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MONNAIE, SERVITUDE ET LIBERTE

 
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Yazol
Grioonaute 1


Inscrit le: 22 Fév 2005
Messages: 108

MessagePosté le: Jeu 10 Mar 2005 00:40    Sujet du message: MONNAIE, SERVITUDE ET LIBERTE Répondre en citant

MONNAIE : SERVITUDE ET LIBERTE
EXPOSE DU 06/03/04 SUR L'OUVRAGE DE JOSEPH TCHUNDJANG POUEMI
Par Mari-Wsar
Collection DJEHUTI pour la Vulgarisation du Savoir en Afrique

SOMMAIRE :
1 - PRESENTATION DE L'AUTEUR ET DE L'OUVRAGE
2 - INTRODUCTION ET APERÇU HISTORIQUE DE LA MONNAIE
- Comment la monnaie est-elle devenue une créance à vue sur le système bancaire ?
3 - LA MONNAIE, UN BIEN VIDE
- La monnaie, un bien vide qu'il faut remplir
- Le retard de l'Afrique dans l'assimilation du fait monétaire
- Comment expliquer l'endettement excessif de certains pays industrialisés ?
4 - AFRIQUE : LA REPRESSION MONETAIRE
5 - ORGANISER LA RESISTANCE COMMUNE


1 - PRESENTATION DE L'AUTEUR ET DE L'OUVRAGE :

Le Professeur Joseph TCHUNDJANG PUEMI est né Africain-Camerounais le 13 novembre 1937. Il est mort le 27 décembre 1984 dans des circonstances pour le moins mystérieuses. Il enseignait au Centre Universitaire de Douala et était membre titulaire de l'Institut International de Statistiques.

De son très riche cursus universitaire (études de Mathématiques, de Droit et de Sciences Economiques à Clermont-Ferrand et à Paris), il est sorti diplômé du Cycle des Administrateurs en 1967 et Docteur ès Sciences Economiques en 1968 avant de travailler successivement comme Maître-Assistant, Maître de Conférences Agrégé puis Professeur à l'Université de Yaoundé jusqu'en 1975. Il partit ensuite pour la Côte d'Ivoire où il a dirigé le Département d'Economie Publique à l'Université d'Abidjan et collaboré au Bureau National d'Etudes et Techniques du Développement en tant qu'Economiste en Chef. Il a publié entre autres l'autofinancement, facteur probable d'entretien du dualisme (Abidjan 1977), Micro-économie appliquée (Yaoundé 1974).

Ce présent ouvrage, paru en 1979 aux éditions NEA, est le fruit d'un travail de maître où les rudiments des sciences monétaire et économique sortent de la mystification dont elles ont toujours été émaillées. Le souci premier qui a présidé à la production de ce livre est celui de faire sortir l'Afrique de la machiavélique tutelle économique imposée par les puissances impérialistes avec la caution de nos gouvernants. En vrai connaisseur de la science économique, l'auteur démontre au dernier chapitre du livre que quelle que soit l'hostilité de l'ordre économique mondial, si l'Afrique s'unit autour des intérêts qui sont les siens par une intégration économique digne de ce nom, elle sera capable de relever les défis du développement qui s'imposent à elle. "L'Afrique se fera par la monnaie ou ne se fera pas." En posant comme préalable de la réussite économique la création de monnaies nationales ou régionales souveraines, c'est-à-dire non contrôlées de l'extérieur, le Professeur PUEMI n'en sait pas moins qu'au centre du système économique, la monnaie joue un rôle moteur et libératoire. Lorsqu'elle est réprimée, elle paralyse l'Etat et lorsqu'elle est gérée dans le but de remplir le rôle social qui est le sien, elle crée de la richesse et écrase la pauvreté.


2 – INTRODUCTION ET APERÇU HISTORIQUE DE LA MONNAIE :

De sa définition traditionnelle (définition d'Aristote), la monnaie est le bien qui est à la fois moyen de paiement, unité de compte et réserve de valeurs. Elle est une création humaine née de la nécessité pour une communauté, de pouvoir échanger des biens qu'on possède contre d'autres qu'on ne possède pas. Elle repose essentiellement sur le principe d'organisation des échanges selon les règles mathématiques de commensurabilité et de pondérabilité dans le but de garantir l'équité des échanges. Son origine est préhistorique et remonte à la division du travail au sein des premiers groupements humains. Elle est d'abord apparue comme un objet-étalon à partir duquel tous les biens pouvaient êtres évalués afin de les rendre facilement interchangeables. D'où sa première caractéristique : unité de compte ou de calcul économique. Cependant, son expression matérielle en tant que réserve de valeurs n'est apparue qu'au IIème millénaire avant l'ère chrétienne lorsque le besoin de se prémunir contre les aléas de l'avenir a été pressenti. Mais jusque là, elle ne constituait pas un intermédiaire d'échanges en tant que moyen de paiement à caractère fiduciaire. Pour ce faire il a fallu attendre CRESUS (dernier roi de Lydie), au VIème siècle avant l'ère chrétienne pour voir les premières pièces estampillées et garanties par le sceau d'une autorité juridico-politique.

Nous voyons que c'est progressivement au cours des âges que la monnaie a pu remplir les trois fonctions de la définition d'ARISTOTE : moyen de paiement, unité de compte et réserve de valeurs. Cette formule martelée aux Africains n'est guère préjudiciable ; seulement il y a lieu de comprendre à travers le processus d'évolution de la monnaie, le fait que les sciences sociales et humaines évoluent avec le temps selon les besoins des hommes à un moment donné. Cet aspect des choses est souvent ignoré des spécialistes africains qui considèrent les postulats qui nous sont enseignés dans le domaine des sciences socio-humaines comme des "paroles d'évangile". Leur foi aveugle aux enseignements des "maîtres" trahit leur manque d'inventivité et leur incapacité à résoudre les problèmes économiques de l'Afrique, attendant tout des "experts" boréo-occidentaux (1) dont ils sacralisent les enseignements quand bien même certains leur apparaissent idéologiques.

Par ailleurs, s'il reste vrai que la monnaie est un objet de corruption que Mao TSETOUNG prévoyait de supprimer en Chine, il reste indéniable que cet objet "touche dans ses moindres détails notre vie quotidienne en même temps qu'il façonne, au fil des années, celle des générations futures." C'est pourquoi il est indispensable d'en connaître le fonctionnement. En Egypte Antique où les échanges se faisaient par troc, la monnaie était, semble t-il, un objet purement idéale, fictive. Joseph TCHUNDJANG PUEMI savait que la monnaie n'est pas une création de la nature ; et en tant qu'homme libre sachant juger par lui-même, il s'est affranchi de tout dogmatisme vis-à-vis des enseignements des "maîtres" en définissant la monnaie telle qu'elle se présente aujourd'hui : non comme une réserve de valeurs mais comme une créance à vue sur le système bancaire. A partir de ce moment, la matière monétaire a cessé d'être pour lui ce diable inappréhensible aux mille cornes, cette arme silencieuse et de destruction massive à partir de laquelle notre indépendance politique a été confisquée.

Comment la monnaie est-elle devenue une créance à vue sur le système bancaire ?

En Europe pendant l'époque féodale, chaque fief battait sa propre monnaie, le pouvoir étatique était faible et l'Eglise était la seule autorité acceptée par tous. Ses lois sur l'usure étaient infrangibles et ne pouvaient permettre l'expansion économique. Au XIIIè siècle, la restauration et le renforcement du pouvoir royal a permis à l'Europe de sortir de cet immobilisme. Ainsi le taux d'intérêt a été rétabli et l'or est devenu la monnaie universelle comme en Afrique à la même époque (2). L'élan de la Renaissance a libéré toutes les soifs et conduit à la conquête du monde.

Les richesses amassées du Commerce Triangulaire, de l'Esclavage des Noirs (3) et de la spoliation des tribus autochtones d'Amérique ont été énormes. En Angleterre, cela s'est traduit par une prolifération d'entrepôts d'or au XVIIè siècle. Les orfèvres qui tenaient ces entrepôts étaient des véritables intermédiaires financiers comme le sont les banquiers aujourd'hui : "ils recevaient le métal d'une main et le reprêtaient de l'autre. A ceux qui leur remettaient du métal, ils délivraient des récépissés de dépôts qui pouvaient être utilisés comme garantie aux dettes ou comme instruments de paiements à l'instar du chèque aujourd'hui." Ayant ensuite découvert que les demandes de remboursement du métal qui leur était confié ne se faisaient pas globalement et en même temps, les orfèvres se sont donné la liberté de prêter au delà de la quantité du métal reçu en émettant des récépissés comme les banques le font aujourd'hui aux souscripteurs de crédits.

En 1694 est née la Banque d'Angleterre (BA) dans le but de permettre au roi de financer son armée. L'institution était privée et fonctionnait comme les orfèvreries de l'époque. La BA ne se distinguait de ces dernières que par les billets qu'elle émettait à la place des récépissés. Du fait de leur estampille (sceau de l'état), ces billets conféraient beaucoup plus de sécurité à leurs détenteurs qui étaient de plus en plus nombreux à en posséder. Mais il n'y a rien que le roi ou l'Etat pouvait rembourser par ses dépenses inestimables. La BA continuait à émettre des billets non couverts par le métal tout en gardant théoriquement leur convertibilité en or. Cela n'a pas manqué de créer régulièrement des hausses de prix et de rabaisser la valeur des billets (inflation). Et c'est en vain que leurs détenteurs ont voulu se réapproprier leur métal. Le 03 Mai 1797, le gouvernement interdit à la Banque d'effectuer toute conversion de billets jusqu'au 24 Juin. C'est à partir de cet événement marquant (Bank Restriction Act) que le cours forcé du billet de banque a commencé. Depuis lors, le billet s'est revêtu du caractère fiduciaire qu'on lui connaît aujourd'hui ; on ne peut le refuser parce qu'il est délivré par une autorité suprême. Pour en fabriquer, plus besoin de tenir compte de la contrepartie métallique qui jadis les garantissait. Cette subtilité est la plus grande découverte qui fit le succès de la Révolution Industrielle et du Capitalisme au delà de la manne des richesses rapportées des colonies. Pour investir, les entrepreneurs n'avaient plus besoin de recourir à leur épargne. Il suffisait d'emprunter des billets à la banque qui en fabriquait à cet effet à partir de rien, c'est à dire, sans contrepartie métallique. C'est ainsi que la monnaie s'est vidée de sa fonction de réserve de valeurs au profit d'une nouvelle fonction : celle de catalyseur de la création de la richesse par valeur ajoutée. La Banque fabrique de l'argent, le met en circulation en le prêtant aux particuliers et aux entreprises qui le lui remboursent à vue, sans délai ou presque.
______________________
(1) Savoir nommer soi-même les objets est le début de l'intelligence. Il y a quatre points cardinaux dans le monde : le Nord, le Sud, l'Est et l'Ouest. En s'appelant Occidentaux (de la Russie en Amérique), les Européens n'ont tenu compte que de deux pôles : l'Est (Asie) et l'Ouest. A cette époque "des lumières" ou même avant (opposition Rome - Constantinople), l'Afrique ne comptait pas dans l'humanité, du moins dans la pensée européenne. Les expressions Nord Sud pour distinguer les pays industrialisés de ceux qui ne le sont pas ne datent pas d'il y a longtemps. Le terme approprié pour désigner le pôle géographique qui va de la Russie en Amérique est Nord-Ouest.

(2) Sur ce point l'Afrique de l'Ouest était largement en avance puisque le Cauri (ou Kori) qui a connu la subtilité des changes flottants – chose que le monde capitaliste n'a connu qu'au XXè siècle chrétien -, était une monnaie qui a surtout pallié à l'insuffisance de l'or.

(3) Ecrire Esclavage avec un "E" majuscule revient à particulariser la réalité de l'esclavage subi par nos ancêtres. Un événement sans précédent par son envergure et sa cruauté.


3 - LA MONNAIE, UN BIEN VIDE :

La monnaie est une créance à vue sur le système bancaire à cause du caractère vide dont elle revêt à sa création. Elle se comporte comme une boîte vide dont l'utilité est de permettre la production d'un bien ou d'un service dont la commercialisation doit permettre le remplissage de la boîte.

Pour clarifier ce qui a été exposé au chapitre précédent, rappelons les trois fonctions traditionnelles de la monnaie :
Permettre ou faciliter le calcul économique (la monnaie est une unité de compte). Exemples : 1$ = 1$, 45 kilogrammes de riz = 29$, 10 stylos = 7$, 1 pain = 0,8$, etc. Cela veut dire que pour avoir 1$, il faut compter 1$, et pour avoir 10 stylos il faut compter 7$. Ici le $ (le numéraire) c'est l'objet de référence (le bien-étalon) à partir duquel les autres objets sont évalués. c'est la monnaie. Cet objet étalon pourrait être du métal, un objet quelconque, voire même un objet immatériel comme le Shat en Egypte Antique.
Permettre de garder des objets (périssables ou non) en valeurs c'est-à-dire en objets impérissables, divisibles et reconnus de valeur. La monnaie est une réserve de valeurs pour cette raison. Exemple : 4 tonnes de tomates = 25 décagrammes d'or = 1voiture = 8000 € = garantie pour racheter les 4 tonnes de tomates à la prochaine saison (si bien sûr le prix reste le même).
Permettre l'interchangeabilité des objets. Pour cette troisième fonction, la monnaie constitue un moyen de paiement ou un intermédiaire d'échanges. Ex : 20kg de tomates = 1 chemise = 40 €. Au lieu de troquer ma chemise contre 20kg de tomates, je débourse 40€ si j'en ai. Ici pour le cas du Shat, le prix serait connu (40 Shats par exemple) mais pour me procurer les 20kg de tomates, je cèderais inévitablement ma chemise (troc).

Nous avons vu que la monnaie a perdu sa fonction de réserves de valeurs, non seulement parce que les 4 tonnes de tomates ne valent toujours pas 8000 € mais parce que, le véritable objet de réserves, le métal ou l'or a cessé d'être l'objet effectif d'évaluation. En effet si nous remontons le temps, nous voyons que pour acheter les 4 tonnes de tomate il y avait obligation pour un commerçant par exemple d'avoir 250 grammes d'or en espèces ou sous forme de récépissé et le récépissé venait – nous l'avons vu – d'un stock d'or réel en réserve. Chaque récépissé ou chaque billet était garanti par la quantité d'or qu'ils représentaient. Chez l'orfèvre, le commerçant pouvait se faire prêter les 250g d'or s'il n'en avait pas lui-même. Mais il est arrivé à partir d'une certaine époque la situation où l'orfèvre n'avait plus une pépite à prêter. Avide de l'intérêt que lui rapportaient les prêts, il entreprit de donner des récépissés non garantis à ses débiteurs. Il pouvait le faire à volonté mais dans la limite des spéculations de ses rentes. Le commerçant pouvait donc se contenter d'un simple récépissé ou billet à la place des 250g d'or et pouvoir s'acheter les 4 tonnes de tomates. Ni lui ni son vendeur de tomates ne se doutaient que le papier ne fusse pas garanti, seul l'orfèvre le savait. Toutefois il était tenu de rembourser son créancier en monnaie courante (or) ou même en récépissés émis par d'autres orfèvres ; et le vendeur de tomates qui recevait le récépissé pouvait à tout moment le convertir en or chez son émetteur (l'orfèvre de son acheteur). Les conflits ont commencé lorsque l'orfèvre n'avait plus la possibilité de faire cette conversion. D'où l'événement du 3 Mai 1797 provoqué essentiellement par la BA qui n'était plus solvable face aux détenteurs de billets qu'elle avait elle-même fabriqués.

Cette situation s'est généralisée et les billets ont pallié à l'insuffisance de l'or ; et cela afin de répondre aux besoins de l'Economie qui veulent que la possession de la monnaie précède les dépenses d'investissement en vue de créer de la richesse, de la valeur ajoutée par la production. Si nous reconsidérons notre commerçant dans le contexte actuel où l'or n'est plus une monnaie d'échange, à la place de 250g d'or, la banque lui prêterait 8000 € de manière quasiment fictive en mettant juste un chéquier à sa disposition. Sans tenir compte de la moindre réserve d'or ; comme l'aurait fait l'orfèvre en lui donnant juste un récépissé. Cette quasi délinquance en matière monétaire se révèle salutaire dans ce sens que l'économie souffrirait de ne pas voir le commerçant se procurer ses 4 tonnes de tomates pour les revendre à cause de l'insuffisance de monnaie en banque. En absence de crédit, l'Economie ne peut pas s'épanouir.

La création de la monnaie se fait donc dans le but d'investir et non uniquement en fonction du métal ou des réserves extérieures (devises) qu'une banque (centrale ou commerciale) peut avoir à son actif (en stock). C'est en cela que la monnaie est un bien vide, parce que fabriquée à partir de la seule garantie du retour d'investissement. On voit là qu'en battant de la monnaie, sous quelque forme qu'elle soit (fiduciaire, scripturale, etc.), on déclenche automatiquement le phénomène viral de l'inflation. Phénomène qu'on peut comprendre comme l'épanchement d'un flux trop important dans un vaisseau lorsque le vaisseau n'arrive pas à s'adapter au flux, c'est-à-dire lorsque le but pour lequel la monnaie est créée n'est pas atteint. On dit en ce moment là que la monnaie n'est pas remplie. Cette quasi inconditionnalité qui prévaut à la fabrication de la monnaie dans les économies modernes montre bien que la monnaie est une créance à vue sur le système bancaire, c'est à dire, "un droit de remboursement sur le système bancaire." En d'autres termes, il faut de la monnaie d'abord pour investir, contrairement aux idées ringardes et mensongères qui font de l'investissement, la charrue de l'épargne. Ce qui se passe c'est qu'on fabrique d'abord de la monnaie, on l'injecte dans l'économie au travers des investissements et on fait signer des reconnaissances de dette à ceux qui reçoivent cette manne monétaire.

La monnaie, un bien vide qu'il faut remplir :

L'investissement peut venir du marché financier (bourse), des intermédiaires financiers non bancaires (assurances, sociétés de crédit, etc.) ou de la banque. Quand il vient de la banque (commerciale en l'occurrence), celle-ci crée de la monnaie (scripturale à travers le chéquier) qu'elle met à la disposition de son client moyennant un intérêt I1. Si la banque n'est pas liquide pour faire face aux besoins de l'investissement, elle emprunte à la Banque Centrale qui va lui fabriquer la somme requise moyennant un intérêt I2 inférieur à I1. Cette somme (S0) va augmenter la quantité de monnaie (M) en circulation dans l'économie pendant la période d'amortissement (M+S0). Pour éviter que l'inflation générée dégrade la situation économique, il faut veiller à ce que l'investissement de S0 produise de la valeur ajoutée et que (1+I2)S0 et (1+I1)S0 ne se réduisent pas à de simples spéculations pour l'actif des deux banques qui sont déjà débiteurs de S0 (Banque Centrale) et (1+I2)S0 (banque commerciale).

En fabricant S0, la BC spécule sur le fait que S0 puisse être le prix P0 des produits de l'investissement pour lequel S0 est créé, en vue de retrouver l'équilibre initial M=P c'est-à-dire M+S0=P+P0. M étant la quantité totale de monnaie en circulation et P, le prix total de tous les produits du marché (biens et services). Lorsque cet objectif est atteint, l'inflation s'éponge par l'arrivée des nouveaux produits sur le marché (S0<=P0). En effet pour amortir l'investissement, il suffit que les produits de cet investissement aient un prix total égal au Prix de Revient (PR=(1+I1)S0). Ainsi donc si avant l'investissement nous avons P=M, pendant la période d'amortissement nous avons P<M+S0. A l'amortissement P=M (ici, P=P+P0 et M=M+S0) c'est-à-dire que P a augmenté de P0 jusqu'à atteindre M=M+S0, on dit en ce moment là que la monnaie est remplie (4) (P0=PR=(1+I1)S0 ou du moins P0=S0).

En général lorsque les nouveaux produits sont bien appréciés sur le marché, la production augmente P de P1>P0 et on se retrouve avec P>M (P=P+P1). Cette situation où la monnaie se surévalue du fait de sa rareté est dite déflationniste car la richesse du pays (P) dépasse de P1 son évaluation en terme de quantité de monnaie (M). C'est ce phénomène qui a conduit à la crise de 1929 (pages 50, 54). En effet après la Première Guerre Mondiale Moderne, presque tous les pays ont décidé la non-convertibilité or de leur monnaie (5), ce qui a poussé les banques centrales à fabriquer de la monnaie de manière démesurée (M>>P) – car ne tenant plus compte de la quantité des réserves à leur actif. L'inflation était tellement grande qu'en 1929 on a décidé de renverser la tendance, mais malheureusement brutalement. Et Wall Street s'est effondré.

Lors d'une déflation (M<P), l'argent est rare et les prix baissent (P diminue) pour essayer d'atteindre l'équilibre M=P, c'est à dire, pour que chaque produit ait un prix et puisse être échangeable en monnaie. La conséquence directe de la baisse des prix lorsque celle-ci est aiguë c'est le ralentissement de l'activité économique générale à partir du moment où les entrepreneurs cessent de réaliser des profits. Dans ces conditions, les licenciements se font légion et aucune entreprise ne peut se permettre d'embaucher. La récession s'aggrave et il n'y a presque plus rien pour investir, puisque les créances, la fabrication de la monnaie ne se fait plus. C'est ce qui s'est passé en 1929 dans le monde capitaliste (6).

En temps normal (sans inflation ni déflation), M doit toujours être sensiblement égal à P, prix total de tous les produits du marché (biens et services). Il y a inflation lorsque M augmente sans que la production ne suive cette augmentation, c'est-à-dire, lorsque la valeur totale de tous les produits n'atteint pas M (P<M). Ce qui veut dire qu'il y a trop d'argent en circulation par rapport à la valeur totale de tous les produits sur le marché. Le phénomène se manifeste par la hausse des prix (injection du surplus de M par rapport à P dans les prix). C'est ce qui arriverait si le commerçant ci-dessus considéré fait faillite et n'arrive pas à rembourser (1+I1)S0 à sa banque.

La production de la monnaie ne suit qu'une logique, celle du crédit à la production. Le monde capitalisme n'aurait pas connu un si grand succès si on obligeait les entrepreneurs à financer eux-mêmes leurs projets. Dans un tel système, on ne se préoccupe pas de l'augmentation de M dès lors qu'on a la garantie de produire toujours plus, qu'on ait du métal ou des devises en réserve ou pas. Seul compte, pour garantir une monnaie, le rapport de sécurité M/P permettant d'apprécier la qualité de la politique monétaire. A ce jour les Etats Africains ou une grande partie d'entre eux ne semblent pas avoir compris cette subtilité libératoire, "fondamentale dans l'assimilation du fait monétaire et de son rôle social."

Problème de l'assimilation du fait monétaire en Afrique :

La plupart des monnaies africaines ne sont pas au service de leur économie nationale ou régionale. Les investissements locaux sont quasi inexistants pour la simple raison que la charrue est mise avant les bœufs dans l'octroi des crédits ; trop de foi étant mise dans les investissements extérieurs. Comprendre que la monnaie est une créance à vue sur le système bancaire, c'est comprendre que tant que les crédits ne sont pas faits, il ne peut y avoir ni investissement, ni création de la richesse. Ce qui explique la mendicité de nos Etats qui, même pour faire face à la masse salariale, sont obligés de pratiquer la politique de la main tendue. Ne réalisant pas que les prêts qu'ils obtiennent des pays du Nord ne sont que de l'argent vide, non budgétisé. Ce qui est une aubaine pour ces pays prêteurs pour lesquels nos pays produisent de la richesse après remplissage de leurs prêts vides. La situation est la même que celle décrite plus haut. En nous faisant des crédits, ou comme ils aiment le dire, en nous donnant des Aides Publiques au Développement (APD), ils nous incluent dans leur système économique qui se trouve élargi pour résorber leur inflation. Le notre est réprimé et travaille pour le leur. C'est pour cela que l'indépendance économique nous est refusée. A la BEAC, à la BCEAO ou à la Banque Centrale des Comores (BCC), les Français président au conseil d'administration, et tout est décidé par eux en dernier ressort (7). Les richissimes hauts fonctionnaires africains qui y travaillent ne sont que des sous-fifres dont la foi en l'expertise de leurs "collègues" français est sans faille. Pour eux, seuls les investissements extérieurs comptent pour développer l'Afrique. Et le colon veille à ce que tout le monde soit soumis aux règlements en vigueur. Les idées nouvelles n'y rentrent pas.

Aux indépendances, le colon a joué la carte de la reconquête, son intelligence lui a suggéré q'"on ne conquiert pas que par les armes." (8) Le génocide perpétré par cette répression est indicible. Il dure plus de quarante ans et alors que nous nous apprêtons à fêter notre demi-siècle d'indépendance, nos économies sont toujours aux mains des anciennes puissances coloniales et la Monnaie, l'élément central qui leur permet de s'épanouir échappe à notre compréhension. Ce qui fait que pour beaucoup d'intellectuels africains – même assez éclairés soient-ils (9) - il n'est pas question de remettre en cause l'existence du FCFA (Franc des Colonies Françaises d'Afrique déguisé en Franc de la Communauté Financière d'Afrique) qui présente "l'avantage" d'être "stable", "transférable" et "convertible" en Euro. Là est la grande arnaque faite aux Pays Africains de la Zone Franc (PAZF) :

a)- Le Franc CFA doit sa fragile et coûteuse stabilité à sa subordination au Franc Français (aujourd'hui l'Euro) auquel il est arrimé. Chaque PAZF a un compte d'opérations au Trésor Public français où ses réserves sont stockées comme dans un compte courant avec droit de découvert. Au nom de cette "stabilité", 65% de nos réserves extérieures (devises) y transitent comme un placement pour servir l'économie française au détriment de la notre. Les dévaluations du FCFA interviennent lorsque les comptes d'opérations présentent un bilan globalement négatif par suite de l'endettement excessif. Pour nous convaincre davantage de garder cette subordination, on ne cesse de nous marteler, tant par la France que par nos intellectuels bornés, que nos économies sont tellement faibles que nous ne pouvons gérer nous-mêmes nos monnaies de manière souveraine.

b)- La libre transférabilité du Franc CFA en France (ou dans toute la zone Euro) et ce, de façon illimitée nuit considérablement à l'équilibre de la Balance des Paiements (BDP) dans les PAZF où généralement les Balances Commerciales sont toujours positives. Les investissements étrangers se révèlent être des siphons d'échappement de la masse monétaire car les énormes profits réalisés dans les PAZF sont systématiquement rapatriés. Ce qui rend inutiles ces investissements quand bien même ils créent de l'emploi. Une monnaie protégée (non transférable et non convertible comme la Roupie indienne) ne peut permettre cela.

c)- La convertibilité du Franc CFA, ajoutée à la fixité de sa parité avec le Franc Français (ou l'Euro) constitue un leurre pour le développement de nos économies et une aubaine pour les détournements de fonds et la fuite des capitaux qu'elle favorise. L'argument souvent avancé pour cacher la forêt du désastre économique que cette convertibilité crée est de dire que celle-ci est source d'attraction des investissements étrangers. Pourtant depuis la création de la Zone Franc, l'Afrique reste le continent qui attire le moins les capitaux étrangers. Aussi longtemps que les Africains croiront au salut par les investissements étrangers et l'expertise étrangère, l'Afrique continuera de subir les mécanismes de paupérisation.

Pour être effective, l'indépendance des pays africains passe par une totale indépendance économique et celle-ci est impossible sans le contrôle intégral des instruments de la souveraineté étatique dont la Monnaie constitue l'élément central qui permet tout épanouissement. Un foyer digne de ce nom peut-il confier sa propre gestion à un autre foyer ? Peut-il accepter d'être géré par un autre ?

Comment expliquer l'endettement excessif de certains pays industrialisés ?

Cela peut paraître paradoxal de savoir que certains pays capitalistes sont excessivement endentés alors qu'ils maîtrisent les subtilités de la réussite économique en plus des prébendes qu'ils entretiennent dans les pays du Sud. La raison principale en est que ces pays vivent largement au dessus de leurs moyens à cause des charges sociales et des gigantesques projets qu'ils ne peuvent s'empêcher de financer. Dans tous les pays dignes de ce nom, la Banque Centrale (BC) est une institution étatique dont le rôle est d'élaborer la politique économique en adéquation avec le gouvernement. Elle bat la monnaie et fait des crédits non remboursables à l'Etat en veillant à ne pas déborder le vase. Cet endettement inflationniste est nécessaire pour l'économie nationale lorsqu'il est suivi par la croissance. Mais l'Etat n'y fait souvent recours qu'en cas de déficit budgétaire lorsque les dépenses publiques dépassent les entrées budgétées du Trésor Public. Face à cette situation, il peut arriver que pour éviter l'engorgement de l'économie et préserver l'équilibre M/P de la stabilité de la monnaie, la BC demande au gouvernement de s'approvisionner autrement. D'où le recours à l'endettement extérieur, par emprunt de devises ou par non règlement immédiat des importations ou des services reçus des autres pays (10). Et à mesure que cette situation se répète, l'endettement peut croître de manière exponentielle.

Notes :

(4) A titre d'exemple, les choses se passent comme si on vous prêtait 1000 € pour faire du commerce. Avant le prêt, vous n'avez rien si ce n'est votre projet ; les 1000€ sont (de la monnaie) pour vous, un bien vide, qui ne vous appartient pas, qui sort du néant en quelque sorte et qu'il faut coûte que coûte remplir (rembourser) si vous ne voulez pas vous retrouver avec une corde au cou. Quand vous aurez réussi à rembourser les 1000€ avec l'intérêt qui va avec, vous aurez produit une richesse par la valeur ajoutée (aux 1000€, - au minimum l'intérêt 1000 x I1) et vous vous retrouvez avec quelque chose à votre actif alors qu'avant le prêt vous n'aviez rien.

(5) Avant cette date, il était possible d'échanger des billets contre de l'or dans les banques. Aux USA, cela a continué jusqu'au 15 août 1971.

(6) Le FMI utilise souvent cette méthode pour réprimer l'Afrique : Programmes d'Ajustement Structurel (PAS), contrôles budgétaires, sanctions sur les déficits budgétaires, réduction des dépenses publiques, etc. A prime abord ça n'apparaît pas comme un mal ; pour nos spécialistes bornés c'est d'ailleurs un ensemble de mesures de bonne gouvernance. L'Afrique ne sortira jamais de l'auberge avec cette élite impensante.

(7) Lire Nicolas AGBOHOU : "Le Franc CFA et l'Euro contre l'Afrique"

(8) Après l'échec de l'armée française dans le renversement du pouvoir ivoirien en novembre 2004, la France s'est consolée en menaçant de geler les avoirs extérieurs de la Côte d'Ivoire. Il ne s'agissait pas là des possessions de Laurent GBAGBO mais bel et bien des réserves de la Côte d'Ivoire qui se trouvent dans un "Compte d'Opérations" au Trésor Public français. Faut-il encore rappeler que le Franc CFA est une monnaie intégralement gérée par la France pour empêcher toute expansion économique en Afrique ?

(9) En 1996, dans son livre : " Gouvernance et politique monétaire. A qui profitent les banques centrales de la zone franc ?" (Editions l'Harmattan), le Pr Tchétché NGUESSAN, agrégé d'économie, anciennement économiste au FMI, face à l'avènement de l'Euro, préconisait parmi cinq scénarios celui du statu quo en promouvant la bonne gouvernance qui conduirait à la création d'une monnaie africaine souveraine avec la caution de "nos partenaires".

(10) Nicolas SARKOZY, ministre français de l'Economie en 2004 a, lui, opté pour la vente d'une partie des réserves en or de la Banque de France au lieu d'endetter le pays davantage.


4 - AFRIQUE : LA REPRESSION MONETAIRE :

5 – ORGANISER LA RESISTANCE COMMUNE :


Dernière édition par Yazol le Mer 29 Mar 2006 08:35; édité 1 fois
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Farao
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MessagePosté le: Jeu 10 Mar 2005 09:35    Sujet du message: Merci Répondre en citant

Les posts que Yazol nous livre depuis quelques jours sont toujours d'une très grande qualité. C'est long mais c'est bon! Wink

J'attends les suivants avec impatience.

Chapeau.
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Mankwel
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MessagePosté le: Ven 11 Mar 2005 15:47    Sujet du message: Répondre en citant

Salut Yazol,

ton post est vraiment de grande qualité et super intéressant car il permet d'appréhender les enjeux et les problématiques liés à la monnaie notamment sur le rôle qu'elle peut jouer dans la constitution d'1 nation moderne, forte et prospère...

Conceptuellement parlant il est acquis que le franc CFA est plus 1 frein qu'1 vecteur de développement économique ( et donc social) pour les pays francophones d'Afrique et ton post en est 1 véritable démonstration.

Il est donc impératif que nos états optent pour des monnaies véritablement nationales ou du moins cherchent à s'affranchir réellement de la tutelle de gestion de la Banque Centrale de France et du Trésor Français...

Il est évident que rien ne peut empêcher légalement 1 état de décider de "sortir" de la zone Franc et de battre sa propre monnaie...
Mais comme tu l'as souligné, il semble que nos élites ( politique, financière ) préferent le petit confort de la soumission à l'ivresse aventureuse de la liberté...

Et celà s'explique parce que par rapport aux conditions économiques et sociales actuelles de nos pays, il faudrait changer complètement les politiques macro-économiques rentières qui sont orientés vers l'extérieur que dis-je vers l'Occident...

Celà nécessiterait 1 véritable "nationalisation" de l'économie pour éviter la fuite des capitaux vers l'Occident, avec pour commencer des Banques commerciales et des établissements de crédits réellement aux mains des nationaux et pas des filiales de groupes occidentaux...

Or en Afrique actuellement c'est exactement le contraire qui est train de se passer car on préfère vendre ou octroyer des licences d'exploitation aux étrangers ( Occidentaux, Chinois, Brésiliens, etc...)

Le changement de cap commencera donc d'abord avec le changement des élites politiques ou de leur système de fonctionnement qui actuellement privilégie la prédation et le gaspillage des finances publiques privant ainsi le secteur privé locale ( qui est le véritable moteur d'1 économie nationale ) de sa principale source de financement dans le contexte historique africain...

Cool Cool Cool
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Mankwel
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MessagePosté le: Ven 11 Mar 2005 15:48    Sujet du message: Répondre en citant

Salut Yazol,

ton post est vraiment de grande qualité et super intéressant car il permet d'appréhender les enjeux et les problématiques liés à la monnaie notamment sur le rôle qu'elle peut jouer dans la constitution d'1 nation moderne, forte et prospère...

Conceptuellement parlant il est acquis que le franc CFA est plus 1 frein qu'1 vecteur de développement économique ( et donc social) pour les pays francophones d'Afrique et ton post en est 1 véritable démonstration.

Il est donc impératif que nos états optent pour des monnaies véritablement nationales ou du moins cherchent à s'affranchir réellement de la tutelle de gestion de la Banque Centrale de France et du Trésor Français...

Il est évident que rien ne peut empêcher légalement 1 état de décider de "sortir" de la zone Franc et de battre sa propre monnaie...
Mais comme tu l'as souligné, il semble que nos élites ( politique, financière ) préferent le petit confort de la soumission à l'ivresse aventureuse de la liberté...

Et celà s'explique parce que par rapport aux conditions économiques et sociales actuelles de nos pays, il faudrait changer complètement les politiques macro-économiques rentières qui sont orientés vers l'extérieur que dis-je vers l'Occident...

Celà nécessiterait 1 véritable "nationalisation" de l'économie pour éviter la fuite des capitaux vers l'Occident, avec pour commencer des Banques commerciales et des établissements de crédits réellement aux mains des nationaux et pas des filiales de groupes occidentaux...

Or en Afrique actuellement c'est exactement le contraire qui est train de se passer car on préfère vendre ou octroyer des licences d'exploitation aux étrangers ( Occidentaux, Chinois, Brésiliens, etc...)

Le changement de cap commencera donc d'abord avec le changement des élites politiques ou de leur système de fonctionnement qui actuellement privilégie la prédation et le gaspillage des finances publiques privant ainsi le secteur privé locale ( qui est le véritable moteur d'1 économie nationale ) de sa principale source de financement dans le contexte historique africain...

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OGOTEMMELI
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MessagePosté le: Ven 08 Avr 2005 04:51    Sujet du message: Répondre en citant

Salut fraternel à tous,

Ce texte est très riche et stimulant. Pourtant, j’ai hésité à le commenter parce que j’ai contre lui quelques réserves. Mais franchement celles-ci n’en altèrent ni le fond ni encore moins l’extraordinaire fécondité.
Ce qui me surprend désagréablement, c’est le peu de réactions qu’il a suscitées. Tant de Grionautes (et négro-africains en général) parlent des problèmes économiques de l’Afrique, de la misère qui y sévit. Mais lorsqu’on leur explique aussi clairement qu’il suffirait aux Africains de reconquérir leur souveraineté monétaire pour que leur continent devienne très rapidement (en une génération, au maximum) l’une des contrées les plus prospères du monde, il n’y a presque personne pour rebondir sur une information aussi cruciale, aussi stratégique. [apparté : à quoi ça sert de s'alarmer sur la menace d'extinction des Nègres si l'on ne s'inquiète pas tant des dispositions stratégiques necessaires à la réduction d'une telle menace? Peut-être à se faire peure, comme qd on regarde un film d'horreur. Mais alors là ce n'est plus qu'un spectacle, dont on est spectateur ou contemplateur...]
L’Afrique est déjà le continent le plus riche en ressources naturelles, avec une population très jeune et dynamique, mais peu nombreuse au regard de sa superficie et desdites ressources. Sur le plan (de la guerre) économique, la seule chose qu’il lui manque, c’est l’argent ; ou plus exactement un système financier et monétaire autonome, adapté à l’immensité de ses besoins d’investissements publics et privés.
En conséquence, chaque fois qu’on parle d’argent (ce nerf de la guerre économique mondiale) tous les Africains et Afrodescendants devraient tendre les oreilles et ouvrir grands les yeux de l’esprit. Donc mille fois dommage de constater ici qu’encore une fois l’indifférence est générale. Pourtant ce texte a été posté il y a déjà un bon moment…
Bon, je sais, y en a lorsqu’un texte dépasse dix lignes ils ne peuvent plus suivre. Par contre je ne sais vraiment pas comment remédier à cette inaptitude à la lecture : en priant pour que viennent en songe la compréhension des problèmes, mêmes les plus embrouillés, et l’apparition miraculeuse de leurs solutions ?


MES RESERVES
Yazol a écrit:
la monnaie est le bien qui est à la fois moyen de paiement, unité de compte et réserve de valeurs. Elle est une création humaine née de la nécessité pour une communauté, de pouvoir échanger des biens qu'on possède contre d'autres qu'on ne possède pas. Elle repose essentiellement sur le principe d'organisation des échanges selon les règles mathématiques de commensurabilité et de pondérabilité dans le but de garantir l'équité des échanges.

La monnaie n’est pas un « bien », c’est un concept. De même qu’un mètre n’est pas un objet, c’est un concept, étalon de la distance, consistant en un dix millionième du quart du méridien de la Terre. Par contre l’argent, qui consiste en quelque quantité de monnaie, est bel et bien un objet ; quoique tendant à se dématérialiser. Aussi importe-t-il de distinguer « monnaie » et « argent ». Or, cette confusion entre « étalon » et « quantité » est tellement répandue en théorie économique que plus personne n’y prend garde ; ce que je déplore lorsqu’on vise une claire et nette compréhension de l’institution monnaie.
Yazol a écrit:
Mais jusque là, elle ne constituait pas un intermédiaire d'échanges en tant que moyen de paiement à caractère fiduciaire. Pour ce faire il a fallu attendre CRESUS (dernier roi de Lydie), au VIème siècle avant l'ère chrétienne pour voir les premières pièces estampillées et garanties par le sceau d'une autorité juridico-politique. […] En Egypte Antique où les échanges se faisaient par troc, la monnaie était, semble t-il, un objet purement idéale, fictive.

Je doute sérieusement que cette historiographie traditionnelle soit exacte/exhaustive, tant que les données disponibles sur Kemet resteront insuffisamment mobilisées, dans ce domaine comme en beaucoup d’autres. Doute que suggère, entre autres, le « semble-t-il ». L'histoire de la monnaie restera à (re)faire tant qu'on n'aura pas pris en compte la première puissance économique mondiale, dans l'ordre chronologique…

Yazol a écrit:
Pour clarifier ce qui a été exposé au chapitre précédent, rappelons les trois fonctions traditionnelles de la monnaie :
Permettre ou faciliter le calcul économique (la monnaie est une unité de compte). Exemples : 1$ = 1$, 45 kilogrammes de riz = 29$, 10 stylos = 7$, 1 pain = 0,8$, etc. Cela veut dire que pour avoir 1$, il faut compter 1$, et pour avoir 10 stylos il faut compter 7$. Ici le $ (le numéraire) c'est l'objet de référence (le bien-étalon) à partir duquel les autres objets sont évalués. c'est la monnaie. Cet objet étalon pourrait être du métal, un objet quelconque, voire même un objet immatériel comme le Shat en Egypte Antique.
Permettre de garder des objets (périssables ou non) en valeurs c'est-à-dire en objets impérissables, divisibles et reconnus de valeur. La monnaie est une réserve de valeurs pour cette raison. Exemple : 4 tonnes de tomates = 25 décagrammes d'or = 1voiture = 8000 € = garantie pour racheter les 4 tonnes de tomates à la prochaine saison (si bien sûr le prix reste le même).
Permettre l'interchangeabilité des objets. Pour cette troisième fonction, la monnaie constitue un moyen de paiement ou un intermédiaire d'échanges. Ex : 20kg de tomates = 1 chemise = 40 €. Au lieu de troquer ma chemise contre 20kg de tomates, je débourse 40€ si j'en ai. Ici pour le cas du Shat, le prix serait connu (40 Shats par exemple) mais pour me procurer les 20kg de tomates, je cèderais inévitablement ma chemise (troc).

Définir la monnaie, ce n’est pas décrire les différentes fonctions d’une quelconque quantité de monnaie. D’ailleurs, qu’est-ce que DEFINIR, sinon le fait de réduire un concept à sa propre fin, à sa propre raison d’être ; c’est-à-dire aussi le fait de mettre en évidence les caractéristiques propres à l’objet défini.
Or, d’autres objets (et non concepts) qu’une quantité de monnaie peuvent remplir les fonctions qu’on lui prête habituellement, et par quoi on croit en vain la définir :
- réserve de valeur : un diamant, un portefeuille d’actions, un tableau de peintre célèbre, un bien immobilier, etc.
- moyen de paiement : un chèque, une carte bleue, une lettre de change, etc.
Toutefois, tandis que les objets par moi énumérés possèdent l’un seulement des caractères ici visés, l’argent, actif liquide par excellence (et non la monnaie), possède tous ces caractères simultanément. Ce qui constitue sa spécificité.
La raison d’être de la monnaie consiste à mesurer la valeur des biens et services échangés. Par conséquent, la définition précise et exacte de la monnaie est : l’étalon de la valeur marchande. Ce qu’est la monnaie, et que seule elle est, sans quoi elle ne serait pas, c’est qu’elle est la commune mesure de la valeur marchande des biens et services.

Pour autant, ces quelques réserves n’invalident pas cette double analyse de Yazol, généalogique et fonctionnelle de la monnaie. Je me permets d’en citer les extraits ci-après, tellement pertinents et qui viennent fort heureusement conforter ce que j’exposais ici : http://grioo.com/forum/viewtopic.php?t=906




UNE ANALYSE PERTINENTE

Yazol a écrit:
Cet aspect des choses est souvent ignoré des spécialistes africains qui considèrent les postulats qui nous sont enseignés dans le domaine des sciences socio-humaines comme des "paroles d'évangile". Leur foi aveugle aux enseignements des "maîtres" trahit leur manque d'inventivité et leur incapacité à résoudre les problèmes économiques de l'Afrique, attendant tout des "experts" boréo-occidentaux (1) dont ils sacralisent les enseignements quand bien même certains leur apparaissent idéologiques.
Depuis lors, le billet s'est revêtu du caractère fiduciaire qu'on lui connaît aujourd'hui ; on ne peut le refuser parce qu'il est délivré par une autorité suprême. Pour en fabriquer, plus besoin de tenir compte de la contrepartie métallique qui jadis les garantissait. Cette subtilité est la plus grande découverte qui fit le succès de la Révolution Industrielle et du Capitalisme au delà de la manne des richesses rapportées des colonies. Pour investir, les entrepreneurs n'avaient plus besoin de recourir à leur épargne. Il suffisait d'emprunter des billets à la banque qui en fabriquait à cet effet à partir de rien, c'est à dire, sans contrepartie métallique.[...]
La monnaie est une créance à vue sur le système bancaire à cause du caractère vide dont elle revêt à sa création.[...]
En absence de crédit, l'Economie ne peut pas s'épanouir. La création de la monnaie se fait donc dans le but d'investir et non uniquement en fonction du métal ou des réserves extérieures (devises) qu'une banque (centrale ou commerciale) peut avoir à son actif (en stock). C'est en cela que la monnaie est un bien vide, parce que fabriquée à partir de la seule garantie du retour d'investissement.[...]
En d'autres termes, il faut de la monnaie d'abord pour investir, contrairement aux idées ringardes et mensongères qui font de l'investissement, la charrue de l'épargne. Ce qui se passe c'est qu'on fabrique d'abord de la monnaie, on l'injecte dans l'économie au travers des investissements et on fait signer des reconnaissances de dette à ceux qui reçoivent cette manne monétaire.
La production de la monnaie ne suit qu'une logique, celle du crédit à la production. Le monde capitalisme n'aurait pas connu un si grand succès si on obligeait les entrepreneurs à financer eux-mêmes leurs projets. Dans un tel système, on ne se préoccupe pas de l'augmentation de M dès lors qu'on a la garantie de produire toujours plus, qu'on ait du métal ou des devises en réserve ou pas. Seul compte, pour garantir une monnaie, le rapport de sécurité M/P permettant d'apprécier la qualité de la politique monétaire. [...]
Pour être effective, l'indépendance des pays africains passe par une totale indépendance économique et celle-ci est impossible sans le contrôle intégral des instruments de la souveraineté étatique dont la Monnaie constitue l'élément central qui permet tout épanouissement.

Il ressort de cette analyse qu’une connaissance prégnante des mécanismes monétaires ne peut que tirer pour l’Afrique les enseignements suivants :
- « l'indépendance des pays africains passe par une totale indépendance économique », notamment par l’exercice d’une souveraineté monétaire pleine et entière ; avec création de leur propre monnaie et gestion autonome de cette monnaie.

- « En absence de crédit, l'Economie ne peut pas s'épanouir. » : On comprend ainsi que des pays africains riches en ressources naturelles soient si économiquement pauvres, s’ils ne peuvent exercer librement leur droit de battre-monnaie.

- « la monnaie est un bien vide, parce que fabriquée à partir de la seule garantie du retour d'investissement. » En d’autres termes, la monnaie n’est pas une richesse, elle permet de mesurer la valeur marchande des richesses produites/échangées ; de liquider les transactions économiques concourant à la mise à disposition desdites richesses.

La production de la monnaie ne suit qu'une logique, celle du crédit à la production. » Il s’ensuit que pour un Etat, en principe créer de la monnaie, c’est faire crédit à l’économie en échange de biens et services à destination publique.
- « Seul compte, pour garantir une monnaie, le rapport de sécurité M/P permettant d'apprécier la qualité de la politique monétaire. » Par conséquent, pour battre-monnaie, il n’est pas besoin de disposer au préalable de quoi que ce soit (or, pétrole, diamant, etc.). Il est seulement nécessaire et suffisant à la puissance publique émettrice d’être réellement souveraine. Et d’exercer cette souveraineté avec probité, rigueur ; en appliquant des règles évidentes de bonne gestion/régulation des phénomènes monétaires.
Pour terminer, grand merci à toi, Yazol, pour avoir fourni une telle richesse intellectuelle, dont il ne reste plus qu'aux uns et aux autres à se servir...

P.S. Je n'ai pu trouver le livre de TCHUNDANG PUEMI à la FNAC des Halles Question Idea
_________________
http://www.afrocentricite.com/
Umoja Ni Nguvu !!!

Les Panafricanistes doivent s'unir, ou périr...
comme Um Nyobè,
comme Patrice Lumumba,
comme Walter Rodney,
comme Amilcar Cabral,
comme Thomas Sankara,
Et tant de leurs valeureux Ancêtres, souvent trop seuls au front...
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Yazol
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MessagePosté le: Jeu 14 Avr 2005 00:30    Sujet du message: Répondre en citant

J'ai écrit PUEMI en Africain mais en fait c'est POUEMI qu'il faut écrire (colonisation française oblige). Vous pourrez commander ce livre à travers le site : www.menaibuc.com
Pour vos réserves je vois bien que vous êtes du domaine alors que moi je n'en suis pas. J'accepte "concept" à la place de "bien" sans pourtant complètement gommer ce mot car l'essentiel pour moi ou pour nous Africains ce n'est pas de perdre du temps avec les mots des langues qui ne sont pas nos langues mais de se comprendre afin de libérer l'Afrique de toute répression. Dans le domaine économique ou en général dans les sciences sociales, il y a trop souvent des mots qui ne veulent rien dire. S'en formaliser est une erreur et c'est souvent ce type d'erreurs qui retardent nos sociétés...

Merci pour la pertinence de votre analyse.
Que le Dieu de nos ancêtres vous aide à contribuer à la Renaissance Africaine !
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Nino
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MessagePosté le: Ven 15 Avr 2005 12:25    Sujet du message: Répondre en citant

Salut OGOTEMMELI,

Je pense que pour pas mal de gens , y'en a ras le bol de discutailler, de dire ce qu'il faut faire, d'exposer à la Descartes des problèmes qu'on a tous vécu. ça éblouit le monde et ça ne résoud aucun problème.
On a beau dire que CAD nous a déjà tracé la voie, nous ne la suivons pas, nous n'arrêtons pas de discuter et de dire ce qu'il faut faire.

En ce qui me concerne, certaines rubriques sont bannies,je n'y vais plus. ça ne sert STRICTEMENT à rien d'être informé si on sait qu'on ne fera rien.
Depuis la création de Présence Africaine, on n'a pas arrêté de chercher des solutions. Une fois qu'on les a,on débat dessus de manière indéfini.

Pour moi,le défi africain actuel est celui ci: AGIR VITE ET BIEN OU MOURRIR !

OGOTEMMELI a écrit:
Salut fraternel à tous,
Tant de Grionautes (et négro-africains en général) parlent des problèmes économiques de l’Afrique, de la misère qui y sévit. Mais lorsqu’on leur explique aussi clairement qu’il suffirait aux Africains de reconquérir leur souveraineté monétaire pour que leur continent devienne très rapidement (en une génération, au maximum) l’une des contrées les plus prospères du monde, il n’y a presque personne pour rebondir sur une information aussi cruciale, aussi stratégique.

_________________
Mon blog: http://nino.akopo.com
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Yazol
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MessagePosté le: Dim 17 Avr 2005 19:29    Sujet du message: Répondre en citant

Frère, sache qu'une écrasante majorité des Noirs souffre du mal de l'aliénation culturelle ; dans notre grande majorité nous ne sommes pas sensibles aux problèmes cruciaux de notre existence. L'insouciance domine et l'ignorance dominent dans notre esprit quel que soit notre niveau intellectuel. C'est pourquoi il nous faut batailler pour informer un maximum des notres. L'Afrique ne peut pas compter sur des fils comme Koffi ANAN et bien d'autres comme lui. Alors il faut éduquer les jeunes, nos enfants, veiller à ce que les générations futures soient plus Africains, plus travailleurs et plus soucieux de sauver l'Afrique et tous les Noirs de l'humiliation qui ne cesse de perdurer. Frère, ne te décourage pas ; fais ton travail de citoyen africain ou panafricain, tu n'en verras peut-être pas le fruit mais tes petits-fils et petites-filles recolteront le bon fruit. Nous avons le devoir d'informer, d'éduquer ; le monde est méchant la force qui doit libérer l'Afrique n'est pas encore constituée. Alors perséverons dans les efforts, semons le bon grain comme Cheikh Anta DIOP l'a fait. Sais-tu combien de gens l'ont soutenu ? On pourrait à peine les compter sur le bout des doigts. Il n'a pas désespéré et il refusé des postes ministériels dans des gouvernements corrompus et des postes très prestigieux dans les organismes internationaux. Son exemple est édifiant pour nous ; et le salut viendra au bout de l'effort persévérant.
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Yazol
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MessagePosté le: Jeu 12 Mai 2005 19:09    Sujet du message: Répondre en citant

Avez-vous déjà rencontré l’auteur du détonnant essai intitulé : « LE FRANC CFA ET L’EURO CONTRE L’AFRIQUE », le Pr. NICOLAS AGBOHOU ?
Je l’ai rencontré samedi dernier à un colloque sur la Renaissance Africaine. C’était super, ses démonstrations étaient édifiantes sur la manière dont la France ruse pour garder les 15 pays africains de la zone Franc (PAZF) dans l’appauvrissement structurel, irrémédiable sans une révolution anticolonialiste complète.
Tous les accords de « coopération » entre l’Afrique et la France sont pour le moins secrets et sempiternels car toutes les mesures sont prises à tous les niveaux pour que rien d’un iota le système ne change (le Togo et la Côte d’Ivoire illustrent bien la situation). Je ne peux supporter encore longtemps de voir cette situation perdurer. Je vous invite tous cher(e)s compatriotes de réfléchir à un moyen efficace d’éradiquer le mal. Tous nos ancêtres et tous nos martyrs réclament que nous relevions la tête.

Notre aîné Nicolas AGBOHOU a dit que s’il lui reste 20 ans à vivre, il préfère sacrifier ses 20 ans pour la cause kemet plutôt que de continuer à vivre comme si de rien n’était. « En tant qu’êtres humains, nous ne pouvons accepter d’être traités avec tant de mépris et de violence… tout comme si nous étions des animaux…»

____________
L’Africain c’est celui qui défend l’Afrique (JPO)
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ARDIN
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MessagePosté le: Lun 22 Aoû 2005 22:00    Sujet du message: UNE RUPTURE INTELLECTUELLE COUTEUSE Répondre en citant

UNE RUPTURE INTELLECTUELLE COUTEUSE
Autant sous la periode coloniale le metier d’instituteur ou de medecin etait recherche, autant apres l’independance la carriere d’economiste etait, potentiellement au moins, attrayante, puisque, de l’avis general, la premiere tache a laquelle il fallait s’atteler, c’etait le developpement et la construction nationale. La proportion des etudiants en droit et economie, qui atteignait a peine 10% au cours des annees cinquante, a depasse les 33% en 1965. L’engouement pour les Sciences economiques a envahi l’Afrique. Il n’est pas jusqu’au medecin et a l’ingenieur qui n’aient eprouve le besoin de completer leur formation par l’etude des problemes economiques, ce qui est legitime. Vingt ans apres l’independance, l’Afrique manque toujours d’economistes. Ce n’est pas un hasard. Ce n’est pas non plus la croissance qui a secrete les besoins non satisfaits, puisqu’il n’ya pas eu de croissance. Bien entendu, les economistes africains disent qu’ils sont la, mais que les gouvernements, dans leur aveuglement et leurs ambitions politiques, ne veulent pas les ecouter et preferent recourir a l’assistance technique. C’est vrai; l’economiste africain est frustre, il l’est d’autant plus que non seulement rien n’est fait pour lui faciliter la tache, mais encore il est tenu responsable de la stagnation: il ne propose rien. Un ami, economiste et juriste en meme temps que diplomate, a qui je faisais part un jour de cette deception, m’a repondu: «Allons. Mais tu ne vas quand meme pas nous demander de nous passer de grands cerveaux en developpement comme le Pr. Dupont de Paris ou le Pr. Durand de la Banque mondiale, simplement pour vous faire plaisir!» Il etait alors ministre dans notre patrie commune.
Manifestement, le courant ne passe pas entre l’economiste et le responsable politique, entre l’homme de science et l’homme de l’art. Le dernier a le pouvoir, ca ne se discute pas et ca ne se partage pas. Le premier a, dit il, la technique, mais en admettant que ce soit vrai, ce qui n’est pas certain, il la partage avec d’autres qui, pour venir d’outre-mer, n’en sont pas moins presents. Comme la reciproque est fausse, a savoir que l’avis de l’economiste africain n’est pas demande pour la conduite de la politique economique et sociale en Amerique, en Angleterre ou en France, parcequ’il est sous-developpe, par construction meme, l’homme de science africain n’a les pieds nulle part, donc il ne les a pas sur terre.

Cependant, avec un peu de recul, il peut etre possiblede comprendre la raison de cette coupure. Schematiquement, non exclusivement, mais de facon exhaustive, il ya a l’heure actuelle trois sortes d’economistes en Afrique. Premierement, il ya l’economiste du developpement. C’est le plus realiste. Oriente ou «programme» par le gouvernement, il a compris au cours de ses etudes universitaires que les realites changent avec les climats et qu’il convient de concevoir des outils adaptes a nos pays.. Il est venu au bon moment, au moment ou l’analyse economique a pris conscience de la notion de sous-developpement et ou une nouvelle science est nee, avec ses methodes, ses modeles et ses experts qui sillonnent le monde. Seulement voilà: «Parfois, je suis tente de penser que les Nations Unies devraient revenir sur leur decision de baptiser les annees soixante la decennie-du-developpement. Un observateur cynique pourrait juger plus exact, etant donne l’etat d’esprit qui regne a notre epoque, de l’appeler la decennie-du-decouragement» Celui qui parle ainsi, c’est David Rockefeller, president de la Chase Manhattan Bank, il sait de quoi il parle. A quoi servira la science du sous-developpement? Peu importe, on continuera a creuser, a approfondir, a mieux cerner la notion de sous-developpement, ou de pays en voie de developpement, ou de pays en voie d’industrialisation, etc. Personne n’a jamais defini de facon utile ce concept.

La meilleure definition du sous-developpement, c’est probablement celle que nous donne, avec sa precision habituelle, Raymond Vernon: «Les pays dits en developpement sont un groupe extraordinairement heterogene, dont les differences sont plus apparentes que les similitudes… En consequence, ce qui lie le groupe d’une centaine de ces pays, c’est ce qu’ils ne sont pas. Ils ne sont pas hautement industrialises, et ils ne sont pas membres de l’Organisation de Cooperation et de Developpement Economiques (O.C.D.E), le club des riches…» Ce qui est sur, c’est que les «modeles» sans nombres qui se sont deverses dans les bibliotheques, chacun avec des hypotheses, ont revele qu’il ya des obstacles au developpement, des obstacles qui tiennent aux structures politiques, sociales, mentales et bien d’autres encore.
C’est ainsi que le sous-developpe n’a pas d’esprit d’entreprise, mais telle societe etrangere en Cote d’Ivoire demandera la protection de l’Etat pour etre a l’abri de la concurrence… des Ivoiriens.
L’organisation commune africaine et malgache decide de créer un centre de formation des cadres a Abidjan, precisement pour former les entrepreneurs africains. L’etude de «faisabilite» est confiee a l’Ecole des hautes etudes commerciales a Paris. Les conclusions de son representant au conseil d’administration du centre sont formelles: Le but de cette importante institution sera de determiner la psychologie du consommateur africain!»
Autre exemple: l’Africain n’a pas encore la notion d’epargne, et d’ailleurs il ne peut epargner puisque la « theorie economique» a montre que l’Africain est faible, il ne peut donc epargner. Cela s’appelle en termes techniques «le cercle vicieux du sous-developpement». Il faut un element exogene (l’epargne exterieure) pour rompre le cercle. L’ennui c’est que le taux d’epargne du Ghaneen est superieur a celui du Britannique. L’Ivoirien epargne en moyenne plus que le Français. A cet egard, les statistiques du F.M.I sont indiscutables. La difference c’est que l’epargne du Ghaneen est bloquee par un systeme financier defaillant, et que celle de l’Ivoirien va en France, en raison des mecanismes monetaires en œuvre.
Encore un exemple: l’evolution historique des societes revele des etapes dans le processus du developpement, etapes lineairement determinees. On vit pourtant a l’heure de la relativite, et de toute maniere le temps, comme la distance, se raccourcit. Il faudrait cent livres dix fois plus volumineux que celui-ci pour resumer ce que le Pr. Dupont a patiemment inculque dans l’esprit dans l’esprit des generations entieres d’etudiants du sud du Sahara. Il en a ete recompense: il est de l’Institut et il ya entre lui et la classe politique africaine une amitie tissee par une communaute de langue, et de destin. Le Pr. Durand, lui, vice-president a la banque mondiale, s’est specialise dans les problemes de distribution des revenus, et pour lui la clef du sous-developpement est la.
La banque a investi des dizaines de millions de dollars dans les etudes qui couvrent des nations aussi diverses que la Haute-Volta et le Bresil, la Malaisie et les Etats-Unis, l’Afrique du Sud et le Pakistan. Le but est de trouver les lois scientifiques qui regissent la repartition du revenu national. Travail parfaitement vain, parce que la repartition du revenu participe essentiellement des forces politiques et sociales; l’economiste est incompetent, en depit du titre ambitieux qu’on s’obstine a donner a son champ de reflexion: l’economie politique. Toute les «lois» de la nouvelle science du developpement se revelent chaque jour plus absurdes. Les vrais problemes de l’heure s’appellent inflation, chomage, desequilibres de balance de paiements, taux de change desordonnes, avec pour corollaires les revoltes, la criminalite, la delinquance, etc. Qui en souffre? La monnaie.
Alors l’economiste du developpement est depasse, non seulement parcequ’il n’arrive pas, quand on veut bien l’ecouter, a tester ses connaissances(comment traiter un malade dont on sait seulement ce qu’il n’est pas, pas ce qu’il est !),mais surtout parce que dans sa tache quotidienne il doit compter avec le point de vue du cooperant, qui, lui, a fait la demarche inverse. Il a d’abord appris l’economie fondamentale; ensuite, arme de facilites materielles, notamment l’information dont il sait se servir, connaissant le but de sa mission, il a pu, ayant un point de reference theorique solide, mieux mesurer les obstacles locaux, mieux les maitriser et donc mieux se faire comprendre par l’homme politique. Ici comme ailleurs, «les richesses les plus precieuses, ce sont les methodes», pas les grands mots, ni meme l’erudition. la science-economique-du-developpement, quand le comprendra-t-on? Est une invention de toutes pieces pour detourner l’attention des questions essentielles .

Le deuxieme type d’economiste africain, c’est celui qu’on pourrait qualifier de progressiste. Il sait que les «lois» de l’economie occidentale sont basees sur l’exploitation de l’homme par l’homme; elles ne sont donc pas valables dans une societe juste, socialiste. Il a de l’autorite intellectuelle. Il connaît la dialectique de l’evolution des societes, le determinisme scientifique, et aussi la theorie revolutionnaire. Et puis il sait parler, et ca compte en Afrique. Enfin, a la difference de son collegue du developpement, l’economiste-progressiste a quelque chose a proposer: le modele socialiste. Sa carriere dependra du regime politique en place.
S’il est dans un pays «revolutionnaire», il beneficiera de la confiance du parti dont il concevra la philosophie et l’action economiques. Il pourra meme rediger les discours du president.
L’inflation n’est pas qu’une manifestation des crises inherentes au systemes capitalistes, ce qui est vrai. Les desequilibres de balance de paiement, les taux de change desordonnes sont la manifestation de la lutte acharnee que se livrent les capitalistes pour dominer le monde, c’est encore vrai. Les taux d’interet extravagants sur les marches participent de la voracite des colonialistes, c’est toujours vrai. Mais que faire? Il faut negocier un emprunt en dollars. Pour cela, il convient d’offrir un echeancier des remboursements, capital et interets, apres avoir prouve a la mission de la Banque mondiale que le projet qu’on voudrait financer est rentable. Le F.M.I n’avalisera le pays aupres des banques multinationales qu’apres avoir regarde a la loupe les divers postes dans les comptes economiques nationaux, le budget de l’Etat, la balance des paiements, aujourd’hui et pendant la duree du programme qu’il faudra respecter. Tout cela, il faut en avoir une idee claire en elaborant et en executant le plan socialiste. Trop tard! Il ne s’agit plus d’assimiler la science economique capitaliste, il s’agit l’appliquer. D’ou les conseils errones. Le plan restera dans les tiroirs pendant qu’on jouera le jeu capitaliste, mais sans y etre prepare. Resultat: l’economie s’effondrera et il faudra recourir au colonialiste qui, lui, n’a pas change; il a attendu patiemment et il va poser des conditions: diriger lui-meme la banque centrale, controler l’execution du budget, bref disposer de l’appareil economique. Et voilà l’economiste-progressiste devenu plus liberal que les liberaux, mais moins avise qu’eux. Il va quitter le pays pour un grand poste dans un organisme international ou il defendra, souvent sans s’en rendre compte, les interets capitalistes. Il a de l’experience!
S’il est un pays «socialiste» a l’africaine, il sera tolere mais ne sera pas ecoute, parce que sa theorie ne «colle» pas a la realite africaine.

Enfin, s’il est dans un pays «modere», il devra choisir: ou se taire et rester au pays dans des conditions frustrantes jusqu’au jour ou il aura compris, ou persister dans ses declarations genantes et, dans ce cas, partir. Dans tous les cas, il aura appris que l’application de sa theorie passe par le boulversement violent des institutions politiques et qu’il aurait du, avant d’arriver a l’economie, commencer par une ecole de guerre. Tard tard!

Enfin, troisieme type, l’economie, l’economiste-sans-prejuge. C’est le moins fortune. Il a voulu comprendre lui aussi, comme le cooperant, l’economie fondamentale. Ce n’etait pas drole, et il a du trainer plus longtemps pour decrocher un diplôme equuivalent a celui des deux premiers. Des avant son retour au pays, le Pr Dupont a prevenu les autorites qu’il s’agissait d’un utopiste qui ne comprend pas la realite et recite ses lecons par cœur. Inutile de preciser que le Pr. Dupont n’a pas suivi les techniques recentes de l’analyse economique et que, pour lui, l’economie reste toujours politique, comme avant la guerre quand il etait ecoute chez lui par ses collegues. L’economiste-du-developpement est charge d’assurer la perennite de ses idees.
Apres quelques annees d’efforts sans efforts sans succes pour ne serait ce que rencontrer un responsable, l’economiste-du-developpement en l’occurrence, il s’apercoit que progressivementil oublie jusqu'à ses lecons, tandis que chaque jours ses camarades cooperants le consolent en evoquant les souvenirs de la belle epoque ou on faisait des «choses serieuses». Decourage, il est recupere par une firme multinationale qui l’utilise a plein sans avoir, ni directement ni indirectement, contribue au cout de sa formation. Il devra lui aussi quitter la famille pour aller toucher un salaire nominal bien plus eleve. Il n’ose pas dire ce qui le chagrine: avec un salaire moindre, il se sentirait mieux au village, mais la-bas tout le monde sait qu’il n’a pas voulu contribue a l’effort de developpement national et a prefere la facilite, la bonne vie, l’argent.

Au total, privee de l’indispensable liaison entre la reflexion et l’action economiques, l’Afrique s’embrouille dans la confusion des idees qui lui tombent de tous les cieux et n’a pas le temps de murir ses problemes et mettre en place des structures viables. Ses circuits financiers et monetaires, deconnectes des rouages economiques profonds, ne refletent pas ses capacites, encore moins ses besoins.
Joseph Tchundjang Pouemi(Monnaie, Servitude et Liberte: La repression monetaire de l’Afrique)
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Nkossi
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MessagePosté le: Jeu 05 Jan 2006 18:50    Sujet du message: Répondre en citant

Yazol a écrit:
Aux indépendances, le colon a joué la carte de la reconquête, son intelligence lui a suggéré q'"on ne conquiert pas que par les armes." (Cool Le génocide perpétré par cette répression est indicible. Il dure plus de quarante ans et alors que nous nous apprêtons à fêter notre demi-siècle d'indépendance, nos économies sont toujours aux mains des anciennes puissances coloniales et la Monnaie, l'élément central qui leur permet de s'épanouir échappe à notre compréhension. Ce qui fait que pour beaucoup d'intellectuels africains – même assez éclairés soient-ils (9) - il n'est pas question de remettre en cause l'existence du FCFA (Franc des Colonies Françaises d'Afrique déguisé en Franc de la Communauté Financière d'Afrique) qui présente "l'avantage" d'être "stable", "transférable" et "convertible" en Euro. Là est la grande arnaque faite aux Pays Africains de la Zone Franc (PAZF) :


Quand il y a eu la dévaluation en 1994, un jour on discutait avec un ancien ministre africain. On lui a demandé de faire un commentaire sur cette dévaluation et quelle n’était pas ma surprise de le voir parler de banalités du genre, « maintenant quand on envoie de l’argent en France, pour avoir le même montant de FF, il faut 2 fois plus de CFA ! J’étais malade, un ministre, plutôt que de parler de grands agrégats du pays, exportations, importations, compétitivité des produits… nous parle de mandat…
Quant à s’émanciper du système, la réponse c’est oulala !!!, on n’est pas prêts, nos économies sont trop faibles… des conneries de ce genre. Je lui est posé une question : Est ce que l’Angola qui a eu son indépendance 15 ans plus tard que toute la cohorte des autres s’est posé s’est demandé s’il était prêt ou pas pour gérer sa monnaie ? Il me dit, mais oui tu vois dans quelles difficultés ils se débattent ! Je lui répondu que contrairement à ce qu’on peut penser, en se débattant comme il fait, ce genre de pays a des longueurs d’avance sur nous.

La monnaie doit être le reflet de l’état d’une économie, ce sont les crédits à l’économie qui sont la principale source de la création monétaire suivant le principe « les prêts font les dépôts et non l’inverse (en respectant toutefois un niveau fixé de réserves obligatoires)

Heureusement qu’il y a quand des intellos et hommes politiques qui ont compris et prônent la rupture. A ma connaissance l’homme politique qui en a fait son cheval de bataille, c’est le professeur Mamadou Coulibaly (le Pdt de l’Assemblée Nationale de Côte d’Ivoire suivez le bien celui là, il connaît RESPECT Wink ) qui y a consacré beaucoup d’écrits et quand il était ministre des Finances pronait au moins des changes ajustables pour le CFA, il reçut un volet de bois vert, je crois qu'à terme les faits finiront par lui donner raison. Au delà c'est à des véritables instituts d'émissions qu'il faut penser pour ne pas être surpris...
Car le boum des achats vers la Chine s’ils ne sont pas compensés par un niveau d’exportations soutenu pourra entraîner l'implosion du système CFA tel qu'il existe aujoud'hui. Une BONNE CHOSE. Je m'explique : En continuant d'acheter plus à la Chine qu'on ne lui vend, le déficit commercial de la zone CFA vis à vis de l'Empire du Milieu risque de sérieusement entamer les réserves de changes sur le fameux Compte d'Opérations auprès du Trésor français [l’Hexagone ne prendra pas le relais de la garantie, vu ses énormes déficits publics 1000 millirads d’€ ( ?)], pour relancer la compétitivité de la zone, une dévaluation CFA s’impose. Or je ne pense pas que le système continuera à tenir tel quel, même nos bénis oui-oui de pdts finiront par comprendre qu'il est de notre intérêt de découpler le CFA de l'Euro vu sa surévaluation et de devancer ce qui pour moi est inéluctable.

Je citerai aussi de mémoire les camerounais Jean Marie Gankou (à l’époque Ministre délégué à l’Economie et aux finances, chargé du Plan de stabilisation et de relance économique et Dieudonné Bondoma Yokono, chef de cellmule de suivi de l’économie réelle à la Direction de la prévision en 1998 : dans leur livre (*) fruit d’un travail théorique allié aux analyses des expériences menées en matière de politique économique, ils préconisaient à la veille de l’avènement de l’€, entre une monnaie nationale pour chaque Etat et le simple rattachement à la monnaie européenne, ils préconisaiebt disais-je la création d’une monnaie régionale…

(*) Gestion du taux de change et politique d’ajustement dans les pays membres de la zone franc, Economica.

Citation:
Le Franc CFA doit sa fragile et coûteuse stabilité à sa subordination au Franc Français (aujourd'hui l'Euro) auquel il est arrimé (...)

La libre transférabilité du Franc CFA en France (ou dans toute la zone Euro) et ce, de façon illimitée nuit considérablement à l'équilibre de la Balance des Paiements (BDP) dans les PAZF où généralement les Balances Commerciales sont toujours positives (...)

La convertibilité du Franc CFA, ajoutée à la fixité de sa parité avec le Franc Français (ou l'Euro) constitue un leurre pour le développement de nos économies (...)


Il y a quelques années, les PAZF regardaient les autres pays avec une sorte de condescendance (c’est extraordinaire ce que des gens emprisonnés dans une prison pseudo dorée peuvent se croire libres et privilégiés !) les autres pays africains qui se débattaient dans la gestion de leur monnaie ! Aujourd’hui ces pays maîtrisent leurs monnaies (n’oublions pas que l’une des monnaies les mieux gérées du continent c’est le Pula du Botswana devant même le Rand sud africain, pourtant à la base l’économie botswanaise n’était pas fondamentalement différente des autres économies du continent, c’était une économie avec un secteur primaire minier (diamants…) hypertrophié, mais ils ont travaillé à sa diversification en attirant des délocalisations d’industries et les services… ).

Ce ne sont pas les pays de la zone CFA qui attirent le plus les investissements directs étrangers (IDE).
C'est tout de même extraordinaire de constater qu'il est plus rentable pour un Chionois de fabriquer des chaussures à vendre aux Camerounais en Chine plutôt qu'au Cameroun : explication produire en CFA coûte trop cher, le CFA n'étant en fait q'un sous-multiple de l'€, vous avez vu le niveau de l'€ par rapport au $ ?
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Gnata
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MessagePosté le: Jeu 05 Jan 2006 20:48    Sujet du message: Répondre en citant

N'Kossi a écrit : Quant à s’émanciper du système, la réponse c’est oulala !!!, on n’est pas prêts, nos économies sont trop faibles...

J'ai eu une crampe à force de rire ! J'ai tout de suite reconnu , le style de nos gouvernants ,des ventripotents avec un cigare à leur initiales accroché au bec , un verre de champagne à la main ( Moet & chandon , Nigger please ! ) vociférant des débilités insoutenables .

Anecdote ,au temps de la presidence de Bédié , le ministre de l'économie de cet ex-president autoproclamé Ivoirien ( un certain Kofi ) se faisait donner des cours d'économies au dernier étage de son immeuble , juste pour dire que l'économie est le cadet des soucis de certains gouvernants Africains .

Quand Mamadou Koulibaly l'actuel Président de l'assemblée Nationale Ivoirienne etait prof à l'Université d'Abidjan , il a été l'un des premiers Intellectuel a dénoncer le pillage systématique de nos réserves à cause de l'arrimage CFA ET FF , cette arrimage forcée est une veritable rigolade .
Nous avons été gavé de cette théorie ,maintenant qu'il est venu au pouvoir ,nous étions heureux parcequ'enfin nous allions nous departir de cette parité à la c... , mais la France ne l'a pas vu de cet oeil , et pour cette témérité et bien d'autres , voilà où nous en sommes aujourd'hui en Côte-d'Ivoire .

Même si nous savons où est le problème , la réalité sur le terrain pour le resoudre est plus périlleux et dangeureux qu'on ne le pense , je n'ai pas besoin de vous enumerer les exemples .
Tout est maintenant affaire de volonté politique , sinon , nous avons les spécialistes qu'il faut ( même si certains petits esprits colons pensent le contraire ) .

Ps : Concernant l'enseignement de l'économie dans les universités publiques en AFrique , je me demande ce que viennent faire les cours d'algèbre fondamental , de statistique avancé dans le programme d'économie ? Personne ne cherche à devenir chercheurs en économie là-bas , pkoi diable tout ca ?
À la limite un peu de analyse numerique ou d'algèbre linéaire pour l'économetrie , mais des maths comme ca , ca ne fait qu'encombrer ton programme pour rien .
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haylé
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MessagePosté le: Jeu 05 Jan 2006 23:05    Sujet du message: Répondre en citant

Merci pour ce topic

je viens de commander le livre sur internet
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Nkossi
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MessagePosté le: Ven 06 Jan 2006 18:51    Sujet du message: Répondre en citant

Gnata a écrit:
N'Kossi a écrit : Quant à s’émanciper du système, la réponse c’est oulala !!!, on n’est pas prêts, nos économies sont trop faibles...

J'ai eu une crampe à force de rire ! J'ai tout de suite reconnu , le style de nos gouvernants ,des ventripotents avec un cigare à leur initiales accroché au bec , un verre de champagne à la main ( Moet & chandon , Nigger please ! ) vociférant des débilités insoutenables .


Je te jure Gnata, ce jour là, j'étais vraiment horrifié, stupéfait par tant d'ignorance sur la monnaie. C'est definitively un danger que tout homme doit éviter !
En dehors de la compétitivité qu'elle devait octroyer à la zone, on lui a dit que cette dévaluation était une très bonne chose dans la mesure où elle flanquait à la face de beaucoup leur naïveté en montrant clairement qui était le décideur en dernier ressort dans ce système.

On assène tellement ce discours de faiblesse des économies que même un cousin qui est pourtant passé par une fac d'éco me la sorti un jour ! Alors là je lui est renvoyé à ses cours de monnaie et à moult exemples de pays hors PAZF, finalement, il reconnaîtra qu'il n'avait pas assez poussé la réflexion et les observations avant de pondre ce qu'il avait dit ! Don't act !

Citation:
Quand Mamadou Koulibaly l'actuel Président de l'assemblée Nationale Ivoirienne etait prof à l'Université d'Abidjan , il a été l'un des premiers Intellectuel a dénoncer le pillage systématique de nos réserves à cause de l'arrimage CFA ET FF , cette arrimage forcée est une veritable rigolade .
Nous avons été gavé de cette théorie ,maintenant qu'il est venu au pouvoir ,nous étions heureux parcequ'enfin nous allions nous departir de cette parité à la c... , mais la France ne l'a pas vu de cet oeil , et pour cette témérité et bien d'autres , voilà où nous en sommes aujourd'hui en Côte-d'Ivoire .
Même si nous savons où est le problème , la réalité sur le terrain pour le resoudre est plus périlleux et dangeureux qu'on ne le pense , je n'ai pas besoin de vous enumerer les exemples .
Tout est maintenant affaire de volonté politique , sinon , nous avons les spécialistes qu'il faut ( même si certains petits esprits colons pensent le contraire ) .


Ce qui est admirable avec Mamadou Coulibaly, c'est qu'il n'est pas comme certains qui ont la connaissance et des convictions et les abondonnent une fois arrivés aux responsabilités.
C'est cette génération d'hommes politiques que nous devons soutenir.

Oui Gnata, on sait quelle est la réaction en face. Mais, il y a une conjonction de facteurs qui font que même si la volonté de main mise est tjs là, la capacité de la réaliser s'étiole. Cf ce qui s'est passé devant l'hotel Ivoir, les temps ont changé, mais certains s'accrochent à l'afrique de papa. Nombreux n'ont pas cerner tous les enjeux du conflit en Côte d'Ivoire, c'est dommage !

Citation:
Ps : Concernant l'enseignement de l'économie dans les universités publiques en AFrique , je me demande ce que viennent faire les cours d'algèbre fondamental , de statistique avancé dans le programme d'économie ? Personne ne cherche à devenir chercheurs en économie là-bas , pkoi diable tout ca ?
À la limite un peu de analyse numerique ou d'algèbre linéaire pour l'économetrie , mais des maths comme ca , ca ne fait qu'encombrer ton programme pour rien .


Je ne crois pas que ce soit de trop toutes ces connaissances, le savoir est toujours une force, à condition bien sûr de maximiser sur le principal et non l'accessoire. En tout cas au Congo le CFA est bien disséqué à l'université Wink
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haylé
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MessagePosté le: Sam 07 Jan 2006 22:49    Sujet du message: Répondre en citant

ILs sont forts ces gents de MENAIBUC . JE viens de recoir le livre en meme pas deux jours .

CE cette attitude qu'il nous font dans les affaires
je prendrais une journée speciale pour le devoré


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essama
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MessagePosté le: Lun 06 Mar 2006 01:02    Sujet du message: Répondre en citant

Je trouve fort regrettable que très peu d'africains maîtrisent le mécanisme du franc cfa.
Il est très important d'expliquer ça à un maximum de personne afin que l'on puisse faire quelque chose pour obtenir notre indépendance économique et monétaire.
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ARDIN
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MessagePosté le: Lun 06 Mar 2006 11:38    Sujet du message: Répondre en citant

essama a écrit:
Je trouve fort regrettable que très peu d'africains maîtrisent le mécanisme du franc cfa.
Il est très important d'expliquer ça à un maximum de personne afin que l'on puisse faire quelque chose pour obtenir notre indépendance économique et monétaire.

Pas seulement ca, le role de la monnaie dans une economie en general.
Ce livre pose et repond a de nombreuses questions liees au fonctionnement d'une economie. Et si je me rappelle tres bien, l'auteur dans ce livre a meme parle du manque d'interet des Africains pour les problemes economiques du continent.
On peut donc deja commence par faire connaitre ce livre, l'offrir a nos proches; c'est l'un des moyens a utiliser pour interesser le plus d'Africains a ces problemes notamment celui du franc CFA.
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Panafricain
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MessagePosté le: Lun 06 Mar 2006 12:39    Sujet du message: Répondre en citant

Le ministre de l'économie n'est pas forcément un spécialiste de l'économie. c'est un décideur qui fait des choix en fonction de ce que lui disent ses conseillers qui eux sont de vrais spécialistes. Lui il doit gérer une équipe, trancher, décider en fct des grands problemes du pays.

Sarko a été ministre des finances, pourtant c'est un avocat, thierry breton n'est pas plus économiste que moi! A la limite ça ne me choque pas que le ministre en question ne soit pas spécialiste. Maintenant communiquer auprès des médias, c'est autre chose.

Pour en revenir au probleme de fond, je crois que je m acheterai "monnaie, servitude et liberté" des que j'en aurai l'occasion
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Yazol
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MessagePosté le: Mar 04 Avr 2006 09:53    Sujet du message: Répondre en citant

La maîtrise des flux monétaires et financiers est capitale dans une économie, mais je pense que le monde - et surtout l'Afrique indépendante - gagnerait beaucoup en stabilité monétaire et sociale, si les chercheurs viennent à prouver et à convaincre les Etats de l'importance d'adopter des monnaies immatérielles. C'est une solution coûteuse dans un premier temps, mais elle n'en demeurera pas moins salutaire.

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Nomade
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MessagePosté le: Mar 04 Avr 2006 21:33    Sujet du message: Répondre en citant

Je ne suis pas sur par ce que tu entends par: monnaies immatérielles?
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Yazol
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MessagePosté le: Mer 05 Avr 2006 08:13    Sujet du message: Répondre en citant

Nomade a écrit:
Je ne suis pas sur par ce que tu entends par: monnaies immatérielles?

Les monnaies actuelles existent en métallique (pièces), en fiduciaire (billets) et en scriptural (chèques). On peut les toucher, les transporter, les falsifier, et les extorquer violemment sur une personne. Elles présentent l'avantage d'être accessibles et facilement manipulables. Une monnaie immatérielle est une monnaie sans espèces ou dont le numéraire n'est pas matérielle (pas de pièce ni de billet). Nous en avons l'expérience par la carte bancaire. Ce moyen de paiement peut être perfectionné et plus sécurisé afin d'être moins falsifiable, moins extorquable, plus accessible et facile d'usage.C'est à cela que j'en appelle à la recherche.

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Nino
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MessagePosté le: Jeu 01 Juin 2006 21:11    Sujet du message: Répondre en citant

Bon,

J'ai commandé le livre du Pr AGBOHOU à MEnaibuc, j'attends qu'il me l'envoie.

Entre temps,je relie monnaie, servitude et liberté qui est tellement profond que j'ai raté pas mal de choses la première fois que je l'ai lu.
Ce livre, pour les non initiés à l'conomie comme moi, nécessite au moins 5 lectures pour être bien compris.

Là, plus j'avance, plus je me dis que la BEAC et la BCAO permettent tout simplement à l'Afrique du franc CFA de subvenir aux besoins de la France.
C'est affreux, à grande échelle, ç adonne des résultats désactreux et le pire est qu'on pense pouvoir agir à petite échelle.
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Mayombe82
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MessagePosté le: Ven 02 Juin 2006 17:20    Sujet du message: Répondre en citant

nino a écrit:
Bon,

J'ai commandé le livre du Pr AGBOHOU à MEnaibuc, j'attends qu'il me l'envoie.

Entre temps,je relie monnaie, servitude et liberté qui est tellement profond que j'ai raté pas mal de choses la première fois que je l'ai lu.
Ce livre, pour les non initiés à l'conomie comme moi, nécessite au moins 5 lectures pour être bien compris.

Là, plus j'avance, plus je me dis que la BEAC et la BCAO permettent tout simplement à l'Afrique du franc CFA de subvenir aux besoins de la France.
C'est affreux, à grande échelle, ç adonne des résultats désactreux et le pire est qu'on pense pouvoir agir à petite échelle.


Ce livre est excellent! Je le conseille à tout le monde, même à ceux qui ne comprennent rien aux histoires de monnaie, d'économie pointue et autres. Très bon outil qui démontre clairement que tant que nous serons dans la zone CFA, on n'avancera pas plus que ça.

@+, M82
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Nkossi
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MessagePosté le: Mar 06 Juin 2006 19:50    Sujet du message: Répondre en citant

Mayombe82 a écrit:
nino a écrit:
Bon,

J'ai commandé le livre du Pr AGBOHOU à MEnaibuc, j'attends qu'il me l'envoie.

Entre temps,je relie monnaie, servitude et liberté qui est tellement profond que j'ai raté pas mal de choses la première fois que je l'ai lu.
Ce livre, pour les non initiés à l'conomie comme moi, nécessite au moins 5 lectures pour être bien compris.

Là, plus j'avance, plus je me dis que la BEAC et la BCAO permettent tout simplement à l'Afrique du franc CFA de subvenir aux besoins de la France.
C'est affreux, à grande échelle, ç adonne des résultats désactreux et le pire est qu'on pense pouvoir agir à petite échelle.


Ce livre est excellent! Je le conseille à tout le monde, même à ceux qui ne comprennent rien aux histoires de monnaie, d'économie pointue et autres. Très bon outil qui démontre clairement que tant que nous serons dans la zone CFA, on n'avancera pas plus que ça.

@+, M82

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Yazol
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MessagePosté le: Dim 11 Juin 2006 11:23    Sujet du message: Répondre en citant

Yazol a écrit:
La maîtrise des flux monétaires et financiers est capitale dans une économie, mais je pense que le monde - et surtout l'Afrique indépendante - gagnerait beaucoup en stabilité monétaire et sociale, si les chercheurs viennent à prouver et à convaincre les Etats de l'importance d'adopter des monnaies immatérielles. C'est une solution coûteuse dans un premier temps, mais elle n'en demeurera pas moins salutaire.

Kizoba Kia Mûntu.


En fait le véritable intéret d'une telle monnaie pour l'Afrique est premièrement d'éviter de subir la colère des puissances impérialistes qui ne manqueront d'agir comme la France dans les années 60, qui, pour faire payer sa désobéissance à Sékou Touré (et Modibo Kéita) innonda le territoire guinéen (et malien) d'une grande quantité de faux billets, histoire de les faire échouer et de les ramener à reconnaitre l'importance de coopérer avec la France. Souvenons-nous que Sylvanus Olympio, le 1er président du Togo, a été sacrifié à cause du Franc CFA. C'est dire combien cette monnaie est importante pour la France (libre transférabilité, convertibilité illimitée, parité fixe, rapatriement automatique des investissements étrangers et de leurs produist). Cette monnaie matérielle quitte l'Afrique dans des mallettes et atterrit dans les banques boréo-occidentales sans la moindre difficulté et sans traçabilité, ce que ne peut permettre une monnaie immatérielle.

Le deuxième intérêt est celui de lutter efficacement contre la corruption et toutes sortes de pots de vin. L'argent matériel navigue très facilement de main en main, ce que ne peut permettre une monnaie immatérielle du fait de la traçabilité de toutes transactions qu'elle induit. La luttre contre la corruption devra alors se renforcer dans les instituts financiers où le personnel peut être sollicité à effacer les transactions douteuses.
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Nino
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MessagePosté le: Dim 11 Juin 2006 19:03    Sujet du message: Répondre en citant

Bonjour,

Pour les profanes comme moi, pouvez-vous expliquer ce que c'est qu'une monnaie immatérielle ? Ses avantages, ses inconvénients, son passé, dans quels pays c'est utilisé?

Si c'est immatériel au sans où je comprends, comment on paie son pain ? son taxi ? Par chèque ?
Les banques disparaissent ? Comment on boursicote( parce que faut penser au futur aussi).

Thx for all

Nino
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Yazol
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MessagePosté le: Lun 12 Juin 2006 07:36    Sujet du message: Répondre en citant

C'est comme avec ta carte bleue, mais le système peut être pensé autrement. Il n'y a pas qu'un seul chemin pour atteindre un objectif.
_______
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Nino
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MessagePosté le: Lun 12 Juin 2006 13:43    Sujet du message: Répondre en citant

Yazol a écrit:
C'est comme avec ta carte bleue, mais le système peut être pensé autrement. Il n'y a pas qu'un seul chemin pour atteindre un objectif.


Mais encore ?
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OGOTEMMELI
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MessagePosté le: Ven 04 Jan 2008 07:03    Sujet du message: Répondre en citant

Juste poue remonter ce topic qui mériterait de figurer dans les favoris de la rubrique.

Citation:

4 - AFRIQUE : LA REPRESSION MONETAIRE :

5 – ORGANISER LA RESISTANCE COMMUNE :


Où est donc la suite du texte de Mari-Wsar ? Yazol pourrait-il enfin balancer la sauce, après tant de temps de patience? Ce serait super...
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Yazol
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MessagePosté le: Sam 05 Jan 2008 04:09    Sujet du message: Répondre en citant

Ce sont en fait deux chapitres du livre de Puemi qu'il faut résumer... ça fait tellement longtemps en effet.

Nino a écrit:
Pourrais-je savoir les conséquences des situations suivantes:

1- (Masse Monétaire Totale) < (Prix total de tous les biens et services de l'espace où circule la monnaie)

2- (Masse Monétaire Totale) > (Prix total de tous les biens et services de l'espace où circule la monnaie)

A ton avis, la zone CFA est dans quelle situation, égalité, infériorité ou supériorité?


L'équation M=P est irréalisable dans toutes économies car on ne peut évaluer tous les biens et services d'un espace monétaire donné. Néanmoins les études statistiques dégagent des estimations fiables qui aident les banques centrales à décider de la masse monétaire à créer chaque mois/bimestre/trimestre. Mais la plus part du temps, on surestime P pour créer un M équivalent (inflation) et c'est tant mieux dans une économie compétitive où la créativité est permanente et la production croissante et qualitative. M et P fonctionnent en vases communicants. Le surplus de l'un remplit le vide de l'autre.

1- La situation M<P est celle d'une déflation (pénurie de monnaie) et a pour conséquences :
- Baisse des prix (P tend à égaler M et se trouve tiré vers le bas)
- Licenciements en entreprises
- Augmentation du chômage par suite de licenciements et par manque de nouvelles embauches car les entreprises ne font plus de bénéfice...
- Cessation des crédits dans les banques commerciales qui n'en reçoivent plus elles-mêmes de la BC (banque centrale) ou du réseau interbancaire...
(Cf crise des subprimes provoquée par la baisse des prix de l'immobilier aux USA et la remontée des taux d'intérêt dans ce secteur. Fort heureusement le crash (ou le mini remake de 1929) a été évité grâce aux injections monétaires des BC.)
- Faillite des entreprises par manque de profit
Bref l'économie ralentit jusqu'à la paralysie totale si la BC ne réagit pas

2- La situation M>P est celle d'une inflation :
- Augmentation des prix (P tend à égaler M et se trouve tiré vers le haut)
- Explosion des crédits et des investissements (car il faut bien que le surplus vide de M soit rempli c-à-d trouve des nouveaux produits qui puissent le valoir). Ce qui (en présence d'acteurs économiques intelligents) peut conduire vers le plein emploi.
etc.
Voilà en gros l'effet positif de la politique inflationniste.

Le côté pervers de cette situation (M>P) est celui où dans une économie qui peine à remplir le surplus vide de M, la monnaie se dévalue, se dévalue, se dévalue, comme au Zaïre de Mobutu Sese Seko Kuku Ngbendu Wa Zabanga. La Lire italienne et les Pesetas espagnoles ont connu aussi cette situation, mais moins dramatiquement.

Quant à savoir dans quelle situation les PAZF se trouvent, il est bon de savoir que dans ces pays règne une répression monétaire qui limite et empêche les crédits aux particuliers/ménages/entrepreneurs. Le système bancaire est très peu utilisé et c'est l'informel qui finance la quasi-totalité des PME. L'évaluation de P (et donc des besoins de l'économie) n'est pas rigoureuse et la création de M qui s'en suit est exocentrée. Le mot "INFLATION" est bien celui que les institutions BCC, BCEAO et BEAC abhorrent le plus.


Dernière édition par Yazol le Lun 02 Juin 2008 14:19; édité 1 fois
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OGOTEMMELI
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MessagePosté le: Sam 05 Jan 2008 06:10    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Quant à savoir dans quelle situation les PAZF se trouvent, il est bon de savoir que dans ces pays règne une répression monétaire qui limite et empêche les crédits aux particuliers/ménages/entrepreneurs. Le système bancaire est très peu utilisé et c'est l'informel qui finance la quasi-totalité des PME. L'évaluation de P (et donc des besoins de l'économie) n'est pas rigoureuse et la création de M qui s'en suit est exocentrée. Le mot "INFLATION" est bien celui que les institutions BCC, BCEAO et BEAC abhorrent le plus.

Selon Pouemi, les PAZF sont dans le premier cas évoqué par Nino (où M<P), c'est-à-dire dans une situation d'économies structurellement en déflation permanente : de moins en moins de monnaie mise à disposition des agents économiques nationaux/autochtones, au regard de l'explosion de leurs besoins de production et consommation de biens et services.

Cependant, il existe une inflation apparente, qui résulte en réalité des échanges extérieurs, des rapports colonialistes avec l'économie internationale, c'est-à-dire européenne, notamment la France (l'Angleterre et la Belgique). Cette inflation chronique des PAZF est donc importée, artificielle, et non suscitée par les forces économiques locales, qui elles reçoivent toujours de moins en moins de monnaie en contrepartie du fruit de leur travail...

Cette inflation est dite "apparente", parce qu'en réalité ce n'est pas vraiment de l'inflation. Pour Pouemi, l'inflation ce n'est pas la hausse généralisée des prix (comme on le croit souvent), celle-ci en étant une des conséquences possibles, mais c'est la situation caractérisée par une hypertrophie de la masse monétaire par rapport aux prix (à la valeur totale des biens et services circulant dans l'économie nationale)...

En effet, nos importations sont de plus en plus chères, ce qui impactent les prix locaux à la hausse ; tandis que nos productions (essentiellement de matières premières agricoles, minières et minérales) subissent, de décennies en décennies, une mascarade appelée "déterioration des termes de l'échange".

A noter que le marché des MP (mat prem) est quasiment le seul qui soit réellement contrôlé, de bout en bout, par les Acheteurs, hormis le pétrole, et dont les prix internationaux sont fixés dans les capitales coloniales, c'est-à-dire par les pays pauvres en MP, mais dont les économies en dépendent si crucialement.

Or, de toute évidence, si en tant qu'acheteur d'AirBus j'avais à en fixer le prix, je me débrouillerais pour qu'un AirBus ne coûte pas plus cher que la valeur de n tonnes de cacao que je serais prêt à y consacrer ; avec n tendanciellement décroissant, car je n'aurai pas que des Airbus à acheter, au fur et à mesure de l'explosion de mes besoins de biens et services importés. Pouemi dit qu'il n'y a aucune raison économiquement valable que le niveau de prix international des MP soit tel qu'il est (qu'il était, puisque cela s'est aggravé depuis, même si ça reprend un peu...) ; et qu'en situation de concurrence normale ce prix aurait été jusqu'à cinq (5) fois supérieur à ce que les Blancs paient nos ressources naturelles et agricoles : c'est donc du vol économiquement déguisé depuis des décennies, grâce particulièrement à des artifices monétaires...

Avec les accords CEE-ACP (devenus UE-ACP), les (ex-)puissances coloniales monopolisent le commerce extérieur des PAZF, d'autant plus que le CFA est une monnaie satellite du FF (désormais de l'€uro). Cette situation de monopole leur confèrent toute latitude économique chez nous, car ce sont leurs compagnies de négoce qui revendent nos productions sur le marché international ; production qu'elles achètent de moins en moins chère afin de ménager les capacités d'importation de leur pays d'origine, paupérisant ainsi d'années en années les travailleurs et paysans de la PAZF, pour le confort de leurs concitoyens et surtout de leurs marges de profit...


Nota :
Je viens de rectifier une bourde dans mon commentaire (ça m'apprendra de poster à l'aube, les yeux mi-clos de sommeil). Il s'agit de la définition de l'inflation par Pouemi, qui est le contraire de ce que j'avais écrit. Ce qui neutralisait l'effet de paradoxe des économies PAZF qu'il a si génialement mis en évidence.
En effet, celles-ci se caractérisent structurellement par M<P, tandis que l'inflation se caractérise par M>P : d'où le paradoxe entre une structure économique locale déflationniste, et une conjoncture apparente d'inflation chronique, laquelle constaste seulement l'appréciation continuelle de la valeur de nos importations, au regard de "la déterioration des termes de l'échange" s'agissant de nos exportations...

Merci beaucoup pour tes encouragements Alex...
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Dernière édition par OGOTEMMELI le Sam 05 Jan 2008 16:21; édité 1 fois
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Alex
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MessagePosté le: Sam 05 Jan 2008 11:01    Sujet du message: Répondre en citant

Du courage OGOTEMMELI,de telles analyses sont bénéfiques pour comprendre ces phénomènes assez étranges de l'économie africaines. Wink
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Yazol
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MessagePosté le: Sam 05 Jan 2008 18:22    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Le mot "INFLATION" est bien celui que les institutions BCC, BCEAO et BEAC abhorrent le plus.

Je parle bien de déflation ici et j'approuve tout le contenu de ton post.
OGOTEMMELI a écrit:

Selon Pouemi, les PAZF sont dans le premier cas évoqué par Nino (où M<P), c'est-à-dire dans une situation d'économies structurellement en déflation permanente : de moins en moins de monnaie mise à disposition des agents économiques nationaux/autochtones, au regard de l'explosion de leurs besoins de production et consommation de biens et services.
...


Merci !
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