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L’Afrique répond à Sarkozy, contre le discours de Dakar
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Cika
Grioonaute régulier


Inscrit le: 13 Jan 2006
Messages: 382
Localisation: What else?

MessagePosté le: Mer 19 Mar 2008 22:21    Sujet du message: Répondre en citant

Matinda a écrit:
Cika a écrit:
Matinda a écrit:
Cika, j'aimerais savoir si pour toi on est Africain par la peau, le sol, la nationalité, ou le cœur ?


A toi de VOIR


Cette vidéo écœurante n'est pas une réponse, tu en fais une généralisation grossière ?

Pas envie de dévier du sujet, je viendrai plus tard vous livrer le compte-rendu de la conférence d'aujourd'hui, où Mme Tobner était aussi présente. Et où Paul Yange, directeur de la rédaction de Grioo, était modérateur des débats.



Ah bon, ta question ne généralisait elle donc pas? Wink
_________________
--->Certains Noirs ont peur et ils préfèrent s’inféoder aux Blancs. Il faut les dénoncer, il faut les combattre. Nous devons être fiers d’être Noirs.

Thomas Sankara.

--->Leur IGNORANCE constitue la première arme de ce maintien en esclavage. Un grand homme une fois déclara : "la meilleure façon de cacher quelque chose à un Noir est de la mettre dans un livre".

http://www.grioo.com/forum/viewtopic.php?t=8606
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Chabine
Super Posteur


Inscrit le: 02 Mar 2005
Messages: 3040

MessagePosté le: Jeu 20 Mar 2008 16:32    Sujet du message: Répondre en citant

Cika, il est temps de recadrer tes interventions, ton acharnement finit par faire dévier les échanges sur un sujet qui n'est pas l'objet du présent topic. Je te remercie donc, en tant que Modo, de bien vouloir te donner la peine d' ouvrir un topic dédié à la problématique (réelle, je ne le nie en aucun point) des intellectuels Afro qui courent épouser des femmes européennes, puisque c'est exclusivement de ça que tu parles.

Pour le reste je t'incite très fortement, si tu veux contribuer de façon CONSTRUCTIVE au présent topic, à mettre ta propre initiative en application, à savoir de citer des femmes africaines que tu juges aptes à participer à l'ouvrage dont il est question ici :
Cika a écrit:
Je ne comprend pas les exemples de femmes africaines que tu donne. Il n'y a donc pour toi aucune femme africaine valable et surtout faisant partie du carnet d'adresses de Gassama?

Et puis, pendant que tu cites des soeurs que tu disqualifies, moi je me dois d'en citer, qui méritent le qualificatif de "fanm poto mitan", de préférence douées d'objectivité, de rigueur et d'honnêteté et qui puissent elles aussi, répondre à Sarkozy ?

ARDIN t'a cité plusieurs noms d'intellectuels divers et variés qu'il a tous lus, il a donné des avis contrastés les concernant. Merci de faire de même concernant ces femmes africaines pour lesquelles tu appeles (avec raison) à davantage de respect, stp. Faute de quoi nous ne pourrons que considérer que tu discours dans le vide et non pas dans le concret. Tu n'es pas sans ignorer que nous vivons dans un monde dominé par les hommes, donc c'est à chacune de nous de faire le boulot. Puisque tu appeles à mettre en avant les qualités de la femme africaine, il ne tient qu'à toi d'y contribuer concrètement, soit en citant tes références, soit en retroussant tes manches toi-même. JUSTE FAIS-LE.

Cika a écrit:
Moi même, en tant que femme africaine, suis je donc dénuée d'objectivité, de rigueur et d'honnêteté puisque ne consentant pas à m'incliner devant celles de deux blanches, dont j'estime que le travail n'a pas sa place dans un livre qui s'intitule "L'Afrique répond à Sarkozy"?

Personne ne te dénie ta valeur, mais au lieu de te répandre ici en vain, tu gagnerais à attaquer la rédaction de ta propre réponse au discours de Dakar, ça nous ferait davantage avancer, tous ensemble Confused

Cika a écrit:
Dois- je absolument disserter sur l'aliénation supposée ou constatée de nos soeurs adulées et mises en avant par le blanc pour acquérir mes galons d'objectivité, de rigueur et d'honnêteté?

Et qu'en est il des femmes blanches mises en avant par l'homme noir?

HORS SUJET, tout comme le lien vers la vidéo que tu as postée précédemment. Lance un topic dédié à la question si tu le souhaites (je risque même d'y contribuer Twisted Evil ), mais pour ce qui est de ce topic, merci de recentrer tes interventions.

Merci Wink Arrow
_________________
"Le colonialisme et ses dérivés ne constituent pas à vrai dire les ennemis actuels de l'Afrique. À brève échéance ce continent sera libéré. Pour ma part plus je pénètre les cultures et les cercles politiques plus la certitude s'impose à moi que LE PLUS GRAND DANGER QUI MENACE L'AFRIQUE EST L'ABSENCE D'IDÉOLOGIE."
Cette Afrique à venir, Journal de bord de mission en Afrique occidentale, été 1960, Frantz Fanon, Pour la Révolution Africaine
2011, annee Frantz Fanon
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ARDIN
Super Posteur


Inscrit le: 22 Fév 2004
Messages: 1863
Localisation: UK

MessagePosté le: Jeu 20 Mar 2008 19:58    Sujet du message: Répondre en citant

Cika a écrit:
Je pense que tu n'as lu effectivement que les réponses qui m'ont été données, sans avoir lu mon post. Sinon, tu ne sous entendrais pas que je disqualifie Tobner et Maes Diop pour leur travail intellectuel.
Cika, tu as inscrit ton intervention dans un cadre geographique et racial qui ne me laisse aucun doute sur ton intention et ceci en depit du merite que tu reconnais a ces deux femmes, je te cite:
Citation:
Faut il rappeler que ce sont deux européennes? Je pense qu'il n'y a pas forcément matière à les féliciter plus spécialement que les femmes intellectuelles du continent, absentes de cet opus.

Elles ne sont pas noires et même par delà la plus grande objectivité dont elles sont capables, elles ne pourront jamais au grand jamais, prétendre répondre parfaitement en tant qu'africaines à nos préoccupations.

De plus, au delà du titre, L'Afrique répond à Sarkozy , je pense qu'il aurait été préférable que des femmes africaines se mobilisent pour figurer dans cette réponse, à la place de ces deux européennes.

Ma reponse s'inscrit dans un autre cadre, au dela de la geographie et de la race, je privilegie les criteres d'objectivite, de rigueur et d'honnetete.
Par contre, il faut considerer l'absence de femmes africaines/noires dans cet ouvrage comme le symptome d'un mal qu'on peut diagnostiquer et qui peut faire l'objet d'un topic entier du a la complexite du probleme.
Les femmes africaines/noires et le discours sur l'Afrique tel pourrait etre le titre du topic, nous pourront explorer les differents genres, notamment les essais, identifier les themes sur lesquels elles ecrivent. Nous en sortirons sans aucun doute edifies sur cette question.

Tu n'es pas sans ignorer que la lecture est un domaine qui j'affectionne, et l'essai, un genre que je privilegie. Etant donne que j'ai place la barre de mes exigences tres haut, tu me mettras en difficulte si tu me demandais par exemple, de te citer quelques noms de bonnes essayistes africaines/noires qui repondent aux criteres auxquels je suis attache. Je ne sous-estime pas le niveau intellectuel des femmes africaines, mais c'est une question de realite et de bon sens, il ne faut pas se voiler la face.
Ceci vaut aussi pour les hommes, j'ai tout simplement les memes exigences, tellement qu'on ecrit des absurdites sur l'Afrique. Ce ne sont pas les exemples qui manquent.
_________________
l'Hommage a Cheikh Anta Diop sur PER-ANKH
l'Hommage a Mongo Beti sur PER-ANKH
l'Hommage a Aime Cesaire sur PER-ANKH

LPC-U : CONSTRUIRE LE CONGO POUR L'UNITÉ DE L'AFRIQUE
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Mère Evé
Grioonaute


Inscrit le: 30 Mar 2006
Messages: 26

MessagePosté le: Mar 25 Mar 2008 22:12    Sujet du message: Répondre en citant

Comme promis, je reviens ici vous livrer le compte-rendu de la conférence de mercredi dernier dans un amphi du centre PMF de Paris I à Tolbiac.

Arrivée 30 minutes avant l'heure annoncée du début, la salle était déjà vraiment pleine.

C'est Gourmo Lô qui ouvre les débats, son entrée en matière est le fait qu'à la suite de ce discours il a ressenti une immense colère, une colère froide. Il explique que ce discours est bâti sur la question d'identité. On critique l'Africain non sur ce qu'il a fait mais sur ce qu'il "EST". Sarkozy reproche aux Africains d'être "trop portés sur la mémoire - comme on le serait sur la bouteille" alors que lui-même passe son temps à aller "déposer des fleurs à droite à gauche" dans des inaugurations, c'est pour Lô un discours frivole caractéristique d'une absence de vision, l'auteur conclut par le fait que "L'image de la France en Afrique est aujourd'hui paralysée par l'image de la politique française en Afrique".

Raharimanana (romancier malgache) prend la parole à son tour. Il déclare tout d'abord que la première fois qu'il a lu le discours il n'y a pas cru. Il n'a pas regardé l'auteur Nicolas Sarkozy, mais le Président de la République Française, et c'est dans ce contexte qu'il a trouvé le discours indigne. Il est revenu sur la question vocable, illustrant le fait qu'on a toujours décrit l'Afrique avec des mots d'aventure "aventure coloniale", "bâtir une civilisation", avec donc un décalage entre le discours français, la projection, et la réalité africaine. Tout appartient à l'Afrique dans ce travestissement, même les dettes coloniales. Le silence français travestit la réalité, jusqu'au génocide rwandais qu'on attribue aux Africains par leur nature et non à la politique ou l'économie, dans cette pratique d'ethnicisation des choses. Aujourd'hui, au fil de l'avancement de l'histoire, l'intelligentsia française se tait. La "bonne intention" de "l'universalisme français" est un discours possible parce qu'il y a un silence sur l'Histoire commune entre la France et l'Afrique) Ce silence assuré par la censure, les assassinats, les menaces qui mènent au découragement, c'est un faux silence. En Afrique on a vécu l'Histoire dans la chair des hommes, qui perdure jusqu'à aujourd'hui même dans la langue qu'on y parle. Cette culture coloniale est encore présente. Et même à Paris, on en voit encore les traces non masquées avec des rues et places Galliéni ou Faidherbe, une place du Trocadéro qui a reçu l'expo coloniale…

C'est ensuite Ibrahima Sall (ancien Ministre du Plan au Sénagal) qui a pris la parole. Il déclare qu'il est choqué par ce discours à la fois sur le plan politique et sur le plan protocolaire. Le Sénégal reçoit la France et le respect manque même dans le fait que Nicolas Sarkozy a biffé le nom de Cheikh Anta Diop en citant l'UCAD comme l'"Université de Dakar". C'est un discours inadmissible, médiocre, mal fait. Dans le contenu, le discours est ancien, foncièrement raciste, méprisant. Qu'est-ce que l'"âme noire" ? L'intervenant souligne que ce discours suscite la réaction parce que c'est le président de la République Française qui l'a tenu. Si ça avait été Rama Yade, personne n'aurait répondu.
Sall revient ensuite sur certains points, comme par exemple la "complicité" des Africains dans l'esclavage. Dans toute guerre, il y a toujours eu des intermédiaires, on recrutait les contremaitres parmi les victimes, on peut faire le parallèle avec la 2e guerre "mondiale", n'y avait-il pas les collabos ? Mais les victimes de l'esclavage ont été exclusivement des Africains, et c'est le système qui est condamnable. L'intention personnelle s'efface devant la stratégie politique, on parle de responsabilité historique, pour répondre à Sarkozy sur le fait que les fils ne peuvent être coupables des crimes de leurs pères. Le "crime universel" est abstrait, déclare Sall, en relevant la formule de Sarkozy déclarant que "les crimes contre les Africains étaient des crimes contre l'humanité" comme pour dire "cessez de le revendiquer" dans une stratégie de dilution des responsabilités. D'ailleurs, rappelle l'intervenant, c'est en contradiction avec l'entretien de la mémoire de la Shoah, et c'est d'ailleurs dans un dîner du CRIF que le président français a annoncé son idée de l'adoption de la mémoire d'un enfant victime par chaque enfant de CM2 en France.
Le président français imagine une "réciprocité" : "Les bêtises du colon ont été vengées par la haine du colonisé". Mais nulle part il n'évoquera les ancêtres de cette jeunesse africaine à laquelle il s'adresse qui sont venus en Europe mourir pour la France avec l'uniforme des tirailleurs…
Sall développe alors un autre point sur cette vision de l'Afrique hors de l'Histoire. Il voit comment Hegel a inspiré Guaino, dans cette description de l'"Histoire universelle" qui a un sens et une fin dans sa configuration géo-spaciale, une vision qu'il considère tout simplement comme une laïcisation de l'Histoire chrétienne.
L'intervenant conclut en déclarant qu'à son sens en chaque singularité il y a un barbare et un civilisé, l'universalité ne doit pas être dans l'être mais dans les relations.

Très discrètement assise au premier rang de l'auditorium - qui est plein, Odile Tobner. Elle n'était pas annoncée parmi les intervenants, mais le modérateur l'invite à venir prendre la parole.
Elle entame son intervention en rappelant que depuis le discours de De Brazza, le nom de De Gaulle est présent dans les rues de Ndjaména, Abidjan, Yaoundé… la fortune de Giscard d'Estaing s'est bâtie dans l'exploitation du bois centrafricain avec la FOCO… C'est la chute du mur de Berlin qui a changé la politique africaine de la France, et non le discours de Mitterrand à La Baule. En effet, avec la disparition du parti unique en URSS on ne pouvait plus le laisser officiellement exister en Afrique, c'est ainsi que la nouvelle étape a été la démocratie avec trucage des élections…

Les échanges avec le public de l'amphi ont été intéressants aussi, mais je crois que j'ai été assez longue pour vous donner une idée, n'est-ce pas ? Il ne reste qu'à se procurer le livre pour en savoir plus, je vous ferai part des prochaines conférences si je les connais à l'avance…
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Mère Evé
Grioonaute


Inscrit le: 30 Mar 2006
Messages: 26

MessagePosté le: Mer 09 Avr 2008 10:59    Sujet du message: Répondre en citant

Comme promis, je viens donner des news.

Pas de dates fermes encore pour les prochaines conférences en Facs des auteurs de l'ouvrage, mais des prévision à la Sorbonne à nouveau, Toulouse et Aix-en-Provence.

En attendant, pour poursuivre sur ce livre dont je recommande la lecture au-delà de l'aspect réponse à l'injure de Dakar, voici une manifestation dont je viens d'avoir l'info :




Africabezons 2008

jeudi 10 avril à 20h
débat-citoyen
« Quel apport de l’Afrique dans l’avenir du monde ? »
avec Gilles MANCERON historien, rédacteur en chef de la revue de la LIGUE DES DROITS DE L’HOMME, et Théophile OBENGA, historien, égyptologue, professeur à l’université de San Francisco.


vendredi 11 avril à 20h30
ciné-débat
« Question à la terre natale » de Semba Félix NDIAYE
« Quand le soleil fait tomber les moineaux » de Hassan LEGZOULI. Le débat sera animé par Madame Decaster de l’AFASPA et du réalisateur Hassan Legzouli.


samedi 12 avril
A partir de 10h
Marché africain

De 10h à 23h
Plus de 25 stands d’associations, d’artisans, vous proposeront expositions, produits artisanaux, dégustation, alimentation, livres etc
Rencontre apéritive

De 11h à 12h
Contes africains pour
les familles

De 14h à 15h
Défilé

De 16h-17h
- Défilé coiffures africaines, robes marocaines, animé par un groupe musical marocain,
- Débat-rencontre

De 17h - 18h
- « Relations France Afrique : rupture ou pas rupture ? » Intervenants : Odile Biyidi présidente de l’association Survie France et Kofi Yamgnane ancien ministre.
- Variétés et danses traditionnelles africaines

18h30
Avec : Togo Tempo (Togo), Akepesse (Togo), Danses Zaouli par Kaaputcheva (Côte d’Ivoire).


ADRESSE : Espace Aragon, 44 rue Francis-de-Pressencé – Bezons.
Bus 161 au départ de La Défense, arrêt Edouard Vaillant.



Des signatures de "L'Afrique répond à Sarkozy" auront lieu, ainsi que la vente de l'ouvrage.[/b]
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Chabine
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Messages: 3040

MessagePosté le: Mar 29 Avr 2008 16:34    Sujet du message: Répondre en citant

Le livre (comme BEAUCOUP D'AUTRES, notamment ceux de notre poète national Evil or Very Mad ) n'est toujours pas disponible en Martinique Mad

En attendant, une analyse intéressante, mettant en perspective le discours de Dakar du nabot avec le Discours sur le colonialisme d'Aimé Césaire.

Je vous reproduis l'article mais ça vaut le coup d'aller sur le site, il y a de bonnes illustrations et des vidéos Wink

http://www.relectures.org/spip.php?article8

15 février 2008

Aimé Césaire
« Discours sur le colonialisme »


Jamais l’homme européen ne s’élance vers l’avenir



Si, comme le dit l’expression proverbiale, « ce sont les vainqueurs qui écrivent l’Histoire », il faut se demander qui sont les véritables vainqueurs de la décolonisation : les peuples colonisés qui se sont libérés du joug de l’oppresseur ? ou bien les anciens colonisateurs qui se libèrent enfin aujourd’hui de la part d’ombre de leur propre histoire ? Admettons que le colonialisme comporte au moins quatre moments : 1. Je viens chez toi. 2. Je prends tout ce qui est à toi. 3. Ce que je n’ai pas pu prendre, je le détruis. 4. Je revendique enfin la légitimité à raconter la seule version "raisonnable" de ce j’ai fait. C’est à la critique de ce quatrième moment que peut désormais nous aider une relecture du « Discours sur le colonialisme » d’Aimé Césaire.

On a beaucoup commenté la tirade sur « l’homme africain » de N. Sarkozy. Comme si une ligne rouge avait été franchie. Il n’est pas certain que ce soit le cas, ce verbiage décomplexé ayant tout d’une stratégie d’officialisation d’un discours dominant déjà installé depuis fort longtemps. Le temps de la prudence exigé par nos pensées critiques, ce flux verbal le met à profit pour avancer ses pions grossiers. Flux verbal aussi vertigineux et irréfléchi [1] que le vomi télévisé, se déversant à une vitesse telle qu’on hésite à l’interrompre pour le commenter et le critiquer. En voici un exemple : le 29 novembre dernier, Patrick Poivre d’Arvor s’entretient avec le Président de la République. L’une de ses questions aborde la polémique lancée par un ministre algérien, qui a déclaré que N. Sarkozy était le président du “lobby juif”. On s’en indigne à juste titre. Mais dans la même question, le journaliste, l’air de rien, a judicieusement placé une petite formule terroriste : il évoque « la repentance contre les crimes du colonialisme entre guillemets ». Tout ce qu’il faut détruire tient dans cette formule.


D’abord : comme le révèle une écoute attentive, le mot “repentance” n’est pas simplement énoncé mais chanté par PPDA. Façon de signifier sans le dire : « gna gna gna ... la repentance ... toujours la même rengaine... ». Mais le plus important, c’est la formule « les crimes du colonialisme entre guillemets », accompagné d’un geste mimant lesdits guillemets (comme en témoigne la photo ci-dessus). Tant de signes empilés en quatre secondes : difficile de faire plus explicite. Arrêtons un moment le flot d’images, et posons la question : que viennent faire ici ces guillemets ? Que nous disent-ils de nouveau sur le colonialisme ? Nous ouvrons le dictionnaire, et nous trouvons la définition des guillemets : ils signifient “prétendu”, “soi-disant”. Clarifiée, la phrase du journaliste signifie donc proprement « les crimes du soi-disant colonialisme ». A peine avons-nous le temps de ressentir une juste stupeur, que déjà le Président a répondu, non sur cette question, moins encore sur sa formulation, mais sur l’affaire du “lobby juif”. Terminé, séquence close, question suivante. Mais le malaise demeure : la question visant à condamner la légèreté contre l’antisémitisme était en fait une question révisionniste. Voilà où nous a mené la tentative de hiérarchiser les crimes contre l’humanité : qu’un seul génocide de l’histoire humaine soit doté d’un statut absolument singulier implique un étrange équilibre dans lequel un seul révisionnisme est véritablement condamnable.


S’accorder sur ce qu’est le colonialisme,
c’est aussi s’accorder sur ce qu’il n’est pas.



« L’Europe est indéfendable. » Ces trois mots, qui ouvrent le Discours sur le colonialisme d’Aimé Césaire, sont un poison dangereux pour les scribes du pouvoir. Car nous savons maintenant que le dernier moment de la colonisation consiste à coloniser l’Histoire du colonialisme. Même lorsque les colons seront partis, tout restera à faire. Car la colonisation n’est pas un phénomène singulier, un accident regrettable de la noble histoire occidentale, elle est la conséquence d’un régime politique précis : le capitalisme. Et tant que ce régime sera debout, jamais il ne pourra raconter la véritable histoire du colonialisme, car il se condamnerait du même coup. Entendus avec ce préalable, les propos révisionnistes de N. Sarkozy [2] prennent tout à coup une teneur plus naturelle, car ils se trouvent légitimités par le cœur de son projet politique : « Le rêve européen... qui fut le rêve de Bonaparte en Egypte, de Napoléon III en Algérie, de Lyautey au Maroc... ne fut pas tant un rêve de conquête qu’un rêve de civilisation. Cessons de noircir le passé de la France... Je veux le dire à tous les adeptes de la repentance... : de quel droit demandez-vous aux fils de se repentir des fautes de leurs pères, que souvent leurs pères n’ont commises que dans votre imagination ? »

Ce qui est intéressant dans ce propos, c’est sa nature : il s’agit d’un discours comptable. Son but est d’en arriver sous peu à un solde de tout compte qui établira que les colonisés ont perdu ceci mais qu’ils ont gagné cela, tandis que les colonisateurs ont gagné ici, mais ils ont perdu là. Et qu’une fois remplies les deux colonnes "dépenses" et "recettes", le bilan, finalement, s’équilibre. Bien sur, toute cette logique relève du pur contresens. Mais derrière les contresens, il y a toujours une politique. La pensée dominante veut bien admettre que la colonisation fut un mal, à la seule condition qu’on lui accorde en échange qu’elle fut aussi un bien. Elle vous accorde qu’il y a eu colonialisme, mais en échange vous lui concédez les guillemets autour du mot. C’est-à-dire qu’elle ne vous accorde rien du tout, qu’elle ne veut rien reconnaître, rien admettre, au contraire : elle veut tout avoir, et ne rien payer. Elle ne pense pas, la “pensée” dominante, elle calcule, elle investit, elle fait des affaires.

Splendeur et misère de la pensée comptable
Un petit commerce au 37 rue Proudhon, Paris XII [3]


A l’inverse, le Discours sur le colonialisme qui est un Discours de la méthode nous dit précisément et sans détour : « l’essentiel est ici de voir clair, de penser clair, entendre dangereusement, de répondre clair à l’innocente question initiale : qu’est-ce en son principe que la colonisation ? De convenir de ce qu’elle n’est point ; ni évangélisation, ni entreprise philanthropique, ni volonté de reculer les frontières de l’ignorance, de la maladie, de la tyrannie, ni élargissement de Dieu, ni extension du Droit ; d’admettre une fois pour toutes, sans volonté de broncher aux conséquences, que le geste décisif est ici de l’aventurier et du pirate, de l’épicier en grand et de l’armateur, du chercheur d’or et du marchand, de l’appétit et de la force, avec, derrière, l’ombre portée, maléfique, d’une forme de civilisation qui, à un moment de son histoire, se constate obligée, de façon interne, d’étendre à l’échelle mondiale la concurrence de ses économies antagonistes. » (p. 9)

La précision avec laquelle Aimé Césaire pose les questions et refuse d’amputer les réponses implique une mise en demeure plus radicale : pourquoi la philosophie, qui a dépensé tant d’énergie à s’interroger sur l’essence-du-déploiement-de-la-clameur-ontologique, ne s’est-elle pas accordée cinq minutes, voire même cinq secondes, cinq mots pour poser la question : « qu’est-ce que le colonialisme ? » Déjà Paul Nizan, que notre génération redécouvre avec bonheur, se demandait si les jeunes gens qui débutent dans la philosophie se contenteraient encore longtemps de travailler contre les hommes. Il ajoutait que le temps était venu de comprendre que certaines philosophies sont salutaires tandis que d’autres sont mortelles, qu’il faut enfin se décider à classer autrement les philosophes qu’avec les lumières de l’intelligence : « il y a des penseurs qui s’accommodent de l’esclavage présent de la plus grande partie de l’humanité, et il y a déjà quelques hommes qui n’aimant pas cet esclavage entreprennent contre lui et contre ses défenseurs une offensive théorique. Le lutte fut toujours entre ces deux sortes de gens. » [4] Aimé Césaire semble lui répondre lorsqu’il déclare : « Chose significative : ce n’est pas par la tête que les civilisations pourrissent. C’est d’abord par le cœur. » (p. 31) La philosophie ne s’est pas contentée d’être silencieuse sur la réalité du colonialisme, elle en a été complice car son silence n’a été que partiel et stratégique : quand le colonialisme a eu besoin d’elle pour agir impunément, la philosophie a répondu : « Présente ! ».

Pour Aimé Césaire, c’est le plus grave : « l’Europe est moralement, spirituellement indéfendable », et il a suffi des 74 pages pour mettre en procès toute la philosophie européenne [5]. Nous savions — nous pensions savoir quelque chose. Après avoir lu le « Discours sur le colonialisme », nous voici brutalement revenus au point de départ : nous autres, européens, nous ne savons plus rien, — et si notre philosophie a eu un jour la chance de « savoir qu’elle ne savait rien » (Socrate), même cela, elle l’a tragiquement oublié. Comment la philosophie a-t-elle donc assuré son soutien (son « soutien logistique » comme on dit aujourd’hui) à la conquête coloniale ? Tout simplement en réduisant le problème à des abstractions, en allégeant, par l’alchimie miraculeuse de l’essentialisation le réel de tout son poids de souffrance, de torture, de spoliation et de crime : une vraie boucherie, je vous dépèce la substance, et je vous vends mon "essence" : pas de nerfs, pas de gras, que du bonheur pour vos papilles, comme au Fouquet’s ! « Et voici la saisissante unité de tout cela, » accuse Césaire, « la persévérante tentative bourgeoise de ramener les problèmes les plus humains à des notions confortables et creuses : l’idée du complexe de dépendance chez Mannoni, l’idée ontologique chez le R.P. Tempels, l’idée de “tropicalité” chez Gourou. Que devient la Banque d’Indochine dans tout cela ? Et la Banque de Madagascar ? Et la chicote ? et l’impôt ? et la poignée de riz au Malgache ou au nhaqué ? Et ces martyrs ? Et ces innocents assassinés ? Et cet argent sanglant qui s’amasse dans vos coffres, messieurs ? Volatilisés ! Disparus, confondus, méconnaissables au royaume des pâles ratiocinations. » (p. 51)


La pensée commence justement au moment
où elle dit « Non » à la résignation logique.



Combien ce Discours nous parle aujourd’hui, et avec quelle précision il nous dit l’essentiel, le préambule humain à toute pensée : aucune raison logique, aucun argument intellectuel, aucune construction philosophique, ne sauraient légitimer la violence ni l’exploitation. Il ne faut pas s’en laisser conter. On peut expliquer sur tous les tons que le libéralisme est un bien, démontrer par mille axiomes indiscutables que la pauvreté est un mal nécessaire, disserter avec Kant sur l’illégitimité du droit de révolte, parler de liberté plus ou moins étendue avec John Rawls : la pensée commence justement au moment où elle dit « Non » à la résignation logique. Aimé Césaire nous enjoint à ne pas nous y tromper, quand nous serions impressionnés par la tactique qui consiste à légitimer le pire par les jeux de l’esprit : « Donc, camarade, te seront ennemis — de manière haute, lucide et conséquente — non seulement gouverneurs sadiques et préfets tortionnaires, non seulement colons flagellants et banquiers goulus, non seulement macrotteurs politiciens lèche-chèques et magistrats aux ordres, mais pareillement et au même titre, journalistes fielleux, académiciens goîtreux endollardés de sottises, ethnographes métaphysiciens et dogonneux, théologiens farfelus et belges, intellectuels jaspineux, sortis tout puants de la cuisse de Nietzsche (...) et d’une manière générale, tous ceux qui, jouant leur rôle dans la sordide division du travail pour la défense de la société occidentale et bourgeoise, tentent de manière diverse et par diversion infâme de désagréger les forces du Progrès — quitte à nier la possibilité même du Progrès — tous suppôts du capitalisme, tous tenants déclarés ou honteux du colonialisme pillard, tous responsables, tous négriers, tous redevables désormais de l’agressivité révolutionnaire. » (p. 3Cool

Ce qui signifie sans détour que la colonisation forme un tout, l’accaparement territorial n’en étant qu’une partie. On peut coloniser un pays, une famille, une amitié, un enfant [6], un amour, une musique (le jazz...), et même sa propre grandeur historique (F. Furet...) Et qu’à confondre la partie et le tout, on s’expose à un retour brutal de la terreur : car la colonisation est aussi un processus philosophique, une pratique conceptuelle, une action intellectuelle. Le philosophe ne se contente pas seulement d’escorter le banquier derrière un bouclier de justifications logiques. Là où il distille son poison, le sténographe de l’ordre [7] veut aussi subtiliser l’antidote et enseigner l’autocensure à la pensée. En voici un exemple célèbre : parmi les grandes questions qui se sont posées à notre temps, il en est une qui fut déclinée sur tous les modes : comment peut-on écrire un poème après Auschwitz, comment peut-on écouter de la musique, comment peut-on penser après Auschwitz ? « Après Auschwitz, toute culture est ordure » disait Adorno. Voilà bien l’écueil du concept de singularité absolue. Car la véritable question, celle de la conscience humaine qui se dresse devant la barbarie, ne devrait pas être : « comment peut-on encore faire de la philosophie après Auschwitz ? », mais bien plutôt : « comment a-t-on pu philosopher avant Auschwitz ? » Comment a-t-on pu construire une pensée, une culture, une science politique qui n’ont pas empêché le pire — mais l’ont peut-être même encouragé ?

Aimé Césaire nous démontre que la barbarie nazie ne fut pas un accident de l’histoire, un trou noir de la civilisation occidentale, elle ne fut pas le point de rupture à partir duquel toutes nos catégories d’entendement cessent d’opérer. C’est absolument le contraire : la barbarie nazie fut la conséquence logique d’une démission antérieure de la pensée qui s’accommodait de l’exploitation de l’homme par l’homme, qui la plaçait parfois même au fondement de son projet de civilisation. « Oui, il vaudrait la peine d’étudier, cliniquement, dans le détail, les démarches d’Hitler et de l’hitlérisme et de révéler au très distingué, très humaniste, très chrétien bourgeois du XXème siècle qu’il porte en lui un Hitler qui s’ignore, qu’Hitler l’habite, qu’Hitler est son démon, que s’il le vitupère, c’est par manque de logique, et qu’au fond, ce qu’il ne pardonne pas à Hitler, ce n’est pas le crime en soi, le crime contre l’homme, ce n’est pas l’humiliation de l’homme en soi, c’est le crime contre l’homme blanc, c’est l’humiliation de l’homme blanc, et d’avoir appliqué à l’Europe des procédés colonialistes dont ne relevaient jusqu’ici que les Arabes d’Algérie, les coolies de l’Inde et les nègres d’Afrique. » (p. 13)

Tristes tropiques
Montage réalisé d’après une BD originale de 1948 [8]


Le fait même que nous nous soyons aujourd’hui accommodés de l’expression « la barbarie nazie » en dit long, d’ailleurs, sur notre autocomplaisance. Nous ne voulons pas penser le nazisme comme notre maladie : bien au contraire, nous préférons le penser comme une barbarie, comme quelque chose qui nous est, en fin de compte, parfaitement étranger. Quelque tribu primitive de barbares - les nazis - aurait ainsi envahi l’Europe en plein XXème siècle, défiant nos éternelles lumières, mettant notre raison à l’épreuve face à l’innommable. Les a-t-on d’ailleurs assez entendus, ces mots : l’innommable, l’impensable, l’indicible, l’inconcevable... comme si le fait de rejeter la catastrophe passée hors de la raison était un témoignage de piété devant son ampleur. Notre pensée n’a pas su prévenir le pire ? Qu’elle se rachète au moins en se refusant à le concevoir ensuite ! Non, mille fois non, nous dit Aimé Césaire devant cette conception de l’histoire qui ne fait que reproduire la démission antérieure, préparant les catastrophes futures : « J’ai beaucoup parlé d’Hitler. C’est qu’il le mérite : il permet de voir gros et de saisir que la société capitaliste, à son stade actuel, est incapable de fonder un droit des gens, comme elle s’avère impuissante à fonder une morale individuelle. (...) Au bout du capitalisme, désireux de se survivre, il y a Hitler. Au bout de l’humanisme formel et du renoncement philosophique, il y a Hitler. » Aucune injonction à ne pas penser n’est légitime, aucune ne sera jamais recevable, même face au pire. Les tyrans de "l’impensable" ne font que préparer le retour de l’impensable. Tandis que le défi jeté à notre conscience par la catastrophe nous met en face de notre responsabilité critique et nous donne un début de réponse à la question "qu’appelle-t-on penser ?" (Réponse qui est, on s’en doute, aux antipodes de celle laborieusement énoncée par le philosophe nazi Martin Heidegger.) Penser, cela pourrait être révéler la dignité de l’homme et élaborer la société qui rende cette dignité possible.

Si au contraire, nous voulons barrer de notre horizon la possibilité d’une société fondée sur la justice sociale, si nous nous accommodons “du monde tel qu’il est et que par définition nous ne pouvons pas changer” [9], si nous nous berçons dans l’illusion rassurante “qu’il n’y a pas d’alternative” [10], si nous vénérons le mot "irréversible" pour nous dédouaner de ne pas remettre en cause l’ordre dans lequel nous vivons, si nous taxons d’extrémiste et de déraisonnable toute contestation franche de l’ordre dominant, nous sommes alors pleinement responsables de nos résignations, puisque la logique murmure aussi à qui veut l’entendre que l’irréversible n’existe que pour une pensée qui se refuse d’avance à essayer de le renverser. Il en est même l’opportune justification. Et un matin, l’irréversible est devant notre porte : « et alors, un beau jour, la bourgeoisie est réveillée par un formidable choc en retour : les gestapos s’affairent, les prisons s’emplissent, les tortionnaires inventent, raffinent, discutent autour des chevalets. » (p. 12)

Tel un prélude nécessaire aux années 1980, un discours officieux s’est installé il y a une trentaine d’années, dans lequel il n’est pas illégitime de voir l’amorce des arguments qui condamnent aujourd’hui d’avance toute pensée politique critique : « le travail théorique, sacralisé en 1970-1975 comme la clé d’une transformation possible du monde, est montré du doigt dès 1976-1977 comme la source de tous les désastres du XXème siècle. Quelques jeunes intellectuels prêchent désormais contre la pensée elle-même, accusée d’avoir tout fomenté, c’est l’activité critique qui a produit les camps soviétiques, la philosophie depuis Hegel qui ne pouvait qu’engendrer miradors et barbelés. » [11] On peut confondre cette condamnation hargneuse de la pensée critique avec la philosophie démissionnaire que nous dénoncions tout à l’heure. Ce serait là d’une justiciable mauvaise foi. Ceux qui entretiennent cette confusion nous exposent au pire. Selon eux, notre radicalisme nous fait démesurément tout exagérer (tandis que les guillemets de PPDA sont à l’évidence un modèle de pensée modérée...). Mais peut-être ce radicalisme atteste tout simplement que nous avons lu correctement ce Discours sur le colonialisme, dans lequel, en 1950, Aimé Césaire exagérait déjà : « Et alors, je le demande : qu’a-t-elle fait d’autre, l’Europe bourgeoise ? Elle a sapé les civilisations, détruit les patries, ruiné les nationalités, extirpé “la racine de diversité”. Plus de digue. Plus de boulevard. L’heure est arrivée du Barbare. Du Barbare moderne. L’heure américaine. Violence, démesure, gaspillage, mercantilisme, bluff, grégarisme, la bêtise, la vulgarité, le désordre. »

Gilles D'Elia


Notes :

[1] « le drame du XXème siècle est né de l’absence de Dieu » déclarait hier encore le petit homme... Cf. Le commentaire malicieux de Paul Moreira.

[2] Ces mots ont été prononcés lors d’un discours à Toulon le 7 février 2007. La vidéo du discours, ainsi que sa retranscription peuvent être consultés sur le site Anticolonial.net

[3] Photo © Blog Bel-Air Sud, reproduite avec l’aimable autorisation de l’auteur.

[4] Paul Nizan, « Notes-programme sur la philosophie » , in « Bifur » (n°7Cool. Ce texte a également été reproduit dans le recueil « Paul Nizan, intellectuel communiste », volume II, Petite collection Maspero.

[5] Les 161 pages de l’essai de Dionys Mascolo « Haine de la philosophie » y réussissent également fort bien. Nous y reviendrons lors d’une prochaine relecture.

[6] Il existe à ce sujet un très beau livre de Gérard Mendel intitulé « Pour décoloniser l’enfant » .

[7] L’expression est de Serge Halimi.

[8] La bande dessinée originale peut être consultée ici.

[9] L’expression est de Jean-Marie Cavada. Ou bien de François Furet ? peu importe.

[10] L’expression est de Margaret Thatcher

[11] cf. François Cusset - « La décennie, le cauchemar des années 80 » (p. 26). Editions La Découverte.

_________________
"Le colonialisme et ses dérivés ne constituent pas à vrai dire les ennemis actuels de l'Afrique. À brève échéance ce continent sera libéré. Pour ma part plus je pénètre les cultures et les cercles politiques plus la certitude s'impose à moi que LE PLUS GRAND DANGER QUI MENACE L'AFRIQUE EST L'ABSENCE D'IDÉOLOGIE."
Cette Afrique à venir, Journal de bord de mission en Afrique occidentale, été 1960, Frantz Fanon, Pour la Révolution Africaine
2011, annee Frantz Fanon
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Mère Evé
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MessagePosté le: Lun 12 Mai 2008 12:13    Sujet du message: Répondre en citant

Chabine, j'espère que le livre est enfin arrivé dans votre ile, d'autant qu'il va bien au-delà de son titre et qu'il s'inscrit dans l'Histoire…

Pour les franciliens, voici une nouvelle occasion d'en savoir plus :

L'Afrique répond à Sarkozy

CONFERENCE – DEBAT
A la librairie Folies d’encre, Saint-Denis
22, Rue Jean Jaurès 93200 Saint Denis
Métro : Ligne 13 – Station Saint Denis basilique

Mardi 13 mai 2008 de 19h30 à 21h
Avec trois co-auteurs du livre


Boubacar Boris Diop, écrivain, auteur de plusieurs ouvrages dont « l’Afrique au-delà du miroir » Ed. Ph. Rey ou « Négrophobie » Ed Les arènes co-écrit avec Odile Tobner et François-Xavier Verschave.

Odile Tobner, Professeur agrégé de lettres, épouse de l’écrivain Mongo Beti. Auteur de « Du racisme français » Ed Les arènes, « Dictionnaire de la négritude » Ed l’Harmattan.

Mme Louise-Marie Maes-Diop (veuve de Cheikh Anta Diop), géographe, auteur de "Afrique, Démographie, Sol et Histoire", Editions Khepera - Présence Africaine.
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Mère Evé
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MessagePosté le: Mar 20 Mai 2008 13:34    Sujet du message: Répondre en citant

J'ai été très émue de rencontrer et échanger quelques mots avec Mme Diop-Maes, cette dame est d'une humilité et d'une discrétion incroyables, et cependant ses propos à propos du discours de Dakar étaient tranchants comme des lames de rasoir !

Cette fois, bonne nouvelles, un moyen accessible à tous d'en savoir plus sur le contenu de ce livre "L'Afrique répond à Sarkozy - contre le discours de Dakar" :

Citation:
Deux auteurs du Livre "L'Afrique répond à Sarkozy" ont débattu à la Télévision française à Paris avec deux responsables politiques français.

Il s'agit de El Hadj Ibrahima Sall, ancien ministre du plan et de la coopération du Sénégal et Gourmo Abdoul Lô, Professeur de droit à l'Université du Havre face à Dominique Paillé, conseiller de Nicolas Sarkozy, Porte parole de l'UMP et George PAU-LANGEVIN député PS de Paris.

L'émission de la chaine de France Télévison - France Ô (ancien RFO) s'intitule "Toutes Les France" et le thème du débat est l'image de la France en Afrique ; "Attirance ou répulsion".

Bien entendu le livre "l'Afrique répond à Sarkozy" à servi de support au débat.

L'émission a été enregistrée ce lundi 19 mai et sera diffusée pour la première fois Mardi 20 mai 2008 à 20h30 GMT (22h30 Heure française), et rediffusée le lendemain mercredi 21 mai, à 10h00 GMT (12h00 heure française),sur la chaine France Ô (canal 20 de la TNT).

L'émission sera visible sur le site internet de France Ô à partir de vendredi 23 mai à l'adresse http://www.franceo.rfo.fr <http> .
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Mère Evé
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MessagePosté le: Lun 26 Mai 2008 20:49    Sujet du message: Répondre en citant

Le Forum ResPublica
Vous invite à la conférence-débat

Le samedi 31 Mai à Partir de 14H
ENTRÉE GRATUITE

Sur le thème : L' apport de l'Afrique dans l'avenir du Monde
INVITÉ


Le Pr Théophile OBENGA

Professeur de langue égyptienne, de linguistique comparée et d‚histoire culturelle ancienne. Il enseigne dans plusieurs universités en Afrique et aux U.S.A.
Auteurs de nombreux ouvrages, il est également directeur d‚ANKH, Revue d‚Egypthologie et des Civilisations africaines.
M. Obenga a publié en 2007 aux éditions Ccinia Communication, un ouvrage intitulé « Appel à la jeunesse africaine ».
Il a aussi contribué à la rédaction du livre collectif « l‚Afrique répond à Sarkozy ˆ Contre le discours de Dakar », paru en Février 2008 aux éditions Philippe Rey.



Lieu : A l‚AGECA, 177 rue de Charonne 75011 Paris
Accès : Métro : Ligne 2, Station Alexandre Dumas

VENEZ NOMBREUX PARTICIPER AUX DEBATS

Une séance de dédicace sera organisée à l‚issue de la conférence : L'intégralité des droits du livre « L‚Afrique répond à Sarkozy » est reversée à la bibliothèque de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar.



Le CROS
Comité de Réflexion, d'Organisation et de Suivi du Forum Respublica

Pour plus d'informations : email: contact@respublica-senegal.org site Web: www.respublica-senegal.org <http> Infoline: 06 85 41 81 55
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ARDIN
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MessagePosté le: Mar 27 Mai 2008 16:16    Sujet du message: Répondre en citant

Apres relecture, j'avoue pour ma part que ce livre est l'unique oeuvre commune de grande portee produite par des intellectuels africains.
Dans le cadre des rapports Colons-Colonises, il clot definitivement le debat. Et mon voeu, serait que cette experience se renouvelle sur des questions d'orientation generale comme le Panafricanisme, suffisamment theorise, mais jamais vulgarise a la mesure de ses objectifs.
Les Congres des ecrivains et artistes africains auraient pu debouche sur cette issue, mais il n'est jamais trop tard pour rectifier le tir.
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l'Hommage a Cheikh Anta Diop sur PER-ANKH
l'Hommage a Mongo Beti sur PER-ANKH
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Mère Evé
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MessagePosté le: Mar 27 Mai 2008 16:41    Sujet du message: Répondre en citant

Je suis d'accord avec toi, Ardin. Ce livre sera j'espère un jour étudié en classe pour comprendre ces relations biaisées par l'Histoire et l'impérialisme français.

Ce qui fait très plaisir, c'est que malgré la chape de silence des médias français (peut-être aussi grâce à leur veto), les ventes continuent et grimpent !
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Mayombe82
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MessagePosté le: Dim 08 Juin 2008 00:42    Sujet du message: Répondre en citant

Matinda a écrit:
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M. Obenga a publié en 2007 aux éditions Ccinia Communication, un ouvrage intitulé « Appel à la jeunesse africaine ».
Il a aussi contribué à la rédaction du livre collectif « l‚Afrique répond à Sarkozy ˆ Contre le discours de Dakar », paru en Février 2008 aux éditions Philippe Rey.



Lieu : A l‚AGECA, 177 rue de Charonne 75011 Paris
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VENEZ NOMBREUX PARTICIPER AUX DEBATS

Une séance de dédicace sera organisée à l‚issue de la conférence : L'intégralité des droits du livre « L‚Afrique répond à Sarkozy » est reversée à la bibliothèque de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar.



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Pour plus d'informations : email: contact@respublica-senegal.org site Web: www.re

spublica-senegal.org <http> Infoline: 06 85 41 81 55


Salute la familia,

J’y étais à cette conf. Et même si j’ai trouvé le Pr. Fatigué (peut-être par son voyage depuis les US ?), il a captivé l’attention de toute la salle par ses explications, ses réponses et surtout par sa manière de faire participer l’assistance en posant des questions, testant nos connaissances sur notre continent, avec la fameuse carte numéro 4, celle des ressources minières du continent, la carte que « les dirigeants du monde entier ont dans la tête, sauf nous-mêmes ! ».
Dans la même lignée que ce qu’évoque Ardin dans son dernier post, il a rappelé qu’il avait été laissé seul en 1ère ligne pour répondre à cet ouvrage, Afrocentrismes: l’Histoire des Africains entre Egypte et Amérique (livre collectif avec Chrétien, Fauvelle-Aymar etc.). Ouvrage ulcérant qui l’avait poussé à son tour à répondre par Le sens de la lutte contre l’africanisme eurocentrisme (l’Harmattan). « Cette fois ci au moins, je ne suis pas seul. Nous sommes nombreux à répondre ! »
J’ai vraiment apprécié cette conférence.
Une sœur martiniquaise a aussi captivé l’attention par ses remarques et questions judicieuses, c’était très bien joué de sa part.
@+, M82
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Tambola na mokili, o mona mayandzi
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Bahia
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MessagePosté le: Dim 15 Juin 2008 08:51    Sujet du message: "L'Afrique répond à Sarkozy" sur Sud Plateau TV Répondre en citant

Rencontre avec deux des 23 auteurs de cet ouvrage, rencontre qui s'est tenue le 13 mai dernier à St-Denis, à la Librairie Folies d'encre.

Il s'agit de Boubacar Boris Diop et de Louise-Marie Maes Diop, veuve de
Cheikh Anta Diop.

Durée : 1 heure et 18 mn.

http://sudplateau-tv.com/
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OGOTEMMELI
Super Posteur


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MessagePosté le: Mer 18 Juin 2008 09:53    Sujet du message: Répondre en citant

Cika a écrit:
Je ne comprend pas les exemples de femmes africaines que tu donne. Il n'y a donc pour toi aucune femme africaine valable et surtout faisant partie du carnet d'adresses de Gassama?

Pour la forme, mais seulement pour la forme, car je réprouve ta position dans cette affaire (et l'ai déjà indiqué), il faudrait ajouter le nom de :

ADAMA SOW DIEYE au nombre des intervenantes dans l'Afrique répond à Sarkozy. Elle est née à Rufisque en 1954 et enseigne à l'UCAD. Son texte s'intitule tout simplement CONSTERNATION (pp.441-450)...

Cela suffit-il à démontrer que la démarche de Gassama n'avait rien à voir avec quelque misogynie dermique Rolling Eyes Rolling Eyes Rolling Eyes ???
_________________
http://www.afrocentricite.com/
Umoja Ni Nguvu !!!

Les Panafricanistes doivent s'unir, ou périr...
comme Um Nyobè,
comme Patrice Lumumba,
comme Walter Rodney,
comme Amilcar Cabral,
comme Thomas Sankara,
Et tant de leurs valeureux Ancêtres, souvent trop seuls au front...
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Adina
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Messages: 341

MessagePosté le: Mer 18 Juin 2008 14:18    Sujet du message: Répondre en citant

OGOTEMMELI a écrit:
Cika a écrit:
Je ne comprend pas les exemples de femmes africaines que tu donne. Il n'y a donc pour toi aucune femme africaine valable et surtout faisant partie du carnet d'adresses de Gassama?

Pour la forme, mais seulement pour la forme, car je réprouve ta position dans cette affaire (et l'ai déjà indiqué), il faudrait ajouter le nom de :

ADAMA SOW DIEYE au nombre des intervenantes dans l'Afrique répond à Sarkozy. Elle est née à Rufisque en 1954 et enseigne à l'UCAD. Son texte s'intitule tout simplement CONSTERNATION (pp.441-450)...

Cela suffit-il à démontrer que la démarche de Gassama n'avait rien à voir avec quelque misogynie dermique Rolling Eyes Rolling Eyes Rolling Eyes ???


Frère Ogo, tu conviendras que ADAMA étant généralement masculin, ce fait ait échappé au plus grand nombre, la preuve, cette précision n'arrive que maintenant, même le vigilant Ardin n'y a vu que du feu! Wink
_________________
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Soundjata Kéita
Super Posteur


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MessagePosté le: Mer 18 Juin 2008 16:12    Sujet du message: Répondre en citant

OGOTEMMELI a écrit:
Cika a écrit:
Je ne comprend pas les exemples de femmes africaines que tu donne. Il n'y a donc pour toi aucune femme africaine valable et surtout faisant partie du carnet d'adresses de Gassama?

Pour la forme, mais seulement pour la forme, car je réprouve ta position dans cette affaire (et l'ai déjà indiqué), il faudrait ajouter le nom de :

ADAMA SOW DIEYE au nombre des intervenantes dans l'Afrique répond à Sarkozy. Elle est née à Rufisque en 1954 et enseigne à l'UCAD. Son texte s'intitule tout simplement CONSTERNATION (pp.441-450)...

Cela suffit-il à démontrer que la démarche de Gassama n'avait rien à voir avec quelque misogynie dermique Rolling Eyes Rolling Eyes Rolling Eyes ???

J'avoue ne pas cerner à un tel entêtement de ta part, Ogotemmeli.

Ce que rapporte ici Cika crève pourtant les yeux.

Son raisonnement tient, même en tenant compte de la présence de la soeur Adama Sow Dyéye :

En l'occurrence : Voici ce qu'on peut lire à propos de cette soeur :

"Elle a suivi des études primaires et secondaires à Thiès et est lauréate du Concours Général Sénégalais en 1971, premier prix de latin, premier prix de grec et premier accesit de français."
Cf fiche de présentation p.442 du livre.

Ce qui signifie qu'elle ne maîtrise aucune langue africaine probablement pas, ou du moins, ne lui a-t-on jamais offert la possibilté, comme la majorité des universitaires africains, de voir les langues africaines comme outils d'études ou comme langues d'usages littéraires et scientifiques.
Boubacar Boris Diop est probablement le seul de la liste qui, à ma connaissance, prend le temps d'écrire dans sa langue, le wolof.
Djibril Tamsire Niane est l'un des rares à maîtriser parfaitement les traditions orales de son pays et à les exploiter sur le plan universitaire et littéraire. Il est surtout à en promouvoir les valeurs fondamentales qui y sont sédimenter, à l'image de la charte du Korokan Fuuta.

Quant à celles et ceux, maîtrisant à la fois leur langue maternelle et les langues africaines anciennes telles l'égyptien ancien, ils se compte sur les doigts de la main sur le continent. Ici seul Théophile Obenga intervient, mais sur un axe de réponse autre. Théophile Obenga, aura d'ailleurs parfaitement cerné le vrai problème qui ronge les rapports qu'entretient l'Europe avec l'Afrique : à savoir l'incapacité notable de la pseudo-élite intellectuelle africaine à se passer de la tutelle africaniste eurocentriste pour régler ses propres problèmes.

Se passer de l'aide des européens, (ces derniers fuent-ils, jadis, épouses et/ou veuves de grands militants africains), cela fait aussi partie de la rupture pronée par Théophile Obenga et excellement formuler jadis par Cheikh Anta Diop.

Ensuite, la soeur introduit ainsi son propre texte :

"Laissons aux historiens le soin de placer les propos de M. Sarkozy dans la pleine lumière de la diachronie et de la mémoire. Laissons aux philosophes le soin de montrer ce que ce discours emprunte à la vision hégélienne de l'Afrique."
Premier paragraphe de son texte, p. 443 du livre.

Elle reconnait elle-même sa propre incompétence en la matière.
Et plus grave encore, elle laisse entendre que pour un ou une africaine, la défense de son patrimoine historique serait réserver aux seuls "spécialistes", historiens ou philosophes.

En ce qui me concerne, je n'ai absolument besoin de personne pour raconter l'histoire de mes parents et grands-parents. J'en suis le gardien légitime et naturel.

Le titre même de son intervension est révélateur : "Consternation".
Et de quoi donc s'étonne notre soeur ?
De "l'indigence stilystique", du "mauvais français" du texte rédigé par Bernard Guesnot.
Comment celui qu'elle considère inconsiemment comme son maître, pourrait-il moins bien parler français qu'elle-même, la colonisée qui n'a pas ménagé ses efforts pour maîtriser les langues anciennes (grec et latin en l'occurrence) et modernes (français ici) de l'Europe Civilisatrice.
Ainsi, se croit-elle quitte de critiquer le style littéraire et la qualité du français de Nicolas Sarkozy pour excuser sa propre ignorance des styles littéraires négro-africaines, et son incapacité à rédiger le moindre texte en wolof.
Elle va même jusqu'à lui donner des conseils de lecture, on croit rêver.

Quant à Nicolas Sarkozy, il n'est pas français, encore moins indo-européen : il est hongrois.
Il ne faut donc pas s'étonner qu'il ne sache maîtriser le français comme le ferait un français natif. Guesnot le sait et aura fourni un texte que son chef puisse lire aisément.

Nous en sommes au même point : sur les 5 femmes sur 19 intervenants dans cet ouvrage, les deux africaines présentes avouent et reconnaissent leur ignorance totale de leur propre patrimoine historique.
Et cela, ce n'est certainement pas la faute à Sarkozy, qui a véritablement bon dos pour le coup.

Aussi, Ogotemmeli, je ne te permets pas de caricaturer notre langue, le Ka (abusivement appelé "créole" par l'idéologie eurocentriste), en qualifiant des personnes étrangères à notre civilisation de "Poto-Mitan".
En tant qu'Africain originaire de Gwanakaera (futur ex-Martinique), je me sens profondément et directement insulté par un tel abus de langage, que je m'étonne de voir sortir du clavier de la réincarnation vivante du vieux sage Dogon.
C'est faire directement offense à mes tantes, cousines, et autres femmes africaines de ma connaissance qui auront déjà assurées l'éducation de leurs enfants bien avant la naissance de Sarkozy, qui d'ailleurs, sont insensibles à ses discours, puisque tenue dans une langue qui n'est de toute façon pas celle qu'elles transmettront à leur progéniture.

Si nous apprécions, à leur juste valeur, les contributions scientifiques de Madame Diop, les contributions intellectuels de Madame Tobner, ne t'attends pas à ce que nous autres, africains et africaines, nous les considérions en retour pour autant pour ce qu'elles-mêmes savent qu'elles ne seront jamais et ne se seront d'ailleurs jamais fait passer : des africaines.

Un frère me rappelait à juste titre ceci : "ce qui nous fait défaut, ce n'est pas la connaissance, mais la mémoire ancestrale".
En effet, la connaissance, n'importe qui peut la posséder.
Par contre la mémoire ancestrale, ou plus précisément la conscience de vivre de manière vivante toutes ces valeurs hérités du passé, elle se travaille, elle se construit, elle ne traîne pas par terre, pour reprendre les expressions chères à Théophile Obenga à ce sujet (lire son sublissime "Cheikh Anta Diop, Volney et le Sphynx" à ce sujet).

Ainsi l'intervention de Maès-Diop n'est qu'une réponse d'une technicienne de l'histoire, habituée à répondre de manière technique concise et précise à ces difficiles questions d'historiographies africaines.
Elle n'est pas une réponse d'une africaine ou d'un africain ressentant son histoire comme un héritage vivant, à l'image d'un Djibril Tamsir Niane, d'un Cheikh Anta Diop, d'un Théophile Obenga ou d'une Ama Mazama, c'est à dire d'une personne sachant analysée les faits du passé à l'aune de ce qui est toujours bien vivant dans sa culture contemporaine.

Voilà pourquoi une femme africaine, à l'image de Cika, ne peut que très difficilement se sentir concerner par cet ouvrage où elle ne pourra s'identifier à aucune des intervenantes.
On ne lui laisse pas le choix : apprécier l'ignorance de ses soeurs et se contenter des réponses techniques des européennes.

Ce livre aurait du s'intituler :
"Le carnet d'adresses de Makhily Gassama répond à Sarkozy"
Car il n'y a qu'ainsi que nous ne pouvons apprécier à sa juste valeur les interventions des uns et des autres.

A la suite d'Ardin, j'estime que "Répondre à Sarkozy" est un en effet un exercice intellectuelle d'une grande facilité.
Car je ne suis pas certain que ces mêmes personnes auraient la capacité et le courage, morale et intellectuelle de répondre à l'Afrique et aux Africains envers qui cette même brochette d'intellectuels a de sérieux comptes à rendre.
Beaucoup y perdraient les avantages et autres privilèges que leur aura conféré leur éducation coloniale.
Quant aux plus courageux se rendraient compte de leur incapacité à dialoguer avec les leurs, dans leurs langues et en fonctions de leurs préoccupations réelles.

La nouvelle génération d'intellectuels africains le sait et en est parfaitement consciente.


Hotep, Soundjata
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OGOTEMMELI
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MessagePosté le: Mer 18 Juin 2008 23:43    Sujet du message: Répondre en citant

Parent Soundjata Kéita, ondikoi ; ça fait longtemps dêh! Tu étais passé où même : content de te lire...

Qêshia, on dirait tu es fâché grave même!!! Ya foye, c'est l'homme qui a peur...

Alors, comme ça, pour toi une enseignante africaine qui ne répond pas par un texte écrit en wolof (ou bambara, ou gbè, ou haoussa, ou kikongo, etc.) dans un ouvrage collectif rédigé en français ne serait pas tout à fait digne de représenter l'intellectuelle africaine d'expression française en 2008 Rolling Eyes Rolling Eyes Question

Il y a la situation d'aliénation linguistique des Africains telle qu'elle est, et celle de souveraineté linguistique telle que tu l'aurais souhaité : aujourd'hui, la quasi-totalité des Africains lettrés le sont dans des langues étrangères : c'est ça qui est la vérité....

Fallait-il, pour autant, attendre les futures générations spontanées d'Africains alphabétisés en langues négro-africaines pour publier une réponse collective au brouet de Sarkozy à Dakar???? Des fois, nous nous fatiguons inutilement en enculer les mouches. Vraiment...

Quant à fanm poto mitan : je ne savais pas que cette expression était réservée aux seules Africaines et Afrodescendantes. Dommage, parce que je considère sincèrement que Louise-Marie Diop-Maes et Odile Biyidi Awala Tobner le méritent amplement...

Soundjata Kéita a écrit:
Se passer de l'aide des européens, (ces derniers fuent-ils, jadis, épouses et/ou veuves de grands militants africains), cela fait aussi partie de la rupture pronée par Théophile Obenga et excellement formuler jadis par Cheikh Anta Diop.

Relis bien Diop et Obenga : ils n'ont jamais considéré la couleur de la peau de gens défendant une cause juste et vraie. Au contraire, ce sont leurs détracteurs qui les tiennent pour de fieffés racialistes, voire racistes...

Les hommages très appuyés de Diop et Obenga à l'adresse de savant blancs intègres témoignent très largement de cela ; comme cette photo publiée dans ANKH n°14/15, où l'on voit Obenga en compagnie de Martin Bernal...

Bref, franchement ce faux débat (aux relents nauséabonds) plombe un topic qui aurtait pu servir à rapporter des extraits de ce fabuleux ouvrage collectif historique, afin que nous en discutions plus sereinement...

J'ai particulièrement aimé le texte de Demba Moussa Dembélé, qui analyse très bien la situation économique africaine contemporaine : qu'en penses-tu?
_________________
http://www.afrocentricite.com/
Umoja Ni Nguvu !!!

Les Panafricanistes doivent s'unir, ou périr...
comme Um Nyobè,
comme Patrice Lumumba,
comme Walter Rodney,
comme Amilcar Cabral,
comme Thomas Sankara,
Et tant de leurs valeureux Ancêtres, souvent trop seuls au front...
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Soundjata Kéita
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MessagePosté le: Ven 20 Juin 2008 18:24    Sujet du message: Répondre en citant

OGOTEMMELI a écrit:
Parent Soundjata Kéita, ondikoi ; ça fait longtemps dêh! Tu étais passé où même : content de te lire...

Qêshia, on dirait tu es fâché grave même!!! Ya foye, c'est l'homme qui a peur...
Et maintenant, monsieur bascule dans son jargon natal façon Aya de Yopougon.
Que me vaut donc l'honneur d'une telle familiarité ?
Les Abidjanais sont-ils donc condamnés à échanger en "Français Moussa" ?

Mais analysons de plus près :

"Qêshia" pour "Qu'est-ce qu'il y a !" : babillement classique d'un jeune enfant français ne maîtrisant pas encore la complexité phonatoire de sa langue.
Ce qui signifie que le niveau de langage du français d'Afrique tels que pratiquer les adultes (ici le français d'Abidjan) ne dépassent guère le niveau d'un enfant de huit ans.
Problème classique lorsque des populations entières sont mises en situations de dominations linguistiques.

Celles et ceux qui y parviennent (reconaissable à leur dictionnaire greffé sous l'aisselle) sont suspects de vouloir "cafouiller" l'esprit des gens avec leur "gros français", ou de prouver qu'ils ont "percer", voir "déchirer" en démontrant fiermement leur maîtrise "des papiers du blanc".
Les qualificatifs de "grand-grec" atè Karaib, de "longs crayons" au Cameroun renvoit à ce même sentiment de mépris mêlé d'envie que provoque la vue d'un colonisé maîtrisant parfaitement la langue français.

Il ne faut donc pas s'étonner que les français parlent de "Petit Nègre", pour caractériser la pauvreté du langage des africains sous leur domination linguistique. Voir de "Français Moussa", "Moussa" étant bien entendu la figure du "nègre idiot, benêt" ("tebe" dirions-nous en Ka et en Fon), parce que ne sachant s'exprimer convenablement en français.

Pour le français, du haut de sa prétention civilisatrice : le manque de pratique du français de la part des africains trahis une pauvreté native inhérente à leur mentalité prélogique. Alors qu'au contraire, ils sont la marque des efforts fournis par ces mêmes africains pour s'emparer des rudiments du français pour se faire comprendre du colon.

Ainsi, ces parler français sont de savant mélanges d'exclamations ("dêh"/"kêh"/"ooh" pour le français d'Abidjan), de traduction littérale d'expression idiomatiques ("La santé est avec moi", pour "j'ai la santé", "avoir" se disant en effet "être avec", aussi bien dans les langues kwa que dans les langues bantu), le tout ponctué d'expressions idiomatiques non traduites ("Ya foye").
Le français de Foyal (Capitale de Gwanakaera) ne procède pas différemment.

OGOTEMMELI a écrit:

"on dirait tu es fâché grave même!!! "

"c'est l'homme qui a peur... "
Ai-je affaire à Moussa Cissoko ou bien à Ogotemmeli ?

En l'occurrence, c'est toi-même qui aura perdu ton sang-froid face à une soeur qui n'entend pas se laisser "compter fleurette" concernant la grandeur d'âme des épouses blanches de grands militants africains (le fait qu'elles ne soient que deux, par conséquent des exceptions, ne semble pas effleurer l'esprit des dernières personnes à croire encore à l'utilité de compter sur "La Société des Amis des Noirs" pour mener à bien notre projet de civilisation).

Je crois plus honnête l'attitude visant à étudier, scientifiquement, ce genre d'accidents de l'histoire que certains, comme toi, érige à la moindre occasion pour neutraliser toute envie d'émancipation totale des africains que nous sommes.
Depuis Franz Fanon, personne n'a pris soin d'étudier cliniquement, ce qui pousse les mâles africains à souffrir du Syndrôme King Kong.

Tout d'abords, au lieu de mettre en avant des arguments hors-sujet, piochés dans la bibliographie scientifique de ces auteurs, ilvaut mieux, pour ce sujet précis, s'en tenir à ce qu'en pensent et pensaient Diop et Obenga eux-mêmes.

Cheikh Anta Diop savait faire la part des choses entre les intérêts de l'Afrique et des Africains et sa situation personnelle.
Il est étonnant que la plupart des africains mâles soient systématiquemnet pris de panique chaque fois que l'on aborde la question des choix matrimoniaux de nos intellectuels, et notamment de leurs épousailles avec des représentations du pays colonisateur.
Aux étudiants de l'IFAN qui lui posaient la question, il leur répondait simplement : "Ne faites pas comme moi, épousez vos soeurs".
C'est en tout cas ce que l'on m'aura rapporté à ce sujet.

Quant à Téophile Obenga, (dont l'épouse est africaine, contrairement aux ragots colportés par certains) il répond toujours en disant "que ce n'est qu'un détail", lorsqu'il aborde le choix matrimonial de Cheikh Anta Diop et des intellectuels et autres hommes politiques africains, dans ces conférences.
Je pense tout le contraire, sinon les africains ne s'interrogerait pas d'aussi grossières contradictions.
A mon avis, il dit cela uniquement pour éviter que les africains ne perdent pas de vue l'éssentiel concernant Cheikh Anta Diop : à savoir son oeuvre, une oeuvre immense qui ouvre la possibilité même de critiquer jusqu'au moindre de ses défauts.
J'estime au contraire que l'un n'empêche pas l'autre, bien au contraire.
Car aussi longtemps que l'on n'aura pas traité, cliniquement, les choix matrimoniaux des notres, leur impact sur leurs entourages, leurs enfants et leurs peuples respectifs, la question de "la femme blanche du militant africain" ne cessera jamais de polluer et de "détourner" tout appréciation sérieuse de l'héritage laissés par ces derniers.

J'ai discuté avec des frères ainés ayant épousés des femmes blanches et ayant constater les conséquences quant à l'équilibre psychologique de leurs enfants.
Lorsque je leur dis, en toute franchise, qu'ils ont fait une grave erreur, ils contestent rarement mon point de vue.

Dans les milieux universitaires africains-américains, les intellectuels africains souhaitant s'y faire inviter pour faire la promotion de leurs travaux, se voient systématiquement opposer une fin de non recevoir lorsque ces mêmes milieux apprennent qu'ils sont mariés à des européens.
La cause est entendue de l'autre côté de l'Atlantique : tout intellectuel africain marié à une blanche est suspect de duperie, un point c'est tout.

OGOTEMMELI a écrit:
Alors, comme ça, pour toi une enseignante africaine qui ne répond pas par un texte écrit en wolof (ou bambara, ou gbè, ou haoussa, ou kikongo, etc.) dans un ouvrage collectif rédigé en français ne serait pas tout à fait digne de représenter l'intellectuelle africaine d'expression française en 2008 Rolling Eyes Rolling Eyes Question
Tu postules donc que ma préoccupation est de savoir si nos intellectuels lettrés dans les langues des puissances prédatrices ont le droit ou non de "répondre à l'un des chefs de meute. Ce n'est pas mon problème en l'occurrence.
Ma préoccupation est la suivante : l'indigence, voir l'inexistence totale de leur production intellectuelle dans leurs langues respectives.
Par conséquent, j'ai du mal à cerner, comment des intellectuels linguistiquement coupés du milieu qu'ils/elles prétendent défendre, peuvent prétendre les protéger des attaques aussi grossières comme celle faite dans l'enceinte même de l'Université Cheikh Anta Diop, à Dakar.
S'ils étaient chargés d'édifier les nôtres directement dans nos langues, aucun étranger, quelquesoit sa situation (du simple Sans-Domicile-Fixe au président de la France-Afrique), ne pourrait plus se permettre de raconter n'importe quoi à nous autres africains.

C'est cet échec visant à édifier les nôtres que nous pouvons appréciés lorsque n'importe quel mercenaire européen peut venir faire croire à des frères et soeurs vivants à proximité immédiate de la Vallée du Nil que leurs enfants pourront enfin recevoir une éducation digne de ce nom en quittant l'Afrique pour l'Europe.
Je fais ici directement à ce que les européens nous ont vendu sous l'expression "Affaire de l'Arche de Zoé".
Les Tchadiens, dans les années 60, n'avaient pourtant pas ménagé leurs effort pour mettre en place de centre de recherche scientifque. Le problème est que tous ces projets étaient marqués du sceau du marxisme et de la coopération franco-africaine.
Nous voyons le résultat aujourd'hui.

OGOTEMMELI a écrit:
Il y a la situation d'aliénation linguistique des Africains telle qu'elle est, et celle de souveraineté linguistique telle que tu l'aurais souhaité : aujourd'hui, la quasi-totalité des Africains lettrés le sont dans des langues étrangères : c'est ça qui est la vérité....
Ce qui m'importe le plus, c'est qu'on donc fait tous ces nègres lettrés pour changer la donne depuis bientôt 60 ans : Cheikh Anta Diop avait déjà tout expliqué à ce sujet.
Combien de temps ce cirque va continuer ?
Va-t-on encore, dans les 60 prochaines années, laisser nos enfants refaire éternellement les mêmes débats en français ? Sur internet ?
Allons-nous continuer de massacrer le français dans les capitales africaines, à coup de "nouchi", de "camfranglais" et autres monstrueux sabires franco-africains grignotant de jour en jour la place des langues africaines ?
Quels efforts faisons-nous, ne serait-ce qu'au niveau personnel, pour reconquérir notre souveraineté linguistique ?

OGOTEMMELI a écrit:
Fallait-il, pour autant, attendre les futures générations spontanées d'Africains alphabétisés en langues négro-africaines pour publier une réponse collective au brouet de Sarkozy à Dakar???? Des fois, nous nous fatiguons inutilement en enculer les mouches. Vraiment...
Les préoccuppations des nègres aliénés ayant des choses à prouver à leur maître ne sont justement pas celles du petit milliard d'africains dont je fais partie, et qui aurait aimé que ces gens là consacrent leur carrière à rédiger des programmes scolaires complets dans nos langues respectives afin de nous édifier directement.
En temps qu'africain locuteur du Ka, j'ai eu très grande peine à lire et à apprécier les ouvrages traitant de mon histoire et culture locale rédigés en français.
Ces ouvrages ne s'adressant qu'à la partie européanisée de mon cerveau (celui qui réfléchit en français), il n'auront jamais le même impact qu'un ouvrage écrit en Ka, ce dernier s'adressant directement à mon cerveau africain.
Je le sais pour avoir expérimenter la lecture d'oeuvre écrites dans ma langue et pour avoir, tenter, dans la foulée, de me taper les pavées rédigées en "français grand-grec" par certains de mes compatriotes de la région.
Je conscens néanmoins à cet effort, en attendant de pouvoir rédiger, dans ma langue, les ouvrages que j'aurais aimé pouvoir lire.

OGOTEMMELI a écrit:
Quant à fanm poto mitan : je ne savais pas que cette expression était réservée aux seules Africaines
Parfaitement, je ne vois pas pourquoi j'appliquerais à des européennes des réalités qui n'appartiennent qu'à l'univers socio-familiale africain.
Ce mot appartient en propre à l'univers socio-linguistique du monde africain, il dit la réalité de ce que vivent des millions de femmes africaines, aussi bien dans la Caraibe, en Amérique qu'en Afrique-même.
Tout comme les mots "tribu", "ethnie", "esclavage" ne servent jamais qu'à décrire les seules réalités vues et vécues au seins des populations européennes.
Toi qui aime pontifier sur les biais eurocentristes, tu nous gratifies d'un biais afrocentriste.

Ce n'est pas la première fois que je te suprends à caricature une langue dont tu ne connais que des bribes : tu t'étais pourfendu d'un magnifique contresens en qualifiant Ausar Césaire de "Gwan Moun".
Chabine t'aura repris.
Tu n'eus pour seule réponse que de t'excuser de ne pouvoir te procurer le gros pavé en deux tomes de Raphael Confiant :
Ti-moun : enfant
Gwan-moun : adulte
Vié-moun : vieux/vieillard.
Voilà 60 euros d'économisés.

Il y a un moment où il faut savoir cesser de paraître afin d'être pour de bon.
L'apparition de cette "nov-langue" franco-kamite, telle que pratiquée par les "néo-rémétou" francophones que nous sommes, ne saurait nous abstenir de réintégrer nos pratiques langagières ancestrales jusque dans les réflexions philosophiques les plus élevées.

Le philosophe Tshiamalenga Ntumba a mille fois raison de dire toute l'importance qu'il y a pour les africains, de concevoir une pensée africaine authentique, non seulement en langues africains, mais surtout à partir des langues et problématiques africaines, c'est à dire à partir de leur fonctionnement épistémologique propre.
Lire son article intitulé "Philosopher en et à partir des langues et problématisations africaines. Les leçons de la révolution linguistique et pragmatique", in Les peuples Bantu. Migrations, expansion et identité culturelle, Acte du Colloque de Libreville, 1-6 avril 1985, tenue sous la Coordination scientifique de Théophile Obenga, Paris, L'Harmattan / CICIBA, 1989, Tome II, pp. 507-522.

OGOTEMMELI a écrit:
... et Afrodescendantes.
Cette précision est parfaitement inutile pour celles et ceux, qui comme moi n'opèrent pas de distinctions négriéristes pour qualifier les africains ayant quitté le continent et ceux qui y sont restés.
Les Africains de l'Archipel Caribéen et des Amériques ne sont pas moins africains que leurs compatriotes du continent ou de Madagascar.
"Afro" = "Affreux".
Quant à "descendants" : de la cale du bateau négrier, je suppose ?

OGOTEMMELI a écrit:
[Dommage, parce que je considère sincèrement que Louise-Marie Diop-Maes et Odile Biyidi Awala Tobner le méritent amplement....
Tu dois être le seul ici à partager cet avis. Dommage pour toi, en effet. Excuse-nous de ne pas fantasmer sur les supposées qualités africaines que tu leur prêtes avec tant d'allégresse...
Après tous, les européens ne sont pas les derniers à analyser les faits de civilisations africains d'après leurs propres expériences, ainsi l'historiographie africaniste nous gratifie de "Napoléon de l'Antiquité" pour qualifier Toutmosis III, de "Moise Noire" pour Harriet Tubman (Comme si Moïse était blanc), etc. Tout comme il y a désormais "Pharaons Noirs", des "Savants Noirs", des "Civilisations Noires", qui ont désormais leur place au côté des "Pharaons", des "Savants" et des "Civilisations".
Alors pourquoi pas parler de "Zorey Poto Mitan" de "Savants Blancs Intègres", en effet.

OGOTEMMELI a écrit:
Au contraire, ce sont leurs détracteurs qui les tiennent pour de fieffés racialistes, voire racistes...
Ici, ce qu'en pense leurs détracteurs ne nous intéresse pas ici. Ils seraient temps, je pense, que les africains que nous sommes assumons d'interroger et de confronter nos propres opinions.

OGOTEMMELI a écrit:
Les hommages très appuyés de Diop et Obenga à l'adresse de savant blancs intègres témoignent très largement de cela ; comme cette photo publiée dans ANKH n°14/15, où l'on voit Obenga en compagnie de Martin Bernal...
C'est quoi le rapport ?
Ici nous parlons d'un ouvrage qui a pour titre "L'Afrique répond à Sarkozy" ou deux européennes furent invitées à donner leur avis.
C'est "quoi-même" : depuis quand l'Africanité se transmet par l'époux africain ?
C'est comme le Camerounisme "qui se transmet par l'ami du père", pour reprendre Dieudonné ?

A bout d'argument pour justifier la présence d'étrangères dans un ouvrage censé être l'occasion pour les africains (et eux seuls) d'exprimer leurs points de vue, tu brandis l'exemple de l'une des rares revues scientifiques offrant une tribune libre aux chercheurs africains autonomes (cad non dépendant de la tutelle africaniste, contrairement à Makhily Gassama, chantre de la Francophonie, ayant comme la quasi-totalité des "lettrés dans les langues européennes de culture", Léopold Sédar-Senghor comme ancêtre commun prédialectal).

La revue Ankh n'est pas une tribune où les africains répondent à Sarkozy, à ce que je sache, mais un lieu de réflexion sérieuse, une occasion rare pour les africains que nous sommes de saisir et comprendre les réalités qui sont les nôtres et non de discuter de "l'avis" des européens à ce sujet.
La revue Ankh est ce baobab du savoir civilisationnel que des dizaines de chercheurs africains étraingnent pour mieux saisir les réalités qui sont les nôtres.
C'est une Revue Scientifique, la seule s'inscrivant dans la sillage de l'école égyptologique et historiographique africaine, telles qu'inventées par Cheikh Anta Diop et où la plupart de ses disciples s'y exercent avec talent et rigueur.
Seuls les travaux des chercheurs étrangers susceptibles de rentrer dans cette ligne de travail sont tolérés.
Comme le dit lui-même Théophile Obenga dans le numéro 4/5 de Ankh : ces chercheurs allemands ou américains sont loin d'être des disciples de Cheikh Anta Diop, ca ce n'est pas ce qu'on leur demande, mais uniquement de dire la vérité ou de la rechercher sans préjugé eurocentriste.

OGOTEMMELI a écrit:
Les hommages très appuyés de Diop et Obenga à l'adresse de savant blancs intègres témoignent très largement de cela ; comme cette photo publiée dans ANKH n°14/15, où l'on voit Obenga en compagnie de Martin Bernal...
"Savants blancs intègres", non mais des fois.
Tu es bien le seul à reprendre pareil vocabulaire : je dis "chercheurs étrangers, européens", tu entends "savants blancs".
Le fait même que tu dois préciser qu'il soient "intègres" montrent bien qu'ils ne s'agit nullement d'un qualité naturelle chez ces derniers et que tu ne fais ici allusion à ces exceptions confirmant cette règle.
Pour rappel, ceux que tu appèles "savants blancs intègres" ne sont jamais que des alliers objectifs, et non des membres de "l'Association des Amis des Noirs", dont l'époque est définitivement révolue, à ce que je sache.

Exclure les étrangers de nos projets ne préjugent en rien de leur probité ou non à notre égard. Cela n'a rien avoir.
C'est de conscience patriotique dont il est question ici.
Rien n'empêche les européens "intègres" de rédiger un ouvrage collectif intitulé "L'Europe autocritique Sarkozy".

Obenga n'invite pas les chercheurs étrangers dans sa revue pour s'assurer de l'intégrité morale des blancs, mais uniquement pour que les africains puissent bénéficier de toute les informations nécessaires relatives aux recherches menées en Afrique.
C'est un devoir de vigilance pour tout intellectuel africain, que de faire un minimum attention à ce que les européens continuent de dire et d'écrire à notre sujet, si c'est bon à prendre, nous n'allons pas nous en priver. Dans le cas contraire, nous n'allons perdre notre temps.

Si dans le même numéro 14/15, le Professeur Obenga invite le français Nicolas Manlius (historien spécialiste de la faune antique), et l'italien Luca Miatello (Mathématicien), pour parler respdectivement des "Millénaires de grands mannifères terrestres et sauvages en Egypte" (Manlius) et de "La Conception et du symbolisme de la pyramide de Khufu" (Miatello), c'est uniquement dans le but d'inciter les africains à mener des recherches approfondis sur ces thématiques aussi riche (l'histoire de la faune et de l'architecture africaine), afin que ces mêmes africains assument le leadership de disciplines qui demeurent le monopole de chercheurs étrangers, et tout particulièrement européens.

La finalité demeure encore et toujours la même : accroître encore et toujours notre autonomie intellectuelle, rien d'autre.

L'oeuvre de Diop a émergé alors que le pays qui l'a vu naître était sous domination coloniale. C'est dans ce contexte de domination de l'Afrique par l'Europe que Diop apparaît.
Idem pour l'oeuvre d'Obenga, qui apartient à cette dernière génération ayant atteint la trentaine dans les années 60. (Obenga est né en 1936, Diop en 1923).
Nous approchons 2010, le feu de la conscientisation a pris toute la jeunesse africaine, internet nous facilitant superbement la tâche.
Déjà en 2001, Obenga faisait ce constat : "Les africanistes doivent réaliser, même si c'ets douloureux pour eux, qu'ils ont perdu tout pouvoir et tout contrôle sur les élites africaines pourtant éduquées et formées par eux. C'est ainsi la vie. Il faut s'y faire." (Le sens de la lutte contre l'africanisme eurocentriste, p. 107).

Il faut savoir que d'ici quelques décennies, les grandes revues scientifiques africains seront intégralement rédigées en swahili.


OGOTEMMELI a écrit:
Bref, franchement ce faux débat (aux relents nauséabonds)
Tu es le seul a vouloir argumenter ici en dépit du bon sens.
Ces deux étrangères n'avaient strictement rien à faire dans cette ouvrage collectif, un point c'est tout.
Qu'entends-tu par "relants nauséabonds" ?
En quoi, ce que nous te disons, Cika et moi-même, est nauséabond ?


OGOTEMMELI a écrit:
Soundjata Kéita a écrit:
Se passer de l'aide des européens, (ces derniers fuent-ils, jadis, épouses et/ou veuves de grands militants africains), cela fait aussi partie de la rupture pronée par Théophile Obenga et excellement formuler jadis par Cheikh Anta Diop.

Relis bien Diop et Obenga : ils n'ont jamais considéré la couleur de la peau de gens défendant une cause juste et vraie
M'as-tu bien lu, en retour ?
Moi je te parle d'européens et d'africains, et notamment des rapports aliénants que ces derniers entretiennent avec les premiers, ton seul argument est "la couleur de peau ne se discute pas".
Je te parle de l'importance pour les africains de se passer des européens pour régler leurs propres affaires, et toi tu parles de "couleurs de peau".
Je te parle de reconquête linguistique, spirituelle, culturelle, civilisationnelle des africains par les africains pour les africains, et toi tu me parles de "couleur de peau".

Saurais-tu me dire si les mots africains suivants ont la "même couleur de peau" que leurs homologues indo-européens ou finno-ougriens :

Ka : Lwa, Loa
Duala : Loba
Fon : Legba
Mbosi : Ndzambe
Mdw Ntr : Nb

Ka : anchay
Igbo : aça
Kiswahili : sana
Kopt : ashai, ashei, asheii
Mbosi : saa
Mdw Ntr : asha

Ka : gyem / goum
Fon : glóò (g-l/g-m)
Kiswahili : ugumu
Kikôngo : ngolo
Kimbumbu : ngemo
Mdw Ntr : gm
Pulaar : gum
Wolof : dyam

J'ai volontairement zappé les traductions françaises (qui sont d'une couleur de peau différente, n'oublions pas), afin que chacun saisisse qui dépend de qui en cette matière.
Comme tu le vois, je n'ai nullement besoin de traduire en français des mots igbo, duala, mdw ntr, kikôngo, kopt, mbosi, fongbe, kiswahili, wolof, kikôngo, pulaar, appartenant déjà à mon vocabulaire de base, pour en comprendre la signification exacte.
Je m'épargne ici l'effort d'interroger mon cerveau francisé pour saisir ce que mon cerveau africain avait déjà compris depuis longtemps.

Mon cerveau aurait-il changé de couleur pour autant ?

OGOTEMMELI a écrit:
plombe un topic qui aurtait pu servir à rapporter des extraits de ce fabuleux ouvrage collectif historique, afin que nous en discutions plus sereinement...
La responsabilité en incombe à Makhily Gassama, qui, dans son carnet d'adresses, confonds ses contacts africains et européens...
Dans mon carnet d'adresse par exemple, figure les numéros de téléphone de mon plombier et de mon dentiste. Il ne me viendrait jamais à l'idée de faire appel à mon dentiste pour remplacer mon conduite d'eau défectueuse.

OGOTEMMELI a écrit:
Les hommages très appuyés de Diop et Obenga à l'adresse de savant blancs intègres témoignent très largement de cela ; comme cette photo publiée dans ANKH n°14/15, où l'on voit Obenga en compagnie de Martin Bernal...
Martin Bernal a fait ce que seul un européen pouvait faire : rétablir la vérité sur ce que les européens doivent à nos ancêtres de la Vallée du Nil.
Il est de plus, dans les temps qui sont les nôtres, le premier à confirmer ce que les africains Antenor Firmin, Cheikh Anta Diop, George James, Théophile Obenga n'avaient jamais cesser de défendre, le plus souvent sur la base même des témoignages des ancêtres greco-romains et asiatiques de Martin Bernal.
De plus, l'investigation de ce que furent les relations interculturels entre l'Afrique et l'Europe durant l'Antiquité nécessitent la collaboration effectivement des héritiers africains et européens actuels.
Il est donc normal que le Professeur Obenga eut accepté de travailler avec Martin Bernal pour faire notamment le point des emprunts grecs faits à l'égyptien ancien.

C'est quand même la moindre des choses que les européens opèrent à leur propre introspection, en assumant une saine autocritique au lieu de jouer incessemment de la caisse claire, comme le font encore les africanistes français.
Ce sont quand même à eux de se mettre à l'écoute des africains, au lieu de prétendre éternellement vouloir leur expliquer la vie.

Le travail inaugural de Martin Bernal permet de soulager les chercheurs africains qui perdaient jusqu'ici leur temps à raisonner leurs collègues européens.
Ils peuvent désormais se concentrer sur leurs propres choses, sans être éternellement encombrés par les mensonges eurocentristes.

Bref, il n'y a aucune contradiction :

- les européens doivent dire la vérité aux européens, et non aux africains (ce que fait parfaitement l'anglais Martin Bernal, les européens-américains Richard Delgado et Jean Stefancic dans l'ouvrage collectif "Critical White Studies. Looking behind the mirrors", le suisse Jean Ziegler, les français Odile Tobner, François-Xavier Vershaves et bien d'autres encore)

- les africains doivent dire la vérité aux africains, dans leurs langues, et non aux européens, suffisemment avertis comme cela par les nôtres (Molefi Kete Asante a définitivement réglé la question dans le monde anglophone, ainsi que Théophile Obenga, Doue Gnonsea et Didier Dongola dans le monde francophone, lires respectivement "The Painful Demise of Eurocentrism" , et "Le sens de la lutte contre l'Africanisme eurocentrisme", "Cheikh anta Diop, Théophile Obenga : Combat pour la re-anssances africaine", "Africanisme, la crise d'une illusion").
Comme on le dit si bien en Afrique : "l'on ne vide qu'une seule fois le sac de l'idiot.

OGOTEMMELI a écrit:
J'ai particulièrement aimé le texte de Demba Moussa Dembélé, qui analyse très bien la situation économique africaine contemporaine : qu'en penses-tu?
Je te dis ça tantôt.


Hotep, Soundjata
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OGOTEMMELI
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MessagePosté le: Sam 21 Juin 2008 03:29    Sujet du message: Répondre en citant

Merci, Soundjata, de prendre autant de temps à répondre dans ce topic qui s'était un peu assoupi. Beaucoup de choses intéressantes ont été dites dans ton dernier post qui ne concernent pas uniquement l'objet de la discussion. Je ne pourrais pas revenir sur toutes : "français de Moussa", "l'épouse blanche de l'intellectuel noir", "la question de la souveraineté linguistique africaine", etc.

Je voudrais rester au plus près de l'objet de ma précédente intervention :
Cika a écrit:
Je ne comprend pas les exemples de femmes africaines que tu donne. Il n'y a donc pour toi aucune femme africaine valable et surtout faisant partie du carnet d'adresses de Gassama?

Si j'ai bien compris, tu réprouves la distinction entre "Africain" et "Afrodescendant" : sauf à faire dans un nominalisme étroit, tu ne peux pas croire que je suis d'un avis contraire. Mais, dans la mesure où mes positions personnelles sont très minoritaires, je ne peux les infliger à tout internaute qui me lirais ici où ce n'est pas exactement le problème traité...

En revanche, Kettly Mars a été d'emblée écartée comme ne comptant pas pour une "Africaine"; a fortiori Zohra Bouchentouf-Siagh : l'une est noire, mais n'est pas ressortissante d'un pays du continent ; tandis que l'autre est algérienne (d'origine), mais - semble-t-il - n'est pas noire. Par conséquent, c'est une conception des plus restrictives de la "femme africaine" qui a visiblement été mobilisée par Cika. Ce qui ne correspond pas exactement à ton propre point de vue...

En outre, connnaissant un peu l'importance fondamentale des échanges matrimoniaux dans les conceptions africaines ancestrales de la parenté (cf. le fameux Mode de Reproduction Africain d'Alain Anselin), je crois pouvoir dire qu'une Européenne ayant épousé un Africain, ayant a fortiori enfanté des Africains, devient une Africaine par alliance ; et que cette manière de devenir africain n'a rigoureusement rien à envier à aucune autre. Aussi, trouvé-je particulièrement déplacé de rapprocher le parcours de ces deux femmes à l'institution abolitionniste controversée des "Amis des Noirs". Comme quoi, ce n'est pas moi que la question de la couleur de la peau semblerait perturber dans cette discussion...

Enfin, dire "l'Afrique répond à Sarkozy", ce n'est pas exactement dire que (tous) les Africains répondent à Sarkozy. En tout cas, c'est invoquer une conception de l'Afrique parmi d'innombrables autres. Celle-ci étant des plus protéiformes et étroitement en phase avec l'idée d'une Afrique contemporaine particulièrement cosmopolite, en raison même de ses 500 dernières années d'histoire...

En définitive, je maintiens que Louise-Marie Diop-Maes et Odile Biyidi Awala Tobner réunissent des conditions suffisantes pour participer à cet ouvrage collectif : ce sont des connaissances de l'initiateur du projet, professionnellement qualifiées pour traiter de l'Afrique, et Africaines par leurs alliances matrimoniales. J'ajoute que leurs contributions sont (à mon goût) parmi les plus réussies de l'ensemble, et qu'il serait beaucoup plus instructif de discuter desdites contributions, plutôt qu'à épiloguer indéfiniment sur la légitimé de tel ou tel à faire partie de cette aventure intellectuelle...
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Les Panafricanistes doivent s'unir, ou périr...
comme Um Nyobè,
comme Patrice Lumumba,
comme Walter Rodney,
comme Amilcar Cabral,
comme Thomas Sankara,
Et tant de leurs valeureux Ancêtres, souvent trop seuls au front...
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TjenbeRed
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MessagePosté le: Jeu 17 Juil 2008 11:48    Sujet du message: Répondre en citant

Soundjata Kéita a écrit:

Il faut savoir que d'ici quelques décennies, les grandes revues scientifiques africains seront intégralement rédigées en swahili.

Très intéressante perspective que celle d'une langue africaine apte à supplanter en Afrique dite francophone le français, sans pour autant tomber dans les bras de l'anglais, du chinois (lequel d'ailleurs ?) ou de l'arabe.

J'ai trouvée il y a peu la même référence au Swahili, de manière comparable, dans un article de Mongo BETI datant de plus de 20 ans je crois (Voir : AFRICAINS SI VOUS PARLIEZ : magnifique recueil !).

Est-ce un voeu pieux ? ou bien un projet qui suit son chemin et qui se construit jour après jour ? J'imagine bien la Francophonie réagir et dénoncer le monopole d'une langue est-africaine, en attisant ainsi les divisions.
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(Mongo BETI, La France contre l'Afrique)


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ARDIN
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MessagePosté le: Jeu 17 Juil 2008 20:52    Sujet du message: Répondre en citant

TjenbeRed a écrit:
Soundjata Kéita a écrit:

Il faut savoir que d'ici quelques décennies, les grandes revues scientifiques africains seront intégralement rédigées en swahili.

Très intéressante perspective que celle d'une langue africaine apte à supplanter en Afrique dite francophone le français, sans pour autant tomber dans les bras de l'anglais, du chinois (lequel d'ailleurs ?) ou de l'arabe.

Salut!
Appeler ça perspective apte à supplanter en Afrique dite francophone le français serait examiner la question avec une certaine légèreté. Il ne s’agit pas de concurrence dans cette problématique: c’est tout simplement une question de bon sens!
Citation:
J'ai trouvée il y a peu la même référence au Swahili, de manière comparable, dans un article de Mongo BETI datant de plus de 20 ans je crois (Voir : AFRICAINS SI VOUS PARLIEZ : magnifique recueil !).

Est-ce un voeu pieux ? ou bien un projet qui suit son chemin et qui se construit jour après jour ? J'imagine bien la Francophonie réagir et dénoncer le monopole d'une langue est-africaine, en attisant ainsi les divisions.
En dehors de quelques projets isolés, il n’ya pas à l’heure actuelle, un projet d’envergure continental du fait de l’absence d’un cadre politique qui puisse le porter à son épanouissement, le plus important à l’heure actuelle est de rendre cette volonté plus intelligible.
Il y aura toujours des tentatives de désinformation et de manipulation autour de cette problématique mais le processus est irréversible. En dépit de sa puissance, la francophonie ne pourra pas taire cette vérité, elle ne peut que la bailloner, mais pas pour longtemps car elle finira par s’épuiser au bout...
J’avais initié un topic autour de ce problème. Voir ici :
LANGUES ETRANGERES : ARMES DU GENOCIDE CULTUREL EN AFRIQUE

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TjenbeRed
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MessagePosté le: Dim 20 Juil 2008 23:57    Sujet du message: Répondre en citant

Salut ARDIN et merci pour le lien. Je vais étudier ça et tenter de comprendre la légèreté de ma formulation (Confused), l'absence de concurrence entre langues africaines et langues coloniales (re-Confused), et le bon sens qui te semble évident (re-re-Confused)

Je poursuivrai éventuellement là-bas.
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ARDIN
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MessagePosté le: Mar 22 Juil 2008 13:55    Sujet du message: Répondre en citant

TjenbeRed a écrit:
Salut ARDIN et merci pour le lien. Je vais étudier ça et tenter de comprendre la légèreté de ma formulation (Confused), l'absence de concurrence entre langues africaines et langues coloniales (re-Confused), et le bon sens qui te semble évident (re-re-Confused)

Je poursuivrai éventuellement là-bas.

Salut!
La légèreté dans ta formulation vien de l'emploi du mot "SUPPLANTER" qui implique qu'il ya compétition, concurrence, entre langues européennes et langues africaines. Ce qui est faux! A partir du moment où ces langues se sont imposées par génocide culturel, on doit rationnellement parler de "RESTAURATION". Tout comme tu le sais, l'histoire de l'Afrique a été falsifiée, il est convenable de parler aussi de RESTAURATION. C'est ça le bon sens dont je parle...

Bien à toi.
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MessagePosté le: Mar 22 Juil 2008 15:06    Sujet du message: Répondre en citant

TjenbeRed a écrit:
Soundjata Kéita a écrit:

Il faut savoir que d'ici quelques décennies, les grandes revues scientifiques africains seront intégralement rédigées en swahili.

Très intéressante perspective que celle d'une langue africaine apte à supplanter en Afrique dite francophone le français, sans pour autant tomber dans les bras de l'anglais, du chinois (lequel d'ailleurs ?) ou de l'arabe.

J'ai trouvée il y a peu la même référence au Swahili, de manière comparable, dans un article de Mongo BETI datant de plus de 20 ans je crois (Voir : AFRICAINS SI VOUS PARLIEZ : magnifique recueil !).

Est-ce un voeu pieux ? ou bien un projet qui suit son chemin et qui se construit jour après jour ? J'imagine bien la Francophonie réagir et dénoncer le monopole d'une langue est-africaine, en attisant ainsi les divisions.


Les linguistes africains n'apprécient pas trop le Swahili du fait de l'importance de l'arabe dans sa composition. A la belle époque de la radio Africa N1 (avec la très regrettée Elise Mpacko), un certain Camara y intervenait souvent et maitrisait très bien le sujet.
L'afrique étant un vaste continent, il faudrait plutôt envisager des langues par bloc. Le Sango (ou une langue Fang) dans la sous région d'afrique centrale ne me déplairait pas...

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MessagePosté le: Mer 23 Juil 2008 18:58    Sujet du message: Répondre en citant

Merci ARDIN et Afrik 100 Fik pour ces éléments.

Je vais essayer de digérer tout cela.
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Pour éviter tout malentendu, je précise que je suis blanc.
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MessagePosté le: Mer 30 Juil 2008 14:05    Sujet du message: Répondre en citant

Soundjata Kéita a écrit:
Tout d'abords, au lieu de mettre en avant des arguments hors-sujet, piochés dans la bibliographie scientifique de ces auteurs, ilvaut mieux, pour ce sujet précis, s'en tenir à ce qu'en pensent et pensaient Diop et Obenga eux-mêmes.


Soundjata Kéita a écrit:
Aux étudiants de l'IFAN qui lui posaient la question, il leur répondait simplement : "Ne faites pas comme moi, épousez vos soeurs".
C'est en tout cas ce que l'on m'aura rapporté à ce sujet.

Shocked Shocked

Soundjata Kéita a écrit:
Quant à Téophile Obenga, (dont l'épouse est africaine, contrairement aux ragots colportés par certains) il répond toujours en disant "que ce n'est qu'un détail", lorsqu'il aborde le choix matrimonial de Cheikh Anta Diop et des intellectuels et autres hommes politiques africains, dans ces conférences.

Tu t'es coincé toi même.

Soundjata Kéita a écrit:
Je pense tout le contraire, sinon les africains ne s'interrogerait pas d'aussi grossières contradictions.

????

Soundjata Kéita a écrit:
A mon avis, il dit cela uniquement pour éviter que les africains ne perdent pas de vue l'éssentiel concernant Cheikh Anta Diop : à savoir son oeuvre, une oeuvre immense qui ouvre la possibilité même de critiquer jusqu'au moindre de ses défauts.

Tu l'as dit toi même, c'est l'essentiel. A l'essentiel, on oppose l'accessoire. Au gens qui ont ta position, CAD pose un problème insoluble.
Mais que n'a-t-il épousé une noire, tout serait tellement plus simple.
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OGOTEMMELI
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MessagePosté le: Mer 24 Déc 2008 06:31    Sujet du message: Répondre en citant

Je viens de me farcir toute cette longue discussion : FLIPPANT!!!
Nous y avons passé tant de temps à ergoter, sans quasiment jamais effleurer le contenu de l'ouvrage considéré : où comment s'enivrer de circonlocutions sans aller vraiment "au fond du texte" (en l'occurrence, des contributions)...

Cela m'a incité à copier-coller ici un commentaire glané sur le web (on va dire ça comme ça...) :

« LE DRAME DE L’AFRIQUE »,
CE N’EST PAS TANT QUE M. SARKOZY NE VEUILLE RIEN EN SAVOIR



L’ouvrage collectif rédigé « contre le discours de Dakar » [1] par un groupe d’intellectuels africains, rassemblés pour l’occasion par Makhily Gassama, a très largement dépassé son objectif stricto sensu pour constituer un véritable vade-mecum pédagogique à destination de tous ceux qu’une compréhension plus rigoureuse du « drame de l’Afrique » [2] devraient intéresser – à commencer par le public africain d’abord. Les modalités économiques contemporaines de ce « drame de l’Afrique », obviées par Nicolas Sarkozy, ont été très utilement rappelées dans sa contribution par Demba Moussa Dembélé [3]. Nous en proposons ci-après une manière de note de lecture.

Une dépendance commerciale endémique
En 2001, 54.4% du PIB des pays africains avaient été réalisés avec le reste du monde ; contre seulement 12.8% pour l’Union Européenne et 13.2% pour les Etats-Unis. Cette tendance s’est globalement aggravée depuis une vingtaine d’années, puisque le ratio était de 45% en 1981. En d’autres termes, les Africains échangent beaucoup moins, et de moins en moins, de biens et services marchands entre eux-mêmes, notamment dans les ensembles sous-régionaux d’intégration économique et monétaire (exemple : UEMOA, CEMAC), qu’avec le reste du monde, particulièrement l’Europe. Une telle extranéité commerciale est un héritage direct de l’économie négrière transatlantique, consolidé par l’occupation militaire d’un siècle (environ 1860 à 1960) qui lui a succédée. Les frontières érigées par les colons entre Africains ne sont donc pas uniquement « ethniques », mentales ou politiques, elles sont également économiques ; et résistent encore plutôt bien que mal.

Une division internationale du travail paupérisante
Cette extraversion économique traduit une division internationale du travail promue par le FMI et la Banque Mondiale, où les pays africains sont systémiquement assignés à fournir des matières premières. Ainsi, 2/3 des exportations africaines consistent en produits primaires ou semi-transformés, dont les cours mondiaux ont baissé en moyenne jusqu’à 18% entre 1981 et 2001 : 35% pour le café, 21% pour le poisson, ou 19% pour le coton au cours de la seule année 2001.

C’est le fameux phénomène de « la détérioration des termes de l’échange » ; lequel procède essentiellement de ce que, d’une part les exportations africaines sont monopolisées par des compagnies étrangères de négoce (ex. Cargill, Geocoton anciennement Dagris). D’autre part, les prix internationaux de ces exportations sont fixés par des institutions non-africaines (ex. LIFFE : London International Futures and options Exchange, NYMEX : New-York Mercantile Exchange) localisées dans les pays dits développés, qui sont surtout des pays pauvres en matières premières ; dont ils déploient tous les moyens possibles et imaginables pour le contrôle hégémonique du marché mondial.

Un mépris du travail des Africains
Si, par exemple, le prix des Airbus était fixé quasi unilatéralement par ses acheteurs plutôt que par ses producteurs, celui-ci aurait logiquement (« naturellement ») une tendance structurelle à la baisse, en fonction des desiderata desdits acheteurs. Ainsi, l’infrastructure même des marchés mondiaux des matières premières détermine stratégiquement leur trop faible valeur par rapport aux produits finis : ce sont les seuls marchés au monde à souffrir de la « détérioration des termes de l’échange ».

En sorte que les pays africains achètent toujours plus cher ce qu’ils ne produisent pas, et vendent de moins en moins cher leurs ressources naturelles pourtant rares et indispensables à d’innombrables industries de la planète. Les fruits du travail des Africains sont ainsi généralement échangés contre de moins en moins de produits fabriqués par les travailleurs des pays tiers : « le pouvoir d’achat des exportations africaines a baissé de 37% en moyenne entre 1980 et 1990, et les prix réels des matières premières autre que le pétrole ont baissé de 45% pendant la même période. » Si l’on considère la dévaluation du franc CFA en 1994, les ratios ci-dessus deviennent, respectivement, 74% et 90% : soit une spoliation pure et simple des matières premières africaines grâce à des mécanismes dolosifs savamment fomentés.

En d’autres termes, les nations nègres ne sont pas respectées dans leurs transactions avec les autres nations du monde. Elles seraient même l’objet de mépris, dans la mesure où les fruits de leur labeur reçoivent structuralement moins de contrepartie dans leurs échanges avec le reste du monde. C’est donc par subterfuges rhétoriques que ce mépris - volontairement institutionnalisé - est naturalisé dans un jargon économiciste des « forces du marché », de « la conjoncture mondiale », de « la main invisible », ou encore de « la détérioration des termes de l’échange » ; lors même qu’il est la conséquence rigoureuse de « politiques délibérées » orchestrées en toute connaissance de cause par ceux qui y ont le plus grand intérêt. Politiques ayant coûté en moyenne 70 milliards de dollars par an à l’Afrique entre 1970 et 1990.


Une stratégie de « sécurité alimentaire » qui affame les Africains
Soutenus par les pays occidentaux, le FMI et la Banque Mondiale imposèrent aux pays africains une politique d’importation de denrées alimentaires, au détriment de la stratégie d’autosuffisance alimentaire qu’avaient adoptée certains dirigeants avisés, tels que Thomas Sankara. En vertu du concept économique de libre-échange dit de « l’avantage des coûts comparatifs », ces institutions avaient résolu qu’il était plus avantageux pour les Africains d’importer l’essentiel de leur nourriture grâce à leurs recettes d’exportation de matières premières et produits semi-finis, plutôt que de pourvoir à leur propres besoins alimentaires : par exemple, entre 1997 et 1999, 80% des importations de marchandises en Afrique subsaharienne consistèrent en produits alimentaires.

Or, il n’est pas incompatible de produire en vue d’exporter tout en investissant une partie de ses recettes d’exportation dans une politique (sous-régionale) d’autosuffisance alimentaire, et de transformation locale progressive de ses propres ressources naturelles en produits finis. Pis encore, la chute vertigineuse des recettes d’exportation à fait contracter une dette colossale à l’Afrique, dont le service annuel est l’un des « drames » des économies africaines :
« Par exemple, entre 1980 et 2002, l’Afrique subsaharienne avait payé plus de 250 milliards de dollars sous forme de service cumulé de la dette, soit environ quatre fois le montant de la dette de 1980. Entre 1998 et 2002, elle avait remboursé 49.3 milliards de dollars contre des prêts estimés à 35 milliards de dollars. Soit un transfert net de 14 milliards aux pays riches. »

De fait, en spécialisant exagérément les économies africaines dans la simple fourniture de matières premières, le FMI et la Banque Mondiale ont organisé (via la funeste Politique d’Ajustement Structurel : P.A.S.) la dépendance stratégique à long terme de ces pays à l’égard du reste du monde. Ces institutions ont surtout aidé à l’expatriation d’immenses gisements de valeur ajoutée hors de l’Afrique, au profit des pays pauvres en matières premières.

En effet, chaque fois que l’Afrique brade ses ressources naturelles, elle offre aux pays pauvres en matières premières les emplois nécessaires à leur transformation. C’est ainsi que les ressources naturelles africaines procurent chaque année du travail à des millions de ressortissants des pays pauvres en matières premières ; soit autant d’emplois soustraits aux « jeunes d’Afrique » depuis trop longtemps.

Désindustrialisation, Déruralisation, Emigration
Sous le joug de la Politique d’Ajustement Structurel, l’économie du Sénégal a détruit « au moins 1/3 » des emplois de son secteur manufacturier dans les années 1980 ; tandis que celle du Ghana perdait plus de 50000 emplois sur 78500, uniquement entre 1987 et 1993.

En outre, les ratios d’investissement sont tombés de 23% entre 1975 et 1979 à 16% entre 1985 et 1989 ; 16% étant d’ailleurs la part que la Côte d’Ivoire réserve aux investissements publics dans son budget 2008, dont l’élaboration était parrainée par les « institutions de Bretton Woods ». Ce qui est proprement scandaleux pour un pays à peine convalescent d’une crise politique de quinze ans (depuis le décès d’Houphouët Boigny), et qui doit malgré cela consacrer 26% de son budget au remboursement d’une dette internationale déjà maintes fois remboursée.

Cette politique de désindustrialisation de l’Afrique vise à en faire, coûte que coûte, le débouché des produits finis fabriqués par les pays pauvres en matières premières ; lesquels traversent une crise de surproduction agro-alimentaire, en raison de leur agro-industrie obtusément productiviste. Ainsi, en plus des « décompressions » massives enregistrées partout en Afrique pendant la période des P.A.S., le concept de « sécurité alimentaire » a causé le démantèlement de l’agriculture africaine. En effet, grâce à un milliard de dollars de subvention par jour, les produits agricoles des pays de l’OCDE peuvent envahir les marchés africains, en chasser la production locale, et ainsi jeter les populations rurales sur les sentiers de l’exode, où elles vont s’entasser dans des bidonvilles insalubres de mégalopoles sans industrie ni services, donc sans emploi.

Cette déruralisation massive s’additionne à la désindustrialisation non moins massive pour former des flux hypertrophiques de « jeunes d’Afrique » désoeuvrés, dont certains se voient obligés de fuir le continent-mère pour aller jouer leur avenir individuel ailleurs, emportant souvent les derniers espoirs ainsi que la maigre épargne de leurs familles.

Où l’on comprend que l’émigration de plus en plus nombreuse des Africains vers les pays pauvres en matières premières est une des conséquences systémiques du pillage des ressources naturelles africaines par ces mêmes pays. Un pillage qui prive les économies africaines des millions d’emplois liés à la transformation locale de leurs matières premières, ainsi que de l’acquisition des compétences technologiques inhérentes à cette transformation.


Un carcan monétaire : le franc des Colonies Françaises d’Afrique
Aux termes d’accords monétaires qu’elle a imposés dès 1939 à ses colonies d’Afrique, puis reconfigurés en décembre 1945, la France confisque automatiquement 50 dollars (ou autre devise) à chaque Pays Africain de la Zone Franc (PAZF) qui réalise 100 dollars (ou autre devise) de recette d’exportation. Le taux de cet « impôt CFA » était d’ailleurs de 65% jusque dans les années 1970, où il a été baissé. Par ce mécanisme, c’est l’équivalent d’environ 10000 milliards de francs CFA que le Trésor Public Français a encaissés en 2006, au titre d’une très hypothétique « garantie de changes » [4]. Ce dispositif de pillage monétaire des devises africaines par la France est unique en son genre dans les annales de l’histoire mondiale de la monnaie [5].

Ainsi, non seulement le pouvoir d’achat des recettes d’exportation des PAZF ne cesse de s’éroder, mais encore ces pays sont assujettis à un « impôt CFA » qui les prive quasiment de la moitié de leur masse monétaire globale. Or, une telle répression monétaire réduit drastiquement les possibilités locales de crédit, aussi bien à la consommation des ménages qu’à l’investissement productif des opérateurs économiques nationaux (paysans, petits commerçants ou jeunes entrepreneurs).

Elle empêche sciemment la création endogène de richesses marchande, l’épanouissement de l’esprit d’initiatives économiques chez les autochtones, au profit de la mainmise des investisseurs étrangers sur les secteurs économiques rentables. Une telle contraction colonialiste de la masse monétaire réprime les opportunités de consommation des familles africaines ; tandis qu’en Europe ou aux Etats-Unis, les ménages recourent librement, voire licencieusement, aux crédits bancaires, notamment pour l’achat des biens d’équipement ménager, d’automobiles ou de logements. De fait, l’une des caractéristiques endémiques des PAZF, c’est la sous-liquidité excessive de leur économie, dans un contexte mondial d’inflation galopante des quantités de devises, notamment de la masse de dollars américains, dont le prix (ou le taux de change) ne cesse de dégringoler.

Toutefois, comme par un étrange hasard, de tout cela il n’a guère été question le 26 juillet 2007 à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar. A croire que l’ancien ministre français du Budget dans l’un des gouvernements du Premier ministre Edouard Balladur, le « Père de la Dévaluation du franc CFA » en 1994, n’en savait rien.

En fait, le « drame de l’Afrique », ce n’est pas tant que M. Nicolas Sarkozy feigne de l’ignorer ; c’est surtout que son propre pays en soit l’un des principaux coupables. La structure prédatrice et le caractère paupérisant des rapports économiques séculaires que la France inflige à l’Afrique constituent un facteur structurel prépondérant de la misère africaine.

L’installation par la force d’affidés nègres à la tête d’Etats impotents, de même que le soutien indéfectible des gouvernements français successifs à ces dictateurs africains inamovibles, sont autant de « drames » qui ruinent chaque jour un peu plus les ressources humaines et naturelles africaines, au profit d’intérêts capitalistes étrangers. Tout cela est constitutif du « plus long scandale de la république » française [6].

Ceci dit, il appartient d’abord aux Africains eux-mêmes de s’imprégner profondément de ces réalités, et de les documenter toujours plus méticuleusement, car l’une des causes majeures de notre tragédie collective consiste également dans notre renoncement, ou notre incapacité, à comprendre réellement ce qu’il nous arrive [7] ; au point parfois de prendre nos fossoyeurs cyniques pour des sauveurs bénis.



NOTES

[1] Sous la direction de Makhily Gassama, L’Afrique répond à Sarkozy – Contre le discours de Dakar, éd. Philippe Rey, 2008.

[2] Dans son allocution de Dakar, datée du 26 juillet 2007, Nicolas Sarkozy présentait comme suit les causes du marasme africain : « Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire. Le paysan africain, qui depuis des millénaires, vit avec les saisons, dont l’idéal de vie est d’être en harmonie avec la nature, ne connaît que l’éternel recommencement du temps rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes et des mêmes paroles. Dans cet imaginaire où tout recommence toujours, il n’y a de place ni pour l’aventure humaine, ni pour l’idée de progrès. Dans cet univers où la nature commande tout, l’homme échappe à l’angoisse de l’histoire qui tenaille l’homme moderne mais l’homme reste immobile au milieu d’un ordre immuable ou tout semble être écrit d’avance. Jamais l’homme ne s’élance vers l’avenir. Jamais il ne lui vient à l’idée de sortir de la répétition pour s’inventer un destin. »

[3] Demba Moussa Dembélé, Méconnaissance ou provocation délibérée ?, in L’Afrique répond à Sarkozy, op cit, pp.77-108

[4] Nicolas Agbohou, Le franc CFA et l'Euro contre l'Afrique, éd. Solidarité Mondiale, 2000

[5] Joseph Tchundjang Pouémi, Monnaie, servitude et liberté – La répression monétaire de l’Afrique, éd. Menaibuc, 2000

[6] François – Xavier Verschave, La Françafrique – Le plus long scandale de la République, éd. Stock, 1999.

[7] Aminata Traoré, L’Afrique humiliée, éd. Fayard, 2008



KLAH Popo
Mai 2008

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Les Panafricanistes doivent s'unir, ou périr...
comme Um Nyobè,
comme Patrice Lumumba,
comme Walter Rodney,
comme Amilcar Cabral,
comme Thomas Sankara,
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MessagePosté le: Mer 24 Déc 2008 11:15    Sujet du message: Répondre en citant


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MessagePosté le: Sam 04 Juil 2009 07:42    Sujet du message: Samedi 4 juillet à 17h00 Répondre en citant

Anibwé vous invite, ce samedi 4 juillet à 17h, à une rencontre avec Louise-Marie Diop-Maes, veuce de C. Anta Diop, et Rosa Amélia Plumelle-Uribe.
Cette rencontre s'inscrit dans le cadre des conférences annuelles organisées par l'Espace Culturel Panafricain Anibwé.

Après les rencontres sur les thèmes de la Traite, de l’Aliénation et de la longue Domination, cette 3ème rencontre avec Rosa Amélia Plumelle-Uribe vise à explorer les voies et moyens possibles pour sortir de la dépendance savamment organisée par ceux-là même qui prétendent aider l’Afrique à sortir du sous-développement.

C’est dans la même perspective de reconstruction, à partir d’une bonne connaissance des données historiques, que L.-M. Maes-Diop débusque l’inculte chérif à travers l’analyse méthodique du Discours de Dakar le 26 juillet 2007 ; contribution publiée dans l’ouvrage collectif L’Afrique répond à Sarkozy, éd. Philippe Rey.



Louise Marie Diop-Maes est docteur d'État en géographie humaine à la Sorbonne. Elle a contribué à l'ouvrage collectif L'Afrique répond à Sarkozy éd. Philippe Rey 2008 et est l'auteur de plusieurs ouvrages consacrés à l'Afrique, notamment Afrique Noire : démographie, sol et histoire éd. Présence Africaine 1996

Rosa Amélia Plumelle-Uribe est Avocate et a participé à plusieurs colloques à propos de l'esclavage et de les traites des esclaves. Elle est l'auteur de La Férocité blanche, des non-Blancs aux non-Aryens, ces génocides occultés de 1492 à nos jours, éd. Albin Michel, 2001 et de Traite des Blancs, Traite des Noirs, éd. L'Harmattan 2008.

Samedi 04 juillet 2009 à 17h00
Participation 5 €

Librairie ANIBWE
52, rue Greneta 75002 Paris
Tél.: 01 45 08 48 33
Métro. : Les Halles, Réaumur Sébastopol, Sentier

Source : Lettre d'info d'Anibwe
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