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Samuel Eto'o Fils, qu'est ce que les camerounais l'aiment

 
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M.O.P.
Super Posteur


Inscrit le: 11 Mar 2004
Messages: 3224

MessagePosté le: Mer 28 Déc 2005 16:36    Sujet du message: Samuel Eto'o Fils, qu'est ce que les camerounais l'aiment Répondre en citant

http://www.cameroon-info.net/cmi_show_news.php?id=17151

En visite de courtoisie au Messager, Eto’o provoque une hystérie collective

DOUALA - 27 DEC. 2005
© Le Messager


L’annonce de sa visite au journal de la rue des Ecoles a été gardée secrète. Pourtant, plusieurs centaines d’inconditionnels sont venus voir et toucher leur idole.

C’est la veille, vendredi 23 décembre que le directeur de publication du quotidien Le Messager, Pius Njawé annonce au personnel de l’entreprise la visite de Samuel Eto’o Fils au siège du journal pour samedi 24 décembre en matinée. Une information accueillie avec joie par l’ensemble du personnel. Et, alors qu’il était attendu à 10 heures, c’est finalement avec une demi-heure de retard que l’enfant terrible du football mondial débarque à la rue des Ecoles, au journal Le Messager.

Il est accueilli à la descente de la somptueuse bagnole de couleur noire, par le directeur de publication du quotidien Le Messager, du directeur adjoint des rédactions Jean-Melvin Akam, ainsi que du chef service sport de ce même journal, Honoré Foimoukom. Aussitôt, une foule impressionnante envahit l’entrée du quotidien Le Messager, malgré un important service de l’ordre accompagnant Samuel Eto’o Fils.

“ Papa Eto’o ”, comme on l’appelle affectueusement au pays, est habillé d’un tee-shirt, d’un baggy et d’une paire de baskets blanche. Très sport finalement avec un bracelet “ brésilien ” aux couleurs arc-en-ciel sur le poignet droit. Il a juste le temps d’emprunter les escaliers qui montent jusqu’au 3e étage de l’immeuble où est logé Le Messager. Puis c’est le temps de la visite des lieux.

Joyeux Noël, meilleurs vœux

La visite commencera par la salle de rédaction et la présentation des rédacteurs. A chacun d’eux, le fils de New-Bell, ce quartier populeux de Douala aura le même mot et un léger sourire : “ Joyeux Noël, meilleurs vœux ! ”. Il est comme ça Eto’o. Il va droit au but. Après la rédaction et la salle technique, il s’enfermera pendant une quinzaine de minutes avec Pius Njawé pour une séance de travail.

Il est un peu plus de 10h45 quand ils sortent de leur tête-à-tête pour retrouver les autres journalistes du quotidien Le Messager dans la grande salle qu’occupe Camcom, une autre structure de Free Media Group qui a par ailleurs en charge la publication de notre journal. Un public de plus en plus nombreux au fil du temps a également pu suivre cette conversation inédite, en direct avec le troisième meilleur joueur du monde et double ballon d’or africain.

Les pieds sur terre

Et là, c’est l’attitude tempérée, modérée mais ferme de Samuel Eto’o qui a surpris plus d’un. Opération de charme ou comportement naturel ? Seuls les gens qui connaissent bien ce footballeur de grande classe peuvent répondre à cette question. Une chose est sûre cependant,“ Papa Eto’o ” est tout, sauf un imbécile. Il nous est apparu d’une intelligence largement au-dessus de la moyenne des artistes même internationaux et plus encore des footballeurs africains. Et Dieu seul sait si la conversation était ouverte. Tout y est passé ou presque en termes de questions. Sur la vie privée d’Eto’o, l’ambiance au sein des Lions Indomptables, au sein du Barça, ses relations avec la presse française ou encore sa participation ou non à la prochaine Can, ses missions comme ambassadeur itinérant de l’Unicef, la pandémie du Vih/Sida… bref, pendant deux heures pleines, Samuel Eto’o Fils s’est livré tant à l’assistance présente qu’aux journalistes du Messager et autres médias nationaux et internationaux qui se sont joints à l’événement.

C’est seulement vers 13h que cette rencontre ô combien intéressante s’est terminée. Dehors, c’est une véritable meute de jeunes et d’adultes venus de tout Douala qui l’attendait. Grâce à un important service d’ordre, Samuel Eto’o a pu quitter la rue des Ecoles bloquée à l’occasion dans les deux sens par des véhicules et une foule d’admirateurs et de curieux, chacun tenant à voir et à saluer le 3e meilleur joueur du monde.

Par Jean-Célestin EDJANGUE


Propos liminaire de Samuel Eto’o Fils

Je suis heureux d’être parmi vous, d’autant plus que nous avons, chacun de nous, une mission à accomplir, celle d’améliorer le quotidien de tous les Camerounais. Moi en jouant au football et en montrant aux Camerounais qu’on peut réussir sans tricher. Et vous, en écrivant tout en disant aux Camerounais les vérités de ce pays. Tout ceci, pour un même but : améliorer la vie de tous les Camerounais. J’ai eu à discuter avec le grand frère Pius Njawé et, je pense que nous avons beaucoup de chance. On est dans un pays qui ne connaît pas la guerre. On connaît peut-être la misère et, on peut avancer si on veut. Et ceux qui doivent normalement faire avancer ce pays c’est vous. Sachez que les emprisonnements, les menaces et bien d’autres choses, font partie de la vie. Tant qu’on ne vous tue pas, considérez que vous êtes libres d’exercer votre métier. Moi, je ne fais pas de la politique et, je pense que le grand frère Pius Njawe non plus n’a pas d’ambitions politiques. Je ne le souhaiterais d’ailleurs pas.

Il faut qu’on laisse chacun faire son travail dans ce pays. Vous dites ce que vous pensez, c’est votre opinion. Cela vous engage et, quelque part, c’est l’opinion de millions de Camerounais que vous relatez dans vos journaux. Peut-être d’autres trouveront que ce que je suis en train de dire est contre eux mais, il faut reconnaître quand les gens vous font du bien. Et, le plus important ce sont les Camerounais, tous les Camerounais. Ma vie est aussi comme celle du grand frère Pius Njawe mais, à un échelon un peu plus bas. Je vois qu’il est très bien entouré. Il a une bonne équipe, il a de bonnes idées, il sait ce qu’il veut. Et ça c’est le plus important.

Je dis toujours, moi je vais vivre pour voir le Cameroun changer et, je vais travailler pour cela. Je ne sais pas combien d’argent je vais gagner pour amener les Camerounais à trouver leur pain quotidien. Si je pouvais faire en sorte que le plus pauvre des Camerounais qui se réveille le matin dispose de 1000 francs cfa pour pouvoir manger, je serais sans doute l’homme le plus heureux du monde. Je sais que c’est difficile mais, ce n’est pas impossible. C’est un rêve, diront d’autres. Mais, je vais vivre et travailler pour cela. Je vais travailler dur, prendre tout l’argent des Européens, s’il le faut et le ramener au Cameroun.
Les Camerounais eux-mêmes doivent savoir ce dont nous avons besoin. Vous savez, aujourd’hui, nous avons la chance d’avoir un frère qui joue dans un très grand club, l’un des plus grands clubs en Europe. Je ne sais pas si les gens se rendent compte de ce qu’on peut gagner avec ce club. Le Fc Barcelone c’est une machine qui est en marche. Il faut prendre ce train et faire comme les autres. Moi, je vois par exemple le Brésil de Ronaldinho. Plusieurs Brésiliens gagnent leur vie derrière la Barça ; pas parce que le Barça paye directement mais, parce qu’ils vendent des choses qui peuvent appartenir au Barça ou à Ronaldinho. Seulement, chez nous, quand tu viens avec un projet, quelqu’un te tend d’abord la main pour te demander de lui “ mouiller d’abord la barbe ”. Ce qui ne devrait pas normalement être. Mais, vous devez faire avec. On doit faire avec, faire avancer les choses. Avec toujours la vérité.

Maintenant, je vais vous demander une faveur : n’écrivez jamais pour faire du mal. Dites toujours la vérité aux Camerounais, mais, jamais pour nuire. Je vous souhaite de passer de très bonnes fêtes et que l’année 2006 vous apporte beaucoup de santé, de bonheur et surtout beaucoup d’argent ; parce que, sans argent, on n’arrive à rien faire. J’entends des gens dire “ l’argent ne fait pas le bonheur ” mais, si vous n’avez pas d’argent, pouvez-vous construire un immeuble ? Pouvez-vous acheter un stylo pour écrire ? Non, non… L’argent fait beaucoup : la santé d’abord, puis le bonheur et l’argent. Maintenant, je vous écoute.


Editorial:
L’exemple Eto’o

Le Snaes, le Syndicat national des enseignants du secondaire, m’a fait l’honneur, mercredi dernier, de m’inviter à la cérémonie de restitution des résultats de sa campagne nationale pour une éducation de qualité pour tous, dont votre journal, Le Messager, était le sponsor. Après m’avoir entendu vanter l’importance de l’éducation, un confrère présent dans la salle m’a demandé quel sera le titre de mon éditorial du lendemain jeudi ; réponse: “ Si le Snaes n’avait pas occupé tout mon après-midi, j’aurais fait un édito pour demain, non sur l’éducation, rassurez-vous, mais sur Samuel Eto’o Fils. Vous constaterez que je n’ai pas signé d’éditorial au Messager depuis bien longtemps ; j’ai décidé de ne plus en faire qu’à des occasions vraiment exceptionnelles, de peur de continuer à me répéter au fil des éditions. Voyez-vous, ce que nous disons aujourd’hui sur l’éducation, c’est des choses que nous n’avons cessé de dire depuis dix, voire quinze ans ; on est obligé de redire les mêmes choses, de reformuler les mêmes critiques parce que les choses sont restées les mêmes, et les mêmes suggestions parce que personne ne les a jamais prises en compte. Je peux prendre aujourd’hui un de mes éditoriaux parus il y a dix ans, le republier dans Le Messager et il sera toujours d’actualité, parce que rien n’a changé depuis lors. On finit par se scléroser dans un tel environnement où rien ne bouge. Heureusement, des Camerounais comme Samuel Eto’o Fils nous ramènent de temps en temps le sourire et nous redonnent ainsi des raisons d’espérer… ”

Le lendemain, au cours d’un dîner offert à la presse par le troisième meilleur joueur du monde, j’ai l’occasion de rencontrer pour la première fois Samuel Eto’o Fils ; son discours, marqué par un franc-parler déconcertant, révèle à s’y méprendre l’être ordinaire qui se profile derrière le footballeur talentueux et chargé d’ambitions. S’il sait clamer haut et fort que son titre mondial est la consécration de son mérite personnel, l’homme n’en a pas pour autant la grosse tête. Il a des revendications légitimes, à la lisière de frustrations : le manque d’attention des autorités sportives de son pays qui n’ont jamais envoyé un simple fax au lendemain d’un exploit du Lion indomptable pour le féliciter et l’encourager, comme le font régulièrement celles de ses coéquipiers expatriés de Barça ; les relents de racisme dont il a souvent été victime de la part des médias et de certains dirigeants de clubs occidentaux ; les incompréhensions avec certains médias de son propre pays ; le désordre et le manque d’infrastructures qui pénalisent le football camerounais, et j’en passe…

Et lorsqu’en privé le double Ballon d’or africain me parle de sa préoccupation pour ces jeunes prisonniers qui restent longtemps en détention parce qu’ils n’avaient pas manqué 7.000 francs Cfa pour faire avancer leurs dossiers de procédure, lorsqu’il se dit préoccupé par le sort des enfants de la rue abandonnés à leur triste sort et ainsi obligés de grossir l’armée des braqueurs pour survivre, c’est l’image d’un humaniste peu connu du grand public que nous renvoie Eto’o. Et l’on apprendra ainsi que ses actions en faveur des laissés pour compte ne se comptent plus, et que l’homme nourrit d’ailleurs de grandes ambitions pour ces catégories sociales.

Qu’on l’aime ou qu’on le déteste, Samuel Eto’o Fils force au moins l’admiration, même chez les êtres les plus difficiles, sinon pour son talent de footballeur, du moins pour la cohérence de ses propos, la justesse de son combat et sa grande intelligence (une intelligence que l’on rencontre rarement chez les jeunes stars qui ont son parcours)… Samuel force l’admiration pour son attachement à son pays le Cameroun, à ce New-Bell qui l’a vu naître et grandir, à sa famille et ses amis d’enfance dont il sait si bien s’entourer – ici comme en Espagne –, et à ses aînés qui, en quelque sorte, l’ont fait roi : le “ président ” Gilbert Kadji de Ksa où il fit véritablement ses armes, et son idole Roger Milla qu’il considère comme le plus grand footballeur de tous les temps. Peu importe donc qu’on l’aime ou qu’on le déteste ; ce qui est sûr, c’est qu’il ne laisse personne indifférent. Et il en est si conscient qu’il ne rate jamais l’occasion de se faire entendre et de faire valoir ses positions, ses récriminations, mais aussi ses joies.
Etre exceptionnel, Eto’o Fils l’est à bien des égards ; à 24 ans, l’actuel meilleur buteur du championnat espagnol tutoie désormais les ténors du gotha du football mondial. Le titre qu’il nous a ramené la semaine dernière est certes le fruit d’un travail personnel, mais qui honore l’Afrique tout entière. Et le Cameroun en particulier ; un Cameroun auquel le football aura finalement tout donné grâce ses valeureux fils, mais dont les dirigeants semblent appréhender mal la nécessité, voire l’obligation d’un retour d’ascenseur : aucun stade digne de ce nom, aucune politique de développement d’infrastructures ou d’organisation rationnelle, ce qui, de l’avis d’Eto’o, prive le pays de nombreuses retombées. Exemple : “ Le Barça aimerait bien venir jouer au Cameroun, mais il ne jouera jamais ici tant que nos stades n’auront de pelouses appropriées ”, nous a confié le chouchou du club espagnol de Barcelone. Eto’o Fils n’entend pas pour autant ternir l’image de grande nation de football que le Cameroun offre au monde ; à la question d’un journaliste qui voulait savoir pourquoi les professionnels camerounais ne s’entendraient pas pour boycotter les matches des Lions indomptables afin d’amener les dirigeants du football à doter nos stades de belles pelouses, l’homme a, en guise de réponse, raconté l’anecdote suivante : “ lorsque mon coéquipier Ronaldinho a regardé le match Cameroun-Egypte à la télé, il m’a posé des questions sur l’état de la pelouse sur laquelle nous avons joué, et je lui ai dit que ce sont les images de la télé qui n’étaient pas nettes… ”. Un sens de patriotisme dont bien de dirigeants de ce pays, pourtant si prompts à récupérer nos victoires sportives à des fins politiques, ne sauraient se prévaloir honnêtement.

Ainsi fasciné par le personnage, voire la personnalité de Samuel Eto’o Fils, je n’ai pas pu résister à la tentation de l’inviter à nous faire l’honneur d’une visite au Messager. Cet honneur, Samuel a bien voulu nous le concéder, et c’est ainsi que nous l’avons reçu rue des Ecoles samedi 24 décembre ; l’entretien-vérité que nous proposons à nos lecteurs dans la présente édition en est le fruit.

A l’aube de l’année nouvelle, cet entretien accompagne les vœux les meilleurs que Le Messager formule à l’endroit de ses aimables Lecteurs que nous invitons par ailleurs à lire et à méditer les propos de ce brave Fils du terroir dont le courage, la détermination, la combativité et l’abnégation devraient servir d’exemple à tous, et notamment aux jeunes qui ont plus que jamais besoin de repères dans un pays où le culte et l’appât du gain facile se célèbre jusqu’au sommet de l’Etat.

Pius N. NJAWE
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MessagePosté le: Mer 28 Déc 2005 16:50    Sujet du message: Répondre en citant

http://www.cameroon-info.net/cmi_show_news.php?id=17150
Entretien: Les vérités d'Eto'o fils
DOUALA - 27 DEC. 2005
© Le Messager


"...J’ai souvent eu l’impression au Cameroun et partout en Afrique que les gens disent des choses qui ne sont pas vraies. Les gens se mettent avec des journalistes européens qui ne nous respectent pas, pour nous dénigrer. Si ton propre frère ne te respecte pas, est-ce que c’est l’Européen qui viendra te respecter..."

Sur les raisons de sa visite au Messager

Je lis Le Messager, mais, je dois vous l’avouer, je le lis surtout quand il y a un article qui parle de moi. Je lis donc régulièrement les articles qui parlent de moi. C’est vrai que j’avais appris que le grand frère Pius Njawe a eu des problèmes, mais cela remonte à quelques années déjà. Je connais bien le nom du grand frère. A part cela, je ne sais pas grand-chose du Messager. Et, si je suis là aujourd’hui, c’est pour qu’on se connaisse mieux, vous et moi. Je suis venu vers vous tout entier. Derrière le footballeur Samuel Eto’o, il y a d’abord un jeune du quartier New-bell à Douala dont le rêve était de ressembler à Roger Milla. Mon rêve est d’ailleurs toujours de ressembler à Roger Milla. Même si Roger Milla n’a pas gagné tous les titres, pour moi, il reste le meilleur joueur du monde de tous les temps. Evidemment, ce n’est que mon opinion. J’espère que nous allons mieux nous connaître, connaître Samuel Eto’o Fils ; pas seulement le footballeur, mais l’être humain aussi.

Son passage de l’Ecole de football des Brasseries à la Kadji Sports Academy
Je souhaite que ceci soit publié, parce qu’on n’en parle pas souvent. Pourtant, c’est le chemin que beaucoup de jeunes camerounais empruntent par envie de vite réussir. Quand j’arrive à l’école de football des Brasseries du Cameroun, je suis un très bon joueur qui veut réussir. L’année d’après, on m’amène à un tournoi de football à Avignon en France, où je marque beaucoup de buts. Comme tout jeune Camerounais, je pense à l’époque que la France est synonyme de réussite pourtant, ce n’est pas forcément vrai. En France, si vous n’avez pas un travail, la souffrance est votre lot quotidien. Après le tournoi d’Avignon, je voulais rester en France, pour réussir et aider ma famille. Alors, j’ai disparu. Je n’avais que 11 ans et je n’avais pas de papiers. Malheureusement, c’était la période où, si tu n’avais pas de papier, on te mettait dans le prochain avion. J’ai donc passé sept mois dans une maison. La France, je la voyais de ma fenêtre. Ce n’était pas une vie. Ce n’était en tout cas pas ce dont je rêvais. Je ne pouvais pas faire ce que j’aime faire le plus : jouer au football. Alors, un matin, j’ai expliqué à ma sœur Sidonie qui m’hébergeait que je souhaitais rentrer au Cameroun, parce que je ne me sentais pas à l’aise en France. Je me rappelle qu’elle m’avait dit : “ Tu es bien le seul jeune qui n’est pas à l’aise en France ”. Alors, elle s’est débrouillée et m’a acheté un billet à la Camair pour un retour au Cameroun. Aussitôt arrivé à Douala, j’ai décidé de me rendre au Stade de la Réunification de Douala pour assister au tournoi Interpoules. Et là, je suis tombé sur Michel Kaham qui m’a révélé qu’il me cherchait depuis quelque temps. Voilà le début de mon histoire avec la Kadji sports Academy (Ksa).

Michel Kaham m’a amené voir Gilbert Kadji qui m’a posé la question suivante : “ qu’est-ce qu’il te faut pour jouer avec nous, pour venir dans mon centre ? ” Je lui ai répondu : “ mon papa ne travaille pas, si vous lui donnez du travail, ça me va ”. Il m’a demandé si c’était tout, je lui ai dit oui. C’est ainsi que je me suis retrouvé dans l’équipe de football Ucb en deuxième division du Littoral. Trois mois plus tard, Gilbert Kadji m’a envoyé en vacances à Paris avec d’autres jeunes du centre. Il nous avait alors donné des travellers chèques d’une valeur de 50 milles francs français, soit 5 millions de francs cfa. J’étais avec le jeune Moukwelle et c’est le tennisman Pierre Moudourou qui s’occupait de nous.

C’est autant de choses qui ont consolidé mon mariage avec la structure de Gilbert Kadji. Deux ans et demi plus tard, je me retrouve en train de passer un essai d’abord à Cannes où on nous a proposé un accord qui ne nous convenait pas, et quelques semaines plus tard au Réal Madrid. L’essai au Réal Madrid a été concluant et, une fois dans le club madrilène, j’ai essayé de me créer mon propre chemin. Là, les gens peuvent vous aider, mais ça dépend de vous. Il faut travailler dur ! Mes parents étaient à plus de 8.000 kilomètres de moi et, je n’avais pas le temps chaque fois d’appeler mon père pour lui c’est ceci ou cela. J’avais à l’époque 14 ans et il fallait déjà que je prenne certaines décisions. Heureusement que nous avons grandi avec notre école de la rue. Ce qui fait que, même quand tu te retrouves avec des gens qui sont plus âgés que toi, tu essayes de t’en sortir. C’est ainsi que j’ai connu le bonheur avec le Réal Madrid, mais beaucoup plus de malheur que de bonheur.

Pour revenir à mes débuts au Cameroun, il faut dire que j’ai été sociétaire, pendant une bonne partie d’une saison, de Avenir de Douala toujours en D2 du Littoral où j’ai connu un grand entraîneur qui n’est autre que Isaac Bassoua. Je jouais à Avenir de Douala quand j’étais à l’Ecole de football des Brasseries. Et, quand je suis arrivé à Ucb, nous battions toutes les équipes, même celles de D1. Nous étions un groupe de jeunes joueurs solidaires et soudés ; une grande équipe composée des Moukwelle, Bayamba, Ndiba, Bahoken, Eto’o… Il fallait nous voir jouer ! Mon papa et autres avaient, depuis plusieurs années, arrêté d’aller au stade mais, avec la création de l’équipe Ucb, les gens allaient à nouveau au stade pour vivre le spectacle. Quand j’allais au marché central avec ma mère, tous les commerçants et autres sauveteurs me pointaient du doigt en disant que j’étais un phénomène du ballon rond.

Ses déboires au Réal Madrid

Quand je me retrouve au Real Madrid, on me prête âgé de 15 ans, à Leganes. L’année suivante, Guss Hiddink, l’actuel entraîneur du Psv Eindhoven qui était à l’époque à Madrid après le départ de Fabio Capello décide de me récupérer. Je reviens alors au Réal Madrid où on ne me fait pas jouer tout simplement parce que ce n’est pas toujours l’entraîneur qui fait le classement dans certains clubs. Mais, j’étais fier d’être là, de m’entraîner avec de grandes stars reconnues mondialement. Et, à un moment donné, j’ai compris qu’il fallait que je joue. Car, si tu ne joues pas, on ne te voit pas et, si on ne te voit pas, tu ne peux pas devenir grand. J’ai alors dit au président du Réal Madrid, moi je veux jouer. Quelque temps plus tard, je pars à Milan avec le Réal Madrid et me retrouve dans une opération où je ne pouvais pas mettre ma signature parce que j’étais mineur. Quelques années plus tard, je suis prêté à Majorque où je fais de très belles saisons et, le Réal Madrid décide de me récupérer. Je suis content, j’ai plus de cent matches de première division dans les jambes. Donc quelque part, j’ai une carte de visite et je me dis que j’ai une chance. Malheureusement, le même problème se pose. Je tombe sur un monsieur qui veut me faire croire qu’il est un dieu. Il me dit : “ Tu gagnes quoi ? Un million de francs français par moi ? Je peux te les payer parce que ça ne me coûte rien et te laisser dans les gradins ”. C’est ce jour-là que j’ai décidé de prouver que je suis le meilleur ; et, je marque des buts à tous les matches, même aux entraînements.

Je continue à travailler avec acharnement, je repars à Majorque et, plus tard, j’ai une opportunité, celle d’aller à Chelsea. En décembre de cette année-là, il me reste un an de contrat avec le Réal Madrid. J’entre donc en négociations avec Arsenal mais, le montant demandé est très élevé. Subitement, je reçois l’appel du président du Fc Barcelone. Et, pour dire vrai, connaissant bien le championnat espagnol, je voulais bien rester en Espagne. Après négociations, je signe un pré-contrat qu’on garde et on dit au Réal Madrid que le Barça est intéressé. Le Réal Madrid ne veut pas en entendre parler, il dit qu’il veut me récupérer.

Bizarrement ! Mon histoire avec le Réal Madrid, c’est un peu celle d’un homme qui montre à une femme qu’il l’aime, et cette femme lui tourne le dos, et le jour où l’homme décide d’aller voir ailleurs, la femme lui court après et prétend l’aimer. Les dirigeants du Réal Madrid m’ont dit qu’ils avaient toujours eu besoin de moi. Mais, il était trop tard ; mon cœur battait déjà pour le Barça. Dieu merci, les chiffres sont là et parlent d’eux-mêmes. On peut vendre beaucoup de maillots et ne pas être le meilleur. Ils sont respectables tous ces joueurs du Réal Madrid. Ce sont de grands joueurs ; mais, il faut reconnaître qu’en football il y a des générations. Il faut laisser les jeunes s’exprimer. Je suis bien en Catalogne. Mes multiples déboires au Réal ont été une source de motivation en plus dans ma carrière. Quand je suis énervé, j’essaie toujours de prendre l’énergie que je devais perdre pour positiver. Moi, j’ai été frustré et, à chaque fois que je rentre dans un stade, je me dis, mon énervement devrait servir à quelque chose de bien. Donc, au lieu de rendre à un adversaire un coup de pied qu’il m’a donné, je dis, Samuel, concentres-toi sur ton sujet et marque des buts. Là-bas, ils disent que le but c’est l’amour et l’argent. Quand tu marques tu es Dieu. Donc, quand je marque, on ne peut rien me dire.


Ses rapports souvent tendus avec la presse camerounaise

J’ai souvent eu l’impression au Cameroun et partout en Afrique que les gens disent des choses qui ne sont pas vraies. Les gens se mettent avec des journalistes européens qui ne nous respectent pas, pour nous dénigrer. Si ton propre frère ne te respecte pas, est-ce que c’est l’Européen qui viendra te respecter. Les Européens sont venus ici, ils ont pris nos terres et nous ont laissé la vie. Aujourd’hui, on est là, on a notre misère. Mais moi je suis fier. On a un truc qu’ils n’ont pas. C’est qu’ils ne sont pas sûrs d’eux. Ils ne savent réellement pas ce qu’ils veulent. Ils sont toujours prêts à mourir. Un Camerounais, même dans tous ses problèmes, a toujours l’espoir. J’ai vu, avant le match contre l’Egypte, ces frères qui écrivent n’importe quoi sur moi, venir m’embrasser pourtant ils avaient dit que je ne méritais pas le deuxième ballon d’or. Dîtes-moi, quel footballeur africain a marqué plus de buts qu’Eto’o ? Même les Africains qu’ils évoquent, qui sont de très bons joueurs. Ce sont de talentueux footballeurs qui défendent le continent africain mais, il y a toujours plus fort qu’eux. Aujourd’hui, on nous suit tous à la télé. Ce n’est pas comme avant où certains journalistes disaient des choses à la radio et on ne pouvait rien voir ; où un reporter disait par exemple ‘Union de Douala tout de vert vêtu, maillot vert, short blanc…’. Aujourd’hui, les images sont là, on voit. Il y a beaucoup de problèmes à l’équipe nationale mais, pensez-vous qu’il faille les mettre sur la place publique en pleine compétition, comme certains parmi vous ont eu à le faire lors de la dernière Coupe des nations en Tunisie ? Je ne le pense pas. Soyez-sûrs, les joueurs de l’équipe nationale de football savent qu’il y a des problèmes et veulent les résoudre. Je dis bien les joueurs. Nous voulons bien nous retrouver souvent, les 22 de l’équipe, sans aucun dirigeant, et discuter des problèmes qui minent notre équipe. Pour nous en équipe nationale, nous sommes très motivés. En fait, pour ce qui me concerne, quand on chante l’hymne national, c’est comme si je suis dopé. J’ai envie d’en découdre avec l’adversaire. Et çà, je l’ai déjà dit à un jeune de l’équipe nationale qui est venu me demander comment je prépare un match. Quand tu es en équipe nationale pour un match, tu es responsable, tu as 16 millions de vies des Camerounais entre tes mains. Le cœur d’un téléspectateur peut lâcher pendant qu’il regarde un match. Eto’o a raté un but, un Camerounais tombe et meurt. Après tu sors du stade, tu es triste parce qu’on te dit qu’il y a un Camerounais qui est mort. On ne va pas te dire directement que c’est parce que tu as raté un but qu’il est décédé.

Ses performances au Barça et chez les Lions

Je marque des buts tant en équipe nationale qu’avec le Barça. Je marque mais, la passe vient de quelque part. Si vous êtes entraîneur aujourd’hui et que vous devez mettre sur pied une tactique face aux Lions Indomptables, qu’allez-vous faire ? Sûrement museler Eto’o. Quand nous sommes arrivés à Abidjan, le soir on a fait la réunion des sages et on s’est dit ils vont attendre Eto’o à l’axe. Si je jouais avant-centre, nous perdions le match. C’est pour cela que je n’étais pas à l’axe et on a gagné la partie. Peut-être face à l’Egypte à Yaoundé, si j’étais à l’axe, on aurait battu. Parce que l’Egypte ne jouait rien. Mais ce n’est pas une raison ; cela ne justifie même pas le match nul. Vraiment, tant en équipe nationale qu’au Barça, je me donne à fond.

Par ailleurs, il faut dire que la qualité de la pelouse peut souvent être à l’origine de certains manquements. Je ne comprends pas qu’il n’y ait pas une pelouse de qualité dans notre stade. Une pelouse c’est rien. Ce n’est même pas 10 millions de francs cfa. Il faut seulement entretenir, arroser tout le temps. S’il y a une bonne pelouse au stade omnisports Ahmadou Ahidjo de Yaoundé, le Cameroun pourrait, dans un avenir proche, recevoir le Barça pendant deux ou trois jours. Avec tout ce qui suivra. C’est là où on va mettre la machine qui fabrique de l’argent. C’est là une bonne occasion pour avoir de l’argent. Il faut mettre des idées pour créer de l’argent. Des milliards vont entrer pour notre pays. Ce n’est pas aller voler ou être feyman comme le font certains.

Sur le Cameroun qui n’a pas voté pour le joueur Fifa de l’année

Bon, je ne sais pas ce qui s’est passé. Je pense que le gouvernement devrait chercher à savoir ce qui s’est réellement passé.

Sur ses interventions pour la libération de certains prisonniers

J’ai toujours pris la peine de savoir ce que celui que je veux aider a fait pour être en prison. Vous n’allez pas sortir quelqu’un qui a tué. Même si je donne la chance à quelqu’un qui a tué parce que je l’écoute. Mais, vous savez, il y a des innocents en prison. Il y a des gens qui y sont parce qu’ils n’ont pas le pouvoir qui est l’argent. Dernièrement quand j’étais en prison, j’ai suivi un bon discours fait par un jeune. Puis, je lui ai demandé pourquoi il est là, il m’a dit que c’est parce qu’il a volé un téléphone portable. Dites-moi, pour un portable, il a déjà plus d’un an en prison. Un portable ! Demain quand il sortira de là, il ne volera plus un portable, mais une voiture.

Parfois, au lieu d’envoyer un enfant en prison, il faut lui dire que ce qu’il a fait n’est pas correct. Qu’allons-nous faire pour que ces jeunes ne souffrent pas dans nos prisons ? C’est la question. Il faut qu’on s’asseyent tous, qu’on trouve des moyens pour remédier à cela. Ce n’est pas bien qu’un mineur, pour un petit larcin, se retrouve en prison avec des gens qui méritent vraiment d’être punis. A Douala, j’ai un grand frère qui a le pouvoir de décider, qui peut entrer en prison et sortir quand il veut. Il travaille sur un projet que j’ai, celui de créer un centre de réinsertion pour les jeunes. Vous savez, nous sommes au Cameroun et ce pays nous appartient. Mais, pensez-vous que tous les Camerounais peuvent décider pour leur pays ? Ceci aussi est un problème. Moi Samuel, je peux avoir mon argent et faire quelque chose dans ce pays. J’aimerais bien investir pour gagner de l’argent. Nous sommes en train de travailler pour améliorer la vie des Camerounais. Je vais vivre pour çà. Même à 70 ans, je serai là. Ils ne vont pas me tuer avant. Je vais vivre pour voir le Cameroun changer.

Sur sa participation à la Can 2006 avec les Lions

Ma décision, ma volonté sera celle de Dieu. J’ai confié à qui de droit ce que je pense de ma participation ou non à la prochaine Can. Bon, on a encore quelques jours devant nous ; on en parlera. Mais, la décision que je prendrai sera la meilleure, tout en pensant aux Camerounais ; ceux-là même qui ont réellement besoin d’Eto’o. Pas ceux qui profitent d’Eto’o. J’ai posé certaines questions, certaines choses que je ne comprends pas, des préalables. Et, j’attends des réponses. Il faut tout de même retenir que je suis actuellement au point mort chez les Lions.

Par ailleurs, il arrive que certaines personnes évoquent le fait que nous Lions, puissions-nous entendre pour refuser de jouer quand certaines conditions ne sont pas réunies. Mais, je pense qu’il faut éviter au maximum d’avoir des rapports de forces avec les autorités. Parce que, ça salit l’image de notre pays ; notre image. Je me rappelle en 2002 où on avait refusé, avec raison, d’aller prendre l’avion pour aller au Japon. On avait une fois de plus parlé du Cameroun, mais en mal. Est-ce cela une bonne tactique ? Je pense que le dialogue doit primer. Comme je disais, il faut accepter que d’autres ont réussi. Ceci est aussi un problème ; on n’accepte pas que les autres ont réussi, ni leurs opinions.

Le problème de la pelouse, quand vous avez de grands joueurs comme Rigobert Song qui a joué dans plusieurs pays du monde, Jerémie Njitap qui a gagné deux fois la ligue des champions et Samuel Eto’o qui joue au Barça, plein de joueurs qui jouent dans des clubs importants ; et quand aujourd’hui on retransmet un match comme Cameroun – Egypte du 8 octobre dernier à Yaoundé et que nos co-équipiers voient, c’est une honte. Quand par exemple Ronaldinho dit : “ gars, ton pays là, c’est comment ? Il n’y a pas de stade ? ” Je suis obligé de dire c’est peut-être les images de la télévision qui n’étaient pas bonnes. Il vont me croire parce que la télé parfois modifie des images. Si on veut régler ces problèmes-là, on le fait. Nous avions besoin des vestiaires, ils l’ont fait. En trois mois on peut avoir une pelouse et ceux qui ont le pouvoir de prendre les décisions le savent. La pelouse ne coûte rien. Mais chez nous, il y a des gens qui pensent que leurs belles villas et voitures passent avant l’intérêt général. Ainsi va notre pays.

Sur la rivalité Eto’o–Drogba et les 8èmes de finale Chelsea – Barcelone

Pour ce qui est de ce que vous appelez rivalité Eto’o – Drogba, les gens sont libres de faire leur choix. Chacun à le choix de supporter qui il veut. Peut-être Didier parce qu’il joue mieux de la tête que Samuel Eto’o. D’autres supporteront Eto’o peut-être parce qu’il dribble mieux et marque plus de buts. Je ne suis pas en concurrence avec Didier qui est un excellent joueur qui œuvre pour l’Afrique. Et ça, il faut le reconnaître. Il est aujourd’hui un des meilleurs de Chelsea et ce qu’il fait dans ce club est pour le bien des milliers d’Africains qui ne rêvent que de réussir dans la vie.

Quand je regarde derrière moi, je constate que j’ai écrit l’histoire du football africain. Je suis déjà dans le livre d’or du football africain. Après Weah, l’Africain qui est entré dans le livre d’or du football mondial c’est un Camerounais. Même si les autres sont forts et peuvent, il faut quand même dire qu’ils viendront après moi. J’ai connu la même rivalité avec El Hadj Diouf. Lui et moi rions souvent, je lui dis “ toi là tu m’as cassé les pieds. ” C’est comme ça quand je vois Didier, je ris. Mais je crois qu’il faut avoir des concurrents. Quand je gagne un ballon d’or, je suis fier parce que je sais que je suis le meilleur. Au jour d’aujourd’hui, les chiffres sont là. Cela ne triche pas. On ne peut pas fermer les yeux devant ce qui est là.

Vous allez bien vous poser la question de savoir pourquoi Mourinho a toujours voulu que j’aille à Chelsea. Peut-être c’est pour me faire jouer avec Didier Drogba. Ou peut-être comme il joue avec un attaquant, me faire jouer ou faire jouer Didier devant et moi en retrait. Parce que quand on veut payer 80 millions pour un joueur, c’est sûrement pour le faire jouer. Maintenant, les gens sont libres de faire leur choix que je respecte d’ailleurs.

Pour ce qui est du match Chelsea – Barcelone, nous ne saurons oublier que l’année dernière nous sommes partis de Stamford Bridge déçus. Bon, tout ça c’est du passé. Nous avons beaucoup appris par l’élimination de l’année dernière. Nous allons nous battre pour venir à bout d’eux cette fois-ci ; d’autant plus que nous jouons le retour chez nous au Nou Camp. Et, il n’est pas facile chez nous, devant 110 milles spectateurs, de nous créer des problèmes. L’année dernière, Gallas s’est approché de moi à la fin de notre confrontation au Nou Camp et m’a dit “ Samuel chaque dimanche je joue devant 40 mille spectateurs. Ici, c’est 110 milles ”. C’est pour vous dire que nous avons des possibilités Mais, le football n’est pas une science exacte. Nous espérons seulement que nous aurons plus de chance que la saison passée.

Sur sa nouvelle godasse de couleur rouge, appelée Eto’o

Je n’avais jamais joué avec une chaussure de couleur. J’ai eu cette proposition du Barça et ce qui est sûr est qu’il y a quelques millions derrière. Il fallait qu’elle soit bonne. Ils m’ont présenté un modèle mais, j’avais rencontré un petit jeune Camerounais qui m’avait sorti le dessin de cette chaussure. J’ai pris cette godasse et ai donné aux responsables en disant sortez-moi une maquette de ce type. Ils l’ont fait, j’ai fait des essais en modifiant deux ou trois choses. Ils m’ont dit, seulement elle sera rouge. Là, c’était mon problème, parce que je n’avais jamais joué et ne pensais même pas jouer avec une chaussure de couleur. J’ai alors discuté avec mon grand frère Roger Milla qui m’a simplement demandé si la chaussure me tenait bien aux pieds. J’ai dit oui, il m’a dit vas-y, joue avec. Les deux derniers matches, j’ai marqué quatre buts avec cette chaussure. Mais, le problème c’est qu’elle est légère, elle ne pèse pas. Et puis, aujourd’hui, les Blancs créent beaucoup de choses ; des chaussures qui vont directement pour vos pieds, même si ces derniers sont tordus.

Sur l’animosité de la presse française

Vous allez bien comprendre que la presse française ne me porte pas du tout en cœur. Je ne suis pas passé par l’école française qui est le créneau de tous les Africains. J’ai vécu cela en équipe nationale où on disait l’équipe nationale de Patrick Mboma. Patrick c’est un excellent, un grand joueur mais, qui avait besoin de Samuel Eto’o Fils à ses côtés. Quand il a eu Samuel Eto’o, il était encore meilleur. Pas parce qu’il dépendait de Samuel Eto’o, mais parce qu’il avait à côté de lui quelqu’un qui faisait autre chose que Patrick ne faisait pas. Il y a quelques années, ces journalistes français ont dit Diouf, El Hadj, El Hadj…
Aujourd’hui, c’est Didier Drogba. Pourtant, si vous allez chercher, vous vous rendrez compte que depuis 2000, je suis toujours parmi les trois meilleurs joueurs africains. Il y a peu de joueurs, depuis 2000, qui ont pu le faire. Donc, c’est pas un hasard. Et ils ne peuvent pas être contents. Parce que, plus ils parlent plus je marque. Dernièrement, je regardais “ l’Equipe du dimanche ” sur Canal Horizons, j’ai marqué ils ont dit : “ décidément Samuel Eto’o se sent plus à l’aise sur le terrain que dans une salle de presse ”. Dîtes-moi, quand je peux lire dans un journal qui se dit sérieux, L’Equipe, qui me traite de jaloux ; je suis jaloux de Ronaldinho. On donne des prix aux joueurs par rapport à ce qu’ils ont fait durant toute l’année. Vous trouvez qu’il y a un joueur qui a mieux fait qu’Eto’o ? J’ai donné 46 points au Barça. Mon entraîneur est là, le match est dur, je viens, 86ème minute, je marque, on gagne.

Je sors d’une blessure contre Albacete, le match est difficile, je m’énerve. On dit “ Samuel Et’o a insulté son entraîneur ”. Il y a un respect entre nous les professionnels, on ne peut pas insulter. Je suis énervé parce que je ne suis pas content ; je marque puis on me remplace. En fait, il faut marquer le premier but pour libérer l’équipe et, depuis un certain temps, j’ai pris l’habitude de marquer ce premier but, ce qui ne plaît pas aux journalistes français.

Après un match, on se retrouve à une conférence de presse. Un journaliste français vient me dire : “ Thierry Henry est annoncé au Barça, est-ce que cela va précipiter ton départ ” ? Je lui dis mais, tu es en train de me dire que Thierry Henry est meilleur que moi ! Pourquoi je dois partir si Thierry Henry vient ? Il me dit : “ mais normalement… ”. Alors, je lui dis dites alors à Thierry Henry de signer au Barça, le banc de touche l’attend s’il veut jouer avant-centre. C’est clair ! C’est ma réponse. Pourquoi c’est Thierry Henry qui doit jouer ? Il est écrit quelque part que c’est lui qui doit jouer ? Moi j’ai vu au Réal Madrid, Clarence Seedorf mis au banc de touche par Toschack pour faire jouer Jérémie Njitap. Njitap sortait du Paraguay, personne ne le connaissait, il a mis Seedorf au banc, a joué et marqué un but contre le Bayern Munich, qui a propulsé le Real en finale de la champion’s league européenne.

On s’entraîne, l’entraîneur voit qui est fort. Larsson est arrivé, on a vu. Cela m’arrivera un jour. Un jeune viendra et me bousculera. C’est la loi du sport. La deuxième question il me dit : “ tu es égoïste ”. Je dis comment. Il dit “ tu aimes marquer seul ”. Alors, je lui dis, mon job c’est de marquer, on m juge sur les buts. Ronaldinho, son rôle c’est de faire les passes. Giuly aussi. Et puis, dîtes-moi, qui a fait plus de passes de buts à Giuly que Samuel Eto’o ? L’autre chose c’est de marquer. Il a pris l’habitude de rater mais, je suis seul à faire les passes de buts. Autre question, ce journaliste me demande si je ne pense pas que Ronaldhino sera ballon d’or. Je lui dis mais comment me demandes-tu de me prononcer alors que je fais partie des 50 candidats en course pour ce titre. Tout simplement parce que je ne suis pas passé par le championnat français. Allez donc comprendre pourquoi Domenech et Zidane ont eu les mêmes votes, comme s’ils s’étaient passés le mot.

Quand je suis arrivé au Barça, on m’a présenté comme un concurrent de Ronaldhino. Heureusement, Ronnie est un charmant garçon et je suis moi-même allé vers lui pour lui faire savoir que je suis là comme lui, pour le bien de Barça. Et je le fais, en rendant satisfaits mon président Joan Laporta et mon entraîneur Frank Rijkaard qui ont toujours cru en moi, depuis le début. A la fin de l’interview, ce journaliste a donné à Ronaldinho 6 passes de buts, Decco 4 et Samuel Eto’o 3. Pourtant, j’ai fait plus de passes décisives que ces gens. Si tu te mets face aux buts, je te fais une passe alors que je peux moi-même marquer, et que tu rates, çà ce n’est pas mon problème.

A propos du match contre la sélection Basque

Bon, j’ai appris que le match aura lieu le 28 décembre prochain. Je pense que, pour l’intérêt du Cameroun, çà aurait été mieux de jouer en Catalogne où se trouve Samuel Eto’o. Pour ce qui me concerne, tant que je n’aurais pas de réponses à mes questions, je ne me présenterai pas. On a convoqué 19 joueurs, les 18 autres pourront jouer. Mes questions sont connues de qui de droit. Que l’on leur trouve des réponses, je jouerai. Aujourd’hui, j’ai plus de mille Camerounais que je fais manger, à travers mes sociétés. Et, ce sera encore mieux si Eto’o jouait pour les Lions.

A propos de la superstition

Je n’y crois vraiment pas mais vous savez, on est des Africains. Trois jours avant un match, je fais tout le temps la même chose. Je dors à la même heure, je mets mon réveil à la même heure, mon petit-déjeuner, je le prends au même endroit. Tout ce que je fais, pareil. Quand j’entre au stade, c’est toujours par le pied droit. C’est un truc qui ne sert à rien mais, il faut bien croire à quelque chose. Il faut se méfier parce qu’il y a des choses. Je joue à l’équipe nationale depuis 1997. J’ai voyagé et vu des choses. Il y a des gens qui s’amusent avec la vie des autres. Je n’aimerai pas porter quelque chose qui n’est pas destinée à Samuel Eto’o.

A propos de sa fortune

Vraiment, je pense que ce n’est pas important. Le plus important c’est pas les millions qu’on peut avoir en banque, mais l’amour qu’on a pour les autres. Tout ce que j’ai, je le partage avec tout le monde, et surtout avec ces gars qui ont grandi avec moi et m’ont connu depuis le bas âge. J’ai des sociétés qui nous permettent aussi de vivre.

A propos du Sida

Le Sida empêche les hommes et les femmes de faire certaines choses. Je suis fidèle à ma femme. Le Sida existe, il faut faire attention. Il n’y a pas plus cher que la vie. C’est un plaisir qui dure 5, 10 voire 15 minutes, même comme d’autres veulent battre des records de deux ou trois heures. Rien n’est plus cher que la vie. Si tu décides d’aller ailleurs, il faut te protéger. Il y a des préservatifs. Il n’y a rien de si précieux que la vie. Moi, j’aime la vie. Quand je rentre et vois mes enfants, je suis très content. Il faut se méfier en restant fidèle ou alors, si tu décides d’aller voir ailleurs, il faut te protéger. Pour ce qui me concerne, je suis fidèle à ma femme, je l’aime et ne voudrais pas que quelque chose lui arrive.



Par Entretien mené par la Rédaction, Sous la coordination de Honoré FOIMOUKOM Ambroise EBONDA et Pius NJAWE
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M.O.P.
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MessagePosté le: Mer 28 Déc 2005 16:52    Sujet du message: Répondre en citant

http://www.cameroon-info.net/cmi_show_news.php?id=17148
Lamidat de Demsa: Samuel Eto’o, prince guerrier



Il a reçu ses attributs vendredi dernier à Gaschiga dans la province du Nord.

Les équipes de sécurité de l’aéroport international de Garoua avaient du mal ce vendredi à contenir les populations nombreuses du Nord venues accueillir Samuel Eto’o fils. Le goléador du Barcelone répondait ainsi à l’invitation du "festival culturel des épis" qui se déroule à Garoua depuis le lundi 19 décembre 2005. " Nous ne croyions pas à la venue de Samuel, nous, populations de Garoua, sommes aujourd’hui comblées", a déclaré Fadimatou Danda en larmes après avoir salué l’invité du jour.

Samuel Eto’o a eu, au cours des quelques sept heures passées dans la métropole provinciale du Nord, un agenda chargé. Il a rendu visite tour à tour au gouverneur de la province du Nord, Roger Moïse Eyene Nlom et au délégué du gouvernement de la commune urbaine de Garoua, Maïkano Abdoulaye. Il a été invité par ces autorités à continuer d’assurer les fonctions de digne ambassadeur du Cameroun à l’extérieur et de modèle pour la jeunesse. Eto’o a également présidé une rencontre de football des jeunes au stade Roundé Adjia de Garoua. A l’occasion, il a assuré aux responsables de cette catégorie qu’il devrait organiser très prochainement des tournois de détection des jeunes comme cela se fait déjà à Douala et à Yaoundé.

Sammy a ensuite pris la route de Gaschiga, localité située à une dizaine de Kilomètres de Garoua et capitale du lamidat de Demsa. Ici, le Lamido Moustapha de Demsa va remercier Samuel pour avoir accepté de venir dans le Nord. Les notables de Demsa vont ensuite procéder au rituel d’installation. Eto’o va recevoir, à l’occasion, une gandoura signe de son appartenance à la communauté de Demsa, une chéchia rouge qui traduit son pouvoir et une épée, symbole du guerrier. Une fantasia grandeur nature sera faite en l’honneur du désormais prince guerrier du Lamidat de Demsa. Chevaux et autres danses vont animer les réjouissances faites à ce notable.

Il faut aussi signaler la présence à toutes les étapes du président de la Fecafoot, Iya Mohamed. Mais également celle de l’épouse, des parents et amis de l’attaquant du Fc Barcelone, qui avaient tous pris place dans l’aéronef de 70 places loué pour l’occasion. Au détour de ces visites, Samuel Eto’o a évoqué quelques sujets qui intéressent l’actualité sportive de l’heure. Au cours de la conférence de presse qu’il a donnée dans la salle de réunion de l’hôtel Benoué, Eto’o a déclaré que sa participation à la Can 2006 était subordonnée aux réponses à quelques questions posées aux responsables des Lions indomptables. Il n’a pas voulu évoquer le fond de ces interrogations puisque, pour lui, les problèmes doivent se résoudre en interne. " Sinon, je serais à la Can ", a-t-il conclu.
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Jofrere
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MessagePosté le: Mar 03 Jan 2006 19:41    Sujet du message: Répondre en citant

ce garçon est tellement attachant. comment ne pas l'aimer?
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Maryjane
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MessagePosté le: Mar 03 Jan 2006 20:04    Sujet du message: Répondre en citant

jofrere a écrit:
ce garçon est tellement attachant. comment ne pas l'aimer?


Je suis pas branchée foot, mais il n'a pas sa langue dans sa poche, est sûr de lui et le crache à la gueule des autres. J'aime ça chez lui.

D'une certaine manière il me rappelle le jeune Muhammad Ali.
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Jofrere
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MessagePosté le: Mer 04 Jan 2006 20:22    Sujet du message: Répondre en citant

le fait qu'Eto'o donne une telle interview au principal journal d'opposition est en soi un petit évènement déjà.
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Agnassa
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MessagePosté le: Jeu 12 Jan 2006 23:57    Sujet du message: Répondre en citant

Y'a pas que les camerounais qui l'aiment, une de mes soeurs ne cessait de me saoûler avec "son" Eto'o Fils. Mais faut qu'elle arrête de s'agiter là, il est fidèle à sa femme, il l'a dit.

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"Mais mon sang ne veut plus jouer les plaies du Christ
Chaque soir il couve sur son livre de bord
Le feu qui montera à l'assaut des tyrans. "
René Depestre


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