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comprenez vous quelque chose a cet interview?

 
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Kennedy
Bon posteur


Inscrit le: 14 Mar 2005
Messages: 994
Localisation: T.O

MessagePosté le: Mar 09 Mai 2006 13:29    Sujet du message: comprenez vous quelque chose a cet interview? Répondre en citant

sincerement j'ai beau l'avoir relu trois fois je n'ai strictement rien compris au message que ce personnage voulait faire passer
un coup c'est a gauche un coup a droite, pire qu'un avion en turbulence

http://www.libe.com/page.php?Article=380470

Fred Deshayes, 33 ans, antillais, professeur de droit et chanteur. A la veille de la journée de l'abolition de l'esclavage, il n'aime ni les victimaires ni les colons nostalgiques.
L'antilamento

par Luc LE VAILLANT
QUOTIDIEN : mardi 09 mai 2006







Il a le sourire patelin des bons enfants, l'air lunaire des hommes stellaires, ce qui vous fait dire, juré craché, avec lui pas de face cachée. Il a la voix douce et dissimulée, celle des berceurs d'évidences, des crooners qui emballent leur stratégie dans le paquet cadeau de leur air penché, de leurs manières enveloppantes. Et puis, quand s'efface le sortilège, que se déchire la parure, et que vous prêtez l'oreille au propos, l'impact n'en est que plus fort, acidité et dérangement garantis. Fred Deshayes est chanteur. Son groupe Soft fait un tabac aux Antilles. Il est aussi docteur en droit et enseigne à la fac. Toutes couleurs mêlées, ce Guadeloupéen n'épargne pas grand monde, à l'heure de la guerre des mémoires et à la veille de la première célébration de l'abolition de l'esclavage. Petit glossaire des idées assénées.
Date. Du 10 mai, il dit : «La date, je m'en fous.» Il précise : «Que la France bien pensante ait besoin d'une date, pourquoi pas, mais bof... Et puis le jour important, c'est le 27 avril, quand le décret a été rédigé. Le jour où les colonisateurs sont redevenus des hommes.»
Concurrence. «Assimiler les horreurs subies par les juifs et celles subies par les Noirs, c'est une stupidité. Ce sont des choses incomparables. Et puis, c'est le comble de l'indécence de venir dire qu'on a plus souffert que quelqu'un d'autre. Pour faire du sensationnel, on a forcé le trait, ça suffit !» Et d'égratigner consciencieusement les pleureuses en chef, les lanceurs d'OPA victimaires, de Dieudonné au Cran ou au DOM. Il dit : «Parfois, j'ai honte des intellectuels blacks. Et quand ils tiennent des propos inexacts, ce n'est pas parce qu'ils sont blacks que je vais m'interdire de les contredire.»
Colonisation négative. Sur l'évaluation du rôle de la colonisation, il est plus dans la norme, il prend moins la tangente, rappelant que «ce n'est pas un rapport normal entre les hommes, que rien de positif ne peut en sortir».
Arrêter de geindre. Deshayes déteste le lamento antillais récurrent qui justifie la passivité, le renoncement. Il aligne ceux qui sont européens quand la France leur déplaît, français quand l'Europe pose problème, et guadeloupéens quand les «métros» exagèrent. Dans sa chanson Krim kont la Gwadloup, il en appelle à la responsabilité, à l'action.
Une société qui voudrait être blanche ? Deshayes n'est pas «négriste». Cela ne l'empêche pas de pointer les attitudes envieuses qui ont infusé la langue, les comportements. Il se souvient d'une de ses grands-mères, claire de peau, «qui n'aimait pas les Noirs». Note qu'on dit des «bel chivé» pour des cheveux raides, non crépus. Ou qu'en cas de mariage mixte, les Noirs disent aux leurs : «Tu as mis de la lumière dans la famille.»
Il parle de tout cela avec une délicatesse trompeuse, dans une langue travaillée où le juriste bataille avec l'artiste. Lucide sur lui-même, il se décrit : «Policé sur la forme, brutal dans le son, dans le fond... C'est comme ça que je suis. Là, j'ai un grand sourire mais dès que j'ouvre la bouche, je me fais plein d'ennemis.»
Père politique. Le père de Fred est avocat et indépendantiste. Il fraya avec le Gong, avec l'UPLG. Son fils précise : «Il a arrêté assez vite la politique active. Mais il essaye toujours de dépasser la gauche par la gauche.» Il fut longtemps léniniste. Peut-être l'est-il encore. Fred Deshayes, lui, préfère les classiques : Hugo, Chateaubriand, Verlaine. Ne lit pas de romans («Je m'endors»), se plonge dans des essais économiques, politiques. Et se dit «nationaliste». Il n'a jamais voté lors d'un scrutin métropolitain. On s'étonne, il explique : «On ne vit pas la république comme vous. Il se peut que l'intérêt de la Guadeloupe ne soit pas celui de la France.» Il insiste, retrouvant des arguments paternels : «La gauche n'est pas assez à gauche. Quelle différence y avait-il pour nous entre Jospin et Raffarin ?» Et pirouette d'un : «Le jour où on sera dans une vraie démocratie, je t'écrirai pour te le dire.»
Mère croyante. Répartition des rôles, façon Don Camillo-Peppone, mais entre les sexes. Au père, le marxisme. A la mère, la religion. Les Antilles sont, toujours autant, des terres qui tremblent et s'agenouillent. Deshayes : «La foi permettait de supporter l'esclavage.» Description de la prolifération actuelle : «Témoins de Jéhovah, adventistes, pentecôtistes... Ici, on est en Amérique.» Lui est venu sur le tard au religieux. Il dit : «J'ai toujours cru. Mais je suis baptisé et confirmé depuis peu.» Il dit aussi que sa femme, juriste qui va bientôt lui donner un premier enfant, «est beaucoup dans l'église». Et c'est comme si cette adhésion était pour lui une manière de ravauder les contraires.
Avant. Loin dans le temps, il y eut le Bénin. Deshayes irait bien voir là-bas s'il s'y retrouve, mais il hésite, trop à sa lucidité d'intellectuel. Il dit : «Les milieux natios vénèrent l'Afrique. Mais pour les Africains, on est des faux Noirs.» En matière d'appartenance, le voilà qui se rallierait plutôt à une vision géographique des choses. Une vision très française : droit du sol, pas droit du sang, proximité de destins, pas obligation d'origines. Il dit : «Je ne me sens pas black, ça ne veut rien dire. Je me sens plus proche d'un "Blanc péyi" ou d'un Indien guadeloupéen que d'un Noir américain.»
Récent. Chez les Deshayes, l'ascenseur social s'est déclenché voici une génération. Les grands-parents racontent une Guadeloupe de petites vies, d'hommes partis et de femmes accrochées aux jupes de leurs enfants. Deshayes, qui se targue d'être dans la durée, dans la fidélité, explique : «A l'époque, les pères étaient des voltigeurs.» Côté paternel, un marin qui avait «un deuxième bureau» à Marseille et une vendeuse. Côté maternel, on vient des îles satellites, Marie-Galante et la Désirade, pour travailler à l'usine.
Droit. Ce musicien est un juriste d'envergure. Son père était praticien et vécut quelques déboires. Lui se préfère chercheur et enseignant, à 2 600 euros nets mensuels. Intitulé de sa thèse : «Contribution à une théorie de la preuve devant la Cour européenne des droits de l'homme.» Ce printemps, il passe l'agrégation de droit public. Cela a lieu tous les deux ans, il y a 30 places à pourvoir. Seuls deux Antillais l'ont réussi avant lui. En cas de succès, cela ne changera pas grand-chose. Il continuera à vivre et à travailler aux Antilles. Où rares sont les reçus métropolitains à demander leur mutation.
Musique. Il écoutait du classique, du jazz, du latino. Il aimait Brassens, Cabrel, Ferré. Il aurait «voulu être Nougaro». Il a collaboré avec des pointures locales. Il composait, écrivait, mais n'imaginait jamais monter sur scène. Il dit : «J'ai créé Soft par défaut.» Il ne trouvait pas d'interprète. Et a du s'y coller, au chant et à la guitare. Le quartette compte aussi un saxo, une contrebasse, des percussions. Un spécialiste apprécie : «Ce n'est ni du zouk love, ni du r'n'b. C'est plus doux, plus écrit.» 10 000 albums vendus aux Antilles : comme si 2 millions de métropolitains achetaient un disque. Qui, sous des airs avenants, biseaute les miroirs, agace les dents, débride les plaies.
Il rajuste son pull bleu. Enfile son vieux caban. S'inquiète de l'heure de fermetures des librairies. Il a un livre de droit à récupérer. Et tous les droits de parler haut, de parler dur.
photo BRUNO CHAROY
Fred Deshayes en 6 dates
5 janvier 1973
Naissance
à Pointe-à-Pitre (Guadeloupe).
1990
Bac.
1996
Enseignant en droit.
2002
Docteur en droit.
Fin 2002
Création
du groupe Soft.
Février 2006
Album
Kadans à péhi la (Créon/Abeille).
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Goyave
Grioonaute régulier


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Messages: 313

MessagePosté le: Mar 09 Mai 2006 19:57    Sujet du message: Répondre en citant

Déjà, ce n'est pas une interview mais plutôt un portrait agrémenté de propos sûrement cités hors contexte. Donc, effectivement, il est difficile de comprendre le point de vue de Fred Deshayes.

Voici une ITW de Fred Deshayes parue dans le Monde il y a quelques mois :

Citation:

Entretien
Fred Deshayes : la Guadeloupe est "responsable de son naufrage"
LE MONDE | 17.03.06 | 13h56 • Mis à jour le 17.03.06 | 13h56
Pointe-à-Pitre, envoyé spécial


Ce n'est ni du zouk, ni du compas, ni de la dancehall, ni du R & B - les tendances musicales dominantes en Guadeloupe. Soft provoque pourtant un engouement rarement égalé aux Antilles depuis Kassav'. Le quartette joue une musique à l'acoustique paisible, gorgée de swing solaire, où courent avec retenue les rythmes du gwo ka, la musique traditionnelle locale. Paris accueille ce phénomène. Soft est en effet en concert, le 18 mars, au New Morning.


Au-delà de sa singularité musicale dans le paysage sonore de la Guadeloupe, le groupe se démarque par la pertinence et la sensibilité de ses textes en créole. C'est tout le talent de Fred Deshayes, chanteur-guitariste et auteur-compositeur de Soft. Nous l'avons rencontré à Pointe-à-Pitre, où il exerce son premier métier : maître de conférences en droit public à la faculté.


Faites-vous oeuvre de pédagogie à travers vos chansons ?

Je ne prétends donner aucune leçon. Je suis juste un fruit qui parle à un autre fruit du même arbre. Je fais des constats et pose des questions pour lesquelles je n'ai pas de réponse. Je veux simplement transmettre l'image que j'ai de mon pays, de ses "difficultés". La difficulté économique, la plus évidente, mais également la difficulté identitaire, et donc culturelle.


De quelle manière appréhendez-vous la question de l'identité en Guadeloupe ?

Comment nous, Guadeloupéens, faisons-nous pour vivre dans ce vaste ensemble que nous appelons "nation française" ? Nous sommes français légalement, mais nous avons un sentiment d'appartenance différent. Cela n'a rien à voir avec une détermination politique, c'est juste une manière d'être qui n'est pas la même. Je ne me sens pas black non plus (ça ne veut rien dire !). Ma communauté est faite d'Indiens, de Blancs, de Noirs, ce sont des Guadeloupéens. Je me sens plus proche d'un Blanc péyi ou d'un Indien guadeloupéen que d'un Noir américain.

Dans la jeunesse, la recherche de l'ailleurs ne se situe pas en Europe. Les jeunes font du dancehall jamaïcain, où ils s'expriment en créole et en anglais... Ma grand-mère était claire de peau et n'aimait pas trop les Noirs. C'est tout cela notre réalité à nous. Des questions à régler. Nous avons une identité à la carte. Un Guadeloupéen est pro-européen quand ça l'arrange, c'est-à-dire lorsque la France prend des décisions qui le dérangent, profrançais quand l'Europe l'embarrasse et foncièrement guadeloupéen quand il croise un "métro" qui l'embête. Cela se fait quasi instinctivement.


Certaines populations suscitent-elles un phénomène de rejet sur l'île ?

Actuellement, en Guadeloupe, la mode est au racisme anti-haïtien. Il faut trouver un bouc émissaire à l'échec économique et social. Le racisme est toujours conjoncturel et utilitaire. Le paradoxe chez nous, c'est qu'il est dirigé parfois contre nous-mêmes. Il est intégré dans notre créole. Par exemple, dire qu'une fille est "bel chivé" (beaux cheveux) signifie qu'elle n'a pas les cheveux crépus, ou bien encore lorsqu'un Blanc épouse une Noire ou l'inverse, on dit, en créole : "Tu mets un peu de lumière dans ta famille."


Dans la chanson "Krim Kont la Gwadloup", vous semblez prendre le contre-pied de l'attitude consistant à accuser la métropole.


On peut incriminer l'ailleurs, mais il ne faut pas s'y défausser. Beaucoup de choses dépendent de nous. Dans cette chanson, je désigne nos politiques locaux qui se perdent dans des débats dérisoires au regard des enjeux auxquels la Guadeloupe est confrontée. Si la canne ne rapporte plus, si la banane meurt, cela fait beaucoup de petits Guadeloupéens qui ne mangent pas. J'évoque également la passivité, l'attentisme de la jeunesse, qui n'a pas l'air de vouloir prendre son rôle au sérieux, assumer son héritage et sa mission.

Chaque nouvelle génération construit pour celle qui vient. Je pose ensuite la question : quelle liberté, quelle égalité, quelle fraternité au regard de la répartition des richesses aujourd'hui encore ? La chanson poursuit en disant que notre histoire n'avance pas. Il n'y a que des pirates et des flibustiers. Nous sommes responsables de notre naufrage et le pire, c'est que nous avons une capacité à l'analyser, mais nous restons passifs, nous regardant couler.



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New Morning, 7-9, rue des Petites-Ecuries, Paris-10e. Métro Château-d'Eau. Le 18 mars, à 20 h 30. Tél. : 01-45-23-51-41. 28 €.
Kadans a péyi-la, 1 CD Créon Music/Abeille musique ;
Unis-Sons (avec Dominik Coco, Admiral T, Patrick Saint-Eloi, Chris Combette, Mc Janik, Jean-Michel Rotin...), 1 CD Créon Music/Abeille musique.

Propos recueillis par Patrick Labesse
Article paru dans l'édition du 18.03.06

source Le Monde : http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3246,36-751839@51-751566,0.html


Le groupe Soft est vraiment la révélation musicale de ces deux dernières années en Guadeloupe. C'est un groupe aux textes très engagés. Par contre, j'avoue que je suis plutôt déçue par les prises de position en ITW du chanteur. L'auto-flagellation, ce n'est vraiment pas ma tasse de thé. Confused
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