Skank Bon posteur
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Posté le: Ven 11 Nov 2005 14:01 Sujet du message: L'IMMIGRE JUIF POLONAIS |
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En 1933 l’Europe stigmatisait déjà l’Immigré dans les termes… d’aujourd’hui ! De quel immigré s’agissait-il ?
10/11/2005
La construction d’une figure spécifique de l’Autre, propre aux sociétés d’accueil, européennes et judéo-chrétiennes notamment remonte à bien longtemps. Et les mêmes ressorts de xénophobie passent le temps en gardant une étonnante puissance fédératrice et d’identification des «vrais» contre les « implants ». Le migrant est donné pour frustre ou objet de méfiance, ses coutumes frisent la barbarie, sa promiscuité est proverbiale, sa démographie démentielle. En somme quelque chose d’inintégrable, d’inassimilable, une distance culturelle incompatible avec le partage de l’espace social de la cité.
A travers de tels schèmes récurrents et entretenus tactiquement par toutes les classes politiques, une frontière interne invisible en soi mais manifeste justifie hier comme aujourd’hui un spectre de discriminations qui contribuent à conforter, preuves à l’appui, les contre-cultures, les marginalités écorchées, les replis consécutifs aux exclusions, les options dissensuelles… et plus si la mayonnaise sociale s’y prête.
La seule différence, de taille, avec l’actualité des indocilités urbaines des Français dont les parents sont issus de l’Immigration est que les Ex-colonisés, les Nouveaux Indigènes de la République, ne sont pas une Altérité comme une autre. Chosifié génétiquement par leurs parents et ancêtres, depuis leurs cultures d’origine colonisées, et subalternes au faciès et apriorique dans leurs lieux d’établissement en immigration européenne, les Noirs et Arabes des Banlieues sont nécessairement moins que des Migrants ou des Français simplement exploités, discriminés, mal considérés. Par la fracture coloniale et l’inconscient civilisateur en résidence dans les mentalités des sociétés hégémoniques, ils [les Nouveaux Indigènes de la République] n’ont pas accédé au statut d’humain plein, qui reste donc à conquérir…
Dans cet article du Bulletin de la Société Royale Belge de Géographie, daté de 1933, et sélectionné par Buata Malela [Afrikara.com] , les Immigrés sont regardés avec des caractères très similaires de ceux qui leurs sont prêtés aujourd’hui. Les odeurs des Blacks du SMS de Fogiel, le bruit des Immigrés du pallier chers au président de la république française, sont presque présents dans la figure de l’étranger dépeinte à l’époque. Bouleversante continuité.
«Quand ils sont suffisamment nombreux dans un quartier, des compatriotes ouvrent des salons de coiffure, des épiceries, des boulangeries ( ... ), des boucheries où sont vendues des viandes provenant de bêtes abattues suivant le rituel ( ... ). Ils sont malheureusement, en général, très peu,
même trop peu exigeants en ce qui concerne le logement. Une, deux, trois pièces, ou parfois des caves, des mansardes suffisent à abriter un ménage avec le nombre d'enfants que connaissent d'habitude ces familles (...).
Les logements occupés par ces étrangers sont d'ailleurs facilement reconnaissables aux fenêtres misérablement garnies, qui tranchent étonnamment sur celles des appartements occupés par nos
compatriotes (...). Quelle est l'attitude de la population à leur égard ? Je mentirais en disant que nos compatriotes éprouvent énormément de sympathie pour ces transplantés; ils leur témoignent plutôt une certaine méfiance ( ... ). Que de plaintes, que de doléances de la part de ceux qui les ont comme locataires! Ils louent un appartement en annonçant un nombre normal de personnes et, au bout de quelque temps, ce nombre est parfois porté au double. C'est là un procédé qui indispose gravement ceux qui sont en rapport avec eux. Ensuite, leur mode de vie n'est guère semblable au nôtre (...) empêchant ainsi les locataires des immeubles contigus de se livrer au repos. Enfin, les conditions déplorables d'hygiène et de propreté dans lesquelles ils vivent, font que les logements sont dans un
état lamentable quand ils les quittent. Ainsi se justifient les rubriques «Etrangers s'abstenir» qui se voient fréquemment sur les affiches annonçant des appartements à louer (...). D'autres griefs sont formulés contre eux par les ouvriers belges. Au moment où la crise sévit si durement, où le chômage atteint un tel degré d'intensité, la main-d’œuvre indigène se voit encore privée partiellement de travail (...). Ajoutons que leur religion, leur langue ne sont guère faites pour opérer un rapprochement. Il reste encore à envisager l'assimilation de ces étrangers aux autochtones (...). Disons immédiatement que l'assimilation totale ne se fera jamais (...).
L'assimilation partielle pourra s'accomplir éventuellement. La génération adulte actuelle ne sera jamais absorbée. Pourquoi? D'abord la dose est trop massive; ensuite il existe de telles différences entre eux et nous, que je ne vois vraiment pas comment cette assimilation pourrait se réaliser. Leur langue nous est étrangère, leur religion nous est peu familière, leurs moeurs sont différentes des nôtres; il existe, d'autre part, une trop grande différence de niveau social entre ce qui forme la
majorité de ces immigrants et notre population (...). Peut-on dire que ce mouvement migratoire humain a modifié le « paysage » de Bruxelles ?
Strictement parlant, non, encore cependant que la présence seule de ces étrangers dans un quartier donne à celui-ci un aspect tout particulier, d'abord par le fait de nombreux magasins (...) si parfaitement reconnaissables, et puis par la présence de cette population grouillante, bruyante, gesticulante, au parler insolite, aux traits caractéristiques et dont l'allure elle-même ne trompe pas celui qui est quelque peu averti.
Comme le disait un attaché du Consulat de Pologne, en passant dans certains de ces quartiers, on croirait se retrouver dans une petite ville de l'Est de la Pologne »
A l’époque ces propos étaient censés décrire les immigrés juifs polonais …
Source : R. Doms, « L'immigration polonaise juive dans le grand Bruxelles », Bulletin de la Société Royale Belge de Géographie, fasc. 1, 1933, pp. 18,21. |
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