Jofrere Super Posteur

Inscrit le: 01 Mar 2004 Messages: 1327 Localisation: Paris
|
Posté le: Mar 15 Fév 2011 12:06 Sujet du message: Ronaldo le seul |
|
|
http://latta.blog.lemonde.fr/2011/02/15/ronaldo-le-seul/
15 février 2011
Ronaldo, le seul
Ce n’est pas lui qui a inventé la vitesse, mais c’est lui qui l’a consacrée: l’image qui restera sera celle de l’attaquant lancé comme un train de marchandise mais doté d’une agilité de cabri. Un départ balle au pied qui signifiait un “au revoir” définitif au défenseur déjà planté dans sa reculade. Un enchaînement basé sur une conduite de balle au laser (d’infimes touches à une vitesse effarante qui laisse ses vis-à-vis à distance d’intervention en même temps qu’elles les paniquent), plus que sur les déhanchements et autres passements de jambe de ses successeurs contorsionnistes comme Ronaldinho ou Cristiano.
Il a l’air râblé, mais son mètre 83 est celui d’un athlète puissant: il est l’archétype fondateur de ces phénomènes techniques et physiques appelés à devenir les superstars de ce début de 21e siècle. À la fin du précédent, Ronaldo fait de la publicité pour Pirelli: “Sans maîtrise, la puissance n’est rien”. En juillet 1998 pourtant, le fameux malaise du fenomeno, au matin de la finale mondiale, annonce la victoire d’un joueur “lent”, Zinédine Zidane, qui organise l’espace autour de lui plutôt que de dévorer celui qui est devant.
SILHOUETTE
Le train repasse quatre ans plus tard et cette fois, c’est lui le double buteur de la finale. Il arbore alors une ridicule toison frontale: Ronaldo est aussi le précurseur des personnages faciles à marketer, des joueurs aux traits et à la silhouette de mascotte pour enfants. Une silhouette qui finira en caricature à mesure de ses prises de poids devenues légendaires elles aussi (qu’il explique aujourd’hui par une hypothyroïdie). Ses atroces blessures ont l’air d’en être la conséquence: un corps trop lourd sur des jambes qui rompent parce qu’elles ne peuvent plus encaisser l’effort.
Il y a de cela. Ronaldo occupe un chapitre du livre de Jean-Pierre de Mondenard (Dopage dans le football - la loi du silence, Éditions Jean-Claude Gawsewitch, 2010) pour ses trois ruptures du tendon rotulien, une blessure pourtant rarissime que l’auteur considère comme “le résultat de choix thérapeutiques aberrants, établis tout au long de sa carrière”. En cause, une prise de masse musculaire beaucoup trop rapide à son arrivée au PSV Eindhoven (avec des suspicions de consommation de stéroïdes anabolisants), ou une tendinite qui le fait boiter dans la vie courante mais ne l’empêche pas d’enchaîner les matches sous anti-inflammatoires, au point d’en devenir dépendant.
EXTINCTION DE L’ÉTOILE
Au gré des blessures, les graves et les bénignes, la carrière de Ronaldo est devenue la chronique d’une usure prématurée. Celle du joueur, brûlé par le football du body-building et des cadences intensives en dépit de ses rebonds successifs et de sa reconversion dans un autre registre. Celle du mythe, concurrencé par les étoiles montantes et rattrapé par les faits-divers, qui ne rejoindra finalement pas Pelé au firmament. Ronaldo fait de la pub pour un produit capillaire miracle. Le joueur avait un peu brouillé son image en jouant successivement à Barcelone et à Madrid, au Milan AC et à l’Inter. L’ex-Galactique avait aussi choisi de s’éteindre au sein des Corinthians, mais il doit s’éclipser sous le caillassage du bus de l’équipe pauliste après une élimination en Coupe Libertadores. Il a déclaré ne plus pouvoir réaliser les gestes qu’il imagine… Le constat paraît aussi tardif que cette fin de carrière annoncée dans les larmes.
Le footballeur a pourtant tout à gagner de cette retraite: désormais, chaque jour qui passe effacera ses dernières saisons pour restaurer le souvenir de ses plus belles années et lui redonner une place plus digne dans l’histoire du football. On espère qu’au passage, il va récupérer ses droits entiers sur son propre nom, qu’un usurpateur lui a dérobé avec l’incroyable complicité des médias du monde entier. Ronaldo Luis Nazário de Lima. Ronaldo, le seul. _________________ Un ennemi intelligent est préférable
à un sot ami
agir en penseur, penser en homme d'action
 |
|