Goyave Grioonaute régulier
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Posté le: Dim 04 Juin 2006 11:42 Sujet du message: Vente aux enchères d'objets d'art africain |
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Les arts primitifs sont à l'honneur
LE MONDE | 03.06.06 | 17h56 • Mis à jour le 03.06.06 | 17h56
En juin, Paris vivra au rythme des arts primitifs. Profitant de l'ouverture du musée du quai Branly, le 23 juin, marchands et maisons de ventes enchaînent expositions et vacations. De toutes les dispersions, celle de la collection des marchands Pierre et Claude Vérité, les 17 et 18 juin à Drouot, est l'une des plus attendues. Sur les 520 lots provenant pour la plupart du Gabon, de la Côte d'Ivoire et d'Océanie, une soixantaine se révèlent de qualité remarquable.
Parmi les tout premiers objets achetés par Pierre Vérité en 1930, on relève un tabouret luba du Congo, soutenu par une cariatide (estimé de 100 000 à 150 000 euros). Le petit pagne d'origine, visible dans la reproduction de cette pièce en 1915 dans un ouvrage de Carl Einstein, a toutefois disparu. "Il est évident que le sexe de cette statue a été mutilé, ce qui était fréquent lorsqu'un objet passait par les mains européennes, sensibles à la plastique nègre, mais sans excès", indique avec humour le catalogue de la vente.
Les sièges à cariatide représentaient pour les Luba le symbole le plus important du pouvoir. Réservés au roi, ils étaient considérés comme le réceptacle de son esprit. "Il y a eu beaucoup de cariatides luba sur le marché à la suite des troubles politiques au Zaïre dans les années 1965-1970", observe Pierre Amrouche, l'un des experts de la vente. Sotheby's propose d'ailleurs le 23 juin un autre spécimen, de 150 000 à 200 000 euros. La figure humaine y est debout ; sur le modèle de la collection Vérité, elle est agenouillée.
Si le tabouret luba forme le socle de la vente Vérité, l'icône en est sans doute le masque ngil fang (Gabon), estimé entre 1 million et 1,5 million d'euros. L'usage de ce masque est encore mal connu, la société secrète du Ngil étant une confrérie à caractère policier et répressif. Dans la vente Pierre Guerre en 1996 chez Loudmer, un autre exemplaire avait atteint 2 millions de francs. La vente affiche aussi un masque punu du Gabon, peint au kaolin, doté d'une coiffe au nattage curviligne. Ce type de masque évoque l'âme d'une jeune fille défunte dont on honore la mémoire. "Les qualités du masque se voient dans des techniques peu apparentes, comme l'intérieur évidé soigneusement à l'herminette", précise Pierre Amrouche. Ce masque rappelle celui de la collection Hubert Goldet, envolé pour 3,4 millions de francs en 2001. Repassé en vente en juin 2004, celui-ci fut adjugé pour 617 142 euros à un acheteur chinois. Une enchère qui réserve de belles perspectives pour celui de la collection Vérité, estimé de 250 000 à 300 000 euros.
Le répertoire des masques compte enfin un exemple de l'ethnie des Grebo-Krou de Côte d'Ivoire, estimé à 80 000 euros. Composé d'une planche fuselée émaillée de 8 cylindres formant des yeux, ce masque incarne l'esprit des eaux. Pour l'anecdote, Picasso aurait puisé dans un masque similaire l'inspiration pour sa première sculpture cubiste, la Guitare. En juin 2002, un masque de cette ethnie avait décroché le record de 446 750 euros chez Christie's.
UNE STATUE ROYALE
On retrouve enfin dans la vente plusieurs objets baoulé de Côte d'Ivoire, notamment une statue royale spectaculaire, proposée entre 200 000 et 300 000 euros. L'iconographie de cette sculpture est des plus sophistiquées : le siège royal repose sur une panthère, laquelle tient entre ses griffes une proie. Aux pieds du roi, un coq gît, sacrifié.
En marge de ces objets coûteux, les amateurs peuvent dénicher une multitude de pièces à des prix modérés. C'est le cas des portes baoulé, proposées pour 6 000 euros, ou de nombreux objets dogons voguant de 10 000 à 20 000 euros. La vente présente aussi une cavalcade de 25 antilopes, certaines estimées autour de 8 000 euros. A noter parmi les objets de charme, un couple en pierre de l'île de Sherbro (Sierra Leone) proposé pour 7 000 euros. L'enlacement des corps n'est pas sans évoquer le Baiser de Constantin Brancusi (1907). Une telle parenté rappelle que les maîtres africains se sont parfois érigés au sommet de l'art avant leurs confrères occidentaux... De quoi tordre le coup à l'ethnocentrisme européen.
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Vente de la collection Vérité, les 17 et 18 juin, Drouot Richelieu (SVV Enchères Rive Gauche). Expertise : Pierre Amrouche, Alain de Monbrison, Guy Loudmer, tél. 01-42-22-12-51.
Vente d'art africain, Sotheby's le 23 juin. Rens. : 01-53-05-53-05.
Roxana Azimi
Article paru dans l'édition du 04.06.06
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Quand on voit à quel prix ces objets seront proposés, j'aimerais bien savoir à quel prix ils ont été achetés à l'origine. Quand ils n'ont pas été pillés tout simplement...
Et puis cette appellation "d'art primitif" me hérisse au plus haut point. |
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