samuel Grioonaute régulier
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Posté le: Jeu 26 Juin 2025 20:46 Sujet du message: Franc CFA: Les 5 'arguments du Professeur Ndiaye |
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La plupart des ‘’experts’’ et décideurs africains que les médias occidentaux interrogent à propos du franc CFA se caractérisent par une étrange frilosité qui se traduit par des mises en garde, des appels à faire attention et l’argument presque toujours répété de la ‘’stabilité monétaire’’ dont personne ne nous dit ce qu’elle signifie réellement puisqu’on voit bien que l’appartenance à la zone CFA ne garantit pas contre l’instabilité monétaire (dont la fluctuation excessive des prix est l’une des manifestations = prenez par exemple le cas des loyers dans les grandes villes africaines, qui montent, qui montent, qui montent jusqu’àààààààà…comme disent les Ivoiriens), l’inflation, et tout ce qui les accompagne. Cela fait 65 ans que nous en sommes à bavarder, à argumenter et à tergiverser sans vouloir jamais sauter le pas, alors même que TOUS LES AUTRES PAYS DU MONDE, SANS AUCUNE EXCEPTION, ONT LEUR PROPRE MONNAIE DISTINCTE ET SEPAREE et ne s’en portent pas plus mal que nous. Mieux encore, des pays qui comme nous étaient d’anciennes colonies françaises et qui avaient comme nous pour monnaie la monnaie coloniale, à savoir le Vietnam, Madagascar, la Mauritanie, l’Algérie, la Tunisie, le Laos, le Maroc, sont TOUS sortis de la zone franc (pas exclusivement CFA), ont créé leur propre monnaie distincte et séparée et n’ont jamais ressenti le besoin d’y revenir. Et pourtant le ciel ne leur est pas tombé sur la tête faute de ne plus appartenir à la zone ‘’franc’’. Pourquoi alors serions-nous les seuls qui serions balayés par l’instabilité monétaire si nous osions sortir de cette zone à laquelle personne d’autre que nous n’appartient sans en mourir pour autant ?
Mais on a beau argumenter, montrer et démontrer ce qui est l’évidence même, la manifestation du bon sens, et qui nulle part ailleurs qu’en Afrique ne ferait même pas débat, rien n’y fait. Alors qu’un récent sondage indique que 90% des Africains sont favorables à la sortie du franc CFA, les décideurs politiques sont toujours freinés par des considérations oiseuses quand de prétendus ’’experts’’ ne leur demandent pas de remplir des conditions impossibles qui ont essentiellement pour résultat de renvoyer aux calendes grecques la création de notre monnaie.
En fait, comme toujours, on compte sur la peur de l’inconnu, du changement et sur la frilosité des uns et des autres pour prolonger notre esclavage monétaire. Or, il n’y a pas de solution absolument idéale et il n’y a aucune entreprise au monde qui ne comporte un certain risque. Refuser de courir quelque risque que ce soit (par exemple l'instabilité monétaire), c’est tout simplement décider de ne rien faire. Ce qui est en fait le but recherché par toute une foule d’influenceurs (dont le plus actif est le Congolais qui a emporté la caisse du Général), de prétendus experts financiers et d’ ‘’économistes’’ mobilisés par la Francafrique dans le cadre de sa guerre informationnelle contre les Africains.
L’un des tout derniers représentants de ces ‘’intellectuels’’ payés pour mentir, est le professeur sénégalais Amath Ndiaye qui s’active beaucoup sur les réseaux sociaux en ce moment. Monsieur Ndiaye n’avance aucun nouvel argument pour la conservation du franc CFA qui ne soit déjà connu, débattu et réfuté par tous les hommes de bon sens depuis des décennies, mais cela ne l’empêche guère de nous servir encore et toujours les sophismes habituels enrobés dans un langage pseudo-scientifique. Bien que ce soit donc une tache fastidieuse, redondante et ennuyeuse, nous essaierons de passer en revue ses ‘’arguments’’ pour en montrer la légèreté et le caractère biaisé.
D’après le Pr. Ndiaye, il y aurait ‘’cinq (5) raisons pour ne pas abandonner le franc CFA’’ (Voir ici . Elles sont les suivantes :
https://www.seneweb.com/news/Economie/le-franc-cfa-un-ldquo-bouclier-economiqu_n_467165.html et ici https://www.seneweb.com/news/Economie/le-senegal-doit-il-sortir-du-cfa-4-econo_n_472059.html).
1. ‘’J’ai l’impression qu’ils disent ‘’Sortons du franc CFA, nous serons développés’’.
Pour disqualifier les propos de ceux qui disent qu’il faut sortir du franc CFA, le Professeur Ndiaye invente un faux argument, un argument qu’il sait faible et facile à démentir pour l’attribuer à ses adversaires intellectuels. Or, personne n’a jamais dit : ‘’Sortons du franc CFA et nous serons développés’’. Il va de soi que cette condition, la sortie du franc CFA, à elle seule ne suffirait pas à développer un pays, sinon tous les pays qui n’appartiennent pas à la zone CFA seraient développés. Toutefois, SORTIR DU FRANC CFA EST UNE CONDITION NÉCESSAIRE (MAIS NON SUFFISANTE) POUR ASSURER LE DÉVELOPPEMENT. Pourquoi NÉCESSAIRE MAIS NON SUFFISANTE ? Eh bien, parce que le développement est un CONCEPT MULTIDIMENSIONNEL. La sortie du franc CFA, bien que nécessaire, sine qua non, n’en est que l’un des aspects.
Donc, nous ne disons pas : ‘’Sortons du francs CFA et nous serons développés’’. Nous disons : ‘’Sans sortie du franc CFA, il n’y a pas de développement possible’’.
En effet, il a été amplement démontré que rester dans le franc CFA ne nous garantit pas le développement. Car cela fait plus de 60 ans que nous sommes dans le système actuel et qu’il s’est avéré incapable de nous assurer le développement. Donc on peut en conclure que si la sortie du franc CFA ne nous garantit pas le développement, nous sommes d’ores et déjà surs et certains que rester dans le franc CFA ne nous garantit pas non plus le développement. A la différence de la sortie du franc CFA, cela au moins nous le savons de science sure et certaine puisque nous en faisons l’expérience depuis plus de 60 ans.
Or, quand on a essayé quelque chose pendant plus de 60 ans et que cela s’est traduit, année après année, par un échec, n’est-il pas temps de se poser des questions, d’essayer autre chose au lieu de vouloir, comme Sisyphe, pousser encore une fois notre rocher au haut de la montagne d’où nous savons très bien qu’il dégringolera à nouveau et ainsi de suite à l’infini ? Une telle situation n’est-elle pas la traduction même de l’absurde ? Ça n’a pas marché. Et pourtant on nous dit de continuer avec la même monnaie qui ne marche pas depuis plus de 60 ans, et encore, et encore, et encore et toujours, sans jamais pouvoir espérer quoi que ce soit de positif ou différent. Est-ce normal ? Est-ce intelligent ?
Le système actuel qui existe depuis plus de 60 ans a échoué. Nous sommes toujours classés parmi les derniers pays du monde en termes de développement humain. Nous ne pouvons pas tomber plus bas que nous ne sommes déjà puisque nous avons atteint le fond. Et pourtant il y en a qui nous disent de rempiler, de rester encore dans le système. Pour combien de temps encore ? Pour 65 autres années ?
2. ‘’Il y a 32 PMA (pays les moins développés) africains sur 44 dans le monde. C’est le franc CFA qui a fait ça ?’’
Voyez le genre de raisonnement logique que font nos grands économistes. En effet, Monsieur Ndiaye veut démontrer que s’il y a 32 PMA africains sur 44 dans le monde, soit près de 78% des PMA au total, cela ne peut être du au franc CFA car il n’y a que 14 pays africains qui appartiennent à la zone CFA. Pour lui, étant donné que l’écrasante majorité des pays africains (32 pays africains sur un total de 54 reconnus officiellement par l’ONU), soit près de 60% des pays africains, sont des PMA, on ne peut incriminer l’appartenance au franc CFA mais le fait d’être ‘’pays africain’’ tout simplement. CQFD. Or, ici, le raisonnement scientifiquement correct et non biaisé aurait consisté à comparer la proportion (en termes de pourcentage) des pays africains appartenant à la zone CFA à la proportion (en termes de pourcentage) des pays africains non-zone-CFA qui appartiennent aux PMA. Si les pays de la zone CFA sont disproportionnellement représentés parmi les PMA comparés aux autres, alors on serait en droit de soupçonner un lien de causalité entre l’appartenance à la zone CFA et le fait d’appartenir aux PMA. Or, Monsieur Ndiaye, Professeur d’économie dit-on, est incapable d’établir cette inférence statistique qui saute pourtant aux yeux, même des plus simples novices. C'est la compréhension de tels principes qui explique la différence entre ceux qui ont bien compris leurs leçons d'économie et les principes épistémologiques qui sous-tendent leur discipline et ceux qui n'ont fait qu'apprendre leurs leçons par cœur et à qui on a donné des diplômes de complaisance.
Car, contrairement à ce que Monsieur Ndiaye pense, c’est exactement ce qu’on observe. Bien que la plupart des PMA soient d’abord des pays africains, LES PAYS DE LA ZONE CFA SONT DISPROPORTIONNELLEMMENT REPRESENTES PARMI LES PMA. En d’autres termes, c’est le grand nombre de pays de la zone CFA appartenant aux PMA qui alourdit la représentation de l’Afrique dans cette catégorie. En effet, qu’est-ce qu’on observe ? D’abord il y a 14 pays africains qui appartiennent à la zone CFA. Sur ces 14 pays africains, il y en a 11 d’après Monsieur Ndiaye ET DONC PRES DE 80% DES PAYS DE LA ZONE CFA QUI SONT DES PMA. En revanche, sur les 40 pays hors zone CFA que compte l’Afrique, seuls 21, soit 52% du total, appartiennent aux PMA. Il est donc clair que le fait d’appartenir à la zone CFA a une plus forte incidence (80% contre 52% et personne ne peut dire que ces chiffres ne sont pas significatifs) sur le fait d’être PMA car plus on appartient à la zone CFA plus on court le risque d’être un PMA. Mieux encore, les pays non zone CFA sont près de 75% des pays africains (40 pays sur 54) mais ne comptent qu’un peu plus de 65% de l’ensemble des PMA africains (21 sur 32) alors que les Pays de zone CFA ne sont que 25% des pays africains (14 sur 54) mais comptent près de 35% des PMA africains (11 sur 32). Il y a donc une relative surreprésentation des pays CFA parmi les PMA africains et une relative sous-représentation des pays hors CFA parmi les PMA au regard de leur proportion respective dans l’ensemble. Cette disproportion statistique n’implique pas une causalité directe, mais elle suffit à soulever une hypothèse de lien entre l’appartenance à la zone CFA et une moindre performance en matière de développement. Situation clairement corroborée par les chiffres fournis par l’ONU en matière de développement humain : à l’exception notable du Gabon (classé 108eme), de la Guinée Equatoriale (classée 133eme) et du Congo-Brazzaville (classé 138eme), TOUS LES PAYS DE LA ZONE CFA figurent parmi les 38 derniers pays du monde en matière d’indice de développement humain (IDH). Des pays comme la Cote d’Ivoire ou le Sénégal qui sont souvent donnés en modèles et où on se gausse d’être ‘’développés’’, voire ‘’évolués’’, figurent très bas sur cette échelle : respectivement 157eme et 169eme, soit 13 degrés en dessous du Ghana ou du Kenya par exemple, ou même 31 degrés en dessous d’un pays comme l’Eswatini et 46 degrés en dessous du Botsawana. Non ! Je n’ai rien inventé.
Voir ici : https://en.wikipedia.org/wiki/List_of_countries_by_Human_Development_Index
Certes, la seule appartenance au franc CFA n’explique pas la pauvreté car de nombreux autres facteurs y concourent, mais il est clair et évident pour tout être doué de bon sens que c’est un facteur extrêmement aggravant du risque de paupérisation sans compter ses nombreux autres désavantages. En fait, les chances de sortir de la pauvreté tout en gardant le franc CFA sont factuellement inexistantes.
3. Le troisième ‘’argument’’ de Monsieur Ndiaye est ridiculement léger et présente, au fond, peu d’intérêt.
En effet, il se contente d’indiquer que la BCEAO est désormais en Afrique et que le Gouverneur de la BCEAO est un Africain. Ce qui, selon lui, suffirait à indiquer une indépendance monétaire de la zone CFA. C’est un grossier mensonge par omission mais surtout un ‘’argument’’ naïf et trompeur. En effet, tout le monde sait que les pays de la zone CFA ne contrôlent pas leur monnaie. Ce n’est pas nous qui décidons de l’émission de notre monnaie, de sa dévaluation ou même de son impression. En fait, nous ne décidons de rien concernant la politique monétaire de nos pays.
Or un pays, pour exister en toute indépendance, doit disposer de sa propre monnaie. De même qu’un pays ne peut pas exister sans territoire propre et sans la possibilité de décider de sa politique étrangère ou de sa propre sécurité, un pays ne peut pas exister sans battre sa propre monnaie. C’est une nécessité à la fois sur le plan symbolique (comme le drapeau) et sur le plan économique et financier concret. Confier la gestion, le contrôle de sa propre monnaie à un autre pays, c’est confier à ce pays la possibilité de décider pour nous, la possibilité de décider de notre sort. Chaque pays indépendant doit pouvoir décider de lui-même de ce qu’il veut faire de sa monnaie et de ses finances. Or, nous ne contrôlons pas le franc CFA. C’est la France qui prend les décisions monétaires pour nous. Donc, c’est d’abord ça le premier problème. La monnaie est une question de souveraineté comme le territoire, comme la politique étrangère, comme le drapeau et comme la sécurité. On n’en confie pas la gestion à quelqu’un d’autre quand on est adulte et indépendant.
4. Autre ‘’argument’’ développé par Monsieur Ndiaye. Le franc CFA serait ‘’un bouclier économique mal compris’’.
On lit par exemple sur Seneweb ceci : ‘’ Le ¨Professeur Ndiaye cite des chiffres éloquents : en 2023, la Côte d’Ivoire a enregistré une croissance de 6,5 %, contre 2,9 % pour le Nigeria et 3,1 % pour le Ghana’’. Ce que le Professeur Ndiaye veut prouver par-là, c’est que le Ghana et le Nigeria ont fait moins bien que la Cote d’Ivoire faute d’avoir pour monnaie le franc CFA. Bien. Seulement, son raisonnement n’est absolument pas scientifique car il repose sur une sélection des cas (et des années) qui confirment sa thèse alors même qu’il passe sous silence les cas qui infirment sa thèse. Car si le Ghana et le Nigeria ont fait moins bien que la Cote d’Ivoire en 2023 (faute d’avoir pour monnaie le franc CFA selon Monsieur Ndiaye), il oublie de souligner qu’en 2017 par exemple, le taux de croissance du Ghana était de 8,13% tandis qu’il était de 7,41% pour la Cote d’Ivoire à la même période. En 2018, le taux de croissance du Ghana était de 6,20% tandis qu’il était de 4,84% pour la Cote d’Ivoire. En 2019 et en 2020, le Ghana et la Cote d’Ivoire ont eu des taux de croissance presque similaires : respectivement 6,72% et 0, 70% pour la Cote d’Ivoire et 6,51% et 0, 51% pour le Ghana. Pourtant aussi bien en 2017 qu’en 2018, le Ghana avait pour monnaie le cedi et la Cote d’Ivoire avait pour monnaie le franc CFA. Si donc c’est l’appartenance au franc CFA qui explique qu’un pays fasse une croissance économique supérieure à un autre pays, la relation observée par Monsieur Ndiaye en 2023 devrait aussi s’observer en 2018 et en 2017, toutes choses étant égales par ailleurs. C’est le raisonnement scientifique au niveau le plus basique possible. Et pourtant, Monsieur Ndiaye, qui est professeur d’économie dit-on, oublie ce principe élémentaire. Pire, il fait du réductionnisme en oubliant que le taux de croissance économique tient à de nombreux autres facteurs qui ne tiennent pas qu’à la monnaie ou à l’appartenance ou non au franc CFA.
5. Encore et toujours l’argument de la stabilité monétaire.
Les dirigeants africains, par frilosité et lâcheté, nous maintiennent toujours dans l'esclavage monétaire et n'osent pas sortir du franc CFA, conditionnés qu'ils sont depuis toujours par les faux économistes africains et autres ''conseillers'' tout aussi frileux et lâches, qui n’arrêtent pas d'alarmer tout le monde sur de prétendus ‘’dangers’’ menaçant la stabilité monétaire en cas de sortie du CFA. Or, si ne pas appartenir à la zone CFA équivaut ipso facto à l’instabilité monétaire, alors tous les autres pays du monde seraient confrontés à l'instabilité monétaire, car aucun autre pays au monde, en dehors de nous, n'appartient à la zone CFA. Tous les autres pays du monde, sans exception, ont leur propre monnaie distincte, séparée et indépendante. Et pourtant le ciel ne leur tombe pas sur la tête faute d'appartenir à la zone CFA.
Pour nous faire peur et nous dissuader de créer notre propre monnaie, on ne cesse de nous rappeler que le Mali appartenait à la zone CFA, en est sorti et y est revenu. Bien. Mais on oublie seulement de nous dire que la Mauritanie appartenait aussi à la zone franc, en est sortie et n'est jamais revenue; que le Cambodge appartenait à la zone franc, en est sorti et n'est jamais revenu; Que le Vietnam appartenait à la zone franc, en est sorti, et n'est jamais revenu; que le Maroc appartenait à la zone franc, en est sorti, et n'est jamais revenu; que Madagascar avait pour monnaie le franc malgache, une variante coloniale du franc français, en est sorti et n'est jamais revenu; etc., etc. Tous ces pays, sans exception, qui comme nous ont été colonisés par la France et se sont vus imposer l'usage du franc colonial, se sont débarrassés de leur monnaie de singe coloniale, ont créé leur propre monnaie indépendante et le ciel ne leur est pas tombé sur la tête. Leurs habitants n'ont pas été foudroyés du jour au lendemain pour avoir abandonné la monnaie grâce à laquelle la France leur extorquait leurs richesses. De l'avis de tous, la plupart d'entre eux se portent même mieux que tous les pays de zone CFA.
Mieux encore, la Grande-Bretagne avait plus de colonies en Afrique que la France. Pourtant, aucune des anciennes colonies britanniques n'a encore aujourd'hui pour monnaie la livre sterling. Toutes les anciennes colonies britanniques en Afrique et ailleurs dans le monde, sans aucune exception, sont sorties de la monnaie coloniale britannique et ont créé leur propre monnaie, chacune distincte et indépendante et ne s’en portent pas plus mal que nous. Il en est de même de toutes les anciennes colonies portugaises en Afrique et dans le reste du monde.
Prenez São Tomé-et-Principe dont la superficie (964 km²) ne fait même pas deux fois celle de Dakar (567 km²). Eh bien, la monnaie officielle de São Tomé-et-Principe est le dobra (STN), qui est une monnaie distincte et indépendante, utilisée exclusivement dans le pays. Pour le moment, rien n'indique que cette petite île-nation ait été engloutie par les eaux pour avoir osé créer sa propre monnaie.
Alors, pourquoi les anciennes colonies françaises d’Afrique noire, je dis bien ''Afrique noire'', sont-elles les seules à avoir une monnaie de singe contrôlée par la Banque centrale de France, la Banque de France ?
Toutes les anciennes colonies de toutes les anciennes puissances coloniales européennes, en Asie, en Amérique Latine, en Océanie, et en Afrique ont créé leur propre monnaie et n'en sont pas mortes. Nous sommes les seuls à qui on dit toujours: ''Attention!'' ''La monnaie est une affaire sérieuse''. ''Le mali est sorti de la zone CFA et y est revenu''. ''Attention!''. ''Attention''.
Je le répète : le fait d’avoir un taux d’inflation plus ou moins élevé ou de façon générale, une situation où la valeur de la monnaie d’un pays est volatile, imprévisible ou mal contrôlée, c’est-à-dire l’instabilité monétaire, ne tient pas au fait d’avoir ou non le franc CFA comme monnaie. Le franc CFA n’est pas plus stable que les autres monnaies du monde. Comme toutes les autres monnaies, le franc CFA fluctue. Il monte ou descend en fonction des performances de l’Euro auquel il est arrimé et cela, chacun d’entre nous peut le constater en allant simplement sur un convertisseur de monnaie en ligne. Le franc CFA n’a aucune stabilité particulière et ne garantit pas contre l’inflation. Il est en effet plus ‘’stable’’ que certaines monnaies, mais aussi souvent beaucoup moins ‘’stable’’ que beaucoup d’autres monnaies. Est-ce que chacun d’entre nous au Burkina, au Niger, au Sénégal, au Togo, etc., ne voit pas les prix des produits monter ou descendre chaque jour ? Est-ce que nous ne voyons pas les prix des loyers, les prix de l’essence, les tarifs du coiffeur et même le prix des beignets augmenter chaque jour alors même que nous avons le franc CFA pour monnaie ? Avez-vous la moindre idée de la valeur démentielle des prix des loyers et de l’immobilier en général à Abidjan ou à Dakar et qui pourtant continue de monter, de monter, sans qu’on ne voie jamais où cela va s’arrêter… ? Si le franc CFA était si ‘’stable’’, pourquoi a-t-on eu besoin de dévaluer tant de fois et pourquoi encore aujourd’hui la question se pose avec acuité, particulièrement dans les pays de la CEMAC ? Que veut dire ‘’stabilité’’ dans ces conditions ? EST-CE QUE VOUS CONNAISSEZ UNE ÉCONOMIE AU MONDE OÙ LES PRIX N’AUGMENTENT NI NE DESCENDENT JAMAIS ? Ce qui garantit contre l’inflation ou ‘’l’instabilité’’ en général, ce sont les performances particulières des différents gouvernements, la conjoncture économique et les compétences des dirigeants (leur plus ou moins bonne gestion des finances du pays à un moment donné). Le franc CFA n’est pas une monnaie magique qui va automatiquement garantir contre l’inflation ou de façon générale l’instabilité monétaire indépendamment de la politique financière du pays. C’EST D’UNE ABSURDITÉ TOTALE QUE DE SOUTENIR UN TEL POINT DE VUE. SANS AVOIR POUR MONNAIE LE FRANC CFA, LA PLUPART DES PAYS DU MONDE ONT POURTANT UN TAUX D’INFLATION MOINS ÉLEVÉ ET SOUVENT UNE MONNAIE PLUS STABLE QUE TOUS LES PAYS A FRANC CFA. |
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