Inscrit le: 25 Mai 2005 Messages: 3244 Localisation: Derrière toi
Posté le: Mer 29 Nov 2006 12:34 Sujet du message: Humiliation suprême
L'anecdote dont je souhaite vous faire part aujourd'hui ne fera assurément avancer personne, mais pour une jeune trentenaire comme moi, sachant ce qu'elle sait sur notre Histoire, c'est la dernière et pire des choses auxquelles on pense (et espère) et espère être confrontée un jour.
Confidentialité oblige je ne peux pas rentrer dans les détails, mais travaillant dans le milieu social, certaines personnes peuvent parfois s'adresser à mon secteur pour accélérer des demandes d'aides auprès de certains organismes sociaux. J'ai aujourd'hui eu affaire à l'une de ces personnes dans le besoin.
C'était un Frère. N'ayant pas toutes les compétences pour agir par moi-même, j'ai dû faire appel en urgence à une collaboratrice afin de traiter sa situation ensemble. Des démarches ont été faites en sa présence. Après qu'on lui ai indiqué les premiers résultats de nos interventions et indiqué les premières directives à entreprendre, le Frère - d'une soixantaine d'années, n'avait rien d'autre pour réponse - et en s'adressant à ma collègue - que "oui Maître, oui Patron".
J'ai cru mal comprendre la première fois. Mais on a eu droit à la même réponse à chaque recommandation. "Oui Maître, oui Patron". J'ai cru crever sur place. Je sais pas ce qui m'a retenu de lui foutre une râclée.
Je l’ai d’abord brutalement repris - "ne nous appelez pas comme ça vous n'êtes pas un esclave et nous ne sommes pas vos maîtres". Ma collègue a suivi en lui soulignant qu’on était égaux et qu’il n’avait pas à nous appeler de la sorte ; il nous répond qu’il dit ça parce qu’on l’aide.
Au final ma collègue est repartie dans sa réunion et je suis restée seule avec le gars ; je lui ai dit qu’il n’avait pas à utiliser ce genre de titre pour s’adresser aux autres parce que personne n’avait ni « Patron » ni « Maître » sur Terre ; il a voulu me faire du baise-main pour me remercier, « merci ma Chérie » pour me remercier de l’aide qu’on lui a apporté ; je me suis nerveusement retirée et lui ai dit « ne faites pas ça ; je vous interdis de m’embrasser ».
Le gars était presque à se foutre à genou pour me dire merci, j’avais envie de vomir. En 2006 bordel c'est pas croyable.
Voilà je voulais vous le dire, je vais m'aérer là c'est trop.
Au début, je pensais qu'il avait dit: "oui Maître, oui Patron", pour se foutre de la gu*ule de collaboratrice (ce qui aurait été tout autant écoeurant).
Tu dis qu'il a la soixantaine... Mon père est dans ces âges là.
Ces personnes avaient quel âge lors de la période de la décolonisation ? La 20aine.
Ce sont des "enfants des colonies", quoi. Des (anciens) indigènes.
Et, on sait quel était le rapport de soumission de l'indigène à l'égard du colon et de ses services étatiques, administratifs.
Il y a des pères, qui ne se défairont jamais de ce sentiment de devoir être en état de soummision face au colon, et par extension, aujourd'hui, au leucoderme, à l'Administration et aux services sociaux (contenant des Afro ou non).
Parce que c'est un tout, pour certains.
Certains d'entre eux ont dû voir, jeunes, comment on s'occupait de ceux qui voulait faire entendre qu'ils étaient des hommes à part entière.
Le conditionnment marche toujours sur eux.
De 0 à 20 ans (En gros décolonisation = Années 60), ils ont dû subir, vivre, assisté à pas mal de choses.
Dans les foyers sonacotra, il doit y en avoir un tas de personnes comme ce monsieur.
D'ailleurs, si ce père était Afro-carribéen, c'est la même chose, ça m'étonnerait qu'en Outre-Mer les choses étaient comme en Métropôle vu que ça ne l'est pas aujourd'hui.
Inscrit le: 25 Mai 2005 Messages: 3244 Localisation: Derrière toi
Posté le: Mer 29 Nov 2006 13:48 Sujet du message:
Yugo2Bakel a écrit:
Au début, je pensais qu'il avait dit: "oui Maître, oui Patron", pour se foutre de la gu*ule de collaboratrice (ce qui aurait été tout autant écoeurant).
Tu dis qu'il a la soixantaine... Mon père est dans ces âges là.
Ces personnes avaient quel âge lors de la période de la décolonisation ? La 20aine.
Ce sont des "enfants des colonies", quoi. Des (anciens) indigènes.
Et, on sait quel était le rapport de soumission de l'indigène à l'égard du colon et de ses services étatiques, administratifs.
Il y a des pères, qui ne se défairont jamais de ce sentiment de devoir être en état de soummision face au colon, et par extension, aujourd'hui, au leucoderme, à l'Administration et aux services sociaux (contenant des Afro ou non).
Parce que c'est un tout, pour certains.
Certains d'entre eux ont dû voir, jeunes, comment on s'occupait de ceux qui voulait faire entendre qu'ils étaient des hommes à part entière.
Le conditionnment marche toujours sur eux.
De 0 à 20 ans (En gros décolonisation = Années 60), ils ont dû subir, vivre, assisté à pas mal de choses.
Dans les foyers sonacotra, il doit y en avoir un tas de personnes comme ce monsieur.
D'ailleurs, si ce père était Afro-carribéen, c'est la même chose, ça m'étonnerait qu'en Outre-Mer les choses étaient comme en Métropôle vu que ça ne l'est pas aujourd'hui.
Ca n'a pas dû être évident à gérer.
J'en ai parlé avec ma mère juste après qui m'a dit à peu près la même chose que toi (elle a la soixantaine aussi). Mais malgré ça c'est un motif qui ne passe pas, pas pour moi, pas ici, en France, en 2006 de surcroît, Frère.
Je me suis crue projetée en 1930 en entendant ce mec parler, en le voyant presque à se prosterner pour dire merci .
Le gars a bossé en France pendant plus de 40 ans ; comment peut-on encore avoir ce genre d'état d'esprit à notre époque ??? _________________ Les Toiles de Maryjane
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Posté le: Mer 29 Nov 2006 14:07 Sujet du message: Re: Humiliation suprême
Il y a deux semaines une femme m'a également choqué par ses propos. On était à la salle de fitness, je me suis trompée de bouteille (nous avions toutes les deux la même de bouteille de contrex) et j'ai bu dans sa bouteille, quand je me suis aperçue de ma méprise, je me suis excusée, elle pourtant idiote comme tout était persuadée que je l'avais fais exprès. Pour moi l'incident était close.
Mais deux jours après, je suis allongée dans le sauna, elle ne sait pas que je suis là, je l'entends dire à sa copine qui est métisse (sa copine : peaux clair, cheveux lisse, elle cheveux lisse), tout en reparlant de l'affaire de la bouteille d'eau, "Elles sont jalouses de notre jolie couleur" (en créole Dieu merci,elles sont toutes les deux antillaises)
Alors je sors du sauna, je regarde cette fille, je me dis je lui réponds ou pas? Je lui conseille de lire Fanon ou pas? Je regarde cette fille ou plutôt cette femme qui doit bien avoir une trentaine d'année, qui a fait des études (elle est juriste) et je me demande si je dois lui répondre. Je me demande si je dois lui dire que si cela se trouve, cet héritage qu'elle possède et dont elle semble être si fier, est probablement dû au viol de son arrière grand-mère ou pas? Finalement je secoue la tête et je me dis pour certains, l'affaire est foutu!
Maryjane a écrit:
L'anecdote dont je souhaite vous faire part aujourd'hui ne fera assurément avancer personne, mais pour une jeune trentenaire comme moi, sachant ce qu'elle sait sur notre Histoire, c'est la dernière et pire des choses auxquelles on pense (et espère) et espère être confrontée un jour.
Confidentialité oblige je ne peux pas rentrer dans les détails, mais travaillant dans le milieu social, certaines personnes peuvent parfois s'adresser à mon secteur pour accélérer des demandes d'aides auprès de certains organismes sociaux. J'ai aujourd'hui eu affaire à l'une de ces personnes dans le besoin.
C'était un Frère. N'ayant pas toutes les compétences pour agir par moi-même, j'ai dû faire appel en urgence à une collaboratrice afin de traiter sa situation ensemble. Des démarches ont été faites en sa présence. Après qu'on lui ai indiqué les premiers résultats de nos interventions et indiqué les premières directives à entreprendre, le Frère - d'une soixantaine d'années, n'avait rien d'autre pour réponse - et en s'adressant à ma collègue - que "oui Maître, oui Patron".
J'ai cru mal comprendre la première fois. Mais on a eu droit à la même réponse à chaque recommandation. "Oui Maître, oui Patron". J'ai cru crever sur place. Je sais pas ce qui m'a retenu de lui foutre une râclée.
Je l’ai d’abord brutalement repris - "ne nous appelez pas comme ça vous n'êtes pas un esclave et nous ne sommes pas vos maîtres". Ma collègue a suivi en lui soulignant qu’on était égaux et qu’il n’avait pas à nous appeler de la sorte ; il nous répond qu’il dit ça parce qu’on l’aide.
Au final ma collègue est repartie dans sa réunion et je suis restée seule avec le gars ; je lui ai dit qu’il n’avait pas à utiliser ce genre de titre pour s’adresser aux autres parce que personne n’avait ni « Patron » ni « Maître » sur Terre ; il a voulu me faire du baise-main pour me remercier, « merci ma Chérie » pour me remercier de l’aide qu’on lui a apporté ; je me suis nerveusement retirée et lui ai dit « ne faites pas ça ; je vous interdis de m’embrasser ».
Le gars était presque à se foutre à genou pour me dire merci, j’avais envie de vomir. En 2006 bordel c'est pas croyable.
Voilà je voulais vous le dire, je vais m'aérer là c'est trop.
_________________
"- A quoi est due la chute d'Adam et Eve ?
- C'était une erreur de Genèse."
(Boris Vian / 1920-1959)
Inscrit le: 25 Mai 2005 Messages: 3244 Localisation: Derrière toi
Posté le: Mer 29 Nov 2006 14:16 Sujet du message: Re: Humiliation suprême
Cathy a écrit:
Il y a deux semaines une femme m'a également choqué par ses propos. On était à la salle de fitness, je me suis trompée de bouteille (nous avions toutes les deux la même de bouteille de contrex) et j'ai bu dans sa bouteille, quand je me suis aperçue de ma méprise, je me suis excusée, elle pourtant idiote comme tout était persuadée que je l'avais fais exprès. Pour moi l'incident était close.
Mais deux jours après, je suis allongée dans le sauna, elle ne sait pas que je suis là, je l'entends dire à sa copine qui est métisse (sa copine : peaux clair, cheveux lisse, elle cheveux lisse), tout en reparlant de l'affaire de la bouteille d'eau, "Elles sont jalouses de notre jolie couleur" (en créole Dieu merci,elles sont toutes les deux antillaises)
Alors je sors du sauna, je regarde cette fille, je me dis je lui réponds ou pas? Je lui conseille de lire Fanon ou pas? Je regarde cette fille ou plutôt cette femme qui doit bien avoir une trentaine d'année, qui a fait des études (elle est juriste) et je me demande si je dois lui répondre. Je me demande si je dois lui dire que si cela se trouve, cet héritage qu'elle possède et dont elle semble être si fier, est probablement dû au viol de son arrière grand-mère ou pas? Finalement je secoue la tête et je me dis pour certains, l'affaire est foutu!
Inscrit le: 25 Mai 2005 Messages: 3244 Localisation: Derrière toi
Posté le: Mer 29 Nov 2006 14:20 Sujet du message:
Je souhaite surtout préciser que le "Oui Maître, oui Patron" s'adressait en tout premier lieu à ma collègue qui est Blanche (il n'a jamais dit ça avant qu'elle arrive dans mon bureau). _________________ Les Toiles de Maryjane
Inscrit le: 25 Mai 2005 Messages: 3244 Localisation: Derrière toi
Posté le: Mer 29 Nov 2006 16:36 Sujet du message:
Martin.R.Delany a écrit:
Htp,
MJ ce gars n'est que l'arbre qui cache la foret. N'as tu pas fait attention a tous ces gens qui disent de maniere ironique ou pas ces gens qui appellent toutes personnes plus "haut" qu'eux patrons?
Ce gars est l'arbre qui cache la foret car son manque d'education ou plutot de ce que les leucos appellent "rafinement" fait qu'il est facile a reperer mais combien sur ce forum sont dans le meme etat que ce gars mais cache leur maladie sous un tas de maquillage?
J'ai déjà entendu ce terme "patron", comme par exemple quand un chauffeur de bus ouvre ses portes aux passagers à un feu ou quelques mètres plus loin que l'arrêt.
Mais de là à s'abaisser à dire "Maître", c'est carrément monumental . _________________ Les Toiles de Maryjane
Posté le: Mer 29 Nov 2006 17:34 Sujet du message: Re: Humiliation suprême
Citation:
oui Patron
Au Congo (rdc) c'est un sport national .
Dés qu'ils voient un mec blanc ou tismé c'est "patron" ou "boss" direkt.
C'est la faute la qui ? Sans aucun doute à la colonisation.
Pour moi (tismé) ça devenait un véritable calvaire aux cotidien. J'avais beau leur dire que c'es pas bien que je ne suis pas leur patron, au point de m'énerver ect... mais ils insistaient tellment que cette afaire devint une des raisons pour moi de quitter ce pays.
Le problem c'est que mème les gosses de la catégorie social la plus démunie s'y mettent aussi, ils appelent les "plus claire de peau" "BOSS" , ca passe mieux. Les autres le font de manière plus indirect mais quand mème aussi.
C'est le resultat quand on associe aliénation et pauvreté on obtient cette merde.
L'humiliation et la téhont c'est moi qui la ressentais à leur place.
En passant je vous remerci de me tolérer sur ce forum.
Il est temps que la diaspora se mobilise pour enseigner la véritable histoire du peuple noir aux Africains. C'est le seul antidote. j'en connais pas d'autre.
je l'entends dire à sa copine qui est métisse (sa copine : peaux clair, cheveux lisse, elle cheveux lisse), tout en reparlant de l'affaire de la bouteille d'eau, "Elles sont jalouses de notre jolie couleur"
La "Pouf'attitude" , c'est pas une question de couleur , c'est un état d'esprit , on est poufiasse ou on l'est pas . Celle là m'a l'air d'être un beau specimen , tu peux la prendre en photo pour moi , c'est pour ma collection de Pouf'Kemon ! _________________ "Mieux vaut vivre dans un pays influent que dans un pays sous influences."
Mafalda
Inscrit le: 13 Jan 2006 Messages: 382 Localisation: What else?
Posté le: Mer 29 Nov 2006 19:56 Sujet du message:
Maryjane, ce que je vais dire va paraître choquant! Mais tout cela est logique. ces personnes de cet âge font partie de ce que j'apelle la génération perdue! aliénés dès leur plus tendre enfance et certainement témoins de beaucoup de choses qu'ils pensent "normales" de nos jours. _________________ --->Certains Noirs ont peur et ils préfèrent s’inféoder aux Blancs. Il faut les dénoncer, il faut les combattre. Nous devons être fiers d’être Noirs.
Thomas Sankara.
--->Leur IGNORANCE constitue la première arme de ce maintien en esclavage. Un grand homme une fois déclara : "la meilleure façon de cacher quelque chose à un Noir est de la mettre dans un livre".
Je souhaite surtout préciser que le "Oui Maître, oui Patron" s'adressait en tout premier lieu à ma collègue qui est Blanche (il n'a jamais dit ça avant qu'elle arrive dans mon bureau).
C'est l'histoire du caucasien, de l'arabe et du noir:
Ils ont tous un rendez-vous chez le bon Dieu:
Le caucasien demande au bon Dieu de lui donner des outils et la connaissance pour explorer le monde.
Dieu dit au caucasien: je te donnerai la connaissance et les outils pour explerer le monde; mais attention il ne faut pas que tu te prennes pour moi.
Caucasien: Je te remercie Dieu et je ne serai pas comme toi!
Dieu: Et toi arabe qu'est-ce que tu désires?
l'Arabe: Moi donnes-moi le flouss c'est tout!!!
Dieu: Mais tu ne seras pas heureux; il n'y a pas que ça!!!
l'Arabe: Je m'en fous moi c'est le flouss; yalla!!!
Dieu: D'accord arabe saches seulement que ce n'est pas éternel!
l'Arabe: Chokran!!!
Dieu: Et toi Noir que veux-tu?
Le Noir: Ah! c'est à dire le blanc a pris les outils et la connaissance et l'arabe l'argent. Il ne reste plus qu'à les suivre!!!!
Maryjane, ce que je vais dire va paraître choquant! Mais tout cela est logique. ces personnes de cet âge font partie de ce que j'apelle la génération perdue! aliénés dès leur plus tendre enfance et certainement témoins de beaucoup de choses qu'ils pensent "normales" de nos jours.
mon père à 65 ans et c'est pas lui qui sortirait des^phrases de ce genre donc je comprend pas ce comportement. _________________ http://nubiennes.skyblog.com
Maryjane, ce que je vais dire va paraître choquant! Mais tout cela est logique. ces personnes de cet âge font partie de ce que j'apelle la génération perdue! aliénés dès leur plus tendre enfance et certainement témoins de beaucoup de choses qu'ils pensent "normales" de nos jours.
mon père à 65 ans et c'est pas lui qui sortirait des^phrases de ce genre donc je comprend pas ce comportement.
Mon père non plus.
Ce n'est pas vraiment le genre.
Inscrit le: 12 Oct 2005 Messages: 1346 Localisation: Abidjan / Ouagadougou / Bruxelles / Paris / Tours
Posté le: Jeu 30 Nov 2006 15:15 Sujet du message:
Martin.R.Delany a écrit:
Je parlerais meme pas de la vieille manie qu'ont les Africains d'appeler les gens "Papa", quand ce n'est pas "Patron, bosse ou maitre".
Ca je suis pas sur que ca ait quoique ce soit à voir avec la colonisation.
C'est plutot une conception du monde pour le "papa", quelqu'un qui a l'age d'etre ton père, tu l'appelles papa/maman. Point. Je crois pas qu'il faut le relier aux blancs çà.
Posté le: Ven 01 Déc 2006 03:31 Sujet du message: Re: Humiliation suprême
Maryjane a écrit:
L'anecdote dont je souhaite vous faire part aujourd'hui ne fera assurément avancer personne, mais pour une jeune trentenaire comme moi, sachant ce qu'elle sait sur notre Histoire, c'est la dernière et pire des choses auxquelles on pense (et espère) et espère être confrontée un jour.
Confidentialité oblige je ne peux pas rentrer dans les détails, mais travaillant dans le milieu social, certaines personnes peuvent parfois s'adresser à mon secteur pour accélérer des demandes d'aides auprès de certains organismes sociaux. J'ai aujourd'hui eu affaire à l'une de ces personnes dans le besoin.
C'était un Frère. N'ayant pas toutes les compétences pour agir par moi-même, j'ai dû faire appel en urgence à une collaboratrice afin de traiter sa situation ensemble. Des démarches ont été faites en sa présence. Après qu'on lui ai indiqué les premiers résultats de nos interventions et indiqué les premières directives à entreprendre, le Frère - d'une soixantaine d'années, n'avait rien d'autre pour réponse - et en s'adressant à ma collègue - que "oui Maître, oui Patron".
J'ai cru mal comprendre la première fois. Mais on a eu droit à la même réponse à chaque recommandation. "Oui Maître, oui Patron". J'ai cru crever sur place. Je sais pas ce qui m'a retenu de lui foutre une râclée.
Je l’ai d’abord brutalement repris - "ne nous appelez pas comme ça vous n'êtes pas un esclave et nous ne sommes pas vos maîtres". Ma collègue a suivi en lui soulignant qu’on était égaux et qu’il n’avait pas à nous appeler de la sorte ; il nous répond qu’il dit ça parce qu’on l’aide.
Au final ma collègue est repartie dans sa réunion et je suis restée seule avec le gars ; je lui ai dit qu’il n’avait pas à utiliser ce genre de titre pour s’adresser aux autres parce que personne n’avait ni « Patron » ni « Maître » sur Terre ; il a voulu me faire du baise-main pour me remercier, « merci ma Chérie » pour me remercier de l’aide qu’on lui a apporté ; je me suis nerveusement retirée et lui ai dit « ne faites pas ça ; je vous interdis de m’embrasser ».
Le gars était presque à se foutre à genou pour me dire merci, j’avais envie de vomir. En 2006 bordel c'est pas croyable.
Voilà je voulais vous le dire, je vais m'aérer là c'est trop.
Moi je dis , c'est un sado-maso. ça lui faisait plaisir de s'humilier et de te voir énervée après lui.
Manquait plus que tu lui donnes une fessée et il en aurait eu pour son compte.
Posté le: Ven 01 Déc 2006 04:08 Sujet du message: souvenez vous de BOKASSA!
Et "papa" BOK alors !
Vous avez oublie ?
En pleine conference de presse et devant un pareterre de journalistes, Bokassa, deja a la tete de la centrafique, n'arretait pas de chanter les louanges de son "pere", le General De Gaulle. ce dernier finit par lui dire:
...Evidemment, l’Afrique est présente. Et voici quelques tableaux. Bokassa irrite de Gaulle en l’appelant "père" ou "papa". "C’est un couillon, dit-il, on ne pourra jamais rien faire avec lui." Mais il faut croire que les arguments de Foccart finissent par convaincre le général qui finit par dire que c’est un type "assez exceptionnel. Il faut l’aider et, finalement, il n’est pas si mal !". ....
Bien sur pas la peine d'aller acheter les memoires de ce triste quidam (Foccart, j'entends) qui a endeuille nos familles.
Vous, les jeunes de Grioo, vous demandez-vous comment vos enfants jugeront votre état d'esprit quand vous aurez atteint l'âge de soixante, soixante-dix ou quatre-vingts ans ?
Ils seront durs les jeunes, peut-être beaucoup plus que vous, car ils seront mieux informés et ils vous passeront à la moulinette de leurs idées nouvelles et de leur inexpérience.
Un peu d'indulgence pour les anciens et un petit effort de compréhension à leur égard ne peut pas faire de mal.
K.
De l'indulgence par rapport aux anciens, il y en a dans mes propos.
D'ailleurs, il n'y a que cela, couplé à de l'amertume, concernant le sujet du topic.
Je respecte ces personnes qui ont quitté le pays pour venir en Occident afin d'exécuter un travail de misère (je parle de ceux-ci en particulier); qui se sont sacrifiées, et se sacrifient encore, en envoyant au pays la casi-totalité de leurs revenus; qui pendant 40 ans se sont acharnées au travail en se privant (involontairement ou non) de la possiblité de regarder à gauche à droite ce qu'il y avait dans le pays, et d'apprendre la langue de l'endroit; ce qui n'est pas une OBLIGATION (parmi les leucodermes qui vivent en pays d'Afrique, quel est le pourcentage de ceux qui en parlent la langue ?), mais cela favorise l'abaissement à l'égard de tout ce qui pourrait représenter le blanc...
Cette histoire est à la fois triste et effrayante.
Triste parce qu'elle témoigne de la condition qui fut la notre pendant trop longtemps, et effrayante parce qu'elle montre que lorsqu'un individu a intériorisé son statut de sous-homme, il n'est plus besoin de chaines.
Ce vieux monsieur est à plaindre vraiment.
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