samuel Grioonaute régulier
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Posté le: Sam 24 Aoû 2013 04:09 Sujet du message: Asie : blanchir à tout prix |
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Il est d'usage de railler les Africaines a ce sujet mais sachez que ce mal est moins repandu en Afrique (ou, a l'exception notable de Sassou Nguesso et des chanteurs congolais, il ne concerne que certaines femmes), qu'il ne l'est en Asie. La, hommes et femmes cherchent a se blanchir ''a tout prix''. Ce n'est pas pour l'excuser mais comme il n'y a que chez nous que certains trouvent des tares (ce qui est une forme de mepris de soi tout aussi condamnable), il est bon de le rappeler.
Citation: | Asie : blanchir à tout prix
Le Point.fr - Publié le 23/08/2013 à 18:09 - Modifié le 23/08/2013 à 18:18
Contrairement aux Occidentaux séduits par le bronzage, un nombre croissant d'Asiatiques cherchent à se blanchir la peau. Retour sur une pratique à haut risque.
Alors que les touristes occidentales rôtissent sous le soleil des plages balinaises, les Indonésiennes, elles, déambulent dans les rues d'Ubud armées d'ombrelles pour se protéger du moindre rayon. Pas question de bronzer : à l'inverse du monde occidental où le teint hâlé est très apprécié, les Asiatiques, elles, cherchent à avoir la peau la plus claire possible. En Chine, en Corée et au Japon en passant par l'Inde, la Malaisie, la Thaïlande, l'Indonésie, les Philippines et Singapour, le culte de la blancheur est de rigueur. Et de ce jeu de cache-cache avec l'astre du jour les industries cosmétiques ont fait leurs choux gras.
"Je pense que notre obsession de la peau blanche est liée à notre très forte exposition à la culture populaire occidentale, explique Nydia*, jeune journaliste dans la capitale indonésienne. Nous sommes toutes gagas des starlettes Hollywood, nous avons en quelque sorte adopté les normes occidentales de beauté. Ça a été renforcé par le succès de la pop coréenne, avec ses chanteurs aux visages ronds et à la peau blanche immaculée. Ça aussi, ça a façonné notre manière de concevoir la beauté." L'association d'idées semble solidement ancrée dans la tête des jeunes. "J'ai une amie pour qui la beauté est forcément synonyme de blancheur, témoigne encore Nydia. Plus elle trouve sa peau foncée, plus elle se sent laide, et elle n'est pas la seule." En Thaïlande, traiter une jeune femme de dam-tap-ped (littéralement, "foncée comme le foie d'un canard") est une insulte ; l'idéal est d'être khwaaw suay ("joli blanc"). Les médias ne sont pas en reste. Les mannequins qui ornent les tableaux publicitaires des grandes villes d'Asie sont plus blanches les unes que les autres. En Inde, le spot publicitaire "Fair Lady" montre une jeune femme malheureuse, au chômage et rejetée par ses proches qui, un beau jour, essaie une crème éclaircissante. Soudain belle et radieuse, elle trouve un emploi et gagne la fierté de son père...
Des produits hautement toxiques
Une jeune adolescente malaisienne précise : "Le but est d'avoir une peau claire, pas d'être occidental. Comme les Européens cherchent à bronzer sans pour autant vouloir devenir noirs." Mais le canon de beauté n'en est pas moins une aubaine pour les industries cosmétiques. Tout produit qui promet de près ou de loin de blanchir la peau fait recette. Crèmes, lotions, masques, pilules, injections, laser : ce marché très innovant représenterait 18 milliards de dollars en Asie. Au point qu'il est devenu pratiquement impossible de trouver une crème hydratante sans agents décolorants, malgré l'impact négatif de ces produits sur la santé. Pour qu'une crème blanchisse la peau, il faut en effet qu'elle contienne de l'hydroquinone, une substance très nocive, interdite par l'Union européenne depuis 2001.
Les jeunes gens des deux sexes vont de plus en plus loin dans cette quête de la peau claire : pour un résultat plus visible, ils demandent des méthodes plus agressives. Les whitening jabs, ces nouvelles injections très coûteuses à base de glutathion sont ainsi très appréciées par les jeunes plus aisés vivant dans les grandes capitales. Or, cet antioxydant qui agit sur la production de mélanine peut, administré par intraveineuse en trop grande quantité, entraîner l'empoisonnement du système sanguin.
"J'en garde encore des cicatrices"
Pire, de nombreuses crèmes sont retirées chaque année du marché, car elles contiennent des niveaux hautement toxiques de mercure. Les effets immédiats d'un empoisonnement ? Des éruptions cutanées et des irritations de la peau, selon l'Agence de surveillance des aliments et médicaments américaine. Sur le long terme, il existe des risques de lésions au cerveau, de problèmes rénaux, de dommages au système nerveux ou encore de cancer de la peau.
Dian Herawati, 46 ans, femme de ménage à Jakarta, a découvert ces dangers à ses dépens. Malgré ses faibles revenus, elle blanchissait religieusement sa peau jusqu'à ce qu'elle réalise les risques liés aux crèmes qu'elle mettait matin et soir. "La peau blanche fait plus propre, plus net. Sur une peau foncée, on remarque plus facilement les imperfections. C'est pour ça qu'il y a 10 ans j'ai commencé à utiliser ces crèmes, mais ça a été catastrophique. Celle que j'achetais n'était pas très chère, elle arrivait de Chine. Elle a marché à merveille pendant deux semaines, puis des plaques rouges sont apparues sur mon corps. Ça me démangeait, ça me brûlait, j'étais pleine de boutons. Ça a fini par s'infecter, alors j'ai tout arrêté. J'en garde encore des cicatrices."
Bas de gamme ou non, les ingrédients utilisés dans ces crèmes semblent tout aussi nocifs : "Les premiers prix sont à 2 dollars, et peuvent monter très haut. J'ai une amie qui utilisait un produit haut de gamme, mais il lui est arrivé la même chose qu'à moi, raconte Dian Herawati. Il faut dire qu'on est informés et désinformés en même temps. D'un côté, on est bombardés de pubs à la télé, dans les magazines et dans la rue. De l'autre, on apprend dans une sous-rubrique du journal local que le gouvernement a dû retirer plus de 70 crèmes du marché parce qu'elles contenaient trop de mercure et risquaient fortement de nous empoisonner."
* le prénom a été changé.
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