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1960 : Le Rêve Africain de Frantz Fanon

 
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Chabine
Super Posteur


Inscrit le: 02 Mar 2005
Messages: 3040

MessagePosté le: Mar 08 Nov 2005 09:37    Sujet du message: 1960 : Le Rêve Africain de Frantz Fanon Répondre en citant

Emprunt au site d' Afrikara :

http://www.afrikara.com/index.php?page=contenu&art=886

1960 La Révolution sur le continent noir : Le Rêve Africain de Frantz Fanon
05/11/2005


1960, année mythique à cette époque-là pour les anticolonialistes. Les indépendances africaines tant attendues, tant hurlées, tant imaginées. Frantz Fanon [1925-1961], descendant d’esclaves africains de la Martinique, éminent parmi les éminents penseurs anticolonialistes et tiers-mondistes connus, tient un précieux journal intime qui révèlera à la postérité, la force inaliénable de son rêve africain. Ambassadeur itinérant en Afrique noire pour le Gouvernement provisoire de la république algérienne, la résistance à la colonisation française, il voyage sans répit à travers l’Afrique noire.

Le jeune et brillant psychiatre qui foulait du pied le sol algérien pour la première fois en 1953, après avoir commis un inoubliable essai analysant les effets d’aliénation de la relation coloniale sur la psyché humaine, Peau noire, Masques Blancs [Seuil 1952], allait s’investir petit à petit dans un héroïque combat pour la libération algérienne. Africaine. Devenu membre des forces de résistance algériennes, le FLN, résidant à Tunis, partagé entre ses activités politiques et celles de psychiatre apprécié pour ses innovations mettant les référents culturels des patients au cœur d’une relation thérapeutique humanisée, Fanon allait se transcender intellectuellement pour léguer un matériau politique inestimable pour la cause de l’Homme.

C’est au cours de ces activités de révolutionnaire en action qu’il laissait en témoignage, à la première page de son journal intime, son rêve africain. Ce texte écrit en 1960 est extrait de Pour la révolution Africaine.


Citation:
Mettre l’Afrique en branle, collaborer à son organisation, à son regroupement derrière des principes révolutionnaires. Participer au mouvement ordonné d’un continent c’était cela en définitive le travail que j’avais choisi.

La première base de départ, le premier socle était représenté par la Guinée. Puis le Mali décidé à tout, fervent et brutal, cohérent et singulièrement acéré étendait la tête de pont et ouvrait de précieuses perspectives.

A l’Est Lumumba piétinait. Le Congo qui constituait la deuxième plage de débarquement des idées révolutionnaires, se trouvait prise dans un lacis pénible de contradictions stériles. Il fallait encore attendre avant d’investir efficacement les citadelles colonialistes qui s’appellent Angola, Mozambique, Kenya, Union Sud Africaine.

Tout était pourtant en place. Et voici que le système de défense colonialiste quoique discordant ranimait les vieux particularismes et émiettait la lame libératrice. Pour l’instant il fallait donc tenir au Congo et avancer à l’ouest
.



Ainsi parlait Fanon, Frantz Fanon, émérite révolutionnaire, théoricien et praticien de la libération, médecin dévoué et avant-gardiste, qui s’éteignait à l’âge de 36 ans emporté par une leucémie.

Pour que ses paroles et ses actes ne cessent de nous façonner.
_________________
"Le colonialisme et ses dérivés ne constituent pas à vrai dire les ennemis actuels de l'Afrique. À brève échéance ce continent sera libéré. Pour ma part plus je pénètre les cultures et les cercles politiques plus la certitude s'impose à moi que LE PLUS GRAND DANGER QUI MENACE L'AFRIQUE EST L'ABSENCE D'IDÉOLOGIE."
Cette Afrique à venir, Journal de bord de mission en Afrique occidentale, été 1960, Frantz Fanon, Pour la Révolution Africaine
2011, annee Frantz Fanon
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ARDIN
Super Posteur


Inscrit le: 22 Fév 2004
Messages: 1863
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MessagePosté le: Mar 08 Nov 2005 15:11    Sujet du message: Re: 1960 : Le Rêve Africain de Frantz Fanon Répondre en citant

Fanon avait choisi d’exercer en Algerie, pays du colonialisme par excellence, pour vivre et lutter parmi les colonises comme lui. Il livre le fond de sa pensee dans “Racisme et Culture, Conference prononcee en 1956 au 1er Congres des Ecrivains Noirs”. Avec un analyse plus aigue, une mise en cause radicale, l’engagement ouvert et precis. Son diagnostic du racisme qui “n’est pas une decouverte accidentelle” mais “entre dans un ensemble caracterise, celui de l’exploitation d’un groupe d’homme par un autre” implique une seule solution: “ La fin logique de cette volonte de lutte est la liberation totale du territoire national”
“La lutte est d’emblee totale, absolue”. Cette lutte n’est pas verbale.

Depuis qu’il est medecin psychiatre a l’hopital de Blida, et plus encore apres le declenchement de l’insurrection, F.Fanon milite concrete dans l’organisation revolutionnaire algerienne. Dans le meme temps il accomplit un remarquable travail medical, novateur sur tous les plans, profondement, viscerablement proche de ses malades en qui il voit avant tout les victimes du systeme qu’il combat. Il accumule les notes cliniques et les analyses sur les phenomenes de l’alienation colonialiste vue au travers des maladies mentales.

Son travail de militant FLN le fait bientot reperer par la police francaise. A la fin de 1956, avant de rejoindre Tunis, il consacre par sa lettre de demission, un engagement total beaucoup plus ancien.
La-bas, il est appele a participer aux Services de Presse du FLN. Il est dans l’equipe des animateurs d’El Moudjahid dont ce sont les premiers numeros. Sans repit il s’attache a denoncer la totalite, l’unite sans faille du systeme colonialiste, la solidarite qui, bon gre mal gre, lie ceux qui sont de son cote, tandis que s’execute le genocide d’un million d’Algeriens. Son analyse sur les intellectuels de gauche et la guerre d’Algerie outre la gauche francaise. Il y denonce l’hypocrisie de ceux qui ne voient dans le colonialisme et ses suites, guerre, torture, qu’une excroissance monstrueuse qu’il suffit de circonscrire et de reprouver, alors qu’il s’agit d’un ensemble parfaitement logique, parfaitement coherent, qui rend irremediablement complices tous ceux qui vivent en son sein.

Fanon a des lors le moyen d’amplifier l’un de ses premiers themes: la conjonction de la lutte de tous les colonises. L’un des premiers a envisager de maniere concrete non pas comme une vision prophetique mais comme un objectif de combat immediat.
L’unite de l’Afrique: il lie constamment le sort de la revolution algerienne a celui de l’ensemble du continent, faisant de celle-ci l’avant-garde de la Revolution africaine. El Moudjahid developpe constamment cette ligne: LA REVOLUTION ALGERIENNE ET LA LIBERATION DE L’AFRIQUE, ce titre donne a la brochure d’articles et de documents du FLN. La plus diffuse a cette epoque indique bien l’importance que les revolutionnaires algeriens lui accordent alors.

L’idee que Fanon formait de l’Afrique en marche se concretisa dans la mission qu’il mena dans les pays d’Afrique occidentale, apres avoir ete Ambassadeur a Accra. Il devait notamment etudier les conditions d’une alliance plus etroite entre africains, la levee volontaire des Noirs, l’ouverture d’un nouveau front au Sud du Sahara…
Il rentra epuise de cette mission. Atteint de leucemie, il consacra ses derniers efforts a rediger “Les Damnes de la terre”. Et allait mourir plus tard, un an apres avoir assiste a la chute de Lumumba qui fut son ami et qui fut le leader africain dont la vision africaine etait la plus proche de la sienne. Il gardait la certitude de la prochaine liberation totale de l’Afrique, convaincu, comme il l’avait ecrit dans “l’an V de la Revolution algerienne” que la Revolution africaine avait cree “une situation irreversible”
_________________
l'Hommage a Cheikh Anta Diop sur PER-ANKH
l'Hommage a Mongo Beti sur PER-ANKH
l'Hommage a Aime Cesaire sur PER-ANKH

LPC-U : CONSTRUIRE LE CONGO POUR L'UNITÉ DE L'AFRIQUE
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TjenbeRed
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MessagePosté le: Mer 09 Nov 2005 12:36    Sujet du message: Re: 1960 : Le Rêve Africain de Frantz Fanon Répondre en citant

ARDIN a écrit:
Il rentra epuise de cette mission. Atteint de leucemie, il consacra ses derniers efforts a rediger “Les Damnes de la terre”. Et allait mourir plus tard, un an apres avoir assiste a la chute de Lumumba qui fut son ami et qui fut le leader africain dont la vision africaine etait la plus proche de la sienne. Il gardait la certitude de la prochaine liberation totale de l’Afrique, convaincu, comme il l’avait ecrit dans “l’an V de la Revolution algerienne” que la Revolution africaine avait cree “une situation irreversible”

FANON est mort le 6 décembre 1961.

Les Parisiens du forum seraient-ils d'accord pour organiser ou participer à une commémoration le mardi 6 décembre prochain ?
_________________
"Qui a peur de peuples noirs développés ?"
(Mongo BETI, La France contre l'Afrique)


Pour éviter tout malentendu, je précise que je suis blanc.
Pour les "anciens" du Forum, mon prénom n'est pas François. Enfin, je ne suis pas lié à l'association "Tjenbé Rèd".[/color]
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Teo Van
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MessagePosté le: Mer 09 Nov 2005 13:59    Sujet du message: Répondre en citant

Parler de FANON?
J'ai peur de mal le faire tellement cet homme là est grand.

Ce n'est pas seulement par humilité. Mais je n'aurai grand mot tellement la lecture de ses écrits a boulversé ma vision des choses.

Pour parler de FANON, je vais utiliser les écrits de FANON.

Je vais citer des passages de mon livre préféré " Les damnées de la terre".

" Allons, camarades, il vaut mieux décider dès maintenant de changer de bord.
La grande nuit dans laquelle nous fûmes plongés, il nous faut la secouer et en sortir.
Le jour nouveau qui déjà se lève doit nous trouver fermes, avisés et résolus.
Il nous faut quitter nos rêves, abandonner nos vieilles croyances et nos amitié d'avant la vie.
Ne perdons pas de temps en de stériles litanies ou en mimétismes nauséabonds.
Quittons cette Europe qui n'en finit pas de parler de l'homme tout en le massacrant partout où elle le rencontre, à tous les coins de ses propres rues, à tous les coins du monde.
..... Regardez là aujourd'hui basculer dans la désintégration atomique et la désintégration spirituelle.
..... Alors, frères, comment ne pas comprendre que nous avons mieux à faire que de suivre cette europe-là.
Cette Europe qui jamais ne cessa de parler de l'homme, jamais de proclamer qu'elle n'était inquiète que de l'homme, nous savons aujourd'hui de quelles souffrances l'humanité à payé chacune des victoires de son esprit.
Allons camarades, le jeu Européen est définitivement terminé, il faut trouver autre chose.
Nous pouvons tout faire aujourd'hui à condition de ne pas singer l'Europe
"
_________________
Nicolas Sarkozy « La France, économiquement, n’a pas besoin de l’Afrique. Les flux entre la France et l’Afrique représentent 2% de notre économie ».


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Teo Van
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MessagePosté le: Mer 09 Nov 2005 14:09    Sujet du message: Répondre en citant

Maintenant que je suis sur ma lancée, je ne vais pas m'arrêter en si bon chemin Wink

Je vous citerais encore un passage. Le plus important à mon humble regard.

" L'Europe a fait ce qu'elle devait faire et somme toute elle l'a bien fait.
Cessons de l'accuser, mais disons lui fermement qu'elle ne doit plus continuer à faire tant de bruit.

... Donc camarades, ne payons pas de tribut à l'Europe en créant des Etats, des Institutions et des Sociétés qui s'en inspirent.

L'humanité attend autre chose de nous que cette imitation caricaturale et dns l'ensemble obscène.

Si nous voulons transformer l'Afrique en une nouvelle Europe, alors confions aux Européens les destinées de nos pays.
Ils sauront mieux faire que les mieux doués d'entre nous
.

Si nous voulons répondre à l'attente de nos peuples, il faut cherhcer ailleurs qu'en Europe..
."
_________________
Nicolas Sarkozy « La France, économiquement, n’a pas besoin de l’Afrique. Les flux entre la France et l’Afrique représentent 2% de notre économie ».


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Teo Van
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MessagePosté le: Mer 09 Nov 2005 14:16    Sujet du message: Répondre en citant

Mon plus grand regret, c'est de ne pas l'avoir étudié au lycée à Abidjan.

On a lu Beaudelaire, Hugo, Stendhal...Camus... Senghor.
On a étudier tous les courants littéraires et philosophiques Français. On a étudier la négritude.

Mais on n'a pas étudier l'éssentiel. Fanon.
_________________
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Doco
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Messages: 218

MessagePosté le: Dim 20 Nov 2005 22:43    Sujet du message: Répondre en citant

Nous partageons les mêmes préférences en ce qui concerne ces extraits Teo Van. C'est d'ailleurs jusqu'ici un plaisir de te lire.

Je ne vais pas répéter que Fanon a fait un travail toujours d'actualité, qu'il est encore nécessaire de rappeler, etc. Il y a un autre topic sur le forum qui porte sur PNMB (convention de grioo). C'est une étude en règle de l'oeuvre, chapitre par chapitre. Je pense et certains l'ont écrit ds le thread en question, que ce n'est là qu'une étape dans la vie de Fanon. C'est ce Fanon là, malheureusement, qui est le plus étudié, le plus lu et le mieux connu. Je dis malheureusement parce que comme l'indique ce topic, Fanon c'est aussi la révolution, c'est aussi un engagement politique "absolu". La révolution comme il l'affirmait si bien ne se limite pas à des cercles d'intellectuels souvent manipulateurs... elle se fait avec, pour, et parmi le peuple. L'on peut, et l'on le fera certainement (j'y reviendrai moi-même un jour peut-être), débattre de certains points de son oeuvre notamment dans le symbole par excellence de son engagement politique, son dernier manifeste : Les Damnés de la Terre. On peut notamment discuter du chapitre sur La culture nationale qui sert à certain de justification pour une opposition Fanon-Diop. L'on peut se servir du chapitre sur la Violence encore aujourd'hui pour commenter, expliquer les évènements non seulement dans les anciennes colonies, maintenant appelées "pays en voie de développement", mais aussi au sein même de la république ces dernières semaines. On peut mettre en garde certains éléments s'affirmants "conscients" sur les Grandeur et faiblesse de la spontanéité. Fanon n'écrivait-il pas d'ailleurs, quelque chose qui répond bien à l'émotion nègre senghorienne, bien réelle, à savoir :
(1)
Citation:
Nous nous méfions de l'enthousiasme. Chaque fois que l'on l'a vu éclore quelque part, il annonçait le feu, la famine, la misère... Aussi, le mépris de l'homme. L'enthousiasme est par excellence l'arme des impuissants.

Je dis que l'émotion nègre dont parle Senghor, sans prétendre qu'elle s'oppose à "la raison hellène", est réelle car l'on voit avec quelle rapidité nous nous faisons des héros, avec quelle rapidité nous nous trouvons des guides et des représentants ; tout au moins au sein de la communauté en France.
On pourrait enfin discuter de ce que Fanon appelle Les Mésaventures de la conscience nationale, sur la base de tous nos imposteurs pseudo nationalistes et expriméer des réserves qt aux propos du maître aujourd'hui. Il reste donc des choses à faire, à dire même si la pensée de Fanon est encore et toujours d'actualité.
Mais d'abord son rêve Africain. Ce n'était pas tant un rêve qu'une véritable conviction. Une conviction qui à la lecture que je fais de son oeuvre, ne se cantonne pas à une dimention prophétique. Il ne pouvait pour lui en être autrement. Les 40 dernières années nous ont montré qu'il n'aurait pas vu grand chose de cette révolution africaine. Pis, il n'en aurait rien vu. Ceci étant, j'aimerais partager avec vous quelques extraits de son ouvrage posthume : Pour la révolution africaine.

Ceci est pour moi le livre de l'engagement même. L'engagement militant, l'engagement absolu. Il s'agit du dernier chapitre en deux parties de ce bouquin intitulé L'unité Africaine. Aujourd'hui ses propos semblent appeler à l'insurrection. La guerre d'Algérie est loin mais l'on a toujours du mal à en parler. Les terroristes sont aujourd'hui les épouvantails de l'occident et l'Islam présenté comme cheval de troie d'une civilisation ennemie et destructrice. L'on parle d'un radicalisme de la conscience noire car à vrai dire la conscience noire ne semble pas être envisageable pour ces messieurs. Bien Pour la Révolution Africaine est constitué essentiellement d'articles, écrits dans l'anonymat, par un insurgé, un radical ? Je rassure donc les frères sceptiques, ces mots sont forts, ils peuvent faire peur mais ils sont plus jamais d'actualité. C'est notre lecture des événements, d'un passé qui nous appartien et qu'il nous appartient de rappeler, d'enseigner. La République parle d'esclavage, on peut lui reprocher de ne pas assez parler de colonisation, mais étudier les extraits qui suivent ne relève pas de ses compétences. Ce n'est pas son travail. Cce sont les propos d'un de nos résistants. Alors on peut étudier la compatibilité avec la République, avec l'intégration etc. C'est un autre débat car ici je le répète, ce n'est pas la République qui nous intéresse : c'est l'Afrique.

Citation:
La mort de Lumumba :
Pouvions nous faire autrement ?

Les observateurs qui se sont trouvés dans les capitales africaines pendant le mois de juin 1960 pouvaient se rendre compte d'un certain nombre de choses. De plus en plus nombreux, en effet, d'étranges personnages venus d'un Congo à peine apparu sur la scène internationale s'y succédaient. Que disaient ces Congolais ? Ils disaient n'importe quoi. Que Lumumba était vendu aux Ghanéens. Que Gizenga était acheté par les Guinéens, Karshamura par les Yougoslaves. Que les civilisateurs belges partaient trop tôt, etc...
Mais si l'on s'avisait d'attraper dans un coin un de ces Congolais, de l'interroger, alors on s'apercevait que quelque chose de très grave se tramait contre l'indépendance du Congo, contre l'Afrique.
Des sénateurs, des députés congolais aussitôt après les fêtes d'indépendance se sauvaient hors du Congo et se rendaient... aux Etats-Unis. D'autres s'installaient pour plusieurs semaines à Brazzaville. Des syndicalistes étaient invités à New York. Là encore, si l'on prenait l'un de ces députés ou de ces sénateurs dans un coin et qu'on l'interrogeait, il devenait patent que tout un processus très précis allait se mettre en route.
Dès avant le 1er juillet 1960, l'opération Katanga était lancée. Son but ? Bien sûr, sauvegarder l'Union Minière. Mais au-delà de cette opération, c'est une conception belge qui était défendue. Un Congo unifié, avec un gouvernement central, allait à l'encontre des intérêts belges. Appuyer les revendications décentralisatrices des diverses provinces, susciter ces revendications, les alimenter, telle était la politique belge avant l'indépendance.
Dans leur tâche, les Belges étant aidés par les autorités de la Fédération Rhodésie-Nyassaland. On sait aujourd'hui, et M. Hammarskjöld mieux que quiconque, qu'avant le 30 juin 1960, un pont aérien Salisbury-Elizabethville alimentait le Katanga en armes. Lumumba avait certain jour proclamé que la libération du Congo serait la première phase de la complète indépendance de l'Afrique Centrale et Méridionale et il avait très précisément fixé ses prochains objectifs : soutien des mouvements nationalistes en Rhodésie, en Angola, en Afrique du Sud.

Un Congo unifié ayant à sa tête un anticolonialiste militant constituait un danger réel pour cette Afrique sudiste, très proprement sudiste, devant laquelle le reste du monde se voile la face. Nous voulons dire devant laquelle le reste du monde se contente de pleurer, comme à Sharpville, ou de réussir des exercices de style à l'occasion des journées anticolonialistes. Lumumba, parce qu'il était le chef du premier pays de cette région à obtenir l'indépendance, parce qu'il savait concrètement le poids du colonialisme, avait pris l'engagement au nom de son peuple de contribuer physiquement à la mort de cette Afrique là. Que les autorités du Katanga et celles du Portugal aient tout mis en oeuvre pour saboter l'indépendance du Congo ne nous étonne point. Qu'elles aient renforcé l'action des Belges et augmenté la poussée des forces centrifuges au Congo est un fait. Mais ce fait n'explique pas la détérioration qui s'est installée progressivement au Congo, ce fait n'explique pas l'assassinat froidement décidé, froidement mené de Lumumba, cette collaboration colonialiste au Congo est insuffisante à expliquer pourquoi en Février 1961 l'Afrique va connaître autour du Congo sa première grande crise.
Sa première grande crise car il faudra qu'elle dise si elle avance ou si elle recule. Il faudra qu'elle comprenne qu'il ne lui est plus possible d'avancer par régions, que, comme un grand corps qui refuse toute mutilation, il lui faudra avancer en totalité, qu'il n'y aura pas une Afrique qui se bat contre le colonialisme et une autre qui tente de s'arranger avec le colonialisme. Il faudra que l'Afrique c'est à dire les Africains, comprennent qu'il n'y a jamais de grandeur à atermoyer et qu'il n'y a jamais de déshonneur à dire ce que l'on est et ce que l'on veut et qu'en réalité l'habileté du colonisé ne peut être en dernier essor que son courage, la conception lucide de ses objectifs et de ses alliances, la ténacité qu'il apporte à sa libération.
Lumumba croyait en sa mission. Il avait une confiance exagérée dans le peuple. Ce peuple, pour lui, non seulement ne pouvait se tromper, mais ne pouvait être trompé. Et de ce fait, tout semblait lui donner raison. [...] Il oubliait singulièrement qu'il ne pouvait être partout à la fois et que le miracle de l'explication était moins la vérité que de qu'il exposait que la vérité de sa personne.

[...]

Alors d'autres pays beaucoup plus importants que la Belgique ou le Portugal décidèrent de s'intéresser directement à la question. Lumumba fut contacté, interrogé. Après son périple aux Etats-Unis la décision était prise : Lumumba devait disparaître.
Pourquoi ? Parce que les ennemis de l'Afrique ne s'y étaient pas trompés. Ils s'étaient parfaitement rendus compte que Lumumba était vendu, vendu à l'Afrique s'entend. C'est-à-dire qu'il n'était plus à acheter.
Les ennemis de l'Afrique se sont rendu compte avec un certain effroi que si Lumumba réussissait, en plein coeur du dispositif colonialiste, avec une Afrique française se transformant en communauté rénovées, une Angola "province portugaise" et enfin l'Afrique orientale, c'en était fini de "leur" Afrique au sujet de laquelle ils avaient encore des plans très précis.

Le plus grand succès des ennemis de l'Afrique, c'est d'avoir compromis les Africains eux-mêmes. Il est vrai que ces Africains étaient directement intéressés par le meurtre de Lumumba. Chefs de gouvernements fantoches, au sein d'un indépendance fantoche, confrontés jour après jour à une opposition massive de leurs peuples, ils n'ont pas été longs à se convaincre que l'indépendance réelle du Congo les mettrait personnellement en danger.
Et il y eut d'autres Africains, un peu moins fantoches, mais qui s'effraient dès qu'il est question de désengager l'Afrique de l'Occident. On dirait que ces Chefs d'Etat africains ont toujours peur de se retrouver face à l'Afrique.
[...]
Petit à petit, l'idée d'une intervention de l'ONU prenait corps. Alors on peut dire aujourd'hui que deux erreurs simultanées ont été commises par les Africains.
Et d'abord par Lumumba quand il sollicita l'intervention de l'ONU... L'ONU n'a jamais été capable de régler valablement un seul des problèmes posés à la conscience de l'homme par le colonialisme, et chaque fois qu'elle est intervenue, c'était pour venir concrètement au secours de la puissance colonialiste du pays oppresseur.
Voyez la Cameroun. De quelle paix jouissent les sujets de M. Ahidjo tenus en respect par un corps expéditionnaire français qui, la plupart du temps, a fait ses premières armes en Algérie . L'ONU a cependant contrôlé l'autodétermination du Cameroun et le gouvernement français y a installé un "exécutif provisoire".
Voyez le Viêt-Nam
Voyez le Laos.
Il n'est pas vrai de dire que l'ONU échoue parce que les causes sont difficiles.
En réalité l'ONU est la carte juridique qu'utilisent les intérêts impérialistes quand la carte de la force brute a échoué.
Car enfin, avant l’arrivée de l’ONU, il n’y avait pas de massacres au Congo. Après les bruits hallucinants propagés à dessein à l’occasion du départ des Belges, on ne comptait qu’une dizaine de morts. Mais depuis l’arrivée de l’ONU on a pris l’habitude chaque matin d’apprendre que les Congolais par centaines s’entre massacraient.
[…] On nous révèle aujourd’hui que des fonctionnaires civiles de l’ONU avaient en fait mis en place un nouveau gouvernement le troisième jour de l’investiture de Lumumba. Alors on comprend beaucoup mieux ce que l’on a appelé la violence, la rigidité, la susceptibilité de Lumumba.
Tout montre en fait que Lumumba fut anormalement calme.
Les chefs de mission de l’ONU prenaient contact avec les ennemis de Lumumba et avec eux arrêtaient des décisions qui engageaient l’Etat du Congo. Comment un chef de gouvernement doit-il réagir dans ce cas ? Le but recherché et atteint est le suivant : manifester l’absence d’autorité, prouver la carence de l’Etat.

[…]
Notre tort à nous Africains, est d’avoir oublié que l’ennemi ne recule jamais sincèrement. Il ne comprend jamais. Il capitule, mais ne se convertit pas.
Notre tort est d’avoir cru que l’ennemi avait perdu de sa combativité et de sa nocivité. Si Lumumba gêne, Lumumba disparaît. L’hésitation dans le meurtre n’a jamais caractérisé l’impérialisme.


[...]
Des Africains ont cautionné la politique impérialiste au Congo, ont servi d’intermédiaires, ont cautionné les activités et les singuliers silences de l’ONU au Congo.
Aujourd’hui ils ont peur. Ils rivalisent de tartufferies autour de Lumumba déchiqueté. Ne nous y trompons point, ils expriment la peur de leurs mandants. Les impérialistes eux aussi ont peu. Et ils ont raison car beaucoup d’Africains, beaucoup d’Afro-asiatiques ont compris. Les impérialistes vont marquer un temps d’arrêt. Ils vont attendre que « l’émotion légitime » se calme. Nous devons profiter de ce court répit pour abandonner nos craintives démarches et décider de sauver le Congo et l’Afrique.
Les impérialistes ont décidé d’abattre Lumumba. Ils l’ont fait. Ils ont décidé de constituer des légions de volontaires. Elles sont déjà sur place.
L’aviation Katangaise sous les ordres de pilotes sud-africains et belges a commencé depuis quelques jours les mitraillages au sol. De Brazzaville, des avions étrangers se rendent bondés de volontaires et d’officiers parachutistes au secours d’un certain Congo.
Si nous décidons de soutenir Gizenga, nous devons le faire résolument.
Car nul ne connaît le nom du prochain Lumumba. Il y a en Afrique une certaine tendance représentée par certains hommes. C’est cette tendance dangereuse pour l’impérialisme qui est en cause. [b]Gardons-nous de ne jamais l’oublier : c’est notre sort qui se joue au Congo.[b]
(2)

On peut se dire aujourd'hui, mis à part l'actualité manifeste de bon nombre de ses propos, que les Africains n'ont pas fait le choix de l'unité, que l'impérialisme n'a donné de répit à personne, et qu'il y a eu d'autres Lumumba notamment un qu'il n'a pas connu. Il s'appelait Thomas Sankara.

(1)Peau noire, masques blancs, Introduction.
(2)Pour la révolution Africaine, l'Unité Africaine, 2eme partie.
Extrait de Afrique Action, N°19, 20 Février 1961.
L'éditeur me pardonnera cette trop longue citation.
_________________
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Gnata
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MessagePosté le: Sam 24 Déc 2005 21:36    Sujet du message: Répondre en citant

Quoi TÉO , tu as étudié à Abidjan ? Well , Je ne l'aurais jamais cru , ah ! je comprends un peu mieux ta manière de débattre de "ceratins topics " , enfin , on n'est pas là pour ca !

J'avoue que je ne connaissais pas Fanon , et ca m'a fait plaisir de le découvrir grâce à Grioo , je ne vais pas donc m'étendre sur le sujet , mais j'ai comme l'impression que ce genre d'homme volontaire n'existe plus de nos jours , ou j'ai l'impression qu'ils ne sont plus à la mode ( je penche pour la seconde assertion ) !

J'ai aussi l'impression que nous Kémets avons la mauvaise habitude de magnifier nos héros , juste , quand ils sont morts , nous ne les soutenons pas de leur vivant, nous attendons qu'ils soient six pieds sous terre pour reconnaître comme par enchantement qu'ils étaient nos lumières .

J'ai suivi l'épisode de Lumumba ,et Sankhara par recoupements historiques , et je dois avouer que rares sont les leadrs Africains qui les ont soutenu lors leurs exploits , en fait la presse Africaine , disons Ouest-africaine ( puisque c'est d'elle que je tire mes recoupements ) ne le menageait pas , Houphouet en son temps traitait Lumumba d'illuminé , et de gamin Sankhara , Senghor lui dans tout ca se la bouclait ( voilà le chantre de la négritude en action ) ect...

Dag Hammojörd de l'Onu complotait au vu et au su de toute l'Afrique comme l'autre ( Annan ) l'a fait encore avec le Togo ,en fait les années ont passés sans que rien n'ai vraiment changé !

Que nous diraientt Fanon , Lumumba , N'krumah et Sankhara s'ils étaient encore en vie ? que penseraient-ils de nous ? avons-nous changé nos mentalités ? ...Violente question !
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Benny Da B'
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MessagePosté le: Lun 16 Jan 2006 11:01    Sujet du message: Répondre en citant

Pour info et en attendant plus de news...je viens de voir par hasard un collège privé nommé Frantz FANON !! Placardé en grandes lettres sur la devanture...c'est une nouveauté ici !

Et je vais tacher de rencontrer le fondateur pour en discuter avec lui Smile
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Benny Da B'
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MessagePosté le: Lun 16 Jan 2006 11:01    Sujet du message: Répondre en citant

Pour info et en attendant plus de news...je viens de voir par hasard un collège privé nommé Frantz FANON à Abidjan!!

Placardé en grandes lettres sur la devanture...c'est une nouveauté ici !

Et je vais tacher de rencontrer le fondateur pour en discuter avec lui Smile
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Gnata
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MessagePosté le: Mar 17 Jan 2006 00:26    Sujet du message: Répondre en citant

Benny , tu es à Abidjan ? bah ! je pensais que tu vivais en France ?
ah oui , un collège Frantz Fanon ? c'est intéressant ca !
_________________
"Always be intolerant to ignorance but understanding of illiteracy (..)in those homely sayings (mother wit) was couched the collective wisdom of generations" I know why the caged bird sings, p99, Maya Angelou
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Benny Da B'
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MessagePosté le: Mar 17 Jan 2006 15:33    Sujet du message: Répondre en citant

gnata a écrit:
Benny , tu es à Abidjan ? bah ! je pensais que tu vivais en France ?
ah oui , un collège Frantz Fanon ? c'est intéressant ca !


Voué live from Baby Wink

La France j'connais très bien aussi Wink

Et oui encore un collège Frantz Fanon c'a ma troué...c'est vers marcory...j'vais essayer de me rencarder...
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