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Adji,Awélé,Ngola,Owari Le Jeu des Semailles & des Récolt

 
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Farao
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MessagePosté le: Dim 15 Oct 2006 14:07    Sujet du message: Adji,Awélé,Ngola,Owari Le Jeu des Semailles & des Récolt Répondre en citant

Salut les Grioonautes!

Figurez-vous que j'ai beaucoup réfléchi avant de choisir un titre à ce topic. Le jeu dont il est question ici, vous le connaissez tous au moins de vue (ceux d'entre vous qui ont vécu sur le Continent en tout cas), mais pas sous le même nom. "Awélé", "Awalé", "Owari", "Mancala" sont les plus rencontrés sur le net.

La bête se présente sous cette forme:



Un plateau où sont symétriquement alignés 6 trous faisant face à chaque joueurs. Chacun contient quatre graines au début de la partie et le but de du jeu est de capturer le maximum de graines sur le territoire de l'adversaire. Le joueur choisit un trou dans son camp et distribue toutes les graines qu'il contient dans ceux qui lui sont contigus, à raison d'une graine par trou dans le sens contraire à celui des aiguilles d'une montre. La capture se fait lorsque la dernière graine posée dans le camp adverse amène le contenu du trou à 2 ou 3 graines. On peut réaliser des captures multiples lorsque notre coup a amené le nombre contenu dans les cases précédentes (directement contigues) à 2 ou 3 également.
Toute la stratégie consistera donc à amener l'adversaire à se découvrir, tout en limitant la casse de son coté! calcul et planification seront de rigueur. Ce qui est génial dans ce jeu c'est que les règles sont simplissimes et s'assimilent en quelques minutes, alors que la maitrise ne vient généralement qu'après de longues années de pratiques.

(Ceux qui comme moi ont enchaîné les looongues séries d'humiliantes défaites face à des joueurs expérimentés comprendront immédiatement de quoi je parle...)


Un autre aspect fascinant de ce jeu, c'est le symbolisme qui s'y rattache. On a parlé d'allégorie des semailles et des récoltes, de règles de vie en société... C'est un jeu qui se retrouve au coeur de nombreux mythes et légendes et dont la pratique, dans certaines sociétés, était parfois régie par des interdits très stricts. Les articles que je posterai dans le thread reviendront plus en détail sur cet aspect.

Il faut dire aussi que la règle que je vous ai résumée plus haut n'est qu'une des nombreuses variantes existantes. La taille du plateau, le nombre de trous, de joueurs, de graines, les conditions de prises, etc... évoluent d'un endroit à l'autre.

En me balladant sur le net j'ai été surpris de constater la quantité de sites, d'articles, d'ouvrages et de logiciels consacrés à ce jeu. Les aptitudes qu'il développe, sa facilité d'accès, la complexité des stratégies qu'il met en oeuvre, etc... en font un pain béni pour des disciplines aussi diverses que l'enseignement, la psychologie, l'informatique, l'ethnologie, l'histoire, etc... J'en passe et des meilleures...

Il faut aussi parler des véritables oeuvres d'art que sont certains plateaux de jeux:



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Dernière édition par Farao le Dim 15 Oct 2006 17:46; édité 2 fois
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Farao
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MessagePosté le: Dim 15 Oct 2006 14:17    Sujet du message: Les Noms!! Répondre en citant

Allez, en guise de mise en bouche, une liste non exhaustive Laughing des noms sous lesquels le jeu est connu à travers le monde:

Les Noms de l'Awalé
http://www.myriad-online.com/fr/resources/awalink.htm

A
Abalala'e, Abanga, Abangah, Abouga, Achara, Adi, Adita ta, Adito, Adji, Adjiboto
Adjika, Adji pre, Adjito, Aghi, Agi, Aji, Ajwa, Alé, Andot, Annana, Anywoli
Awale, Awalé, Aware, Awari, Awele, Awélé Ayo, Ayo ayo, Azigo
B
Ba-Awa, Banga, Bao, Bao kiswahili, Bao solo, Bare, Baruma, Bau, Bawo, Bechi
Boke, Bosh, Bouberoukou, Bouri
C
Chanka, Chisolo, Chongkak, Choro, Chouba, Chuba, Chunca, Cisolo, Congkak
Coo, Coro, Coro bawo
D
Dabuda, Dakon, Dakoun, Dara, Darra, Deka, Djonghok, Djonglak, Dwong
E
Érhérhé, Endodoi, Enkeshui, Eson xorgol, Esson, Éu leu
F
Fangaya, Fuva
G
Gabata, Gabatta, Galatjang, Gamacha, Gbégélé, Gebta, Gelo, Gepeta, Gesuwa
Gilberta, Giuthi
H
Halusa, Hus
I
Igisoro, Igosou, Ikiokoto, Imbelece, Imbwe, Impere, Isafu, Ise onzin egbe, Isofu, Isolo
J
J'erin, Jodu, J'odu, Jukuru
K
Kachig, Ka ia, Kalah, Kalaha, Kalak, Kale, Kalimanta, Kasonko, Katra, Kboo
Kenji guki, Kiarabu, Kisolo, Kiswahilibao, Kiuthi, Kpo, Krour, Kubuguza
L
La'b hakim, La'b madjunni, La'b roseya, Lahemay walida, Lami, Lamlameta, Lamosh
Lam waladach, Langa holo, Layo, Leka, Lela, Leyla gobale, Lien, Lizolo, L'ob akila
Longbeu a cha, Lontu Holo, Luzolo
M
Mancala, Mandiaré, Manga, Mangala, Mangola, Mankala, Manqala, Manquala, Marabout
Marany, Maruba, Mazageb, Mbangbi, Mbau, Mbelete, Mbere, Mbo, Mbothe, Mefuhva
Mefuvha, Meusueb, Mewelad, Mofuba, Moro gbegele, Motiq, Msuwa, Mulabalaba
Mungala, Mutiteba, Mwambalula, Mweiso, Mweso
N
Nakabile, Nambayi, Naranj, Ncholokoto, Nchomvwa, Nchuba, Nchuwa, Ndoto, Ngar
Njombwa, Nocholokoto, Nsolo, Nsumbi, Ntchuwa, Numnum
O
Oko, Olinda, Okwe, Omweeso, Omweso, Otep, Otjitoto, Ot jun, Otra, Ot tjin, Otu
Ouré, Ouri, Ourin, Ourre, Ourri, Oware, Owela
P
Palankuli, Pallamkurie, Pallam kuzhi, Pallanguli, Pallankuli, Pandi, Papadakon, Papandata
Pensur, Pereauni, Pérésouni, Poo
Q
Qaluta, Qasuta, Qelat
R
Ryakati
S
Saddeka, Sadeka, Sadiqa, Schach, Serata, Sig, Solo, Sombi, Songo, Soro, Spreta
Sulus nishtaw, Sunca, Sungka
T
Tagega, Tamtam apachi, Tap, Tapata, Tchanka, Tchokajon, Tchonkkak, Tchoukaitlon Tchukaruma
Tegre, Tjonglak, Toguz xorgol, Toi, Tonka, Topuz xorgol, Tschuba, Tsh ela, Tshuba, Tshi solo, Tsoro
U
Ubao, Ugwasi, Um el bagara, Um el banat, Um el tuweisat, Urdy, Uré
V
Vai lung thlan
W
Walé, Walle, Walu, Walya, Ware, Wari, Warri, Wawee, Wawi, Weg, Wori, Woribo
Woro, Wouri, Wuli, Wuri
X
Xorgol
Y/Z
Yada, Yit nuri, Yovodji
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MessagePosté le: Dim 15 Oct 2006 14:51    Sujet du message: Quelques logiciels Répondre en citant

Il existe une foultitude de softs plus ou moins élaborés. Freewares, sharewares, sous Windows, Mac, Linux, téléphone portable...vous n'aurez que l'embarras du choix.

Essayez déja ceux-là:

Myriad's Awalé:
http://www.myriad-online.com/fr/products/awale.htm



S. Helan's Awalé:
http://s.helan.free.fr/awale/



Natula:
http://www.universa.ch/software/natula.html



Aweluc:
http://www.ap76.com/LV/awele/aweluc.htm

Cl. Massé's Awélé:
http://clmasse.online.fr/kalah/fra/



H. Saladin's Awalé:
http://saladin.herve.free.fr/awale/



Owari (Mac only):
http://mac.softpedia.com/get/Games/Owari.shtml



Oware:
http://www.filehungry.com/english/product/windows_software/games/board_games/oware



The Oware Wizard:
http://oware.ivorycity.com/



Virtual Oware:
http://www.winsite.com/bin/Info?20500000038696


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Dernière édition par Farao le Lun 16 Oct 2006 16:06; édité 1 fois
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MessagePosté le: Dim 15 Oct 2006 16:19    Sujet du message: Le Come-back de l’Awalé Répondre en citant

Le Come-back de l’Awalé : Renouveau Mondial d’un des plus Anciens Jeux Stratégiques de la planète
01/01/2004
http://www.afrikara.com/index.php?page=contenu&art=294



Il faudra se déshabituer à ratiociner en boucle que l’Afrique n’a jamais inventé la poudre, et, paradoxalement dans cette optique, les Africains et Afro-Descendants seront souvent les plus difficiles à convaincre de l’évidence de leurs hauts faits de civilisation. Le jeu Awalé est un témoignage parmi des milliers des activités d’éveil intellectuel et d’émulation ludique qui occupaient les anciens Africains. Ce jeu retrouve une étonnante jeunesse aujourd’hui, aux quatre coins du monde, son adaptation aux nouvelles technologies de l’information se révèle une incontestable réussite déclinée en grappes d’innovations portant sur les supports et les environnements de jeu. Bientôt probablement en parlera-t-on dans les termes d’un phénomène de société.

L’origine africaine de l’Awalé, connu sous différentes dénominations en Afrique et par le monde, serait attestée depuis l’Egypte ancienne vers le Xème siècle av. JC. Son origine plus contemporaine est cependant le Golf de Guinée même si dans une vision corrigée de l’histoire universelle -(cf. l’historien africain Cheikh Anta Diop) il n’y a pas de contradiction au contraire entre ces deux bassins d’origine.

Cet ancien jeu largement répandu en Afrique a emprunté des courants extra-continentaux, poussés vers les pays musulmans du Moyen-Orient et d’Asie par la propagation de l’Islam en Afrique et ses effets retours. le jeu Awalé s’est retrouvé également dans les Caraïbes suite à la déportation de millions d’Africains par les siècles d’oppression négrière européenne.

Les pays réputés jouer à l'Awalé et ses variantes sont entre autres l'Ethiopie, le Ghana, la Côte d’Ivoire, le Nigeria, toute l’Afrique centrale (Songo, Ngola…) et orientale, l'Egypte, le Soudan, le Sénégal, Le Cap-Vert, mais aussi l'Indonésie, la Barbade et Antigua.

La dispersion et l’indice du succès de l’acclimatation de ce jeu se retrouvent dans ses différences de dénominations. Le nom Ayo-ayo est usité en pays Yoruba au Nigeria. Quant à l’appellation Adi, provenant également du Nigeria, elle correspond au nom des graines employées pour jouer. En Ouganda, Awalé est Omweso une variante à 4 rangées. En Afrique de l’Est, le nom usité est Bao ou Bawo, ce mot swahili signifie « bois ». Le jeu est très pratiqué à Zanzibar en Tanzanie. A la différence de l'Awalé du Ghana, il comporte 4 rangées composées de 8 trous chacune et est donc, à l’instar de l’Omweso d’Ouganda, plus complexe.

Le nom de Congkak est originaire d'Indonésie. Le jeu y fut introduit par les commerçants au cours du XVIIIème siècle. Son nom emprunte à la dénomination des coquillages utilisés à la place des graines. En général il est plutôt perçu comme un jeu de filles. Sur l’île de Java en revanche les fermiers l'utilisaient pour prédire l'avenir, calculer les saisons [quand planter et quand récolter].

Quant aux mythes fondateurs, les Massaï disent que ce jeu fut inventé par Sindillo, fils de Maitoumbe, le premier homme, laissant entendre qu’il remonte aux premiers moments de la création. Des usages plus pratiques et historiques de l’Awalé au Ghana sont très instructifs sur le statut de ce jeu dans les sociétés africaines pré-coloniales. A une époque au Ghana, l'Awalé était semble t-il réservé aux puissants, les rois des ethnies dominantes principalement. Ils jouaient sur des supports sculptés en or et en ivoire et avaient l'habitude de se confronter avec leurs généraux avant une bataille afin d'évaluer leurs capacités mentales avant le combat.

Le nom de Wari autre variante du nom Awalé tire son origine de la langue des Ashantis du Ghana et veut dire mariage. La légende dit que l'homme et la femme se marièrent afin d'avoir plus de temps pour jouer à l'awalé. Selon une autre version, l'origine du mot signifierait la maison.

Conventionnellement, le jeu fait partie de la famille des Mancala qui comporte l’ensemble des jeux dans lesquels on distribue cailloux, graines, coquillages dans des coupelles ou des trous (dans le sable).

Le but du jeu est de s'emparer d'un maximum de graines. Le joueur qui a le plus de graines à la fin de la partie l'emporte. Le terrain de jeu est divisé en deux territoires de 6 trous chacun (4 graines par trou). Chaque joueur joue à son tour. Le joueur va prendre l'ensemble des graines présentes dans l'un des trous de son territoire et les distribuer, une par trou, dans le sens inverse des aiguilles d'une montre. Si la dernière graine semée tombe dans un trou de l'adversaire comportant déjà 1 ou 2 graines, le joueur capture les 2 ou 3 graines résultantes. Les graines capturées sont sorties du jeu. Lorsqu'un joueur s'empare de deux ou trois graines, si la case précédente contient également deux ou trois graines, elles sont capturées aussi, et ainsi de suite.
En revanche, on n'a pas le droit "d'affamer" l'adversaire : un joueur n'a pas le droit de jouer un coup qui prenne toutes les graines du camp de l'adversaire.

Le but du jeu étant que chacun des joueurs s´empare de plus de graines que son adversaire, c´est celui qui obtiendra plus de la moitié des graines qui emportera la partie (25 ou plus). Il y a de très diverses interprétations des règles et des variantes dans les règles et tableaux de jeu. Il existe cependant des règles internationales unifiées, reconnues par la World Oware Federation pour les compétitions exigeant une standardisation des règles.

Le jeu Awalé est un produit-phare de la culture matérielle africaine antique dont il véhicule malgré les adaptations, corruptions et le poids du temps, la philosophie et les cosmogonies. D’une part l’objet du jeu, le tableau de l’Awalé est simultanément sur le registre de l’objet ludique, et sur celui de l’objet artistique souvent exécuté avec un degré de sophistication esthétique digne des plus grands chefs d’œuvre de sculpture. Polysémique dans son usage, il est jeu et exercice mental, préparation martiale, répétition de stratégie, et par ailleurs, support de géomancie.

Les origines massaï ou ashanti, liées aux premiers humains, au mariage ou à la maison, illustrent une conception et une compréhension particulière de la vie et du vivant, réinterprétés comme un jeu, une compétition, un face à face. Mais la Maât -principe africain pharaonique de vérité, d’harmonie, de mesure- est bien là qui équilibre l’existence. D’ailleurs l’Awalé n’est-il pas la préoccupation favorite mythologique des mariés, c’est à dire amour et pro-création ? La règle interdit d’affamer l’adversaire, pas de coup fatal donc, il s’agit de vie et pas de mort. Tout humain-joueur a le droit de vivre, même celui qui serait trop faible pour tenir tête à son adversaire.

Le jeu, de plus, s’enroule de telle sorte que les graines sont de fait davantage partagées entre joueurs que monopolisées, l’espace est marqué en territoires distincts pour chaque vis-à-vis, mais il est aussi en usufruit, telle une propriété collective avec un possesseur qui ne peut enfreindre la règle de céder le passage à son concurrent et vice versa. Chaque joueur parcourt le territoire de son rival à la recherche de graines à manger, traduisant une image de la liberté de circulation et de droit inaliénable de s’alimenter. Ceci s’apparente à une méta-coopération dans un jeu non-coopératif à somme nulle, ou ce que l’un gagne est égal à ce que l’autre perd. La compétition est faite d’échanges mutuels permanents et de transactions, de rencontres, de stratégie. La vie, un jeu…peut-être, d’une certaine façon.

Qu’il s’agisse des orgies de fin d’année, de celles de la Faim des Damnés, plutôt que de sacrifier une fois encore au rite de la sur-consommation ultime d’avant la nouvelle année, plutôt qu’un jeu aliénant renforçant le Tintin au Congo qu’il y a dans tous ceux qui ont touché à l’univers ludique occidental, il ne serait pas mal venu de prendre un Awalé, disponible en version traditionnelle ou en logiciel à télécharger, collant aux réalités locatives, ludiques et économiques actuelles.

Souhaiteriez-vous quelque chose d’artistique, de décoratif mais susceptible de présentation, d’explication dans le cadre d’un échange culturel, les boutiques d’arts et artisanats d’Afrique en général sont bien outillées. Si vous êtes plutôt joueur High Tech vous pouvez télécharger des logiciels d’Awalé sur la toile, il y en a un bon nombre. Quitte à consommer, faîtes donc le bon choix…



Ze Belinga
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Dernière édition par Farao le Dim 15 Oct 2006 17:26; édité 1 fois
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MessagePosté le: Dim 15 Oct 2006 16:56    Sujet du message: L’Awalé, une mathématique, une philosophie, une cosmogonie Répondre en citant

L’Awalé, une mathématique, une philosophie, une cosmogonie
04/04/2006
http://www.congoforum.be/fr/congodetail.asp?subitem=37&id=8015&Congofiche=selected

Ce jeu de société africain, répandu sur tout le continent, est pratiqué au Congo sous les noms de Ngola ou de Kisolo... Comme tous les jeux très anciens, il a de multiples interprétations symboliques...



L’Awalé, dans son appellation courante, connu aussi comme Songo, Ngola, Ayo-ayo, Adi, Wori, Bawo, etc. à travers l’Afrique est un des plus anciens jeux stratégiques au monde, attesté au moins depuis l’Egypte pharaonique. Il s’est propagé dans le monde au gré des migrations, déportations, rayonnements, échanges culturels, économiques, politiques, entre l’Afrique et le reste du monde avec une remarquable faculté d’adaptation et de signification du vivant au-delà de son bassin d’origine africain.

Cette adaptabilité et résistance au temps et à l’espace en font un jeu en pleine redécouverte en Occident, en Europe plus particulièrement. La réflexion consacrée par Afrikara.com sur ce pur produit de la culture africaine a d’ailleurs incité le magazine français naissant «Albert, réveillez vos neurones» à le présenter à ses lecteurs parmi les objets ludiques entretenant les facultés intellectuelles.*



L’Awalé, comme le principe générique des produits culturels africains est taillé dans l’enchevêtrement de plusieurs dimensions de l’existence, la première étant un discours sur l’origine des choses, de l’univers, la dimension cosmogonique. Cet artéfact en tant qu’émanation du génie créateur d’un peuple en traduit donc la vison du monde, la ou les philosophies, intensif en l’occurrence, en exigence mathématique.

L’Awalé se donne comme jeu stratégique, dont le but est de remporter plus de graines que son vis-à-vis jusqu’à ce qu’il n’y ai plus de graines dans le jeu selon des règles particulières. Dans une situation de face à face, les joueurs font appel à la logique, à la cohérence de leurs choix de déplacements des graines, et à un sens stratégique leur permettant d’envisager une capture maximale de graines de l’adversaire. Une grande capacité spéculative, d’analyse combinatoire est donc requise, les spécialistes parlent de spécularité d’ailleurs, puisque le joueur doit anticiper les actions de son vis-à-vis, en supposant lesquelles il jouerait lui en fonction des réactions adverses. Il s’agit donc d’une répétition des effets, des causes, des interactions stratégiques, avec pour chaque joueur un objectif, une façon d’y parvenir -stratégie- et une séquence de coups à jouer -actions. Le calcul est toujours à l’œuvre, celui du nombre de graines, de trous dans lesquels elles sont déposées ou capturées, celui des forces de l’adversaire ... Pas étonnant que dans le Ghana précolonial, les souverains y aient exercé leurs généraux avant les grandes batailles afin d’éprouver leur sens tactique et leur acuité martiale.

Cette mathématique qui s’exprime dans le cadre d’un jeu d’éveil intellectuel et d’un loisir captivant s’insère dans une écologie culturelle qui lui donne un sens, une philosophie s’en dégage donc, au sens d’une réponse à des questionnements fondamentaux de l’humain. Les règles de l’Awalé décrivent en creux une vision du monde, une philosophie que nous résumions dans notre article cité par «Albert, réveillez vos neurones» : «La règle interdit d’affamer l’adversaire, pas de coup fatal donc, il s’agit de vie et pas de mort. Tout humain-joueur a le droit de vivre, même celui qui serait trop faible pour tenir tête à son adversaire. Le jeu, de plus, s’enroule de telle sorte que les graines sont de fait davantage partagées entre joueurs que monopolisées, l’espace est marqué en territoires distincts pour chaque vis-à-vis, mais il est aussi en usufruit, telle une propriété collective avec un possesseur qui ne peut enfreindre la règle de céder le passage à son concurrent et vice versa. Chaque joueur parcourt le territoire de son rival à la recherche de graines à manger, traduisant une image de la liberté de circulation et de droit inaliénable de s’alimenter. Ceci s’apparente à une méta-coopération dans un jeu non-coopératif à somme nulle, ou ce que l’un gagne est égal à ce que l’autre perd. La compétition est faite d’échanges mutuels permanents et de transactions, de rencontres, de stratégie. La vie, un jeu…peut-être, d’une certaine façon.».



Il est à noter qu’un joueur qui n’aurait pas de graines en reçoit au moins une de son adversaire, comme par solidarité. Ici l’individualisme, la solitude sont des dangers car plus une graine est isolée dans sa case plus elle a des chances d’être capturées. Elle a donc intérêt à être ... dans le groupe. Pour autant le destin individuel existe bien puisque les graines sont semées une à une dans les cases du jeu qu’elles remplissent. Un équilibre entre l’individu et le groupe est suggéré dans la philosophie de ce jeu.

En renvoyant l’origine de l’ Awalé à l’action du fils du premier humain, Sindillo fils de Maitoumbe, les Masaï y voient davantage qu’un objet, un témoin en son tout signifiant, de la création de l’univers, de sa dualité fondatrice, du jeu primordial qui accouche des sociétés, de l’inédit, de la nouveauté, de l’existence. L’Awalé est gestion du temps social en tant que jeu, loisir, lutte contre le vide, il est plaisir de vivre, et symbolise les dyades de l’existence, amitié et haine, amour et désamour, coopération et concurrence, mari et femme, partage de l’air de jeu, extraction du «Je» enfuit du solipsisme carcéral de la stricte et exclusive connaissance de soi. L’Awalé projette cette ontologique nécessité de la différence, de l’altérité lui donnant sens non plus comme un objet ludique mais comme son contraire. Dans l’ancien Kongo, les Kuba ont développé une cosmogonie très raffinée de ce jeu où les cases sont de véritables maisons, univers primordiaux et les variantes de Ngola -Awalé- pour initiés se jouent sans temps d’arrêt ni de réflexion, favorisant l’intuition, la divination, la mémorisation des stratégies et leur opérabilité.


*Afrikara «Le Come-back de l’Awalé» cité par le magazine «Albert, réveillez vos neurones», N°1, mars 2006 qui se veut le « coach » de ceux qui s’engagent dans la voie de l’entretien de leur facultés intellectuelles.

Lire : Pâris Baletula Diambanza, Les Mystères du Ngola. Jeu de la vie, Tamery / Limon Fertile 2002

Lire : Serge Mbarga Owona, L’Awalé, L’Harmattan, 2005



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Abiola
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MessagePosté le: Lun 16 Oct 2006 14:12    Sujet du message: Répondre en citant

Quel beau sujet Farao !
En effet, j'y ai moi même joué en Côte-d'Ivoire sous le nom Awalé. C'est fascinant de retrouver le même jeu quasiment partout en Afrique noire.
Voilà une vraie piste pour l'africanisation et l'unification (pas uniformisation) des enseignements en Afrique noire.
Par exemple, tous les apprentis informaticiens devraient commencer par programmer des logiciels proches de leur quotidien : Awalé, simulation de la fermentation du Dolo (bierre de mil)

H.S : as-tu eu connaissance du projet Mandombe, qu'en penses-tu ?
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Les Africains sont aujourd'hui à la croisée des chemins : c'est l'union ou la mort !
Africaines Africains, l'édification de la véritable union africaine est notre devoir et notre seule chance de salut sur cette terre.
Un vrai guerrier ne recule pas devant son devoir sous prétexte que la tâche est surhumaine, impossible...il se bat !
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Farao
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MessagePosté le: Dim 12 Nov 2006 16:22    Sujet du message: Mieux vaut tard que jamais, hein? Répondre en citant

Salut Abiola !

Abiola a écrit:
H.S : as-tu eu connaissance du projet Mandombe, qu'en penses-tu ?

Oui j’ai eu connaissance du projet Mandombé. L’idée d’une écriture à même de prendre en charge toutes les langues africaines est séduisante et porteuse d’une forte charge symbolique. Je ne peux qu’encourager.

Tu voudras bien accepter mes plus plates excuses pour cette réponse tardive. Je suis de moins en moins souvent présent sur Grioo.

Mais revenons-en au topic.

Abiola a écrit:
C'est fascinant de retrouver le même jeu quasiment partout en Afrique noire.

Partout en Afrique noire, mais également dans certains points de la diaspora et dans des cultures étrangères qui ont une longue tradition de contacts avec l’Afrique (Moyen-Orient, Asie).

Tu as raison, il y a vraiment des leçons à tirer : du jeu en lui-même, bien sûr, de toute la symbolique qui sous-tend ses règles, mais également de son histoire et de ce qu’elle implique.

Abiola a écrit:
Par exemple, tous les apprentis informaticiens devraient commencer par programmer des logiciels proches de leur quotidien

Oui, par exemple. De façon générale notre patrimoine culturel devrait être d’avantage exploité dans les systèmes éducatifs.
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MessagePosté le: Dim 12 Nov 2006 16:53    Sujet du message: Le Warri de la Barbade Répondre en citant

Dans mon précédent post, j’ai mentionné la diffusion de l’awélé/owari/adji dans la diaspora. Voici un article en anglais sur son avatar de la Barbade : le warri.


Barbados Warri: the Bajan way
W. Lee Farum-Badley
http://barbadosphotogallery.com/warri/warrigame.htm


Left to right: Traditional Barbados goods like the "monkey" water jug, the"warri" game board, and the pepperpot can be traced back to West Africa.
(On display in the Barbados Museum in Bridgetown, March 2001.)


Barbados Warri is the island’s oldest surviving game. It is a member of a great family of pit-and-pebble strategy games that originated in the Sudan over 3600 years ago when accountants and engineers of the ancient Kush Civilization of the Upper Nile (today’s Sudan) used counters on a tablet with depressions to carry out mathematical calculations. As such, Warri could possibly be called a descendant of the first "computer game". Two variants of the game came across the Atlantic in the 17th Century with the introduction of African peoples in the Caribbean to work as slaves in the colony’s tobacco and sugar plantations. The two games were kept alive over the years entirely by word-of-mouth or what is known as the oral tradition, but games with such formidable technical integrity as Warri are for obvious reasons handed down from generation to generation of players very accurately, and so we are able to use these two to conclude that Barbados’ anthropological heritage and is rooted strongly in Asante and Yoruba. A Yoruban version of the game, Ayo Ayo, became known as "Round-and-Round Warri" in Barbados, while the more popular Asante version, Oware, has become established here as Barbados Warri.

Because the rules of both games have been preserved so faithfully over the ages, they are counted among the island’s finest cultural retentions. The name Warri comes from an Ijo dialect word meaning "houses".

Pit and pebble games are probably the most arithmetical of all games, but Warri can be introduced purely as a game of chance to very young children, and even at this level, it has subtle educational value in encouraging the child to count. He or she progressively also learns the concept of one-to-one correspondence as he drops each one seed into each of a sequence of consecutive holes. Soon he learns simple sums in order to evaluate options and keep score.

As he advances in the discovery of the game the young player will begin to see the strategic importance of planning and the discipline involved in the actual implementation of long-term strategies appreciating the importance of foresight, correct timing and an awareness of the principle of cause and effect. In fact, the game has probably played an important role in shaping the personality of the communities that used it for entertainment. Not a game of chance in any way, Warri is a perfect metaphor for life. Certainly, some of the sharp evaluation skills for which older Barbadians are known can be attributed to their use of childhood game-playing competencies as effective reference to analyze the situation.

Together with other slave folklore, Warri was treated with contempt by the European Plantocracy, and was driven underground. Its resilience as a source of entertainment must be attributed to its ingenuity. The typical warri board in the Eastern Caribbean, is fashioned roughly out of a discarded piece of two-by-four. Every now and again someone will report that they have found the characteristic six pairs of receptacles carved out of a half buried stone, or on a barely accessible cliff-side ledge, evidence that players would have huddle there for secret contests. Because it was repressed so thoroughly on this side of the Atlantic, artisans would never waste much time fashioning beautifully carved warri boards. It wasn’t practical after all, to own an elaborately decorated board when you could expect that it would be ordered burnt or destroyed as soon as it was discovered. The warri board craftsman in Barbados held one specification uppermost: it had to be a piece of wood that could ‘dash-way easy’. In contrast, ornately carved gameboards from continental Africa suggest that the game was played at all levels of the various societies. The Asante Kings were known for their prowess at the game.

It is said that these warrior kings would play Oware on golden boards with their generals before entering into battle to check whether there was sufficient mental sharpness in the ranks to carry the day. No matter what side of the Atlantic, however, there is a remarkable consistency in preference for a certain type of seed for use in the game. The dried pod of the thorny Guiliandra shrub Ceasalpinia bonduc throws out a handful of greenish/grey seeds known in Barbados as "Horse Nickars". These are the choice of serious Warri players in Ghana just as they are in Barbados. It may be speculated that the botanical species came to be established in the Caribbean as a result of the game’s migration. Modern game packages in Barbados use beautiful red seeds from the Red Sandalwoodtree Adenanthera pavonina L

Once a popular game on the plantations and among stevedores and fishermen, the best Warri exponents in the island today are still found in districts connected with those trades. Names like Hood, Ben-Ben and "Lord Jesus" are legendary. They can be seen in action after four o’clock every day except Sunday at Mrs Alleyne’s Shop on the Round-the-Town Road just east of Speightstown. The game is conspicuously absent from the Greater Antilles and from the more mountainous islands in which the plantation system was not established as early. Sugar Island Warri as it is sometimes called or simply - The Game of Houses, is therefore a perfect pastime or gift idea for persons who like games of strategy and are interested in exploring the unique cultural history of Barbados. The game is guaranteed to give you many hours of family enjoyment and simultaneously help young players develop the intuitive, social and emotional abilities that are critical for problem-solving. . . . the Bajan way!


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