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OEUVRONS ENSEMBLE POUR LA RECONCILIATION DE LA GUINEE

 
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ARDIN
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MessagePosté le: Mar 14 Juil 2009 00:54    Sujet du message: OEUVRONS ENSEMBLE POUR LA RECONCILIATION DE LA GUINEE Répondre en citant

Salut la famille!

Quand la France organisa le référendum du 28 Septembre 1958, tous les pays africains sous sa tutelle optèrent pour le Oui a l’exception d’un seul : La Guinée.
La Guinée qui a dit NON à la France avait à sa tête Ahmed Sékou Touré, qui devint par la suite Président de la République.
La France ne pardonna pas ce geste et, résolue qu’elle était a le faire payer très cher a l’homme qui a œuvré pour l’obtention de ce NON ; mis tous les moyens à sa disposition pour le faire échouer. Et ce qui devrait arriver arriva : ce qu'on appelle la dérive du régime.
Cette dérive qui n’est pourtant que la conséquence de l’action de la France n’a jamais fait l’objet d’une étude rigoureuse et honnête. Au contraire, elle a toujours été présentée comme étant la manifestation de la nature intrinsèque de Sékou Touré.
La propagande a réussi son opération de diabolisation et du dénigrement de l’homme au point où dire du bien de Sékou Touré est assimilé à un acte criminel.
Aucune démarche rationnelle dans l’évocation de l’homme n’est officiellement admise. L’évocation de l’homme et de sa mémoire, est circonscrite dans un seul ensemble, celui de la propagande diabolisante.
Beaucoup a été dit sur Sékou Touré, on n’arrête pas de dire tout le mal qu’on pense de lui.
L’un des derniers à s’illustrer dans cet art très prisé est ALSENY RENE GOMEZ dans son livre intitulé : CAMP BOIRO PARLER OU PERIR

L’auteur de ce livre nous informe par exemple qu’il a séjourné au Camp Boiro, mais ne nous dit pas pour quelle raison. Et c’est en vain qu’on la trouverait au fil des 268 pages de ce livre.

Heureusement qu’il existe encore quelques bonnes âmes sur cette terre qui ont le courage d’aller a contre-courant des grilles de lecture imposées par la propagande de l’ordre dominant.
Il y a parmi ces bonnes âmes, SIDIKI KOBELE-KEITA, l’auteur de : AUTOPSIE D’UN PAMPHLET : «CAMP BOIRO. PARLER OU PERIR»

L’auteur et son préfaceur, remettent les pendules à l’heure avec beaucoup de lucidité.

Nous avons été gratifie il y a une année de ce topic : Aux Adorateurs de Sekou Touré. La démarche de l’initiateur du topic, qui a balayé d'un revers de la main tout le contexte historique et les complexités liées à celui-ci, fut annoncée en ces termes :
Citation:

Ce message est pour tous les intervenants sur ce forum qui ont fait des éloges à Sekou Touré en tant que héros Africain. Un héros se juge sur son bilan.

La suite du topic, en dehors des interventions de deux autres grioonautes, fut le lot des seuls faits sur lesquels les grioonautes étaient conviés à lire.

Je viens aujourd’hui vous proposer autre chose : de nous situer très loin des polémiques, très loin des passions que déclenche l’évocation même du nom de Sekou Touré, de façon a avoir une lecture sereine qui ne fausse pas notre jugement personnel et collectif sur Ahmed Sekou Toure, acteur de cette partie de l’histoire de la Guinée et de l’Afrique qui reste suspendu dans un tourbillon.

J’ai en ma possession les deux ouvrages dont il est question, et ma démarche va consister à soumettre progressivement à votre lecture et à votre appréciation, des extraits croisés, a défaut de vous copier les deux livres.

A bientôt !
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WILDCAT
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MessagePosté le: Mar 14 Juil 2009 09:02    Sujet du message: Répondre en citant

Ardin ta contribution est tout à ton honneur. C'est en Guinée ou ceux qui ont vécu à l'époque de l'ancien Régime ou les victimes d'exactions politiques qui débattent avec passion car il y a toujours des zones d'ombres. Depuis un certains temps des langues d'anciens dignitaires commencent à se délier et des clubs AST se forment ici et là soit pour confirmer ou contredire les anti AST. Bref si j'ai des infos je les posterai! Pour le moment à Conakry on essaie de comprendre comment de AST on est passé à MDC!!! Quoique cela ne nous étonne pas trop!
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ARDIN
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MessagePosté le: Mar 14 Juil 2009 14:31    Sujet du message: Répondre en citant

Salut !

Les premiers extraits que je vous livre les deux préfaces.
Le premier est celle du livre d’Alseny Rene Gomez, signé par le Professeur Djibril Tamsir Niane dont voici le contenu intégral :
Citation:
PRÉFACE

La littérature de douleur s'enrichit d'un nouveau titre; un prisonnier illustre se décide enfin à livrer ses souvenirs du camp Boiro, sinistre camp de la mort. On appelle littérature de douleur, ces productions qui relatent les crimes et atrocités des prisons guinéennes sous le règne de Sékou Touré. Des titres désormais célèbres ont assuré au camp Boiro une triste renommée. Il faut citer entre autres Prisons d'Afrique de Jean Paul Alata, La mort de Diallo Telli de Amadou Diallo, Camp Boiro de Ousmane Bah, Le dernier survivant du complot Kaman Fodéba de Touré Kindo, etc.

Avec l'ouvrage dont nous gratifie Alsény Réné Gomez, nous nous enfonçons encore plus dans la gadoue du sinistre camp. Cet ouvrage est d'une grande originalité. Mu par la forte volonté de témoigner, l'auteur a voulu coûte que coûte éclairer un pan important de l'histoire de la Guinée, qu'une conjuration qui ne dit pas son nom tente d'occulter. En prison même, il prit la décision de tout faire pour «collecter le maximum d'informations, afin de pouvoir témoigner si Dieu un jour (le) sortait de cet enfer».
Cette décision prise, il s'emploiera à survivre et une fois hors de prison, il se livrera à un véritable travail de recherche sur le camp Boiro et sur les autres lieux de détention des prisonniers politiques. Le mérite est d'autant plus grand que le régime n'avait ni le culte du document écrit, encore moins la vertu de constituer des archives bien classées. De plus, il fallait être doté d'une grande audace pour se livrer à des recherches de ce genre sur un régime révolutionnaire soupçonneux et prompt à punir et à sévir.
Homme méthodique, l'auteur a su fouiner là où il faut, et il a mis la main sur des pièces inédites, d'une rare valeur. On y reviendra. Le livre de Alsény Réné Gomez, comme les autres œuvres de la Littérature de douleur, nous fait découvrir l'univers carcéral et ses horreurs. Il a été pris et jeté en prison en 1971. C'est le complot dit de l'agression portugaise du 22 novembre 1970. Les combattants du Parti Africain de l'Indépendance de la Guinée Bissau et du Cap Vert (PAIGC) avaient fait prisonnier un pilote portugais, fils d'une haute personnalité de Lisbonne. Le pilote et d'autres prisonniers portugais étaient internés dans un quartier de Conakry. Les autorités de Lisbonne lancèrent une expédition sur la capitale, où un commando fut débarqué et réussit non seulement à se rendre maître du camp Boiro et d'une partie de la ville, mais aussi à libérer les prisonniers portugais et à regagner les bateaux qui mouillaient au large de la côte.


Le succès de l'expédition, selon les autorités de Conakry ne peut s'expliquer que par l'existence de complices guinéens, formant ainsi une 5ème Colonne. Le Gouvernement cria au complot. La machine déjà bien rodée se mit en branle, les listes de persécutions furent dressées. Réné Gomez, alors Directeur Général de l' Aviation Civile, n'échappa pas aux vagues d'arrestations qui déferlèrent sur Conakry et sur le pays tout entier.
Ce fut la plus grande purge que la Guinée ait connue. Le Comité Révolutionnaire et le Tribunal Révolutionnaire travaillèrent en permanence à partir de novembre 1970. Arrestations de jour comme de nuit, sur les lieux de travail, à domicile ou sur la route.
Une simple dénonciation suffit; point n'est besoin de preuves. Tous les présidents de comité (les chefs de quartiers) étaient habilités à arrêter tout suspect. Une fois en prison, l'auteur découvre l'autre face de la Révolution; le monde de la torture, de la faim, des interrogatoires, des sévices corporels, des exécutions sommaires.

C'est au milieu des souffrances, de l'humiliation des traitements infamants que notre auteur, ayant subi ce qu'il a subi, se jura de témoigner devant la conscience humaine, au nom des droits de l'homme, dont le camp Boiro est la négation.

Ainsi, par delà les descriptions récurrentes des séances de torture dans la fameuse cabine technique, des départs des condamnés vers les pelotons d'exécution, par delà l'évocation des scènes horribles des arrestations et des interrogatoires nocturnes, Alsény Réné Gomez se pose la question fondamentale de la responsabilité des crimes. Il pose une série de questions.
«Pourquoi tout ce massacre? Comment expliquer à défaut de pouvoir justifier un tel acharnement et une telle cruauté ». Sékou Touré endosse-t-il seul la responsabilité des tueries, des tortures? Ceux qui sont prompts à le disculper, s'empressent d'accuser l'entourage, qu'on rend coupable de désinformation, de lui cacher la vérité. On ne peut pas dire que le Responsable Suprême de la révolution ignorait ce qui se passait dans le camp Boiro. L'ambassadeur André Lewin, dont le sort a fait un ami et un confident du Président Sékou Touré, dit : « Sékou Touré téléphonait en effet pour féliciter certains d'avoir avoué, à d'autres pour demander de le faire, et l'on peut voir en effet dans ces interventions curieuses des actes de tortures psychologiques. » Le doute n'est pas plus permis quand on lit une lettre écrite de sa main demandant à un prisonnier d'aider la Révolution (cf. en annexe la lettre de Kamissoko). Le problème se pose de savoir si Sékou Touré était un malade; bien des points de vue ont été exprimés sur cette question. Les médecins ont parlé de syphilis qui aurait débordé sur la paranoïa. Un journaliste parle de la hantise du complot qui va le conduire peu à peu aux pires excès.

Sékou Touré a-t-il succombé à l'irrationnel? On ne peut nier l'influence des fétichistes et des marabouts. Mais cela n'explique pas tout; il y a qu'un système a été mis en place à partir d'une idéologie, une machine implacable s’est mise en marche. Comment expliquer l'acharnement contre une ethnie: Les Peuls? Comment expliquer le violent désir de toujours écraser, anéantir?
Des interrogations il y en a, pour trouver les réponses, il faut se parler.

La réponse à ces questions sollicite la réflexion, la sagacité de tous. Il y a surtout qu'aussi bien en Guinée qu'hors de la Guinée, les études, les recherches sur le temps de Sékou Touré, n'ont pas avancé. Dans sa perplexité, Alsény Réné Gomez, jetant un coup d' œil sur ce passé récent, pose le problème du bilan de la 1ère République.

Quels résultats, s'exclame-t-il ? L'ancien prisonnier voit «un crime programmé, qui a contribué à la liquidation physique de deux générations de Guinéens, dont les cadres civils et militaires représentant l'élite de notre société, les femmes et les paysans, notre principale force productrice. Ce massacre a aussi privé notre pays de cerveaux et de bras indispensables pour le développement de toute la nation.» Nous sommes ici aussi devant l'éternelle question des dictatures. Hitler, avant de plonger le monde dans le chaos et perpétrer le plus grand génocide de tous les temps sur les Juifs, a été l'homme providentiel qui a restauré l'Etat, relancé l'économie de l'Allemagne par des réalisations spectaculaires. Le procès de Nuremberg a prononcé la condamnation du nazisme coupable de crimes contre l'humanité. Mutatis Mutandis.
Sékou Touré a conduit la Guinée à l'Indépendance, il a réhabilité l'homme noir et la culture africaine, a donné une audience internationale à un pays dont ni la superficie ni la population ne sont significatives. Mais ce bénéfice extraordinaire justifie-t-il l'existence du Camp Boiro et d'autres prisons antichambres de la mort ?
Il reste que Alsény René Gomez, fervent disciple de la paix et des droits de l'homme entend mener le combat et appelle à ses côtés les survivants, les veuves, les orphelins des victimes du Camp Boiro. Cinquante ans n'ont pas cicatrisé la plaie; le devoir de mémoire qu'il pose devient incontournable; il semble bien que les non-dit et autres silences sur les prisons de la 1ère République, constituent un blocage psychologique pour les Guinéens.
Sournoisement, les gens de l'ancien régime ont détruit le Camp Boiro jusque dans ses fondements... sous les yeux des dirigeants de la 2ème République.
Le non-dit s'accumulent. Il faudra bien crever l'abcès un jour. La réconciliation nationale l'exige. L'invite de Alsény René Gomez sera-t-elle entendue? Les annexes abondantes de son livre renferment une documentation de toute première importance. Anciens prisonniers, veuves et autres parents sont invités à compléter la liste alphabétique des disparus, des victimes tuées au fil des complots. Il a identifié des charniers, des cimetières; ses recherches devraient être poursuivies si l'on veut connaître toute la vérité. Militant du «plus jamais ça », Alsény René Gomez veut informer et mettre à nu le drame des prisons. Il veut honorer la mémoire des milliers d'anonymes. La documentation recueillie par lui instaure l'instruction du dossier ‘‘Camp Boiro’’. Il propose aux lecteurs des documents insolites, et on est tenté de dire:
Quand un pays a été ébranlé par un drame aussi poignant, il est établi que «sans une réconciliation», sans un «pardon », rien ne peut marcher.
Nous avons vu le cas de l'Afrique du Sud: Nelson Mandela a réussi à concilier, à rapprocher les composantes d'une société déchirée par près d'un demi-siècle d'Apartheid. Nous connaissons le cas de l'Espagne; malgré un « pacte d'oubli », soixante-dix ans après la guerre civile, le passé rattrape les hommes et la plaie s'ouvre à nouveau. En Afrique, les conférences nationales dans les années 1990 ont aidé à évacuer le «temps du kaki couronné».

La Guinée elle, n'a pas encore trouvé l'opportunité de crever l'abcès des non-dit d'antan. Pourtant le développement est à ce prix. Si l'on n'ouvre pas un débat sur le drame de la 1ère République, si l'on n'exorcise pas ce passé, il sera difficile d'entretenir une paix sociale. Aujourd'hui, beaucoup pensent que le moment est venu de poser le problème de la réconciliation nationale;
Alsény René Gomez pour sa part, veut hâter ce moment.

DJIBRIL TAMSIR NIANE


Voila, je vous laisse savourer, avant de revenir sur l’intégralité de la préface du livre de Sidiki Kobélé-Keïta
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ARDIN
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MessagePosté le: Mar 14 Juil 2009 17:00    Sujet du message: Préface d'Ibrahima Fofana Répondre en citant

Voici maintenant l'intégralité de la préface du livre de Sidiki Kobele-Keita signée par Ibrahima Fofana

Citation:
Préface

Qu'il me soit permis, pour présenter l'édition du nouvel ouvrage de Sidiki Kobélé Kéïta, de rappeler une idée très simple.

Voici cette idée: C'est toujours sur le mode de la conspiration, du complot, que commence, puis se conçoit et se réalise une entreprise de déstabilisation, de renversement d'un régime politique, tel que celui instauré par le parti démocratique de Guinée (PDG).

Lorsqu'un régime politique a su répondre aux aspirations d’un peuple dont il a, de ce fait, réussi à acquérir la confiance et le soutien et lorsque, en dépit de cette confiance et de ce soutien, des adversaires résolus de ce régime, pour des motifs qui leur sont propres, mais qu'ils savent ne pas être partagés par le peuple, dans sa masse, décident d'en découdre et d'en finir avec ce régime, si celui-ci est contraint d'assurer sa défense et sa survie par tous les moyens, y compris la force, la répression, le seul recours dont disposent ses adversaires, pour parvenir à leur fins, est la lutte armée. Mais la lutte armée a ses exigences et ses contraintes propres, qui requièrent, de ceux qui s'y engagent, foi en leur cause et à son issue victorieuse, abnégation, courage, endurance et sacrifice de toutes sortes.

Or, il semble que ce ne soit pas cette voie royale, mais escarpée, qui a eu la faveur des adversaires du régime guinéen de Sékou Touré et de ses compagnons de lutte, dès les premières années de l'indépendance; bien que de sérieuses tentatives d’implanter des maquis au Fouta aient été enregistrées avec, entre autres, la découverte, en 1960, par le Gouvernement guinéen, le long de la frontière guinéo-sénégalaise, de caches d'importantes quantités d'armes de guerre et de munitions.

Il est donc indéniable que dès l'indépendance de la Guinée, il Y a eu une volonté et des tentatives de déstabilisation, de renversement du régime guinéen. La publication de l'ouvrage de l'historien Sidiki Kobélé Keïta, Des complots contre la Guinée de Sékou Touré de 1958 à 1984, est venu montrer que s'il y a eu Camp Boiro, c'est-à-dire la répression, c'est parce qu'il y a eu d'abord et nécessairement complots, pour tenter de renverser un régime politique instauré par la volonté du peuple de Guinée. C'est cette filiation indiscutable que la « littérature de douleur» a invariablement et constamment tenté d'occulter ou d'escamoter. Et c'est sur cette filiation que Sidiki Kobélé Keïta revient pour faire entendre mieux qu'il ne saurait y avoir de fumée sans feu, qu'il n'y a pas d'effet sans cause.

Il est remarquable que depuis la publication de son premier ouvrage sur les complots, il ne s'est trouvé personne, absolument personne, qui ait entrepris de le réfuter, à la manière du Professeur Samba Diarra, auteur d'un ouvrage, Les faux complots d'Houphouët Boigny; de mettre en doute la pertinence des sources, sur le fondement desquelles Sidiki Kobélé Keïta a su mettre à nu la réalité des complots. Cette réalité, Sidiki Kobélé Keïta n'est pas le seul ni le premier amené à la dire. Il y a eu Jean Faragué ; il y a eu un auteur, qu'on ne saurait soupçonner de sympathie pour le régime de Sékou Touré:
Amadou Diallo, auteur du Livre: La mort de Diallo TelIi. Dès l'introduction, il écrit: « Des différents complots en République de Guinée, je dirai qu'ils ont un fond de réalité. C'est à partir d'un fond de réalité que Sékou Touré a monté de toutes pièces de grandes machines qui ont broyé tous ceux, qu'à tort ou à raison, il imaginait être des opposants actifs ou passifs. .. ».
Que cette affirmation d'Amadou Diallo ait ou non un fondement, cela ne change rien au fait que l'auteur de La mort de Diallo Telli, sans contrainte, autre que celle que lui a dictée sa conscience, a été amené à dire que les différents complots ourdis en Guinée « ont un fond de réalité », c'est-à-dire ont été réels. Il témoigne ainsi, en le montrant sans détour, avec minutie et application, par la marque de sa propre et réelle participation
à un complot. S'agissant de cette participation, il a lui-même - et c'est tout à son honneur - tiré « au clair ce qui fut d'une part la réalité et de l'autre l'affabulation grandiloquente et meurtrière du Chef de l'État guinéen ». Les six premières pages du chapitre, intitulé « Mon arrestation », sont consacrées à cette clarification. Elles sont une remarquable illustration de ce qu'un fils, issu de la chefferie qui sera déchue, est capable de dévouement et. .. de « générosité », aux dépens des deniers de l'État dont il travaille à la ruine pour assurer le triomphe d'une cause, dont on sait qu'elle s'identifie à l'irrépressible tentative de revanche sur le régime guinéen, de ceux des fils de cette chefferie qui « ne pardonneront jamais à M. Sékou Touré d'avoir, en supprimant la chefferie, destitué leurs pères... ».

Qu'on ne s'y trompe pas: tout le monde sait - et les adversaires du régime guinéen mieux que quiconque - que c'était aller au suicide, que l'entreprise de ces adversaires était d'avance vouée à l'échec, s'ils engageaient l'épreuve de force de manière frontale, à visage découvert. Et pour cause ! D'importantes réformes politiques et administratives avaient été accomplies par le Conseil de gouvernement de Guinée, sous le régime instauré par la loi-cadre de 1956, notamment la suppression de la chefferie coutumière et la mise en place d'institutions démocratiques pour la conduite des affaires publiques. Sans ces réformes, seraient rendus impossibles, à la fois le choix historique fait par le peuple de Guinée le 28 Septembre 1958 et son soutien effectif au régime politique instauré le 2 octobre 1958.
Ces réformes ont profondément affecté d'une mutation les rapports structurels existants dans la société guinéenne en général, au Fouta en particulier. Aussi, le profond déséquilibre des rapports de forces qui en a résulté en faveur du nouveau régime, explique le fait que les tentatives récurrentes de renversement du régime par des guinéens, issus de toutes les composantes ethniques de la population, étaient marquées, toutes, du sceau de l'impuissance, de l'échec et du désespoir, et n'avaient quelque chance de réussir que si elles avaient été appuyées du secours de l'étranger, plus précisément des services spéciaux, communément appelés services secrets, des puissances occidentales, la France coloniale en tête.

Comme l'implantation des réseaux de ces services a eu lieu dès les premiers temps de l'indépendance, elle a été, de ce fait, faible au départ et inégalement répartie, d'une part entre les quatre régions naturelles du pays et, d'autre part, en leur sein même. La particularité de cette implantation réside en ceci que les services spéciaux, notamment français, le SDECE en particulier, rendaient cette implantation sélective et tributaire du degré d'hostilité au régime guinéen, supposé exister au sein des populations de telle ou telle région naturelle. D'autre part, les directives n'émanant que des états-majors de ces services, ayant tous leur siège à l'extérieur de la Guinée, la règle d'or pratiquée par les réseaux était le secret, la conspiration et le cloisonnement de leurs activités. Voilà pourquoi tous ces participants à ces complots pouvaient vivre dans l'anonymat, une vie parfaitement normale, dans la même ville, dans la même région naturelle de la Guinée, sans se connaître et se faire connaître, sans avoir de contact les uns avec les autres, hormis le cas de régions naturelles où, au fil du temps, l'implantation était devenue progressivement massive et où, pour la conjuration, la chute du régime était devenue inéluctable et imminente.

Ce cloisonnement, voulu dans l'organisation et l'activité de ces réseaux, avait été poussé à un si haut degré de perfectionnement que les états-majors des services spéciaux étaient les seuls, ainsi que de rarissimes cadres guinéens expatriés à leur solde, à connaître les cadres guinéens qu'ils avaient recrutés et auxquels ils avaient confié la direction des réseaux à l'intérieur et à l'extérieur de la Guinée. De telle sorte que si le chef d'un réseau ou un agent quelconque de ce réseau venait à être démasqué, sa mise en état d'arrestation ne pouvait mettre en péril l'existence de l'ensemble des réseaux implantés en Guinée.
Ceux des guinéens qui, aujourd'hui, préfèrent porter témoignage sur les effets plutôt que sur la cause de la répression, consécutive à la découverte d'un complot, tentent de se donner une virginité, en occultant leur propre participation à une conspiration. La répression, le camp Boiro, c'est forcément la partie visible de l'iceberg. Et le grave défaut de cette visibilité est qu'elle s'accompagne toujours d'une importante charge affective. Sous l'empire de celle-ci, on en vient à perdre de vue que les crimes commis contre l'État guinéen constituent la partie immergée de l'iceberg. De ce fait, elle est celle que les fauteurs de complots sont invariablement plus prompts à rendre sujette à caution. Toute cette floraison d'une «littérature de douleur» n'a qu'un but: masquer, sous l'empire et à la faveur de la douleur produite par la narration de faits atroces, de règlements de compte abominables, que toute conscience réprouve naturellement, le lien étroit qui existe entre l'entreprise destructrice de ceux qui étaient, en vérité et résolument, hostiles à l'indépendance de la Guinée, et la défense résolue et implacable, par le régime guinéen, de cette indépendance. Ils sont rares ceux qui, une fois démasqués, puis ayant recouvré la liberté, ont eu le courage et l'honnêteté de reconnaître leur participation à un complot et, partant, la pertinence de leur mise en état d'arrestation et du châtiment qui leur a été infligé. Cela permet à cette «littérature de douleur» d'être, par excellence, une littérature de la dénégation et aussi de la condamnation du régime guinéen. Parce que réflexion faite, il est plus facile, mais moins honorable, de dénoncer, après coup, par la parole ou l'écriture, les bavures d'un régime; il est plus facile de ne pouvoir compter que sur le secours de l'étranger, pour tenter d'abattre le régime guinéen, au lieu de pouvoir compter sur ses propres forces.

Par contre, il est de notoriété publique qu'aucun opposant au régime guinéen n'a jamais fait état d'un palmarès de succès remportés dans sa lutte contre ce régime; aucun adversaire du régime guinéen, face aux échecs répétés de tous les complots, au lieu de s'entêter dans une stérile conjuration, n'a jamais osé poser l'ultime acte héroïque, seul capable d'abattre le régime
guinéen, un régime qui aurait, bien entendu, perdu le soutien du peuple: prendre le maquis et organiser la lutte armée, sur le terrain, en Guinée.

Puisqu'on a parlé de productions de l'esprit et, parmi ces productions, on a cru devoir ranger ce qu'on a appelé la «littérature de douleur », qu'il me soit permis de citer le grand helléniste, le regretté Professeur André Bonnard, auteur de la grande Civilisation Grecque:
«Sophocle, écrit le Professeur André Bonnard, n'est pas un de ces écrivains qui nous disent grossièrement: celui-ci a tort, celui-là a raison.
Son amour pour chacun des êtres nés de lui est si fort que chacun d'eux a raison à la place qu'il occupe dans le monde du poète. A chacun d'eux nous adhérons comme à un être vrai et d'une vérité par nous-mêmes éprouvée. . .
Et si Antigone a raison, suprêmement raison au zénith de la tragédie, à cette altitude de l'héroïsme pur auquel sa nature lui permet d'accéder et nous appelle, Créon aussi contre elle et en nous a raison, pratiquement raison, au niveau nécessaire de la politique, sur le plan contraignant de la cité en guerre. Même entraînés par le cours du drame à donner tort à Créon pour avoir confondu son prestige et le bien de l'État et pour cela seulement, nous ne nous détachons pas humainement de lui: son erreur est trop naturelle, trop inscrite dans la nature Périlleuse de l'action politique, pour que nous ne l'avouons pas comme une part de nous-mêmes. Nous savons d'ailleurs, avec Créon, que tout est légitime au pouvoir, dans la communauté mise en péril par «l'anarchie» d'une Antigone qui est celle de l'esprit qui souffle dangereusement où il veut. Nous savons aussi, plus obscurément - et c'est là le malheur des cités - que ce sont le plus souvent les Créons qui les défendent. Ils sont faits pour cette besogne. Tant bien que mal ils la font: ils la font, ils s’y salissent, ils s’y perdent, car il est peu de tâches qui exposent même un bon ouvrier à plus d'ingrates erreurs. A travers ces erreurs, les Créons gardent cependant à leur nature - basse, parce qu'on ne sauve pas les États avec de nobles pensées, mais avec des actes rudes et grossiers - une manière de fidélité. Cette liaison en notre vie de l'action à la bassesse, nous la connaissons comme une nécessité de notre condition, une des parts les plus pesantes de notre nature. Nous sommes faits de la lourde glaise de Créon - à quoi bon le contester ? - bien avant d'être animés par la vive flamme d'Antigone.
En Créon nous est proposé un ordre où l'État se situerait au sommet de la pensée et commanderait toute action. . .»


La raison d'État, vieille comme le monde...

Ibrahima Fofana
Avocat à la Cour
Ancien ambassadeur Ancien ministre
Ancien détenu du Camp Boiro (décembre 1961-octobre 1966)
Ancien détenu de la prison de Kindia (avril 1984-mai 1985)

_________________
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OGOTEMMELI
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MessagePosté le: Ven 17 Juil 2009 05:33    Sujet du message: Répondre en citant

Pour ajouter de l'eau au moulin :
http://www.afrocentricite.com/2009/07/camp-boiro-parler-ou-tout-dire/
_________________
http://www.afrocentricite.com/
Umoja Ni Nguvu !!!

Les Panafricanistes doivent s'unir, ou périr...
comme Um Nyobè,
comme Patrice Lumumba,
comme Walter Rodney,
comme Amilcar Cabral,
comme Thomas Sankara,
Et tant de leurs valeureux Ancêtres, souvent trop seuls au front...
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ARDIN
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MessagePosté le: Lun 20 Juil 2009 16:22    Sujet du message: Répondre en citant

Voici l'introduction d'Alseny René Gomez

Citation:
INTRODUCTION

J’ai commencé la rédaction de ce manuscrit dès le lendemain des obsèques du Président Sékou Touré. En effet, après la libération, nous n’étions pas autorisés à sortir du pays, en tout cas pas officiellement. Si certains avaient osé et réussi, comme mon frère et ami l'ex ministre Diallo Alpha Abdoulaye Portos et son épouse Aïcha Bah, je m'étais quant à moi, résigné à rester au pays. La disparition de l'ancien Président avait surpris tout le monde. Il fallait donc faire vite pour restituer une réalité qui, avec le temps, risquait de passer au chapitre des souvenirs pour ne pas dire de la fiction. Ainsi la première frappe de cet ouvrage fut faite par madame Sogbè Beavogui, veuve du lieutenant Sâa Paul Koundouno. Elle était secrétaire à l’ambassade de Guinée à Monrovia au Libéria, où j'avais pris fonction en tant qu'Ambassadeur, au cours du dernier trimestre de l'année 1984.
Concernant donc cet ouvrage, je tiens tout de suite à préciser d'une part, que les faits relatés remontent à plus de trente années. Ceci étant un témoignage, des erreurs peuvent donc survenir dans l'orthographe de certains noms, ou la transcription de certaines dates. Je sais d'avance pouvoir compter sur l’indulgence des lecteurs concernés, qui voudront bien apporter les corrections nécessaires, car il s'agit d'une mémoire collective. D'autre part, je n’ai nullement la prétention de porter un jugement de valeur sur l’ensemble de la gestion du régime du Président Sékou Touré. Il me manque le recul et la compétence nécessaires pour le faire. Cependant, après huit années passées dans les geôles sous son régime, si toutefois je ne peux confirmer qu'il détenait réellement la vérité comme il le prétendait, je pense que je suis cependant en mesure, de pouvoir témoigner pour dénoncer les abus du régime, dans le domaine du respect de la personne humaine et de ses droits.

Le récit qui suit n'est qu'une modeste contribution qui se fixe comme objectif de dénoncer certaines méthodes de cette impulsion et leur application systématique pendant toute la durée du régime de Sékou Touré. Page 15

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WILDCAT
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MessagePosté le: Mar 21 Juil 2009 02:47    Sujet du message: Répondre en citant

Ardin comme prévu je te donne des renseignements en plus avec ces liens

http://www.kababachir.com/autresinfosdetails.php?recordID=13026


http://www.webguinee.net/sekou_toure/index.html beaucoup d'informations (textes,photos, etc...)

http://cerno.bindol.net/blogguinee/ un blog assez intéressant sur la Guinée de AST à MDC

Tout ce que j'ai à dire est que le jour où l'Etat guinéen reconnaîtra aussi ces crimes pendant la période de 1958 à 1984; cela debloquera beaucoup de choses dans la mémoire collective des guinéens et donnera le courage aux personnes intègres de dénoncer les crimes du régime qui a suivi. Pour le moment c'est uniquement la date du 28 septembre 1958 qui eclipse les évènements qui ont suivis. Dans le milieu Guinéen on se demande qui de Sékou Touré ou Lansana Conté a fait le moins mal au pays? La réponse se trouve dans le président actuel à savoir comment en sommes nous arriver à avoir un Môussa Daddis Camara à la tête du pays et qu'elle sera la suite des évènements. Moi n'ayant pas vécu la période de AST mon approche est faible mais je me renseigne ici et là via ma famille, des personnes (guinéennes et étrangères) qui ont connu toutes les grandes figures de Guinée pendant le 1er régime. On voit à l'heure là un fossé générationnel entre ceux qui ont vécu sous l'ère Sekou Touré et la génération actuelle. Les 2 cancers qui à mes yeux sont le résultat des années Touré et Conté sont malheureusement cet ethnocentrisme exacerbé et l'impunité qui plombent encore le dévellopement économique et social du pays! A Quand une REVOLUTION POSITIVE POUVANT CICATRISER LES PLAIES DE LA GUINEE?
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MessagePosté le: Mer 22 Juil 2009 15:24    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Extrait du livre la PISCINE, service secrets français 1944-1984 de FALIGOT Roger, et de KROP Pascal. l’Epreuve des faits/ Seuil, mai 1985. Pages 243-245

Chapitre X

Missions secrètes
sur le continent noir

Le 27 août 1958, le Superstarliner présidentiel, frappé de la croix de Lorraine, se pose à Conakry, capitale de la Guinée. Le Général rend visite à Sékou Touré, populaire leader du parti démocratique de Guinée (PDG), pour lui exposer son projet de communauté franco-africaine. L’accueil est grandiose, sonore, extraordinairement coloré. Les hommes ont revêtu leur plus belle tenue, et les femmes portent le même boubou. Sur la route reliant l’aéroport à la ville, plus de 500000 personnes sont massées pour acclamer le chef de l’Etat français. Peu avant l’arrivée de De Gaulle, on a apposé sur tous les murs de Conakry une immense affiche représentant un éléphant paré d’une croix de Lorraine. L’éléphant c’est le symbole de la Guinée. Dans la langue du pays, on dit « Sili ». Aux heures chaudes de la décolonisation, le terme désigne tout naturellement Sékou Touré. Trompé par l’affiche, mal informé par des fonctionnaires à l’âme courtisane, de Gaulle croira un moment que « Sili », c’est lui. Le Général est radieux.





« Sili », l’éléphant têtu



Le soir même, le vent de l’histoire va pourtant balayer la vieille amitié franco-guinéenne. Encore aujourd’hui, Jacques Foccart en conserve un souvenir amer. Ecoutons-le : « L’accrochage avec la Guinée est survenu, une heure et demie après, lors de la réunion de l’Assemblée territoriale, où Sékou Touré a prononcé sur le ton qui est le sien, c’es-à-dire sec, brutal, un discours dur, qui ne se justifiait guère, car le Général avait déjà pris position sur la possibilité pour les Etats d’accéder à l’indépendance. Cette attitude cassante a été encore accentuée par le fait que la salle était composée, hormis les quelques personnes qui accompagnaient le Général, de cadres du parti approuvaient avec une violence extra ordinaire les propos de Sékou Touré[1]. Le leader guinéen n’a pourtant pas pris de Gaulle au piège

A Abidjan, dernière étape avant la Conakry, un émissaire de Sékou a remis à Jacques Foccart le texte du discours. Celui-ci l’ayant jugé un peu rude, l’a confié à Bernard Cornut-Gentille, ministre des Etats associés. Ce dernier ne l’a toute fois pas transmis à de Gaulle qui, dans l’avion, dormait.



Les propos de Sékou n’ont d’ailleurs rien de bien nouveau. Drapé dans un boubou blanc, coiffé de traditionnelle toque africaine, le leader guinéen réaffirme des positions qu’il a déjà maintes dois exprimées : « Nous entendons exercer souverainement notre droit à l’indépendance, mais nous entendons rester liés à la France. Dans cette association avec la France, nous deviendrons un peuple fier, livre et souverain. » Mais là, dans cette salle de congrès surchauffée, ces propos, somme toute modérés, prennent l’allure d’un défi. Les clameurs de la salle, qui martèlent chacun des mots du « Sili », ont vite fait de transformer ce discours en un violent réquisitoire. Tassé dans son fauteuil, blême, visiblement fatigué, de Gaulle est profondément irrité. Mais c’est d’une voix surtout chargée de mélancolie, qu’il réplique à Sékou : « On a parlé d’indépendance. Je dis ici plus haut encore qu’ailleurs que l’indépendance est à la disposition de la Guinée. Elle peut la reprendre le 28 septembre en disant non à la proposition qui lui est faite. »





Les dés sont jetés. Pour de Gaulle, l’affront est commis. Il ne le pardonnera jamais à Sékou. Désormais, la France multiplie les vexations à l’égard du leader guinéen. L’administrateur Pierre Bas est chargé d’informer Sékou que sa présence est indésirable dans l’avion présidentiel qui emmène le lendemain de Gaulle à Dakar. De son côté, le ministre Cornut-Gentille s’efforce, au nom d’une vieille amitié, de le convaincre de s’excuser auprès du Général. La décolonisation à la mode gaulliste n’est pas exempte d’un paternalisme quelque peu vieillot.





Lors d’une conférence gouvernementale, le général Grossin, directeur du SDECE, est plus direct. « Que fait-on pour la Guinée ? » demande-t-il. Bernard Cornut-Gentille le rassure. Le cas Sékou, il s’en charge. Il connaît bien le leader guinéen, et il se fait fort, avec l’aide de l’Ivoirien Houphouêt-Boigny, de le ramener à la raison. Pendant longtemps, la France a fourni des subsides à Sékou Touré. Ce que Cornut-Gentille oublie, en revanche, c’est que ce dernier, au lieu de s’enrichir comme beaucoup de ses semblables, s’est servi de cet argent pour développer son propre parti. L’homme est intègre. Et les guinéens vénèrent le « Sili », l’éléphant têtu. L’administration française tente de continuer un front du « oui ». A Paris, le ministre de la France d’outre-mer contacte personnellement le bloc africain de Guinée, un petit parti comprenant surtout des parlementaires, pour les inciter à rallier le projet gaulliste. En Guinée même, le colonel Pélicier rassemble au camp Mangin, à Conakry, tous les officiers pour les inciter à faire voter « oui » au référendum. Peine perdue ! « Sili » balaie tous les obstacles. Le 28 septembre, le « non » préconisé par Sékou Touré recueille 1 136 324 suffrages contre 56 901 « oui ». Le 2 octobre, l’indépendance de la Guinée est proclamée à Conakry. Sékou Touré devient chef du gouvernement. Le 5 octobre, l’URSS reconnaît le nouvel Etat. Le lendemain, c’est au tour de la Chine d’officialiser la naissance de la Guinée indépendante.


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ARDIN
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MessagePosté le: Mar 28 Juil 2009 21:01    Sujet du message: Répondre en citant

Voici la partie «avertissement » de Sidiki Kobélé Keïta qui éclaire sur ses motivations:

Citation:
**Avertissement

Hervé Bourges
« Rien n'est pire que le mensonge ; rien n'est pire, dans une démocratie, que de vouloir cacher les choses.»

**

Le livre, Camp Boiro. Parler ou périr d'Alsény René Gomez, a dérangé de nombreux cadres qui n'ont pas apprécié la tentative de falsification et de manipulation, par son auteur et son préfacier, enchaînés définitivement par la haine, des faits historiques établis et connus de tous; tous ont fini par se demander comment Alsény René Gomez et le Pr. Djibril Tamsir Niane peuvent croire que des cadres avertis vont avaler leur prose de mensonges jusqu'à la lie, sans broncher. Non; il fallait une mise au point, pour l'histoire.

Que l'auteur et son préfacier parlent de l'intérieur du Camp Boiro, de la vie au camp Boiro: ils ont le droit et le devoir : ils ont le droit et le devoir de le faire; car, seuls ceux qui ont vécu cette vie peuvent les contester ; c'est dire qu'aucun historien ne peut objectivement démentir leurs témoignages sur cette vie de prison, s'il ne l'a pas vécue.

Mais parler de l'extérieur du camp Boiro, prendre position en contestant la véracité et la réalité des complots qui sont à l’origine de l'incarcération d'un certain nombre de personnes au lieu de prouver leur innocence; aller jusqu'à obliger, par la violence parfois, à faire croire en leurs seules fables, en leurs affirmations absolues, alors que d'autres qui ont organisé lesdits complots ont eu le courage de s'assumer, c'est vouloir prendre les Guinéens pour des faibles d'esprit, des imbéciles.

C'est pourtant leur objectif dans ce pamphlet mensonger de trop. Aussi, certains cadres ont-ils réagi immédiatement et publiquement.

L'ouvrage a également troublé certains citoyens, en particulier les jeunes, qui n'ont pas vécu les faits qui y sont évoqués: ceux-là veulent savoir ce qui s'est réellement passé en Guinée, de 1958 à 1984, connaître les faits relatifs aux complots, que l'ancien régime avait dénoncés et qui sont à l'origine de la radicalisation de la Révolution, des règlements de comptes et des dénonciations calomnieuses dont certains ont été victimes.

Aussi, ont-ils estimé nécessaire de contacter des personnes ressources pour des débats de clarification dans le cadre du devoir de vérité qui s'impose désormais aux Guinéens.

Citons, entre autres, deux correspondances qui expriment cette quête d'information, autant que possible, objective, mais qui sont restées sans réponse:

La lettre de M. Famoro Camara adressée à monsieur Mohamed Salif Keïta, qui l'a effectivement reçue, est ainsi libellée:

«Conakry, le 17 octobre 2007

Cher Monsieur, Vous avez certainement suivi, depuis quelques années, les exposés des uns et des autres sur la Première République de Guinée. Nous avons assez du monologue qui caractérise toute tentative de déformation des faits historiques de cette Période.
En effet, que de positions tranchées! Que de jugements absolus qui entretiennent une confusion totale !
La jeunesse consciente, qui veut connaître l'histoire récente de son pays, est ballottée entre des avis de polémistes intéressés et des renseignements contradictoires portant sur un même fait historique émis par des personnes qui semblent sérieuses; et quand on évoque la nécessité du pardon, elle se demande: « Qui doit pardonner quoi et à qui? »
Cette position rejoint celle que Mariama Sankaran a exposée à la radio française RFI, le 15 octobre 2007 : «Je crois en la justice; elle se fera un jour. Ils parlent de réconciliation, ils parlent de pardon, mais la seule voie d'aboutir à la réconciliation, au pardon, c'est d'abord éclairer sur ce qui s’est passé ; il faut connaître la vérité. Avant de pardonner, il faut savoir ce qui s’est passe ».
Une évidence que nous escamotons par peur injustifiée. Concernant les complots qui ont été dénoncés de 1958 à 1984, par exemple, la jeunesse continue de se poser de nombreuses questions face aux deux positions antagoniques que voici :

1 - Le PDG et les agents des services secrets français soutiennent que les complots, dénoncés entre 1958 et 1984, sont vrais ; que ce sont leurs auteurs et complices qui ont été arrêtés et sanctionnés.

2 - Selon ceux qui ont été sanctionnés, tous ces complots sont faux imaginaires ; ils ont été inventés pour éliminer les adversaires politiques. Ils en seraient les victimes.

Avouons qu'il est difficile, pour quelqu'un d'objectif, de prendre position face à ces deux attitudes.

Si œux qui préparent le cinquantenaire ont pour objectif de réconcilier définitivement les Guinéens, alors un débat est nécessaire ; car, une plaie cachée n'est pas une plaie guérie,. en plus, on ne peut se recommander de la démocratie et refuser le dialogue.

En attendant, vous pouvez amorcer ce débat, contribuer même à le dépassionner en invitant, au cours de la même émission, deux personnalités qui s’intéressent particulièrement à ce problème: Monsieur Alsény René Gomez dont l'ouvrage est annoncé, et Monsieur Sidiki Kobélé Keïta, dont l’ouvrage circule depuis quelque temps.

Je n’insiste pas sur l'intérêt et l'importance d'une telle émission pour une meilleure compréhension du problème qui empoisonne notre vie. Je ne doute pas non plus, de votre courage à participer concrètement à la campagne exaltante de réconciliation des Guinéens sur une base objective, donc définitive lancée par le gouvernement de consensus. Au moment où le 22 novembre - date anniversaire de l'agression du 22 novembre 1970-, pointe à l’horizon, un tel débat télévisé, entre deux cadres de haute stature, serait une contribution inestimable à la connaissance de notre histoire: la jeunesse qui n'a pas vécu les faits qui sont évoqués à tout bout de champ pour justifier telle ou telle position, y gagnerait.
Dans l'attente de cette émission nécessaire, recevez cher Monsieur Keïta, mes très fraternelles considérations »


La seconde est celle des messieurs Ahmed Sékou Traoré et Léonard Baureé; elle est d'autant plus importante qu'elle vient des jeunes et expriment les mêmes inquiétudes, les mêmes soucis. Elle a été adressée au colonel Facinet Touré, au ministre Alsény René Gomez, à Me Alpha Abdoulaye Diallo dit Portos, au Pr. Djibril Tamsir Niane, à Messieurs Kindo Touré, de la Police, Sidiki Kobélé Keïta, professeur d'Histoire et Ismaël Condé, professeur de Sociologie:

«Conakry le 16 novembre 2007

Messieurs,
Nous subissons, depuis quelque temps; une campagne soutenue sur un aspect sensible de l'histoire de la Première République. Cette opération a fait naître, en nous, jeunes qui n'ont presque pas vécu les faits stigmatisés, un besoin pressant de connaître la vérité: savoir ce qui s'est passé.
Nous sommes d'autant plus déterminés à aller au-delà de certaines affirmations, qui semblent invraisemblables pour le moment, que cette campagne se déroule à la veille d'un évènement historique important et au moment où - ou à l'issue duquel - les parents de certains compatriotes ont péri: l'agression du 22 novembre 1970 contre la République de Guinée.
Deux de nos amis qui ont vu leurs camarades de promotion intervenir à la télévision guinéenne nous ont, par exemple, posé une question:
« Pour libérer leurs pères en prison au camp Boiro le 22 novembre 1970 au matin, les agresseurs ont commencé à tuer nos parents au camp Boiro et alentours à partir d'une heure trente du matin) le 22 novembre 1970 ; nous aussi, nous sommes d'innocents orphelins; et puis les autorités ont refusé d'agréer notre association depuis des années : qui doit donc pardonner à qui ? »

Pour avoir fait le camp Boiro ou écrit sur lesdits évènements, un débat, que nous souhaitons enrichissant et dépassionné avec vous, nous permettrait de faire face au questionnement des jeunes, de prendre objectivement position et de participer conséquemment au processus de réconciliation qui est lancé et que nous saluons de tout coeur parce que cette réconciliation des Guinéens avec eux-mêmes sur la base de « toutes les vérités » est devenue vitale pour notre pays.
La rencontre, que nous voulons avec vous, sereine et studieuse, sera présidée par un modérateur, en la personne de Monsieur Mohamed Salif Keïta, directeur adjoint de la culture et réalisateur de l'émission « Papier-Plume-Parole » que nous avons retenu pour sa délicatesse intellectuelle; nous y inviterons les journalistes afin que compte rendu soit fait aussi correctement que possible au public.
Convaincus que notre questionnaire, déjà prêt, aura les réponses souhaitées et que la rencontre sera le prélude au débat national que tous les patriotes épris de justice appellent de leur vœu, vos promptes et positives réponses rendraient un très grand service aux jeunes qui refusent d'être infantilisés et utilisés.
Nous voulons participer, libres et responsables, à la gestion de ce pays qui est le nôtre et pour lequel nous avons de grandes et harmonieuses ambitions.
Recevez chers messieurs, nos filiales et affectueuses considérations.»


La réaction négative de certains destinataires de cette correspondance a profondément déçu les expéditeurs qui en avaient fait part à l'assistance lors de la conférence-débat tenue le 27 janvier 2008 à l'Université de Conakry, sur le livre d'Alsény René Gomez.
Et c'est à la demande répétée de ces jeunes que nous avons accepté de reprendre le texte de cette conférence, de l'enrichir et d'en faire un livre.
Nous souhaitons que cette première édition suscite des débats enrichissants en vue d'une seconde publication plus affinée.
Mais nous souhaiterions que lesdits débats aient un caractère plus sérieux et plus formateur; qu'on établisse d'abord les faits avant de les apprécier de manière cavalière, de les qualifier;
c'est pourquoi nous lançons deux défis:

- Le premier à la presse guinéenne (écrite, radio et télévision), aux journalistes: après d'éventuels comptes rendus de la présentation ou de lecture du livre, nous leur demandons soit de ne pas se contenter des analyses d'opinions sur ledit livre, sous forme d'articles ou d'interviews de circonstance, mais d'organiser une rencontre, autant que possible publique, à laquelle nous nous ferons le plaisir d'assister, autour des thèmes abordés dans le livre; soit de participer à la conférence-débat que nous consacreront au livre: nous sommes convaincus que des interventions contradictoires sortiront, non seulement des articles mieux documentés, plus ou moins objectifs, mais certains philistins se tairont définitivement.
Trop d'imposteurs vivent des ragots sur les complots. Et nous voulons, comme le dit un adage africain, que ceux qui ont la tête rasée enlèvent ainsi leur bonnet devant tout le monde.

- Le deuxième concerne nos compatriotes de la diaspora;
nous publions en annexe trois listes non exhaustives de Guinéens qui auraient participé aux évènements des Comores;
ceux qui se préparaient à l'assaut de la Guinée en mai-juin 1984; ceux dont le « sauf-conduit» a été délivré le 29 septembre 1976 à Dakar pour la France et que reproduit un numéro du journal Horoya-hebdo sous le titre: « Les documents saisis sur les ennemis de l'Afrique relatifs au recrutement des mercenaires pour l'agression en préparation contre la République de Guinée. »
Leurs témoignages nous permettront de mieux appréhender certains aspects importants non encore élucidés des tentatives de déstabilisation dénoncées par l'ancien régime et expliqueront certainement l'attitude ethnocentrique et encore hargneuse de certains autres qui n'ont pas encore digéré le caractère définitif de leur échec, et ne cessent de reprendre les mêmes balivernes contre Sékou Touré dans des interviews arrangées des radios étrangères de désinformation captées en Guinée.
C'est la vérité historique, seule conciliatoire, qui nous guide dans cette démarche que nous estimons salutaire pour le peuple de Guinée.
Des femmes et des hommes, qui tiennent à garder l'anonymat par modestie, nous ont aidé à participer au débat engagé par Alsény René Gomez; les précieuses discussions, parfois houleuses, mais toujours civilisées, que nous avons eues avec certains cadres nous ont ouvert de nombreuses pistes de recherche; certains ont même contribué à l'édition de cet ouvrage; qu'ils en soient tous vivement remerciés.

Nous tenons à citer, cependant, El hadj Biro Kanté, membre-fondateur du PDG-RDA depuis 1947, et Jean-Marie Doré, qui avait été l'un des responsables de l'opposition extérieure et qui avait été contacté par les Portugais en vue de l'agression de 1970 ; leurs contributions enrichissantes et éclairantes lors des conférences-débats publics du club Ahmed Sékou Touré, où certains des ennemis jurés de l'ancien chef de l'État guinéen n'ont jamais osé venir affronter les témoins et acteurs de la première République, nous ont conforté dans notre conviction que seule la vérité historique facilitera une éventuelle réconciliation entre les Guinéens de bonne foi.
Nous voudrions profiter de cette occasion pour remercier également Mme Aïcha Camara, secrétaire et M. Amara Pendessa, pour le temps qu'ils ont consacré soit à la saisie, soit à la lecture d'une partie de notre manuscrit, à Conakry; M. et Mme Mohamed Touré «Dénkè» à Berlin qui ont toujours grandement contribué à l'illustration de nos écrits; MM. et Mmes Mamady Nabé et Moussa Mara, tous à Berlin, qui nous ont créé les meilleures conditions de réflexion et de travail afin d'achever notre ouvrage.
La disponibilité légendaire et la générosité naturelle de madame Bangoura Aminata Traoré et de Théophile Haba, archivistes, ont facilité nos travaux de recherche aux Archives nationales de Conakry dirigées, par ailleurs, par un cadre compétent et courtois, Stell Conté. Que ces aides-chercheurs patients, mais fermes sur les principes de communication des documents, reçoivent nos remerciements et nos très vifs encouragements.
Enfin, que ceux des éléments de notre famille, qui nous ont toujours moralement ou matériellement soutenu, trouvent ici l’expression de notre profonde reconnaissance et de notre détermination à défendre et a incarner les valeurs morales de franchise, de sincérité, de tolérance, d’honnêteté intellectuelle et d’acceptation de la différence, que nous avons hérites de notre feu père, El hadj Abdoulaye Kobélé Keïta, qui est reste attache a ses options politiques en tant que membre-fondateur du Bloc Africain de Guinée(BAG) depuis 1954, alors que presque tous ses enfants militaient dans le PDG-RDA.

Nous savons que «dire la vérité est un délit dans notre pays, l’écrire est le plus grand crime », pour reprendre Djibo Bakary.

Mais nous sommes convaincus que, tant que les Guinéens n’auront pas le courage de s’expliquer sur ce qui s’est réellement passé entre 1958 et 1984, les ressentiments et le désir de vengeance animeront certains, les traites et vrais coupables continueront à jouer les troubles-fêtes et les naïfs croiront à leurs balivernes.

Voilà pourquoi nous continuerons, malgré tout, à défendre ce que nous croyons être la vérité, à participer à l’écriture et aux débats, autant que possible, corrects et formateurs sur l’histoire contemporaine de la Guinée, à cause du caractère analytique et démonstratif qu’exige, en plus, la démarche.(Page 19-26)

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MessagePosté le: Lun 17 Aoû 2009 15:52    Sujet du message: Répondre en citant

Retour sur ce topic avec aujourd'hui cet extrait du livre de Sidiki Kobele-Keita, allant de la page 60 à 65, et qui nous renseignent sur Alsény René Gomez et son Préfacier le Professeur Djibril Tamsir Niane.


Citation:

…Alsény René Gomez nous permet d'ailleurs de prendre l'exemple sur la guerre d'Alger et de citer Henri Alleg pour étayer notre affirmation puisqu'il a pris le titre du fameux livre de celui-ci, sans le dire: «La Question» comme titre de son chapitre IV.
Henri Alleg écrit, en effet, dans le journal français L'Humanité qu'« Il ne s'agit pas d'en rester sur des évènements de caractère public, mais de ré étudier l'histoire et de condamner ce qui a donné naissance à la torture, c'est-à-dire le régime colonial»; dans le cas guinéen, nous le répétons, ce sont les complots dénoncés par l'ancien régime qui ont donné naissance aux tortures dénoncées et à leurs conséquences sociales. C'est dialectique.

Sékou Touré était-il dictateur en 1959, 1960, quand Jacques Foccart organisait les premiers complots contre la Guinée, avec création de maquis en Moyenne Guinée, alors que le gouvernement guinéen négociait avec les autorités françaises? N'avait-il pas opté, avec le PDG, pour la démocratie nationale, qui regroupait tous les Guinéens sans autres considérations que la formation d'une nation forte parce que unie face aux différents défis que la Guinée devaient affronter?

Mais en soutenant la thèse sus-analysée, Alsény René justifie dialectiquement la répression desdits complots, car il n’y a pas de pouvoir innocent; de même que tout véritable chef de famille riposte quand sa famille est attaquée, de même tout pouvoir se défend quand le peuple est attaqué, surtout agressé de l'extérieur, même sous forme de débarquement qu'affectionnent certains opposants guinéens en mal d’arguments convaincants, parce qu'il ne justifie nullement l’opération criminelle du 22 novembre 1970.

Arrow N’a-t-on pas vu, par exemple, Alsény René Gomez, en tant que ministre de l'Intérieur et de la Sécurité, défendre, bec et ongles, le gouvernement du général Président Lansana Conté dont il faisait partie contre l'opposition? C’est lui qui introduisit le projet de décret de révocation du Maire de Tougué; il participa à la mise en place du Conseil national de défense et des commissions spécialisées de sécurité ; son nom est lié à la première commission électorale mise en place et il fut accusé d’avoir falsifié les résultats des premières élections pluralistes de l’indépendance en annulant les résultats de Kankan et de Siguiri favorables, dit-on, à Alpha Condé, et tripoté les résultats du candidat du PDG, pour signifier que ce parti ne représentait plus rien en Guinée; il s'est montré particulièrement efficace en faisant activer une loi coloniale, devenue loi dite loi anti-casse portant Réglementation des réunions, défilés, cortèges et attroupements sur les lieux publics; cette loi, toujours en vigueur continue d'empêcher tout développement conséquent des formations politiques en Guinée.

Arrow Ironie du sort, c'est cette loi qui a été évoquée par les autorités guinéennes pour interdire la marche que l'association des anciens prisonniers du camp Boiro comptait organiser le 26 Mars 2008 contre l'érection de la statue Syli, emblème du Rassemblement démocratique Africain (RDA), en général, et du PDG en particulier, au carrefour de la Belle-Vue (Conakry) : les manifestants furent « encadrés» par les services de sécurité qui leur interdirent de marcher de leur lieu de rassemblement pour la ville.

Arrow C'est encore Alsény René Gomez qui s'opposa, en tant que ministre, à la tenue d'une conférence nationale sur l'ancien régime parce qu'elle serait, d'après lui, «anti-constitutionnelle et anti-démocratique».

Arrow Qui n'a pas entendu Alsény René Gomez, en tant que ministre de la Justice et du droit de l'homme du Gouvernement du général Lansana Conté, déclarer qu'il s'opposait à l'institution d'une commission internationale d'enquête sur les évènements de janvier et février 2007 en Guinée?

Arrow Il lui est également reproché, en tant que ministre de l'Intérieur et de la Sécurité, le massacre de ressortissants de la Région Forestière vénus en réunion familiale au quartier Koza (Conakry) où douze morts avaient été enregistrés dont un professeur de maths-physique-chimie; la répression des habitants déguerpis du Kaporo-Rail (Conakry) ; le prétexte de la tentative de coup d'État militaire des 2-3 février 1996 due en partie à ses démarches unilatérales en vue de l'augmentation des salaires des seuls policiers relevant de sa tutelle, alors qu'il savait pertinemment que cela aurait provoqué des remous chez les militaires et paramilitaires.

Peut-on le condamner parce qu'il défendait ainsi un gouvernement, un système dont il était l'un des grands piliers ?

Arrow Alsény René Gomez aurait dû donc être tout simplement logique et comprendre la réaction des responsables de l'ancien régime, reconnaître leur droit légitime à défendre, non pas ceux de quelques individus dont certains étaient des agents ou d'honorables correspondants au service des ennemis, mais les intérêts de leur peuple martyr, d'autant que celui-ci faisait face à une guerre non déclarée de la part de la France coloniale, de ses suppôts africains en général, et de l'opposition guinéenne en particulier.

Arrow C'est en cela que l'éloge du préfacier ne sied pas avec ce que l'on sait désormais de l'auteur: «Il reste qu'Alsény René Gomez, fervent disciple de la paix et des droits de », écrit-il.

Les Guinéens sont conscients qu'Alsény René Gomez ne mérite pas un tel éloge. Les faits sus-évoqués et les suivants l’attestent. C'est pourquoi ils ne commettront pas la grave erreur de se mettre «à ses côtés» pour mener un quelconque combat déjà perdu puisqu'il ne cherche pas la réconciliation sur la base de la vérité historique, mais la réhabilitation et l'immortalisation de tous les anciens prisonniers du Boiro, même ceux dont la traîtrise est avérée.

En effet, l'un des reproches que l'on peut faire à Alsény Gomez et à son préfacier, c'est leur intention machiavélique de détruire l'unité nationale quand le second se permet de poser cette question: «Comment expliquer l'acharnement contre une ethnie: les peuls ? ».

Arrow Le Pr. Djibril Tamsir Niane est, certes, « un Peul torodo, caste issue des Toucouleurs sénégalais », écrit sa fille, Katoucha; mais un cadre de sa stature intellectuelle ne devrait pas poser de telles questions s'il ne cherche pas à bénéficier d’une sympathie ethnocentrique, à adhérer au camp de ceux qui se disent nobles, qui cherchent à ébranler le substratum de la Nation guinéenne, même s'il peut nous laisser en feu pour rejoindre le Sénégal, comme il l'avait fait une première fois parce qu’il « est sénégalais d'origine» et sous le prétexte fallacieux « qu'on va le tuer. » Avant sa fuite de la Roumanie vers le Sénégal, personne ne le menaçait de le tuer en Guinée où il était l’un des directeurs de la division de l'institut de recherche et de documentation de Guinée(INRDG) : il s'était déclaré «malade » et avait demandé «aux autorités l'autorisation et les moyens d'aller se faire soigner à l'étranger », alors que, selon Katoucha, c'était le début « d'une stratégie de fuite familiale ».

Arrow Il fut cependant reçu avec les honneurs dus aux malades officiels de la Guinée à cette époque et accueilli dans un des hôpitaux les plus chics de Bucarest (Roumanie).

Arrow Mais ce que les autorités guinéennes ignoraient, c'est que le «président Léopold Sedar Senghor» [était] un fidèle ami de mon père », écrit Katoucha, l'aînée des enfants Niane; elles ignoraient également que la belle sœur de Djibril Tamsir Niane était la secrétaire du président sénégalais, l'un des «Foccart» africains de la France coloniale; qu'elle avait pris toutes les dispositions pour faire fuir l'intéressé et sa famille. Tout était donc arrangé.
Arrivée à Dakar, la famille habitait « maintenant au «plateau », un quartier chic de Dakar, dans la Fondation Léopold Sédar-Senghor, créée pour mon papa et destinée à promouvoir la culture négro-africaine », précise Katoucha.

Si le préfacier et l'auteur n'étaient pas aveuglés par la haine et le ressentiment, nous leur aurions recommandé des documents qui se trouvent dans des archives françaises attestant tout le contraire de ce qu'ils affirment; s'ils voulaient étudier objectivement l'histoire de la lutte pour l'indépendance de la Guinée, ils auraient su quels sont les cadres guinéens, autres que Sékou Touré et Saïfoualye Diallo, qui utilisaient déjà les facteurs ethnique et régionaliste dans leur programme politique de conquêtes électorales; s'ils reconstituent objectivement la liste des mercenaires et des guinéens qui n'ont pas hésité à s'allier aux pires ennemis depuis l'indépendance pour combattre l'ancien régime pour des raisons essentiellement ethniques, ils auraient su quels sont les cadres qui étaient utilisés par le SDECE contre l'ancien régime; s'ils étaient objectifs et humains, ils auraient regretté la discrimination qui a été faite dans l'élimination physique des «privilégiés de l'ancien régime» au point qu'un officier supérieur ait affirmé le 8 juillet 1985 : «nous sommes heureux aujourd'hui: nous avons vengé nos parents ».

C'est dire que l'auteur et son préfacier auraient dû être plus militants que tout autre cadre pour la réconciliation et la consolidation de l'unité nationale sur la base de la vérité historique et non sur la base d'une littérature dite de douleur orientée et très mensongère, devenue la littérature de la haine. Alsény René Gomez et son préfacier voudraient-ils confirmer que c'est cette ineptie qui expliquerait l'attitude haineuse et méprisante de certains cadres de la Moyenne Guinée envers Saïfoulaye Diallo?
Or, malgré toutes les gymnastiques verbales sur telle ou telle personnalité guinéenne, c'est le seul guinéen, de 1945 à 1981, année de son décès, dont la contribution pour la libération, la construction et le rayonnement d'une nation unie, fière et respectée, peut être comparée à celle d'Ahmed Sékou Touré.

Peut-on croire également que c'est encore cette ineptie affirmée par son préfacier qui amena Alsény René Gomez, à son poste de ministre de l'Intérieur et de la Sécurité, à s'en prendre à une région au point que le journaliste Warah Bah procède, en 1998, donc six ans après l'action, à une longue analyse approbative de la note d'information sur la situation politique préoccupante de la Haute Guinée» qu'Alsény René Gomez adressa au général Président Lansana Conté pour le conditionner, en tant que Chef de l'État, contre les ressortissants de cette région? Ce journaliste conclut: «ce qu'il faut retenir, c'est le fait que Gomez avait vu juste et que toutes ses prévisions se sont réalisées » Et il termine son article par cette question dubitative très explicite : «Son successeur pourra-t-il mieux faire? On attend pour voir».

Leur volonté de nuire, et donc de falsifier des faits évidents à des fins partisanes, nous amène à citer cette révélation de Jean-Marie Doré, à propos de la cause de l'échec de l’agression du 22 novembre 1970, qui devait être, selon ses organisateurs, la solution finale: «L'opposition a échoué en Octobre 1970 à cause du « racisme» de certains leaders qui ne voulaient pas voir David Soumah, un soussou, devenir Président. Alors que des pays africains se sont engagés à cause de lui.»

Enfin, l'affirmation du préfacier et les démonstrations infondées de l'auteur sont d'autant plus tendancieuses qu'il est de notoriété publique que le chef de l'État, Secrétaire général du parti, s'en prenait régulièrement aux commerçants malinkés qui participaient au sabotage de l'économie guinéenne en les traitant de «cheytanes », de « cafres ».
Tous les Guinéens se souviennent de ses discours incendiaires à Kankan, en particulier contre les trafiquants. Et personne n’a oublié que certains ont dansé le « Morbayassa » (une danse de réjouissance) dans certaines villes de la Haute Guinée en apprenant la mort d’Ahmed Sékou Touré.

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