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Sahel: la France s'en va...sans s'en aller!

 
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samuel
Grioonaute régulier


Inscrit le: 28 Jan 2005
Messages: 459

MessagePosté le: Ven 11 Juin 2021 07:56    Sujet du message: Sahel: la France s'en va...sans s'en aller! Répondre en citant

Emmanuel Macron vient d'affirmer que l’armée française se retirera bientôt du Sahel, mais c'est pour aussitôt annoncer que les troupes d'occupation françaises resteront sur place dans le cadre d'une force internationale pilotée par...la France! Et surtout il n'a rien dit des multiples bases militaires implantées en Côte d'Ivoire, au Tchad, au Sénégal, à Djibouti et ailleurs et qui forment le pilier de la présence militaire française en Afrique, qui sont là pour intimider les dirigeants africains, organiser des coups d’État, des rebellions, des groupes terroristes et quadriller les territoires africains. Bref! Il s'agit d'un faux départ, d'un pas en avant, deux pas en arrière comme dirait un fameux révolutionnaire russe.

Ce qui est vrai en revanche, c'est qu'Emmanuel Macron a entrepris de réinventer le néocolonialisme et marche désormais sur les traces de de Gaulle pour tout ce qui concerne l'Afrique: on va leur donner leur indépendance, mais ce sera une fausse indépendance. Nous serons plus que jamais présents.

Seulement, rien ne se passe comme prévu et ces gesticulations ridicules et désordonnées traduisent un état de désespoir et un dépit que les Français ont de plus en plus de mal à cacher. Pour répéter un autre fameux révolutionnaire (cette fois Allemand), on peut dire, dans ce cas comme dans d'autres, que « tous les grands événements et personnages historiques se répètent pour ainsi dire deux fois …La première fois comme une tragédie et la seconde fois comme une farce». Nous sommes indubitablement dans la farce. On annonce la fin du franc CFA auquel on donne un nouveau nom tout en conservant ce qui en faisait une monnaie coloniale destinée à canaliser le produit du travail et les richesses africaines directement dans les coffres de la Banque Centrale française. On dit retirer les troupes françaises, mais on ne s'en va pas vraiment, on restera sous un nouveau déguisement. On dit vouloir établir de nouvelles relations avec l'Afrique et la jeunesse africaine, mais pour cela on charge quelques essayistes abscons et des philosophes désœuvrés d’élaborer et présenter un cahier de doléances qu'on promet d'examiner. On veut nous faire croire que c'est sur cela que reposera la gigantesque "réforme" (est-ce d'ailleurs d'une réforme dont les Africains ont besoin?) des relations économiques, politiques et militaires franco-africaines, sans que les principaux concernés, les peuples africains, aient eu quoi que ce soit à dire. Ils peuvent dormir tranquilles. Macron est comptable de leurs sort et travaille pour eux. Bref! Rien que de petites astuces de filou et des effets d'annonce qui ne trompent personne.

En effet, qui pourrait croire un seul instant que la France va scier la branche sur laquelle elle est assise, torpiller ses propres intérêts, tout ce qui fait d'elle ce qu'elle est sur le plan économique et sur la scène internationale? Et d'ailleurs Emmanuel Macron le voudrait-il qu'il ne le pourrait pas puisque de gigantesque forces et intérêts de toutes sortes s'y opposeraient aussitôt. Tout ceci n'est donc que de la poudre aux yeux, un smoke screen comme disent les Anglais. La vérité, c'est que le système est à bout de souffle et que les Africains se dressent de plus en plus contre la France pour défendre leur liberté et leurs intérêts. Ce qui était autrefois limité aux étudiants et à un petit cercle d'intellectuels grognons a maintenant gagné toutes les couches et classes sociales et même, de plus en plus, les dirigeants africains. Il devient chaque jour plus évident que la France n'a plus aucun avenir en Afrique. Elle fait encore semblant de maîtriser la situation mais en réalité elle contrôle de moins en moins les choses. Aussi incroyable que cela puisse paraître, même parmi les chefs d’État, elle n'a plus que quelques piliers sur qui reposer: Alassane Ouattara de côte d'Ivoire; Macky Sall du Sénégal; Mahamadou Issoufou du Niger (et maintenant Bazoum Mohamed), le rejeton de Deby au Tchad et Denis Sassou Nguesso au Congo. C'est à peu près tout, mais c'est peut-être beaucoup. Les autres, y compris le fils Bongo et le fils Eyadema, sans être des révolutionnaires ou même des dirigeants dévoués à la cause de leurs peuples, tout en étant des individus incultes et stupides à la tête de régimes répressifs, ne sont plus vraiment fiables et sont à la recherche de nouveaux maîtres et de nouveaux alliés. D'ailleurs, dans tous ces pays, de puissantes forces politiques totalement opposées à la politique néocoloniale française gagnent chaque jour du terrain, s'organisent de mieux en mieux, se manifestent par des protestations de rue et des rassemblements gigantesques au cours desquels les populations ne se gênent plus pour demander ouvertement le départ des troupes françaises. Partout en Afrique, dans la diaspora, sur les réseaux sociaux et dans les médias privés la France est désormais sur la sellette et on ne voit aucune force capable d’arrêter ce mouvement citoyen de fond, qui s'organise de mieux en mieux dans de multiples associations et partis politiques, avec des milliers d'intellectuels qui en prennent le relais partout où ils peuvent s'exprimer, avant sans doute de passer à la phase supérieure.

Pour se rassurer et tenter de contrer cette vague montante, les Français déploient une activité diplomatique frénétique. Ils n'ont plus que le mot "Afrique" à la bouche. C'est devenu une obsession. Cette semaine encore, Jean-Yves Le Drian retourne au sahel. Quand il sera parti, ce sera Florence Parly qui pointera le bout de son nez la semaine d’après. Et quand Florence Parly s'en sera allée, ce sera le Général Le Cointre qui rappliquera en grandes pompes suivi d'un groupe de députés du parlement français, bavards et paternalistes, qui viendront renouveler leurs leçons annuelles de démocratie. Puis ce sera Macron à Noël, talonné du même Jean-Yves Le Drian et encore Dieu sait qui. Bref!. Ce n'est plus la tournée des provinces. C'est un harcèlement.

En même temps, sur la scène internationale, la France est totalement isolée sur le dossier sahélien et ses efforts pour mobiliser à ses côtés les autres puissances européennes se heurtent à un mur. Seuls quelques minuscules États envoient de microscopiques forces militaires au Sahel, le plus souvent cantonnées à un rôle de formation et de conseil. Pire, jouer aux grandes puissances coûte cher, extrêmement cher, surtout pour une économie en plein déclin, dans un monde où de nouvelles puissances émergent, où la France recule dans tous les classements internationaux et où des pays autrefois considérés comme insignifiants (Brésil, Inde, Turquie) talonnent directement la France et la dépassent déjà pour certains d'entre eux (Inde) et ce, malgré les 500 ans d'exploitation féroce des richesses africaines. La Frrrrrrrrrance, c'est grrrrrrrrrrrande nation, apparaît de plus en plus ce pour qu'elle est: une grenouille qui veut se faire aussi grosse qu'un bœuf. Toujours mus par cette incurable arrogance, les Français veulent encore croire qu'ils pourront garder la main en Afrique, brimer la conscience grandissante des peuples africains, domestiquer les dirigeants rétifs et continuer à piller le continent. Or, tout montre aujourd'hui qu'ils se trompent. Très lourdement. Ce n'est plus possible, mais ils ne veulent pas en prendre acte et prendre les décisions courageuses qui s'imposent, pendant qu'il est encore temps, pour donner une chance à leur pays dans un monde en pleine mutation. Ils veulent s'obstiner et garder les Africains en esclavage. Il en paieront le prix.
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