samuel Grioonaute régulier
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Posté le: Dim 21 Déc 2025 15:11 Sujet du message: |
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La croissance démographique africaine: gage de survie et de développement.
On ne le souligne pas assez, mais les causes majeures qui ont rendu possibles la domination, l’exploitation et l’oppression multiséculaires des peuples africains qui se poursuivent encore aujourd'hui sont essentiellement liées au dépeuplement de notre continent et à la faiblesse numérique de sa population; à l’émiettement et à la division de nos communautés et au dénuement technologique et matériel.
En effet, la colonisation n’a été possible que parce que, pendant près de 1.200 ans, l’Afrique a été vidée de ses bras valides, de ceux qui auraient pu contribuer à la défendre face aux invasions extérieures et travailler à la développer au même niveau que les autres continents, par les Arabes d’abord à partir du 8eme siècle, puis par les Européens à partir du 15eme.
Des milliers de livres écrits par des personnes malhonnêtes et racistes ont été consacrés à tenter d'expliquer le développement économique, technologique et scientifique de l’Occident à partir du XIVe siècle (période dite de la Renaissance) en mettant cela sur le compte d’un mystérieux ’’esprit européen’’, d’une ’’intelligence supérieure’’, de ’’l’esprit du capitalisme’’, des ''gènes'', du climat, de l’environnement, de la géographie, etc., etc., et à justifier dans le même temps et pour les mêmes raisons, ''le retard de l'Afrique'', alors que la cause réelle de ces deux phénomènes indissociables, connue de tous, n’est rien d’autre que l’invasion et l’exploitation concomitantes des peuples indigènes de tous les continents, dont les richesses ont été volées et qui ont été soumis à l’esclavage comme dans notre cas, avec pour conséquence le ''sous-développement'' et la misère que nous endurons encore aujourd'hui. C’est un véritable miracle si nous sommes encore là pour en parler car au cours de ces 12 à 13 siècles, les populations africaines étaient chassées comme on va à la chasse au gibier, traquées sans pitié et emmenées dans des contrées lointaines pour travailler à développer sans compensation autres que massacres et brimades quotidiennes, d’autres sociétés que les leurs. Seuls les vieillards, les handicapés et quelques individus chanceux arrivaient à échapper à cette battue quotidienne, sans pitié et sans répit.
Ainsi, pendant des siècles et des siècles, nos ancêtres ont vécu dans l’insécurité permanente et la peur, constamment harcelés, traqués et enlevés pour être déportés dans des contrées lointaines. Ils n’ont dû leur survie qu’à leur esprit de résistance sans faille. Car certains autres peuples confrontés aux mêmes épreuves que nous du fait des invasions esclavagistes et coloniales européennes n'ont pas eu cette chance. Ainsi en est-il des Native Americans qui ont risqué l’extermination totale plutôt que de se soumettre. Ils ont été impitoyablement massacrés et ce qu'il en reste aujourd'hui vit parqué dans des réserves comme des animaux, sans aucune autonomie de décision collective en tant que peuple. On estime qu'ils étaient plus de 60 millions à l’arrivée des Européens et que 90% (oui, 90%) d'entre eux on été anéantis au cours des siècles qui ont suivi.
Le cas des Native Americans n'est d'ailleurs pas unique. L'extermination systématique des peuples autochtones conquis par les Européens a été entreprise sur tous les continents et par toutes les puissances impérialistes. Toutes sortes de méthodes ont été employées à ce effet: en dehors des pogroms, des maladies importées et des famines résultant de déplacements forcés et de réinstallations sur des terres arides, des guerres provoquées entre communautés ou provoquées à dessein par les envahisseurs pour pouvoir justifier des massacres (qui se poursuivent de nos jours sous forme de ''terrorisme'', de ''séparatisme'', de guerres ''claniques'' ou ''ethniques'', etc.,) des stérilisations forcées ou clandestines ont parfois été utilisées pour effacer certaines populations de la surface du globe et s'emparer de leurs terres et de leurs richesses. Ces crimes étaient souvent motivés par des convictions eugénistes jamais avouées: au dix-neuvième siècle, beaucoup de ceux qui les initiaient estimaient que la surreprésentation de certaines communautés dans la population générale abaisserait "l'intelligence moyenne", la créativité et la productivité d'une nation et qu'il faut pour cela empêcher toute reproduction de ceux qu'ils ont choisi de considérer comme inférieurs. Un état d'esprit assez proche de cette idéologie est encore aujourd'hui partagé par maints milliardaires de la Silicon Valley et presque tous les dirigeants européens qui encouragent tous la natalité chez eux tout en la décourageant chez nous, les Africains. Emmanuel Macron ou Elon Musk (dont les tendances racistes sont bien connues) sont quelques-uns des plus notoires d'entre eux. Ils ne sont d'ailleurs pas les seuls à partager cette angoisse quotidienne nourrie au sujet de la démographie africaine: C'est le cas d'une bonne partie de l'élite intellectuelle occidentale et même des populations ordinaires.
Bref! Si donc nos territoires ont été conquis et nos peuples soumis au 19eme siècle, c’est essentiellement à cause de cette longue période esclavagiste qui a dépeuplé notre continent et induit une ’’régression civilisationnelle’’ sans précédent, certaines tribus isolées qui se sont réfugiées dans les montagnes ou dans des forets profondes étant retournées à l’état de quasi-animalité alors que c’est à partir de notre continent que tous les autres continents ont été peuplés et que c'est nous qui sommes à l’origine de tous les fondements de la culture et de la technologie, c'est-à-dire des tout premiers outils, du langage articulé, du contrôle du feu, des arts, de la religion, des techniques et outils de chasse, de l’habitat et des premiers villages et villes, de la domestication des plantes et des animaux, de l’agriculture, de la communication symbolique, de l’architecture monumentale, etc., etc., parfois des centaines de milliers d’années avant même qu’aucun homme n’ait existé nulle part ailleurs sur la Terre. Mieux, jusqu’au 15e siècle au moins, nous étions au même niveau de développement que n’importe quel autre continent.
Mais l’esclavage a surtout eu pour effet de disperser les populations (toujours à la recherche de refuges), en les morcelant en une multitude de tribus, de petites entités parfois constituées de quelques dizaines d’individus qui ont développé des langues et des cultures différentes et empêché la constitution de grands ensembles (à quelques exceptions près dans la bande sahélienne et de quelques autres régions) capables de repousser n’importe quel ennemi. En raison des limites de la technologie de l’époque, la force des armées reposait essentiellement sur leurs effectifs, sur le nombre de guerriers qu’on pouvait aligner et de ce point de vue les faiblesses de l'Afrique étaient criantes. Pire, à partir du 9e siècle, il s’est constitué un mouvement induit par les invasions arabes qui ont repoussé les populations noires africaines qui vivaient au Sahara (qui n’a pas toujours été un désert) au Sud, toujours plus au Sud. Suite à quoi certains des empires musulmans qui se sont constitués dans la bande sahélienne ont pris le relais et accentué ce mouvement au lieu de former des barrières protectrices pour les populations de l’intérieur qu'elles repoussaient toujours plus loin dans les profondeurs des forêts et sur les montagnes.Ce mouvement n’a été inconsciemment arrêté que par les colonisateurs européens à cause de leur mode d’administration qui reposait sur l’érection de frontières fixes et infranchissables qui ont ''stabilisé'' les populations sur les terres qu'elles occupaient.
Bref ! A partir du 19e siècle l’Afrique n’était plus que l’ombre d’elle-même; affaiblie, divisée, dépeuplée et réduite à l’état d’une proie facile prête à être dévorée par les prédateurs qui guettaient de partout. Les Européens, enrichis par l’esclavage qui a contribué à un développement technologique et scientifique phénoménal, notamment dans le domaine de l’armement avec la fabrication de nouveaux types d'armes, des armes automatiques tels que le Maxim gun, et d’autres armes du même type tels que le Gatling gun, le Gardner gun, le Nordenfelt, etc., ont senti que le moment était venu pour fondre sur le continent comme une nuée de rapaces affamés qui se battent pour une carcasse. Conscients de la puissance et des capacités de résistance de certaines armées africaines équipées de fusils, ils ont, dès l'entame, poussé leur avantage en interdisant la vente de ces types d’armes aux Africains afin de les mettre dans l’incapacité de se battre sur un pied d’égalité (Conférence de Berlin (1884-1885),
Mais le facteur le plus décisif et qu'on n'évoque presque jamais était la faible population de notre continent et sa division en entités insignifiantes et souvent méfiantes, sinon hostiles les unes aux autres (parfois même encore aujourd'hui). En effet, au moment des invasions coloniales, l’Afrique sortait de presque 5 siècles d’esclavage européen qui s’ajoutaient aux 7 siècles précédents au cours desquels les Arabes ont dépecé le continent. On ne le souligne pas assez: si la résistance contre la colonisation a été relativement faible, c’est en réalité parce qu’il ne restait plus des hommes pour se battre.
Par exemple vers 1400, l'Europe comptait à peu près le même nombre d'habitants que l'Afrique: environ 60 millions pour l'Europe et 60 millions pour l'Afrique. Toutefois, nous devons souligner que 60 millions pour l'Afrique est particulièrement faible pour l'époque même si l'on tient compte de la saignée esclavagiste arabe des 7 siècles précédents. La raison en est que les historiens européens des populations ont tendance à minimiser les chiffres de départ (année 1400) pour l'Afrique afin de justifier les faibles chiffres d'arrivée (année 1900) et ainsi minimiser l'effet des massacres et des déportations de la période esclavagiste sur la population totale de notre continent. Qu'à cela ne tienne. Vers 1400 donc, juste à la veille de la période esclavagiste, l'Europe et l'Afrique comptaient à peu près le même nombre d'habitants: encore une fois 60 millions chacun. Or, vers 1900, soit 500 ans plus tard (oui, 500 ans), l'Europe comptait 457 million d'habitants et l'Afrique seulement 133 millions d'habitants. En 5 siècles l'Europe a augmenté sa population de près de 400 millions d'habitants alors que l'Afrique n'a augmenté sa population que de 73 millions d'habitants. Or, comme on l'a vu, ils avaient le même nombre d'habitants chacun au départ. Ce qui veut dire que l'Europe a multiplié sa population par 7 et l'Afrique seulement...par 2. Notons que rien qu'entre début 2023 et fin 2024, la population africaine d'aujourd'hui a augmenté de 78 millions d'habitants, soit à peu près le même nombre d'habitants de plus qu'en 5 siècles autrefois (entre 1400 et 1900). Ce qui veut dire que ce que l'Afrique réalise en deux ans en matière de population aujourd'hui, il aurait fallu CINQ SIÈCLES pour le réaliser dans le passé. Alors qu'aujourd'hui le seul Niger à lui tout seul ajoute presque 1 million d'habitants CHAQUE ANNÉE à la population de l'Afrique, en moyenne, entre 1400 et 1900, l’Afrique toute entière ajoutait seulement environ 1 million d’habitants tous les 6 à 7 ans. Mieux encore, en 1400 la population européenne constituait 17% de la population mondiale et celle de l'Afrique aussi 17% de la population mondiale. Mais vers 1900 la population de l'Europe constituait déjà 28% de la population mondiale alors que celle de l'Afrique ne constituait plus que 8% de la population mondiale. Conclusion: la population européenne gagnait 11 points de pourcentage tandis que celle de l'Afrique régressait de près de 10 points de pourcentage. Que s'est-il passé entre-temps? La réponse est bien évidemment relative à la saignée de la période esclavagiste qui a dépeuplé l'Afrique et l'a renvoyée très loin derrière tous les autres continents en matière de population et ces effets se font sentir jusque dans les périodes récentes et même encore aujourd'hui.
Par exemple, jusqu’en 1955 l’aire qui constitue le Burkina Faso aujourd’hui ne comptait qu’un peu plus de 4.000.000 d’habitants (Le recensement colonial de 1955 situe alors la population entre 3,8 et 4,2 millions selon les sources). C’est dire que vers 1890, il ne comptait probablement qu’un peu plus d’un million d’habitants. Or, à la même époque (1890) la France comptait près de 40 millions d’habitants (38,3 millions d’habitants exactement), soit 40 fois plus que le ’’Burkina Faso’’ de l’époque. Aujourd’hui, en 2025, la France compte 66.679.000 habitants et le Burkina Faso 24.214.000, c’est-à-dire qu’elle (la France) n’est plus qu’un peu moins de 3 fois plus peuplée que le Burkina. Quant à l’AES, elle est d'ores et déjà plus peuplée que la France d'au moins dix millions d'habitants et le sera deux fois plus en 2050 alors qu’il y a 100 ans, la France était plus peuplée que toutes ses colonies d’Afrique dite subsaharienne mises ensemble. En effet, vers 1925 la France comptait environ 39 à 39,5 millions d’habitants alors que l’AOF comptait 15 à 16 millions d’habitants ; l’AEF 4 à 5 millions, le Cameroun et le Togo (qui sortaient de l’administration allemande) 2 millions et Madagascar 4 millions, soit environ 25 à 27 millions d’habitants au total.
On comprend donc la ’’facilité’’ avec laquelle les forces françaises augmentées de leurs supplétifs africains, équipées d’armes sophistiquées pour l’époque, bénéficiant d’une formation militaire moderne, beaucoup plus nombreuses, et confrontées à des combattants divisés en une multitude de petites communautés qui se réduisaient parfois à 2 ou 3 villages qui n’alignaient souvent pas plus d’une dizaine de ’’combattants’’ ont ’’facilement’’ conquis nos territoires et nos populations. C’est un miracle si certains de nos grands résistants ont pu tenir parfois plus de 10 ou 15 ans.
C’est aussi la population qui a joué un rôle majeur dans la décolonisation : à titre d'exemple, de Gaulle s’est résigné à concéder l’indépendance aux révolutionnaires algériens quand il s’est rendu compte que ’’les musulmans’’ étaient disproportionnellement plus nombreux que les colons européens et qu’à cause de cela, jamais l’Algérie ne serait une province de la France. La même logique a présidé à la fausse dislocation de l'Empire et de la Communauté, parce qu'avec la croissance démographique des ''indigènes'', les ''Français de souche'', c'est-à-dire les blancs, auraient été ultra-minoritaires dans une ''république'' impériale unitaire reposant sur le vote démocratique. Il fallait donc extirper les ''indigènes'' de l'Empire en leur concédant de fausses indépendances qui libérait la France de ses obligations constitutionnelles tout en les gardant dans ''le giron francais'' pour pouvoir continuer à piller leurs richesses.
Aujourd’hui l’Afrique renaît de ses cendres et cela est dû principalement à l’augmentation phénoménale de notre population. Une situation qui inquiète tous nos oppresseurs multiséculaires qui consacrent des milliards et des milliards de dollars pour nous engager dans des campagnes de ’’contrôle des naissances’’, de ’’santé de la reproduction’’, etc., qui sont autant de tentatives vaines pour empêcher ou retarder la renaissance africaine afin de nous maintenir en esclavage et continuer à voler nos richesses. (A suivre). |
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