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POUR UNE REPUBLIQUE D'ABIDJAN
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Abiola
Grioonaute régulier


Inscrit le: 13 Avr 2006
Messages: 340

MessagePosté le: Sam 05 Aoû 2006 13:07    Sujet du message: Répondre en citant

OGOTEMMELI a écrit:
Yom : ton avis m'intéresse tout particulièrement dans ce topic, puisque tu sembles être plus à ton aise en linguistique que la plupart d'entre nous ici. Donc, tu dis koi exactement? Que ce que je suggère est possible? Ou bien que les langues de la sous-région ne sont pas suffisamment proches les unes des autres, comme le sont entre elles, respectivement, langues romanes et langues anglaises dans le cas que tu as cité?
Auquel cas, que dirais-tu de l'idée de Nomade, que je trouve au moins aussi séduisante?
Nomade a écrit:
Cependant, je ne vois pas une telle langue supplantée les langues locales (regionale) déjà existante, mais bien fonctionner en parallele lorsqu'il y a besoin de communication interregionale. Tant qu'a sa création, je crois qu'il y est plus facile d'utilisé une langue déjà existante et de lui adjoindre une tres grande quantite de synonymes de toutes les autres langues de la region.


Salut Ogotemmeli,
A mon avis, techniquement, il est parfaitement possible de créer une langue négro-africaine de cette façon. Ensuite, le problème est celui que souligne Nomade :
1. Une fois qu'on a notre nouvelle langue, c'est un travail absolument titanesque que de la "mettre en circulation". Il faut déjà une masse critique de gens qui la parle pour pouvoir la diffuser dans les médias, l'école. Il faut vaincre les résistances naturelles des gens etc...

2. De plus, si on veut faire une langue continentale, elle sera trop diluée. Je m'explique, même si les langues négro-africaine ont une grande unité, du Dida au Malinké au Haoussa au Kongo, il y a quand même des différences...
D'un côté, si on opte pour la limitation aux langues mitoyennes, on perd l'intérêt de la démarche.

3. Enfin, au lieu de créer une langue de manière artificielle avec les énormes difficultés que cela comporte, pourquoi ne pas choisir le swahili comme interlangue ? Il me semble que cela ne comporte que des avantages :
On ne pourra pas dire que c'est la langue d'untel etc...
Elle dispose déjà d'un nombre important de locuteurs
Elle bénéficie déjà de toutes les infrastructures nécéssaires : dictionnaires, personnel enseignant etc.

Pour conclure, je dirai que la construction d'une langue nouvelle négro-africaine présente un rapport avantages/coûts prohibitif au regard de l'option swahili langue continentale.
Au niveau régional, il vaut mieux s'appuyer sur les langues locales : wolof, yoruba, kongo, bambara, xhosa, shona etc...
_________________
Les Africains sont aujourd'hui à la croisée des chemins : c'est l'union ou la mort !
Africaines Africains, l'édification de la véritable union africaine est notre devoir et notre seule chance de salut sur cette terre.
Un vrai guerrier ne recule pas devant son devoir sous prétexte que la tâche est surhumaine, impossible...il se bat !
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OGOTEMMELI
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Messages: 1498

MessagePosté le: Mar 08 Aoû 2006 22:35    Sujet du message: Répondre en citant

Abiola a écrit:

Salut Ogotemmeli,
A mon avis, techniquement, il est parfaitement possible de créer une langue négro-africaine de cette façon. Ensuite, le problème est celui que souligne Nomade :

1. Une fois qu'on a notre nouvelle langue, c'est un travail absolument titanesque que de la "mettre en circulation". Il faut déjà une masse critique de gens qui la parle pour pouvoir la diffuser dans les médias, l'école. Il faut vaincre les résistances naturelles des gens etc...

2. De plus, si on veut faire une langue continentale, elle sera trop diluée. Je m'explique, même si les langues négro-africaine ont une grande unité, du Dida au Malinké au Haoussa au Kongo, il y a quand même des différences...

D'un côté, si on opte pour la limitation aux langues mitoyennes, on perd l'intérêt de la démarche.

3. Enfin, au lieu de créer une langue de manière artificielle avec les énormes difficultés que cela comporte, pourquoi ne pas choisir le swahili comme interlangue ? Il me semble que cela ne comporte que des avantages :

On ne pourra pas dire que c'est la langue d'untel etc...
Elle dispose déjà d'un nombre important de locuteurs
Elle bénéficie déjà de toutes les infrastructures nécéssaires : dictionnaires, personnel enseignant etc.

Pour conclure, je dirai que la construction d'une langue nouvelle négro-africaine présente un rapport avantages/coûts prohibitif au regard de l'option swahili langue continentale.

Au niveau régional, il vaut mieux s'appuyer sur les langues locales : wolof, yoruba, kongo, bambara, xhosa, shona etc...

Heu, Abiola, j'ose ce paradoxe : pour moi, le caractère "titanesque" du travail à accomplir dans l'option que j'ai signalée en est l'un des sérieux atouts.

En effet, vu l'immensité des innombrables problèmes africains, des projets "pharaoniques" seraient particulièrement galvanisants, à condition qu'ils soient effectivement réalisables, qu'ils répondent efficacement aux problèmes, et soient conduits avec grande maîtrise. Ce serait probablement une première mondiale, qui rehausserait la fierté des Africains et Afrodescendants, consoliderait notre confiance en nous-même, en nos capacités insoupçonnées à réaliser les rêves les plus démésurés...

Dans le même ordre de "folie des grandeurs" j'avais envisagé de dessaliner de l'eau de mer en très grande quantité, de la convoyer par aqueducs depuis les côtes atlantiques (ou autres) jusqu'aux régions sahéliennes, où seraient créés d'immenses lacs artificiels, permettant de transformer à terme ces régions en réserves panafricaines de grains, viandes, lait, poissons d'élevage, et autres denrées agroalimentaires...

Bref, pour répondre plus précisément à tes réserves :
- c'est un projet à long terme. En sorte que la mise en circulation prendra bien une génération avant d'être significative. Mais le français (ou l'anglais, ou le portugais) n'a toujours pas complètement gagné l'Afrique, malgré les moyens colossaux et autoritaires qui ont été mobilisés pendant des générations pour l'imposer...

- 1) à l'ère de l'internet, cette mise en ciorculation me paraît bien moins "titanesque" que tu le dis : si l'on commençait par la maternelle et l'université, qu'on l'utilisait progressivement comme deuxième langue administrative (derrière celle des colons), notamment en "sous-titrant" tous les panneaux de signalisation routière, ferroviaire, aéroportuaire, etc.
On pourrait également créer un bouquet de chaînes multimedia spécialisées dans la promotion de la nouvelle langue. Des jeux télé, des concours de littérature, théâtre, diction, éloquence, des joutes verbales, etc. Une politique ultra volontariste, n'économisant auxcun moyen pour atteindre ses fins...

- 2) Je suis plutôt pour une stratégie politique confédérative : des fédérations sous-régionales, avec chacune une langue officielle choisie parmi celles existantes. Un rassemblement desdites fédérations dans une confédération, dont la langue officielle serait la nouvelle langue.

-3) Où l'on voit qu'on fond, il s'agit d'un mixte du modèle "swahili" avec le modèle "néo-langue"...

Abiola : la question budgétaire que je crois décéler dans ton "avantage/coût" ne se pose pas à moi. Il "suffit" d'abandonner le franc CFA, et d'appliquer la théorie du crédit public que j'ai appelée "théorie de la défiscalisation"...
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Les Panafricanistes doivent s'unir, ou périr...
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Gnata
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Messages: 1127

MessagePosté le: Ven 11 Aoû 2006 22:21    Sujet du message: Répondre en citant

OGOTEMMELI a écrit:

Abiola : la question budgétaire que je crois décéler dans ton "avantage/coût" ne se pose pas à moi. Il "suffit" d'abandonner le franc CFA, et d'appliquer la théorie du crédit public que j'ai appelée "théorie de la défiscalisation"...


Salut Ogo ,
Pourrais-tu developper cette "Théorie de défiscalisation" ?
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OGOTEMMELI
Super Posteur


Inscrit le: 09 Sep 2004
Messages: 1498

MessagePosté le: Ven 11 Aoû 2006 22:39    Sujet du message: Répondre en citant

Gnata a écrit:
Salut Ogo ,
Pourrais-tu developper cette "Théorie de défiscalisation" ?

C'est l'un de mes premiers posts ici. En voici le lien :
http://www2.grioo.com/forum/viewtopic.php?t=906
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Yom
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Messages: 347

MessagePosté le: Mar 15 Aoû 2006 12:05    Sujet du message: Répondre en citant

OGOTEMMELI a écrit:
Yom : ton avis m'intéresse tout particulièrement dans ce topic, puisque tu sembles être plus à ton aise en linguistique que la plupart d'entre nous ici. Donc, tu dis koi exactement? Que ce que je suggère est possible? Ou bien que les langues de la sous-région ne sont pas suffisamment proches les unes des autres, comme le sont entre elles, respectivement, langues romanes et langues anglaises dans le cas que tu as cité?
Auquel cas, que dirais-tu de l'idée de Nomade, que je trouve au moins aussi séduisante?
Nomade a écrit:
Cependant, je ne vois pas une telle langue supplantée les langues locales (regionale) déjà existante, mais bien fonctionner en parallele lorsqu'il y a besoin de communication interregionale. Tant qu'a sa création, je crois qu'il y est plus facile d'utilisé une langue déjà existante et de lui adjoindre une tres grande quantite de synonymes de toutes les autres langues de la region.


Désolé de répondre avec retard. En fait, il est difficile de répondre, mais je suis plutôt sceptique sur ta proposition.

Ça revient à créer une langue artificielle du type de l'esperanto. L'exemple de cette dernière montre que c'est tout à fait possible, puisque cette langue qui est pour l'essentiel l'oeuvre d'une seule personne (Zamenhof) fonctionne, elle permet à des centaines de milliers, voire des millions de personnes de tenir des conversations, lire et écrire des livres divers et variés.
Mais du point de vue des objectifs des promoteurs de l'espéranto, cette langue se révèle un échec, puisque elle n'est qu'un hobby de passionnés, pas une langue commune internationale, aujourd'hui aussi bien que dans un avenir prévisible.

Comme on peut voir dans cet exemple le problème apparait surtout culturel et politique.
Créer cette langue comme tu le proposes sera difficile mais pas impossible. Là où ça risque de pécher c'est de convaincre la population, les intellectuels de pratiquer cette langue et les leaders politiques de l'imposer au plus haut niveau. Le caractère artificiel et l'absence de locuteurs à la base rend très risqué une telle décision. Il faudrait une bonne dose d'idéologie pour que ça se fasse.
Une solution comme propose Nomade, avec par exemple le swahili expurgé d'une bonne partie de son vocabulaire arabe remplacé par des mots d'origine négro-africaine me semble plus réaliste (un peu comme ce qu'ont fait les turcs).
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OGOTEMMELI
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Inscrit le: 09 Sep 2004
Messages: 1498

MessagePosté le: Mar 15 Aoû 2006 13:10    Sujet du message: Répondre en citant

Yom a écrit:
Créer cette langue comme tu le proposes sera difficile mais pas impossible. Là où ça risque de pécher c'est de convaincre la population, les intellectuels de pratiquer cette langue et les leaders politiques de l'imposer au plus haut niveau.

Le caractère artificiel et l'absence de locuteurs à la base rend très risqué une telle décision. Il faudrait une bonne dose d'idéologie pour que ça se fasse.

Une solution comme propose Nomade, avec par exemple le swahili expurgé d'une bonne partie de son vocabulaire arabe remplacé par des mots d'origine négro-africaine me semble plus réaliste (un peu comme ce qu'ont fait les turcs).

Je ne connais pas bien le cas de l'espéranto. Mais il me semble que c'est une prouesse scientifique individuelle, de quelqu'un qui essaie ensuite de convaincre le plus de gens possible que son invention est utile.

Tandis que dans le cas que j'envisageais, on partirait d'abord d'une conviction collective (donc politique) de l'utilité d'une nouvelle langue, pour ensuite rassembler les compétences permettant sa création. L'adhésion générale (consensuelle, ou au minimum majoritaire) au projet serait donc une condition préalable à sa réalisation ; et non pas une condition recherchée a posteriori, comme pour l'espéranto.

Pour autant, Abiola, Nomade et toi m'aurez fianalement convaincu qu'il vaudrait mieux s'appuyer d'emblée sur quelques millions de locuteurs initiaux (wolofophones, swahiliphones, poularophones, haoussaphones, etc.), en développant des systèmes linguistiques existant déjà, plutôt que d'en inventer un tout neuf.

L'économie de temps et de moyens serait une question, non pas obtusément budgétaire (comme je le voyais), mais surtout d'efficience ; c'est-à-dire de la manière d'arriver plus vite au but, sans avoir à franchir trop d'obstacles (y compris ceux qu'on risquerait de se créer soi-même...).

Le caractère urgentissime des problèmes (linguistique, culturel, économique, politique, etc.) africains commande que les solutions envisagées soient, non seulement efficaces (possibles), mais aussi et surtout EFFICIENTS...

So, je vous donne acte.


Pour résumer :
- la question de savoir s'il faut réhabiliter les ressources linguistiques négro-africaines ne se pose plus : c'est un impératif catégorique, dans une perspective de Renaissance civilisationnelle négro-africaine.

- les modalités de cette réhabilitation linguistique doivent s'appuyer sur les systèmes déjà disponibles, qu'il s'agirait d'améliorer et d'adapter aux besoins préalablement identifiés et dûment formulés.

- Le leitmotive, en cette matière comme en d'autres, consistera en EFFICIENCE bien plus qu'en efficacité.
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Nomade
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MessagePosté le: Mar 15 Aoû 2006 18:20    Sujet du message: Répondre en citant

Yom a écrit:

Une solution comme propose Nomade, avec par exemple le swahili expurgé d'une bonne partie de son vocabulaire arabe remplacé par des mots d'origine négro-africaine me semble plus réaliste (un peu comme ce qu'ont fait les turcs).


J'aillais poster quelque chose de similaire. Le swahili peut etre effectivement utilise comme langue continentale ou l'on pourrait lui ajouter des synonymes en langues africaines pour la rendre plus continentale, remplacant ainsi les mots d'origine arabe et en y ajoutant de nouveaux mots. Le swahili n'est pas une des langues africaines les plus riche aux niveaux lexicales donc ceci pourrait ce faire sans trop de problemes. En introduisant des mots de toutes les regions de l'afrique, elle serait encore plus facilement accepte a travers le continent. A l'extreme, on peut meme y adjoindre, en plus du vocabulaire, quelque forme grammaticale (pe: salutations, interjection, figure de style...) de d'autres langues africaines. Bien sur, tout cela peut se faire au niveau regionale, nationale avec tout autre langues que le swahili.
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Gnata
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Messages: 1127

MessagePosté le: Ven 18 Aoû 2006 21:13    Sujet du message: Répondre en citant

Nomade a écrit:
Yom a écrit:

Une solution comme propose Nomade, avec par exemple le swahili expurgé d'une bonne partie de son vocabulaire arabe remplacé par des mots d'origine négro-africaine me semble plus réaliste (un peu comme ce qu'ont fait les turcs).


J'aillais poster quelque chose de similaire. Le swahili peut etre effectivement utilise comme langue continentale ou l'on pourrait lui ajouter des synonymes en langues africaines pour la rendre plus continentale, remplacant ainsi les mots d'origine arabe et en y ajoutant de nouveaux mots. Le swahili n'est pas une des langues africaines les plus riche aux niveaux lexicales donc ceci pourrait ce faire sans trop de problemes. En introduisant des mots de toutes les regions de l'afrique, elle serait encore plus facilement accepte a travers le continent. A l'extreme, on peut meme y adjoindre, en plus du vocabulaire, quelque forme grammaticale (pe: salutations, interjection, figure de style...) de d'autres langues africaines. Bien sur, tout cela peut se faire au niveau regionale, nationale avec tout autre langues que le swahili.


Juste une digression, sans grande influence ...
Le Swahili est une langue qui fut inventée de toutes pièces par les négriers arabes , pour les besoins de leurs macabres activités , si le but de la démarche est effectivement de créer une langue typiquement Africaine il serait bon d'éviter d'évoquer cette langue .
Je ne pense pas que faire ce genre d'amalgamme ( entre une langue qui n'a servi qu'a nous lier dans les fers et une langue qui sera un véhicule de communication ) est souhaitable , il y a assez de langues en Afrique pour que l'on s'entiche des résidus du yovodah .
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Nomade
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Inscrit le: 30 Nov 2005
Messages: 415

MessagePosté le: Sam 19 Aoû 2006 07:22    Sujet du message: Répondre en citant

Gnata a écrit:


Juste une digression, sans grande influence ...
[b]Le Swahili est une langue qui fut inventée de toutes pièces


C'est une disgression importante a mon avis, mais c'est completement faux. Le swahili, comme n'importe quelle langue, n'est pas du tout une langue inventée de toutes pièces. Ceci est un vieux discours typique d'attribuer aucun fait historique aux Negro Africains. Le swahili n'est aucunement une langue inventé, malgré une grande quantité de mots arabes, c'est une langue bantou, avec toute sa grammaire, la majorité de son lexique et son historique. Historiquement, ellelle fait partie de la famille sabaki des langues bantou. Elle a été rependu comme langue seconde pour le besoin de commerce entre les africains de la cote est entre eux et avec les arabes. Ensuite, suite a l'islamification d'une partie de la cote est africaine, plusieurs mots arabes swahilisé se sont inséré dans son lexique (mais ce n'est que relativement récemment dans l'histoire de cette langue). L'anglais est aussi une langues avec beaucoup de mots d'emprunt suite à la conquete normande. Maintenant c'est l'anglais qui est devenu une langue internationale au detriement du francais entre autre.

Mais, j'ai les meme interrogation que toi au sujet de l'en faire une langue pan-africaine avec cette quantité de mots emprunté (je crois, 25% de mots emprunté dans un discours typique). Un peu comme les francais, a travers l'académie francaise, rejettent les anglicisme dans la langue (entre autre en créant des nouveaux mots francais au besoins), je préférerait un swahili sans trop d'arabicisme et d'eurocisme en générale. Meme Nyerere avait cette meme visions d'utilisé que des mots bantou environnant pour la création de nouveaux mots pour le swahili... Techniquement parlant, ce serait très facile de faire cela. En fait, plus que tu t'éloingne de la cote (ou meme dans certains endroit de la cote), selon le dialecte, la quantite de mots emprunté est habituellement moindre et ceci est fait inconciemment.

Je dis cela, mais je ne pense pas que le swahili est une meilleure langue qu'une autre (cependant, c'est infiniment mieux que le francais ou l'anglais) pour en faire une langue pan-africaine. Personnellement, dans la famille nguni, j'aime bien le Zulu et le Xhosa. On peut penser aussi a transforme quelque peu le Yoruba, l'Akan etc pour les rendre plus continentale (nationale devrais-je dire). Encore une fois, c'est vraiment a nous d'y voir...
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OGOTEMMELI
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MessagePosté le: Sam 19 Aoû 2006 07:42    Sujet du message: Répondre en citant

Je pense aussi que Gnata s'est un peu emporté, même si au fond son intervention pointe une affaire à considérer attentivement à propos du swahili, à savoir son important lexique arabisant.

Mais si on n'analysait une langue qu'à travers son évolution lexicologique, le kreyol passerait trop hâtivement pour une langue indo-européenne. Or, il n'en est rien ; comme l'a montré ici (et ailleurs) Ama Mazama (aka Mari-José Cérol...) : http://www.africamaat.com/article.php3?id_article=59

Quant à la démarche "d'épuration" du swahili :
Franchement, c'est à voir. Car, on pourrait seulement éviter que d'autres mots étrangers y entrent à profusion, tout en conservant quelques uns de ceux qui y sont déjà attestés, et qui signent eux aussi l'historicité de ce média et sa richesse.

Déjà, la formalisation d'un lexique scientifique swahili (à la manière de ce que Guidilou, après CAD, fait pour le Wolof) exclusivement négro-africain, y injecterait de nombreux mots nouveaux ; ce qui réduirait mathématiquement la proportion des mots étrangers déjà constatés dans cette langue.

Et bien entendu, son emploi par un plus grand nombre de millions d'autres Africains et Afrodescendants favoriserait une expansion lexicologique afrocentrée, qui limiterait davantage l'importance des mots étrangers.

etc.

Ceci dit, en ce qui me concerne, le swahili est pris ici à titre d'exemple de langue africaine susceptible de résoudre le problème des langues officilelles en Afrique. Mais ce n'est pas la seule langue ayant cette capacité.

En principe, toutes les langues négro-africaines qui sont parlées dans le plus grand nombre de pays, par de nombreux millions de locuteurs, peuvent être mises en lice. A l'Ouest du continent, le bambara (et ses nombreux dialectes), le peulh ou le Yorouba sont de sérieuses candidates sous-régionales...

Enfin, il y a la question de l'écriture : je trouve vraiment séduisant le projet MANDOMBE, notamment sa capacité à mieux rendre les tons et autres phénomènes phonologiques particulièrement cruciaux dans les langues négro-africaines, dont la richesse résulte également de leur immense potentiel polyphonique : ex. un même morphème, selon la façon dont on le prononce, peut parfois signifier une chose ou carrément son contraire, dans beaucoup de langues négro-africaines. D'où l'intérêt d'un système d'écriture capable de restituer les différences de tons...
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Nomade
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Messages: 415

MessagePosté le: Sam 19 Aoû 2006 08:27    Sujet du message: Répondre en citant

OGOTEMMELI a écrit:

Déjà, la formalisation d'un lexique scientifique swahili (à la manière de ce que Guidilou, après CAD, fait pour le Wolof) exclusivement négro-africain, y injecterait de nombreux mots nouveaux ; ce qui réduirait mathématiquement la proportion des mots étrangers déjà constatés dans cette langue.


C'est vrai, mais de tel formalisation d'un lexique scientifique doit ce faire par le moyen d'une standardisation ou d'un organisme quelconque (comme l'académie francaise, etc).

Citation:

Et bien entendu, son emploi par un plus grand nombre de millions d'autres Africains et Afrodescendants favoriserait une expansion lexicologique afrocentrée, qui limiterait davantage l'importance des mots étrangers.


Je ne suis pas sur de cela. Etant donné que ces Africains et Afrodescendants parlent souvent comme 2ieme ou 3ieme langue un dialecte européen, ils est fort possible que sans un processus organisationnel de standardisation afrocentré ce soit plutot un expansion lexicologique eurocentré qui ait effectivement lieux. Par exemple, en Tanzanie, le lexique scientifique fait souvent (pas toujours cependant) place a de nouveaux mots anglais swahilisé. Par exemple "website" en swahili est tovuti (ce qui est bien), mais "pixels" est piseli (par exemple,il aurait été préférable d'utilisé comme racine un mots désignant une petite particule (comme de poussiere) en langues africaines.). En petite parenthese, ce dernier exemple est ce que les anglais (et toute les autres langues), copié par la suite les francais, ont fait (et font vraiment souvent) pour désigné l'appareil electronique qui permet d'utilisé le curseur sur un écran d'ordinateur. Que l'on désigne par le petit animal a queue appellé "mouse" ou bien "souris" en francais...

Citation:

En principe, toutes les langues négro-africaines qui sont parlées dans le plus grand nombre de pays, par de nombreux millions de locuteurs, peuvent être mises en lice. A l'Ouest du continent, le bambara (et ses nombreux dialectes), le peulh ou le Yorouba sont de sérieuses candidates sous-régionales...


Complètement d'accord.
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Gnata
Super Posteur


Inscrit le: 14 Juil 2005
Messages: 1127

MessagePosté le: Sam 09 Sep 2006 18:17    Sujet du message: Répondre en citant

Je reviens sur ton post parcequ'en lisant au passage LA REPUBLIQUE de platon , j'ai constaté qu'il situait la Démocratie entre l'Oligarchie et la Tyranie , autant dire qu'elle avait peu d'intérêts à ses yeux , de fait , l'idée qu'il se faisait de ce système politique n'est pas la même que l'on s'en fait aujourd'hui ( enfin l'idée que les Occidentaux nous vendent ) ... Le souverain de sa cité idéale à lui alliait vertu et bonnes manières politiques l'un sans l'autre etaient indissociables pour règner .Après vingt trois siècles , les dérives de la démocratie qu'il a annoté sont d'actualité , les mêmes insuffisances qui ont fait qu'il a classé la Démocratie entre L'Oligarchie et la Tyranie se voient dans nos jeunes republiques , principalement à cause des vertus moraux qui sont très peu mis en exerguent .

Je me suis rabattu sur ton système où le Souverain n'est plus une seule et unique personne , mais un ensemble de personnes , ce qui a le merite déjà ( je crois ) de limiter les abus ... j'ai noté cependant que tu ne fais aucun cas, aussi, de la probité/honnêtété/vertu des membres du Gbara , pourtant la survivance en pratique d'un système politique est basée sur ces qualités sus-citées , elles devraient être les étendards moraux de tout membre de cette assemblée qui souhaiterait diriger des hommes/femmes , les qualités moraux que l'on soit ou non d'accord avec l'approche de Platon ( son improbable cité idéale ) sont les plus importantes chez le souverain .

OGOTEMMELI a écrit:
FONCTION LEGISLATIVE : seule la loi de TOUS est démocratique
L’initiative de la loi revient donc de droit à chaque citoyen, lequel ne serait pas seulement un sujet de droit, mais aussi un auteur de loi. Ainsi, il suffirait de rassembler (ponctuellement ou non) 9000 citoyens au sein d’une coordination pour que celle-ci soit habilitée à introduire un projet de loi, d’abrogation et/ou d’amendement.

La peur que de grands centres d'intérêts mercantilistes se faufillent pour promouvoir des lois assez égoistes , pourrait pousser à légiférer plus sérré pour que juste soit admis des lois qui émannent effectivement de CITOYENS .

Citation:
Une Assemblée républicaine, appelons-là GBARA, serait chargée de mettre en forme les lois et de pourvoir à leur promulgation, publication, diffusion. Le Gbara disposerait d’un Secrétariat permanent pour ce faire.
Ce Gbara serait composé d’élus au suffrage universel uninominal direct, dont l’effectif représenterait 1/9000 du nombre de citoyens constaté au début de chaque législature.

Pourquoi 1/9000 ?

Citation:
Le reste de l’année, les élus seraient répartis sur 27 chambres régionales où ils siègeraient de façon permanente, au rythme moyen de 9 jours de sessions mensuelles avec présence obligatoire de tous. Et le reste du temps, ils sillonneraient le pays dans les moindres recoins de leur circonscription respective, afin de prêcher la politique, animer le débat public, s’instruire régulièrement des aspirations et opinions des gens.

Je trouve l'initiative assz intéressante , il faudrait alors légiférer pour que ce soit une OBLIGATION , il FAUDRAIT qu'il soit institué des genres d'agaora où la parole est libre ect...

Citation:
6) FONCTION JUDICIAIRE : Nul n’est au dessus de la loi, et la loi n’est au dessus de personne.
Le Gbara élit entre les professionnels du droit 9 membres d’un Conseil de Magistrats chargé de coordonner la fonction judiciaire. Ils sont renouvelés au tiers tous les trois ans. Ce qui garantit la stricte indépendance de la fonction judiciaire à l’égard de toute autre institution de la république.

Je ne saisis pas bien cette methode , sur quelles bases ce 1/3 accepterait les premiers de se voir au ballotage , pendant que les 2/3 seront saufs trois ans de plus ?

Citation:
7) FONCTION MONETAIRE : le pouvoir de battre monnaie est un attribut de la souveraineté politique.
La monnaie consiste en l’étalon de la valeur marchande. C’est la commune mesure de la valeur des biens et services marchands. En tant que « commune mesure », la monnaie est une institution publique ; qui donc procède de la collectivité politique dans son ensemble.
En conséquence, une société politique autonome ne saurait manquer de monnaie, puisqu’elle dispose en principe du droit de battre autant d’unités monétaires que de nécessaire à l’exercice du pouvoir public.
Le Gbara élit un Conseil Monétaire composé de 9 membres renouvelés par tiers tous les trois ans. Ces membres sont choisis parmi les professionnels de l’économie et des finances. Leur mission consiste, d’une part à gérer l’offre publique de monnaie au regard des besoins privés d’échanges marchands, d’autre part à financer le budget des institutions publiques.

Intéressant ( sujet déjà discuté , je crois ! )

Citation:
FONCTION EXECUTIVE : l’organisation matérielle de la vie collective est une mission d’ordre public.
En principe, la fonction exécutive exécute, c’est-à-dire qu’elle met en œuvre un programme d’actions publiques préalablement approuvé par le Gbara ; tant en ce qui concerne les moyens, que pour leurs emplois.
Le Gbara élit entre les professionnels de la politique 9 personnalités constituant le Conseil Exécutif, renouvelé au tiers tous les trois ans. Chaque membre exerce un ministère spécifique, aux attributions et missions expressément déterminées.
Chaque conseiller exécutif est donc bien un professionnel de la politique, élu et considéré comme tel, rémunéré en tant que tel. Il peut être révoqué en cours de mandat par le Gbara pour non respect de ses obligations professionnelles, aussi bien de moyens que de résultat.

Ces professionnels et conseillers éxcécutifs de leur état représentent-ils ce qu'on appelle communément les ministres , ces citoyens chargés des différents secteurs de fonctionnement d'une republique ?
Pourquoi juste 9 ? ne sont-ils pas peu nombreux pour les tâches qui les attendront vus les inombrabres secteurs(Santé/Arts/éducation/sports/économie/ ect ) ? je rappelle que La republique d'ABidjan est peuplée de près de 19 millions d'habts !

Citation:
9) FONCTION MILITAIRE : toute société politique est fondée à pourvoir aux besoins de sa défense armée.
Un Conseil de la Défense est élu par le Gbara. Il est composé également de 9 membres renouvelés au tiers tous les trois ans. Sa mission consiste à rassembler et administrer des forces armées chargées de la défense de la république d’Abidjan contre toute menace à caractère militaire.

Effectivement selon nos velléités économiques nous devons nous armer en conséquence , en prime (ma touche perso ) une Université peut même être crée pour les besoins de cette fonction militaire , elle préparera nos officiers/soldats à prévenir/combattre/regler les conflits et attaques qui peuvent survenir .( Nous sommes fait surprendre une fois , ca me semble assez ! ).

Citation:
Chaque conseil serait composé de quatre (4) femmes et cinq (5) hommes
. Intéressant !

Citation:
COMITE D’INNOVATIONS DEMOCRATIQUES
Afin de réaliser le projet de création d’une nouvelle société politique en remplacement de la Côte d’Ivoire, je propose que les vingt-sept (27) personnalités politiques ivoiriennes les plus influentes se réunissent au sein d’un Comité d’Innovations Démocratiques ; où bien entendu figureraient les principaux protagonistes de la crise, notamment BEDIE, GBAGBO, OUATTARA. Ce comité aurait un mandat de deux (2) ans pour créer les institutions politiques et administratives de la nouvelle République d’Abidjan.

J'aurais moi vu plus large , donc au lieu juste de personnalités il pourrait s'agir aussi des différentes composantes de la société civile ( Droits de l'Homme/syndicats/Greenpeace ect...).
_________________
"Always be intolerant to ignorance but understanding of illiteracy (..)in those homely sayings (mother wit) was couched the collective wisdom of generations" I know why the caged bird sings, p99, Maya Angelou


Dernière édition par Gnata le Sam 09 Sep 2006 21:27; édité 1 fois
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Gnata
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MessagePosté le: Sam 09 Sep 2006 19:06    Sujet du message: Répondre en citant

Nomade a écrit:
Gnata a écrit:


Juste une digression, sans grande influence ...
Le Swahili est une langue qui fut inventée de toutes pièces

C'est une disgression importante a mon avis, mais c'est completement faux.

Ok , j'avoue que j'ai repris les mots de [b]Raphaël Batsîkama
, qui somme toute sait de quoi il parle .
Nomade a écrit:
Le swahili, comme n'importe quelle langue, n'est pas du tout une langue inventée de toutes pièces
.
Nomade a écrit:
Elle a été rependu comme langue seconde pour le besoin de commerce entre les africains de la cote est entre eux et avec les arabes. Ensuite, suite a l'islamification d'une partie de la cote est africaine, plusieurs mots arabes swahilisé se sont inséré dans son lexique

Peut-être que ces 2 explications plus haut ont l'air assez claires pour toi , mais moi , j'ai du mal à saisir où tu vas ...
lorsque tu fais allusion à commerce , peut-on savoir lequel excatement ? parcequ'en paraphrasant R. Batsîkama ce commerce est bien le traffic d'esclaves Négro-africains , le fil Historique de la création de cette langue est bien celui décrit par Batsîkama alors , n'est-ce pas ici qu'il se rapproche plus de la vérité ?

Nomade a écrit:
Ceci est un vieux discours typique d'attribuer aucun fait historique aux Negro Africains

Il ne s'agit pas de nous deposseder de ce que nous n'avons pas crée , mais bien de rendre aux négriers leur créature .
Des langues Négro-africaines crées par Nous et pour Nous , il en existe à foison que chacun connait , le problème ici est donc ailleurs !

Il ne s'agit pas de créer une polémique , mais s'il faut créer un élément constitutif de notre identité aussi grandiose qu'une langue , se fourvoyer [ à adopter aussi grossièrement , en choisissant une langue qui a de serieux antécédants qu'ensuite les générations futures reprouveront en ne nous pardonnons pas ] n'est pas une option !
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OGOTEMMELI
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MessagePosté le: Lun 11 Sep 2006 01:57    Sujet du message: Répondre en citant

PREALABLE : Dans mon esprit, cette théorie politique devrait être mise en veilleuse pour le cas particulier de la Côte d'Ivoire. Lequel cas est emblématique de celui de tant d'autres de nos pays africains. Ce n'est pas sa portée générale qui est en cause. Mais c'est son opportunité, sa valeur de solution, pour le cas de la Côte d'Ivoire, au regard des circonstances pécises de la crise ivoirienne.

En effet, cette réflexion est antérieure aux événements de novembre 2005. Or, avant que la Licorne ne débarque dans les rues d'Abidjan, ouvrant le feu sur les Ivoiriens dans leur propre pays, de nuit comme de jour Rolling Eyes Rolling Eyes , ma lecture de la crise était plutôt myope ; voire ingénue.

Pour moi, il s'agissait d'une crise politique de succession à Houphouët Boigny, dont différents candidats à cette succession échouaient à en organiser les modalités pratiques transparentes, équitables, démocratiques. En somme une crise de maturité politique ivoiro-ivoirienne, aggravée par le poison de l'ivoirité et ses relents xénophobes.

Jusqu'à ce que la Chiraquie françafricaine me décille, avec ses gros sabots de colons indécrotables, agripés à leur proie ivoirienne, commettant tant d'erreurs tactiques, tirant de grosses ficelles désormais en plein jour, que même le gros niais que j'étais finit par voir. Dire que les lectures de FX Verschaeve et de Mongo Béti ne m'avaient toujours pas complètement réveillé : les piqûres de rappel de Mamadou Koulibaly (et plus récemment de Théophile Kouomao) m'ont été rédhibitoires...

Un putsch manqué, par des voyous en guénilles, repoussés dare dare en une nuit par l'armée nationale, pourtant prise au dépourvu (pas totalement, ceci dit...). Lequel putsch avorté se transforme miraculeusement en "rébellion", dotée de matériel parfois rutilant, dans le laps de temps où les Français exigèrent de l'armée ivoirienne qu'elle cessât sa chasse aux pou-puschistes, en vue d'exfiltrer ses ressortissants prétendument coinçés dans la moitié nord du pays.

Cela ressemblait étrangement à un vieux stratagème françafricain, de transport clandestin de matériel et autres moyens militaires en Afrique, en vue d'aider en soumain le parti des Nègres inféodés, vassalisés, larbinisés, à mater celui des dignes héritiers de Soundjata, Lat Dior, Samory, Chaka ; ces partisans résolus d'une souveraineté pleine et entière de l'Afrique post-Indépendances : Lumumba, Nkrumah, Ouandié, Cabral, Rodney, Sankara. Et maintenant Koudou Gbagbo...

Par conséquent, cette théorie est une jolie réponse à des questions ultérieures, de réformes institutionnelles démocratiques. Mais en aucun cas ce n'est une solution opportune à la tentative françafricaine d'imposer ses affidés à la Côte d'Ivoire, en vue de l'assigner au rôle "historique" de fidèle "élève", c'est-à-dire de larbin zélé de la néocolonisation de l'Afrique par la France.

Avant de nous être réellement autonomisés de ce carcan sclérosé, négrocidaire, aucune solution constitutionnelle ne pourra être considérée par les Africains eux-mêmes, pour eux-mêmes, dans des conditions de débats et compétitions politiques transparentes, maatiques...
Gnata a écrit:
Je me suis rabattu sur ton système où le Souverain n'est plus une seule et unique personne , mais un ensemble de personnes , ce qui a le merite déjà ( je crois ) de limiter les abus ... j'ai noté cependant que tu ne fais aucun cas, aussi, de la probité/honnêtété/vertu des membres du Gbara , pourtant la survivance en pratique d'un système politique est basée sur ces qualités sus-citées , elles devraient être les étendards moraux de tout membre de cette assemblée qui souhaiterait diriger des hommes/femmes , les qualités moraux que l'on soit ou non d'accord avec l'approche de Platon ( son improbable cité idéale ) sont les plus importantes chez le souverain .

La mécanique institutionnelle a ses propres qualités qui sont indépendantes de celles des hommes occupant les différentes fonctions. Aussi la réflexion en science politique vise-t-elle davantage à rechercher les meilleures formes de gouvernement, plutôt qu'à dresser le portrait robot des meilleurs hommes et femmes politiques. Ce qui relèvrerait plus de la sociologie électorale.

Toutefois, il va s'en dire que les qualités que tu as citées sont souhaitables, voire indispensables au personnel politique de bon aloi. Mais cela concerne la culture en général, particulièrement la culture politique de la société considérée. C'est donc une affaire d'éducation publique, de la capacité du système social d'apprentissage de la citoyenneté à "produire" des citoyens intègres, respectueux de la res publica, sensibilisés aux principales lois constitutionnelles, impliqués aux débats démocratiques, etc.
A mon avis, cela suppose un programme AFROCENTRE d'éducation nationale .

Or, dans un régime colonialistique, comme fut celui des Houphouët, Senghor, Ahidjo, Modibo, Lamizana et consorts, il y a un grand risque à développer une conscience politique collective aiguisée. Laquelle est nécessairement réfractaire au larbinisme, jalouse de son libre-arbitre, particulièrement attentive à la préservation des ressources collectives, qu'elle n'accepterait point de voir bradées aux éternels parrains étrangers...

Citation:
Citation:
Une Assemblée républicaine, appelons-là GBARA, serait chargée de mettre en forme les lois et de pourvoir à leur promulgation, publication, diffusion. Le Gbara disposerait d’un Secrétariat permanent pour ce faire.
Ce Gbara serait composé d’élus au suffrage universel uninominal direct, dont l’effectif représenterait 1/9000 du nombre de citoyens constaté au début de chaque législature.

Pourquoi 1/9000 ?

Pourquoi pas?
Il s'agit bien d'une convention. Peu importe que ce soit ce ratio ou un autre. Mais au fond, il s'agit d'élargir au maximum la base politique permanente, active, de la société, afin de disposer d'un grand vivier de talents du personnel politique ; favorisant ainsi le renouvellement des hommes aussi bien que des idées.

Par exemple, en France, on observe une dérive oligarchique du système politique, tellle que ce sont globalement les mêmes familles, quelques petits milliers, qui dirigent ce pays depuis 1789 (où les cartes avaient été sévèrement rebattues...) : cumuls vertical (successivité) et horizontal (simultanéité) des mandats politique, concentrant dans les mêmes mains toutes les affaires publiques, gérées de la même manière (à des variations trop marginales près), depuis si longtemps, pour les mêmes intérêts, au détriment du plus grand nombre, un nombre de plus en plus grand...

Une autre raison est d'ordre numérologique : souvent le chiffre neuf (9) est symbole de multitude dans les numérotations africaines. Je pose que son inverse (1/9) est symbole d'union, unité. Conjecture très personnelle, dont l'intérêt consiste encore une fois à mobiliser de la culture négro-africaine, tant que faire se peut, en vue de résoudre des questions qui se posent aux sociétés contemporaines négro-africaines...

Citation:
Citation:
Le reste de l’année, les élus seraient répartis sur 27 chambres régionales où ils siègeraient de façon permanente, au rythme moyen de 9 jours de sessions mensuelles avec présence obligatoire de tous. Et le reste du temps, ils sillonneraient le pays dans les moindres recoins de leur circonscription respective, afin de prêcher la politique, animer le débat public, s’instruire régulièrement des aspirations et opinions des gens.

Je trouve l'initiative assz intéressante , il faudrait alors légiférer pour que ce soit une OBLIGATION , il FAUDRAIT qu'il soit institué des genres d'agaora où la parole est libre ect...

YES : chacun a le choix de sa propre religion personnelle, familiale, clanique, etc. Mais la religion nationale serait la politique, commentée, triturée, pratiquée, critiquée, librement par TOUS, pour TOUS, en publique, dans tous les interstices de la société...

Citation:
Citation:
6) FONCTION JUDICIAIRE : Nul n’est au dessus de la loi, et la loi n’est au dessus de personne.
Le Gbara élit entre les professionnels du droit 9 membres d’un Conseil de Magistrats chargé de coordonner la fonction judiciaire. Ils sont renouvelés au tiers tous les trois ans. Ce qui garantit la stricte indépendance de la fonction judiciaire à l’égard de toute autre institution de la république.

Je ne saisis pas bien cette methode , sur quelles bases ce 1/3 accepterait les premiers de se voir au ballotage , pendant que les 2/3 seront saufs trois ans de plus ?

Beaucoup d'assemnblées dans le monde sont renouvellées par tiers.

Techniquement, on pourrait tirer au sort le tout premier tiers, dont le mandat ne durerait que 3 ans. Un second tiers dont le mandat ne durerait que 6 ans. ensuite, tous les mandats auraient une durée normale de 9 ans qui arriveraient à terme de tiers en tiers.

Il s'agit d'éviter que des mandats aussi longs (ce qui est favorable à la stabilité des institutions), ne rassemblent que des clubs de copains et coquins occupés à se coopter, plutôt qu'à bosser pour la collectivité politique, et à mériter les rémunérations pécuniaires et symboliques particulièrement gratifiantes que les citoyens leurs consentent (que souvent ils s'octroient à discrétion, d'ailleurs...). Ce renouvellement par tiers irriguant régulièrement de sang neuf le Conseil de Magistrats, en vue d'en favoriser le dynamisme, l'éveil permanent aux affaires réelles du pays.

Citation:
Citation:
FONCTION EXECUTIVE : l’organisation matérielle de la vie collective est une mission d’ordre public.
En principe, la fonction exécutive exécute, c’est-à-dire qu’elle met en œuvre un programme d’actions publiques préalablement approuvé par le Gbara ; tant en ce qui concerne les moyens, que pour leurs emplois.
Le Gbara élit entre les professionnels de la politique 9 personnalités constituant le Conseil Exécutif, renouvelé au tiers tous les trois ans. Chaque membre exerce un ministère spécifique, aux attributions et missions expressément déterminées.
Chaque conseiller exécutif est donc bien un professionnel de la politique, élu et considéré comme tel, rémunéré en tant que tel. Il peut être révoqué en cours de mandat par le Gbara pour non respect de ses obligations professionnelles, aussi bien de moyens que de résultat.

Ces professionnels et conseillers éxcécutifs de leur état représentent-ils ce qu'on appelle communément les ministres , ces citoyens chargés des différents secteurs de fonctionnement d'une republique ?
Pourquoi juste 9 ? ne sont-ils pas peu nombreux pour les tâches qui les attendront vus les inombrabres secteurs(Santé/Arts/éducation/sports/économie/ ect ) ? je rappelle que La republique d'ABidjan est peuplée de près de 19 millions d'habts !

Encore une fois, c'est affaire de convention, car il n'y a aucune nécessité immanente dans ces suggestions.

Mais l'idée est que le Conseil Exécutif ne doit pas être un club pour la récompense des nombreux alliés et amis ayant aidé à divers niveaux pour la conquête du pouvoir (suprême?). Ce qu'est bien souvent un gouvernement pléthorique de Ministres en tout genre, dont les portefeuilles ministériels sont parfois vides, incohérents, redondants, avec une efficacité globalement médiocre. D'autant plus médiocre que les ministères sont innombrables.

En outre, il ne s'agit pas vraiment de ministres. Ou alors il faudrait compter 5*9 = 45 ministres : les neuf conseillers par fonction politique. Il faudrait également compter cinq (5) Premiers Ministres Rolling Eyes : chacun des Présidents de Conseil élu par ses pairs, pour trois années non renouvellables, au sein de chaque Conseil préalablement élu par le Gbara.

Le mieux étant peut-être d'abandonner la terminologie traditionnelle de Président de la République (pourquoi une chose publique devrait avoir un Président?), Premier Ministre, Ministre. Ceci afin de consacrer la nouveauté radicale (enfin, je crois...) de ce qui est proposé ici...

L'organigramme de chaque Conseil est préalablement défini et précisément décrit dans la constitution : chaque poste est décrit, avec ses attributions pécises, détaillées. On peut ainsi savoir qui fera quoi, ou qui a échoué à faire cela.

Toute modification étant du ressort exclusif du Gbara, en formation plénière, avec présence obligatoire de tous, explications détaillées des initiateurs de l'éventuelle modification...

Citation:
Citation:
Chaque conseil serait composé de quatre (4) femmes et cinq (5) hommes
. Intéressant !

En fait, c'est plus précisément 4f 5h pour une législature, et 4h 5f pour la prochaine législature. Ceci afin d'assurer une égalité citoyenne parfaite entre les deux sexes.

Il s'agit de réhabiliter, tout en la consolidant, la pratique millénaire dans les sociétés négro-africaines consistant à faire une place de choix aux femmes dans la gestion des affaires publiques. Suffit d'en référer à liste extraordinairement longue de grandes femmes politiques africaines, depuis les Nefertari, Atshetchsoup, Kandaké, Nzinga ; jusqu'aux Abla Pokou, Ravalona III, etc.

Dans le cas de la Côte d'Ivoire contemporaine, je pense à la marche mémorable des femmes du RDA sur Grand-Bassam, afin de libérer les hommes emprisonnés par les colons (fin années 1940, sauf erreur), où Dja Houphouët lui-même était en grande difficulté, n'eussent été les Tchicaya, Marie Koré et leurs vaillantes consoeurs, dans ce qui fut une épreuve décisive pour l'accession à l'indépendance (malheureusement factice Crying or Very sad )...

Citation:
Citation:
COMITE D’INNOVATIONS DEMOCRATIQUES
Afin de réaliser le projet de création d’une nouvelle société politique en remplacement de la Côte d’Ivoire, je propose que les vingt-sept (27) personnalités politiques ivoiriennes les plus influentes se réunissent au sein d’un Comité d’Innovations Démocratiques ; où bien entendu figureraient les principaux protagonistes de la crise, notamment BEDIE, GBAGBO, OUATTARA. Ce comité aurait un mandat de deux (2) ans pour créer les institutions politiques et administratives de la nouvelle République d’Abidjan.

J'aurais moi vu plus large , donc au lieu juste de personnalités il pourrait s'agir aussi des différentes composantes de la société civile ( Droits de l'Homme/syndicats/Greenpeace ect...).

Ce paragraphe est gravement caduque, pour les raisons que j'ai exposées ci-dessus en préalable. D'ailleurs, une conférence pour la réconcilaiation nationale avait réuni à Yamoussokro la quasi totalité du personnel politique ivoirien. Des décisions pertinentes avaient été prises et acceptées par tous les tenors, opposants ou non. Cela n'a pas empêché ce Putsch quelques mois plus tard. Et montre bien que le problème se pose en tout autres termes que ce je pensais naïvement, à l'époque (bien révolue à jamais...).
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Nomade
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MessagePosté le: Mar 12 Sep 2006 06:00    Sujet du message: Répondre en citant

Gnata a écrit:

Peut-être que ces 2 explications plus haut ont l'air assez claires pour toi , mais moi , j'ai du mal à saisir où tu vas ...
lorsque tu fais allusion à commerce , peut-on savoir lequel excatement ? parcequ'en paraphrasant R. Batsîkama ce commerce est bien le traffic d'esclaves Négro-africains , le fil Historique de la création de cette langue est bien celui décrit par Batsîkama alors , n'est-ce pas ici qu'il se rapproche plus de la vérité ?

En fait, c'est aussi la langue de la révolution de Zanzibar....
Je connait pas l'interpretation de l'histoire des Swahilis de Batsikama, mais etant donné que je ne suis pas un expert du domaine, je suis pret a reconnaitre qu'il s'y connait plus que moi. Cependant, le type de commerce ne m'interesse moins (pour ce sujet précis) que le fait que tout c'est fait dans une langue bantou. C'est comme si les francais aurait colonisé le Gabon (peut importe le pays) en créant une descendance mixte, et en utilisant une des langues locales (mais en gardant leur religion comme source d'acculturation). Leur pouvoir etant plus grand dans les villes economique de la cote qu'ailleurs (les villages avait en effet souvent gardé une structure politique africaine -conseil - ancient etc).

Ce qui m'interresse est l'effet de cette histoire sur la langue Swahili. Et je constate un large eventail de mot arabe (la majorité s'étant introduit relativement recemment (19 ieme siecle) dans l'histoire de la langue swahili). Souvent ces mots ont encore leur equivalent bantou meme dans la version officielle du Swahili (et encore plus dans les populations loins des cote), mais je suis pret a croire que 25% des mots d'un discours typique sont d'origine etrangeres (des mots swahilisé on compends). Ce qui est beaucoup a mon avis.

Citation:

Nomade a écrit:
Ceci est un vieux discours typique d'attribuer aucun fait historique aux Negro Africains

Il ne s'agit pas de nous deposseder de ce que nous n'avons pas crée , mais bien de rendre aux négriers leur créature .
Des langues Négro-africaines crées par Nous et pour Nous , il en existe à foison que chacun connait , le problème ici est donc ailleurs !

Evidemment je m'objecte a l'utilisation du concept de langue créé. Je dirait plutot langue apprise par eux, et quelque peu modifié (par l'utilisation du coran et sa nouvelle nature de lingua franca).

Citation:

Il ne s'agit pas de créer une polémique , mais s'il faut créer un élément constitutif de notre identité aussi grandiose qu'une langue , se fourvoyer [ à adopter aussi grossièrement , en choisissant une langue qui a de serieux antécédants qu'ensuite les générations futures reprouveront en ne nous pardonnons pas ] n'est pas une option !


Je trouve le swahili tres bien pour certains pays d'Afrique de l'Est, mais il est vrai qu'en tant que langue bantou l'absence de tons laisse perplexe. De plus son lexique arabisé est un autre point en sont défaveur en tant que langue pan-africaine. Cependant la majorité des mots sont bantou de meme que sa grammaire.

Surtout, je croit que les pays des autres régions d'Afrique serait bien avisé d'utilisé l'expérience du Swahili pour eux aussi se créé une langue commune régionale ou nationale (qui serait apprise comme langue seconde et non comme langue principale, titre qui revient aux langues locales). Sans vouloir trop me répéter, je vois les étudiants Africains dans le futur (et la population en générale) utilisé les langues locales dans tout les niveaux d'éducation (et de la vie courante), tout en apprenant une langue regionale-nationale et une autre langue pan-africaine comme langue secondes. Pour l'instant, il est important de promouvoir les langues locales, leur apporté de nouveaux mots techniques (comme "souris" Wink ou bien tovuti )), exigé des gouvernements (souvent elite occidentalisé ou bien supporté par ceux la meme) qu'ils les utilisent etc.

Pour ce dernier point, on doit noter que les droits humain linguistiques est un principe reconnue internationalement. Les droits de l'homme declarent aussi : "chacun peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés proclamés dans la présente Déclaration, sans distinction aucune, notamment… de langue".
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ARDIN
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MessagePosté le: Jeu 05 Oct 2006 14:52    Sujet du message: Répondre en citant

OGOTEMMELI a écrit:
PREALABLE : Dans mon esprit, cette théorie politique devrait être mise en veilleuse pour le cas particulier de la Côte d'Ivoire. Lequel cas est emblématique de celui de tant d'autres de nos pays africains. Ce n'est pas sa portée générale qui est en cause. Mais c'est son opportunité, sa valeur de solution, pour le cas de la Côte d'Ivoire, au regard des circonstances pécises de la crise ivoirienne.

En effet, cette réflexion est antérieure aux événements de novembre 2005. Or, avant que la Licorne ne débarque dans les rues d'Abidjan, ouvrant le feu sur les Ivoiriens dans leur propre pays, de nuit comme de jour Rolling Eyes Rolling Eyes , ma lecture de la crise était plutôt myope ; voire ingénue.

Pour moi, il s'agissait d'une crise politique de succession à Houphouët Boigny, dont différents candidats à cette succession échouaient à en organiser les modalités pratiques transparentes, équitables, démocratiques. En somme une crise de maturité politique ivoiro-ivoirienne, aggravée par le poison de l'ivoirité et ses relents xénophobes.

Salut Ogo,

J'ai pour ma part une autre lecture de cette situatioin, en lisant ce lien sur la page d'acceuil ici, je n’ai pas arrete de penser: "Tiens! le capital financier francais est entrain de reussir lentement mais surement ce que le capital financier americain a reussi en RDC, ex Zaire dans les annees 50-60." Le capital financier americain a reussi a mettre la main mise sur les ressources de ce pays a travers l'assassinat de Patrice Lumumba et la secession du Katanga menee par Moise Tshombe.
La Cote d'Ivoire n'avait pas la meme configuration a cette epoque, mais maintenant, avec tout ce qui s'y est passe depuis la mort d'Houphouet Boigny, les ingredients pour une nouvelle offensive du Capital financier semble etre reunis pour maintenir la main mise francaise sur ce pays pour tres longtemps encore si les Ivoiriens ne se ressaisissent pas avant qu'il ne soit trop tard. L'Unite de tous les Ivoiriens est la seule antidote au venin capitaliste-financier d’ou qu’il vienne, mais il faut un homme d'une grande envergure pour rassembler le peuple Ivoirien, a l’image d’un Lumumba. Laurent Gbagbo aurait pu etre cet homme, mais… Par contre les deux autres acteurs, a savoir Ouattara et Soro, ont chacun l’une des facettes de Tshombe(l’un ayant le soutien du capital financier, l’un ayant les velleites secessionistes) et c’est la ou ca pose un vrai probleme.
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Abiola
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MessagePosté le: Jeu 05 Oct 2006 21:14    Sujet du message: Répondre en citant

Je viens de trouver un texte qui rebondit sur la problématique posée par ARDIN. Il est cependant, assez long :

Citation:

Par Jean Nanga
Commencée en septembre 2002, ayant entraîné la partition de fait du pays entre un Nord et un centre contrôlés par la rébellion des Forces nouvelles (FN) et le Sud au mains des Forces armées nationales de Côte d’Ivoire (FANCI), loyales au président Laurent Gbagbo, la guerre civile ivoirienne est entrée dans une nouvelle phase début novembre 2004, lorsque l’armée française a détruit l’aviation des FANCI.

Faisant fi des accords de Linas-Marcoussis (janvier 2003) et d’Accra III (juillet 2004), Laurent Gbagbo a lancé le 4 novembre l’opération " Dignité ", une offensive aérienne et terrestre contre les positions des Forces nouvelles. Malgré une " guerre sans limites " promise par Guillaume Soro, chef des FN, cette offensive n’avait pas rencontré de résistance véritable au cours des deux premiers jours. Mais au cours de l’opération l’aviation des FANCI a bombardé un campement militaire français, à Bouké, au centre du pays et en zone contrôlée par les Forces nouvelles. Déployée dans le pays dans le cadre de l’opération " Licorne ", l’armée française y jouit également d’un mandat de l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI), en tant que " force d’interposition ". Le bombardement a fait neuf morts parmi les soldats français, un mort civil états-unien et une trentaine de blessés. En réaction immédiate l’armée française a détruit les avions ayant commis le forfait, puis, sur ordre du chef de l’État français, son aviation a détruit l’ensemble de la flotte aérienne militaire ivoirienne. Cette " riposte " disproportionnée a provoqué à Abidjan une mobilisation des partisans de Gbagbo : violences antifrançaises et anti-opposition, marche vers la base permanente française du 43e Bataillon d’Infanterie de Marine, vers l’aéroport et vers l’Hôtel Ivoire (situé à 500 mètres de la Résidence présidentielle !) occupés par l’armée française. Un face-à-face meurtrier entre l’armée française, qui a ouvert le feu, et les manifestants conduits par les " Jeunes Patriotes ", sous le regard des FANCI. Bilan officiel ivoirien : une soixantaine de morts et plus d’un millier de blessés ivoiriens, victimes des soldats français. Une " guerre franco-ivoirienne ".

Réunis d’urgence à Abuja (Nigeria), les chefs d’États de l’Union africaine ont adopté une résolution condamnant la violation du cessez-le-feu par les FANCI et l’attaque du campement militaire français et confiant au Sud-africain Thabo Mbeki — absent et n’ayant même pas dépêché sur place une représentation — la mission de pourparlers avec les protagonistes… ivoiriens. Le 15 novembre c’est le Conseil de sécurité de l’ONU qui adoptait à l’unanimité la résolution 1572, proposée par la France, par laquelle " il impose un embargo sur les armes à la Côte d’Ivoire et envisage le gel des avoirs financiers et une restriction des déplacements à l’étranger à toute personne menaçant le processus de paix et de réconciliation nationale dans ce pays ". En France, une campagne de propagande était déclenchée par le chef de l’État lui-même, reprise massivement par les médias (1). Des plumes africanistes de la grande presse française en ont profité pour rappeler l’inexistence de la Françafrique, depuis longtemps enterrée, selon elles. Inefficacité de cette invocation face aux faits, réputés têtus. Disparition de la superbe affichée concernant l’invasion états-unienne de l’Irak. Retour des tics de l’ethos impérialiste, des habitus coloniaux, de la supériorité ontologique " blanche " ou française, de la grande presse à la droite gouvernante et à la social-démocratie oppositionnelle, en passant par l’exhibition musculaire de l’un des secteurs de l’avant-garde colonialiste, et encore nostalgique du temps des colonies, la Grande Muette Républicaine : " On ne tue pas impunément des Français ". Doit-on tuer impunément des Africains ? Aucune compassion pour les familles des victimes civiles ivoiriennes de l’Armée française , dont l’existence a eu de la peine à être évoquée. Les biens pillés des familles et entreprises françaises d’Abidjan ont bénéficié de plus d’attention que les Ivoiriens victimes de l’Armée républicaine française. Celle-ci, par la voix de son porte-parole ne se gênant pas (sur RFI le 10 novembre 2004) pour attribuer ces morts aux FANCI, après que leur Chef d’État-major ait fièrement parlé de ses troupes qui avaient pu " blesser ou tuer quelques personnes " en " faisant preuve d’un très grand sang-froid et d’une maîtrise complète de la violence ". Version assumée par la ministre de la Défense, ajoutant que la foule ivoirienne était " armée de kalachnikovs et de pistolets " (2), " Il y a sans doute eu quelques victimes ; nous ne le savons pas avec précision, car lorsque les choses se passent la nuit, il est extrêmement difficile de savoir ce qui se passe ". La nuit noire, avec ces Noirs dont on pouvait néanmoins distinguer les " kalachnikovs " et les " pistolets "... La partie française a pu aussi parler si fièrement de ses " soldats au service de la paix ", sûre que nous vivons une époque d’informations vite passées à l’ardoise magique : l’Armée Française a déjà tiré, sans sommation, sur des manifestants gbagbistes désarmés en novembre 2003 à M’Bahiakro, faisant trois blessés graves. La morgue affichée aux sommets de l’État français n’est pas sans relents coloniaux. Pour le ministère français de la Défense, le soir du 6 novembre " nous étions dans une situation insurrectionnelle "… en Côte d’Ivoire. Les insurgés étant, faut-il le rappeler, les partisans du pouvoir ivoirien ! Propos de nostalgique du temps des colonies, dans lequel s’était aussi embarqué le Chef de l’État français, Jacques Chirac, s’adressant à des étudiants marseillais dans la bonne tradition de l’ethnologie coloniale, version négrophile : " Les Africains sont joyeux par nature. Ils sont enthousiastes. Ils ont le sourire. Ils applaudissent. Ils sont contents... " (3).

Crise " ivoirienne " ? Crise " franco-ivoirienne " ? Crise " françafricaine " ou crise de la domination française en Afrique, comme le laissent entendre des réactions, telles la lettre ouverte à Koffi Annan des intellectuels burkinabé dénonçant la France, ou la lettre ouverte du Comité d’Initiative des Intellectuels Sénégalais à l’Ambassadeur de France au Sénégal (" La France se comporte comme un troisième belligérant ") et autres réactions panafricanistes (4) ?


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Le produit de Linas-Marcoussis

Ce qui s’est passé est l’un des effets logiques de la solution apportée à la crise ivoirienne, par l’État français, cautionné par l’Union Africaine, puis l’ONU, à Linas-Marcoussis. Des Accords devenus dogme pour la réconciliation nationale. Alors qu’ils portaient en eux le ver de la conflictualité. Qu’on nous permette de rappeler qu’au lendemain de la signature des dits Accords de Réconciliation nationale, nous les considérions opposés aux intérêts du peuple ivoirien et disions qu’ils risquaient de " rendre la Côte d’Ivoire plus cauchemardesque " (5). Car le but de la manoeuvre était apparent : sous prétexte d’opposition, légitime et nécessaire aux conséquences de l’idéologie de " l’ivoirité ", ces accords étaient un instrument de pression sur la fraction Gbagbo, dont il fallait stopper surtout l’entreprise de restructuration de la dépendance (la " Refondation ", dans la terminologie des gbagbistes) aux dépens de la tradition françafricaine.

La Résolution 1464 (4 février 2004) du Conseil de Sécurité de l’ONU en entérinant l’opération " Licorne " et en lui subordonnant logistiquement, par la suite, la MINUCI, puis l’ONUCI, au lieu de favoriser la mise sur pied d’une force d’intervention non impliquée dans les affaires ivoiriennes, a contribué à la préparation de l’épisode actuel. Forcé ainsi à accepter la présence française, Gbagbo en a profité pour réorganiser son armée. La trêve est un moment classique de réarmement. Après le non-respect de l’Accord de Défense de 1961 — qui dans le cas présent aurait dû conduire l’armée française à prêter main-forte à Gbagbo contre la rébellion — les marchands d’armes français ont fini par livrer le matériel commandé par l’Armée ivoirienne, redoutant les conséquences de la diversification du partenariat militaire entreprise par Gbagbo. La France n’entendant pas pousser les extrémistes de la fraction Gbagbo à demander le démantèlement de la base du 43e BIMA et s’appuyant sur la sympathie de certains officiers des FANCI jouait la réconciliation en envoyant plus d’une fois la Ministre de la Défense, Michelle Alliot-Marie, en Côte d’Ivoire, même pendant les fêtes de fin d’année 2003. En cadeau de nouvel an 2004, Gbagbo l’avait faite Commandeur de l’Ordre National Ivoirien. Le réalisme de Gbagbo pour desserrer la pression a conduit la France à lancer des rappels à l’ordre, médiatisés, à la rébellion. Mais sans aucune pression véritable pour le respect du programme de Désarmement-Démobilisation-Réinsertion. Avec cette surprenante symétrie, de la part d’hommes d’États bourgeois, parfois établie, entre l’armée ivoirienne et la rébellion, en matière de désarmement. Ce changement a produit des frictions entre les Forces nouvelles et l’armée française, avec mort de soldats français (alors " des bavures "…).

La réorganisation des FANCI accomplie, Gbagbo a actionné le retour à la solution militaire. Avec pour première démonstration de force la criminelle répression de la manifestation de mars 2003. Les Forces nouvelles ne pouvaient désarmer, même en cas d’amendement à l’article 35 de la Constitution devant permettre l’éligibilité de Ouattara et de bien d’autres victimes de " l’ivoirité ". Il y a eu ainsi double violation des Accords d’Accra III : d’une part, évocation par le camp Gbagbo d’un référendum sur la révision constitutionnelle, de l’autre, non-respect de la date du 15 octobre, pour le désarmement (6). La mutation politique des Forces Nouvelles n’étant pas effective, elles ne pouvaient se suicider et perdre ainsi leur principal instrument de " légitimité ". De plus, le contrôle du Nord et du Centre du pays est une situation rentière : au-delà des revenus ministériels et du hold-up de la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (7), trafics très rentables de diverses matières premières minières, par exemple l’or , mais aussi des produits agricoles... L’offensive des FANCI — qui a aussi fait des victimes ivoiriennes et suscité de nouveau le déplacement des populations — ne devait pas surprendre les chancelleries occidentales. Les États-Unis ont installé à Abidjan, dans le quartier du palais présidentiel, le relais africain du système d’écoute des communications Échelon.... Le Canard enchaîné (du 10 novembre 2004) a évoqué l’appel téléphonique de Chirac à Gbagbo, au cours duquel le premier mettait en garde le second sur le respect des intérêts français. Ce qui peut laisser penser que l’attaque du campement est une prophétie auto-réalisée. Dans ce cas, c’est Gbagbo qui aurait négligé cette mise en garde, tout gonflé qu’il était par l’imminence du succès de l’opération dite de reconquête de l’intégrité territoriale, qui le mettrait en position de force jusqu’aux élections d’octobre 2005. De son côté, en ordonnant les représailles, Chirac avait sous-estimé le patriotisme que susciterait cette manifestation de l’arrogance impérialiste — pouvant rappeler la répression coloniale de Dimbokro en 1950 (9), dans une sous-région ayant une partie de l’élite assez panafricaniste, même si les intellectuels tant burkinabé que sénégalais n’ignorent nullement la politique de l’" ivoirier " menée par Gbagbo. Ainsi, à l’Élysée, le réflexe françafricain l’a emporté sur l’ambigu mandat onusien de l’opération " Licorne ". L’Élysée a trouvé son Oussama Ben Laden en la personne de Laurent Gbagbo. Avec cet avantage sur la Maison-Blanche, que Gbagbo est localisable : des chars français du 43e BIMA, peuvent même se tromper de route et se retrouver devant sa porte.


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Morte, la Françafrique ?

Le Rapport de la Commission d’enquête internationale sur les allégations de violations des droits de l’Homme en Côte d’Ivoire du 19 septembre au 15 octobre 2004, malgré son origine marcoussiste et onusien, confirme, dans un langage certes prudent, l’enjeu économique de la crise ivoirienne. On peut y lire, par exemple : " La Commission a reçu des témoignages faisant état d’événements qui peuvent faire croire à un certain optimisme quant à l’avenir économique de la Côte d’Ivoire. Il serait notamment question de découvertes de puits de pétrole dont la réserve serait proche de celle du Koweït et qu’ainsi, la Côte d’Ivoire pourrait devenir le deuxième producteur africain de pétrole après le Nigeria. Au surplus il serait question, toujours selon ces témoignages, du pétrole "vert ", très prisé. A côté du pétrole, on aurait également découvert, selon des témoignages, du gaz entre San Pedro et Sassandra : la réserve en permettrait l’exploitation pendant un siècle. D’autres ressources existeraient aussi tels l’or, les diamants, outre des métaux rares actuellement utilisés dans la fabrication des satellites ". Il s’agit là de sources de barbarie capitaliste néocoloniale. Ledit rapport ne l’évoque pas, mais d’après l’Annexe II de l’Accord de Défense entre les Gouvernements de la République Française, de la République de Côte d’Ivoire, de la République du Dahomey et de la République du Niger, du 24 avril 1961, la France serait privilégiée dans l’acquisition de ces " matières premières classées stratégiques ". En effet, selon l’art. 2, " la République Française informe régulièrement la République de Côte d’Ivoire (…) de la politique qu’elle est appelée à suivre en ce qui concerne les matières premières et produits stratégiques, compte tenu des besoins généraux de la défense, de l’évolution des ressources et de la situation du marché mondial .". Selon l’art. 3 " La République de Côte d’Ivoire [et les deux autres] informent la République Française de la politique qu’elles sont appelées à suivre en ce qui concerne les matières premières et produits stratégiques et des mesures qu’elles se proposent de prendre pour l’exécution de cette politique ". Et pour finir, l’art. 5 : " En ce qui concerne ces mêmes produits, la République de Côte d’Ivoire [et les deux autres], pour les besoins de la défense, réservent par priorité leur vente à la République Française après satisfaction des besoins de leur consommation intérieure, et s’approvisionnent par priorité auprès d’elle ". La réciprocité entre les signataires, faut-il le rappeler, est faussée par l’inégalité des rapports réels, de domination, entre la puissance coloniale ayant, dans le cas de ces pays, organisé l’" indépendance " quelques mois auparavant (en août 1960).

Cette posture privilégiée de la France est confirmée par la commission onusienne : " Les témoignages recueillis ont aussi permis de savoir que la loi de 1998 portant code rural et foncier serait liée à la position dominante que la France ou les intérêts français occupent en Côte d’Ivoire. Selon ces sources, les Français posséderaient 45 % de la terre et, curieusement, les sièges où se trouvent la Présidence de la République et l’Assemblée Nationale ivoirienne feraient l’objet d’un bail conclu avec des Français. Ces derniers contrôleraient les secteurs de l’eau et de l’électricité qui représentent une somme de 10 milliards de francs CFA par mois ".

Le rapport ne donne pas de détails sur cette position dominante des intérêts français qu’il n’est pas inutile de rappeler, en ces temps de propagation du mythe injurieux de l’action généreuse du Capital occidental en Afrique. On y trouve de nombreux premiers de la classe capitaliste française :

— Bolloré (leader des transports maritimes français en 2003), principal opérateur du transport maritime avec Saga, SDV et Delmas, est quasiment maître du port d’Abidjan, le premier port de transit dans la région ouest-africaine et le second port à conteneurs d’Afrique, dont le principal terminal à conteneurs, celui de Vridi, a été récemment acquis par Bolloré de façon scandaleuse d’après les autres opérateurs portuaires français et ivoiriens confondus. Il est aussi maître du chemin de fer ivoiro-burkinabé, Sitarail. S’il s’est récemment replié du cacao, il s’est par contre maintenu en leader dans le tabac et le caoutchouc ...

— Bouygues (leader du bâtiment et des travaux publics en France, aussi présent comme Vinci, second des Travaux Publics en France), y est depuis l’indépendance le traditionnel n° 1 du BTP (on y rencontre aussi Colas, troisième des travaux routiers en France). Il a aussi, par la privatisation-mise en concession, le contrôle de la distribution de l’eau courante (Société des Eaux de Côte d’Ivoire), de la production et la distribution de l’électricité à travers la Compagnie Ivoirienne d’Électricité et la Compagnie Ivoirienne de Production de l’Électricité. Il est aussi présent dans l’exploitation récente du pétrole ivoirien...

— Total (première entreprise de France) est détenteur du quart des actions de la Société Ivoirienne de Raffinage (SIR, n°1 des entreprises de Côte d’Ivoire) et propriétaire de 160 stations de distribution des hydrocarbures.

— France Telecom (septième entreprise de France et leader des télécommunications), est le principal actionnaire de Côte d’Ivoire Telecom et de la Société Ivoirienne des Mobiles (environ 85 % du capital ), depuis leur mise en concession, dans le cadre de la privatisation des entreprises publiques.

— Dans le secteur des banques et des assurances, sont présents la Société Générale (sixième banque de France, Société Générale des Banques de Côte d’Ivoire, 55 agences), le Crédit Lyonnais, BNP-Paribas, AXA (seconde entreprise de France et leader du secteur des assurances, présente en Côte d’Ivoire depuis la phase coloniale).

— La doyenne des entreprises françaises est le Groupe Compagnie Française de l’Afrique de l’Ouest de Côte d’Ivoire (CFAO-CI, principale entreprise " françafricaine " de l’empire colonial français en Afrique subsaharienne, équivalent colonial privé d’ELF), multicarte (automobile, pharmacie, nouvelles technologies... après avoir longtemps monopolisé l’exportation, la grande distribution...) dont la rentabilité (pas une seule année de perte, de sa création en 1887 à 2003) en a fait récemment une propriété du Groupe Pinault-Printemps-La Redoute (10). C’est le n° 9 des entreprises de Côte d’Ivoire, après session de sa filière bois dans laquelle elle a été très présente pendant des décennies.

— A tout seigneur, tout honneur, nous ne pouvons arrêter cette liste indicative, sans l’évocation de la présence du chef du patronat français, le baron Ernest-Antoine Seillères, à travers Technip (dans l’équipement du secteur pétrolier) et Bivac (attributaire, en mai 2004, du scanner du port d’Abidjan).

Cette présence du Capital français, témoigne de la rentabilité capitaliste de la Côte d’Ivoire. Et bien que les investissements directs français n’y excèdent pas 3,5 milliards d’euros — l’acquisition des ex-entreprises d’État les plus rentables relevant souvent de la braderie — les profits tirés annuellement sont énormes. Comme l’a si clairement rappelé l’ex-sénateur français Jean-Pierre Camoin (du Groupe Bolloré et Président du Cercle d’Amitié et de Soutien au Renouveau Franco-Ivoirien, créé en février 2004) : " les industriels ne sont pas des philanthropes. Une entreprise n’existe que si elle fait des bénéfices, si elle progresse ; sinon elle disparaît " (11).


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Derrière " l’ivoirité ", des enjeux capitalistes

Il est paradoxal qu’en ces temps de dénonciation spectaculaire de la marchandisation du monde, la compréhension des crises qui affectent la partie de l’humanité la plus victime du rouleau compresseur néolibéral ait de la peine à échapper au culturalisme, à la sous-estimation de leurs ressorts économiques. Le génocide des Tutsis, couplé au massacre des démocrates Hutus au Rwanda en 1994, est régulièrement utilisé (en évacuant souvent le massacre des démocrates Hutus) pour légitimer ce culturalisme. Ainsi, dans la crise ivoirienne, " l’ivoirité " est présentée comme sa cause majeure, au lieu de la comprendre comme une réponse réactionnaire à la crise structurelle du néocolonialisme (au même titre, par exemple, que les résultats électoraux du Front National en France sont l’expression de l’insécurité sociale). La relation entre la progression du néolibéralisme et la poussée de la xénophobie, du chauvinisme et autres formes d’exclusion, d’altérophobie semble pourtant évidente. Ce qui ne signifie nullement l’absence de précédents ni d’autonomie relative de la conscience raciste, xénophobe. Dans le cas de " l’ivoirité " les ingrédients ont été produits par le système colonial, puis par la phase ascendante du néocolonialisme, colonialisme indirect ou réformé dont la Côte d’Ivoire a bien été le " modèle "

La demande publique de distinction entre Ivoiriens et non-Ivoiriens est exprimée en 1990, durant " l’ouverture démocratique ", à la veille des premières élections multipartistes de la Côte d’Ivoire dite indépendante, par le candidat à la présidence Laurent Gbagbo, adversaire de l’autocrate Houphouët-Boigny. Cette " ouverture démocratique " est une réponse à la contestation socio-politique des effets de la crise structurelle du néocolonialisme, caractérisée, entre autres, par les difficultés de trésorerie. La distinction entre Ivoiriens et non-Ivoiriens est l’une des sources possibles de renflouage des caisses de l’État, par l’instauration de la carte de séjour pour les étrangers. Une mesure préconisée aussi par Alassane Dramane Ouattara (alors premier ministre de Houphouët-Boigny), qui va aussi décider de l’instauration de la carte d’identité nationale infalsifiable. Ces mesures ne sont pas une spécificité ivoirienne. Alassane Ouattara, ex-Directeur Afrique du Fonds monétaire International, a sillonné l’Afrique subsaharienne durant les années 1980 pour expliquer aux États surendettés et soumis ou candidats à l’Ajustement Structurel qu’il leur fallait désormais réduire les budgets sociaux et élargir les recettes de l’État. L’instauration (ou le renchérissement) de la carte de séjour pour les résidents africains a été aussi à l’ordre du jour dans d’autres pays africains que la Côte d’Ivoire, du Nigeria à l’Afrique du Sud post-apartheid. C’était tout à fait en phase avec la politique menée en la matière par les États capitalistes développés.

La tentative de théorisation de " l’ivoirité " par l’intelligentsia organique de la fraction Bédié après la victoire de Konan Bédié sur Ouattara, dans la guerre de succession à Houphouët-Boigny, était non seulement une opération de légitimation de l’hégémonie patrimonialiste-capitaliste de cette fraction du Parti démocratique de la Côte d’Ivoire (PDCI, ex-Rassemblement démocratique ivoirien, le parti-État de Houphouët-Boigny) mais aussi une légitimation de la tradition françafricaine houphouétiste, sectoriellement menacée par le néolibéralisme orthodoxe et intéressé de l’ex-Directeur Afrique du FMI. Ses années de Premier ministre chargé d’appliquer le Programme d’ajustement structurel (PAS), sous l’autorité d’Houphouët-Boigny — veillant malgré tout aux intérêts sacro-saints de la Françafrique, par exemple en freinant les ambitions de Cargill, dans la filière cacao — étant considérées comme l’avant-goût de la néolibéralisation sous son éventuelle présidence. L’alliance Gbagbo-Ouattara contre Bédié, sous forme de Front Républicain qui a boycotté l’élection présidentielle de I995 (Ouattara en était exclu pour nationalité considérée douteuse), était aussi basée sur le projet anti-houphouétiste du Front populaire ivoirien (FPI) de Gbagbo. Le recours à " l’ivoirité " ou sa critique, apparaît ainsi plutôt instrumental à la lumière des tragiques épisodes Guéi — auteur du coup d’État en 2000 pour soi-disant mettre un terme à " l’ivoirité " et ayant fini par s’en draper, pour exclure Ouattara de la course à la présidence — et Gbagbo, voire de la rébellion. Car le rapport de la Commission onusienne confirme l’existence de charniers dans la zone sous contrôle des Forces nouvelles, marque d’un chauvinisme à rebours.

Cette " ivoirité " est en fait rythmée par les enjeux capitalistes néolibéraux que représente le contrôle de l’appareil d’État. La première offensive anti-Ouattara, menée par Bédié, avant la mort d’Houphouët-Boigny, fut l’obstruction qu’il a organisée, en tant que Président de l’Assemblée Nationale, à la privatisation de Côte d’Ivoire Telecom (CIT). Bouygues était prêt à cueillir le CIT, après avoir hérité de la Société des Eaux de Côte d’Ivoire, en acquérant la SAUR au début de la privatisation, au milieu des années 1980, et obtenu, en 1990, la concession pour quinze ans de l’Énergie Électrique de Côte d’Ivoire, par un scandaleux gré à gré, sous-évalué, ficelé par Alassane Ouattara. En bon haut fonctionnaire de la Finance internationale, Ouattara est aussi un grand entrepreneur. L’acquisition par son ami Bouygues de CIT (finalement concédé à France Telecom par Bédié devenu Chef de l’État ivoirien) aurait accru sa puissance en Côte d’Ivoire : " En 1991, le continent noir a représenté 7 milliards de francs de volume d’affaires dont 2 milliards pour la seule Côte d’Ivoire... Si l’Europe dépasse légèrement l’Afrique avec 7,7 milliards de francs dans les activités du groupe, l’Amérique et l’Asie arrivent loin derrière avec respectivement 3,4 milliards de francs et 2,1 milliards de francs " (12). Il aurait aussi davantage profité à Alassane Ouattara, qui ne privatisait pas que pour les autres, selon les autres barons du PDCI-RDA, ses rivaux, menacés ou détrônés de leurs fiefs rentiers par la privatisation, menée hors de leur contrôle.

Ce qui est considéré comme un programme de braderie du patrimoine public, passe aussi dans l’opinion, conditionnée, pour " un acte antipatriotique ". De quoi s’interroger sur la nationalité de son responsable. Le Premier ministre, Ouattara, a ainsi servi dans ce cas de fusible à l’intouchable Président Houphouët-Boigny. Ouattara, qui avait de plus étudié et travaillé hors de son pays, qui par ailleurs avait envoyé la troupe contre les étudiants, était dans une situation semblable à celle de Kengo Wa Dondo, Premier ministre de Mobutu, au Zaïre, dont le zèle à appliquer l’ajustement structurel avait induit la remontée en surface, dans l’opinion, de ses filiations polonaise et tutsie. Le conditionnement nationaliste conduisait à croire, qu’un " Zaïrois authentique " ne l’aurait pas fait…

Pour la Françafrique conservatrice, Ouattara était celui qui avait favorisé la pénétration, dans la filière café-cacao, du capital états-unien. L’autocrate ivoirien, francophile, n’en voulait pas, n’ayant historiquement fait exception que pour Nestlé. Et pour cause, au-delà de la francophonie, il avait des biens immobiliers, des comptes et des actions en Suisse. Les multinationales intéressées par le cacao ivoirien — Archer Daniel Midland (ADM) et Cargill — étaient les principales du secteur au niveau mondial. Impossible de leur fermer la porte en période d’ajustement structurel organisé par les institutions de Bretton Woods, dans lesquelles les États-Unis détiennent un veto. La porte leur avait donc été entrebâillée. Ainsi, sous Bédié, ADM s’était retrouvé en partenariat minoritaire avec l’un des majors de la filière, la SIFCOM, dont Bédié détenait près de 12 % des actions. Ce co-actionnariat ne pouvait être dépourvu de quelque attente de soutien politique, pour l’ancien ambassadeur de Côte d’Ivoire aux États-Unis, avant d’être ministre de l’Économie et des Finances, conscient des relations états-uniennes de son rival aux prochaines élections présidentielles de 2000. Est-ce une simple coïncidence si Bédié, qui tout en accentuant " l’ivoirité " avait rendu moins défavorable la concurrence pour ADM et Cargill, ait été renversé par les mutins de décembre 1999, ayant servi dans la Mission des Nations Unies en République centrafricaine sous les ordres de l’Armée française, et que ces derniers aient porté à la tête de l’État Guéi, l’ancien Chef d’État Major de Houphouët-Boigny, qui s’est révélé par la suite très françafricain ?

Bien que le putsch eut été assez bien accueilli pour sa dénonciation, le Gouvernement de transition n’a pu régler le problème de " l’ivoirité ". Car le discours ivoiritaire couvrait l’accumulation particulière réalisée par les " vrais Ivoiriens " de Bédié. La privatisation des entreprises d’État et la libéralisation des marchés est une phase particulière d’accumulation et de mutation de parvenu en capitaliste. Ainsi, dans l’unité nationale retrouvée (sans Bédié, exilé en France), la transition a été en Côte d’Ivoire l’occasion de recadrer le processus de privatisation et de libéralisation des marchés que la fraction Bédié avait manigancé avec ceux qui sont présentés comme des " généreux-investisseurs-volant-au-secours-d’une-Afrique-non-rentable ", les puissants corrupteurs que cache la médiatisation des seuls corrompus. Vu la composition du dit gouvernement de transition, avec pour forces politiques principales le Rassemblement des Républicains (RDR, parti de Ouattara) et le Front Populaire Ivoirien (FPI, de Gbagbo), l’accord sur le sort de ces manigances ne pouvait se limiter qu’à la suspension de leur exécution. Si la part belle faite aux entreprises françaises (Bouygues, France Telecom, Total...) dans ces combines ne pouvait convenir au Ministre du Budget, puis de l’Économie et des Finances, par ailleurs, conseiller économique de Gbagbo, Mamadou Koulibaly (13), l’autre libéral (Ouattara) ne se serait pas opposé aux faveurs préparées, par exemple, pour son ami Bouygues par l’équipe Bédié. Autrement dit, le gouvernement de transition devait " assainir " la gestion de la chose publique malmenée par le régime Bédié et laisser aux vainqueurs des futures élections la relance de la privatisation et de la libéralisation. Les deux candidats provisoirement alliés — Ouattara et Gbagbo — partageant fondamentalement le programme des institutions de Bretton Woods, la course au pouvoir politico-économique n’a pu se passer du discriminant anti-Ouattara, " l’ivoirité ". Les ambitions du Général Guéï lui ayant fait perdre le soutien de certains anciens putschistes, plutôt liés à Ouattara, la bataille de " l’ivoirité " allait désormais se mener aussi par la violence armée. Il est plus d’une fois arrivé dans l’histoire que la crise de légitimité politique s’accompagne d’une perte du monopole de la violence. Ainsi, " l’ivoirité " était devenue aussi paramilitaire, chaque camp se préparant pour la fin de la transition. La bataille constitutionnelle — de père ivoirien " et ", ou bien " ou ", de mère ivoirienne — relative à l’éligibilité, s’est terminée aux dépens de Ouattara, exclu des élections, alors qu’il avait appelé à voter " oui " au référendum constitutionnel, sûr de son " ivoirité " prouvée par l’état-civil. La transition s’est terminée par le charnier de Yopougon, au nom de " l’ivoirité " : des partisan/es de Ouattara, assassinés par des gendarmes partisans de Gbagbo, considéré vainqueur après la tentative de putsch électoral de Guéï enrayée par la manifestation des partisans de Gbagbo, suivie de la répression d’une manifestation des partisan/es de Ouattara en ayant profité pour demander la reprise de l’élection à laquelle ils n’avaient pas participé.

Les opérations de " réconciliation " entreprises par Gbagbo ne pouvaient aboutir tant qu’elles n’étaient pas accompagnées d’une volonté de redistribution équitable, pour ses adversaires, des rentes de situation de la privatisation, de la libéralisation des marchés, de la réforme de la propriété foncière pénalisant les allochtones dans un pays où la part de production de l’agriculture est si dominante. La volonté de réaliser la " refondation ", version néolibérale du nationalisme africain, dans un climat de déchirement du tissu national, symbolisé par l’existence des milices partisanes, principalement celle du pouvoir, ne pouvait que favoriser l’entrée en scène d’une rébellion cristallisant les frustrations de toute une partie de la population, subissant les exactions des sbires du pouvoir et le climat d’insécurité sociale. Si tout laisse penser que la rébellion a été co-organisée par le régime burkinabé (14), devenu le relais militaire de la Françafrique dans la région après la mort d’Houphouët-Boigny, le terreau était fécond.

Au regard des charniers découverts dans la zone sous contrôle des Forces nouvelles, des témoignages recueillies par la Commission onusienne sur leurs rapports avec certains régimes de la sous-région dont celui du tyran togolais Eyadéma (15), il est presque évident que la forme choisie pour combattre " l’ivoirité " — aussi par son manque d’originalité : tentative de putsch, puis rébellion armée, censée conduire le chef politico-militaire des rebelles au pouvoir selon la méthode éprouvée au Liberia (Charles Taylor), au Congo-Brazzaville (Sassou Nguesso), en Centrafrique (Bozizé) — était motivée plus par des intérêts traditionnels que par la passion démocratique. Que les discriminations anti-burkinabé soient importantes, que soient importants leurs transferts financiers (des dizaines milliards de francs CFA par an, pouvant se tarir en cas d’expulsion…) n’aurait sans doute pas suffi pour motiver la déstabilisation de ce pilier de l’économie ouest-africaine et de la zone Franc CFA, qu’est la Côte d’Ivoire. Pour cela il fallait des raisons plus traditionnelles ou au moins l’aval de la métropole françafricaine.


Citation:

Conservation du " pré carré " français en Afrique

L’implication, sous prétexte humanitaire, de l’État français dans la crise en Côte d’Ivoire, ne déroge pas au principe de la conservation du contrôle de ce qu’elle considère son " pré carré " en Afrique subsaharienne. La fibre humaniste n’est sensible qu’en cas de remise en cause substantielle des intérêts considérés historiques et inébranlables de la France, comme métropole néocoloniale, portés par ses grandes entreprises. Chaque fois qu’un régime a essayé de remettre en question les fondamentaux de cette domination, même sans être porteur d’une alternative révolutionnaire socialiste, il en a, d’une façon ou d’une autre, fait les frais ; le peuple en pâtissant toujours plus que le régime déchu. L’Afrique " indépendante " des coups d’État est un héritage de la politique coloniale avec ses fraudes électorales organisées, ses changements de majorité dans les assemblées territoriales par corruption, aboutissant déjà à des conflits dits ethniques.

Il est symbolique que le premier putschiste meurtrier de la zone CFA — le Togolais Étienne Eyadéma — soit encore au pouvoir et aussi qu’il soutienne le chef de la rébellion en Côte d’Ivoire, Guillaume Soro. A titre de rappel, déjà en 1963, il s’agissait d’une mutinerie des soldats, démobilisés de la guerre d’Algérie, contre le président togolais Sylvanus Olympio. Que reprochait-on à ce dernier ? D’avoir demandé en 1958 l’indépendance du Togo, sous mandat franco-onusien. Puis, une fois l’indépendance acquise en 1960, de vouloir réviser le contrat d’exploitation du phosphate togolais, considéré léonin, en faveur du capital français ; d’avoir entrepris la diversification du partenariat économique avec d’autres États occidentaux, dont l’Allemagne, ex-métropole coloniale qui devait aussi le soutenir dans la création d’une monnaie nationale, en sortant de la Zone Franc... La mutinerie au cours de laquelle Olympio va être assassiné a lieu, comme par hasard, quelques jours avant la sortie officielle du Togo de la Zone Franc. Sylvanus Olympio n’était pas un brin socialisant, mais un bon libéral, qui avait même subordonné la " justice sociale " à l’établissement des " équilibres macro-économiques ", proposant aux soldats togolais de l’armée coloniale en Algérie une reconversion plutôt qu’agrandir les rangs d’une armée togolaise non-productive de quelque trois cents soldats.

D’autres putschs et tentatives de putsch — parfois à l’aide de mercenaires, ces " corsaires de la République ", suivront. Dont celui contre Hamani Diori, activiste avéré de la Francophonie, co-signataire avec Houphouët-Boigny de l’Accord de Défense d’avril 1961, qui dispose, en annexe, de la fourniture prioritaire des matières premières stratégiques à la France ; de l’uranium nigérien, en l’occurrence, exclusivité de la COGEMA, que Diori, au grand dam du général De Gaulle, a voulu mettre à la disposition des autres puissances occidentales aussi préoccupées par la puissance nucléaire (16), afin que le Niger tire plus profit de cette — nocive — ressource naturelle, en période de forte demande sociale de la jeunesse nigérienne. Il avait aussi mis à l’ordre du jour la fin de la base militaire française au Niger. Marien Ngouabi (Congo-Brazzaville) va être assassiné en 1977, quelques heures avant la rencontre franco-congolaise, à Paris, portant sur la révision du contrat pétrolier, également considéré léonin en faveur d’ELF par la partie congolaise. Révision dont il n’a plus été question pendant une décennie.

La liste est longue. Comme le disait Mitterrand, qu’on peut suivre à ce propos, il ne s’agit pas de pratiques passées : " En Afrique le fonctionnement gaulliste demeure aujourd’hui identique. Le personnel a changé mais les méthodes restent. Le RPR est actuellement maître de toutes les représentations d’ELF en Afrique. Les hommes du RPR sont aussi des agents du SDEC (…) Ce genre de pratique continue de nos jours (…) Foccart continue. Il travaille aujourd’hui pour Chirac " (17).

Ainsi, sans être le moins du monde anticapitalistes, voire des anti-impérialistes — Gbagbo, ayant oublié ses convictions socialistes sur le chemin de la " démocratisation " de l’Afrique — ni des démocrates avérés, mais plutôt un capharnaüm oligarchique de " nationalistes " néolibéraux, de manipulateurs de l’ethnicité, de pentecôtistes-affairistes branchés sur leurs frères et sœurs " born again " de la classe dirigeante états-unienne, les " refondateurs " ivoiriens ont eu l’outrecuidance de remettre en question certains intérêts inébranlables de la domination française dans la zone Franc. Ils l’ont fait en surestimant leur légitimité et leur habileté à manœuvrer. Que la France ait choisi de ne pas actionner l’Accord de Défense d’avril 1961, malgré la demande de Gbagbo, ne s’explique nullement par quelque principe de non-ingérence dans une crise faussement présentée ivoiro-ivoirienne. L’implication du régime burkinabé ne pouvait échapper à la surveillance militaire française de la région. L’Accord ne pouvait être actionné parce que dans la conception néocoloniale française, Gbagbo, qui avait choisi de conserver cet accord néocolonial, était coupable de l’avoir violé. La rébellion comme prolongation du putsch avorté devait alors servir de moyen de pression sur Gbagbo, et non d’une grotesque installation au pouvoir d’une équipe de rechange. La France — " troisième belligérant, sinon le belligérant de l’ombre " selon le Comité d’Initiative des Intellectuels Sénégalais — pouvait même jouer le rôle d’obstacle à la marche de la rébellion sur Abidjan. Ainsi, de Lomé à Linas-Marcoussis, il s’agissait de ramener à l’ordre, à travers un Gouvernement de " réconciliation nationale ", les divers intérêts politico-économiques de la puissance métropolitaine et ceux des différentes fractions de la " classe politique ivoirienne " confondue avec le capital ivoirien.

Car la " refondation " gbagbiste néolibérale était coupable d’avoir rouvert les dossiers des privatisations et concessions suspendus pendant la transition, de les soumettre à des appels d’offre en " bonne et due forme ". Avec pour conséquence le fort probable risque pour certaines multinationales françaises — ayant bénéficié des faveurs d’Houphouët-Boigny, Ouattara, Bédié — de ne pas bénéficier d’un renouvellement de juteuses concessions arrivant à terme sous le régime Gbagbo. De ne pas se voir attribuer de gré-à-gré les juteuses entreprises à privatiser. De ne pas bénéficier des plus juteux marchés publics, sur lesquels, contrairement à l’idée d’un retrait irremplaçable des entreprises françaises, il y a la concurrence des entreprises chinoises, sud-africaines, états-uniennes et de bien d’autres dont la présence sur le marché ivoirien n’est pas dépourvue d’ambitions monopolistes (1Cool.Vu qu’en " période de récession, l’Afrique ne peut survivre qu’en situation de monopole " (19).

Le cas d’ADM et de Cargill dans la filière cacao a prouvé la plus grande efficacité des multinationales états-uniennes en matière de " libre concurrence ". De la fin de la décennie 1990 aux premières années de la décennie 2000, elles sont passées de la situation de partenaires minoritaires ou d’entreprises secondaires au leadership, absorbant au passage certaines filières de leurs anciennes partenaires majoritaires, poussées à un déficit astronomique. Comme l’écrivent la Banque Africaine de Développement et l’OCDE : " des évolutions remarquables se sont produites en termes de destination des produits ivoiriens au sein même de l’Union Européenne. Par exemple, alors que la France et les Pays-Bas représentaient respectivement 15,2 % pour cent et 9,8 % des exportations ivoiriennes en 2000, la première ne comptait plus que pour 13.9 % en 2001 contre 14,1 % pour les Pays-Bas. Ceci s’explique par le fait que le cacao domine les exportations ivoiriennes, cacao dont la transformation est dominée par des multinationales qui ont connu de profondes mutations en termes de propriété du capital. Cette mutation s’est opérée en faveur de groupes tels que Cargill, ADM, Callebaut qui ont une tradition de transport en vrac, plus avancée qu’en France, en vue de gagner en efficacité et d’économiser sur les coûts liés à la logistique de transport. De plus les ports disposant d’une meilleure logistique pour la réception en vrac du cacao sont les ports d’Amsterdam et de Hambourg où se situent des filiales industrielles importantes appartenant à ces grands groupes " (20). La percée du capital états-unien dans cette filière a, par exemple, poussé Bolloré à se débarrasser de sa filiale, pourtant l’une des majors…

Citation:

Impérialisme secondaire, intérêts divergents

La sophistication des tentatives métropolitaines pour ramener à l’ordre le président Gbagbo — un choix imposé à l’Élysée par les rapports de force mondiaux —, tout comme la pression de la concurrence, a mis aussi à jour les divergences au sein du capital colonial français. Pour la préservation de leurs intérêts d’une part et devant l’affaiblissement du soutien français à la rébellion d’autre part, des patrons français ont créé, avec des patrons ivoiriens plutôt proches de Gbagbo, le Cercle d’amitié et de soutien au Renouveau Franco-Ivoirien (CARFI), présidé par l’ex-sénateur UMP Jean-Pierre Camoin (groupe Bolloré) et ayant parmi ses membres bienfaiteurs... Laurent Gbagbo. Le réalisme capitaliste de l’entreprise est exprimé par le président du CARFI : " Tout le monde s’attendait à ce que cette économie s’effondre avec un pays coupé en deux, une circulation entravée. Malgré cela, la Côte d’Ivoire a prouvé qu’elle pouvait vivre toute seule, sans aide, payer des fonctionnaires, faire fonctionner l’électricité, l’eau (...) On peut se poser la question pourquoi cette situation s’est aggravée ? Je crois intimement que les générations passées ont fait un travail immense, ont su construire la Côte d’Ivoire ; mais actuellement, la jeune génération est là avec des jeunes formées dans les grandes écoles, qui ont envie de prouver ce qu’ils savent faire. Cette jeune génération est celle qui nous intéresse. Que veut-elle cette jeune génération ? Elle veut un partenariat basé sur l’égalité, un vrai partenariat où il n’y a plus une France tutélaire qui vient donner des leçons à la Côte d’Ivoire pour développer son industrie, pour développer toutes ses exportations. Il y a de l’autre côté, une Côte d’Ivoire adulte avec des élites formées qui ont besoin de la France pour pouvoir également développer leur pays, ce grâce à un partenariat avec un pays dont on partage la langue, la culture et pour tout dire pour qui on a une certaine affection (…) Notre intérêt c’est l’entreprise. Que ce soit M. Gbagbo ou M. X ça ne nous intéresse pas ! Ce que nous voulons c’est que le candidat et ensuite le Président tienne compte de notre avis. " (21)

Comme par hasard, fin 2003 et premier semestre 2004 sont marqués, en plus de l’achat des armes françaises par Gbagbo, par l’acquisition française de marchés : Alcatel, Technip et Bivac (baron E-A Seillères)… et surtout la scandaleuse concession à Bolloré, pour quinze ans, du Terminal à conteneurs de Vridi, au Port Autonome d’Abidjan dont le directeur général, Marcel Gossio, est le vice-président du CARFI. Une opération publiquement contestée par Jean-Louis Billon, président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Côte d’Ivoire (manutentionnaire comme Bolloré, chargeur de cacao SIFCA, co-actionnaire de Bédié, sous la présidence de celui-ci et non partisan du CARFI). Bolloré a ainsi obtenu une situation de quasi-monopole sur le deuxième port africain, après celui de Durban (Afrique du Sud). Ainsi, " le jeudi 24 juin dernier, Marc Rose, directeur d’exploitation de la SETV [Société d’Exploitation du Terminal à conteneurs de Vridi] a adressé une note à Jacques Remy de la Sivom [entreprise de J-L. Billon] dans laquelle il écrivait ceci : "Nous ne prendrons plus les conteneurs Sivom au terminal à l’exception des lots devant être chargés sur nos navires..." " (22). La Banque Mondiale n’a pas manqué de critiquer cette enfreinte à la liberté des affaires : " La procédure qui a été suivie remet en cause les efforts déployés par la Banque et les autres bailleurs de fonds pour aider la Côte d’Ivoire à créer un environnement propice au développement du secteur privé, entre autres en garantissant une concurrence loyale. Le résultat obtenu est que les intérêts du pays n’ont pas été sauvegardés et que le partage des risques et bénéfices est très inéquitable entre le pays et la SETV en faveur de cette dernière pour une période d’au moins quinze ans. " (23) Ainsi, pour la stabilisation du front " extérieur ", Gbagbo a recouru aux procédés traditionnels de la Françafrique.

Cette scandaleuse attribution, rappelant celle de l’électricité offerte à Bouygues par Ouattara, s’accompagnait d’un partage très inéquitable des directions d’entreprises d’État, considéré comme une des causes du blocage dans l’application de l’Accord de Marcoussis. Parmi les points à l’ordre du jour des rencontres entre Gbagbo et ses opposants figurait pendant cette période la répartition équitable et concertée des postes de direction, c’est-à-dire des situations rentières. Privilège que Gbagbo n’entendait pas céder, soucieux de confier les entreprises les plus rentables et les plus en rapport avec les opérateurs étrangers — source possible de manigances économico-politiques — à ses proches. S’étant ainsi constitué un lobby dans la Françafrique, Gbagbo s’est permis de réprimer dans le sang la manifestation de l’opposition, les 25 et 26 mars 2004, après la sortie du gouvernement des ministres contestant la nouvelle donne économico-rentière. Déboussolés par la réaction française, dans les villes sous contrôle des Forces nouvelles, les partisans de celles-ci ont manifesté leur colère contre les soldats français, en leur criant, à Korhogo par exemple : " Vous êtes des calculateurs comme Gbagbo, quittez notre ville ! " (24). La violation du cessez-le feu de novembre 2004 — dont avaient été prévenues, par Gbagbo, l’ONU et les autorités françaises — s’inscrit bien dans cette dynamique de réconciliation avec des secteurs du capital français. Car la division de la Côte d’Ivoire dessert aussi les entreprises ayant d’importantes activités (canne à sucre, coton...) au Centre et au Nord et ne pouvant aisément acheminer la production vers les marchés du Sud. Le climat de guerre étant aussi favorable à la " concurrence déloyale " des marchandises frauduleusement introduites des pays voisins. Ainsi, par exemple, en fin avril, le " très influent et discret président du groupe Castel-BGI, Pierre Castel, spécialiste du vin et des brasseries, a demandé au président ivoirien, Laurent Gbagbo, une lutte plus sévère contre les fraudes récurrentes et massives constatées dans le domaine sucrier. Chaque année, la branche ivoirienne de son groupe, la BGI-Solibra et ses différentes unités perdent 15 milliards de FCFA selon M. Castel " (25). Mais il s’agissait bien d’une réconciliation sectorielle et non d’un alignement de Gbagbo sur les intérêts français. Et l’écrasement de la rébellion, tenté par Gbagbo en novembre, n’était pas prévu à l’ordre du jour élyséen. D’où la réaction brutale de Chirac et sa décision de bombarder l’aviation de Gbagbo.



Citation:

Enjeux pétrolier et financier

Du point de vue métropolitain, il y a un enjeu plus important que les affaires de M. Castel. Il s’agit du champ pétrolier. En Côte d’Ivoire, les pétroliers français accusent un retard sur les États-Unis et le Canada. De 2000 à 2003 la production pétrolière a triplé, le pétrole devenant ainsi le second produit d’exportation de la Côte d’Ivoire. Sans Total, se contentant de ses 25 % dans la Société Ivoirienne de Raffinage — dont il n’est pas sûr de remporter la mise en concession suspendue en 1999-2000, pour non-respect de la procédure — et de son parc de stations-service. De surcroît, les réserves se révèlent au fil du temps plus importantes qu’annoncées au départ.

Le régime Gbagbo ne semble pas prêt à dévier de la trajectoire anglo-américaine prise et, fort probablement, asiatique dans le futur. Évitant ainsi d’augmenter l’emprise française sur l’économie et — à la lumière des précédents historiques dans le Golfe de Guinée — sur la politique ivoirienne. Les dispositions annexes de l’Accord de Défense d’avril 1961, citées précédemment, ne sont pas respectées. Ailleurs, où il était question de révision du monopole français dans l’exploitation pétrolière, ont eu lieu putschs et milliers de morts, en période de " démocratisation " néolibérale. Comment le pays " modèle " de la Françafrique échapperait-il à cette " règle " consignée ici par l’Accord de Défense ?

La participation multinationale au capital de Total ne change rien à l’affaire. Ce que prouvent aussi bien la position française sur l’Irak que l’état actuel des relations franco-angolaises, entre autres. N’est-ce pas aussi en rapport avec les intérêts pétroliers qu’a été décidée l’annulation de la procédure judiciaire dite des " disparus du Beach " par la Cour d’appel de Paris, le 22 novembre 2004, concernant la disparition de trois centaines de jeunes Congolais confiés aux autorités congolaises ; " une décision sans précédent " d’après Me Patrick Baudouin, avocat de la Fédération Internationale des Droits de l’Homme ? Une affaire au cours de laquelle la prétendue " séparation des pouvoirs " caractéristique de " l’État de droit " a été mise à mal par la très vespérale audience de week-end, vers 1 heure du matin, le 4 avril 2004, afin de libérer et renvoyer au Congo le directeur général de la police congolaise mis en examen pendant un séjour d’agrément dans la région parisienne. Avec pour conséquence le déplacement vers un autre tribunal du juge d’instruction de Meaux l’ayant incarcéré. Pratique de république bananière en plein pays de Montesquieu qui ne peut surprendre que ceux et celles qui ne veulent rien entendre des pratiques de corruption réciproque entre dirigeants politiques françafricains de la métropole et des territoires africains. L’association coup d’État/guerre-pétrole/minerais est plus rationnelle que l’association coup d’État/guerre-cacao.

Au nom de la " Refondation " libérale les partisans de Gbagbo, tel Mamadou Koulibaly, n’entendent pas perpétuer la dépendance à l’égard de l’ancienne métropole au travers de la Communauté Financière Africaine et de sa " zone Franc CFA ". La dévaluation du Franc CFA annoncée par la France en 1994, avant convocation des Chefs d’État de la zone CFA, a été vécue comme un humiliant rappel de la facticité de l’" indépendance " ou de la " souveraineté nationale ". Une monnaie nationale, régionale ou continentale est pour bon nombre d’économistes africains un projet à réaliser. Les performances économiques capitalistes de la Côte d’Ivoire, plus importantes que celles d’autres pays africains pourvus d’une monnaie nationale, le permettraient. En 2003 la Côté d’Ivoire a en effet produit 38,5 % du PIB et 45 % de la masse monétaire des huit pays de la sous-région Union Économique et Monétaire de l’Ouest Africain (UEMOA) de la Communauté Financière Africaine. D’où le récent rappel de Gbagbo à ses pairs soutenant la rébellion : sans la Côte d’Ivoire il n’y a pas d’UEMOA. Ce qu’il avait déjà méchamment démontré en retardant sa contribution en 2003, grippant ainsi la Banque Centrale des États de l’Afrique Occidentale (BCEAO, dont Ouattara a été Gouverneur, poste réservé à la Côte d’Ivoire).

Cette importance économico-monétaire de la Côte d’Ivoire est aussi la raison pour laquelle ce projet de " souveraineté " ne peut être accepté par la métropole monétaire qui a conservé, malgré le passage à l’euro, la garantie du Franc CFA par le Trésor français. Cette tutelle monétaire assure le contrôle des économies de la zone et garantit les bénéfices des capitaux français en assurant la convertibilité illimitée, la parité fixe avec l’euro et surtout la liberté des transferts. Le mécanisme de tutelle est assuré par la centralisation des réserves de change. " Elle apparaît à deux niveaux puisque les États centralisent leurs réserves de change dans chacune des deux grandes banques centrales tandis qu’en contrepartie de la convertibilité illimitée garantie par la France, les banques centrales africaines sont tenues de déposer au moins 65 % de leurs réserves de change auprès du Trésor français, sur le compte d’opérations ouvert au nom de chacune d’elles " (26).

Il s’agit d’un instrument de domination que la France n’entend pas céder. Ainsi, le projet piloté par le Nigeria d’une monnaie régionale de tout l’Ouest Africain, programmé en 1992 pour 1994, n’avait pu être réalisé. Les deux banques centrales régionales n’ayant pas par la suite été réceptives aux arguments du courant anti-Zone Franc CFA exprimés lors du colloque sur le Franc CFA organisé par la principale institution panafricaine, non-gouvernementale, le Conseil pour le Développement de la Recherche en Sciences Sociales en Afrique, à Dakar en 1998. L’un des animateurs n’était autre que l’actuel n° 2 de l’État ivoirien, Mamadou Koulibaly, qui en économiste monétariste ne démord pas sur la question. Que Gbagbo, comme Olympio en son temps, ait entrepris la préparation d’une sortie de la Zone Franc ne serait pas surprenant, vu le développement des relations avec l’Angola, l’un des rares États africains dont la monnaie nationale (kwanza) est liée au dollar. Ainsi, ce hasard du calendrier aussi relevé par le Comité d’Initiative des Intellectuels du Sénégal " nous avons du mal à croire que, seulement une semaine après la Conférence Internationale d’Abidjan pour la Réforme de la Zone Franc, l’armée française ouvre le feu sur les symboles visibles de la souveraineté de la Côte d’Ivoire de manière violente et barbare, haineuse et sanguinaire ".


Citation:

Barbarie ou… ?

Le langage des armes dans une ambiance d’ethno-confessionalisation, relative certes, des clivages, en un temps où l’espérance révolutionnaire active a encore du mal à se relever des décennies d’escroquerie sur le socialisme, rend plus difficile la situation des partisans d’une réponse anticapitaliste à cette crise du néocolonialisme et des organisations radicales du mouvement social. Ainsi, les organisations révolutionnaires ivoiriennes, victimes aussi des milices de Gbagbo, n’ont pas manqué de rappeler la nature réelle de ce conflit, franco-ivoirien dès le départ, dans lequel, comme d’habitude, le peuple est l’herbe sur laquelle se battent les éléphants, pour leurs intérêts oligarchiques.

Par malheur, le sort du peuple ivoirien, comme celui des immigrés ouest-africains, libanais, syriens, français… dépend des co-gestionnaires de l’ordre établi, au niveau international, de ceux qui ont co-organisé Linas-Marcoussis et Accra : de Chirac à Mbeki en passant par Eyadéma, de l’ONU à l’Union Africaine en passant par la CEDEAO et la Francophonie.

La paix civile qui pourrait être restaurée ne va pas mettre un terme à la violence économico-sociale de la néolibéralisation (implicitement inscrite dans l’Accord de Marcoussis par la participation des institutions de Bretton Woods au suivi du dit Accord), sur laquelle ne s’opposent pas substantiellement les tenants de " l’ivoirité " et leurs comparses prétendument anti-ivoirité, bien qu’ils aient voté le très " ivoiritaire " Code foncier et se soient montrés aussi habiles en charniers humains. Dans ce pays à l’État si endetté depuis le temps du père de la dépendance néocoloniale risque de s’accentuer la déscolarisation des enfants — les filles surtout —, le travail des enfants, la prostitution, le chômage… Bref, l’insécurité sociale, humus du chauvinisme, de la violence du lumpen-prolétariat… Ainsi, la paix civile, au-delà des élections, choix entre deux maux — maintenir Gbagbo ou le remplacer par l’un de ses rivaux néolibéraux - devrait être mise à profit pour l’unité des luttes des exploités, opprimés de Côte d’Ivoire, au-delà des différences d’appartenance ethnique, régionale, nationale, confessionnelle, ou de genre.

Poumon économique de la région, la Côte d’Ivoire pourrait aussi devenir l’un des pôles de la construction d’une dynamique anticapitaliste régionale, favorisée par la présence dans plus d’un cas des mêmes multinationales dans le voisinage (Ghana, Liberia, Nigeria… " anglophones " compris), par l’existence d’organisations régionales néocoloniales contre lesquelles devrait se construire une dynamique de solidarité régionale des peuples exploités et opprimés. De la région au continent, du continent à l’intercontinental, tous et toutes ensemble contre l’ordre criminel capitaliste.

Sources et références
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Les Africains sont aujourd'hui à la croisée des chemins : c'est l'union ou la mort !
Africaines Africains, l'édification de la véritable union africaine est notre devoir et notre seule chance de salut sur cette terre.
Un vrai guerrier ne recule pas devant son devoir sous prétexte que la tâche est surhumaine, impossible...il se bat !
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MessagePosté le: Jeu 05 Oct 2006 23:24    Sujet du message: Répondre en citant

Ardin a écrit:
L'Unite de tous les Ivoiriens est la seule antidote au venin capitaliste-financier d’ou qu’il vienne, mais il faut un homme d'une grande envergure pour rassembler le peuple Ivoirien, a l’image d’un Lumumba.

Lumumba ?
encore faudrait-il reconnaître un homme de cette carrure dans la phénombre de cette jungle politique Africaine tronquée,... ce qui n'est pas notre fort.
Au temps où Lumumba prêchait pour la liberté du Congo , rares sont ses contemporains Africains qui savaient ce qu'il disait ou faisait , c'est à sa mort , après que les Congolais et le Congo soient passés sous la "dictature-tyranique" , et subi le scandaleux pillage de ses ressources , par le maréchal Mobutu et cie , que seulement l'Afrique entière ait réalisé qu'elle avait perdu un rassembleur . Ainsi nous avons laissé mourrir N'krumah , Sankhara ect... Nous rendons justice à héros toujours en ...retard , incapables que nous sommes de les soutenir au moment où il faut ,nous attendons qu'ils crèvent pour comprendre ce qu'il en etait ...

Citation:
...Laurent Gbagbo aurait pu etre cet homme, mais…

Même s'il etait cet homme , l'aurais-tu reconnu ? je ne crois pas !

Personnellement j'ai toujours crû que Laurent Gbagbo était l'Homme qu'il fallait là ou il fallait , et si la Côte-d'Ivoire n'est pas encore à genoux c'est parceque Lui, tient encore le coup , il a été le seul à resister à la corruption d'Houphouet ( pour moi c'est tout simplement prodigieux , eu égard au fait qu'Houphouet ne soudoyait qu'à coup de milliards de franc cfa ) , il a inculqué à des générations de jeunes ( et moins jeunes) Ivoiriens à parler et penser politique , c'est un leader .
Soro Guillaume et Blé goudé sont de son crû , il ont tous appris de lui , et même si aujourd'hui leurs voies divergent pour incompatibilités diverses , le monde qui les a côtoyé ( y compris feu Éyadéma , Dominique Devillepin , en passant par Wade et Thabo Mbéki reconnaissent que ces deux gamins sont politiquement agguéris ).

Il y aurait peut-être pleins de reproches à faire à ce L. Gbagbo ( qui à mon avis demeurent dérisoires ) , vu qu'il pouvait et peut encore se limiter à se laisser faire tout bonnement ou jouer les benis oui-oui pour éviter le courroux de Chirac et Cie , mais ca demeure qu'il est le seul président Nègre qui fait face à cette adversité , malgré les inégalités flagrantes des forces militaires et diplomatiques en présence ...

Il reécrit l'Histoire de cette Afrique sous nos yeux ( nous nous en rendrons compte plus tard comme à notre habitude... ) , parce qu'il tient tête là où d'autres construisent des mausolées pour mieux lier leurs frères dans l'aliénation la plus criarde ( le médiocre Sassou du Congo-brazza Evil or Very Mad ) .

Stratégiquement ?! je ne connais pas d'homme politique ( Ivoirien surtout) assez téméraire pour encore parler alors que les impacts de grenades jonchent les murs de son domicile depuis 2 ans ...Aujourd'hui s'il peut demander le depart de l'armée francaise , c'est parcequ'il peut s'assurer du soutient de Thabo Mbéki (pourtant il y a 2 ans il n'avait aucun soutient nulle part ... alors que le molosse Obassajo et le sénile Wade nageaient et nagent encore dans le plus répugnant larbinisme...).

Conclusion :Tout ce long hors-sujet , pour dire que les Ivoiriens ont déjà reconnu leur Lumumba et il se nomme Laurent Gbagbo , cela depuis 1990 ( donc il y a 16 ans !) l'année où Il a brisé le mythe Houphouet en se présentant aux élections contre le président-planteur-docteur-père-de-la-nation, nous n'attendrons pas qu'il crève pour savoir qui nous avions entre les mains !
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"Always be intolerant to ignorance but understanding of illiteracy (..)in those homely sayings (mother wit) was couched the collective wisdom of generations" I know why the caged bird sings, p99, Maya Angelou


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Benny Da B'
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MessagePosté le: Ven 06 Oct 2006 09:38    Sujet du message: Répondre en citant

Gnata,

Je partage une bonne partie de ce que tu dis sur LG. Mon seul problème avec çà c'est qu'il est un peu seul meme dans son parti. Le nombre hallucinant d'opportunistes qui jouent avec le feu et des termes et concepts qu'ils ne maitrisent pas ou peu.

C'est toujours énervant de voir LG tenir un bon discours le soir à la TV et de se retrouver le lendemaine dans des réunions avec personnes pourtant très haut placés qui détourne ou dévoie le sens de son combat et de sa pensée.

Ma conclusion est donc que l'Homme providentiel ne suffit pas, il faut une classe politique cohérente.
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Gnata
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MessagePosté le: Ven 06 Oct 2006 13:55    Sujet du message: Répondre en citant

Benny Da B' a écrit:
Gnata,
Je partage une bonne partie de ce que tu dis sur LG. Mon seul problème avec çà c'est qu'il est un peu seul meme dans son parti.

Tu as tout compris Benny , en cours de chemin , beaucoup d'opportunistes l'ont rejoint , ces gens-là n'étaient pas imprégné de son Idéal , beaucoup de faux-jetons ont été découverts en cours de chemin ( je ne vais pas citer de noms ) , mais nombreux sont ceux aussi qui sont de faux-c... et qui demeurent encore dans son entourage et ces gens lui sont tellement proches qu'il est impensable surtout maintenant/aujourd'hui avec tous ces/ses déboires de les jeter ce serait un appel simple à l'assassinat ( physique surtout ) , je ne vais pas citer de noms ( nous les connaissons tous ) , ces faux humbles ont recouvré leur vrai nature après qu'ils aient eu une partie des rênes du pouvoirs entre les mains , la pierre a effectivement roulé et a amassé de la mousse ...en cours de route

Citation:
Ma conclusion est donc que l'Homme providentiel ne suffit pas, il faut une classe politique cohérente.
Oui , tu as entièrement raison Benny , et cette classe là viendra , elle sera surement de la génération qui suivra celle de Gbagbo ( ce sera toi , who knows !) , mais pour l'instant souffrons de n'avoir que Lui , parceque vu le niveau actuel d'aliénation en Afrique Noire ( aussi bien parmis la classe politique Ivoirienne ) , nous nous en sortons plutôt mieux avec le peu qu'il peut encore faire !
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OGOTEMMELI
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MessagePosté le: Sam 07 Oct 2006 14:18    Sujet du message: Répondre en citant

Gnata a écrit:
Oui , tu as entièrement raison Benny , et cette classe là viendra , elle sera surement de la génération qui suivra celle de Gbagbo ( ce sera toi , who knows !) , mais pour l'instant souffrons de n'avoir que Lui , parceque vu le niveau actuel d'aliénation en Afrique Noire ( aussi bien parmis la classe politique Ivoirienne ) , nous nous en sortons plutôt mieux avec le peu qu'il peut encore faire !

Je suis persuadé que Gbagbo n'est pas (n'est plus) tout seul, même s'il a une ancienneté incontestable. Ses lieutenants au FPI, notamment Mamadou Koulibaly et Bohoun Bouabré, sont tout aussi valables, voire encore plus intransigeants que leur leader.
Notons, au demeurant, que bien souvent c'est une petite poignée de personnes qui montrent le chemin. Pourvu qu'ils tiennent le cap, d'autres finiront par suivre...

Ce sont les Parrains étrangers qui se fourvoient, lorsqu'ils croient qu'il leur aurait suffit de dégommer Koudou pour imposer tranquillement leurs afidés : Bedié a été chassé sous leurs yeux. Il n'y a aucune raison de croire qu'un autre larbin (en lieu et place de Koudou) ne serait pas chassé à son tour, encore plus promptement.

J'ai l'intuition que le mouvement d'émancipation de la Côte d'Ivoire (et de la Françafrique) est irréversible. Que toute cette énergie du désespoir déployée par les Parrains ne vise au mieux qu'à sauver ce qu'ils peuvent de leurs intérêts néocoloniaux. Mais ce sera bientôt définitivement terminé...

Et comme toi Gnata, la question ne se pose plus à moi : Gbagbo ayant accédé au pouvoir par les voies constitutionnelles, quoique dans des conditions "calamiteuses", est le seul homme politique légitime parmi tous ceux qui rodent autour de la magistrature suprême, et rêvent d'y accéder grâce aux coups tordus de leurs tuteurs françafricains.

Nous n'avons pas Lumumba, ni Sankara, qui ont fait ce qu'ils pouvaient en leur temps. Mais nous avons Gbagbo, ici et maintenant. C'est donc lui qu'il nous faut soutenir pour en finir avec cette prosternitude séculaire. Un avantage de taille, Lumumba ou Sankara étaient censurés partout en Afrique. Aujourd'hui, il est possible de connaître exactement le popint de vue des différents protagonistes de la crise ivoirienne en naviguant sur la toile. Cela aide beaucoup pour comprendre quels sont les vendus, prêts à brader leur pays pour gagner une visite officielle chez Bwana...
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Les Panafricanistes doivent s'unir, ou périr...
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Gnata
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MessagePosté le: Dim 08 Oct 2006 00:37    Sujet du message: Répondre en citant

OGOTEMMELI a écrit:
PREALABLE : Dans mon esprit, cette théorie politique devrait être mise en veilleuse pour le cas particulier de la Côte d'Ivoire. Lequel cas est emblématique de celui de tant d'autres de nos pays africains. Ce n'est pas sa portée générale qui est en cause. Mais c'est son opportunité, sa valeur de solution, pour le cas de la Côte d'Ivoire, au regard des circonstances pécises de la crise ivoirienne.

En effet, cette réflexion est antérieure aux événements de novembre 2004.
Or, avant que la Licorne ne débarque dans les rues d'Abidjan, ouvrant le feu sur les Ivoiriens dans leur propre pays, de nuit comme de jour Rolling Eyes Rolling Eyes , ma lecture de la crise était plutôt myope ; voire ingénue.


En fait , moi je voyais dans ton nouveau système une méthode purement africaine de l'exercice du pouvoir du souverain ...
L'opportunité de ton système ne se limite pas à donner ( à mon avis ) une
solution au singulier problème Ivoirien , il a l'avantage d'être profondement différent de la démocratie à l'Occidental qui à long terme devient un hideux monstre oligarchique et d'être potentiellement intéressant pour nos pays Négro-africains ( et échapper en même temps aux camisoles de forces de ces messieurs donneurs de lecons sur la démocratie ).

Si nous éprouvons assez longtemps la démocratie telle qu'elle nous est présentée là , on débouche sur des succéssions à la Bush Family,ou Bush friends and Co que nous servent les Usa , où après le père Bush , suit maintenant le fils Bush , et demain surement le frère Bush ( Jeb Bush ) , ect ... En france ce n'est guere mieux avec les descendants de gouvernants qui gouvernent par ENA interposé , au Canada c'est de même .

Loin devant , les démocraties à l'Occidental deviennent des trucs assez diffus , échappant littéralement aux peuples pour lesquels elles ont été faites , est-ce cette voie là que nous voulons emprunter , alors que nous savons où cela va nous mener ?
Certaines voix s'élèvent pour tenter de changer les systèmes démocratiques dans leurs conceptions originales ( Au Canada surtout ) ,pourque le peuple participe directement à la vie politique , puisque nous les Africains ne sommes pas les inventeurs de cette démocratie nouvelle , il est à parier qu'on nous l'imposera et que suivrions encore les voltes faces de ces constitionnalistes Occidentaux... encore une fois ?
Jusqu'où les suivrons nous ?
L'avantage de ton système est qu'il est , disais-je , fait par Nous , et puisque nous sommes les seuls dépositaires de sa création , nous aurions les capacités et les moyens intellectuels pour le réactualiser pour le bien de la multitude qu'elle servira !
Ton système est encore intéressant à prendre , enfin , une reflexion serieuse sur son opportunité peut s'imposer pas pour une CIV en crise , mais bien pour tous nos pays Négro-africains !
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ARDIN
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MessagePosté le: Jeu 23 Nov 2006 13:35    Sujet du message: Répondre en citant

Salut Frangin,

Je m’excuse du retard que j’ai pris pour te repondre, mais j’ai voulu prendre mon temps pour te faire une reponse mieux argumentee.

Gnata a écrit:
Citation:
Même s'il etait cet homme , l'aurais-tu reconnu ? je ne crois pas!

Personnellement j'ai toujours crû que Laurent Gbagbo était l'Homme qu'il fallait là ou il fallait , et si la Côte-d'Ivoire n'est pas encore à genoux c'est parceque Lui, tient encore le coup , il a été le seul à resister à la corruption d'Houphouet ( pour moi c'est tout simplement prodigieux , eu égard au fait qu'Houphouet ne soudoyait qu'à coup de milliards de franc cfa ) , il a inculqué à des générations de jeunes ( et moins jeunes) Ivoiriens à parler et penser politique , c'est un leader .
Soro Guillaume et Blé goudé sont de son crû , il ont tous appris de lui , et même si aujourd'hui leurs voies divergent pour incompatibilités diverses , le monde qui les a côtoyé ( y compris feu Éyadéma , Dominique Devillepin , en passant par Wade et Thabo Mbéki reconnaissent que ces deux gamins sont politiquement agguéris ).

Gnata, il ya deux attitudes a tenir, celle qui consiste a gerer la situation du moment, et celle qui consiste a projeter l’avenir. Je vais plus m’attarder sur le deuxieme aspect. Laurent Gabgo ne sera pas la eternellement au pouvoir, Chirac deja ne sera plus President dans quelques mois, mais le systeme capitaliste erige depuis des siecles ne disparaitra pas avec lui, ni ne disparaitra a chaque changement de regime dans n’importe quel pays d’Europe imperialiste. Je n’ai pas besoin de t’expliquer comment l’Europe a bati son pouvoir predateur et hegemonique, puisque tu as par exemple lu les livres d’Eric Williams, "Capitalisme et Esclavage" et de Walter Rodney, "Et l’Europe sous-developpa l’Afrique".
Walter Rodney qui dit d’ailleurs dans son livre que:
Citation:
[…]Il n’est pas moins vrai que les metropoles dependent des richesses des regions exploitees du monde. C’est une source de leur force et aussi une faiblesse virtuelle au sein du systeme capitaliste/imperialiste, dans la mesure ou les paysans et les travailleurs des pays independants commencent a realiser qu’il est possible de trancher les tentacules que l’imperialisme a deployes dans leurs pays. Cependant, il existe une difference substantielle entre la dependance des metropoles vis a vis des colonies et la soumission des colonies a un joug capitaliste etranger.
Les pays capitalistes sont technologiquement plus avances et constituent par consequent le secteur du systeme imperialiste qui determine le sens du changement.[…](Page 34)

Quand on sait de plus, que les dictatures en place en Afrique ne s’appuient en grande partie que sur l’ignorance et la resignation des populations qui se manifestent par la fascination face au modele Occidental.
Ainsi, comme le souligne Walter Rodney, il nous est possible de trancher les tentacules que l’imperialisme a deployees dans nos pays, et Laurent Gabgo en Cote d’Ivoire, pour avoir ete elu democratiquement, pour posseder la legitimite populaire, et ce meme Laurent Gabgo qu’on presente comme un panafricain, ne devrait pas se limiter a tenir tete a Chirac parce que comme le dit encore:Walter Rodney
Citation:
[…]Ce sont les metropoles technologiquement avancees qui peuvent decider a quel moment mettre fin a leur dependance vis a vis des colonies dans un domaine donne. Quand cela arrive, c’est la colonie ou neocolonie qui vient alors mendier humblement un sursis et un nouveau contingent. C’est pour cette raison qu’une nation anciennement colonisee n’a aucun espoir de se developper tant qu’elle ne brise pas effectivement le cercle vicieux de la dependance et de l’exploitation qui caracterise l’imperialisme.[..](Page 34)

Je m’arrete la pour les references a Walter Rodney que tu peux retrouver dans la page suivante, c’est a dire 35.
Maintenant j’en viens a mon point en m’appuyant sur Doue Gnonsea un autre frere venu de la Cote d’Ivoire comme toi: Il a pose une question cruciale dans la presentation generale de son livre intitule Cours de Culture Generale Africaine a la page 13:
Citation:
S’il ya un domaine sensible et strategique pour la formation de la memoire historique et de la conscience collective, c’est bien l’education. Or, en ce qui concerne l’Afrique, les fondements de cette education ont ete sapes par le colonialisme et le neocolonialisme, de sorte qu’aujourd’hui on observe une lenteur inacceptable dans les reformes du systeme educatif. L’urgence que requiert la situation psychologique des Noirs (en Afrique et dans la Diaspora) exige des generations africaines lucides qu’elles n’attendent pas que cette condition se realise pour agir.

Comment faire en sorte qu’un grand nombre d’africains puissent recevoir, apprecier, retenir et utiliser des informations non censurees par l’ordre academique neocolonial sur ces sujets essentiels, qui constituent le corpus indispensable de l’Afrique et du monde Noir et œuvrer a l’avenement d’un changement salvateur?

C’est a ce niveau que je suis tres critique a l’egard de Laurent Gabgo, parce qu’en tant que "President panafricain/panafricaniste democratiquement elu", c’est lui en premier qui aurait du incarner ce changement salvateur en teleguidant la reforme du systeme scolaire et educatif Ivoirien qui allait aboutir a remettre dans la galerie des reperes l’enseignement afrocentree de l’Histoire, la culture africaine comme l’a preconise Joseph Ki-Zerbo dans son livre Eduquer ou Perir.
Evidemment Gnata, tout ceci parait si simple dans ma petite cabosse d’adepte de Diop qui vit au chaud en Occident, mais si nous aujourd’hui, n’essayons pas d’amorcer cette action, je peux te garantir qu’ avec l’avenir des futures generations d’Africains deja hypotheque, on peut dire adieu a la renaissance africaine.
Il ya une conscience nationale a batir en Cote d’Ivoire et en Afrique parce que comme tu l’as dit:
Citation:
Au temps où Lumumba prêchait pour la liberté du Congo , rares sont ses contemporains Africains qui savaient ce qu'il disait ou faisait[…]


Il ya un autre point sur lequel je tenais a te repondre, c’est celui-ci:
Citation:
Il reécrit l'Histoire de cette Afrique sous nos yeux ( nous nous en rendrons compte plus tard comme à notre habitude... ) , parce qu'il tient tête là où d'autres construisent des mausolées pour mieux lier leurs frères dans l'aliénation la plus criarde ( le médiocre Sassou du Congo-brazza ).

Gabgo brave Chirac, Sassou construit un mausolee a la gloire du colon; ne constitue qu’une difference apparente. Au final, que l’on soit en Cote d’Ivoire ou au Congo-brazzaville, ce sont des entreprises francaises(Les Bollore, Bouygues, et Totalfina Elf) qui s’enrichissent.
Que l’on soit en Cote d’Ivoire ou au Congo-brazzaville, la mediocrite des elites et le cynisme des politiques sont les memes.
Que l’on soit en Cote d’Ivoire ou au Congo-brazzaville, le niveau de la conscience nationale et de la memoire historique est le meme tout comme partout en Afrique Noire.

OGOTEMMELI a écrit:
Citation:
Nous n'avons pas Lumumba, ni Sankara, qui ont fait ce qu'ils pouvaient en leur temps. Mais nous avons Gbagbo, ici et maintenant. C'est donc lui qu'il nous faut soutenir pour en finir avec cette prosternitude séculaire. Un avantage de taille, Lumumba ou Sankara étaient censurés partout en Afrique. Aujourd'hui, il est possible de connaître exactement le popint de vue des différents protagonistes de la crise ivoirienne en naviguant sur la toile. Cela aide beaucoup pour comprendre quels sont les vendus, prêts à brader leur pays pour gagner une visite officielle chez Bwana...

Il ne suffit pas seulement de le soutenir, je n’ai rien contre, d’ailleurs nous avons toutes les bonnes raisons de le faire, mais que ca ne soit pas uniquement un moyen de vous doper moralement pendant cette epreuve, pour reprendre l’expression de Cheikh Anta Diop parce que nous, au Congo-brazzaville, avons connu a peu pres la meme chose apres la Conference Nationale de 1991. Regardez ce pays aujourd’hui.
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OGOTEMMELI
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MessagePosté le: Ven 24 Nov 2006 21:21    Sujet du message: Répondre en citant

ARDIN a écrit:
C’est a ce niveau que je suis tres critique a l’egard de Laurent Gabgo, parce qu’en tant que "President panafricain/panafricaniste democratiquement elu", c’est lui en premier qui aurait du incarner ce changement salvateur en teleguidant la reforme du systeme scolaire et educatif Ivoirien qui allait aboutir a remettre dans la galerie des reperes l’enseignement afrocentree de l’Histoire, la culture africaine comme l’a preconise Joseph Ki-Zerbo dans son livre Eduquer ou Perir.

Evidemment Gnata, tout ceci parait si simple dans ma petite cabosse d’adepte de Diop qui vit au chaud en Occident, mais si nous aujourd’hui, n’essayons pas d’amorcer cette action, je peux te garantir qu’ avec l’avenir des futures generations d’Africains deja hypotheque, on peut dire adieu a la renaissance africaine.

ARDIN : on ne peut changer de monde qu'en changeant le monde, tel qu'il est ; ici et maintenant. C'est seulement en théorie que l'on peut se projeter dans l'avenir. Et c'est d'ailleurs précisément ce à quoi sert la théorie dans notre cas, de vaincus...

Mais en praxis : chaque génération fait ce qu'elle a à faire, et ne peut y réussir que si elle a bien compris les circonstances historiques singulières qui sont les siennes.

Bref, je relève avec satisfaction que c'est à nous, à notre génération et non à celle de Gbagbo, d'inscrire en fait les principes d'afrocentricité, de renaissance africaine, de panafricanisme. Les gens comme Koudou Laurent sont à la charnière entre un monde africain (françafricain) en train de s'épuiser, et un monde à-venir qu'il nous revient, nous les enfants dits du "soleil des indépendances...", de concevoir et de bâtir.

Donc, frère ARDIN, tu aurais tort de reprocher à Gbagbo de ne pas "amorcer" notre part du boulot, quand il galère tant pour réaliser la sienne propre ; à savoir transmettre le témoin d'une Afrique débarrassée des parrains-prédateurs à la toute prochaine génération de femmes et d'hommes, de mieux en mieux avisés...

Si Koudou Laurent réussit à préserver la primauté d'une constitution ivoirienne adoptée à plus de 80% du suffrage exprimé (après avoir été élaborée par les Ivoiriens eux-mêmes, pour eux-mêmes) sur tout simulacre de droit international des puissants pour couillonner les plus faibles ; si Koudou réussissait cela, il aurait semé une précieuse graine : d'un attachement populaire viscéral à la constitutionnalité des institutions et pratiques politiques. Ce n'est pas à toi que j'expliquerait à quel point un tel acquis serait inestimable pour la suite des événements...
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MessagePosté le: Sam 25 Nov 2006 12:36    Sujet du message: Répondre en citant

OGOTEMMELI a écrit:
ARDIN a écrit:
C’est a ce niveau que je suis tres critique a l’egard de Laurent Gabgo, parce qu’en tant que "President panafricain/panafricaniste democratiquement elu", c’est lui en premier qui aurait du incarner ce changement salvateur en teleguidant la reforme du systeme scolaire et educatif Ivoirien qui allait aboutir a remettre dans la galerie des reperes l’enseignement afrocentree de l’Histoire, la culture africaine comme l’a preconise Joseph Ki-Zerbo dans son livre Eduquer ou Perir.

Evidemment Gnata, tout ceci parait si simple dans ma petite cabosse d’adepte de Diop qui vit au chaud en Occident, mais si nous aujourd’hui, n’essayons pas d’amorcer cette action, je peux te garantir qu’ avec l’avenir des futures generations d’Africains deja hypotheque, on peut dire adieu a la renaissance africaine.

ARDIN : on ne peut changer de monde qu'en changeant le monde, tel qu'il est ; ici et maintenant. C'est seulement en théorie que l'on peut se projeter dans l'avenir. Et c'est d'ailleurs précisément ce à quoi sert la théorie dans notre cas, de vaincus...

Mais en praxis : chaque génération fait ce qu'elle a à faire, et ne peut y réussir que si elle a bien compris les circonstances historiques singulières qui sont les siennes.

Bref, je relève avec satisfaction que c'est à nous, à notre génération et non à celle de Gbagbo, d'inscrire en fait les principes d'afrocentricité, de renaissance africaine, de panafricanisme. Les gens comme Koudou Laurent sont à la charnière entre un monde africain (françafricain) en train de s'épuiser, et un monde à-venir qu'il nous revient, nous les enfants dits du "soleil des indépendances...", de concevoir et de bâtir.

Donc, frère ARDIN, tu aurais tort de reprocher à Gbagbo de ne pas "amorcer" notre part du boulot, quand il galère tant pour réaliser la sienne propre ; à savoir transmettre le témoin d'une Afrique débarrassée des parrains-prédateurs à la toute prochaine génération de femmes et d'hommes, de mieux en mieux avisés...

Si Koudou Laurent réussit à préserver la primauté d'une constitution ivoirienne adoptée à plus de 80% du suffrage exprimé (après avoir été élaborée par les Ivoiriens eux-mêmes, pour eux-mêmes) sur tout simulacre de droit international des puissants pour couillonner les plus faibles ; si Koudou réussissait cela, il aurait semé une précieuse graine : d'un attachement populaire viscéral à la constitutionnalité des institutions et pratiques politiques. Ce n'est pas à toi que j'expliquerait à quel point un tel acquis serait inestimable pour la suite des événements...

Tout a fait, mais je parlais de son pouvoir constitutionnel de diligenter les reformes, notamment, celle de l’education qui pouvait bien se faire en marge de la lutte qu’il mene. Je pense qu’il aurait eu l’appui des personnes comme Mamadou Koulibaly l’auteur Des Servitudes du Pacte Colonial, et de La guerre de la France contre la Cote d’Ivoire.
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