes d’Afrique, le Rothschild de la traite dont les billet sur l’Angleterre, la France et les Etats-Unis valaient de l’or à Sierra Leone et à Monrovia. "

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MessagePosté le: Ven 21 Oct 2005 07:34    Sujet du message: Répondre en citant

Capitaine HOMANS : noya six cents Nègres pour sauver sa peau!

Au chapitre des atrocités en quoi consista le Yovodah, voici un extrait de l’excellente préface faite par Malcom CROWLEY aux « Aventures d’un négrier » :

« Pour que l’entreprise fût une affaire avantageuse, les esclaves devaient être aussi étroitement serrés que des caisses de whisky écossais. […] Les esclaves étaient couchés sur le côté, comme des cuillers dans un écrin, les genoux ployés de l’un s’emboîtant dans les jarrets de l’autre. Sur certains bâtiments, ils ne pouvaient même pas s’étendre ; ils faisaient toute la traversée assis sur les genoux les uns des autres. La puanteur était effrayante. D’après le témoignage d’un officier britannique, on pouvait sentir un négrier « à cinq milles sous le vent ».

Un navire ne pouvait être confisqué comme faisant la traite que si la présence de noirs à bord en fournissait la preuve. Cette règle adoptée par les tribunaux pendant une période de trente années était identique à une autre, plus récente, qui s’applique aux importateurs clandestins de whisky. Elle suggérait un moyen merveilleusement simple d’éviter la capture. Nombreux sont les contrebandiers qui en ont usé mais aucun avec une cruauté aussi grandiose que le capitaine HOMANS, commandant La Brillante.

Ce brick négrier fut pris au piège, vers la fin d’un après-midi par quatre croiseurs surgis de différents points de l’horizon. Toute tentative de fuite était inutile. Pourtant, le vent tomba et la nuit s’étendit peu à peu sur la mer avant que le plus rapproché des vaisseaux britanniques fût arrivé à portée de canon.

A la faveur des ténèbres, le capitaine Homans se prépara à sauver son navire. Il tint prête à être mouillée la plus grosse de ses ancres. Il fit passer sa chaîne au-dessus du manchon de l’écubier puis la déroula , tendue, tout autour du navire, à l’extérieur de la lisse. Il fit monter les esclaves sur le pont ; ils étaient 600. Puis, il les rangea le long de la lisse et les fit attacher à la chaîne de l’ancre au moyen de cordes solides passées dans leurs menottes. Bientôt on entendit les embarcations des quatre croiseurs s’approcher à travers la nuit. On percevait le grincement des tolets et le clapotis des avirons sur l’eau tranquille. Homans laissa tomber l’ancre. Dans la nuit, une plainte confuse s’éleva tandis que la chaîne, avec sa charge de corps, s’enfonçait dans la mer calme.

Les cris des esclaves étaient parvenus jusqu’aux marins britanniques ; l’odeur des esclaves imprégnait encore lourdement le vaisseau ; les vastes marmites servant à cuire leurs aliments, les aliments eux-mêmes, et aussi des menottes étaient encore à bord mais nul esclave n’était là qui pût servir de pièce à conviction. Homans, qui raillait insolemment ses abordeurs, s’en alla, libre.

La traite illégale était une serre chaude où prospérait la cruauté, pareil à quelque plante parasite des pays tropicaux. Tout semblait favoriser sa croissance –le pouvoir illimité du capitaine, l’asservissement illimité des esclaves, la couleur de leur peau, leur langage étrange, la vie, en marge des lois, des équipages composés d’hommes qui n’avaient plus rien à perdre, la peur de la fièvre, de la prison, de la potence. » Pp14-15

PS : entre mille sentiments et réflexions que m'inspire cet extrait (et dont je vous ferai grâce, parce qu'il faut parfois savoir se taire, lorsque les faits sont si éloquents...), je voudrais avancer ceci. Je crois que "les odeurs des Noirs" (Kant, Chirac, Fogiel, etc.) si tenaces dans l'esprit/mémoire des Blancs leur proviennent de l'enfer des fonds de cale de négrier, où leurs ancêtres maintenaient les nôtres dans des conditions d'insalubrité abjectes et avilissantes. Ces "odeurs" m'apparaissent comme une empreinte indélébile dans l'inconscient de descendants de bourreaux qui, ayant résolu d'oblitérer cette histoire, en retiennent des miasmes aux confins de leur subconscient.
Sinon, il est bien connu que les Rois de France étaient de vrais crasseux, dont les sujets n'avaient aucune leçon de propreté et hygiène à donner au moindre paysan, forgeron, artisan du temps des Mansah et des Mwene...
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GUIDILOU
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MessagePosté le: Mer 25 Jan 2006 21:56    Sujet du message: Répondre en citant

excellent travail OGOTEMMELI tu as déjà posté bien des pages que je comptais numériser .
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GUIDILOU
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MessagePosté le: Ven 09 Juin 2006 23:05    Sujet du message: Répondre en citant

LIVRE DE CANOT EN LIGNE

http://kdl.kyvl.org/cgi/t/text/text-idx?c=kyetexts;cc=kyetexts;xc=1;idno=b97-24-37872714;view=toc

Citation:
Captain Canot, or, Twenty years of an African slaver : being an account of his career and adventures on the coast, in the interior, on shipboard, and in the West Indies / written out and edited from the captain's journals, memoranda and conversations, by Brantz Mayer.

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Gnata
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MessagePosté le: Mar 04 Juil 2006 16:58    Sujet du message: Répondre en citant

GUIDILOU a écrit:
excellent travail OGOTEMMELI tu as déjà posté bien des pages que je comptais numériser .


Franchement je ne sais que OGOTEMMELI attend pour faire un livre sur tout ca , certains hurluberlus font des livres pour moins que ca sur des sujets beaucoup plus légers que ca !
Perso je trouve que c'est... un gâchis ( c'est mon opinion depuis bien longtemps ) , bah je vais faire comme toi GUIDILOU , je vais me faire un dossier de tous les posts de OGO , ce sera mieux que rien .
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"Always be intolerant to ignorance but understanding of illiteracy (..)in those homely sayings (mother wit) was couched the collective wisdom of generations" I know why the caged bird sings, p99, Maya Angelou
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OGOTEMMELI
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MessagePosté le: Lun 18 Sep 2006 20:37    Sujet du message: Répondre en citant

Un lien anglophone sur la biographie de Don Pedro Blanco :
http://amistad.mysticseaport.org/discovery/people/bio.blanco.pedro.html

Citation:
In Gallinas he built himself a private kingdom in miniature: with warehouses on an island near the mouth of the Kerefe River, his personal quarters and private office on another island nearby; houses for African wives on a third. Slaves awaiting shipment were kept in baracoons in the islands of Taro and Kamasun.

Blanco left Africa in 1838 for Cuba (continuing to trade in slaves), and eventually Barcelona. His firm failed in 1848, and Blanco himself died in 1854, in Genoa.

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http://www.afrocentricite.com/
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Gnata
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MessagePosté le: Mar 19 Sep 2006 16:56    Sujet du message: Répondre en citant

OGOTEMMELI a écrit:
http://amistad.mysticseaport.org/discovery/people/bio.blanco.pedro.html
Lien intéressant.

Concernant ce King SIAKA qui lui ( à Blanco ) servait de "négociant", je me suis permis des commentaires , question-reponse sur ce qui suit :
Citation:
King Siaka

Coastal African Ruler(a.k.a. Shaka, Shiakar, Shuckar) Sometime in the late-1810s, as the volume of slave trading on the Gallinas River began to grow, a Vai chief named Siaka emerged as a dominant power in the region. The story here comes to us indirectly, and details are obscure, but by 1819, Siaka was establishing a reputation among European slavers as a chief who could provide slaves quickly and cheaply in substantial numbers

À lire ce texte, je doute fort que Blanco et ses pairs Négriers ne sachent pas d'où viennent les forces qui ont permis à ce Chief Siaka d'être subitement "un chef Vai sorti de nulle part" , Il y a serieusement de quoi douter de la méconnaissance par Blanco de l'émergence de ce Siaka en tant que chef , surtout en sa qualité de traffiquant d'esclaves .
Citation:
It was an expansion that drove and that was driven by the slave trade: Siaka expanded to acquire new supplies of slaves and to secure food supplies to feed them while they waited in the coastal baracoons for slave ships to arrive. And meanwhile, as the scale of his slave trading increased, Siaka's access to armaments (muskets and powder) and wealth grew correspondingly, swelling his power

Les choses se précisent , je crois , le King des Vai , ayant surement vendu TOUS ses sujets Vai comme lui , se rabat dans l'hinterland Africain pour acquerir plus d'esclaves , il depasse ses frontières , et grâce à du nouveau materiel pour son traffic il grandit en puissance ( Question : ce materiel de Négrier vient d'où au juste ? qui le lui a donné ? reponse : grâce à ses Maîtres Occidentaux puisqu'il n'y a plus un chat qui vive dans son "fameux royaume" !) , les Occidentaux lui fournissent des armes , et en même temps que ses armes augmentent , il consolide son traffic qui le rend plus riche ...
Citation:
He hired Mende mercenaries to subjugate rivals. And he maintained close relationships with European slave traders on the Gallinas, particularly Pedro Blanco.

Effectivement puisque ce fameux ROI des Vai n'avait pas d'armée digne de ce nom ( on supposera qu'il ait vendu TOUS ses soldats ) , il s'arroge les services de mercenaires ( Mendé ) non pas pour défendre ses sujets ( Il n'y a a plus , il les a tous vendu aussi ) , mais pour battre ses rivaux dans le traffic Négrier ...

Citation:
Over the next several decades, as the volume of slaving increased, Siaka's political and military power grew apace -- "King Siaka," the Europeans and Americans began calling him. Eventually his influence extended not only through the Vai country along the Gallinas coastline, but into the interior as well.

Donc ce Siaka ne recu le titre de King ( Roi) non pas de ses pairs Vai comme lui , mais d'Occidentaux que ses qualités et sa notoriété dans le "besogneux commerce" de la vente d'esclaves subjugèrent , Les questions qui viennent à l'esprit , sont : Dans quelles conditions fut-il nommé Roi ? et pourquoi sont-ce les Occidentaux et non les Vai qui le nommèrent Roi ? Qui etait ce Siaka VRAIMENT avant d'être couronné Roi par les Occidentaux ? Reponses : Ce Siaka semble être de la trempe de Jenken , un Jaga qui est devenu Roi pour les besoins du traffic Négrier , il est Roi par la volonté des Négriers Occidentaux , il n'a surement rien à voir avec les chefs Vai


Citation:
So the rise of “King Siaka” tells us something...
Oui justement , l'émergence de ce Siaka nous dit exactement que c'est un mercenaire (c'est un autre Jenken) et qu'il est en tout et pour tout , rien de moins qu'un brigand à la solde des vils traffiquants Occidentaux qu'il fournit en Africains , ca nous dit aussi qu'il n'est absolument pas un chef , encore moins un Roi , il ne represente que lui et lui-seul , en tout cas pas les Vai , peuple civilisé qui possède une écriture ( une alphabet ) qui leur est propre .
Citation:
he represented a new kind of ruler among the ...
Effectivement , mais il represente plus précisement un nouveau genre de "chef-brigand" parmis les Africains , ceux que OPG appelle affectueusement les Rois Nègres .
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OGOTEMMELI
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MessagePosté le: Jeu 21 Sep 2006 05:08    Sujet du message: Répondre en citant

Gnata a écrit:
le King des Vai , ayant surement vendu TOUS ses sujets Vai comme lui , se rabat dans l'hinterland Africain pour acquerir plus d'esclaves , il depasse ses frontières , et grâce à du nouveau materiel pour son traffic il grandit en puissance ( Question : ce materiel de Négrier vient d'où au juste ? qui le lui a donné ? reponse : grâce à ses Maîtres Occidentaux puisqu'il n'y a plus un chat qui vive dans son "fameux royaume" !) , les Occidentaux lui fournissent des armes , et en même temps que ses armes augmentent , il consolide son traffic qui le rend plus riche ...

Il me semble que ce serait trop prêter à Siaka que de le tenir pour un quelconque "king of Vai" : je retiens volontiers le label de "jagado" que tu lui a remis, pour toute son oeuvre criminelle.

Tu l'as dit : Siaka est un Jenken. J'ajoute un Jenken qui a prospéré...

Que ses partenaires négriers blancs l'affublent du titre grandiloquent de "king", ou que ses proies nègres potentielles le flattent du titre de "Mongo" (Mogho?) ; tout cela est bien compréhensible. Mais il incombe à la recherche historiographique (afrocentrée) de travailler à rendre à chaque protagoniste du yovodah la part exacte qui lui revient :
- comment s'appelait le royaume de ce "king"?
- où était-il exactement situé, et quelles en étaient les dimensions approximatives?
- quels en étaient le mode de gouvernement, les institutions et pratiques économiques, etc.?
- où sont les vestiges de ses palais, comme par exemple ceux d'Abomey, Kumasi, etc.?

Très probablement, Siaka devait régner en Seigneur de la guerre (je veux dire en mercenaire travaillant surtout pour son propre compte) sur un hameau lui tenant lieu de QG : au mieux un gros campement que l'on pouvait confondre avec un village. De là, avec ses hommes, il coupait les routes, braconnait du bois d'ébène ; sémant terreur et désolation sur un périmètre de plus en plus vaste, à mesure qu'il poursuivait ses basses besognes dans l'hinterland. Son rayon de prédation pouvait d'autant plus croître qu'il obtenait de nombreuses armes de ses commanditaires négriers blancs.

Nous présenter de tels voyous sanguinaires pour des "rois nègres" est une habitude maintenant séculaire de l'historiographie eurocentriste. Celle là même qui tient Bongo, Compaoré, Biya, Eyadéma et consorts pour des "président de la république"... Aussi longtemps que ces larbins roulent avec zèle pour leurs parrains blancs, au détriment des populations africaines...

Siaka n'a pas vendu tous ses sujets à personne, pour la bonne raison qu'il n'a certainement jamais eu de "sujets", n'étant guère "roi" : il n'avait que des proies nègres, de la main d'oeuvre nègre ou métisse, et surtout des parrains/commanditaires blancs...
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MessagePosté le: Mar 12 Déc 2006 22:57    Sujet du message: "bois d'ébène" ou "Peuple Négro-Africain" Répondre en citant

trafiquant de bois d'ébène
devrais-je penser comme un Nègre et dire non « Bois d’ébène » terme définit par le blanc
il faut dire « Trafiquants d’hommes, de femmes et d’enfants d’Afrique Négrotype »
« Je suis un Nègre, je pense comme un Nègre ».
Question
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