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Accord sur la frontière entre le Nigeria et le Cameroun

 
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Rocs
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Inscrit le: 11 Déc 2004
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Localisation: Sith land

MessagePosté le: Mer 14 Juin 2006 08:30    Sujet du message: Accord sur la frontière entre le Nigeria et le Cameroun Répondre en citant

Au terme d'un processus qualifié de "créatif, peu coûteux et efficace" par le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, le Nigeria et le Cameroun ont signé, lundi 12 juin à Manhasset, près de New York, un accord qui devrait mettre fin au différend frontalier à propos de la péninsule pétrolière de Bakassi, sur la côte atlantique, qui les a menés à deux reprises au bord de la guerre. La souveraineté camerounaise sur ce territoire contesté a été confirmée.

En vertu de ce texte paraphé par les présidents camerounais, Paul Biya, et nigérian, Olusegun Obasanjo, le Nigeria a accepté de retirer ses troupes dans un délai de soixante jours, qui pourrait être prolongé de trente jours supplémentaires par l'ONU, en cas de difficultés. En retour, le Cameroun garantit aux quelque 150 000 Nigérians vivant dans la zone le droit d'y demeurer et de continuer d'y cultiver la terre et d'y pêcher.

Commentant ce rare succès dans les tentatives de rétablissement de la paix en Afrique, M. Annan en a qualifié le caractère exemplaire. Le règlement du contentieux entre le Cameroun et le Nigeria n'implique pas l'engagement de troupes mais celui d'une "commission mixte" composée de civils. M. Annan a souligné le "contraste éclairant" entre son coût financier (5 millions de dollars par an) et celui, vingt fois plus élevé et parfaitement inefficace, des efforts en faveur d'un règlement frontalier entre l'Ethiopie et l'Erythrée.

En 1994, le conflit sur la péninsule de Bakassi, une zone marécageuse, avait failli dégénérer en affrontement armé. La souveraineté sur cette bande de terre de 1 000 km2 est considérée comme déterminante pour la délimitation de la frontière maritime dans une zone pétrolière.

A l'époque, la France avait envoyé un petit contingent militaire au Cameroun, ancienne colonie, tout en s'impliquant, aux Nations unies, dans la recherche d'une solution pacifique acceptable par le Nigeria, où les intérêts pétroliers français sont très présents.

Le litige sur Bakassi, porté devant la Cour internationale de justice de La Haye, fut tranché en octobre 2002 par un jugement favorable au Cameroun. Cette décision portait également sur la frontière nord, au bord du lac Tchad, également contestée. Mais en septembre 2004, les autorités nigérianes avaient signifié leur refus de respecter l'échéance prévue pour leur retrait de Bakassi, exigeant un référendum d'autodétermination. En juin 2005, le Cameroun avait accusé son voisin d'avoir lancé des attaques contre ses positions à Bakassi.

Des rencontres périodiques entre les deux chefs d'Etat en présence de M. Annan et la présence sur place d'une mission chargée de déterminer la démarcation entre les deux pays ont permis de progresser vers l'accord signé lundi. Une commission de suivi a été créée, où siègent quatre "Etats témoins" : l'Allemagne, la France, le Royaume-Uni et les Etats-unis. Attendu dans un délai d'un mois, le premier rapport sur l'application de l'accord doit contenir des indications sur les infrastructures pétrolières off shore nigérianes situées dans les eaux territoriales camerounaises.
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bamiléké
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MessagePosté le: Mer 14 Juin 2006 16:13    Sujet du message: Répondre en citant

Le Cameroun a eu la chance qu' Obasanjo s'est vu refuser un troisième mandat à la tète du Nigeria. Celui ci s'est donc trouvé libre de ne plus avoir à surenchérir sur Bakassi pour s'attirer les faveurs des durs du régime .
Biya, malgré son inertie a toujours la baraka... Confused
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Rocs
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MessagePosté le: Mer 14 Juin 2006 16:28    Sujet du message: Répondre en citant

Le chef suprême de Bakassi, Etinyin Etim Okon
Edet, a dénoncé l'accord entre le Nigeria et le Cameroun sur la
péninsule de Bakassi, affirmant que les habitants de ce territoire
s'opposeront à toute tentative du gouvernement nigérian de le
transférer au Cameroun qui en convoite la souveraineté.

Dans le cadre d'un accord signé lundi à New York, le Nigeria a
accepté de retirer ses troupes de ce territoire dans 60 jours, un
délai qui pourrait être prolongé de 30 jours, conformément au verdict
rendu en 2002 par la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye,
au Pays-Bas.

L'accord a été obtenu au cours d'une réunion entre les présidents
nigérian, Olusegun Obasanjo, camerounais, Paul Biya et le Secrétaire
général de l'ONU, Kofi Annan.

M. Edet a rappelé que le président Obasanjo avait promis de ne pas
céder au Cameroun "un pouce" du territoire de Bakassi.

"Nous obéissons encore au gouvernement (du Nigeria), mais cette
obéissance ne nous empêchera pas de prier Dieu pour qu'Il intervienne
dans cette situation", a-t-il déclaré à la presse locale.

"Vous verrez bien ce qui se passera après les 90 jours accordés pour
le retrait des soldats nigérians", a-t-il dit.
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Maya
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MessagePosté le: Mer 14 Juin 2006 17:27    Sujet du message: Re: Accord sur la frontière entre le Nigeria et le Cameroun Répondre en citant

Rocs a écrit:
A l'époque, la France avait envoyé un petit contingent militaire au Cameroun, ancienne colonie, tout en s'impliquant, aux Nations unies, dans la recherche d'une solution pacifique acceptable par le Nigeria, où les intérêts pétroliers français sont très présents.

Comme d'habitude la FranSSe fait son double jeu. Elle veut la paix d'un côté et de l'autre elle finance la guerre.
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Rocs
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Localisation: Sith land

MessagePosté le: Mer 14 Juin 2006 17:45    Sujet du message: Re: Accord sur la frontière entre le Nigeria et le Cameroun Répondre en citant

Maya a écrit:
Rocs a écrit:
A l'époque, la France avait envoyé un petit contingent militaire au Cameroun, ancienne colonie, tout en s'impliquant, aux Nations unies, dans la recherche d'une solution pacifique acceptable par le Nigeria, où les intérêts pétroliers français sont très présents.

Comme d'habitude la FranSSe fait son double jeu. Elle veut la paix d'un côté et de l'autre elle finance la guerre.



C'est vrai mais c'est quand que les pays francophone vont ouvrir les yeux et arreter de travailler avec ce pays.
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bamiléké
Super Posteur


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MessagePosté le: Mer 14 Juin 2006 19:06    Sujet du message: Re: Accord sur la frontière entre le Nigeria et le Cameroun Répondre en citant

Maya a écrit:
Rocs a écrit:
A l'époque, la France avait envoyé un petit contingent militaire au Cameroun, ancienne colonie, tout en s'impliquant, aux Nations unies, dans la recherche d'une solution pacifique acceptable par le Nigeria, où les intérêts pétroliers français sont très présents.

Comme d'habitude la FranSSe fait son double jeu. Elle veut la paix d'un côté et de l'autre elle finance la guerre.


La France est entre le marteau et l'enclume dans cette cette affaire.
D'un coté les accords de défenses avec le Cameroun, de l'autre de gros interets économiques au Nigeria. C'est normal qu'il louvoie...
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bamiléké
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MessagePosté le: Mar 27 Juin 2006 16:25    Sujet du message: Répondre en citant

Bakassi: Paul Biya a-t-il trahi le Cameroun ?
Le garant de l’intégrité territoriale a placé une partie du pays sous administration étrangère, contrairement à ses engagements constitutionnels. Un précédent dans la jeune histoire du Cameroun “indépendant”.

DOUALA - 26 JUIN 2006 : A force de se contenter d’une “ diplomatie de présence ” ou de “ principe ” selon les circonstances, donc de banaliser la réputation et le poids diplomatique du Cameroun à travers les instances internationales, voilà que, le président de la République, garant de l’intégrité territoriale, est sur le point de trahir son serment. Va-t-il, comme le suggère l’accord entre le Cameroun et le Nigeria du 12 juin, mettre le Cameroun sous administration étrangère ? il semble bien que oui, puisqu’il s’engage à répétition, depuis la signature de l’accord, à en appliquer rigoureusement les termes. Et c’est une restitution fidèle du poids diplomatique résiduel du Cameroun sur la scène internationale (Lire l’enquête de Valentin Zinga), car même les prétendus “ pays amis ” s’y sont mis en paraphant à leur tour le document pour contraindre Paul Biya à accepter de mettre le Cameroun sous administration étrangère

Paul Biya, qui a toujours clamé que Bakassi est non négociable, et jusqu’ici, avait fait preuve d’une clairvoyance impressionnante dans la conduite du dossier, vient ainsi de ruiner des années de patience et de débauche d’énergie et d’argent. Car, personne n’est suffisamment naïf pour croire que le Nigeria qui a multiplié diversions, provocations, tentatives de corruption et propositions indécentes pendant des années pour s’accaparer de Bakassi va brutalement en partir, après avoir eu deux années pour installer, avec la caution du Cameroun, sa souveraineté totale (y compris militaire, à travers la police) sur le territoire. Tout laisse d’ailleurs penser que Paul Biya lui-même n’est pas le plus optimiste quant à la volonté du Nigeria de respecter sa parole. Le chef de l’Etat n’a-t-il pas, à plusieurs reprises, depuis la signature de cet arrangement, exhorté à la prudence ?

Certes, entend-on, le fait que le Nigeria se soit engagé à retirer ses troupes de la péninsule querellée de Bakassi est une avancée notable. Mais, à l’examen, il s’agit davantage d’une opération d’intox, qui permet au Cameroun d’entrer dans le processus de cession définitive de la souveraineté sur Bakassi au Nigeria, sans perdre la face. De fait, si les troupes nigérianes se retirent de Bakassi, c’est pour laisser place à une administration en bonne et due forme, qui comprend naturellement la police et la justice. Qui s’en irait à rêver que le Nigeria va administrer le territoire en admettant les troupes camerounaises sur le sol ? En clair, Il n’y a point de victoire pour le Cameroun, puisque ses troupes seront tenues de se retirer aussi vite que celles du Nigeria. Et que ce pays aura donc toute latitude pour implanter ses symboles de souveraineté, mais aussi pour monter les populations locales contre l’hypothèse même d’une future et probable administration camerounaise.

Présence massive

Le prétexte excipé par l’entourage du chef de l’Etat est celui de la pression des “ pays amis ”. Ceux-ci, qui ont abondamment investi au Nigeria ne souhaitent prendre aucun risque avec ce géant de l’Afrique, terre fertile de la corruption, où on peut faire des affaires juteuses. On évoque, par exemple, que les investissements français au Nigeria ses supérieurs aux investissements effectués par la même France dans les 14 pays de la zone franc réunis. Soit, mais rien ni personne ne pouvait obliger Paul Biya à signer un document qui est manifestement en contradiction avec ses obligations constitutionnelles (préserver, notamment, l’intégrité du territoire). D’autant que plusieurs firmes de ces “ pays amis ” opèrent déjà dans le secteur pétrolier dans des zones contiguës à Bakassi, signe de leur parti pris évident pour le Nigeria. Mieux, au Nigeria, à la veille de chaque grande rencontre sur l’affaire Bakassi, l’opinion est suffisamment chauffée pour que les délégués nigérians se disent sous pression. Au Cameroun, c’est pendant que Paul Biya est déjà à New York que l’on apprend qu’il s’agit de mener des discussions sur l’affaire Bakassi. Ce qui prive naturellement le président Cameroun du soutien de ses compatriotes, et même de l’argument d’une pression locale qu’il pourrait invoquer pour éviter le ridicule.

Autre prétexte, la présence massive des Nigérians sur cette portion du territoire camerounais. Une aberration dans la mesure où il y a près de 3 millions de Nigérians au Cameroun, et que, selon cette logique, le Camp Yabassi, à Douala, et le quartier Mvog Ada, à Yaoundé, devraient rapidement être mis sous administration nigériane.

Le plus curieux dans l’affaire est bien le rôle de Kofi Annan, le secrétaire général des Nations unies. Alors que son second mandat tire à sa fin, on ne retiendra de ses deux mandats que son aptitude à consacrer les rapports de force, même dans la plus parfaite injustice. On l’a vu en Côte d’Ivoire où, en bon disciple du colon, il fait perdurer inutilement la crise en prenant fait et cause pour une rébellion foireuse et affairiste, simplement parce que celle-ci a le soutien non dissimulé de la France. L’affaire Bakassi en donne un autre exemple. Là où l’affaire aurait pu être portée au Conseil de sécurité, ne serait-ce que pour embarrasser ces “ pays amis ” qui se disent favorables à l’application du droit international tout en faisant le contraire. Le mandat du secrétaire général de l’Onu s’achève dans quelques mois, comme celui d’Obasanjo au Nigeria. Ces jolies promesses de libération totale de Bakassi dans sept ans survivront elles à ces deux acteurs principaux de la forfaiture ?

François Bambou


ENQUETE:
CE QU’ILS N’ONT PAS DIT SUR BAKASSI


Après avoir hésité à répondre à la proposition nigériane de “ session d’administration ” sur une partie de la péninsule, le Cameroun, tiraillé entre deux positions contradictoires, s’était finalement résolu à examiner l’offre d’Abuja. A l’arrivée : un accord qui a ignoré une partie des suggestions camerounaises sur des points sensibles.

On en est donc à attendre le symbole le plus émouvant dans cette “ affaire ”. A guetter le moment le plus expressif et à scruter l’horizon autour de l’instant le plus significatif du dossier. Car, quatre ans après le verdict de la Cour internationale de justice, et deux ans après le vrai -faux retrait des troupes nigérianes de Bakassi, on attend- à Yaoundé et à New-York plus qu’ailleurs probablement- ces images diffusées éventuellement en boucle sur les chaînes de télévision du monde entier, du départ des forces armées nigérianes de la péninsule camerounaise. “ Il y a un gros aspect symbolique en effet, assure un spécialiste bien informé sur le dossier. D’un côté, le Cameroun était coincé. L’arrêt de la Cij a été rendu. Mais on sait que le gros de l’affaire, c’était Bakassi. Donc, il fallait éviter d’humilier le Cameroun en donnant l’impression que sa victoire judiciaire ne sert à rien et que la force militaire peut tout résoudre. Le Cameroun a donc besoin d’un geste fort. Et ce geste, c’est le retrait des forces armées nigérianes. Cet événement est à lui seul une victoire psychologique et symbolique. De l’autre côté, le Nigeria qui est un grand pays a besoin de sortir de là, la tête haute. On ne gagnait rien à humilier le grand voisin du Cameroun. Pour cela, le président Obasanjo avait besoin de faire valoir le respect du droit, tout en montrant à ses compatriotes qu’il n’a pas bradé l’honneur de la patrie et même qu’il a préservé les droits des Nigérians établis à Bakassi ”.

Malaise

Cette cristallisation sur les aspects symboliques que charrie l’accord du 12 juin tend à rendre compte d’un certain malaise dont ni les présidents Biya et Obasanjo, ni Kofi Annan, le Secrétaire général de l’Onu, ni même les grandes puissances (“Etats témoins”) n’ont ouvertement parlé. Est-ce la raison pour laquelle le chef de l’Etat camerounais a eu le triomphe modeste sur ce dossier ? Ce qui est sûr, c’est que le Cameroun a toutes les raisons de ne pas jubiler à l’ excès. Ses prétentions n’ont pas littéralement triomphé face à la stratégie du Nigeria. L’accord de Greentree n’a pu consacrer totalement les vues de Yaoundé sur des points jugés délicats du volet “ diplomatique ” et “ politique ” qui accompagne la mise en œuvre de l’arrêt du 10 octobre 2002. Au Cameroun, beaucoup font valoir qu’il ne s’agissait que d’éléments de négociation. Bonne consolation, rétorquent les plus exigeants. De nombreuses hésitations. Une longue histoire.
Le Nigeria, conscient qu’il lui était quasi impossible de rejeter le verdict de La Haye sur le différend frontalier qui l’oppose au Cameroun, et peu porté à “ perdre la face ” suite à une décision qui consacrait la souveraineté du Cameroun sur la presqu’île de Bakassi, décide de se déployer sur un autre front : la défense des intérêts des ressortissants nigérians vivant à Bakassi, et notamment sur les îles de Atabong et Abana. Le président Obasanjo- qui avait finalement toutes les raisons de se réjouir de l’accord de Greentree- ne rate aucune occasion d’affirmer ses positions : pas question d’abandonner ses compatriotes installés à Bakassi ; pas question non plus de céder, sans contrepartie du Cameroun, les investissements jugés colossaux entrepris dans cette zone. Le sens de la formule du chef de l’Etat nigérian est rarement pris à défaut : tout en se pliant à la décision de la Haye, il faut, dit-il en substance, veiller à prendre en compte des données liées à un certain environnement politique et diplomatique, pour accompagner la sentence judiciaire, en vue d’un règlement dans la durée des problèmes avec le Cameroun. L’arrêt de la Cij mentionne cette préoccupation d’Abuja en des termes auxquels très peu prêtent attention. Et le président Obasanjo, qui l’a rappelé à Saint Cloud, à Genève -trois fois plutôt qu’une- s’investit résolument dans le lobbying. Dans un premier temps, son souci semble trouver un écho favorable auprès de certaines oreilles qui comptent sur la scène internationale. Finalement, de grandes puissances et des partenaires du Cameroun au développement s’y montrent en tout cas sensibles. Coincés d’un côté par la défense de leurs intérêts au Nigeria, et de l’autre par le respect du droit favorable au Cameroun, et que certains saluent - du bout des lèvres ?- comme l’instrument du règlement des différends, ils incitent Yaoundé à envisager la prise en compte de l’argument nigérian, tout en dissuadant le président Biya de saisir le Conseil de sécurité de l’Onu pour faire avancer la mise en œuvre de l’arrêt de la Cij. Le temps passe. Le Nigeria tergiverse. Il gèle de fait l’exécution du calendrier, dont une étape décisive prévoit le retrait de ses troupes de Bakassi, à la mi-septembre 2004.

Provocation

En vérité, entre temps, Abuja a déjà saisi Yaoundé d’une étrange proposition. Le président Obasanjo suggère qu’en contrepartie du départ de ses forces armées, le Cameroun accepte une “session d’administration ” d’une partie de Bakassi- celle qui est appelée à faire l’objet d’un régime spécial pendant les sept années prévues de transition au terme de l’accord du 12 juin 2006- au Nigeria, pour une période de 50 ans renouvelable. Moyennant quoi, le Nigeria accepterait que les richesses du sol et du sous-sol dans cette péninsule seraient la propriété du Cameroun, et que la prospection et leur exploitation ne seraient entreprises que d’un commun accord entre les deux Etats.

Le Cameroun, lui, ne semble pas pressé de donner suite à cette “offre”. Les mois s’écoulent. Deux camps se forment même au sein du régime de Yaoundé. Une première ligne, dure, parle de provocation de la part du Nigeria. Son viatique : le jusqu’au-boutisme. Hors de question de négocier. Ses partisans défendent l’application de l’arrêt vaille que vaille. Les plus intransigeants vont même jusqu’à envisager l’éventualité d’une guerre, si besoin est. En face, les modérés font valoir leurs arguments. Défenseurs d’une certaine flexibilité camerounaise dans cette affaire, ils subodorent qu’à force de repousser les propositions nigérianes, le pays pourrait tout perdre, et le conflit étant promis, dans ces conditions, à un enlisement dont personne ne pouvait jurer de la durée. Le Cameroun éprouve du mal à parler d’une même et seule voix. Et le Nigeria, sûr d’être écouté aussi bien au secrétariat général de l’Onu que dans certaines capitales qui pèsent dans la marche du monde et sur ce dossier ( Etats-Unis, France , Grande-Bretagne, notamment), campe sur ses positions. Finalement, Yaoundé décide d’examiner les propositions d’Abuja. Toute autre étant la question de savoir comment Paul Biya a réussi à marginaliser la ligne dure.

Concessions

Le Cameroun est convaincu que l’option de “session d’administration” prônée par le Nigeria relève d’une logique d’incrustation et non de départ. Il fait cependant quelques concessions. D’abord, il suggère une transition moins longue- certains parlent de six mois, d’autres d’un an- sur une partie de la péninsule (celle qui est concernée par le régime spécial consacré par l’accord du 12 juin). En revanche, il est prévu le départ définitif des troupes nigérianes de toute la péninsule, adossé sur un redéploiement immédiat des forces armées camerounaises sur cette partie du territoire. C’est du moins la position qui avait semblé prévaloir jusqu’à une date récente. Il est clair que cette option n’a pas retenu l’attention de beaucoup de monde à Greentree. L’accord se contente d’une disposition qui parle du départ des troupes, sans autre référence sur l’échéance du déploiement des forces armées camerounaises, si ce n’est de supposer que ledit déploiement ne se fera qu’au terme des sept années présumées de transition. Une conjecture qui en appelle d’autres : quel est le régime juridique qui s’applique à toute la zone de Bakassi qui sera libérée par les forces nigérianes et ne fait pas partie de l’enclave concernée par les régimes de transition ? Qui va assurer, avant la période de 7 ans, l’ordre public dans la partie évacuée ? Questions ouvertes, que ne résout pas l’accord. Et qui préoccupent déjà nombre de spécialistes.

Deuxième point: Yaoundé avait souhaité que, ce faisant, deux précautions au moins soient prises pendant la période de transition, s’agissant de l’exploitation des ressources du sous-sol. Du point de vue camerounais, aucune concession d’exploration ne serait accordée à aucune compagnie pétrolière, et, parallèlement, des clés de répartition des revenus pétroliers pour l’activité en cours seraient convenues entre le propriétaire des ressources (le Cameroun), et l’attributaire des concessions ( le Nigeria). Là aussi, les offres camerounaises n’ont pu prospérer à Greentree. Au lieu de quoi, Yaoundé a eu droit à une vague clause. “ Pendant cette période, le Nigeria s’engage à ne pas entreprendre ou poursuivre l’exploitation des ressources naturelles du sous-sol de la zone ”, peut-on lire à l’Annexe I de l’Accord. “ Cette disposition tient peut-être compte que ce n’est pas le Nigeria qui exploite lui-même le pétrole dans cette région ”, explique un expert, proche du dossier.

Témoins

Troisièmement: le Cameroun avait envisagé que ce qui était alors l’éventuel accord soit paraphé devant des témoins. Cette proposition a été partiellement prise en compte, selon nos informations. Les représentants des Etats-Unis, de la République fédérale d’Allemagne, de la France et de la Grande-Bretagne étaient bien présents à Greentree. Ce qui a tout de même laissé Yaoundé sur sa faim : le Cameroun espérait un engagement plus ferme des “ Etats-témoins ” sur des aspects tels qu’un éventuel non-respect des clauses de l’accord par le Nigeria. Las !
Il n’est d’ailleurs pas jusqu’au fonctionnement concret de la Commission de suivi de cet accord qui ne fasse l’objet de toutes sortes d’appréhensions à Yaoundé. Le Cameroun avait pourtant espéré que des dispositions traitant des mécanismes de travail de cette instance seraient inscrits dans l’accord. Résultat : beaucoup redoutent que la seule mise en place de cette Commission ne fasse partie du calendrier d’application de l’accord. Est-ce la raison pour laquelle le texte prévoit, en plus des deux mois que nécessite le retrait des troupes nigérianes, un éventuel prolongement des délais n’excédant pas trente jours ?

Valentin Siméon ZINGA


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