La Loi qui porte mon nom, par Christiane TAUBIRA
13/09/2005
Extraits :
Afrikara, en intro, a écrit:
La question dite noire émerge enfin en France, pour le meilleur de la démocratie, et au détriment des rentiers de l’histoire officielle de la république, des technocrates du roman national et de leurs corrélats négationnistes. Christiane Taubira, députée de Guyane et ancienne brillante candidate à l’élection présidentielle de 2002 est l’éminente figure de cette révolution en pays de Gaule. Rompre l’épais mur de silence des élites de toutes les tendances politiques, sociales, confrériques sur l’histoire négrière, clé de voûte encore actuelle de la chape de plomb du racisme mélanophobe français relève de l’exploit, du pharaonique. [...]
Effervescences sociales : Le Temps de la gestation
L’idée de cette proposition de loi a, depuis cette année, et depuis cette année seulement, c’est édifiant, une multiple paternité. Il est troublant d’entendre d’anciens inconnus affirmer en être les instigateurs. Pourquoi aborder un sujet aussi dense par des propos d’apparence anecdotique ? Parce que là se trouve ce que Aimé Césaire appelait « le point de désencastration » (1).
Au commencement. En 1997, j’organise en Guyane « les mardis du savoir », un cycle de conférences à thèmes libres consacrés à la période esclavagiste. Je choisis de n’inviter que des femmes, guyanaises, vivant et rayonnant hors de Guyane. Femmes, parce que, de toutes les voix opprimées, la parole féminine est de tous temps la plus déniée. Guyanaises pour ancrer la réflexion en un territoire afin d’échapper au vertige d’une si longue histoire répartie en d’innombrables lieux et ayant bouleversé une quantité incalculable de modes de vie. Femmes venant d’ailleurs pour que ces paroles à la fois enracinées et exilées, porteuses d’expériences culturelles dispersées, postées à bonne distance du quotidien, affectives et raisonneuses, rencontrent les interrogations qui macéraient sur place. [...]
Nota bene :Texte paru dans la revue Nouveaux Regards de Septembre 2005, revue de l'Institut de Recherches Historiques, Economiques, Sociales et Culturelles (IRHESC) _________________ "Qui a peur de peuples noirs développés ?"
(Mongo BETI, La France contre l'Afrique)
Pour éviter tout malentendu, je précise que je suis blanc.
Pour les "anciens" du Forum, mon prénom n'est pas François. Enfin, je ne suis pas lié à l'association "Tjenbé Rèd".[/color]
Dernière édition par TjenbeRed le Dim 25 Sep 2005 23:04; édité 2 fois
Partie II :
Un crime contre l’humanité dans l’agenda de la république
19/09/2005
Extraits :
Afrikara, en introduction, a écrit:
Afrikara a publié le 13 septembre 2005 dans ses colonnes la lettre de rentrée de Christiane Taubira députée de Guyane, auteur de la loi criminalisant la traite négrière et l’esclavage transatlantiques établis enfin comme crime contre l’humanité en France. Après avoir abordé le temps de la gestation de la loi, ses effervescences sociales, la militante et femme politique aborde l’inscription de cet outil juridique extrêmement mobilisateur à l’Assemblée nationale française. Une analyse fine des dynamiques associatives et communautaires en cours dans les milieux militants et citoyens noirs de France est esquissée avec à propos et sans faux-semblants.
Christiane TAUBIRA, poursuivant son récit, a écrit:
Un crime contre l’humanité dans l’agenda de la république.
Que pouvais-je faire ? Que devais-je faire ? Siégeant en un lieu où s’énonçait, où se gravait cette parole solennelle demandée et due, je compris que malgré l’apparente impossibilité de l’œuvre, c’était une injonction morale que de l’entreprendre. Son sort dépendrait de la sensibilité et du courage des Députés. Je n’avais aucune raison ni aucune envie de les sous-estimer. J’ai rédigé un exposé des motifs peu conforme aux usages de l’exercice, soucieux pour ne pas ensevelir encore, de ne pas édulcorer.
D’une seule traite, il se déversa en bouillonnant de mon esprit supplicié jusqu’au bout de mes doigts enfiévrés. Il se déclina tout naturellement dans les sept articles proposés.
Le premier nomme les coupables, situe le temps, signale les lieux, constate la déportation, proclame constitué au présent de l’indicatif le crime contre l’humanité. C’était la première des réparations, symbolique et solennelle, qui donnait un nom et un statut au crime.
[...]
Nota bene : Texte paru dans la revue Nouveaux Regards de Septembre 2005, revue de l'Institut de Recherches Historiques, Economiques, Sociales et Culturelles (IRHESC) _________________ "Qui a peur de peuples noirs développés ?"
(Mongo BETI, La France contre l'Afrique)
Pour éviter tout malentendu, je précise que je suis blanc.
Pour les "anciens" du Forum, mon prénom n'est pas François. Enfin, je ne suis pas lié à l'association "Tjenbé Rèd".[/color]
Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets dans ce forum Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum Vous ne pouvez pas voter dans les sondages de ce forum