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Negre je suis, negre je resterai.

 
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Rocs
Bon posteur


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MessagePosté le: Jeu 17 Nov 2005 10:02    Sujet du message: Negre je suis, negre je resterai. Répondre en citant

« Le père de la négritude » publie un livre où il revient sur la colonisation, le racisme, l'identité, les droits et les devoirs de chacun. Extraits par Aimé Césaire

Lycéen.
Je trouvais les hommes martiniquais légers, superficiels, un peu snobs, porteurs de tous les préjugés qu'avaient les hommes de couleur autrefois. Tout cela ne me plaisait pas du tout, et je dois dire que je suis parti pour la France avec délectation. En mon for intérieur, je me disais : « Ils me foutront la paix. Là-bas, je serai libre, je lirai ce que je voudrai. » Me rendre en France avant-guerre était pour moi la promesse d'une libération, une possibilité, un espoir d'épanouissement. Autrement dit, contrairement à beaucoup de camarades de ma génération, j'avais constamment le sentiment que je vivais dans un monde fermé, étroit, un monde colonial. C'était mon sentiment premier. Je n'aimais pas cette Martinique. Et quand j'ai pu partir, ce fut avec plaisir. « Adieu ! », pensais-je.

Senghor.
Au lycée Louis-le-Grand, Senghor et moi, nous discutions éperdument de l'Afrique, des Antilles, du colonialisme, des civilisations. Il adorait parler des civilisations latine et grecque. Il était fort bon helléniste. Autrement dit, on s'est formé ensemble, au fur à mesure, jusqu'au jour où nous nous sommes posé une première question essentielle : « Qui suis-je ? Qui sommes-nous ? Que sommes-nous dans ce monde blanc ? » Sacré problème. Deuxième question, plus morale : « Que dois-je faire ? » La troisième question était d'ordre métaphysique : « Qu'est-il permis d'espérer ? » Ces trois questions-là nous ont beaucoup occupés.


Nous commentions l'actualité. C'était à l'époque de la guerre d'Ethiopie ; nous évoquions l'impérialisme européen et, un peu plus tard, la montée du fascisme et du racisme. Nous avons très vite pris position, ce qui a contribué à forger nos personnalités. Puis la guerre est survenue. Je suis rentré à Fort-de-France ; j'ai été nommé au lycée Schoelcher, et Senghor, lui, dans un lycée en France. Revenu à Paris après la guerre, qu'est-ce que je découvre ? Un petit homme vêtu d'une sorte de toge : Senghor était devenu député du Sénégal et moi de la Martinique. Nous sommes tombés dans les bras l'un de l'autre. Notre amitié était intacte en dépit de nos différences de caractère. Il était africain et moi antillais ; il était catholique, et politiquement proche du MRP ; à l'époque, j'étais plutôt communiste ou « communisant ». Nous ne nous disputions jamais, parce que nous nous aimions profondément et que nous nous sommes vraiment formés l'un l'autre.

Nègre.
Nous suivions le programme, mais nous avions chacun des sujets de prédilection propres. Rimbaud a énormément compté pour nous, parce qu'il a écrit : « Je suis un nègre. » Langston Hugues et Claude McKay, les nègres américains ont été pour nous une révélation. Il ne suffisait pas de lire Homère, Virgile, Corneille, Racine... Ce qui comptait le plus pour nous, c'était de rencontrer une autre civilisation moderne, les Noirs et leur fierté, leur conscience d'appartenir à une culture. Ils furent les premiers à affirmer leur identité, alors que la tendance française était à l'assimilation, à l'assimilationnisme. Nous nous sommes donc constitués un monde à nous.
Le surréalisme nous intéressait, parce qu'il nous permettait de rompre avec la raison, avec la civilisation artificielle, et de faire appel aux forces profondes de l'homme. « Tu vois Léopold, le monde est ce qu'il est, tu t'habilles, tu mets ton costume, tu vas au salon, etc. «Mes hommages, Madame.» Mais où est le nègre dans tout ça ? Le nègre n'y est pas. Tu l'as en toi, pourtant. Creuse encore plus profond, et tu te trouveras au fond de toi, par-delà toutes les couches de la civilisation, le nègre fondamental. Tu m'entends, fondamental. » C'est exactement ce que j'ai fait, et toute cette littérature en alexandrins, nous pensions qu'elle était dépassée. « Ils » avaient fait leur littérature, mais nous, nous ferions autre chose, car nous étions des nègres. C'est le nègre qu'il fallait chercher en nous.
Nous nous sommes intéressés aux littératures indigènes, aux contes populaires. Notre doctrine, notre idée secrète, c'était : « Nègre, je suis et, nègre, je resterai. » Il y avait dans cette idée celle d'une spécificité africaine, d'une spécificité noire. Mais Senghor et moi nous sommes toujours gardés de tomber dans le racisme noir. J'ai ma personnalité et, avec le Blanc, je suis dans le respect, un respect mutuel.

Civilisations.
Chaque peuple européen a son histoire, et c'est l'histoire qui a construit la mentalité française telle qu'elle est. Regardez les Anglais, ils ont également une mentalité propre. Allez demander à un Dominicain, un habitant des Bahamas, de Trinidad : « Qu'est-ce que tu es ? - Je suis trinidadien. Je suis dominicain. » Demandez à un Antillais : « Qu'est-ce que tu es ? - Je suis français. » Les Antillais anglophones ne peuvent pas dire qu'ils sont anglais, « because nobody can be an Englishman ». Personne ne peut être anglais, sauf si vous êtes né in England. Chez l'Anglais, le racisme coexiste avec une conception de l'homme et le respect de la personnalité de l'autre, ce qui fait qu'il y a eu beaucoup moins d'assimilation dans les colonies anglophones que dans les colonies françaises. Les Français ont cru à l'universel et, pour eux, il n'y a qu'une seule civilisation : la leur. Nous y avons cru avec eux ; mais, dans cette civilisation, on trouve aussi la sauvagerie, la barbarie. Ce clivage est commun à tout le XIXe siècle français. Les Allemands, les Anglais ont compris bien avant les Français que la civilisation, ça n'existe pas. Ce qui existe ce sont les civilisations.

Victimisation.
Nous ne pouvons pas passer notre temps à dire : « C'est la France qui est responsable. » Nous devons d'abord nous prendre en mains ; nous devons travailler, nous devons nous organiser, nous avons des devoirs envers notre pays, envers nous-mêmes.
Sortir de la victimisation est fondamental. C'est une tâche peu aisée. L'éducation que nous avons reçue et la conception du monde qui en découle sont responsables de notre irresponsabilité. Avons-nous jamais été responsables de nous-mêmes ? Nous avons toujours été sujets, colonisés. Il en reste des traces. Vous avez été à l'école, vous avez appris le français, vous avez oublié votre langue natale, etc. Lorsqu'on a commencé à écrire le créole, lorsqu'on a décidé de l'enseigner, le peuple n'a pas été transporté de joie. Récemment, j'ai rencontré une femme à qui j'ai demandé : « Madame, vous avez déposé vos enfants à l'école. Vous savez qu'une mesure extrêmement intéressante vient d'être prise : on va enseigner le créole à l'école. Etes-vous contente ? » Elle m'a répondu : « Moi contente ? Non, parce que si ma ka voyé i ékol (« si j'envoie mon enfant à l'école »), ce n'est pas pour lui apprendre le créole, mais le français. Le créole, c'est moi qui le lui enseigne, et chez moi. » Son bon sens m'a frappé. Il y avait une part de vérité. Nous sommes des gens complexes. Il ne s'agit pas de nous couper d'une part de nous-mêmes.
J'ai toujours été connu comme un rouspéteur. Je n'ai jamais rien accepté purement et simplement. En classe, je n'ai cessé d'être rebelle. Je me souviens d'une scène, à l'école primaire. J'étais assis à côté d'un petit bonhomme, à qui je demandai : « Que lis-tu ? » C'était un livre : « Nos ancêtres, les Gaulois, avaient les cheveux blonds et les yeux bleus... »« Petit crétin, lui dis-je, va te voir dans une glace ! » Ce n'était pas forcément formulé en termes philosophiques, mais il y a certaines choses que je n'ai jamais acceptées, et je ne les ai subies qu'à contrecoeur.

Afrique.
C'est une question très importante, angoissante. Le sort du Liberia, celui de la Côte d'Ivoire sont effrayants. Nous protestons contre le colonialisme, nous réclamons l'indépendance, et cela débouche sur un conflit entre nous-mêmes. Il faut vraiment travailler à l'unité africaine. Elle n'existe pas. C'est effroyable, insupportable. La colonisation a une très grande responsabilité : c'est la cause originelle. Mais ce n'est pas la seule, parce que s'il y a eu colonisation, cela signifie que des faiblesses africaines ont permis l'arrivée des Européens, leur établissement.
A l'époque de la colonisation, on trouvait des « tribus ». Mais nous, les Noirs, avons créé une unité pour gagner l'indépendance. Et maintenant que nous sommes indépendants, une guerre s'est enclenchée ; une guerre de classes dégénérant en une guerre de races. Je crois qu'il nous faut fournir des efforts considérables pour éviter de tomber dans ce travers. L'unité reste à inventer.

Racisme.
Malheureusement l'éducation, telle qu'elle a été donnée, telle qu'elle est donnée encore, est souvent responsable. Où Hitler a-t-il appris le racisme ? Et le fanatisme musulman n'est-il pas dangereux ? Je pense que si. Une partie de l'Islam est quand même très dure à l'égard de l'Afrique. J'ai bien connu un Kabyle ; il fallait voir quel regard il jetait sur les gens d'Alger, qu'il considérait comme des colonisateurs. Les Arabes ont été des colonisateurs, des dominateurs et des marchands d'esclaves. Il ne faut pas croire qu'il suffit d'être antillais pour qu'un autre Antillais vous aime.
Il s'agit de savoir si nous croyons à l'homme et si nous croyons à ce qu'on appelle les droits de l'homme. A liberté, égalité, fraternité, j'ajoute toujours identité. Car, oui, nous y avons droit. C'est notre doctrine à nous, hommes de gauche. Dans les régions d'outre-mer, des situations spéciales ont été imposées. Je crois que l'homme où qu'il se trouve a des droits en tant qu'homme. Peu m'importe qui a écrit le texte de la « Déclaration des droits de l'homme » ; je m'en fiche, elle existe. Les critiques contre son origine « occidentale » sont simplistes. En quoi cela me gênerait-il ? Il faut s'approprier ce texte et savoir l'interpréter correctement. La France n'a pas colonisé au nom des droits de l'homme. On peut toujours raconter n'importe quoi sur ce qui s'est passé : « Regardez dans quel état sont ces malheureux. Ce serait un bienfait de leur apporter la civilisation. » D'ailleurs, les Européens croient à la civilisation, tandis que nous, nous croyons aux civilisations, au pluriel, et aux cultures. Le progrès, avec cette Déclaration, c'est que tous les hommes ont les mêmes droits, simplement parce qu'ils sont des hommes. Et ces droits-là, tu les réclames pour toi et pour l'autre.
© Albin Michel.


Né en 1913, Aimé Césaire, jusqu'en 1993 député-maire de Fort-de-France, est l'un des plus grands poètes contemporains et l'auteur de « Cahiers d'un retour au pays natal » et « Discours sur le colonialisme ». Albin Michel publie cette semaine « Nègre je suis, nègre je resterai », un livre d'entretiens avec Françoise Vergès dont elle fait une passionnante postface.

Françoise Vergès
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Kennedy
Bon posteur


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MessagePosté le: Jeu 17 Nov 2005 10:20    Sujet du message: Re: Nègre, je resterai Répondre en citant

Le vieux a toujours la Forme a ce que je voit
ca fait plaisir surtout en ce moment ou les faux ecrivains monopolisent les ecrans radios et autres joournaux ecrit

morceaux chosi


Citation:

Chaque peuple européen a son histoire, et c'est l'histoire qui a construit la mentalité française telle qu'elle est. Regardez les Anglais, ils ont également une mentalité propre. Allez demander à un Dominicain, un habitant des Bahamas, de Trinidad : « Qu'est-ce que tu es ? - Je suis trinidadien. Je suis dominicain. » Demandez à un Antillais : « Qu'est-ce que tu es ? - Je suis français. » Les Antillais anglophones ne peuvent pas dire qu'ils sont anglais, « because nobody can be an Englishman ». Personne ne peut être anglais, sauf si vous êtes né in England. Chez l'Anglais, le racisme coexiste avec une conception de l'homme et le respect de la personnalité de l'autre, ce qui fait qu'il y a eu beaucoup moins d'assimilation dans les colonies anglophones que dans les colonies françaises. Les Français ont cru à l'universel et, pour eux, il n'y a qu'une seule civilisation : la leur. Nous y avons cru avec eux ; mais, dans cette civilisation, on trouve aussi la sauvagerie, la barbarie. Ce clivage est commun à tout le XIXe siècle français. Les Allemands, les Anglais ont compris bien avant les Français que la civilisation, ça n'existe pas. Ce qui existe ce sont les civilisations.


Citation:

J'ai toujours été connu comme un rouspéteur. Je n'ai jamais rien accepté purement et simplement. En classe, je n'ai cessé d'être rebelle. Je me souviens d'une scène, à l'école primaire. J'étais assis à côté d'un petit bonhomme, à qui je demandai : « Que lis-tu ? » C'était un livre : « Nos ancêtres, les Gaulois, avaient les cheveux blonds et les yeux bleus... »« Petit crétin, lui dis-je, va te voir dans une glace ! » Ce n'était pas forcément formulé en termes philosophiques, mais il y a certaines choses que je n'ai jamais acceptées, et je ne les ai subies qu'à contrecoeur.

Citation:

L'unité reste à inventer.

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Ciiman
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Inscrit le: 15 Mar 2005
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MessagePosté le: Jeu 17 Nov 2005 16:18    Sujet du message: L¬L¬L¬L¬L¬L¬L¬L¬L¬L¬L¬L¬L¬L¬L¬L¬L¬L¬L¬L¬L¬L¬L¬L¬L Répondre en citant

Comme tu dis
Kennedy,
je crois qu'aujourd'hui
plus que jamais,
nous avons besoin
que les vrais ecrivains
nous parlent.
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If you will suck my soul...
...I will lick your funky emotions
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Bantu Kelani
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MessagePosté le: Jeu 17 Nov 2005 19:24    Sujet du message: Répondre en citant

Se qualifier de "negre" c’est la meme chose que de s’appeller un chien! Quand je vois des Africains se donner eux meme des termes reducteurs, j’ai envie de m’eloigner de ces personnes. C’est un facteur qui va contribuer a ce que je ne frequente plus ce forum! Je me demande toujours si c’est l’ignorance ou quelque chose de pire qui incite les Africains a se voir comme des personnes d’une espece inferieur! Ce vilain mot n’est pas le seul terme pour designer un Africain. J’en ai assez de le repeter!!!!!!!

B.K
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Bantu Kelani
Grioonaute 1


Inscrit le: 06 Avr 2004
Messages: 219

MessagePosté le: Jeu 17 Nov 2005 20:27    Sujet du message: Répondre en citant

Marin.R.Delany a écrit:
Certains lisent mais son aveugle par leur esprit de suivisme.... Ici Senghor le dit sans broncher que c un leuco - Rimbaud - qui a compte pour lui dans la mise en valorisation du terme negre.

......

La negritude est a mon avis rien d'autre que de la nostalgie, s'inventer une identite a partir de sa couleur de peau parce que le leuco avait son identite et les Afro americains en avait creer les leurs, donc il fallait inventer un terme litteraire - base sur la seule realite de la couleur de peau- pour se donner une identite. Ce n'etait rien d'autre qu'une identite litteraire qui n'est basee sur aucune realite valorisante, certains n'arrivent pas a comprendre cela et font dans du pseudo pragmatisme: j'applique sans avoir compris.

Le vide est maintenant comble, on connait un peu plus sur notre histoire donc des termes on en a la pelle pour se designer tout en valorisant sa culture et non sa couleur de peau.

Je suis 100% d'accord avec toi!!!
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Crépue Gwada
Grioonaute 1


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MessagePosté le: Ven 18 Nov 2005 04:58    Sujet du message: Répondre en citant

Bantu Kelani a écrit:
Se qualifier de "negre" c’est la meme chose que de s’appeller un chien! Quand je vois des Africains se donner eux meme des termes reducteurs, j’ai envie de m’eloigner de ces personnes. C’est un facteur qui va contribuer a ce que je ne frequente plus ce forum! Je me demande toujours si c’est l’ignorance ou quelque chose de pire qui incite les Africains a se voir comme des personnes d’une espece inferieur! Ce vilain mot n’est pas le seul terme pour designer un Africain. J’en ai assez de le repeter!!!!!!!

B.K


Je trouve ta citation extrémiste. Beaucoup de noirs conscients préfèrent cette appellation au mot noir, certes au détriment des autres termes que tu as déjà proposés.
Si tu penses que "nègre" est synonyme de "chien", qu’en est-il des expressions « black » et « gens de couleur ».
Ce mot, que tu dénigres tant, a engendré le vocable "négritude" Rolling Eyes et je me demande bien pourquoi CAD a intitulé son livre "Nations Nègres et Culture"????? Shocked
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Bantu Kelani
Grioonaute 1


Inscrit le: 06 Avr 2004
Messages: 219

MessagePosté le: Ven 18 Nov 2005 18:34    Sujet du message: Répondre en citant

Crépue Gwada a écrit:
Je trouve ta citation extrémiste. Beaucoup de noirs conscients préfèrent cette appellation au mot noir, certes au détriment des autres termes que tu as déjà proposés.
Si tu penses que "nègre" est synonyme de "chien", qu’en est-il des expressions « black » et « gens de couleur ».
Ce mot, que tu dénigres tant, a engendré le vocable "négritude" Rolling Eyes et je me demande bien pourquoi CAD a intitulé son livre "Nations Nègres et Culture"????? Shocked

Maintenant j’ai de la resticence a poster dans ce forum. Ce qui m’invite a prendre conge pour un temps, mais avant de faire cela j’ai a vous dire ceci…

Si toi, et tous ces Africains "conscients," souhaitez vous appeller des "negres," je ne vous empeche pas! Cependant j’affirme que vous etes dans l’erreur, c’est comme mettre du rouge a levre sur une tumeur et l’appeller un point de beaute!

Le mot est pejorative! C’est un mot qui n’a JAMAIS ete utilize par les ancients Africains comme moyen de se celebrer. C’est un mot qui a ete fabrique pour denigrer l’esprit des Africains! Mangerez vous de l’excrement simplement parce qu’il vous est presente sur un plateu d’argent??? NON! Parce que vous SAVEZ que l’excrement est degoutant!
C’est de cette facon que vous devez realiser pourquoi le mot "negre" a ete invente (et peu importe que Cesaire, Garvey, ou CAD l’ont utilize il ya longtemps).

Rapellez vous ceci: Les demons blancs sont tres malins! Leur outil favoris de guerre c’est de toujours deformer nos esprits et nos valeurs. Ils imposent la NEGagtivite en nous empechant d’utiliser des alternatives AUTHENTIQUES, et des titres de valeurs. Si tu crois que dire cette verite fait de moi une "extremiste," ainsi soit-il!

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Soundjata Kéita
Super Posteur


Inscrit le: 06 Mai 2005
Messages: 1655
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MessagePosté le: Ven 18 Nov 2005 19:07    Sujet du message: Répondre en citant

L'on voit avec clarté combien le "nègre francophone" est la risée du panafricanisme mondiale.
Car ce n'est certainemen pas en abusant de pareille caricature que nous arriverons un jour à la cheville de nos frères et soeurs anglosaxonisés.

Combien de temps encore pour comprendre que le concept moisi de Césaire n'est plus à l'odre du jour, qu'il est dépassé et qu'il serait temps de passer à autre chose, comme l'auront déjà fait depuis des lustres nos frères et soeurs "anglophones" ?

Je sais que ce sera très dure pour bon nombre de "francophones", mais je crois qu'il est grand temps que nous dressions l'autopsie de la négritude.

Et contrairement ce que tu t'imagines, je souhaite par dessus tout que l'enterrement du Césarisme se fasse dans la dignité et le respect de ce grand homme et de sa pensée qui fut jadis révolutionnaire.


"Un tigre ne crit pas sa tigritude, il capture sa proie et la mange"
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Bantu Kelani
Grioonaute 1


Inscrit le: 06 Avr 2004
Messages: 219

MessagePosté le: Ven 18 Nov 2005 19:39    Sujet du message: Répondre en citant

Soundjata Kéita a écrit:
L'on voit avec clarté combien le "nègre francophone" est la risée du panafricanisme mondiale.
Car ce n'est certainemen pas en abusant de pareille caricature que nous arriverons un jour à la cheville de nos frères et soeurs anglosaxonisés.
Combien de temps encore pour comprendre que le concept moisi de Césaire n'est plus à l'odre du jour, qu'il est dépassé et qu'il serait temps de passer à autre chose, comme l'auront déjà fait depuis des lustres nos frères et soeurs "anglophones" ?
Je sais que ce sera très dure pour bon nombre de "francophones", mais je crois qu'il est grand temps que nous dressions l'autopsie de la négritude.
Et contrairement ce que tu t'imagines, je souhaite par dessus tout que l'enterrement du Césarisme se fasse dans la dignité et le respect de ce grand homme et de sa pensée qui fut jadis révolutionnaire

Bien parle!

Quand l’essence d’une communaute Afrocentriste s’est vraiment developee, les Africains "conscients" de cette communaute ne rabaissent pas leur dignite naturelle en s’appellant des "negres/negros/niggers," car c’est continuer a sucer ce que le 'blanc' leur a mis dans la bouche. Ainsi, ils trahissent la dignite de leur peuple en repentant des mots qui ont ete cree pour nous maltraiter! Dans les sites ANGLOPHONE Africaspeaks et Rastafarispeaks, les Africains ne s’appellent JAMAIS des "niggers"! Nous, les managers nous le permettrons jamais!!

Autre chose…

Nous devons etre d’accord la dessus - le N est une lettre sacree dans les langues Africaines.

Nous avons NGR (Netger), qui veut "dieu" en Kemit.

Negus et Ngola qui veulent dire "roi. "

Nkosi en Zulu

Par contre les mots "negre/negro/nigger" sont des termes pour des personnes non-existantes. Je n’ai jamais vu de pays ou de continent qui s’appelle NEGRELAND ou NEGROLAND!!

[ N’importe quel mot qui peut etre utilise aussi vaguement que le mot "negre," doit etre rejette, puisqu’il est destine a des buts de descriptions qui ont aucun sens. Cependant, se debarasser de ce mot ne va pas etre facile. Cette branche de l’humanite de la race humaine qui pourrait etre decrite comme noire ou brun foncee est generallement appelle "negroide," un mot qui signifit "du type -negre." Si "negre" est rejette, alors " negroide" le sera aussi, parce que le "negre" est un concepte mythologique, comment une chose qui existe peut etre associee a quelque chose de non-existante? La question suggeste naturellement que nous devons rejetter le mot "negre." Avec quoi le remplaceront nous? C’est une question legitime, et nous avons a present des alternatives authentiques. Dans l’ancient temps les hommes noirs s’appellaient des "Ethiopiens." Pourquoi ne pouvons nous pas poursuivre l’usage de ce mot, se designer comme une race "d'Ethiopoide," ou lieu de "negroide"? ]
John G. Jackson ---"Introduction to African Civilization"

Moi je prefere qu’on m’appelle Negus (Reine) plutot que "negresse" (qui est degoutant et a aucun sens).

Crépue Gwada, tu ne verras pas d’objection si un homme 'blanc' t’appellait une "negresse"??? Si Jacques Chirac a la televison disait par exemple: les "negres" ont tort, je les aime pas. " Comment va tu te sentir???

B.K
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Dernière édition par Bantu Kelani le Ven 18 Nov 2005 19:45; édité 1 fois
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ARDIN
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MessagePosté le: Mer 30 Nov 2005 08:39    Sujet du message: Re: Nègre, je resterai Répondre en citant

Exactement!!!
J'ai recu le livre hier, et il m'a pris une bonne partie de la nuit pour le lire.
Je trouve que le texte initial rapporte par Rocs est un peu tronque, certains propos melanges, d'autres incomplets alors qu'il repondait a des questions bien precises. Je suggere la lecture entiere du livre pour mieux comprendre.
_________________
l'Hommage a Cheikh Anta Diop sur PER-ANKH
l'Hommage a Mongo Beti sur PER-ANKH
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LPC-U : CONSTRUIRE LE CONGO POUR L'UNITÉ DE L'AFRIQUE
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ARDIN
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MessagePosté le: Mar 06 Déc 2005 09:37    Sujet du message: Re: Nègre, je resterai Répondre en citant

Bonjour Chabine,
Je poste ici l'integralite du texte relatif a la question qui lui a ete pose(Page 38-42):
En mai 2001, le Parlement francais a vote a l'unanimite une loi declarant la traite negriere et l'esclavage "Crimes contre l'humanite" et, depuis, certains groupes reclament des reparations. Le debat n'est pas nouveau, et j'ai pu constater, lors de discussions sur la Commission Verite et Reconciliation que le statut de la "verite" n'est pas si simple dans des contextes de violence coloniale et que le terme de "reparation" induit souvent des glissements dans le discours qui s'eloigne du politique et s'accroche au moralisme fixant les figures de victimes et de bourreaux.

On est en effet venu me voir a ce sujet et, quand on m'a parle de demande de reparations, j'ai repondu: "Ecoutez-moi, faites comme vous pouvez. Si cela marche, tant mieux, mais moi je considere que c'est tire par les cheveux"
Ce serait trop facile: "Alors toi, tu as ete esclave, pendant tant d'annees, il ya longtemps, donc on multiplie par tant: voici ta reparation." Et puis, ce serait termine. C'est irreparable. C'est fait, c'est l'histoire, je n'y peux rien.
La reparation, c'est une affaire d'interpretation. Je ne connais suffisamment les Occidentaux: "Alors mon cher, combien? Je t'en donne la moitie pour payer la traite. D'accord? Tope-la" Puis c'est fini: ils ont repare. Or selon moi, c'est tout a fait irreparable. Le terme de "reparation" ne me plait pas beaucoup. Il implique qu'il puisse y avoir reparation.
L'Occident doit faire quelque chose, aider les pays a se developper, a renaitre. C'est une aide qui nous est due, mais je ne crois pas qu'il y ait de note a presenter pour la reparation. C'est une aide, ce n'est pas un contrat, c'est purement moral. Je considere que c'est le devoir des Etats Occidentaux de nous aider.
Je le repete, pour moi c'est irreparable. Il me semble naturel et evident qu'il faut aider ces peuples a qui tant de mal a ete fait. C'est comme ca que je raisonne, et non pas en termes de reparation. Sinon, la logique est la suivante: "Bon, d'accord", puis "Fous le camp, t'as ete paye"; ou "Le grand-pere de cette femme a vendu le mien; allez, executes-toi"...
Au XVIIIe Siecle, les Europeens se sont rendu compte d'une chose; ils tenaient beaucoup a une richesse: les hommes. Ils ont invente une ressource nouvelle, et ils ont persuade tant bien que mal les Africains de leur vendre des hommes.
C'etait un commerce ignoble, degueulasse. Quelle reparation peut il y avoir? Il faut trouver un terme, oui, mais il est secondaire que ce soit "reparation" ou autre chose. Je crois que l'Afrique a droit moralement a une reparation. Essayons d'employer d'autres termes, et ne nous presentons pas comme une bande de mendiants qui viennent demander reparation; pour un crime commis, il y a deux ou trois siecles. Bon, on va croire que je suis contre la reparation; ce sera une polemique de plus absolument inutile.
Je pense que les Europeens ont des devoirs envers nous, comme a l'egard de tous les malheureux, mais plus encore a notre egard pour des maux dont ils sont la cause. C'est cela que j'appelle reparation, meme si le terme est plus ou moins heureux. Je pense que l'homme doit aider l'homme, et d'autant plus s'il est responsable dans une certaine mesure des malheurs de l'autre. Je ne veux pas transformer cela en proces, actes d'accusation, rapporteurs, dommages, etc...Combien? Tant de chiffres sont avances... Je pense que ce serait meme leur faire la part belle: il y aurait une note a payer et ensuite ce serait fini... Non, ca ne sera jamais regle. Je veux penser en termes moraux plutot qu'en termes commerciaux.
Sortir de la victimisation est fondamental. C'est une tache peu aisee. L'education que nous avons recue et la conception du monde qui en decoule sont responsables de notre irresponsabilite. Avons-nous jamais ete responsables de nous-memes?
Nous avons toujours ete sujets, colonises. Il en reste des traces. Vous avez ete a l'ecole, vous avez appris le francais, vous avez oublie votre langue natale, etc.... Lorsqu'on a commence a ecrire le creole, lorsqu'on a decide de l'enseigner, le peuple n'a pas ete transporte de joie. Je visite souvent des ecoles, je vais voir les gens, les enfants, j'apprecie beaucoup ces contacts. Recemment, j'ai rencontre recemment une femme a qui j'ai demande: "Madame, vous avez depose vos enfants a l'ecole. Vous savez qu'une mesure extremement interessante vient d'etre prise: on va enseigner le creole a l'ecole. Etes vous contente?" Elle m'a repondu:
"Moi contente? Non, parce que si ma ka voye i ekol (si j'envoie mon enfant a l'ecole), c'est pas pour lui apprendre le creole, mais le francais. Le creole, c'est moi qui le lui enseigne, et chez moi"
Son bon sens m'a frappe. Il y avait une part de verite. Nous sommes des gens complexes, a la fois ceci et cela. Il ne s'agit pas de nous couper d'une part de nous-memes.
Ceci est donc la reponse complete a la question qui lui a ete posee. Tu remarqueras par exemple que:
Citation:
j'ai toujours été connu comme un rouspéteur. Je n'ai jamais rien accepté purement et simplement. En classe, je n'ai cessé d'être rebelle. Je me souviens d'une scène, à l'école primaire. J'étais assis à côté d'un petit bonhomme, à qui je demandai : « Que lis-tu ? » C'était un livre : « Nos ancêtres, les Gaulois, avaient les cheveux blonds et les yeux bleus... »« Petit crétin, lui dis-je, va te voir dans une glace ! » Ce n'était pas forcément formulé en termes philosophiques, mais il y a certaines choses que je n'ai jamais acceptées, et je ne les ai subies qu'à contrecoeur.

Ce propos fut annexe a cette reponse, alors qu'il fait partie d'une reponse a une autre question.
_________________
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LPC-U : CONSTRUIRE LE CONGO POUR L'UNITÉ DE L'AFRIQUE
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Black Shadow
Grioonaute 1


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MessagePosté le: Jeu 08 Déc 2005 00:36    Sujet du message: Répondre en citant

"Un tigre ne crit pas sa tigritude, il capture sa proie et la mange"
Wole Solinka (auteur que j'ai hâte de découvrir à l'occasion)



Hotep, Soundjata[/quote]


Cher Soundjata,

je viens un peu compliquer les choses. A l'heure où vous songer à faire l'autopsie de la négritude savez-vous que Wole SOYINKA s'est publiquement demandé lors d'un colloque ce printemps à Baubourg face au climat negrophobe qui se développe actuellement en France s'il ne fallait pas se réinspirer de ses vertues revigorantes pour les noirs qui souffrent du "viol de l'imaginaire"?
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