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RESUME DE LA THEORIE GENERALE DE CHEIKH ANTA DIOP

 
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OGOTEMMELI
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MessagePosté le: Sam 27 Nov 2004 10:08    Sujet du message: RESUME DE LA THEORIE GENERALE DE CHEIKH ANTA DIOP Répondre en citant

Paléoanthropologie
1) L’homme, homo sapiens sapiens, est apparu il y a environ 150 000 années sous les latitudes tropicales de l’Afrique. Il est né noir/nègre (avec la peau noire), en raison d'une loi scientifique dite de GLOGER selon laquelle l'organisme des animaux originaires de ces latitudes tropicales produit davantage de mélanine leur permettant d'y supporter l'intensité accrue des rayonnements solaires.
On peut en tirer quelque fierté, si l’on en a besoin. Mais il s’agit d’enregistrer un fait scientifiquement établi, notamment par les travaux de YVES COPENS et plus récemment ceux de LUIGI LUCA CAVALLI SFORZA. D’ailleurs, Cheikh Anta Diop en tire surtout des conséquences épistémologiques pour le renouvellement de l’historiographie africaine.
En effet, la chaîne d’hominisation africaine est la seule qui soit complète. C’est aussi la plus ancienne et la plus prolifique. Ailleurs on trouve des fossiles humains représentant des maillons épars d’une séquence d’hominisation incertaine.
Ainsi, pendant des millénaires, il n’y a eu d’hommes sur Terre que de noirs, nulle part ailleurs dans le monde qu’en Afrique.
Puis des colonies humaines émigrèrent dans les régions limitrophes de l’Afrique. Là où sont attestés les plus anciens fossiles humains après ceux de l’Afrique, c’est-à-dire en Europe méridionale et en Asie du sud-ouest.
Notons l’extrême cohérence de cette théorie (dite "out of Africa") : les fossiles humains sont d’autant plus anciens qu’ils se trouvent en Afrique ou près de l’Afrique. Tandis qu’ils sont d’autant plus récents qu’ils se trouvent loin de l’Afrique. A ma connaissance, aucun exemple contraire à cette règle de cohérence n’a été apporté à ce jour. Ce, malgré les moyens de recherche faramineux mis en œuvre hors d’Afrique, depuis tant de décennies.

Climatologie
La principale cause naturelle des premières migrations humaines consiste aux évolutions climatiques : en la succession de périodes pluvieuses et de sécheresses en Afrique, correspondant respectivement à des périodes de glaciation et de précipitation en Europe méridionale et en Asie du sud-ouest. Dans les premiers temps, l’homo sapiens sapiens a suivi la disponibilité naturelle des ressources alimentaires (animales et végétales) au gré des conjonctures climatiques.
Mais les catalyseurs culturels de cette migration consistent en la maîtrise du feu, permettant de vivre dans des contrées froides, et l’invention de la navigation permettant de traverser de vastes étendues aquatiques.
L’on comprend que né en Afrique, l’homme y expérimente les plus anciennes techniques culturelles avant d’aller conquérir la planète, précisément grâce à elles. C’est ainsi que la fabrication d’outils (lithiques), la poterie, la sédentarisation, la domestication, l’agriculture, la cuisson, etc. sont attestées en Afrique et ses contrées limitrophes antérieurement à tout autre endroit du monde.

EGYPTOLOGIE
C’est le domaine le plus controversé, mais aussi où les contributions directes de CAD et ses épigones sont plus novatrices et décisives. Elles n’ont pas d’équivalent du côté des contradicteurs de l’école africaine.

La civilisation kamétienne est une civilisation négro-africaine :
- Par ses habitants : KAMET en égyptien ancien s’écrit avec comme racine le mot (KAM) pour dire noir, la marque du collectif ( trois traits verticaux) et le déterminatif figurant un homme et femme. L’ensemble de la graphie peut/doit s’entendre « une collectivité d’hommes et de femmes ayant ceci de caractéristique qu’ils sont noirs ». En d’autres termes les KAMETIOU se désignaient dans leur propre langue comme un peuple (une collectivité) de Nègres (noir/kam) ;
[Dans son « Histoire culturelle de l’Afrique noire » OSCAR PFOUMA analyse les occurrences du mot KM.T, et permet de valider linguistiquement l’interprétation ici proposée.]

- On peut mobiliser également du matériel iconographique et anthropométrique pour soutenir la négrité des Kamétiou. Mais, il me semble que CAD invoque ce type d’argument négativement : pour dire qu’à partir des mêmes documents ayant permis de postuler le caractère leucoderme, en tout cas non-nègre, des Kamétiou, il est possible de conclure au contraire à leur négrité. Que pour trancher cette affaire, il faudrait convenir d’un protocole de recherche sur le taux de mélanine des fossiles humains disponibles et couvrant toutes les périodes de la civilisation kamétique. Faute de quoi, ce type d’arguments qui ne suffit pas en-soi doit être complété par d’autres, notamment linguistiques et socio-culturels.

- Par la langue : « Toute langue est l’archive première, la boîte noire d’une civilisation et de son histoire » [Alain ANSELIN, La cruche et le Tilapia, éd. de l’UNIRAG, 1995, P19.]
L’argument linguistique comporte deux temps forts. D’abord démonstration est faite que le Kamétique n’est pas une langue sémitique, encore moins afro-asiatique (puisque l’Afro-asiatique n’a aucune réalité scientifiquement démontrable).
Ensuite, la parenté génétique du Kamétique (égyptien ancien) avec les langues négro-africaines contemporaines est positivement établie, grâce aux travaux de CAD et Théophile OBENGA. Il en résulte que les langues négro-africaines contemporaines et le Kamétique ont un ancêtre linguistique commun dont la matrice théorique a été reconstituée par OBENGA qui l’a baptisée « NEGRO-EGYPTIEN ».
D’autres contributions remarquables ont été apportées à cet argument linguistique, notamment par Alain ANSELIN qui ouvre un autre front sur l’africanité de l’écriture kamétique, le MEDU NETJER : « Il est clair que l’absence répétée des paires d’homophones nécessaires à l’établissement du code hiéroglyphique dans une famille de langues donnée rend difficile d’affirmer que cet univers linguistique puisse rendre compte de l’élaboration de l’écriture hiéroglyphique […] Le paradigme africain, doté d’un pouvoir explicatif plus grand, invalide pour cette raison le paradigme sémitique devenu « classique », fondé sur l’induction que les égyptiens « devaient » être « sémites », dans le cadre réducteur du « chamito-sémitisme » » [Alain ANSELIN, L’oreille et la cuisse, éd. TYANABA, 1999 ; P.9]

- Par la culture matérielle : les plus vieux ustensiles et techniques de chasse, pêche, agriculture attestés à KAMET sont similaires à ceux connus dans les autres régions de l’Afrique. De même que les différentes coiffures et leurs significations, les cannes et sceptres royaux. [les travaux d’ABOUBACRY MOUSSA LAM sont particulièrement décisifs pour cet aspect de la recherche]

- Par la culture spirituelle
La comparaison des cosmogonies kamétiques avec les cosmogonies africaines contemporaines (Dogon, Ashanti, Yorouba, etc.) montre une similitude radicale qui n’a rien de fortuit, mais témoigne d’une profonde intimité culturelle.

- Par les institutions et pratiques politiques
L’institution politique dite de « la royauté sacrée » (Luc DE HEUSCH, Michel IZARD) est attestée à Kemet et ailleurs en Afrique ; exclusivement à toute autre contrée du monde.

Toutefois, il faut bien voir que la préoccupation de DIOP consiste à connaître profondément l’histoire de l’Afrique en vue d’en tirer les enseignements utiles pour son avenir. Il ne s’agit donc pas de s’enorgueillir puérilement de quelque passé glorieux, mais de bien connaître où l’on vient pour mieux comprendre où l’on va. Pour autant, il n’y a pas non plus à rougir de ce que l’histoire de l’Afrique aie été aussi foisonnante, prolifique et somptueuse ; contrairement à ce qui a été prétendu pendant si longtemps (et continue encore d’être instillé…).
En général, nombre de gens ne s’intéressent à l’histoire que pour elle-même. Or ce que préconise DIOP, c’est de s’instruire de l’histoire africaine afin de mieux construire l’avenir de l’Afrique, compte tenu d’un contexte contemporain si calamiteux à tous points de vue. D’où sa remarquable prospective politique dans « Les fondements économiques et culturels d’un Etat fédéral d’Afrique noire » éd. PRESENCE AFRICAINE, 1960.
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MessagePosté le: Sam 27 Nov 2004 10:25    Sujet du message: Répondre en citant

Salut OGOTEMMELI et merci pour cet expose.

J'aurai quelques questions:

- Quand se forge la premiere civilisation egyptienne venu du soudan,
peut on dire de la population dans cette partie de l'afrique d'etre completement homogene de type africain c.a.d. noire ?

- Actuellement je rencontre sur des forums africains, beaucoup qui veulent etablir le peuple berbere (Si tu pouvais me definir les caracteristique de ce peuple) comme etant le plus ancien peuple a occuper cette region.

Bien que j'ai lu ailleurs qu'ils seraient venus de l'asie du sud ouest.

Si cela est vrai, ou les placer dans cette societe d'egypte de l'epoque ?

Voici un lien qui fut poste par un internaute qui pretend que l'afrique du Nord fut toujours multi-ethnique et metisse.

http://www.tamazgha.fr/article.php3?id_article=0508

Notemment avec ce passage.

Citation:
car l’Afrique du Nord, dès sa passionnante préhistoire, était déjà une terre multi-culturelle, riche de sa diversité ethnique, comme le montre le Néolithique saharien, par exemple, où Noirs, Blancs et Métis, langue et religions diverses, se côtoyaient


J'en reste la pour le moment.
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OGOTEMMELI
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MessagePosté le: Sam 27 Nov 2004 11:11    Sujet du message: Répondre en citant

Je propose ce lien permettant de compléter et approfondir mon propos initial : http://www.ankhonline.com/egypte1.htm
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OGOTEMMELI
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MessagePosté le: Sam 27 Nov 2004 11:39    Sujet du message: Répondre en citant

[quote="M.O.P."]

Citation:
Quand se forge la premiere civilisation egyptienne venu du soudan,
peut on dire de la population dans cette partie de l'afrique d'etre completement homogene de type africain c.a.d. noire ?


Voici un extrait du lien que j'ai précédemment proposé :

Citation:
l'archéologie avec les fouilles menées en Haute Egypte et au Soudan qui mettent en évidence l'origine méridionale de la civilisation égyptienne.
L'archéologue américain Bruce WILLIAMS qui a étudié les objets provenant de ces fouilles écrit dans le Courrier de l'UNESCO (février-mars 1980, pp. 43-44)
"Grâce au témoignage fourni par le cimetière L, la période qui précède juste la première dynastie devient, pour la première fois, une époque historique. Un fait étonnant se dégage, absolument contraire à toutes les idées antérieures sur la question : pendant neuf générations au moins, de 3500-3400 à 3200-3100 avant J.C., la Nubie du groupe A fut un État unifié, possèdant tous les attributs d'une civilisation – un gouvernement, un pharaon, des fonctionnaires, une religion officielle, une écriture et des monuments – un État assez fort pour unir des peuples qui n'étaient pas de même origine. C'est ainsi que les habitants du Ta-Seti, "Le Pays de l'Arc", nom par lequel les anciens Égyptiens désignaient la Nubie, participèrent pleinement et sur un plan d'égalité que personne n'avait jamais soupçonné, à l'irrésistible essor de la civilisation des rives du Nil".
Le rapport de Bruce WILLIAMS de ces fouilles effectuées dans les années soixante, a été publié en 1986 : "Excavations between Abu Simbel and the Sudan frontier, part I – The A-group royal cemetery at Qustul : Cemetery L", University of Chicago, Oriental Institute Nubian Expedition, Vol. III, Chicago, 1986. Voir aussi ANKH, n° 6/7, 1997-1998, pp. ).

A ma connaissance, vers -3500 ans il n'existe aucune nation non-nègre attestée par quelque document archéologique en Afrique ; particulièrement dans la région ici visée que tu as appelée Soudan.
Il faut bien voir que le spectre chromatique de ce que nous appelons (par commodité de langage) "peau noire" est particulièrement vaste et nuancé : depuis le noir de jais jusqu'au marron clair. Cette variété est déterminée par des conditions naturelles, climatiques, qui ne supposent pas nécessairement un métissage ; lequel est beaucoup plus tardif.
En effet, l'Afrique ayant une superficie approximative de 30 millions de km2, on comprend aisément que les conditions écologiques y soient variées, avec des différences notoires dans l'ensoleillement de ses diverses régions. A l'époque ici considérée (vers -3500 AVJC), cette seule occurrence nécessaire est SUFFISANTE pour expliquer la variété de peaux noires, exclusivement à tout métissage.
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OGOTEMMELI
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MessagePosté le: Sam 27 Nov 2004 12:03    Sujet du message: Répondre en citant

[quote="M.O.P."]
Citation:
car l’Afrique du Nord, dès sa passionnante préhistoire, était déjà une terre multi-culturelle, riche de sa diversité ethnique, comme le montre le Néolithique saharien, par exemple, où Noirs, Blancs et Métis, langue et religions diverses, se côtoyaient

M.O.P., je crois te savoir plus vigilant que cela, pour ne pas te laisser avoir par de telles élucubrations.
En effet, "métissage" n'est pas un état, c'est un processus ; lequel suppose au moins deux (2) agents : où sont donc les attestations archéologiques de nations blanches au Sahara néolithique (à noter que le "Néolithique saharien" est l'un des plus anciens connus au monde, longtemps avant qu'il n'eût de culture néolithique attestée en Europe...)?
Quelles "langue et religions diverses" se cotoyaient au Sahara néolithique?
Je te suggèrerais deux références bibliographiques qui éclairent très bien cette affaire :
- Aboubacry Moussa LAM, "Les chemins du Nil", éd. Khepera/Présence Africaine, 1997
- Babacar SALL, "Racines éthiopiennes de l'Egypte ancienne", éd. Khepera/L'Harmattan, 1999
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OGOTEMMELI
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MessagePosté le: Sam 27 Nov 2004 13:06    Sujet du message: Répondre en citant

M.O.P.

Je reviens de lire l'article dont tu as cité l'extrait. Difficile de se prononcer sur les arguments de l'auteure, Malika HACHID, qu'elle n'a pu exposer complètement. Va falloir lire son livre : "Les premiers Berbères, entre Méditerranée, Tassili et Nil" éd. Ina-Yas/Edisud, 2000.
Toutefois, en voici un autre extrait dont je voudrais dire deux mots :
Citation:
Aujourd’hui, les grandes lignes d’une théorie synthétique des origines des Berbères se dessinent par la convergence de trois disciplines auxquelles nous aurons successivement recours : la paléontologie humaine, la linguistique historique et l’archéologie (l’avenir exigera qu’une troisième voie soit exploitée, celle de la génétique). Les données de ces disciplines concourent de plus en plus à démontrer que la berbérité émerge au Maghreb, il y a environ... 11 000 à 10 000 ans ! Si, comme nous allons le voir, l’origine proche-orientale qu’on a longuement prêtée aux Berbères est aujourd’hui caduque, celle de leur identité et de leur culture est assurément autochtone. Pour notre part, nous défendrons une position plus nuancée : les ancêtres les plus lointains des Berbères sont de pure souche africaine, mais ils sont déjà mixtes[/color].


Pour ce que j'en sais (encore une fois sous réserve de lire le livre) :
- Il y a 10000 ans, n'existait aucune nation non nègre en Afrique. Ou, en tout cas, cela n'a toujours pas été scientifiquement établi.
- En revanche (mais je n'en ai aucune preuve), il pouvait exister des nations nègres de part et d'autre de la Méditerranée occidentale entretenant des relations matrimoniales, commerciales, etc. entre elles.
- La langue des Berbères n'est pas une langue génétiquement négro-africaine. Mais là encore, il faut que je revise mon OBENGA T. ("La parenté génétique de l'Egyptien ancien, du Copte et des langues négro-africaines") que je n'ai pu retrouver avant d'écrire ce post.
- l'art pariétal du néolithique saharien présuppose la négro-africanité de ses auteurs ; plutôt qu'une berbérité entendue comme métissage entre négroafricains et non-négroafricains à une époque aussi ancienne.
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OGOTEMMELI
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MessagePosté le: Sam 27 Nov 2004 21:59    Sujet du message: Répondre en citant

Voici un autre extrait de la mine d'or www.ankhonline.com pour soutenir l'idée d'un peuplement négroafricain du Sahara néolithique :
Citation:
C'est entre 8000 et 6000 BC que s'est épanouie, selon J. E. SUTTON, une civilisation révélée par de nombreux sites archéologiques, caractérisée par une grande consommation de poissons et de mollusques et qui occupe une aire immense : hauts plateaux du sud du Kenya et du nord de la Tanzanie, Rift Valley, Nil moyen, Tchad, Haut-Niger, hautes terres du Sahara. Les populations noires couvraient le Sahara jusqu'aux côtes de la Méditerranée comme le prouvent les "Capsiens négroïdes" de Tunisie, les gravures rupestres du Sahara, et les premières représentations des Libyens dans l'iconographie égyptienne. Elles occupaient aussi l'Égypte. Vers 8000 BC, les outils polis commencent à apparaître dans le Nachikoufien, en Zambie septentrionale. La céramique est attestée vers 7500 BC dans le massif de l'Aïr.

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MessagePosté le: Sam 27 Nov 2004 23:50    Sujet du message: Répondre en citant

Merci pour les liens OGOTEMMELI un vrai regale.

Salutations fraternelles.
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OGOTEMMELI
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MessagePosté le: Dim 28 Nov 2004 15:13    Sujet du message: Répondre en citant

O.K. MOP

Avant de clore cette parenthèse berbère/amazighe (en tout cas pour ce qui me concerne, afin de revenir au principal objet du topic), je voudrais ajouter ces précisions :
Les premiers hommes modernes (homo sapiens sapiens) attestés en Europe l’ont été en Europe méridionale, c’est-à-dire, d’un point de vue afrocentrique, sur les rives septentrionales de la Méditerranée. Ces hommes (de Grimaldi, Combe Capelle) sont des négroïdes/mélanodermes datés d’environ -40000 ans. C’est seulement vers -20000 ans que l’on trouve en Europe les plus anciens fossiles de leucoderme (homme de Cro-Magnon).

- il en résulte que de -40000 ans à -20000 ans les hommes attestés en Europe sont des Nègres. C’est leur séjour aussi prolongé sous des latitudes aussi froides et peu ensoleillées qui a causé la mutation phénotypique de mélanoderme à leucoderme ; à une époque où toutes les populations humaines sont nomades.

- il PEUT en résulter que pendant des millénaires, à partir de -20000 ans (jusqu’à -10000 ans ?) les colonies de nègres sont beaucoup plus nombreuses que leurs mutants blancs en Europe.
- logiquement, aux époques plus tardives, par exemple à partir de -10000 ans, un métissage conséquent de Noirs et de Blancs est fort probable ; et a pu avoir lieu plutôt en Europe méridionale, sans l’exclure totalement de l’Afrique saharienne. Mais encore faut-il établir cela scientifiquement.

- vers -10000 ans, le Sahara qui est alors fertile, est un grand centre civilisationnel qui a pu aimanter des populations venues de l’autre rive de la Méditerranée, dont des Blancs et/ou Métis. Toutefois, même dans ce cas, ces leucodermes et/ou métis seraient si peu nombreux au Sahara qu’il me paraît abusif de parler de métissage multiculturel à propos de toute la population saharienne de l’époque. S’il a existé, ce métissage a été d’abord marginal ; il ne peut donc expliquer les cultures sahariennes de cette époque. Aussi, « A ma connaissance, vers -3500 ans il n'existe aucune nation non-nègre attestée par quelque document archéologique en Afrique. »

- en outre, les premiers Blancs étant des fils de Nègres sont très probablement nés et ont vécu dans des cultures nègres, négroméditerranéennes. En effet, la différenciation phénotypique ne suppose pas nécessairement une différenciation culturelle simultanée. C’est ainsi que jusqu’au Néolithique finissant, les cultures rencontrées en Europe méridionale ne sont pas très différentes de celles connues en Afrique saharienne (art pariétal, ibéromaurusien, capsien, mechtoïde, etc.).

En définitive, le phénomène Berbère/Amazighe se déroule fondamentalement dans le cadre civilisationnel du Sahara (néolithique ?), tandis que la civilisation kémétienne procède davantage de la vallée du Nil, même si elle franchit un palier décisif à partir de la désertification du Sahara. Il s’agit donc de deux phénomènes distincts. Le premier étant ultérieur au second ne peut logiquement l’expliquer.

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MessagePosté le: Lun 29 Nov 2004 11:08    Sujet du message: Répondre en citant

Sur la genèse des leucodermes

Si la leucodermie s’explique par une mutation de colonies mélanodermes ayant séjourné pendant des millénaires en milieu froid et moins ensoleillé, alors le premier bébé blanc est né de père et de mère nègres. Cela a du se passer en Europe méridionale il y a plus de 20000 ans. Certes, ces parents avaient probablement la peau très claire ; mais ils n’en étaient pas moins des Nègres (ou des protoleucodermes).
A partir de cette conséquence logique de la théorie monogénétique de l’espèce humaine, on peut envisager diverses hypothèses :

1) Ce premier bébé leucoderme a pu susciter des réactions d’effroi, de rejet. Par exemple, il n’y a pas si longtemps, dans certaines contrées africaines les enfants albinos étaient assassinés ou sacrifiés.
2) Cette première naissance de leucoderme a pu être accueillie comme un heureux présage, envoyé par les ancêtres-dieux ; par conséquent traitée avec toute la dévotion requise.
3) Les deux hypothèses ne sont pas exclusives l’une de l’autre, dans la mesure où certaines colonies de Nègres ont pu accueillir les premières naissances de leucoderme avec effroi, et que d’autres colonies de la même époque ont pu considérer cet événement avec crainte et dévotion.
4) Même à supposer le premier cas plus répandu (ce que rien ne justifie) : afin de préserver leur progéniture, des parents nègres d’enfant leucoderme ont pu s’enfuir loin des leurs ; constituant de nouvelles colonies pro-leucoderme.
5) Dans le second cas, d’accueil favorable, cet événement a pu progressivement reconfigurer les échanges matrimoniaux dans le sens de l’expansion des naissances de leucodermes, notamment en privilégiant les unions d’adultes leucodermes avec les chefs, puis entre eux-mêmes.
6) Dans tous les cas, le premier adulte leucoderme n’a pu épouser qu’un conjoint non-leucoderme, sauf à supposer une génération spontanée de bébés blancs chez les noirs qui devenus adultes s’unissent obligatoirement entre eux. Il en résulterait que le métissage entre Noir et Blanc est presque aussi ancien que la mutation mélanoderme/leucoderme.Donc il daterait des environs de -20000 ans, en Europe méridionale.
7) Dans tous les cas, il a fallu probablement encore plusieurs millénaires après la naissance des premiers leucodermes avant que la population de Blancs n’atteigne une masse critique telle qu’elle puisse s’autoreproduire. Puis au fil des échanges matrimoniaux, la quasi-totalité de la population se leucodermise en Europe.


Remarque : Des équipes constituées de généticiens, paléontologues et démographes pourraient tester ces hypothèses, en vue de valider ou infirmer les scenarii ici esquissés. Sauf qu’en général la théorie monogénétique est mobilisée dans ses grandes lignes, sans en tirer toutes les conséquences pour une meilleure connaissance de l’hominisation. Or une perspective afrocentrique, où cette théorie monogénétique est considérée comme suffisamment étayée, peut aller plus loin dans l’exploitation de son potentiel heuristique. Malheureusement, les disciplines scientifiques d’où peut être mené ce type de recherche supposent une infrastructure technique que ne possède aucune institution d’études afrocentriques. Dommage !

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MessagePosté le: Mar 30 Nov 2004 14:07    Sujet du message: Répondre en citant

Salut à tous,

Je suis surpris de la bonne fortune de ce topic se proposant de résumer très succinctement la théorie générale de CAD. Moi qui croyais, naïvement, que chacun ici possédait en bonne place dans sa bibliothèque toute l’œuvre de CAD.
Si ce n’était pas encore le cas pour certains, alors voici à tout hasard les références de ses principaux textes :

- Nations nègres et culture, éd. Présence Africaine, 1954
- L’unité culturelle de l’Afrique noire, éd. Présence Africaine, 1960
- L’Afrique noire précoloniale, éd. Présence Africaine, 1960
- Les fondements économiques et culturels d’un Etat fédéral d’Afrique noire, éd. Présence Africaine, 1960
- Antériorité des civilisations nègres : mythe ou vérité historique ?, éd. Présence Africaine, 1967
- Civilisation ou barbarie, anthropologie sans complaisance, éd. Présence Africaine, 1981

Tous ces livres sont également disponibles à la FNAC, où le lot coûterait le prix d’une paire de basket… Bien entendu, on peut les acheter les uns après les autres ; au fur et à mesure de qu’on les lit. J’y ajoute deux autres textes qui ne sont pas de CAD, mais commentent très bien son œuvre et donnent de précieuses indications biographiques. L’un des auteurs, Théophile OBENGA est considéré comme étant LE disciple et digne successeur de CAD. Tandis que le second, Cheikh M’Backé DIOP, je vous laisse deviner sa relation à CAD…

- OBENGA T. « Cheikh Anta Diop, Volney et le sphinx », éd. Khepera/Présence Africaine, 1996
- Cheikh M’Backé DIOP, « Cheikh Anta Diop, l’homme et l’œuvre », éd. Présence Africaine, 2003

Bonne lecture
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MessagePosté le: Sam 04 Déc 2004 10:08    Sujet du message: Re: RESUME DE LA THEORIE GENERALE DE CHEICK ANTA DIOP Répondre en citant

OGOTEMMELI a écrit:
Nations nègres et culture, éd. Présence Africaine, 1954
J'ai personnellement découvert Cheikh Anta Diop par hasard en feuilletant NNC dans une librairie. J'ai longtemps hésité à acheter ce livre aux thèses curieuses au regard de l'enseignement occidental que j'ai suivi. Quand je me suis décidé, j'ai été littéralement ébranlé par les arguments avancés par CAD que je n'avais lu nulle part ailleurs. Ce livre partage les avantages et les inconvénients d'un écrit de jeunesse : parfois les raisonnements sont précipités (notamment dans les comparaisons linguistiques et dans les migrations) mais il est tellement plein de fougue qu'il emporte littéralement l'adhésion. NNC reste le CAD indispensable pour la démarche salutaire qu'il initie pour l'Afrique.
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Yom
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MessagePosté le: Sam 04 Déc 2004 12:29    Sujet du message: Répondre en citant

OGOTEMMELI a écrit:
Sur la genèse des leucodermes

Si la leucodermie s’explique par une mutation de colonies mélanodermes ayant séjourné pendant des millénaires en milieu froid et moins ensoleillé, alors le premier bébé blanc est né de père et de mère nègres.

Je doute que ce se soit passé sur une seule génération. J'imagine plutôt une évolution très lente, sur des millénaires, probablement imperceptible à l'échelle d'une vie humaine..
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OGOTEMMELI
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MessagePosté le: Mer 08 Déc 2004 18:03    Sujet du message: Répondre en citant

Yom a écrit:

Je doute que ce se soit passé sur une seule génération. J'imagine plutôt une évolution très lente, sur des millénaires, probablement imperceptible à l'échelle d'une vie humaine

C'est précisément ce qui est avancé : que la "leucodermisation" s'est déroulée sur des millénaires, de -40000 ans à -20000 ans. Seulement, il y a un moment biologique de discontinuité phénotypique, telle que des Nègres à force de claircir naturellement de générations en générations, ont fini par devenir carrément blancs à partir d'une génération déterminée. Cela signifie logiquement qu'à partir de ladite génération, des bébés blancs ont commencé à naître de parents nègres. D'abord extraordinaire, ce phénomène s'est banalisé dans les suivants millénaires jusqu'à ce que presque toute la population se leucodermise.
Je vois pas comment une mutation phénotypique a pu se produire, si à un moment donné (perceptible à l'échelle d'une vie humaine) un événement biologique exceptionnel et irréversible, comme ici conjecturé, n'est pas survenu. Puis des conditions anthropologiques de sa reproduction ayant été promues, il s'est consolidé et développé ; ouvrant d'autres voies à la diversité de l'unique espèce humaine.
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OGOTEMMELI
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MessagePosté le: Ven 10 Déc 2004 15:41    Sujet du message: Répondre en citant

Voici une interpellation en mp qu'Améline m'a faite. Je lui demandé de la publier ici, avec la réponse que j'y ai faite.

Citation:
Excuse moi mais une mutation phénotypique ne peut être que l'expression d'une mutation génétique. Il ne peut pas y avoir d'éclaircissement naturel pendant des générations. Une mutation génétique c'est brutal et en général c'est mauvais, exceptionnellement c'est bon par rapport à l'environnement. Qu'est ce qui a pu faire que des bébés à la peau plus claire voire albinos (aucune mélanine, très exposés) aient eu un avantage reproductif relatif /aux autres càd aient des descendants qui à leur tour etc. ainsi de suite Pourquoi la peau claire convient mieux aux climats froids et peu ensoleillés? (au soleil=cancer de la peau) parce que la Vit D (antirachitisme) est activée par les UV du soleil et la peau noire protège des UV et donc en pays froid risque de rachitisme surtout si le froid oblige à se couvrir. En climat chaud, c'est compensé par la relative nudité et l'intensité du rayonnement=on a sa dose d'UV. Nos ancêtres ont peut être observé une meilleure santé chez les sujets plus clairs et l'ont associée à la peau claire, et peut être que ces sujets ont été socialement privilégiés par leur société pour des raisons religieuses? plus étaient recherchés pour les unions, mais ce qui est sur c'est qu'il y eu une interaction entre le climat et les hommes, la sélection n'a pas du être seulement naturelle mais aussi sociale, comme tout ce qui a trait à l"évolution. Qu'en pense tu?


« Excuse moi mais une mutation phénotypique ne peut être que l'expression d'une mutation génétique. »
Laquelle mutation peut en effet résulter des seules conditions naturelles : comme des poissons sont devenus oiseaux, au fil de millions d’années d’évolution bioclimatique.

« Il ne peut pas y avoir d'éclaircissement naturel pendant des générations. »
Eh bien si ! D’ailleurs pour des raisons inverses de la loi de GLOGER que tu exposes dans la suite de ton propos.

« Une mutation génétique c'est brutal et en général c'est mauvais, exceptionnellement c'est bon par rapport à l'environnement. »
Au contraire, une mutation génétique résultant essentiellement de causes bioclimatiques est plutôt très lente, à l’échelle écologique qui brasse des milliers, voire des millions d’années. Quant à savoir si « c’est mauvais » ou pas, c’est un jugement de valeur que je te laisse volontiers…

« la sélection n'a pas du être seulement naturelle mais aussi sociale, comme tout ce qui a trait à l"évolution. Qu'en pense tu? »
Mais c’est exactement ce que je dis : d’abord un événement biologique/génétique exceptionnel survient (la naissance d’un bébé blanc de parents nègres), lequel suscite diverses réactions anthropologiques/culturelles (que j’ai essayé de sérier en hypothèses), dont nous savons seulement qu’elles ont eu pour effet d’engager l’humanité dans une nouvelle voie phénotypique il y a environ 20000 ans. Quel est le processus socio-historique qui a emboîté le pas à la nature pour favoriser l’expansion de la leucodermisation ?
C’est justement cette question qui, à ma connaissance, n’est pas posée par les tenants de la théorie monogénétique de l’espèce humaine (alors qu’elle en découle logiquement) dont j’ai proposé de débattre.
Aussi ta phrase ci-après me semble rentrer dans ce cadre de réflexion : « Nos ancêtres ont peut être observé une meilleure santé chez les sujets plus clairs et l'ont associée à la peau claire, et peut être que ces sujets ont été socialement privilégiés par leur société pour des raisons religieuses? plus étaient recherchés pour les unions, mais ce qui est sur c'est qu'il y eu une interaction entre le climat et les hommes, »

Quant à ce que j’en pense : au stade actuel de ma connaissance de la préhistoire de l’Europe il m’est presque impossible de produire une réflexion suffisamment consistante. Au demeurant, je crois pouvoir dire qu’aucune recherche scientifique sur la préhistoire européenne ne porte explicitement sur ce type de questionnement…
Par conséquent, je ne puis procéder que par intuitions et conjectures, avec tous les risques que cela comporte.
- Certes, la leucodermisation commence au Sud de ce que nous appelons Europe. Mais elle a davantage prospéré (toujours d’un point de vue anthropologique/culturel) plus au Nord, où l’on trouve à foison les plus anciens fossiles de culture matérielle proprement européenne, notamment celtique. Est-ce à penser qu’une relative hostilité au phénomène leucoderme par les colonies humaines du Sud (majoritairement « mélanoïdes » pendant des millénaires) a provoqué des migrations de colonies blanches et/ou métissées de plus en plus vers le Nord, où les conditions climatiques étaient carrément défavorables aux peaux noires ; qui auraient donc renoncé à les (pour)suivre au delà de cette barrière écologique ?
- Puis, d’autres nombreuses générations plus tard, ces colonies du Nord (dissidentes ?) vont atteindre une masse critique suffisante, leur permettant d’organiser périodiquement des incursions amicales et/ou conflictuelles en Europe méridionale. L’on sait par exemple que la mémoire collective sud-européenne a conservé l’écho fantasmagorique « d’hordes de Nordiques » vandales et pillards….
En outre, pendant des siècles (des millénaires ?) il y a eu une traite de Blancs du Nord, notamment de slaves, à destination de l’Europe méridionale : pratiques que la mémoire linguistique a enregistrées dans les mots anglais de « slave » et français de « esclave »…

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kapro
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MessagePosté le: Lun 13 Déc 2004 14:24    Sujet du message: Très intéressant! Alors, qu'en est-il de la filiation? Répondre en citant

Salut à tous!
Je prends le train en marche, et j'avoue d'emblée suivre à distance encore trop respectable, les écrits qui ont été référencés sur ce fil.
Mais, cet écart sera rapidement réparé, étant donné le besoin de connaissance qui monte en moi au fil du temps. La quête de la vérité à la source, devient plus forte chaque jour.
Toutefois, j'avoue que dans ma démarche personnelle, l'intuition qui a aussi été le fort de CAD m'anime souvent, ce qui fait que bon nombre de mes réflexions sont d'abord intuitives avant d'être scientifiquement soutenues, par esprit de rigueur.

Le clou de ma réflexion actuelle porte sur le système filiaire, entendu celui relatif à la filiation.
Est-ce qu'il existe une étude de nos références egyptologues sur le sujet?
Plus clairement, je m'intéresse à un système qui a cours au moins dans une partie des peuplades semi-bantou (Bamiléké du Cameroun en l'occurence), et qui du fait de son élaboration exceptionnelle, permet de remonter la généalogie avec une facilité et une aisance qui n'a pas son pareil, en comparaison avec l'arbre classique "nordien" (par Nordien, faut entendre les habitants de l'hémisphère Nord de la Terre, qui sont souvent qualifiés d'Occidentaux...)

Pour résumé un peu mon propos, je dirais que le fameux système conduit à une carte d'identité culturelle, différente de la carte d'identité civile, en ce sens que tous les frères sont baptisés, dès leur naissance, d'un même patronyme, qui leur vient de leur mère, et qui établit leur lien avec l'ancêtre masculin le plus illustre du côté maternel. De même, toutes les filles d'un même homme porte une "distinction" qui renvoie à leur ancêtre le plus illustre, du côté paternel.

Par voie de conséquence, on arrive parfois en présentant simplement sa "distinction culturo-génétique", à remonter d'un coup sur 4, voire 6 générations... Un tel exercice avec un arbre généalogique classique demanderait le déploiement d'un papier qui recouvre au moins une surface d'un hectare!!!

Bien entendu la réflexion se veut globale parce qu'il existe une dimension à la fois équitable, élitiste, mais aussi ouverte et méritoire, puisqu'on la société encourage à tarvers les distinctions "honorifiques" qu'elle leur décernent, ses citoyens à oeuvrer pour son avancement.

Bref, au besoin, un développepment sera présenté. Mais pour l'instant, je souhaite juste savoir si une telle étude a déjà été faite par nos egyptolgues de renom.

Bien à vous, et merci pour le sujet et ses développements qui renforcent dans l'idée que le réveil Africain sera surtout culturel et historique, avant d'être économique et politique.
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Après le barbarisme, le christianisme, l'esclavagisme, le colonialisme, le communisme, le capitalisme, l'islamisme et le mondialisme, l'heure du culturalisme arrivera bientôt...
Les notions d'exception et de diversité culturelles sont déjà en place, et nul doute que pour la suite de ce mouvement, l'Afrique aura beaucoup à apporter au Monde.

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MessagePosté le: Lun 13 Déc 2004 15:32    Sujet du message: A propos de la momie noire Répondre en citant

J'apporte ici ma modeste intervention qui se veut plus une question.

Je suis tombé sur émission sur France5 y a pas longtemps et qui traotait de la découverte il y a déjà 40ans d'une momie noire dans le sud de la Libye. Cette momie serait datée de 5 500ans, c'est-à-dire près de 1 000ans avant ce que l'on pense être l'invention du procédé de momification en Egypte.

Voilà, avez-vous des informations au sujet de cette momie déjà? A t-on des indications sur ce peuple noir qui il y a près de 6 000ans avait développé une technique de momification aussi complexe? L'on parle très souvent de l'influence forte du peuple nubien aux premiers temps de l'ère égyptienne. Notamment sur le caractère nubien des premières dynasties...etc. Y a t il également des études sur les possibles influences saharéennes de la culture égyptienne?
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MessagePosté le: Lun 13 Déc 2004 22:33    Sujet du message: Répondre en citant

Salut KAPRO,

Citation:
Pour résumé un peu mon propos, je dirais que le fameux système conduit à une carte d'identité culturelle, différente de la carte d'identité civile

On pourrait envisager que la carte d'identité civile soit configurée comme ta "carte d'identité culturelle", tant les avantages que présenterait cette dernière me paraissent beaucoup plus emphases avec l'idée "d'identité" d'un point de vue africain ; laquelle est mieux restituée par le mot de "filiation".
Citation:
Bref, au besoin, un développepment sera présenté.

Vivement ce développement!
Citation:
je souhaite juste savoir si une telle étude a déjà été faite par nos egyptolgues de renom.

Cheikh Anta Diop a ouvert un immense chantier épistémologique qui reste encore très largement à réaliser. Aussi, à ma connaissance, cet aspect de système filiaire n'a pas encore été abordé dans la perspective que tu as exposée. CAD l'a mobilisé surtout en toponymie et onomastique, comme marqueur de mouvements migratoires intra-africains ancestraux...
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MessagePosté le: Lun 13 Déc 2004 22:53    Sujet du message: Re: A propos de la momie noire Répondre en citant

beYondeR a écrit:

L'on parle très souvent de l'influence forte du peuple nubien aux premiers temps de l'ère égyptienne. Notamment sur le caractère nubien des premières dynasties...etc. Y a t il également des études sur les possibles influences saharéennes de la culture égyptienne?

Voici une bonne entrée en matière dans ce débat (outre les numéros de la revue ANKH qui en ont traité) :
- Aboubacry Moussa LAM, "Le Sahara ou la vallée du Nil? aperçu sur la problématique du berceau de l'unité culturelle de l'Afrique Noire", éd. Khepera/IFAN, 1994.
"S'appuyant sur une méthodologie sûre, une argumentation cohérente et des faits précis, l'auteur, à travers les six articles qui constituent la substance de cet opuscule, montre que le Sahara et la vallée du Nil ont participé à l'élaboration de la culture négro-africaine, mais que les traits les plus caractéruistiques et les plus récents renvoient incontestablement à ce que certains ont appelé, à juste raison, le berceua nilotique. La vallée du Nil aurait, ainsi, une prépondérance certaine sur le Sahara, dans l'affirmation de la civilisation négro-africaine."
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OGOTEMMELI
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MessagePosté le: Lun 20 Déc 2004 20:59    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
La comparaison des cosmogonies kamétiques avec les cosmogonies africaines contemporaines (Dogon, Ashanti, Yorouba, etc.) montre une similitude radicale qui n’a rien de fortuit, mais témoigne d’une profonde intimité culturelle.

Pour comparer lesdites cosmogonies, encore faut-il les connaître. Voici un extrait de CAD résumant la cosmogonie kemetienne. Si chacun pouvait comparer les éléments ainsi rassemblés avec ce qu'il sait de d'autres cosmogonies négro-africaines, il pourrait montrer en quoi elles sont génétiquement apparentées, ou non.

LA COSMOGONIE EGYPTIENNE
Cheikh Anta DIOP, Civilisation ou Barbarie, éd. Présence Africaine, 1988, PP. 388-390

La « cosmogonie » égyptienne qui va être résumée ici est attestée dans les textes des pyramides (2600 av. J.C.), pour nous en tenir à des faits sûrs, c’est-à-dire à une époque où les Grecs mêmes n’existaient pas encore dans l’histoire, et où les notions de philosophie chinoise ou hindoue étaient des non-sens.
On peut distinguer trois grands systèmes de pensée en Egypte pour tenter d’expliquer l’origine de l’univers et l’apparition de tout ce qui est :
- le système hermopolitain,
- le système héliopolitain
- le système memphite, et l’on pourrait y ajouter le système thébain
[…] Selon ces systèmes, l’univers n’a pas été créé ex nihilo, à un jour donné ; mais il a toujours existé une matière incréée, sans commencement ni fin (l’apeiron sans limite et sans détermination d’Anaximandre, Hésiode, etc.) ; cette matière chaotique était à l’origine, l’équivalent du non-être, du seul fait qu’elle était inorganisée : ainsi le non-être n’est pas ici l’équivalent du néant, d’un néant d’où surgirait un jour, on ne sait comment, la matière qui sera la substance de l’univers. Cette matière chaotique contenait à l’état d’archétypes (Platon) toutes les essences de l’ensemble des êtres futurs qui allaient être appelés à l’existence : ciel, étoiles, terre, air, feu, animaux, plantes, humains, etc. Cette matière primordiale, le noun ou « eaux primordiales », était élevée au niveau d’une divinité. Ainsi, dès le début, chaque principe d’explication de l’univers est doublé d’une divinité, et au fur et à mesure que la pensée philosophique se développe en Egypte, et particulièrement en Grèce (école matérialiste), celle-ci cède le pas à celui-là.
La matière primitive contenait aussi la loi de transformation, le principe d’évolution de la matière à travers le temps, considéré également comme divinité : kheper. C’est la loi du devenir qui, agissant sur la matière à travers le temps, va actualiser les archétypes, les essences, les êtres qui sont donc créés longtemps en puissance, avant d’être créés en acte […] Entraînée ainsi dans son propre mouvement d’évolution, la matière éternelle, incréée, à force de franchir les paliers de l’organisation finit par prendre conscience d’elle-même. La première conscience émerge ainsi du noun primordial, […] elle est Dieu, Ra, le Démiurge (Platon), qui va achever la création.
Jusqu’ici, la « cosmogonie » égyptienne est d’essence matérialiste ; car c’est faire profession de foi matérialiste que de postuler l’existence d’une matière éternelle incréée, excluant le néant et contenant comme une propriété intrinsèque son propre principe d’évolution. Cette composante matérialiste de la pensée égyptienne prévaudra chez les atomistes grecs et latins : Démocrite, Epicure, Lucrèce.
Mais avec l’apparition du démurge, Ra, la cosmogonie égyptienne prend une nouvelle direction par l’introduction d’une composante idéaliste : Ra achève la création par le verbe (religion judéo-chrétienne, islam), par le logos (Héraclite), par l’esprit (idéalisme objectif de Hegel). Il suffit que Ra conçoive les êtres pour qu’ils émergent dans l’existence. Il y a donc un rapport évident, objectif, entre l’esprit et les choses.
Le réel est nécessairement rationnel, intelligible, puisqu’il est esprit, donc l’esprit peut appréhender la nature extérieure. Ra est le premier Dieu, le premier démiurge de l’histoire qui ait créé par le verbe. Tous les autres dieux de l’histoire sont venus après lui et il existe un rapport historique démontrable entre la parole de Ra, le Ka –ou la raison universelle présente partout dans l’univers, et en chaque chose- et le logos de la philosophie grecque ou le Verbe des religions révélées.
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MessagePosté le: Dim 26 Déc 2004 07:29    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Par les institutions et pratiques politiques
L’institution politique dite de « la royauté sacrée » (Luc DE HEUSCH, Michel IZARD) est attestée à Kemet et ailleurs en Afrique ; exclusivement à toute autre contrée du monde.


LE NOIR ET LE ROUGE : MBIDI ET NKONGOLO, COMME OSIRIS ET SETH

Bien souvent, sur les forums où cela est débattu, la question de la négro-africanité de l’Egypte ancienne est abordée du point de vue de l’iconographie, c’est-à-dire par où toutes les théories les plus farfelues peuvent encore prospérer : quand vous présentez une icône d’Osiris peint en noir, croyant ainsi prouver qu’il est de peau noire, on vous montre une autre icône du même Osiris peint en vert pour inférer que votre démonstration est insuffisante. Lorsque vous proposez une planche d’Egyptiennes avec leur coiffure qu’aujourd’hui tout le monde reconnaît comme étant des tresses africaines, on vous sort d’autres arguties, etc. Et évidemment ceux des Afrocentristes qui s’y collent sont rapidement dépités, déconcertés.
Or, il y a des pans entiers de la recherche exclusivement circonscrits par l’école africaine, avec une fécondité et une solidité démonstratives sans aucun équivalent, qui laisseraient pantois n’importe quel apprentis égyptomane (les bébés Christian JACQ) de ces forums, façon www.toutankharton.com.
Pour ceux que ça amuse, la défense efficace de leur point de vue (afrocentrique) sur ces forums devrait privilégier l’étude de textes comme celui que je vais maintenant citer. Il s’agit d’une belle tranche, génialissime, de comparaison entre cosmogonies kemetienne et africaines contemporaines élaborée par Alain ANSELIN. Et là c’est du lourd, du très lourd, qui suppose une connaissance radicale et intime des institutions et pratiques spirituelles/cultuelles négro-africaines attestées sur des millénaires :

« Patrice Mufuta, après d’autres auteurs, situe la fondation de l’empire Luba au seizième siècle. Nkongolo serait le premier mu.lopo luba, né en 1486 ou vers 1540. Il s’agit donc d’un personnage historique, d’un conquérant bantu contemporain de la Renaissance européenne. Il se confond aisément avec un personnage mythique parce que sa propre personnalité est définie dans un cadre culturel bantu où le discours du pouvoir comme dans l’Egypte pharaonique des premières dynasties, ne peut s’énoncer que dans les normes du mythe. C’est une chose qui va de soi, à plus forte raison lorsque le mythe sanctionne davantage le code du pouvoir qu’il ne raconte l’histoire de celui-ci.
Il n’est pas indifférent ici que le récit de Nkongolo s’y coule comme un serpent dans une termitière. Nkongolo est voué par sa mère Ndaayi au « génie protecteur de la famille » offert par les frères à leur sœur mariée, et à leur mère « pour stabiliser le ménage ». Il porte donc son nom. Ce nom est aussi celui du serpent rouge de l’arc-en-ciel qui empêche la pluie de tomber, et qu’il faudra sacrifier pour ouvrir la saison des pluies. Nkongolo est simultanément « génie domestique » et « génie de la nature ». Au plan sociologique, le don du kongolo par les frères aux sœurs peut être saisi comme une métaphore de l’inceste ; au plan cosmogonique, qu’il connote de pair, comme une métaphore de la médiation royale entre nature et culture.
Le mythe place d’emblée la royauté luba conquérante du seizième siècle sous l’enseigne du vieux code politique de la royauté incestueuse et du régicide rituel. En fait, la culture bantu ne prévoit pas d’énoncer l’origine du pouvoir autrement.
Le héros culturel luba porte le nom luba de la civette noire, mbiidi. Chez les Kuba, la genette mbiidy s’oppose au bélier comme la nuit au jour dans le bestiaire royal.
[…] Le mythe ne décrit pas seulement Mbidi comme de teint foncé, noir, par quoi il se distingue de Nkongolo, plus clair, rouge. Il le désigne nommément comme Noir, comme le héros noir. […]Pourtant, le mythe n’apparente pas explicitement Mbidi à Nkongolo. Mbidi est le Chasseur, Kiluwe, le chasseur étranger inventeur de l’exogamie, est lui-même chassé par sa sœur de son pays d’origine. L’hyperexogamie affichée par le mythe de Mbidi (chasseur étranger qui met fin à l’endogamie en épousant la sœur du roi, chasseur chassé de chez lui par sa propre sœur) inverse le code royal de l’inceste. Elle est le masque derrière lequel se cache la gémellité incestueuse des rois. L’inceste est le non-dit du départ de Mbidi de chez sa sœur. Le scénario luba n’est pas très éloigné du scénario égyptien, où « Wsir and st were always regarded as twin brethren and their wifes ‘St and Nbt, as twin sisters » (Budge, II, 224). Il réemploie à ses propres fins le même archétype dans un récit de fondation remarquable par sa collusion avec un autre mythe, celui du “chasseur étranger”. Sous le masque de Mbidi Kiluwe, le « Chasseur » Noir se profile la figure fondatrice du jumeau : Mbidi le Noir est le « Deux », le jumeau de Nkongolo le Rouge, tout autant que son beau-frère. Son épouse est en effet l’une des deux sœurs incestueuses de Nkongolo (Luc De Heusch, 2Cool. Les Luba ne mettent pas l’accent sur ce moment du mythe, mais « les mythes ne connaissent d’autres maîtres qu’eux-mêmes » (De Heusch, 299) et Mbidi épouse en fait sa propre sœur. Comme Osiris.Les homophonies et les isonomies ne sont pas plus gratuites dans le cas de Nkongolo le Rouge que dans celui de son duel, Mbidi le Noir. Mbidi est la couleur noire et le chiffre deux ; la civette noire : le symbole du Luba né hors du village : le Nyimbidi, un oiseau migrateur noir (dont le nom évoque aussi le concept bantu de pouvoir : cf nyim, roi, en Kuba, et sa coleur, bidi). Le ci-pende n’use-t-il pas du même terme, mbidi, pour désigner « un enfant extraordinaire, couvert de tâches noires », et « le masque noir de la circoncision » (Gusimana) ? Partout la couleur symbolique de la figure royale est à mettre en relation avec ce qui est extraordinaire, avec ce qui est gémellaire, avec la force de la nature, et se définit, par son invention d’une c culture, d’une sagesse, d’une maat luba, de manières de table et de lit, comme médiation entre l’univers et l’homme. Mbidi s’oppose à Nkongolo comme le Noir au Rouge, comme Osiris à Seth. Le nom de Nkongolo désigne le héros Rouge, la couleur Rouge, kongolo, la vipère rouge de l’arc-en-ciel –le nom de Mbidi évoque le héros Noir, la couleur Noire, la civette noire- et sa gémellité.
Simultanément, Mbidi est caractérisé comme chasseur et comme étranger. C’est encore une façon de le placer hors de la parenté et hors du village, et de définir encore le pouvoir dans son rapport au couple « nature/culture ». Aussi ses animaux symboliques sont-ils noirs, sont-ils ceux de la forêt ou de la brousse, et la couleur qu’ils partagent avec le héros culturel connote-t-elle le caractère « sacré » et « magique » de son pouvoir.
Mbidi et Nkongolo sont les isomorphes Luba des jumeaux Egyptiens, Osiris et Seth, qui leur sont antérieurs de cinq mille ans. Mbidi, souligne Luc De Heusch (69) semble devoir être un « roi-lune » dépositaire du pouvoir sacré ? Osiris apparaît sous les traits d’une momie comme « dieu-lune », wsr-Aah, qui tient dans ses mains les symboles de la vie, de l’ordre, du pouvoir, expose E.A. Wallis Budge (I, 59).
La genette Mbidi fait partie du bestiaire royal Luba ? La genette Mafdet est l’un des attributs archaïques de la réincarnation pharaonique d’Osiris.
Mbidi est un maître de pluies, une figure de la fécondité ? Osiris est un dieu de la fécondité et de la végétation, que l’on fête à la fin de l’inondation.
Comme Nkongolo, époux débridé de toutes ses sœurs, ivrogne cruel, beau-frère féroce, oncle hostile piégeant sans succès son neveu, Seth est paillard, incestueux, brutal, guerrier, épouse sa sœur, viole son neveu, dépèce son frère. Ils sont tous deux des dieux Rouges, que le parcours identitaire qui définit leur personnalité conduit de l’hybris débordante d’une sexualité incestueuse à la stélité, de l’humide au sec. Seth est le dieu rouge de la stérilité, du désert, de la secheresse. Nkongolo incarne de même sécheresse et stérilité (Luc De Heusch, 228).
Le paradigme du pouvoir s’énonce comme la figure de résolution d’une conception bicéphale, duelle, de sa réalité –dans les termes identiques d’une même symbolique. Chez les Egyptiens dès -3000, chez les Luba près de 5000 ans plus tard, il est exposé selon les figures de la gémellité, de l’inceste royal et du régicide rituel. »

Alain ANSELIN : « Samba » éd. de l’UNIRAG, 1992, pp133-136
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MessagePosté le: Lun 27 Déc 2004 11:31    Sujet du message: Répondre en citant

EGYPTOLOGIE, OU EGYPTOMANIE ?

Citation:
Mbidi et Nkongolo sont les isomorphes Luba des jumeaux Egyptiens, Osiris et Seth, qui leur sont antérieurs de cinq mille ans.

L’isomorphie entre Mbidi/Nkongolo et Osiris/Seth brillamment mise en relief par Alain ANSELIN ne constitue pas une exception. Au contraire, la comparaison des cosmogonies kémétiques et négro-africaines contemporaines (Ashanti, Igbo, Danxomé, etc.) expose de nombreuses similitudes structurales. Ainsi, Nommo le « dieu d’eau » des Dogons est une parfaite réplique de Nun, « l’eau primordiale » des KMTW.
Tant d’isomorphies et/ou isonomies attestent indéniablement d’un fonds cosmogonique/spirituel commun aux négro-africains, dont on trouve une multitude de versions un peu partout en Afrique, au fil de millénaires.
[J’entends ici par Afrique contemporaine, l’Afrique de la traite négrière européenne et de la colonisation, celle que nous connaissons depuis environ 500 ans]
A ce jour, seuls les chercheurs de l’école africaine, diopienne, possèdent le bagage scientifique nécessaire à ce type de recherches. Aussi leur avance sur les Egyptomanes et les Africanistes n’est-elle pas près de se réduire : tant les premiers méconnaissent l’Afrique, puisqu’ils situent leurs travaux sur KMT dans le cadre exclusif et abscons des « études orientales » ; et que les seconds connaissent encore moins l’Egypte ancienne, eux qui ne savent même pas lire le Medu Netjer, outre qu’ils ne comprennent pas les langues africaines contemporaines dont ils se proclament parfois « spécialistes » !!!
Par ailleurs, le mythe de Mbidi/Nkongolo a été recueilli par des africanistes (notamment Luc DE HEUSCH) et non par des auteurs de l’école africaine. Ceux-ci ne peuvent donc pas être soupçonnés d’aménager ce matériau à leur guise, pour le faire concorder avec leurs desseins théoriques. De même, « Dieu d’eau » est le titre donné par Marcel GRIAULE au document de la cosmogonie dogon par lui recueilli auprès d’Ogotemmêli, une dizaine d’années avant la parution de « Nations Nègres et culture » de Cheikh Anta DIOP.
Là encore, l’école africaine mobilise du matériau mis à disposition par les Blancs (Africanistes et Egyptologues), en l’éclairant d’un nouveau jour, dans une perspective analytique on ne peut plus féconde : et en effet, y a pas photo avec les cartons ethnographiques et antiquisants…
Enfin, je dis volontiers « Egyptomanes », parce que l’Egyptologie s’essouffle à force de tourner en rond, et finit par s’épuiser dans une égyptomanie constituée de passionnés (érudits comme amateurs) d’Egypte ancienne qui n’y comprennent rien, dépourvus qu’ils sont des clefs africaines pour ce faire. Alors cela donne une économie florissante (tourisme, musées, collections, littérature, films, spectacles, etc.), avec de plus en plus d’adeptes et de « marques leaders » comme Christian JACQ dont les romans nous dépeignent des princesses égyptiennes blondes aux yeux bleus, de la plus pure imagerie aryaniste…aux antipodes de Champollion, fondateur de l’égyptologie, lorsqu’il parle des Egyptiens comme de « nègres de l’espèce de tous les naturels d’Afrique ».
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OGOTEMMELI
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MessagePosté le: Ven 31 Déc 2004 15:06    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
L’institution politique dite de « la royauté sacrée » (Luc DE HEUSCH, Michel IZARD) est attestée à Kemet et ailleurs en Afrique ; exclusivement à toute autre contrée du monde.



A PROPOS DE CETTE "ROYAUTE SACREE"

Voici un des mauvais tours que nous jouent les langues étrangères dans la compréhension africaine du monde et surtout de l’Afrique. Des Blancs rencontrent des institutions et pratiques politiques africaines qu’ils s’empressent de décrire avec les mêmes mots et concepts que ceux en usage pour penser leur propre trajectoire politique. Ce n’est pas parce que ce sont des Blancs qu’ils procèdent ainsi (quoique…) ; c’est qu’en général les hommes décrivent ce qu’ils voient avec les moyens de leurs propres ressources linguistiques, même lorsque en l’état celles-ci n’y conviennent pas.

Ainsi de la soi-disant « royauté sacrée » : en occident le Roi est une institution politique, et seulement cela. D’ailleurs, historiquement, c’est un chef de guerre qui a circonscrit un territoire par la force, dont il administre biens et personnes au profit de sa gloire et renommée.
Lorsqu’ils rencontrèrent le Manghan, le Mansah, le Mani, le Mogho, ou le Fari, les Blancs crurent trouver une version africaine du « Roi ». Mais ces institutions, parfaitement analogues entre elles (idéologiquement et fonctionnellement) sont radicalement différentes de la royauté occidentale.

Aussi, ceux des Blancs les plus avisés qui se sont aperçus de cette différence radicale, ont élaboré le concept ( ?) de « royauté sacrée » pour en rendre compte. En effet, depuis le Fari jusqu’au Mogho, en passant par le Mansah, l’administration des affaires publiques est assurée en Afrique, depuis des millénaires, par une institution simultanément politique et spirituelle, c’est-à-dire « royale » et en même temps « sacrée ». C’est qu’en Afrique, (pour le dire à la manière du génialissime Alain Anselin) « le guide des morts est le père des rois » !!!

Bien évidemment, certains auteurs occidentaux ont considéré cela comme un état « primitif » de la royauté en Afrique, qui ne pouvait qu’évoluer vers les formes attestées en occident…
Elucubrations eurocentristes à écarter d’emblée : il s’agit d’institutions inspirées par une autre manière de penser et de vivre le monde, qui ont administré pendant des millénaires (avant même qu’il n’y eût de « roy» en Europe ), partout en Afrique, des sociétés politiques pérennes, prospères et puissantes ; apportant ainsi la preuve irréfutable de leur efficacité : Le Wagadu de Manghan Moussa était à son apogée au IXè siècle lorsque Charlemagne tentait en vain de fonder son empire. De même, au XIIIè siècle, le Mali du Mansah Sundjata était parmi les trois sociétés politiques les plus puissantes et prospères du monde. Et je ne parle même pas de Kemet du temps de Fari Râ Mosê II…

Piège de la langue ? Assurément, car le mot de « roi » est inadapté pour « dire » la réalité de « Fari » ; laquelle n’existe tout simplement pas dans le monde du « roi ».
Dommage pour tous ces érudits qui n’ont pas ménagé leurs efforts pour instruire une « curiosité institutionnelle » procédant d’abord d’une illusion linguistique, telle que le « Mansah » devient ce qu’il n’est pas, « roi ». Après, on peut pondre une prolifique littérature savante pour savoir pourquoi le Mansah est autrement que le roi, c’est-à-dire tel qu’il n’a jamais cessé d’être, Mansah. Il est aisé alors de voir qu’une telle littérature passe à côté de l’essentiel, à vouloir penser le Mansah dans les termes hétérogènes du roi, plutôt que, par exemple, comparativement au Fari dont on dispose par ailleurs d’une abondante documentation millénaire. Le piège devient ainsi impasse méthodologique.

En outre, pourquoi dire « roi sacré », plutôt que « prêtre royal », étant donné que les fonctions cultuelles sont au moins aussi cruciales que les fonctions profanes du Mani (cf. régicide rituel)? Et que, généalogiquement "le guide des morts est le père des rois".
En définitive, « la royauté sacrée » n’a jamais existé que dans l’esprit, et dans la langue savante, de ceux qui l’étudient : une fiction épistémique.
Historiquement n’existent que des Mansah, Fari, Mani, etc. à ne surtout pas confondre avec le Roi, fût-il affublé de l’épithète « sacré ».
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MessagePosté le: Mer 19 Jan 2005 10:44    Sujet du message: Répondre en citant

Une Interview assez interessante avec l'auteur du livre:
Le Pharaon Inattendu : Une gifle aux égyptologues occidentaux et aux révisionnistes de l’histoire africaine ?


Le Pharaon Inattendu
pharaon@menaibuc.com

Disponible sur :
www.fnac.com
www.menaibuc.com

FNAC
PRESENCE AFRICAINE
L’HARMATTAN
BE ZOUK
ANIBWE

On croyait que tout avait été dit ou presque sur la colonisation. La néo colonisation. L’esclavage. Le mal humain. Que non ! Nous dit Thierry Mouelle II, dans un roman qui propose l’avenir du monde sous le prisme de l’Egypte ancienne...

Qu’est-ce qui fait l’actualité d’une telle approche aujourd’hui? Entretien à bâtons rompus avec un écrivain déroutant. Et presque…visionnaire ?

Cameroon-Info.Net: Qui se cache derrière l’auteur de Le Pharaon Inattendu ?

Thierry Mouelle II : Je suis Thierry Mouelle II. J’ai d’abord été journaliste pendant plusieurs années. Rédacteur en chef, directeur de publication. J’ai également été conseiller en communication stratégique des institutions et hommes politiques. Je suis retourné à l’université pour me familiariser avec l’évolution des sciences et techniques de la communication, et suis devenu expert en implémentation des projets et entreprises spécialisées en nouvelles technologies de l’information et de la communication. Mais, mobile et pluridisciplinaire, je suis aujourd’hui analyste financier dans un groupe bancaire français…

Cameroon-Info.Net : Comment expliquez-vous que votre roman qui n’est paru que le 24 décembre 2004 ait déjà fait la une des émissions des mastodontes tel que Jean –Marie Kassamba, Consty Eka ou Manu Dibango ?

T. M. II : Le Pharaon Inattendu a naturellement intéressé tous ceux qui estiment qu’il y avait un vide à combler. Il faut dire que c’est la première fois à ma connaissance qu’un écrivain négro-africain explore le monde de l’égyptologie pour le rendre accessible au plus grand nombre. Notamment ceux qui n’avaient pas accès à la décodification des travaux de Cheikh Anta DIOP et de Théophile Obenga sur la négrité de l’Egypte pharaonique.

Cameroon-Info.Net: Pourquoi au lieu d’être ludique votre roman a t-il plutôt des accents militants ?
color=blue>T.M.II : Je ne suis pas sûr d’y voir le moindre accent militant, ça supposerait que je brandis des revendications. Il s’agit pour moi de plonger dans les racines historiques de l’Afrique pour consolider les différents liens subtils qui nous maintiennent debout. Le Pharaon Inattendu voudrait dans ce sens restituer la vérité à son endroit.

Cameroon-Info.Net : Pourquoi un africain s’intéresse t-il à l’Égypte ancienne plutôt qu’aux royaumes Sokoto, à l’empire Sonrhaï ou Mandingue ? Est-ce la vague de l’Egypto-mania qui sévit aujourd’hui en Occident?

T.M.II : Il faut savoir que les royaumes et empires que vous citez sont historiquement les restes de l’Egypte ancienne. L’histoire de l’Afrique est une et indivisible, unie autour du foyer civilisationnel qu’a été la Vallée du Nil. Je pense qu’il aurait été réducteur de m’attaquer à 1300 ans en notre ère, au lieu de remonter plus loin, afin justement de retrouver les racines, les fondements même de ces royaumes. Car je le redis, ils ne sont que la résurgence de ce que fut la grandeur de l’Egypte pharaonique ! Donc, de l’Egypte et par ordre d’importance, je n’ai retenu que la cosmogonie, parce qu’elle me permettait de construire mon intrigue en y apportant la substance spirituelle dont j’avais besoin : Comment les égyptiens voyaient-ils le monde ? Comment sentaient-ils la vie ? La mort ? Qu’est-ce que la sagesse ? L’intelligence ? Qu’est-ce que l’Homme ?

En second lieu, il fallait mettre ces interrogations entre les lèvres appropriées…

Cameroon-Info.Net : Les plus éminents savants négro-africains ne sont pas lus par leurs descendants, Comment un roman pourrait-il faire basculer 600 ans d’aliénation ?

T.M.II : En réalité il s’agit de plus de 600 ans puisque le déclin de l’Afrique a commencé au moment où les hyksôs, venus d’outre méditerranée, se sont emparés de l’Egypte. Je suppose que les 600 ans dont vous parlez nous renvoient à l’esclavage si c’est le but de votre question. Or le déclin de l’Afrique commence avec la dynastie des Ptolémées qui s’installe en Egypte après la conquête d’Alexandre le Grand en -333. Le mal de l’Afrique a donc commencé beaucoup plus tôt mais il faut comprendre que c’est tout à fait normal qu’une civilisation qui a atteint son apogée soit obligée de décroître. Je ne pense pas que les travaux effectués par les savants africains (Cheikh Anta Diop, Théophile Obenga, Dou Kaya, Mubabinge Bilolo, Aboubacry Moussa Lam, Edouard Din etc…) sur les différents relais entre l’Egypte antique et l’Afrique actuelle aient été occultés par leur seule volonté. Ce serait absurde ! Il s’agirait plutôt d’un « complot de civilisation » qui consiste à ne surtout pas attribuer aux Noirs la paternité d’une civilisation identifiée comme la mère de toutes. Au-delà, cette guerre à l’antériorité de la civilisation égyptienne participe d’une logique d’émiettement de la pensée africaine, d’infantilisation de l’homme Noir. Cette logique servie par le racisme et l’européocentrisme ne peut être que décriée, combattue, et ridiculisée par des faits scientifiques. Cheikh Anta Diop l’a fait. On n’a donc plus besoin de démontrer que l’Egypte antique était nègre. Il faut plutôt chercher à comprendre pourquoi l’on n’a pas des thèses scientifiques affirmant le contraire, mais plutôt des insultes, des allégations, des diffamations, de ceux qui applaudissent une Afrique éternellement servile, soumise, bâtarde. C’est pour cette raison que l’Egypte est devenue aujourd’hui un gâteau de miel que tout le monde vient grappiller sans aucune crainte du ridicule. En témoigne cet ouvrage de Messod et Roger Sabbah intitulé « Les secrets de l’exode. L’origine égyptienne des hébreux ». Un livre qui aurait fait un très beau roman, mais que les auteurs ont choisi de présenter comme un travail de recherches ! Recherches basées sur la Bible subitement devenue un document scientifique…

Cameroon-Info.Net : Quelle est la problématique soulevée par Le Pharaon Inattendu, quelle est son importance pour l’Afrique d’aujourd’hui et de demain?

T.M.II : La fondamentale au niveau de la pensée qui conduit ce roman est évidemment l’Egypte antique sous le prisme négro africain. La problématique posée est celle de tout homme dominé d’une façon ou d’une autre et dont le mental a été codifié pour qu’il reste éternellement lecteur de sa propre vie et de sa propre histoire selon le paradigme d’autrui. Shona, l’héroïne, se demande si l’enfant qu’elle va mettre au monde aura les mêmes soucis. En tant que mère, donc transmetteuse de la culture au sens le plus large, elle se pose ces questions en supposant que l’enfant se les posera. Le problème c’est que cet enfant n’est pas comme les autres. S’il vient imbu d’une sagesse plusieurs fois millénaire, il sera quand même obligé d’apprendre les travers, les cruautés et crimes de l’homme, pour mieux envisager les réponses à donner à ceux qui l’envoient. Autrement dit, Le Pharaon Inattendu, au-delà d’un miroir intérieur sur le présent, sur le monde moderne, se veut le lien par lequel le présent tient ses solutions des sagesses du passé. Le passé africain enseigne la paix, l’amour, la sacralisation de l’individu, car l’homme est un prolongement du divin.

Les wolofs le disent : si on ne sait pas où l’on va, rentrons d’où l’on vient. Le plus difficile a été de savoir qu’on vient d’Egypte. J’ai donc dû faire une étude comparée entre l’héritage de nos ancêtres occulté depuis des milliers d’années, et la violence qui sévit dans le monde. Est-ce cette violence que nous allons léguer à nos enfants ? J’ai l’outrecuidance de penser que non : il faut leur léguer la Maât, la culture de la Justice-Vérité.

Cameroon-Info.Net : À l’heure où le Nègre semble se complaire dans cet afro-pessimisme à l’horizon fatalement obscur, vos héros vivent à Cuba mais vouent un culte sacré à Kemet, la Sève terre (Afrique). Comment en arrive t-on à vénérer obstinément une terre de misère?

T.M.II : La plus Grande des misères qui puisse exister est d’abord une misère spirituelle. Dans ce cas je vous accorde qu’à Kemet, l’Afrique, nous sommes effectivement dans une grande misère spirituelle. Ce qu’il faut savoir, c’est que quel que soit le domaine de développement de l’homme, il ne peut y arriver que s’il sait ce qu’il est, ce qu’il veut, comment il le veut, pourquoi il le veut, où il va, et surtout sur quel terreau il table sa démarche, car alors il sait ce qu’il a été. Or l’africain est aujourd’hui un hybride qui a épousé toutes les idéologies et théologies du monde, sauf celles qui devaient l’emmener à ne faire qu’Un avec ses ancêtres. C’est là que réside le mal. Si l’on n’arrive pas à faire une connexion entre le mental, le spirituel et l’avenir, l’Afrique se trompe complètement !

Ce roman, en soulevant le problème de la culture que nous devons donner à l’enfant qui naît, nous ramène au choix à faire : violences, bruits et mensonges, servilité de l’homme au diktat de l’ordre marchand ou revalorisation de la personne et de l’âme humaine ? Le Pharaon Inattendu est un roman éminemment spirituel, parce qu’il repose la question du silence.

La vénération de Kemet n’est donc pas contre-productive, elle est une projection optimiste sur le devenir d’un monde aux richesses humaines, spirituelles et matérielles inégalables, mais que le contexte d’une prédation occidentale rend totalement inapte à imaginer sereinement le futur. C’est cette sérénité manquante qu’on ne peut retrouver que dans le socle cosmogonique de notre monde à nous.

Cameroon-Info.Net : Vous considérez donc la spiritualité qui sous-tend la vie de Shona et des autres personnages comme la solution sine qua non à la psychose des Africains ?

T.M.II : A mon avis, la psychose des africains est d’abord une détestation de soi. Plusieurs africains ont une haine d’eux-mêmes parce qu’ils sont incapables d’être ce qu’ils veulent être, et ils ne savent pas comment être ce qu’ils doivent être. Et c’est là qu’on retrouve l’africain chrétien catholique, protestant ou orthodoxe, musulman, athée, ou autre, adepte de tous les cercles de réflexion occultes ou avérés, sauf les siens propres : le culte des ancêtres. Un culte polysémique, polythéiste, donc démocratique. Et si l’africain se cherche, c’est bien parce qu’il sait qu’il n’est pas là où il devrait être. Il en existe même qui peuvent savoir où être, où aller, mais n’ont pas le courage de le vivre ouvertement et entièrement. Le jour chez le prêtre et la nuit chez le tradi-praticien.

Shona, l’héroïne a la même problématique: quelle éducation donner à son enfant, autrement dit quel choix de vie ? N’oublions pas que pour l’africain, traditionnellement, l’éducation n’est autre que l’école de la vie. L’enseignement que l’ancêtre donne à l’enfant, c’est lui permettre de découvrir sa capacité d’appréhender tous les phénomènes de la vie. C’est la raison pour laquelle le titre de sage peut être donné à une personne âgée, puisque l’enseignement qu’elle a reçu est complété par sa propre expérience. On ne peut donc vénérer qu’un peuple qui place l’homme au centre de ses préoccupations et non l’intérêt matériel qui tourne autour de cet homme. Si l’homme est Un avec lui-même et les ancêtres, il est spirituellement heureux et apte à braver le monde hostile. Il pourrait commencer à créer, à se projeter dans le futur. Mais s’il doute de ce qu’il est, il pourrait effectivement devenir un névrosé qui épouse toutes les logiques travesties qui existent à travers le monde, sans aucun rapport avec son moi et son avenir réel.

Cameroon-Info.Net: Sur l’esclavage ou la colonisation vous ferrez facilement des adeptes. Mais ne craignez-vous pas de braquer les lecteurs en abordant la question spirituelle ?

T.M.II : Il est vrai que certaines parties de cet ouvrage peuvent s’assimiler à une bombe à retardement. Je suis conscient de pouvoir braquer les gens et c’est tant mieux : on ne fait pas d’omelette sans casser les œufs… L’Afrique pour se développer doit retrouver sa spiritualité originelle, la protéger, donc se fermer autour d’elle. La révolution Meiji a permis aux japonais en 1868 de se fermer au monde entier et aujourd’hui le Japon est économiquement la première puissance mondiale. D’ailleurs lorsque l’Egypte ou Kemet se développait, elle n’était pas ouverte au monde. C’est après qu’elle se soit développée, et que sur le tard elle a accepté des étudiants du monde entier (principalement originaires de Grèce comme Pythagore, Thalès, Archimède, Platon, etc…), qu’elle s’est permise de s’ouvrir, démontrant au monde sa puissance. Ses ennemis ont donc fait des coalitions, et se sont mis à l’affût de chaque moment de sa faiblesse pour l’envahir. L’Afrique doit comprendre l’avantage qu’elle a d’être aujourd’hui la mamelle nourricière du monde, donc potentiellement la première puissance du monde, avec une forte réserve spirituelle humaniste. Il faut qu’elle se donne les moyens de se fermer entièrement à l’Occident pour se faire Une avec elle-même. Autrement dit : mettre à profit toute la croyance de l’homme depuis l’Egypte ancienne jusqu’au jour aujourd’hui. Ne nous demandons pas comment cela se fera, il suffit d’intégrer que l’Afrique ancestrale existe toujours, mais qu’elle est ridiculisée. Chaque fois qu’on dit qu’on va voir un tradi-praticien, tout le monde rie et vous prend pour un imbécile, parce qu’il faut désormais aller voir le médecin, le psy. Mais le médecin ou le psy ne résolvent pas tous les problèmes ! On le sait si bien que même certains responsables d’église passent leur temps chez les tradi-praticiens. Conscients que les solutions de l’Homme Africain ne se trouveront jamais dans les chapelles de pensée occidentale. D’ailleurs l’Occident même pour se développer a dû récupérer tout ce qu’il y avait d’essentiel dans l’Egypte mystique et a crée la Rose-croix et la Franc-maçonnerie ! Ce sont ces ordres mystiques qui dirigent le monde d’aujourd’hui. Donc c’est le clos, la pensée occulte qui crée des conditions de civilisation. C’est elle qui crée des civilisations.

Cameroon-Info.Net : Vous semblez justement exalter le rôle de la franc-maçonnerie dans l’émancipation des Noirs. Mais cet ordre aujourd’hui sublimé par les africains n’est-il pas l’un des piliers du système colonial que vous fustigez ?

T.M.II : Je ne suis pas très sûr d’avoir d’exalté le rôle de la Franc-maçonnerie dans le Pharaon Inattendu. Si le mot « émancipation » renvoie à ce que je sais, l’Africain n’avait nul besoin de s’émanciper : il avait déjà mis sur pied l’une des plus grandes civilisations de l’humanité. Sinon, la plus grande. En réalité, l’émancipation dont il est question concerne plutôt l’accès du Noir à la culture occidentale. La franc-maçonnerie est présente dans ce roman uniquement parce qu’elle a, à sa base, le principe d’humanisme qui est le même que celui de la Maât, la Vérité – Justice. Et puis, il faut préciser que ce n’est pas moi qui évoque la question, mais des personnages qui s’interrogent sur son rôle dans la rébellion des esclaves. Il est clair que la Franc-maçonnerie a joué un grand rôle dans l’Histoire, notamment en Angleterre et en France pendant le siècle des Lumières. Influençant la Révolution française de 1789, et la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. C’est donc un rappel moral qui consiste à poser les hommes d’influence (les Francs-maçons) et le résultat de leurs œuvres sur la balance de la vérité à dire et de se demander si les Lumières qui en ont découlé et aujourd’hui tant encensées méritaient le qualificatif d’ « universelles ». Autrement dit : ces Lumières étaient-elles aussi Noires ? C’est aux historiens d’y répondre.


Cameroon-Info.Net : Votre roman est un riche voyage qui explore aussi bien le Congo de Lumumba que le Cameroun de Um Nyobe, en passant par Haïti de Toussaint Louverture, ou la Martinique d’Aimé Césaire. Pourquoi avoir planté le décor principal à Cuba ?

T.M.II : Cuba a été partie prenante dans la lutte pour la liberté de l’Afrique coloniale. Notamment l’Angola. Après l’indépendance de l’Angola en 1975, les USA bondissent sur ce jeune Etat sous prétexte qu’il s’agit là d’un territoire d’influence soviétique. Cuba va aider l’Angola en proie aux canons sud-africains, plénipotentiaires des USA dans cette partie du continent. Quoi qu’on dise, c’est à saluer.
Cuba était également pour moi un prétexte mystique et spirituel. Sa situation géographique lui donne un champ d’énergies contraires me permettant d’installer mon intrigue et faire fondre dans les eaux des influences négatives capables de taire le flux de l’écriture. Cuba émerge entre deux courants d’eau: l’océan Atlantique à l’ouest et la mer des Caraïbes à l’est. Ces deux eaux charrient des énergies antagoniques à l’intérieur desquelles dorment les âmes de bien de pauvres hères. En exploitant l’histoire et le rôle de ces eaux sans lesquels le drame de l’esclavage n’aurait pas connu l’ampleur qu’on sait, j’ai pu me rendre compte du fait que le mal n’a pas totalement été lavé. Aucune étendue marine ne peut donner la paix aux âmes de tant d’Africains sans sépultures qui errent en ces lieux ! Notons également la survivance dans ce territoire d’un ensemble de cultes ancestraux africains à partir desquels s’est formé un syncrétisme religieux original. Tous ces éléments étaient une richesse humaine inattendue. Je l’ai exploitée.

Cameroon-Info.Net : N’est-ce pas utopiste aujourd’hui de croire les Africains capables de se libérer complètement du joug colonial?

T.M.II : A mon avis, l’utopie n’est pas une mauvaise chose. C’est même peut-être la solution. Nous avons à rêver de jours meilleurs, parce que tout esclave qui nourrit son rêve de liberté, même par l’utopie, est déjà un homme libre !

Cameroon-Info.Net >: La quête identitaire ne risque-t-elle pas de conduire l’Afrique vers un repli fatal ?

T.M.II : Je ne vois pas pourquoi un repli africain serait fatal. L’Occident ne le fait-il pas déjà sans que cela choque davantage? Quiconque n’a pas le même discours que l’Occident aujourd’hui n’est-il pas dans le fameux « axe du mal » ? Pourquoi l’Afrique qui a toutes les richesses pour être à l’aise chez elle, ne peut-elle pas faire ce repli sans être taxée de tous les maux possibles ? Il ne s’agit pas de détester qui que ce soit ! Ce qui importe c’est de se préférer. Savoir que nous allons vers ce rendez-vous du donner et du recevoir dont parlait Senghor (qui pour une fois a dit quelque chose de censé) avec ce qu’on est, et non avec ce qu’on nous dit qu’on est. Nous irons donc à ce rendez-vous parés de tous nos atours égyptiens, africains. L’Africain pourra donc se dire : « Si mes ancêtres ont été aussi Grands, alors je suis potentiellement un Grand». Il s’agirait ensuite de transformer ce potentiel de fierté en faits de civilisation. C’est la démarche que doit avoir l’Afrique aujourd’hui.

Cameroon-Info.Net : Mais dans ce cas pourquoi cette présence massive du métissage dans votre roman, alors que vous préconisez le retour aux sources ancestrales ?

T.M.II : Nous sommes tous des métis. Occidentaux ou Africains, aucune de nos identités actuelles n'est sauve. Mais le meilleur des métissages est déjà celui qui allie deux
identités précisément distinctes.

Cameroon-Info.Net : Pourquoi avoir choisi Ramsès II plutôt qu’un autre Pharaon ?

T.M.II : Tous ceux qui se présentent comme éminents égyptologues ou historiens spécialistes de l’Egypte attestent volontiers que Ramsès II était le Pharaon Lumière. Donc l’un des plus grands, sinon le plus grand. Il est de ce fait normal que la première fois qu’un négro-africain scénarise le passé de ses ancêtres égyptiens, sans la falsification occidentale, il s’appuie sur le plus brillant! L’Occident lui, ne parle-t-il pas que de la période des Ptolémées qui ne commence qu’avec la conquête d’Alexandre le Grand en -333 ? Ce qu’ils oublient de préciser, c’est que, non seulement les pyramides existaient des milliers d’années avant que ces Grecs ne foulent le sol Egyptien, mais que ce sont justement les Grecs qui se sont égyptianisés. Au lieu de restituer la vérité à l’Histoire, ce sont les Ptolémées qui sont présentés comme Les égyptiens et le doute semé quant à la négrité de ceux que les envahisseurs ont trouvé sur les lieux. Il était d’emblée hors de question que je prenne un Pharaon de cette dynastie-là. Comme Ramsès II est resté le plus grand, le plus prestigieux, il est logique qu’il soit celui qui revient sur terre rassembler son peuple éparpillé à travers le monde, afin de le ramener spirituellement vers Kémet, l’Afrique.

Cameroon-Info.Net : Lorsque le Pharaon (Page 450) dit : « Pourquoi réclamer un passé riche alors que vous bénissez l’horreur de vos jours de passivité ? Sculptez vos soleils et le passé vous sourira », qu’est-ce que cela signifie ?

T.M.II : C’est indéniable : nos ancêtres sont de ce territoire appelé aujourd’hui Egypte. Mais il ne faut surtout pas s’arrêter à ce niveau. Nos détracteurs nous dirons : « très bien, vous êtes les grands bâtisseurs des pyramides, vous êtes tout ce que vous voulez, on vous l’accorde. Mais à quoi ressemblez –vous aujourd’hui ? Au Soudan qui a faim, au génocide du Rwanda, à l’Erythrée qui a du mal à s’en sortir face à l’Ethiopie, le Rwanda contre le Congo démocratique, etc… Pourquoi tout ce désordre alors que déjà vous ne représentez que 2% du commerce international ? ».
L’Egypte ne doit nous intéresser que si nous les Africains, sommes capables de la prendre en miroir et de faire autant, sinon plus. C’est pour cela que la question du Pharaon est capitale. Il s’agit de sculpter notre avenir, et non de vivre dans le passé glorieux de nos ancêtres. Parce que nos enfants demain auront également besoin de nous savoir les Grands de notre époque. Tout reste donc à faire pour répondre à l’exigence du futur.

Cameroon-Info.Net : Quelles sont les recommandations que vous donneriez à la jeunesse d’aujourd’hui?

T.M.II : Il ne s’agirait pas seulement de la jeunesse, mais de chacun d’entre nous. Ce livre va travailler dans la durée. Il se veut important pour tous ceux qui se posent la question de leurs origines, des valeurs de leurs ancêtres, de leur identité. Qu’étions-nous avant l’arrivée du colon ? Que sommes-nous par nous-mêmes ? Il est temps qu’on se rapproche des hiéroglyphes qui sont nos textes sacrés. Le travail de descente de l’Amphithéâtre vers la cité que j’ai fait en écrivant ce roman n’à d’autre but que de rendre accessible les travaux de Cheikh Anta Diop, Théophile Obenga, et tous les autres, qui n’ont fait que parler de leur culture. Je me demande d’ailleurs pourquoi ils ont accepté les titres occidentaux d’égyptologues, puisqu’on ne peut être spécialiste de sa propre culture.

Cameroon-Info.Net : Quelles sont vos influences littéraires et idéologiques ? Ont-elles pesé sur l’écriture de Le Pharaon Inattendu ?

T.M.II : Je rends hommage à mon père. Qui m’a appris à lire entre les lignes de tout document sur lequel je tombais. Révérend Pasteur, il m’a enseigné la théologie comparée : comment aux quatre coins du monde l’homme se présente à Dieu. Il m’a appris l’amour de l’Homme et celui de l’essence des choses.
Je rends également hommage à Aimé Césaire. C’est la lecture de son poème « cahier d’un retour au pays natal » qui a tout déclenché. Notamment le passage dans lequel il parle ironiquement du Noir qui n’a jamais rien inventé. Je revoyais la houe avec laquelle la terre est labourée autour de moi, une houe qui n’est autre que le prolongement de la main et qui réduit l’effort et indique en celà, la marque de l'intelligence, notre intelligence. J'observais les symboles du pouvoir de l'Etat, du roi, les symboles de la puissance mystique, les magnifiques sculptures de la famille royale à laquelle j’appartiens, et me demandais comment il était possible qu’on me dise que le Noir n’a rien inventé. Si l’invention n’est pas la simplification des difficultés matérielles au moyen de la transformation de la matière ambiante, si elle n’est pas la remodélation de l’existant pour s’en faire le créateur, qu’est-ce que c’est ?

Le voyage de Cheikh Anta Diop au Cameroun, juste avant son passage devant Osiris (ndlr: sa mort) a été déterminant dans mon processus de maturation intellectuelle. Les enseignements de ce grand savant africain m’ont permis de saisir l’entité Egypte comme sujet de réflexion et de recherche.
Je n’oublierai pas Frantz Fanon qui m’a permis de faire mien que « Chaque génération doit découvrir sa mission, la remplir ou la trahir ».
Toutes ces influences peuvent effectivement se voir dans le Pharaon Inattendu. Et c'est un honneur pour moi. D'ailleurs Aimé Césaire y a un personnage qui joue son propre rôle de poète et de Maire!

Cameroon-Info.Net : Quel est votre leitmotiv dans la vie?

T.M.II : Aller plus haut, toujours plus haut, et encore plus haut.

Cameroon-Info.Net : Vous croyez en la réincarnation. Si vous aviez le choix, sous quelle forme reviendriez vous sur terre?

T.M.II : Je laisse Râ, le Dieu de Lumière et de la régénération, éclairer ce chemin-là.

Cameroon-Info.Net : Un dernier mot pour nos internautes ?

T.M.II : Je les remercie d’avoir le courage de se poser les questions utiles à leur entendement : Qui je suis ? D’où je viens ? Où je vais ?
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OGOTEMMELI
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MessagePosté le: Mer 23 Fév 2005 20:25    Sujet du message: Répondre en citant

J'avais trouvé particlièrement excellente cette interview de Mouelle II que MOP a bien voulu mettre ici. Je comptais y revenir après avoir lu le livre que je ne me suis toujours pas procuré. Et voici que je tombe sur cette autre intervention de Mouelle II [que j'ai copier-collée depuis www.africamaat.com]. Ce gars est diantrement intéressant!!! Et ne me laisse plus le choix de rester plus longtemps sans lire son roman "Le Pharaon inattendu" (soit dit en passant, merci beaucoup MOP) :

"
Voici la communication De Thierry Mouelle II à la 19ème Journée Cheikh Anta Diop. Un texte qui trace les nouvelles voies littéraires que l’auteur souhaite voir empruntées par les littérateurs négro-africainsPour, vers, dans, l’indispensable renouvellement du paradigme littéraire négro-africain. Communication prononcée à l’occasion de la 19ème Journée Cheikh Anta Diop à Paris.
Mesdames, Messieurs,
C’est non sans une grande émotion que je me permets de prendre la parole devant vous ce jour, à l’occasion de la 19è commémoration du passage devant Osiris de notre regretté père Cheikh Anta Diop. En guise de libation, permettez-moi de vous dire ce poème : [voir annexe] Je vous remercie. Ce texte que vous venez d’entendre et dont j’ai eu grand mal à trouver un titre qui le résume fidèlement, ambitionne de préciser les troubles psychologiques et conceptionnels qui sont les miens, et, si j’en crois quelques confessions, également ceux d’une grande fange de la population négro-africaine de ce siècle naissant. Nous avons pourtant fait nôtres les résultats des travaux de Cheikh Anta Diop, travaux qui devraient a priori nous permettre de chasser progressivement ces troubles à qualifier sans exagération de : névrose civilisationnelle, en ancrant notre destin sur la conscience historique, notre conscience historique lavée de ses divers manteaux d’enfouissement, né de nouveau au moyen d’une rupture d’avec le cordon falsificateur de sa véritable identité. Mais pourquoi sommes-nous toujours loin du premier bilan à dresser sur le chemin d’identification de notre mission, dans le sens fanonnien du terme ? [Je rappelle que Frantz Fanon, psychiatre et auteur caribéen, disait que chaque génération doit choisir sa mission, la remplir ou la trahir]. Mon interrogation, à l’éclairage de la méthode Fanon, dégage une piste claire. Si nous avons aujourd’hui encore grand mal à dresser un premier bilan de notre voie, c’est que malheureusement, cinquante ans après la publication de Nations nègres et culture, quelques foyers de doute restent plus que jamais actifs, doute alimenté par ceux qui ont grand bien à voir l’éternelle Afrique servile, bâtarde, ridicule, absente, mourante, comateuse. Conséquence, nous restons incertains face à l’avenir. Bien que beaucoup ait été fait, bien que des disciples idéologiquement fidèles aient continué l’œuvre diopienne, en lui greffant de nouvelles spécificités ethniques, linguistiques, philosophiques dans le but de renforcer le concept de l’unicité culturelle africaine à travers l’unique terreau civilisationnel qu’est Kemet [je rends hommage à Théophile Obenga, Mubabinge Bilolo, Aboubacry Moussa Lam, Dou Kaya... ], il ne nous a pas paru opportun de catalyser l’œuf spirituel pour nous pondu par Cheikh Anta Diop en diversifiant ses champs d’éclosion. Or la meilleure manière de rendre service à une révolution est de la dépersonnaliser. La démystifier. La vulgariser. La laisser s’auto-déterminer. Ce qui tient pour une révolution socio-politique, tiendrait également pour celle qui se veut le premier maillon de l’espace de Renaissance et de développement de l’Afrique : la révolution culturelle. De 1954 à 2004, aucune pièce de théâtre, aucune nouvelle, aucun recueil de poèmes, conçu et/ou exécuté par un auteur ou metteur en scène négro-africain d’expression francophone [la question de la langue véhicule de nos vécu et aspiration doit également être ultérieurement posée], qui fassent resurgir les rites et valeurs sacrés de l’Egypte pharaonique pour les faire consommer et vivre en nous, en intime corrélation avec ce que nous avons dans nos espaces de vie traditionnels. Aucune pièce de théâtre, aucune nouvelle, aucun poème, donc mais, deux romans : celui de Aboubacry Moussa Lam : La Maât. Et plus récemment paru aux Editions Menaibuc, Le Pharaon Inattendu, de Thierry Mouelle II, votre humble serviteur. Pourquoi un tel manque d’intérêt pour l’Egypte pour nos créateurs des œuvres de l’esprit ? La première raison communément évoquée est que l’entité Egypte est un domaine difficile d’accès aux non initiés. Mais n’est-ce pas là un mauvais procès fait à cette vaste culture qui, vécue imperceptiblement au quotidien par des millions d’Africains, n’attend que d’être dépoussiérée pour se voir connectée de nouveau à bien de ses nouvelles variances dues au temps qui a coulé sous elle ? L’Egypte ancienne n’a donc pas le monopole de l’hermétisme. Tout ce pour quoi personne n’a d’intérêt reste clos au regard indifférent. Si Aboubacry Moussa Lam est Egyptologue, je suis très loin de l’être, moi. Et si j’ai pu, à travers Le Pharaon Inattendu, exposer une parcelle de ce que Ze Belinga appelle dans sa critique de mon ouvrage « la totalité existentielle et spirituelle continentale », si ma fiction a traîné ses mots et ses images, son souffle et son regard sur les brides de la restauration d’une réalité historique africaine vieille de plusieurs milliers d’années, c’est que chaque écrivain kemet, conscient de sa mission, peut y arriver. La seconde raison est celle qu’évoquait déjà C. A. Diop : « le poison culturel savamment inoculé dès la plus tendre enfance, est devenu partie intégrante de notre substance et se manifeste dans tous nos jugements ». Sans dénier aux uns et aux autres littérateurs contemporains négro-africains leur rôle et importance dans le registre des divers engagements, ils semblent n’avoir pas mis en urgence l’idée de l’unité culturelle africaine. Règnent partout des œuvres de bonne qualité sémantique et littéraire mais qui apportent peu à la construction d’un renouveau littéraire, à édifier en marge des affres de la colonisation et de tous les schémas d’infantilisation de l’homme Kemet passés ou présents. Pourtant, il est démontré que la pensée intégrant l’unité pluridimensionnelle d’un peuple joue un rôle fondamental dans son chemin d’émancipation à lui-même. Pour le cas de Kemet, notre cas, et en reprenant l’idée de Cheikh Anta Diop, l’urgence de la pensée doit impérativement inférer « l’appartenance de toute l’Afrique à une même communauté unifiée par une expérience historique commune ». Elle doit faire sienne que la vaste aspiration (immédiatement et visiblement incontournable) à l’assainissement des espaces de vie politique et sociale, la revendication de plus de liberté et du mieux-vivre en cours sur le continent, ne peuvent trouver meilleurs échos que dans les écrits qui proposent l’altérité d’une cosmogonie enfin défaite des diverses séquelles de l’extraversion de notre moi collectif. Ce combat pour notre équilibre psychique passe aussi par le débarras de la tendance qui est la nôtre à toujours déterminer nos priorités, nos urgences, selon les modèles des autres. Si l’Afrique a faim, c’est parce qu’elle pense mal ses modèles de distribution des richesses et non parce qu’il manque de terres arables ou de mains valides pour les cultiver. Si l’Afrique traîne c’est parce n’a aucun modèle de développement endogène. Si elle meurt de divers fléaux viraux, c’est entre autre parce qu’elle tait déjà diverses intelligences présentes sur son sol, mieux, elle tourne le dos aux siens qui, premiers concernés, ne sont jamais pris en compte que si souvent ils accompagnent et portent caution aux experts et médecins étrangers lesquels, coupés de toute relation ontologique avec les patients, ne peuvent honorablement donner que le mieux qui puisse justifier leur présence sur les lieux. Les modèles de développement excentrés de l’Afrique lui imposent donc de déstructurer son propre univers pour satisfaire aux exigences des bailleurs de fond et pérenniser notre servilité. Car qui emprunte, fait legs d’une partie non négligeable de sa dignité. Il se défait de son droit d’arrogance, il signe l’acte de dépendance, il fait sienne l’idée que désormais ce qui est bon pour lui doit au préalable être validé par son mentor. Ce qui peut lui rester d’honorable est de ne jamais perdre de vue l’ensemble de ces états de faits. L’urgence une fois encore est donc dans l’unité culturelle d’hier à aujourd’hui. Elle seule peut mener à une unité politique qui revalorise l’ensemble de notre cosmogonie, cosmogonie humaniste, où la différence de la peau ne sera plus un facteur d’identification et d’appréciation de l’humain, mais l’objet d’un attrait enrichissant, l’objet d’une culture refondatrice de nos limites qui trouveront toujours leur aboutissement dans ce que l’autre, autrui, dans sa différence nous aura apporté et/ou pris de nous. Kemet sera alors prêt de jeter les fondations d’un Etat fédéral, lequel, conscient des enjeux, va générer des structures de production émulatives intégrant l’homme en tant que pupille de la société, à travers la Maât, la culture Justice-Vérité. L’homme devra apprendre chaque jour à être le garant de son semblable. Seule voie qui éloigne l’humanité entière de sa disparition. Tout ce travail ne peut être mené que par des hommes et des femmes de pensée ayant fait leurs humanités kemet. Mais en amont, les écrivains, les dramaturges, les poètes, les chanteurs, les musiciens, les plasticiens, doivent intervenir pour vulgariser ce que les savants et chercheurs auront exhumé. Comme tous les artistes, l’écrivain a donc un rôle essentiel dans le théâtre de la Renaissance Kemet. C’est lui qui devra mettre en exergue les valeurs intrinsèques de l’Afrique, lesquelles valeurs, à travers une cosmogonie épurée, vont édifier un africain nouveau. C’est la mission que je me suis découverte. C’est l’introduction à cette mission que je vous donne à lire à travers Le Pharaon Inattendu. Je vous remercie. Paris, le 12 Février, 2005.


ANNEXE
Et ma main s’étendit
Sur le visage de poussière
Sur le miel de boue
Pour redire la beauté recourbée
Par-delà la lente érection de l’interdit
Et ma main s’avança
Comme la tienne en ce matin de 1974
Sur la piste étroite
Où dorment les voix des miens
Des tiens Des nôtres
Et mes silences perdus
Effacés dans le phare du Verbe
Qui dit Ouaset comme il dit éwalè
Ou que las d’être aveugle
Ton œil mon œil se rouvrit à l’embrassade
Des nôtres ressuscités
D’entre les pierres et les vies sculptées
Au cœur de la matière d’éternité
Et mon cœur
Fente de sueur
Et autrefois de peur
Miroir aux reflets des âmes tournantes
Que maintenant je sais écouter
En silence Dans l’assise des silences vengeurs
Ai-je dit ma voix ?
L’ai-je dite sur les crêtes de pierre
Et les pyramides tracés sur mon visage kemet
Pour qu’elle remue
La Parole Le Chant Le Rythme
Qui sculpte un nom : Anta Dans la pierre de tête Et des âmes ?
Je t’appelle scribe
Je te dis prêtre d’Amon Bak du Noun
Serviteur de la matière abyssale
Hurle en moi sceptre sacré de mes pères
Dis-toi au-dedans de moi toujours
Que mon pas petit écrase ces bruits réducteurs
De mon pas vers la pureté de l’être
Laisse venir à moi la dictée sacrée de la sève-vérité
Et mon regard sur l’être fécond
Explosera en de myriades de forces Aptes à briser les cornes
De mes pluriels jours de Douleurs.

Thierry Mouelle II
"
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Tchoko
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MessagePosté le: Ven 15 Juil 2005 09:33    Sujet du message: Répondre en citant

Thierry Mouelle II a écrit:
[...] quelques foyers de doute restent plus que jamais actifs, doute alimenté par ceux qui ont grand bien à voir l’éternelle Afrique servile, bâtarde, ridicule, absente, mourante, comateuse.

Conséquence, nous restons incertains face à l’avenir. Bien que beaucoup ait été fait, bien que des disciples idéologiquement fidèles aient continué l’œuvre diopienne, en lui greffant de nouvelles spécificités ethniques, linguistiques, philosophiques dans le but de renforcer le concept de l’unicité culturelle africaine à travers l’unique terreau civilisationnel qu’est Kemet [je rends hommage à Théophile Obenga, Mubabinge Bilolo, Aboubacry Moussa Lam, Dou Kaya... ], il ne nous a pas paru opportun de catalyser l’œuf spirituel pour nous pondu par Cheikh Anta Diop en diversifiant ses champs d’éclosion.

Or la meilleure manière de rendre service à une révolution est de la dépersonnaliser. La démystifier. La vulgariser. La laisser s’auto-déterminer.

Ce qui tient pour une révolution socio-politique, tiendrait également pour celle qui se veut le premier maillon de l’espace de Renaissance et de développement de l’Afrique : la révolution culturelle. De 1954 à 2004, aucune pièce de théâtre, aucune nouvelle, aucun recueil de poèmes, conçu et/ou exécuté par un auteur ou metteur en scène négro-africain d’expression francophone [la question de la langue véhicule de nos vécu et aspiration doit également être ultérieurement posée], qui fassent resurgir les rites et valeurs sacrés de l’Egypte pharaonique pour les faire consommer et vivre en nous, en intime corrélation avec ce que nous avons dans nos espaces de vie traditionnels. Aucune pièce de théâtre, aucune nouvelle, aucun poème, donc mais, deux romans : celui de Aboubacry Moussa Lam : La Maât. Et plus récemment paru aux Editions Menaibuc, Le Pharaon Inattendu, de Thierry Mouelle II, votre humble serviteur. Pourquoi un tel manque d’intérêt pour l’Egypte pour nos créateurs des œuvres de l’esprit ? La première raison communément évoquée est que l’entité Egypte est un domaine difficile d’accès aux non initiés. Mais n’est-ce pas là un mauvais procès fait à cette vaste culture qui, vécue imperceptiblement au quotidien par des millions d’Africains, n’attend que d’être dépoussiérée pour se voir connectée de nouveau à bien de ses nouvelles variances dues au temps qui a coulé sous elle ? L’Egypte ancienne n’a donc pas le monopole de l’hermétisme.

Tout ce pour quoi personne n’a d’intérêt reste clos au regard indifférent. Si Aboubacry Moussa Lam est Egyptologue, je suis très loin de l’être, moi. Et si j’ai pu, à travers Le Pharaon Inattendu, exposer une parcelle de ce que Ze Belinga appelle dans sa critique de mon ouvrage « la totalité existentielle et spirituelle continentale », si ma fiction a traîné ses mots et ses images, son souffle et son regard sur les brides de la restauration d’une réalité historique africaine vieille de plusieurs milliers d’années, c’est que chaque écrivain kemet, conscient de sa mission, peut y arriver.

[...] Règnent partout des œuvres de bonne qualité sémantique et littéraire mais qui apportent peu à la construction d’un renouveau littéraire, à édifier en marge des affres de la colonisation et de tous les schémas d’infantilisation de l’homme Kemet passés ou présents.


Particulièrement intéressant son propos, surtout pour moi, la partie où il parle de la démystification. CAD est illisible pour un simple curieux, trop difficile à lire. Et les autres après, comme Obenga, pareil...C'est normal qu'alors, il existe encore et toujours des foyers de doute depuis 50 ans. Si en plus, le travail de vulgarisation n'est pas fait en ayant toute cettte partie de l'histoire dans nos programmes d'enseignement en Afrique sous forme ne serait-ce qu'au moins de petits résumés, de sorte que le message sous l'antérioté des civilisations nègres passe déja, ce sera toujours très compliqué. Autant quand j'avais 10 ans, je savais déja (ou plutôt je croyais savoir) que les grecs étaient à l'origine de tout ce qui a d'intéressant sur cette terre, autant aujourd'hui, cela devrait être une idée communément admise pour tout petit africain que l'Egypte ancienne était négroïde et qu'elle est, comme moi je le pensais pour les grecs, la niche originelle du savoir d'aujourd'hui.

Bref, ce serait effectivement bien qu'on décortique comme l'avait suggéré BMW, tous ces bouquins un par un, car j'avoue ne pas avoir compris tout un tas de trucs.

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nehem
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MessagePosté le: Ven 15 Juil 2005 10:02    Sujet du message: Répondre en citant

Thierry Mouelle II a écrit:
Tout ce pour quoi personne n’a d’intérêt reste clos au regard indifférent. Si Aboubacry Moussa Lam est Egyptologue, je suis très loin de l’être, moi. Et si j’ai pu, à travers Le Pharaon Inattendu, exposer une parcelle de ce que Ze Belinga appelle dans sa critique de mon ouvrage « la totalité existentielle et spirituelle continentale », si ma fiction a traîné ses mots et ses images, son souffle et son regard sur les brides de la restauration d’une réalité historique africaine vieille de plusieurs milliers d’années, c’est que chaque écrivain kemet, conscient de sa mission, peut y arriver.

Oui, mais il n'y a pas que la littérature romanesque classique. Si l'on veut vulgariser, alors il faut que la BD soit présente, mais aussi pourquoi pas le théâtre et le cinéma... Tous les arts narratifs doivent pouvoir être interpellés par ce thème fondamental.
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MessagePosté le: Dim 24 Juil 2005 11:23    Sujet du message: Répondre en citant

OGOTEMMELLI >> Est-ce que je peux copier ton premier texte sur mon site web, en l'accompagnant d'un lien vers la conversation ?
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OGOTEMMELI
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MessagePosté le: Dim 24 Juil 2005 18:04    Sujet du message: Répondre en citant

Tawayo a écrit:
OGOTEMMELLI >> Est-ce que je peux copier ton premier texte sur mon site web, en l'accompagnant d'un lien vers la conversation ?

Te gènes surtout pas d'en faire un aussi bon usage!!!

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Soundjata Kéita
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MessagePosté le: Dim 24 Juil 2005 22:01    Sujet du message: Répondre en citant

Oui j'eu cru moi aussi que tu avais disparu, cher sage dogon.

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MessagePosté le: Lun 17 Oct 2005 08:15    Sujet du message: Répondre en citant

ARDIN a écrit:
Il y a aussi de nombreux sujets que nous avons laisse en veilleuse qu'il serait judicieux de ramener en surface.

Voilà qui est bien dit...
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http://www.afrocentricite.com/
Umoja Ni Nguvu !!!

Les Panafricanistes doivent s'unir, ou périr...
comme Um Nyobè,
comme Patrice Lumumba,
comme Walter Rodney,
comme Amilcar Cabral,
comme Thomas Sankara,
Et tant de leurs valeureux Ancêtres, souvent trop seuls au front...
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kapro
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MessagePosté le: Mer 19 Oct 2005 08:25    Sujet du message: Le fameux lien vers la réflexion sur la généalogie! Répondre en citant

Salut OGOTEMMELI,

Comme promis, voici le lien vers la fameuse réflexion que je disais entreprendre, sur le système généalogique usité par une partie des Bamiléké du Cameroun (semi-bantou).

http://www3.grioo.com/blogs/Kapro/index.php/2005/10/06/430-un-systeme-genealogique-renversant-le-bananier-et-ses-racines

J'ai choisi d'en faire un fil sur mon blog.

Je reviens donc à la charge pour demander si un tel système a existé dans l'egypte ancienne, autrement il s'agirait d'une "création" propre à un contexte, et la réflexion serait alors de savoir si d'autres peuplades disposent d'un outil analogue.

Merci de m'éclairer sur un système que j'estime des plus aboutis, parce que justement il peut être clairement remis au goût du jour pour une extension contemporaine au delà de la région géographique où il est circonscrit!!!

OGOTEMMELI a écrit:
Salut KAPRO,

Citation:
Pour résumé un peu mon propos, je dirais que le fameux système conduit à une carte d'identité culturelle, différente de la carte d'identité civile

On pourrait envisager que la carte d'identité civile soit configurée comme ta "carte d'identité culturelle", tant les avantages que présenterait cette dernière me paraissent beaucoup plus emphases avec l'idée "d'identité" d'un point de vue africain ; laquelle est mieux restituée par le mot de "filiation".
Citation:
Bref, au besoin, un développepment sera présenté.

Vivement ce développement!
Citation:
je souhaite juste savoir si une telle étude a déjà été faite par nos egyptolgues de renom.

Cheikh Anta Diop a ouvert un immense chantier épistémologique qui reste encore très largement à réaliser. Aussi, à ma connaissance, cet aspect de système filiaire n'a pas encore été abordé dans la perspective que tu as exposée. CAD l'a mobilisé surtout en toponymie et onomastique, comme marqueur de mouvements migratoires intra-africains ancestraux...

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Après le barbarisme, le christianisme, l'esclavagisme, le colonialisme, le communisme, le capitalisme, l'islamisme et le mondialisme, l'heure du culturalisme arrivera bientôt...
Les notions d'exception et de diversité culturelles sont déjà en place, et nul doute que pour la suite de ce mouvement, l'Afrique aura beaucoup à apporter au Monde.

Le Très Illustre...
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OGOTEMMELI
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MessagePosté le: Jeu 22 Déc 2005 06:32    Sujet du message: Répondre en citant

Babacar Sall, « Racines éthiopiennes de l’Egypte ancienne »
(éd. l’Harmattan, Paris, 1999, pp202-206)

Je voudrais rapatrier ici quelques contributions que j'ai faites sur un autre site, et surtout les extraits du livre de Babacar SALL, "Les racines éthiopiennes de l'egypte ancienne". Dommage que ce livre ne soit pas assez connu, c'est pourtant l'une des contributions (récentes) les plus décisives du courant "antadiopien"...

http://www.passion-histoire.net/phpBB_Fr/viewtopic.php?t=6575&postdays=0&postorder=asc&start=100

Babacar SALL a écrit:
En écartant les pistes libyenne et asiatique des « Néolithiques égyptiens », nous retrouvons la seule qui reste, c’est-à-dire l’Ethiopienne ; celle que DIODORE signale.

Cette piste est pertinente pour rendre compte du néolithique libyen conformément à l’intuition de STRABON et des Tartessiens. La tendance néolithisante éthiopienne que nous avons tenté de circonscrire sur la base de certains faits peut avoir engendré la précoce néolithisation de la Libye supérieure qui passa la pratique par migrations et contacts à la Libye inférieure.

Le biotope de la Libye peut expliquer la précocité du phénomène et sa relative rapide extension liée à l’adoption d’un genre de vie pastoral. La particularité du cadre de la vallée [ du Nil] peut expliquer le relatif retard de la néolithisation, l’occupation de la plaine alluviale étant beaucoup plus difficile et plus lente que celle du plateau nord de l’Afrique. La différence des genres de vie entre la Libye d’une part, les pays du Nil d’autre part ne permet pas de penser que ce sont des néolithiques libyens qui occupèrent la plaine alluviale de la basse vallée du Nil où ils se transformèrent en agriculteurs.

Si l’Ethiopie ressemble fort à l’Egypte par la nature des lieux et par la présence du Nil, c’est en elle qu’il faut chercher les bases de l’unité de sa culture néolithique avec celle de l’Egypte. […] D’Ethiopie serait venu par conséquent le courant culturel néolithique. C’est là-bas que l’homme avait transformé le Hordeum spontaneum en Hordeum vulgare puisque c’est à cette étape domestique que l’orge est attestée au Fayoum. C’est dire que contrairement à l’idée selon laquelle la botanique et la zoologie militent pour une provenance asiatique du Néolithique égyptien, les travaux de maints paléo-botanistes [Watkins, Peake, Vavilov, Hugot] militent pour une provenance éthiopienne des espèces végétales domestiquées en Egypte.

La similitude entre l’outillage lithique de Es-Shaheinab et du Sahara méridional n’est-elle pas l’expression d’un envahissement du Sahara méridional (Libye supérieure) par cette tendance néolithisante initiée en Ethiopie ? C’est dans cette perspective qui fut celle de l’ancienne école grecque d’Egyptologie qu’il faut s’engager. Ce serait d’Ethiopie que cette tendance se répandit en empruntant les vallées du Bahr el-Ghazal, du Ténéré, des cours d’eau descendant du Tibesti et du Hoggar vers le lac Tchad. Ainsi, du Paléolithique supérieur final au Néolithique, l’Ethiopie joua un rôle de centre pour l’Egypte et la Libye alors simples périphéries.

[…] Il y a que les Ethiopiens sont les seuls habitants de l’Ethiopie. Mais ils n’habitaient pas seulement en Ethiopie. Contrairement aux autres peuples, on les retrouve en Egypte entre Philae et Syène où ils sont désignés aussi par les termes de Blemmyes, Mégabari, etc… [cf. Strabon] On les retrouve en Libye inférieure. Ils constituent la population de toute la Libye supérieure. Manifestement les Ethiopiens passent pour avoir été de grands migrateurs. Avant les écrivains grecs, leur habitat était plus étendu encore. La Libye originelle qu’ils bordent au Sud et qu’ils peuplent aussi, devait se réduire aux plaines côtières de l’Afrique méditerranéenne, côte probablement non peuplées par les Ethiopiens qui ne fréquentaient pas la mer. Populations de Libye, les Ethiopiens peuplaient aussi l’Egypte puisqu’aux temps anciens, l’Egypte n’était constituée que par les terres nilotiques à l’Ouest du cours du fleuve. Ce fut plus tard qu’elle comprit celles de la rive Est.

A partir de ces données littéraires où Histoire, Mythes et Légendes s’entrecroisent, nous avons essayé de chercher la période à laquelle il faut placer cette dispersion des Ethiopiens et leur invasion de la Libye. La césure, nous l’avons placée au début de l’épanouissement des industries épipaléolithiques. En Libye inférieure, ces industries sont l’Ibéromaurusien, l’Oranien et le Dabbéen le long de la côte et le Capsien dans l’hinterland. Sur les terrasses de la basse vallée, il y a l’industrie épipaléolithique d’Hélouan et le Sébilien dans la zone de Kom-Ombo. En Ethiopie septentrionale (Nubie), ces industries sont le Sébékien, le Halfien, le Ballanien, le Qadien. En relation avec le Capsien, il y a le Shamarkien, l’Ounanien, le Capsien kenyan. L’Ibéromaurusien possède des affinités avec le Qadien et le Capsien rappelle la phase II du Sébélien.

Du point de vue statistique, l’Ethiopie des terres arides apparaît comme ayant été la source des industries épipaléolithiques. L’Ibéromaurusien, la plus vieille industrie épipaléolithique de la Libye méditerranéenne commença son épanouissement vers -12000. Les débuts du Ballanien remontent à -14000 environ et ceux du Halfien sont datées d’entre -16000 et -14000. Du point de vue de la chronologie, c’est encore l’Ethiopie qui affirme son antériorité en matière d’industries lamellaires. Tout en fait le centre de balbutiement.

Cet espace n’est pas un point sur une carte mais une aire couvrant le Nord du Soudan (haute Nubie), la Troglodytique (basse Nubie) et le Sud de la haute Egypte. C’est le pays où les hommes sont armés d’arcs et de flèches. Or à travers les sources grecques et l’art rupestre, les populations de la Nubie, du Soudan, de la Libye supérieure et inférieure ont l’arc comme élément fondamental de leur armement.



P.S. Soit dit en passant, je ne comprends pas pourquoi ce topic s'est retrouvé en "littérature...", après réorganisation des rubriques ; alors qu'il traite plutôt d'histoire, en tout cas d'historiographie...
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ARDIN
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MessagePosté le: Jeu 22 Déc 2005 07:01    Sujet du message: Répondre en citant

OGOTEMMELI a écrit:
Babacar Sall, « Racines éthiopiennes de l’Egypte ancienne »
(éd. l’Harmattan, Paris, 1999, pp202-206)

Je voudrais rapatrier ici quelques contributions que j'ai faites sur un autre site, et surtout les extraits du livre de Babacar SALL, "Les racines éthiopiennes de l'egypte ancienne". Dommage que ce livre ne soit pas assez connu, c'est pourtant l'une des contributions (récentes) les plus décisives du courant "antadiopien"...

http://www.passion-histoire.net/phpBB_Fr/viewtopic.php?t=6575&postdays=0&postorder=asc&start=100

Babacar SALL a écrit:
En écartant les pistes libyenne et asiatique des « Néolithiques égyptiens », nous retrouvons la seule qui reste, c’est-à-dire l’Ethiopienne ; celle que DIODORE signale.

Cette piste est pertinente pour rendre compte du néolithique libyen conformément à l’intuition de STRABON et des Tartessiens. La tendance néolithisante éthiopienne que nous avons tenté de circonscrire sur la base de certains faits peut avoir engendré la précoce néolithisation de la Libye supérieure qui passa la pratique par migrations et contacts à la Libye inférieure.

Le biotope de la Libye peut expliquer la précocité du phénomène et sa relative rapide extension liée à l’adoption d’un genre de vie pastoral. La particularité du cadre de la vallée [ du Nil] peut expliquer le relatif retard de la néolithisation, l’occupation de la plaine alluviale étant beaucoup plus difficile et plus lente que celle du plateau nord de l’Afrique. La différence des genres de vie entre la Libye d’une part, les pays du Nil d’autre part ne permet pas de penser que ce sont des néolithiques libyens qui occupèrent la plaine alluviale de la basse vallée du Nil où ils se transformèrent en agriculteurs.

Si l’Ethiopie ressemble fort à l’Egypte par la nature des lieux et par la présence du Nil, c’est en elle qu’il faut chercher les bases de l’unité de sa culture néolithique avec celle de l’Egypte. […] D’Ethiopie serait venu par conséquent le courant culturel néolithique. C’est là-bas que l’homme avait transformé le Hordeum spontaneum en Hordeum vulgare puisque c’est à cette étape domestique que l’orge est attestée au Fayoum. C’est dire que contrairement à l’idée selon laquelle la botanique et la zoologie militent pour une provenance asiatique du Néolithique égyptien, les travaux de maints paléo-botanistes [Watkins, Peake, Vavilov, Hugot] militent pour une provenance éthiopienne des espèces végétales domestiquées en Egypte.

La similitude entre l’outillage lithique de Es-Shaheinab et du Sahara méridional n’est-elle pas l’expression d’un envahissement du Sahara méridional (Libye supérieure) par cette tendance néolithisante initiée en Ethiopie ? C’est dans cette perspective qui fut celle de l’ancienne école grecque d’Egyptologie qu’il faut s’engager. Ce serait d’Ethiopie que cette tendance se répandit en empruntant les vallées du Bahr el-Ghazal, du Ténéré, des cours d’eau descendant du Tibesti et du Hoggar vers le lac Tchad. Ainsi, du Paléolithique supérieur final au Néolithique, l’Ethiopie joua un rôle de centre pour l’Egypte et la Libye alors simples périphéries.

[…] Il y a que les Ethiopiens sont les seuls habitants de l’Ethiopie. Mais ils n’habitaient pas seulement en Ethiopie. Contrairement aux autres peuples, on les retrouve en Egypte entre Philae et Syène où ils sont désignés aussi par les termes de Blemmyes, Mégabari, etc… [cf. Strabon] On les retrouve en Libye inférieure. Ils constituent la population de toute la Libye supérieure. Manifestement les Ethiopiens passent pour avoir été de grands migrateurs. Avant les écrivains grecs, leur habitat était plus étendu encore. La Libye originelle qu’ils bordent au Sud et qu’ils peuplent aussi, devait se réduire aux plaines côtières de l’Afrique méditerranéenne, côte probablement non peuplées par les Ethiopiens qui ne fréquentaient pas la mer. Populations de Libye, les Ethiopiens peuplaient aussi l’Egypte puisqu’aux temps anciens, l’Egypte n’était constituée que par les terres nilotiques à l’Ouest du cours du fleuve. Ce fut plus tard qu’elle comprit celles de la rive Est.

A partir de ces données littéraires où Histoire, Mythes et Légendes s’entrecroisent, nous avons essayé de chercher la période à laquelle il faut placer cette dispersion des Ethiopiens et leur invasion de la Libye. La césure, nous l’avons placée au début de l’épanouissement des industries épipaléolithiques. En Libye inférieure, ces industries sont l’Ibéromaurusien, l’Oranien et le Dabbéen le long de la côte et le Capsien dans l’hinterland. Sur les terrasses de la basse vallée, il y a l’industrie épipaléolithique d’Hélouan et le Sébilien dans la zone de Kom-Ombo. En Ethiopie septentrionale (Nubie), ces industries sont le Sébékien, le Halfien, le Ballanien, le Qadien. En relation avec le Capsien, il y a le Shamarkien, l’Ounanien, le Capsien kenyan. L’Ibéromaurusien possède des affinités avec le Qadien et le Capsien rappelle la phase II du Sébélien.

Du point de vue statistique, l’Ethiopie des terres arides apparaît comme ayant été la source des industries épipaléolithiques. L’Ibéromaurusien, la plus vieille industrie épipaléolithique de la Libye méditerranéenne commença son épanouissement vers -12000. Les débuts du Ballanien remontent à -14000 environ et ceux du Halfien sont datées d’entre -16000 et -14000. Du point de vue de la chronologie, c’est encore l’Ethiopie qui affirme son antériorité en matière d’industries lamellaires. Tout en fait le centre de balbutiement.

Cet espace n’est pas un point sur une carte mais une aire couvrant le Nord du Soudan (haute Nubie), la Troglodytique (basse Nubie) et le Sud de la haute Egypte. C’est le pays où les hommes sont armés d’arcs et de flèches. Or à travers les sources grecques et l’art rupestre, les populations de la Nubie, du Soudan, de la Libye supérieure et inférieure ont l’arc comme élément fondamental de leur armement.



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Rectification operee OGO! Mille excuses.
Quant au livre de Babacar Sall, ca fait deux mois que je l'ai eu, mais je ne l'ai pas encore ouvert. Mais etant donne que tu l'as deja lu, au lieu de regretter qu'il ne soit pas assez connu, tu pourrais peut etre initier un topic pour le presenter. Ce qui contribuera a le faire connaitre vu l'audience du forum. Qu'en penses tu?
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OGOTEMMELI
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MessagePosté le: Jeu 22 Déc 2005 07:32    Sujet du message: Répondre en citant

Coucou ARDIN Smile,

Content de te lire, et merci pour cette ultra-réactivité.
Quant au Babacar SALL, tu as peut-être raison. Je voulais le citer ici, puis proposer des commentaires sur ces citations. Mais comme ce topic est déjà assez étoffé, il vaudrait peut-être mieux en créer un autre pour traiter de ce cas à part.

Toutefois, il avait été question de rassembler les "études antadiopistes" dans une rubrique dédiée ; car leur éparpillement pourrait s'avérer fastidieux pour qui voudrait les consulter ou y contribuer.

Donc, d'accord pour proposer un rapide topo sur Sall, mais qu'en est-il d'une rubrique sur l'Afrocentricité, comme un petit coin d'initiation aux "african studies" sur Grioo.com ; sachant que ce n'est pas l'Université française, ou d'expression française, qui va aiguillonner les Africains et Afrodescendants vers ces préoccupations...
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ARDIN
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MessagePosté le: Jeu 22 Déc 2005 15:40    Sujet du message: Répondre en citant

OGOTEMMELI a écrit:
Donc, d'accord pour proposer un rapide topo sur Sall, mais qu'en est-il d'une rubrique sur l'Afrocentricité, comme un petit coin d'initiation aux "african studies" sur Grioo.com ; sachant que ce n'est pas l'Université française, ou d'expression française, qui va aiguillonner les Africains et Afrodescendants vers ces préoccupations...


Pas mal comme idee. Je vais en parler avec les autres modos et le webmaster, ne pouvant decide tout seul. Mais je suis pour!
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MessagePosté le: Jeu 07 Déc 2006 10:00    Sujet du message: Répondre en citant

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- Video-Interview de Cheikh Anta Diop sur l'origine de l'humanite:
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- Ecoutez Cheikh Anta Diop: Audio

- Interview de Cheikh Anta Diop en Guadeloupe

- Nos Ancetres les Pharaons: Conférence à l'université de la Sorbonne par René-Louis Parfait Etilé (Africamaat)
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