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LANGUES ETRANGERES : ARMES DU GENOCIDE CULTUREL EN AFRIQUE
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ARDIN
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MessagePosté le: Ven 07 Jan 2005 21:43    Sujet du message: LANGUES ETRANGERES : ARMES DU GENOCIDE CULTUREL EN AFRIQUE Répondre en citant

Cher(e)s Grioonautes,

Notre continent, apres une premiere periode de colonisation est toujours soumise a la domination et a l’exploitation occidentale.
En fait de civilisation, il s’agissait et il s’agit toujours des rapports de force entre nations qui se presentent de plusieurs facons, celle qui m’interesse ici est le genocide culturel opere par l’œuvre coloniale.

Pour comprendre qu’il n’y a jamais eu de mission civilisatrice occidentale en afrique, il nous faut se pencher a un examen profond de l’etat de nos cultures, et notamment sur l’etat de nos langues, en effet la destruction de la langue et de la culture d'une nation et son remplacement par la langue et la culture du peuple colonisateur au moyen de toutes sortes de pressions etatiques et autres est un cas classique d’alienation et d’assimilation accompagnee a des degres divers de soumission politique et d'exploitation economique.

L'assimilation, tout le temps qu'elle est en cours, signifie pour nous un obstacle majeur a l'autodetermination, Cheikh Anta Diop disait a ce popros:

"Je crois que le mal que l’occupant nous a fait n’est pas encore gueri, voila le fond du probleme… L’alienation culturelle finit par etre partie integrante de notre substance, de notre ame et quand on croit s’en etre debarrasse on ne l’a pas encore fait completement. Souvent le colonise ressemble un peu, ou l’ex-colonise lui-meme, a cet esclave du XIXeme siecle qui libere, va jusqu ’au pas de la porte et puis revient a la maison, parce qu’il ne sait plus ou aller. Il ne sait plus ou aller... Depuis le temps qu’il a perdu la liberte, depuis le temps qu’il a apprit des reflexes de subordination, depuis le temps qu’il a apprit a penser a travers son maitre" (...)

Nous continuons a penser a travers nos exploiteurs-pilleurs, nous continuons a nous exprimer a travers leur langue.
L'enseignement donne dans une langue etrangere, la reduction de la langue maternelle a l'etat de langue non-litteraire, de langue paria et meprisee, empeche le developpement des facultes creatrices de l'individu, detruit une condition essentielle de l'epanouissement de l'enfant, et conduit ainsi tout un peuple a une sorte de refoulement et de deperissement culturel.
Ce Genocide Culturel ne s’est pas realise d'un seul coup, ou par substitution brutale d'une langue par une autre, il s' est opere par l'etape intermediaire du bilinguisme. De generation en generation, on est passe d'un monolinguisme national en un bilinguisme a predominance nationale, puis a predominance etrangere, et enfin a un monolinguisme etranger.

Comme j’ai pu le constater, dans une nation independante, non soumise a l'assimilation et a l’exploitation, la conscience nationale est l'expression naturelle du subconscient, la rationalisation des liens reels et profonds qui unissent ses membres; alors qu'au contraire chez les membres d'une nation dependante soumise a l'assimilation, il existe un sentiment confus, un subconscient national plus ou moins completement refoule par la conscience nationale etrangere qui se superpose a lui sous la pression de l'Etat etranger et de l'education qu'il dispense.
J’ai l’impression que les perspectives afrocentriques n’insistent pas trop sur cette question, c’est pourquoi, je vous invite a nous pencher sur la necessite de rehabiliter nos propres langues, et a partir de cette necessite, voir si l’Unite linguistique est realisable; si oui, comment?
Je suis donc convaincu qu’il n'y aura pas de veritable developpement harmonieux de l’Afrique, si l'on ne detruit pas le refoulement et l'alienation linguisticoculturels qui sont parmi les plus grands maux dont souffrait et souffre encore les africains.
_________________
l'Hommage a Cheikh Anta Diop sur PER-ANKH
l'Hommage a Mongo Beti sur PER-ANKH
l'Hommage a Aime Cesaire sur PER-ANKH

LPC-U : CONSTRUIRE LE CONGO POUR L'UNITÉ DE L'AFRIQUE
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caliel
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MessagePosté le: Dim 09 Jan 2005 21:21    Sujet du message: Répondre en citant

ahhhh Comme c'est beau. J'aime beaucoup ce sujet.

il avait déja été soulevé (en partie) dans un autre forum "Langue française Vs Langues Africaines" dans rascisme et mixité. Mais ici, cela va encore plus loin, et je suis très contente que quelqu'un soulèvent enfin se problème, qui passe un peu trop comme quelques chose secondaire en Afrique, c'est vrais.

Voilà ce que j'avais alors partagé avec les Grioonautes à ce sujet.

Citation:

Non seulement les Africains doivent abandonner : la langue du colonisateur Français ou belge (je suis belge Rolling Eyes ) pour revenir à leurs langues leurs cultures d'origine, mais aussi revenir vers les frontières, royaumes et empires d'avant la colonisation.
La seul langue étrangère à ne pas abandonner je pense est l'Anglais, parlé aujourd'hui par plus de 2 Milliards de personnes dans le monde donc à considérer comme langue Mondiale.

Mais il faut aussi abandonner la religion des colonisateurs Occidentaux, qui à été imposée à vos ancêtres par la force aussi à l'époque de la colonisation. Car les peuples d'Afrique avaient leur propre culture, mais AUSSI leurs propres croyances et religions avant l'arrivée du Colon Blanc et son insultant complexe de supériorité.

Il est temps pour les populations africaines de se débarrasser définitivement des restes de la colonisation, de couper le cordon ombilical et de se dresser fièrement face aux dictats étrangers, notamment français comme le fait actuellement la population ivoirienne.

Il est temps pour les peuples Africains de s'allier et de créer, les Etats Unis d'Afrique, avec une langue internationale commune l'Anglais par ex. ou une autre inventée par vous même comme proposé plus haut, une monnaie commune, une politique commune qui respecterait, l'identité de tous les peuples, dans toutes les régions (sur base des anciennes frontières) et respecterait la culture et croyances d'origines Africaines. Et créer aussi une armée de la paix commune afin de devenir un interlocuteur international de poids et obliger les occidentaux à vous respecter et à négocier avec vous suivant les règles que les Etats Unis d'Afrique auront établis et non l'inverse comme c'est le cas actuellement.


Bien à vous
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Ce qui empêche les gens de vivre ensemble, c'est leur connerie, pas leurs différences...

Caliel
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Yom
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MessagePosté le: Lun 10 Jan 2005 15:09    Sujet du message: Re: LANGUES ETRANGERES : ARMES DU GENOCIDE CULTUREL EN AFRIQ Répondre en citant

ARDIN a écrit:

Ce Genocide Culturel ne s’est pas realise d'un seul coup, ou par substitution brutale d'une langue par une autre, il s' est opere par l'etape intermediaire du bilinguisme. De generation en generation, on est passe d'un monolinguisme national en un bilinguisme a predominance nationale, puis a predominance etrangere, et enfin a un monolinguisme etranger.

Pourquoi parler au passé?
Le paradoxe est que c'est surtout depuis l'indépendance que le processus s'est enclenché. Le français ou l'anglais n'étaient parlés que d'une infime minorité en 1960, qui était encore bilingue de toute façon. Ce n'est qu'aujourd'hui qu'on rencontre des monolingues en français et uniquement dans certaines grandes villes (comme Abidjan ou Yaoundé) et dans la diaspora bien sûr (mais là c'est un prénomène presque universel, on conserve rarement sa langue en émigrant). Et dans plein de pays, le français ou l'anglais n'est encore que de peu d'utilité.
Ceci dit, si je prends l'exemple du Cameroun, il n'est pas impossible que le phénomène d'abandon des langues nationales prenne de l'ampleur et s'étende au delà des grandes villes si il n'y a pas rapidement une prise de conscience.

Citation:
J’ai l’impression que les perspectives afrocentriques n’insistent pas trop sur cette question, c’est pourquoi, je vous invite a nous pencher sur la necessite de rehabiliter nos propres langues, et a partir de cette necessite, voir si l’Unite linguistique est realisable; si oui, comment?


J'ai cette même impression que cette question des langues soit assez négligé des africains.
De mon point de vue d'européen, c'est assez étonnant tellement la revendication nationale est ici indissociable de la revendication linguistique (voyez les catalans, les québécois, les flamands, etc. et même les français). La langue n'est pas qu'un outil de communication, c'est aussi le support d'une culture.
Evidemment le point de vue afrocentriste est probablement différent puisqu'il s'agit d'insister sur l'unité culturelle qu'aucune langue n'est aujourd'hui capable d'exprimer. Alors qu'on arrive à trouver des traits de la culture africaine chez les noirs américains par exemple malgré leur anglophonie.
Peut-être aussi la diabolisation du "tribalisme" a tendance à mettre en sourdine les revendications linguistiques.
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Yom
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MessagePosté le: Lun 10 Jan 2005 15:19    Sujet du message: Répondre en citant

caliel a écrit:
ahhhh Comme c'est beau. J'aime beaucoup ce sujet.

il avait déja été soulevé (en partie) dans un autre forum "Langue française Vs Langues Africaines" dans rascisme et mixité.

Et dans le forum politique
http://www.grioo.com/forum/viewtopic.php?t=579

Citation:

Je suis blanche mais je n'aime pas le Néo-colonialisme


Je suis blanc et je n'aime pas le néocolonialisme. Je n'y vois aucune contradiction.
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BM
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MessagePosté le: Lun 10 Jan 2005 16:14    Sujet du message: Répondre en citant

Je suis globalement d'accord avec Ardin.

Je crois qd même qu'il faut insister sur les aspects pratiques de l'application de cette politique linguistique. On ne peut pas passer du jour au lendemain à un système oú l'enseignement se fera en langues maternelles africaines.
Voici ce que j'en disais il y a quelques mois, dans le topic initié par Yom:
BMW a écrit:
J'ai été particulièrement interessé par les liens que tu as proposé.
J'en rajoute un autre qui t'interessera sûrement, et qu'un pote m'a filé il y a deux ou trois jours. C'est un excellent article qui va dans le sens du topic que tu proposes
http://www.africavenir.org/teaching/NdumbePolitiqueLangues.pdf


On s'accorde à reconnaître que la Langue dans un Etat doit remplir 3 fonctions au moins:
Culture: La langue vehicule l'histoire et les traditions d'un peuple, elle forge en quelque sorte son identité.
Communication: la langue doit permettre aux gens de communiquer, de s'informer, de s'instruire.
Institution: La langue doit beneficier de mechanismes qui assurent sa perenité (officialisation), sa promotion (subventions), son utilisation (dictionnaires, livres de grammaire, literature, ...) sa vulgarisation (presence dans les medias de communications, internet, TV, journaux, etc...), et surtout son orthodoxie (Academie de la Langue).

Ces trois niveaux sont disctincts. Toutes les langues, sans aucune exception, vehiculent une culture. Mais en ce qui concerne le niveau communicationnel et institutionel, c'est un peu plus complexe. En général, une langue qui n'assure pas à ces trois niveaux est condamnée à mort à plus ou moins long terme.

Ces trois niveaux n'ont pas la même importance, selon moi.

- Le plus important, c'est l'aspect "Institution": Si la langue est officielle et beneficie de tous les mechanismes sus-cités (qui necessitent du pognon), elle devient incontournable. ne pas parler l'allemand en allemagne ou le français en france quand on veut y vivre, c'est aller vers un mur. L'institution, c'est ce qui OBLIGE à apprendre une langue.
- Ensuite, c'est l'aspect Communication: Même en France, en Chine et en Allemagne, les gens font l'effort de baragouiner au moins un peu d'anglais pour s'ouvrir au monde. Ça les fait parfois chier (surtout les français), mais c'est comme ça. Par exemple, dans le lien que je vous ai proposé, vous pourrez y lire que 82% de l'info sur le net est en anglais, 4% en allemand, et seulement 1.5% en français.
- Enfin, c'est l'aspect culture. Les pauvres et les faibles, vous le savez, personne n'en a rien à foutre. Leurs langues et leurs cultures peuvent fondre comme des glaçons au soleil, tout le monde s'en branle. Seuls les concernés (ici, des africains comme nous) s'en émeuvent.


Bon.
Après ces prealables, j'en viens aux questions que tu as posées.

Peut-on officialiser les langues nationales en Afrique ?
Un etat des lieux selon moi:

- Le français et l'anglais sont de bonnes langues au niveau institutionnel et communicationel. Mais au niveau culturel, elles sont catastrophiques, elles nous maintiennent dans une dependance culturelle nefaste, elles phagocytent et assassinent nos langues nationales.
- Les langues nationales de faibles extension (moins de 1 million de personnes qui la parlent) vehiculent notre culture, ce qui est indubitablement un point fondamental. En milieu rural ou faiblement urbanisé, elles jouent aussi le rôle de communication. Mais dans les zones fortement urbanisées elles ne sont plus pratiques pour la communication (populations cosmopolites). De même, elles sont généralement inadequates pour l'institution que represente l'Etat en Afrique (sauf exeptions). Même dans 50 ans, elles resteront tout aussi inadequates dans beaucoup de pays africains, à mon sens.
- Les langues africaines de grande extension comme le Kiswahili, le Lingala, le Haoussa ou le Bambara (parlées par des dizaines de millions de personnes) peuvent remplir les trois fonctions etatiques d'une Langue.


Par exemple, je vois mal l'enseignement primaire en Afrique avec une langue de faible extension.
Prenons le cas du Camer.
A Yaoundé, on va enseigner en quelle langue?
Tu as 20% de bamilékés, 30% de bétis, 10% de Bassa, 20% de Haoussa, etc...
Si on crée des ecoles pour chaques peuple, ça devient affreux, c'est une ghettoisation regionale extrêmenent dangereuse. Sans compter que les profs viendront presque inmanquablement des mêmes regions que leurs élèves dans ce cas: les profs betis enseignent les élèves betis en langue béti, et ainsi de suites pour les bamilékés, les bassa, les haoussa, les bamoun, etc..., c'est franchement cauchemardesque.
Et d'oú viendra le pognon pour former tous ces profs en toutes ces langues?
Autre problème: Y a-t-il des dictionnaires en toutes ces langues? des livres de grammaire? Une litterature?
Et quand bien même ce môme arriverait à 10 ans au Lycée, bien formé mais ne sachant que sa langue, trouvera-t-il un bouquin de physique, d'Histoire, de Maths en bamoun ou en foufouldé?
Nous savons bien que non.
Nous sommes dans la nasse, je ne dis pas que nous ne pouvons pas en sortir, mais nous devons être conscients que cela nous demandera une organisation et des efforts surhumains, choses qui ne me semblent pas à la portée de l'Afrique au jour d'aujourd'hui.

De plus, il ne faut pas oublier que un Etat ne peut pas fonctionner avec plus de 3 langues officielles, et encore moins des Etats pauvres comme les notres.
Il faut donc choisir. Si nous sommes d'accord sur le fait que
1. Nous souhaitons parler des langues africaines quotidiennement
2. Nous souhaitons que cela soit un facteur d'unification et non de division
3. Que malgré tout aucune de nos 2000 langues africaines ne se perde, sachant qu'elle ne peuvent pas toutes être enseignées à l'Ecole
4. Qu'aussi chaque africain apprenne et parle parle une langue occidentale, de preference l'anglais,
alors nous sommes en face d'un vrai casse-tête oú chacun peut proposer ses solutions, mais avec beaucoup d'humilité parce qu'il y a une infinité de cas de figures.

Ce en quoi je crois, c'est l'enseignement avec des langues africaines de grande extension. Ça peut être simple pour le Congo, le Kenya ou la Tanzanie, mais pour le Camer ou la Côte-d'Ivoire, c'est un peu chaud.
Si encore on federalisait l'Afrique Noire, on pourrait progressivement balancer vers 3 grandes langues africaines, mais à l'allure ou vont les choses...

Pour l'instant donc, je ne vois qu'une seule solution d'applicabilité immediate: les populations elles mêmes doivent investir financièrement pour la perennité de leurs langues. Il me semble qu'il est important pour chaque langue africaine:

- Qu'il y ait un dico le plus complet possible (oú on aurait la traduction de cil, sourcil, rate, etc...)
- Qu'il y ait un livre de grammaire, de conjugaison et le langage usuel
- Qu'il y ait un embryon de litterature (juste un embryon pour commencer, même si c'est la bible comme d'hab)

Perso, je crois que ça, c'est plus qu'urgent d'autant plus que
Yom a écrit:
"D'autre part, 32% des jeunes de 10 à 17 ans interrogés dans la ville de Yaoundé ne parlent aucune langue camerounaise et ont le français comme seule et unique langue de communication. Cette population non locutrice des langues camerounaises croîtra de manière exponentielle à la prochaine génération, car les jeunes qui ne parlent pas les langues locales actuellement ne pourront pas les transmettre à leur progéniture."

Je reviendrai plus tard sur la perte d'engouement pour les langues africaines de la part des jeunes, ça me semble extrêmenent important.


Alors, mon cher Ardin, qu'est-ce que tu en penses?



Yom a écrit:
J'ai cette même impression que cette question des langues soit assez négligé des africains.
De mon point de vue d'européen, c'est assez étonnant tellement la revendication nationale est ici indissociable de la revendication linguistique (voyez les catalans, les québécois, les flamands, etc. et même les français). La langue n'est pas qu'un outil de communication, c'est aussi le support d'une culture.
Evidemment le point de vue afrocentriste est probablement différent puisqu'il s'agit d'insister sur l'unité culturelle qu'aucune langue n'est aujourd'hui capable d'exprimer. Alors qu'on arrive à trouver des traits de la culture africaine chez les noirs américains par exemple malgré leur anglophonie.
Peut-être aussi la diabolisation du "tribalisme" a tendance à mettre en sourdine les revendications linguistiques.

Tout à fait d'acord, c'est très pertinent et pas mal de gens ne le voient pas.
En Afriq en effet, le problème est que l'identité linguistique ne correspond pas à l'identité nationale, au contraire de ce qui se passe à l'occident. Comme le dit Yom, le lutte contre le "tribalisme" en Afrique empêche de faire ouvertement la promotion des langues africaines à l'interieur d'un pays.
Ce n'est pas un problème sans solution, mais il faut y aller très prudemment.
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Yom
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MessagePosté le: Mar 11 Jan 2005 12:01    Sujet du message: Répondre en citant

Sur un journal de Madagascar:
http://www.lagazette-dgi.com/simu/dev.php?id=25781

Citation:
Depuis longtemps, il est devenu non seulement un outil de communication pour ceux qui le maîtrisent, mais également une « arme ». En effet, les francophones réels détiennent un moyen qui leur permet d’agir sur les autres. Beaucoup de situations confirment ces dires : un individu usant du français pour obtenir quelque chose obtient toujours un petit plus de considération. Faites l’expérience vous-même si vous tenez à le vérifier. Le regard d’autrui sur soi change systématiquement quand on utilise la langue de Molière. Le français a un effet psychique presque surnaturel sur les gens. Bien évidemment, on connaît les causes de ce repliement et ce n’est pas pour rien que le français est qualifié de « langue servant à communiquer des ordres »
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caliel
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MessagePosté le: Mar 11 Jan 2005 20:47    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Comme le dit Yom, le lutte contre le "tribalisme" en Afrique empêche de faire ouvertement la promotion des langues africaines à l'interieur d'un pays.
Ce n'est pas un problème sans solution, mais il faut y aller très prudemment.


Oui mais encore une fois, avant l'arrivée des colons en Afrique et l'instauration de Frontières "artificielles", qui ont ainsi séparé des peuples les uns des autres, et imposer à d'autres qui n'avaient aucun lien linguistiques, culturels... à vivre ensemble. le Tribalisme existait il déja?

Il y avait probablement des guerres entre peuples, royaumes... Bien sur.
Mais les conflits, et problèmes linguistiques entre autres, tels qu'ils existes aujourd'hui sont apparus après l'arrivée des Colons

Je veux en venir à ceci : si Les Frontières étaient restaurées comme avant l'arrivée des Colons, si ont réunissait les anciens peuples, Royaume dynasties... comme par le passé. Cela ne résoudrait il pas déja une partie du problème "des cultures" Africaines. comme cela, chaques peuples ethnies réunie, pourraient peut être gérer plus facilement les problèmes culturels, institutionels, communication, instruction...

Vous me direz que c'est pas pareil mais :
Moi je suis de Belgique : ou nous rencontrons aussi des problèmes entre Flamands et Walons, certains Politiques aimeraient voir arriver le séparatisme. En Belgique ou on à imposer à deux peuples de langues et de cultures différentes à vivre ensemble, ou on à été chercher un roi de pacotille, chez les saxcobourg-Ghota et on à créer un pays de toutes pièces, pour des raisons Politico-Guerrières (merci la France, l'Angleterre....) Moi Je ne suis pas contre le séparatisme, car aujourd'hui se crée l'union Européenne, qui permettra lorsque la politique sera enfin harmonisée, de créer une union d'états ou de Régions qui pourrons se gérer indépendament, suivant leur cultures et leur langues, mais avec une économie et une politique Européenne commune et ce serait intéressant que l'anglais (langue internationale)soit enseigné comme seconde Langue dans toutes ses régions.

Pourquoi cela ne pourrait il pas fonctionner sur le continent Africain, en fonctions des cultures et des langues de chaques peuples, et en créant une économie commune et une langue commune enseignée sur tout le continent pour facilité les échanges entre chaques états ou Régions. Attention je ne parle pas de copier le système Européen, l'Afrique à sa propre identité et peut être que de créer un système tel que celui-là, pourrait obliger les occidentaux à respecter cette identité et à négocier avec le continent Africain en tant que puissance économique mondiale.


Cher Yom

En ce qui concerne :
"Je suis blanche mais je n'aime pas le Néo-colonialisme".
C'est vrais que sur un site comme celui-ci, cela peut parraitre un peut désuet, mais en dehors , la majorité des Européens d'ex pays colonisateurs, sont tellement persuadés que la colonisation à apporter de grandes choses en Afrique. Mais bon c'est vrais qu'on à peut de chance d'en rencontrer beaucoup ici Wink

Je vais trouver autres chose

Bien à vous
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Yom
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MessagePosté le: Ven 14 Jan 2005 12:42    Sujet du message: Répondre en citant

Une étude sur des lycéens du Burkina Faso:
http://www.teluq.uquebec.ca/diverscite/SecArtic/Arts/2004/magord_%20landry/ftxt.htm

Citation:
[...]
Finalement, le vécu sociolangagier des lycéens et leurs dispositions affectives ont eu pour effet de développer un bilinguisme de type soustractif (Lambert, 1975). En moyenne, les élèves évaluent leur compétence à communiquer oralement plus forte dans leur langue seconde que dans leur langue maternelle. De plus, en raison d’une scolarisation exclusivement dans la langue seconde, la compétence cognitivo-académique, ou l’habileté à utiliser la langue comme outil de pensée et d’abstraction ne se développe que dans la langue seconde. Le bilinguisme dans de telles conditions est souvent une étape transitoire vers l’assimilation linguistique et l’acculturation.

La présente recherche a évidemment des limites. Les résultats ne peuvent être généralisés à l’ensemble de la population burkinabé, surtout aux nombreuses personnes qui sont moins scolarisées et qui vivent dans des conditions d’isolement par rapport aux attraits de la francophonie. Néanmoins, les résultats indiquent les effets soustractifs de la francophonie chez les jeunes africanophones qui sont scolarisés exclusivement dans cette langue officielle et qui sont mis en contact avec ses ressources communautaires et institutionnelles dominantes. Les résultats démontrent qu’une langue ayant un statut élevé et un capital linguistique fort sur les plans culturel, économique et politique peut exercer une grande force d’attraction et un pouvoir d’acculturation même si celle-ci est la langue maternelle de très peu de personnes dans le territoire habité.
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Makaveli
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MessagePosté le: Lun 17 Jan 2005 14:20    Sujet du message: Répondre en citant

Sujet hyper important et bien cerné jusque là.
Pour moi, les grandes langues régionales africaines doivent poursuivre leur extension et nous avons dèjà des exemples plus ou moins réussis.
Le kiswahili est compris par tout le monde au Kenya car langue officielle (avec l'anglais)mais il est loin d'être la langue maternelle pour une bonne partie de la population. D'après ce qu'on m'y a dit, il est bien mieux parlé que l'anglais par les populations qui ont connue des périodes scolaires écourtées. Il est aisé de comprendre que le kiswahili est plus facile d'accès à un kenyan lambda que l'anglais, même si ce n'est pas sa langue maternelle car il existe une parenté linguistique entre les langues de la sous-région et le swahili.
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Makaveli
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MessagePosté le: Lun 17 Jan 2005 14:23    Sujet du message: Répondre en citant

Ma ccl : priorité aux langues africaines en Afrique dèjà répandues et parlées par des populations transnationales. Comme l'a dit BM, il est impossible de d'organiser un apprentissage par sous-région en langue du coin. je pense que les 5 langues les plus parlées sur le continent devraient quadriller l'ensemble du terrain. Sans pour cela oublier toutes ces langues moins parlées qui portent en elles la conscience et l'histoire de populations.
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Makaveli
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MessagePosté le: Lun 17 Jan 2005 14:26    Sujet du message: Répondre en citant

Pour en revenir aux langues occidentales, je ne vois aucune explication logique qui justifie leur présence sur le continent, anglais y compris.qu'elles soient enseignées à l'école, avec plaisir, langue officielle,ce n'est pas sérieux.

De plus,on surestime largement leur influence dans certains pays.si je prends comme exemple le Togo, je pense que le français doit être correctement maitrisé par un pourcentage faible de la population. Un nbre incroyable de commerçants,taximen,militaires etc etc ne comprend que le francais parlé très lentement et avec des mots très communs. Personne dans la rue ne parle français, ni à la maison d'ailleurs. les togolais à l'aise en français la-bas finalement sont plutot rares, ce qui vous situe l'impact de l'uniqie langue officielle!!!

Ma ccl : si l'on oublie les considérations politiques, le francais peut disparaitre du togo sans destructurer la population de manière profonde.
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Makaveli
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MessagePosté le: Lun 17 Jan 2005 14:28    Sujet du message: Répondre en citant

désolé de poster en plusieurs fois ms j'ai des pb de navigateur...
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améline
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MessagePosté le: Lun 17 Jan 2005 16:06    Sujet du message: un "esperanto" africain? Répondre en citant

Pourquoi les linguistes africains ne créeraient-ils pas un "esperanto africain"?
ce qui simplifierait le travail de multitraduction entre diverses langues
ça ferait une langue commune institutionnelle pour le secondaire, la recherche, l'administration, les affaires, les notices techniques etc qui supplanterait et remplacerait le français, l'anglais.
Avantage: rapidité d'apprentissage, possibilité de créer facilement des mots nouveaux au fur et à mesure des besoins, libération de la pensée (comme le fait l'esperanto pour ses locuteurs.)
Langue artificielle n'étant pas l'apanage d'un peuple, à l'égard de laquelle tout le monde est à égalité, et dernier avantage non négligeable: sa possession par X 100M d'Africains, permet d'apprendre le langage de l'autre peuple avec beaucoup plus de facilité.
Pour la même raison, comme elle n'est pas la langue d'UN peuple, elle ne menace pas les langues existantes.
Aux grands maux, les grands remèdes.
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améline
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Messages: 229
Localisation: Savoie

MessagePosté le: Mar 18 Jan 2005 11:56    Sujet du message: esperanto africain Répondre en citant

Avec ce système, dans moins d'un siècle, l'afrique serait le seul continent au monde à avoir une langue commune unique pour tout le continent? Very Happy
ses partenaires chinois, européens, arabes, latino etc l'apprendraient car ce serait facile et pratique: et même, les européens et les chinois l'utiliseraient pour communiquer entre eux, car l'anglais est trop connoté"occidental"pour être neutre...Quand à la diaspora, elle s'y retrouverait bien...
Il faur rêver aujourd'hui, si l'on veut vivre demain..
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Makaveli
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MessagePosté le: Mar 18 Jan 2005 14:18    Sujet du message: Re: un "esperanto" africain? Répondre en citant

améline a écrit:
Pourquoi les linguistes africains ne créeraient-ils pas un "esperanto africain"?
ce qui simplifierait le travail de multitraduction entre diverses langues
ça ferait une langue commune institutionnelle pour le secondaire, la recherche, l'administration, les affaires, les notices techniques etc qui supplanterait et remplacerait le français, l'anglais.
Avantage: rapidité d'apprentissage, possibilité de créer facilement des mots nouveaux au fur et à mesure des besoins, libération de la pensée (comme le fait l'esperanto pour ses locuteurs.)
Langue artificielle n'étant pas l'apanage d'un peuple, à l'égard de laquelle tout le monde est à égalité, et dernier avantage non négligeable: sa possession par X 100M d'Africains, permet d'apprendre le langage de l'autre peuple avec beaucoup plus de facilité.
Pour la même raison, comme elle n'est pas la langue d'UN peuple, elle ne menace pas les langues existantes.
Aux grands maux, les grands remèdes.


tu sais que qd on y réfléchit, ça semble évident.c'est intéressant de voir le nombre de mots français espagnols italiens ... qui proviennent du latin et du grec que ce soit la racine du mot, le préfixe, le suffixe etc
La cohérence d'une langue africaine commune viendrait bien évidemment de kemet.
_________________
The african holocaust continues...
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Sergio Lafrikain
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MessagePosté le: Mar 18 Jan 2005 18:14    Sujet du message: A Améline Répondre en citant

Salut,

Encore faut-il que ces dits linguistes prennent à bras le corps un tel projet. C'est en réalité un vrai projet éducatif dont tu parles ici, Améline.
Mais, je pense qu'ils doivent s'engluer lourdement dans des problématiques sémantiques et étymologiques plutôt que fédérateurs et visionnaires.
_________________
Si tu ne sais pas où tu vas, tâche au moins de te souvenir d'où tu viens !
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ARDIN
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MessagePosté le: Mar 18 Jan 2005 19:52    Sujet du message: Re: Répondre en citant

Salut tout le monde!
Merci pour l’interet que vous avez tous porte sur la question



Yom a ecrit:
Citation:

Pourquoi parler au passé?
Le paradoxe est que c'est surtout depuis l'indépendance que le processus s'est enclenché. Le français ou l'anglais n'étaient parlés que d'une infime minorité en 1960, qui était encore bilingue de toute façon. Ce n'est qu'aujourd'hui qu'on rencontre des monolingues en français et uniquement dans certaines grandes villes (comme Abidjan ou Yaoundé) et dans la diaspora bien sûr (mais là c'est un prénomène presque universel, on conserve rarement sa langue en émigrant). Et dans plein de pays, le français ou l'anglais n'est encore que de peu d'utilité.


La semence date de la periode ou l’activite coloniale s’est enclenchee, il y avait l’ecole coloniale, et l’enseignement n’etait pas dispense dans les langues locales.
C’est a partir de 1960 que l’usage des langues etrangeres a fleuri, et le fait qu’il y ait une infime minorite en 1960 qui parlait le francais ou l’anglais etait largement suffisant pour releguer en arriere les langues locales.
Le paradoxe, c’est que ce sont les memes qui ont combattu l’autorite coloniale, milite pour l’independance, qui ont contribue au deperissement des langues locales a long terme. S’il y avait eu rupture radicale avec le systeme colonial, les choses en seraient elles autrement(?)
Il y avait d’autres enjeux a cette epoque, et ils n’ont pas evalue le probleme que l’usage du francais ou de l’anglais allait poser a long terme.
Je me rappelle comment nous etions reprimandes, il ya 10-15ans par les oncles, les aines quand nous nous adressions a eux en langue locale; comment on n’etait ridiculise quand on commetait une faute d’orthographe ou de syntaxe.(le « le » a la place du « la » provoquait des fous-rire).
On n’a pas vu le mal venir, il fallait s’identifier au maitre, c’etait ainsi, un grand nuage de confusion planait encore sur le ciel africain.

Yom a ecrit:
Citation:
J'ai cette même impression que cette question des langues soit assez négligé des africains.
De mon point de vue d'européen, c'est assez étonnant tellement la revendication nationale est ici indissociable de la revendication linguistique (voyez les catalans, les québécois, les flamands, etc. et même les français). La langue n'est pas qu'un outil de communication, c'est aussi le support d'une culture.


BMW a ecrit:
Citation:
Tout à fait d'acord, c'est très pertinent et pas mal de gens ne le voient pas.
En Afriq en effet, le problème est que l'identité linguistique ne correspond pas à l'identité nationale, au contraire de ce qui se passe à l'occident. Comme le dit Yom, le lutte contre le "tribalisme" en Afrique empêche de faire ouvertement la promotion des langues africaines à l'interieur d'un pays.
Ce n'est pas un problème sans solution, mais il faut y aller très prudemment.


C’est le meme paradoxe qui perdure, vous pointez du doigt le nœud du probleme.

BMW a ecrit:
Citation:
on s’accorde a reconnaitre que la langue dans un Etat doit remplir 3 fonctions au moins:
1) culture: La langue vehicule l’histoire et les traditions d’un peuple, elle forge en quelque sorte son identite.
2) Communication: la langue doit permettre aux gens de communiquer, de s’informer, de s’instruire
3) Institution: la langue doit beneficier de mechanismes qui assurent sa perenite(officialisation), sa promotion(subventions),son utilisation(dictionnaires, livres de grammaire, litterature, …) sa vulgarisation(presence dans les medias de communication, internet, TV, journaux, etc..), et surtout son orthodoxie(Academie de la Langue)


Au vu de la complexite du sujet, je propose qu’on se limite pour un premier temps a la fonction culturelle de la langue.
Nos langues locales remplissent elles cette fonction? (1)
A l’heure actuelle, je dirai que cette fonction est remplie dans les villages et dans une moindre mesure dans les villes du fait de la cohabitation avec les langues dites officielles et ou le refoulement et le deperissement restent encore perceptibles.
Il nous faut user des memes methodes a l’egard des langues etrangeres pour reussir a revaloriser les langues locales a travers l’usage plus frequente des langues dans les foyers familiaux, cercles culturels, etc... Je me rappelle qu’il y avait dans les annees 80-90 un JT en Kikongo a Congo-Brazzaville, ceci peut etre etendu aux emissions pour enfants ou aux jeux de societe.
Une fois qu’on aura rendu aux langues locales la plenitude de leur fonction culturelle, on pourra a ce moment passer aux autres.

Yom a ecrit:
Citation:
Evidemment le point de vue afrocentriste est probablement différent puisqu'il s'agit d'insister sur l'unité culturelle qu'aucune langue n'est aujourd'hui capable d'exprimer


L’unite culturelle ne se reflete pas a travers l’expression d’une langue, mais plutot par d’autres attributs comme dans ceux qu’on trouve dans un berceau primitif comme le matriarcat.
Le peche de l’afrocentricite, a mon avis, est de trop insister sur la linguistique, ce qui n’est pas sans interet, mais on ne peut pas faire une omelette sans casser les œufs! Il faut plus mettre en avant l’idee de la revalorisation et de la promotion des langues locales

Salut Mak!

Makaveli a ecrit:
Citation:
Pour moi, les grandes langues régionales africaines doivent poursuivre leur extension et nous avons dèjà des exemples plus ou moins réussis.
Le kiswahili est compris par tout le monde au Kenya car langue officielle (avec l'anglais)mais il est loin d'être la langue maternelle pour une bonne partie de la population. D'après ce qu'on m'y a dit, il est bien mieux parlé que l'anglais par les populations qui ont connue des périodes scolaires écourtées. Il est aisé de comprendre que le kiswahili est plus facile d'accès à un kenyan lambda que l'anglais, même si ce n'est pas sa langue maternelle car il existe une parenté linguistique entre les langues de la sous-région et le swahili.


Elle est parlee en partie au Congo Democratique, en Zambie, Zimbabwe, Afrique du Sud, Kenya, Zanzibar, Mozambique, Namibie, Angola, en Ouganda, au Rwanda, au Burundi; elle est certainement a l’heure actuelle, la langue la plus etendue en afrique centrale et du sud, elle a donc un grand potentiel pour devenir une langue officielle regionale
c’est une langue bantoue et les peuples d’afrique centrale et du sud sont en majorite bantous, elle a une parente linguistique avec les autres langues de la sous-region, ces predispositions peuvent ainsi contribuer a depasser les clivages ethniques et tribaux.
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améline
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MessagePosté le: Ven 11 Fév 2005 20:01    Sujet du message: langues en péril Répondre en citant

Langues et savoirs ancestraux menacés de par le monde
Presse Canadienne | Le 9 février 2005 - 06:17

Des centaines de langues risquent de disparaître dans le monde dans les prochaines décennies et avec elles des siècles de culture et de traditions. La situation est particulièrement inquiétante au Mozambique, l'un des pays les plus pauvres de la planète, qui compte 23 idiomes dont beaucoup sont menacés.

"Les fils ne parlent plus la langue de leur père, (...) notre culture se meurt", déplore Paulo Chihale, directeur d'un programme qui cherche à former les jeunes Mozambicains aux métiers traditionnels. Le Mozambique n'a qu'une langue officielle, le portugais, un vestige d'une colonisation qui, tout en unifiant linguistiquement le pays, nuit également à la perpétuation des traditions locales.

"Notre culture a une riche tradition orale, une histoire orale, des récits transmis d'une génération à l'autre. Mais c'est un savoir que nos enfants n'entendront jamais", ajoute M. Chihale, qui, à la maison, parle le dialecte chopi. Les Nations unies estiment que la moitié des 6 000 langues recensées dans le monde disparaîtront avant un siècle. Pas moins de 96% des dialectes de la planète sont parlés par seulement 4% de la population mondiale. La situation est particulièrement inquiétante en Afrique, qui regroupe 32% des langues menacées et où l'on estime que 234 idiomes ont déjà disparu et que 200 autres comptent moins de 500 locuteurs.

Les experts estiment que la moitié de l'humanité utilise aujourd'hui dans sa vie quotidienne l'une des huit langues les plus répandues: le chinois (mandarin), l'anglais, l'hindi, l'espagnol, le russe, l'arabe, le portugais et le français. Un récent rapport de la Conférence de l'ONU sur le commerce et le développement (Cnuced) souligne qu'avec la mort d'une langue ce sont des siècles de savoir-faire en matière de préservation des écosystèmes qui disparaît.

Le phénomène pourrait avoir des répercussions jusque sur la médecine. L'industrie pharmaceutique a en effet produit de nombreux médicaments grâce aux savoirs traditionnels, utilisant des plantes ou des écorces d'arbre employées depuis des siècles par des guérisseurs. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que 25% des médicaments modernes sont fabriqués à partir de végétaux qui ont d'abord été utilisés par les médecines traditionnelles.

Les anthropologues avancent également la théorie que des habitants des îles indiennes d'Andaman et de Nicobar ont survécu au tsunami du 26 décembre grâce à d'anciennes connaissances sur la nature transmises par leurs ancêtres. Beaucoup ont raconté avoir fui vers l'intérieur des terres après avoir noté des signes dans le vent, la mer et le vol des oiseaux indiquant que la catastrophe était imminente.

L'érosion des langues et cultures locales est liée à la mondialisation, souligne Rafael Shambela. Ce linguiste mozambicain participe à un programme public de rédaction des manuels scolaires qui doit permettre aux élèves d'étudier dans 16 des 23 langues du pays. Mais les ambitions du projet sont limitées par le manque de moyens. "Une langue c'est une culture", souligne M. Shambela. "Elle contient l'histoire d'un peuple et toute la connaissance transmise depuis des générations."

Les exemples fournis par d'autres pays augurent mal des chances du Mozambique, ancienne colonie portugaise indépendante depuis 1975, de préserver sa richesse linguistique. L'Inde a ainsi 25 langues officielles et l'Afrique du Sud 11, mais malgré les efforts des autorités locales pour les protéger, on observe une rapide homogénéisation linguistique dans ces pays, souligne Meenal Shrivastava, un expert de l'université du Witswatersrand à Johannesburg.
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MessagePosté le: Jeu 24 Fév 2005 17:06    Sujet du message: Répondre en citant

Formidable sujet ARDIN !

Je n'avais pas remarqué ce sujet qui est, pourtant, remarquable. Effectivement, les langues étrangères furent un véritable génocide culturel, en Afrique, surtout chez les Francophones. Quand vous voulez retrouver quelque chose de vrai et de concrêt, en Afrique, il faut aller dans les pays anglophones, car chez les Francophones, tout est presque détruit. Chez les Francophones, tout ce qui n'ést pas français n'était pas bon pour les Nègres qui devaient être "civilisés" comme des "Êtres Inférieurs". Donc, qui a inventé la supériorité raciale ? La France ou Hitler?

Citation:
Nous continuons a penser a travers nos exploiteurs-pilleurs, nous continuons a nous exprimer a travers leur langue

Comment faire ? Il faut unir l'Afrique d'abord. Tout ce que nous ferons, sans unir l'Afrique, restera lettre morte. Ensuite, le bilan de la colonisation nous a fait découvrir que la culture africaine a subi de graves destructions et qu'il faut s'atteler à sa reconstruction. Dès lors, la question des langues africaines s'imposent. L'indépendance est à aussi ce prix ! Vous savez pourquoi les Chinois domineront ce monde ? Parce qu'ils n'ont jamais voulu ressembler à personne, ni aux Chrétiens Occidenataux, ni aux Musulmans arabes. Voici les deux prédateurs de la culture africaine. Les Musulmans africains ont des prénoms arabes, et les Chrétiens, des prénoms occidentaux. Les langues africaines possèdent les mêmes qualités que les langues du prédateur, qu'il soit arabe ou européen, autrement dit le vocabulaire principal, pour exprimer les nombreux concepts utilisés dans toutes les activités professionnelles, intellectuelles ou autres. Chacune de nos langues africaines, notamment (1)le Swahili, le Mandingue, le peul, le Haoussa, le Lingala...

chacune de ces langues dispose déjà d'un corps très étendu de mots en usage dans les métiers traditionnels et dans la vie courante, dont le domaine s'étend depuis les objets les plus concrêts, jusqu'aux notions les plus abstraites et les plus sophistiquées. Ce stock de mots est parfaitement adaptable aux concepts modernes. En voici la preuve : dans son livre " Nations nègres et culture ", le professeur Cheikh Anta DIOP, la plus haute sommité scientifique africaine du XXème siècle, a traduit en Wolof, et l'on pourrait, bien-sûr, tout autant dans chacune des autres langues africaines (l'essentiel du vocabulaire, des mathématiques et de la chimie). Ensuite, il a transcrit fidèlement un texte du physicien Paul Langevin sur le principe de la relativité qui avait été mis au jour par le célèbre physicien Albert Einstein au début du siècle.

Poursuivant sa démonstration, Cheikh Anta DIOP, persona no grata sous le régime néo-colonial de Senghor à cause de la France, passe au domaine littéraire en traduisant successivement un extrait d'une pièce, du dramaturge français Pierre Corneille, intitulée Horace, et un couplet de la Marseillaise, l'hymne national français. Le savant Cheikh Anta DIOP a voulu ainsi démontrer que tout ce qui se dit et s'écrit dans les langues Arabo-européennes peut se dire et s'écrire dans les langues africaines. Il faut savoir qu'en plus une langue, quelle qu'elle soit, possède la capacité de créer d'innombrables nouveaux mots, si cela est nécessaire, à partir de ses éléments internes que sont, par exemple, les radicaux, les préfixes et les suffixes. Les langues africaines disposent de ces éléments en abondance. Le développement d'une langue est affaire de circonstance, d'opportunité, de volontarisme et, surtout, d'une formidable conscience collective. Les langues africaines sont prêtes à répondre à toutes les demandes. Il suffit que soit prise une décision politique d'installer ces langues dans de nouvelles fonctions. Ce travail peut être confié à un groupe constitué par exemple : de linguistes; de représentants des différents corps de métiers, modernes ou traditionnels; d'enseignants; d'artistes; d'intellectuels de toutes les disciplines et d'hommes politiques.

1. Je pense que le Sawahili est en pole position, car plus riche et plus facile à apprendre. Et puis encore cette formidable langue est déjà parlée en Tanzanie, au Kénya, aux Comores...
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MessagePosté le: Jeu 10 Mar 2005 11:56    Sujet du message: Répondre en citant

Oui, un sujet qui mérite réflexion.
Unir l'Afrique, oui, mais la langue n'est-elle pas un obstacle à cette union?
Je m'explique: loin d'unir les africains, elle les divise en zones francophones/anglophones, etc...
En regardant de près ces appellations homogènes, on remarque qu'une frange minime de lapopulation comprend ces langues (de l'ordre de 10 à 20%).
Le plus grave est que les constitutions de ces pays, articles de lois, etc... sont rédigés en langues européennes uniquement.

Comment faire d'une main la promotion de la "démomcratie" (pouvoir pour et par le peuple), quand le peuple est marginalisé de l'autre, par les politiques linguistiques inadéquates?

Sur l'auto-détermination:

->Comment ne pas risquer de créer des francophiles en créant des francophones?
Citation:
La semence date de la periode ou l’activite coloniale s’est enclenchee, il y avait l’ecole coloniale, et l’enseignement n’etait pas dispense dans les langues locales.
Exactement. Cela a créé un schéma:
langue africaine=passé; langue européenne=modernité.
Ce fantasme est accentué aujourd'hui par le fait d'une:
-> part des configuration géopolitiques: états composés de diverses langues, où on préfère favoriser le français pour ne "léser personne" ou pour léser tout le monde
->l'absence de politiques linguistiques efficaces (traduction d'ouvrages, de cours, de contenu web/multimedia en langues nationales, quasi-absence de cinéma en langues africaines etc...).

C'est là qu'il faut changer les choses, chacun à son niveau:
->production d'écrits dans sa langue maternelle (poèmes, mémoires, romans, BD, pages web, etc...)
->traduction d'ouvrages, articles, manuels etc... dans ces langues.
Par exemple, traduire les articles d'Africamaat dans nos langues maternelles peut représenter un début; créer des sites web dans ces langues (au moins partiellement) peut permettre d'intéresser et faire participer d'autres locuteurs de nos langues respectives.

Les langues doivent se vivre, donc s'intégrer dans notre vie de tous les jours, pour que nous ayons conscience de l'importance qui leur revient.
Il faut donc commencer par les parler entre nous, et éviter de parler en français, anglais, ou autres langues indésirables avec nos proches au "pays".

Vous verrez vous-même l'effet "gifle" que ça fait à un aîné resté au "pays" de voir un jeune vivant en europe parler sa langue mieux que lui. C'est plus efficace que tous les discours du monde.

En plus de cela, ça permet de ramener à la surface le pb des configurations géopolitiques et rappeler qu'aucun africain n'a été consulté pour en faire ce qu'elles sont à ce jour.
Je pense que ce pb de frontières est non seulement lié à celui des langues, mais que la promotion des langues maternelles peut permettre de remettre les choses dans l'ordre en douceur.

En tout cas, merci pour cette problématique, Ardin, et j'attends de tes nouvelles (ta participation) avec impatience (même avec impatiences) ainsi que tous ceux qui ont bien voulu y participer.

Motondo kibeni mpangi.
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MessagePosté le: Sam 02 Avr 2005 11:35    Sujet du message: Répondre en citant

Muana kongo a ecrit:

Citation:
Unir l'Afrique, oui, mais la langue n'est-elle pas un obstacle à cette union?
Je m'explique: loin d'unir les africains, elle les divise en zones francophones/anglophones, etc...
En regardant de près ces appellations homogènes, on remarque qu'une frange minime de lapopulation comprend ces langues (de l'ordre de 10 à 20%).
Le plus grave est que les constitutions de ces pays, articles de lois, etc... sont rédigés en langues européennes uniquement.


Je ne pense pas que la langue soit un facteur de division, je veux dire qu’elle ne represente pas un facteur de division, mais plutot d’egarement, je m’explique: a travers la francophonie, on me fait croire a moi Congolais que je suis plus proche d’un francais que de mon voisin angolais qui est lusophone, ce qui m’amenera a aimer tout ce qui est francais(la langue, la culture, etc….) et rejeter tout ce qui est angolais alors que j’ai tout en commun avec lui. En consequence, j’aurai plus tendance a traiter avec le francais qu’avec mon frere d’angola. Ce qui fait donc obstacle a l’Unite africaine n’est pas la langue mais plutot la francophonie, le commonwealth, etc…
Et puis, la langue n’a pas ete un facteur determinant dans la construction de l’Union Europeenne par exemple; aujourd’hui, entre les francais, les espagnols, les italiens, et allemands, anglais, danois, etc… Elle s’est realisee sur une base economique et non linguistique.

Citation:
Comment faire d'une main la promotion de la "démomcratie" (pouvoir pour et par le peuple), quand le peuple est marginalisé de l'autre, par les politiques linguistiques inadéquates?


L'imperialisme culturel est le resultat d'un rapport de force qui joue en faveur d'une langue dominante, laquelle controle a la fois le nombre des locuteurs et le pouvoir economique qui genere les produits culturels. La domination culturelle s'etend de l'ecole jusqu'aux produits vehicules par les moyens technologiques tels le cinema, la radio, la television et l'informatique.
Les populations locales qui ne disposent meme pas de l'ecole pour promouvoir leur langue n'ont pratiquement aucune chance de perpetuer l’usage de celle-ci a partir du moment ou les enfants entament le cycle scolaire.
Meme dans un espace non democratique, il est possible de produire culturellement: la musique, la poesie, le theatre , livres, journaux, bandes dessines, etc… en langues locales, en tenant compte du fait qu’elles sont communes a plusieurs peuples.
Les considerations geopolitiques risqueront de rendre les choses impossibles, c’est pourquoi, je pense qu’on devrait se baser sur notre unite culturelle pour combattre l’imperialisme culturel pour resoudre les problemes de langues. Toutefois, contrairement a ce que l'on pourrait croire, le processus de la mort d'une langue n'est pas necessairement irreversible. Elle n'est pas un organisme biologique qui nait, vit plus ou moins longtemps et meurt. C'est une realite sociale qui peut faire fi des determinismes biologiques et non des considerations geopolitiques.

Citation:

Sur l'auto-détermination:

->Comment ne pas risquer de créer des francophiles en créant des francophones?


Et si on commencait par comprendre ce que c’est que la francophonie, et ses mecanismes d’anihilation et d’alienation pour la rendre caduque dans nos esprits? (cf l'exemple que j'ai donne plus haut)

Citation:
Citation:
La semence date de la periode ou l’activite coloniale s’est enclenchee, il y avait l’ecole coloniale, et l’enseignement n’etait pas dispense dans les langues locales


Exactement. Cela a créé un schéma:
langue africaine=passé; langue européenne=modernité.
Ce fantasme est accentué aujourd'hui par le fait d'une:
-> part des configuration géopolitiques: états composés de diverses langues, où on préfère favoriser le français pour ne "léser personne" ou pour léser tout le monde
->l'absence de politiques linguistiques efficaces (traduction d'ouvrages, de cours, de contenu web/multimedia en langues nationales, quasi-absence de cinéma en langues africaines etc...).

C'est là qu'il faut changer les choses, chacun à son niveau:
->production d'écrits dans sa langue maternelle (poèmes, mémoires, romans, BD, pages web, etc...)
->traduction d'ouvrages, articles, manuels etc... dans ces langues.
Par exemple, traduire les articles d'Africamaat dans nos langues maternelles peut représenter un début; créer des sites web dans ces langues (au moins partiellement) peut permettre d'intéresser et faire participer d'autres locuteurs de nos langues respectives.

Les langues doivent se vivre, donc s'intégrer dans notre vie de tous les jours, pour que nous ayons conscience de l'importance qui leur revient.
Il faut donc commencer par les parler entre nous, et éviter de parler en français, anglais, ou autres langues indésirables avec nos proches au "pays".

Vous verrez vous-même l'effet "gifle" que ça fait à un aîné resté au "pays" de voir un jeune vivant en europe parler sa langue mieux que lui. C'est plus efficace que tous les discours du monde.


Est ce suffisant? L'histoire nous montre que seuls les peuples qui disposent d'un poids culturel fonde sur des institutions stables, un reseau d'écoles et des traditions ecrites, reussissent a survivre, meme apres avoir ete conquis par les armes.
Le defi, pour nos langues, consiste a la fois a se defendre contre l'impérialisme des langues etrangeres et a exceller sur leur propre terrain, meme si elles ne disposent ni du nombre ni des memes ressources economiques et technologiques, les paysans qu'on pourrait alphabetiser en swahili ne trouveront a peu pres rien a lire dans les villages, ni chez les marchands de journaux ni dans les bibliotheques; si le swahili, par exemple, comme langue ecrite ne genere pas de produits culturels, il serait tres difficile d’esperer qu’il suscite un interet quelconque pour sa promotion.


Citation:

En plus de cela, ça permet de ramener à la surface le pb des configurations géopolitiques et rappeler qu'aucun africain n'a été consulté pour en faire ce qu'elles sont à ce jour.
Je pense que ce pb de frontières est non seulement lié à celui des langues, mais que la promotion des langues maternelles peut permettre de remettre les choses dans l'ordre en douceur.


La je ne te suis pas du tout! Peux tu expliciter?
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Muana Kongo
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MessagePosté le: Sam 09 Avr 2005 09:45    Sujet du message: Répondre en citant

Salut,
Citation:
a travers la francophonie, on me fait croire a moi Congolais que je suis plus proche d’un francais que de mon voisin angolais qui est lusophone, ce qui m’amenera a aimer tout ce qui est francais(la langue, la culture, etc….) et rejeter tout ce qui est angolais alors que j’ai tout en commun avec lui. En consequence, j’aurai plus tendance a traiter avec le francais qu’avec mon frere d’angola.
C'est bien ce que j'entends par division, parce que cela induit des relations économiques privilégiées avec ce qui devient le "centre" (la france ou autre pays), et des relations conflictuelles ou des tensions entre africains.
De plus, au sein d'un même peuple, il y a disparition du sentiment de cohésion. Tu connais les clichés des clivages "congolais-zaïrois" ou "zaïrois-angolais" par exemple...
C'est cette dissolution du tissus social que j'appelle division. Il me semble qu'il y a biensûr à la base de cette division un facteur d'égarement, reste que la conséquence est même plus profonde qu'une simple division, c'est une véritable incapacité à s'unir.
Si on regarde plus large, il suffit de voir combien d'africains demandent s'il y a une unité culturelle africaine, si les antillais, haïtiens, brésiliens etc. ont des liens avec l'Afrique etc...
Il y a bien deux choses:
-l'égarement/confusion dans les raisonnements et les repères
-la division dans les faits induits par ces repères erronés
-l'incapacité de s'y soustraire, toute motivation étant conditionnée par ces systèmes idéologico-culturels

Citation:
Ce qui fait donc obstacle a l’Unite africaine n’est pas la langue mais plutot la francophonie, le commonwealth, etc…
C'est sûr, c'est l'ensemble du système qui pose problème, cependant, le principal vecteur du poison c'est la langue, car elle est véhicule de "valeurs", de "cultures" etc. etc. C'est aussi une source de troubles psychologiques plus ou moins visibles mais souvent très profonds: elle importe dans la conscience le mode de raisonnement et de pensée qui lui est lié (regarde les kelman et ses clones sur le net ou dans la rue par exemple...)
Citation:
Et puis, la langue n’a pas ete un facteur determinant dans la construction de l’Union Europeenne par exemple; aujourd’hui, entre les francais, les espagnols, les italiens, et allemands, anglais, danois, etc… Elle s’est realisee sur une base economique et non linguistique.
C'est sûr, mais ce que je veux dire ce n'est pas que nous devons parler une langue commune pour nous unir. L'exemple de l'UE me permettra de clarifier ma pensée à ce sujet:
Les européens se sont unis et s'unissent sur la base d'un intérêt commun. C'est à dire sur la base des apports de cette union à leur état dans la mesure où elle respecte voire renforce leur souveraineté.
Comme tu le remarques, la plupart de ces pays parle et emploie sa propre langue, qui est un élément crucial de la souveraineté.

Dans le cas africain, nos "pays" sacrifient leur souveraineté à travers:
leur langue
leurs stratégies économiques/politiques
leurs politiques sociales
etc.
C'est une politique où finalement la gestion de l'état, de la société, de la culture, de l'économie, des finances; tout est laissé à l'étranger.
En ce sens, rien d'étonnant qu'une multinationale française trouve plus ses repères en RDC ou au Congo que les travailleurs des éleveurs aux ingénieurs locaux.
La langue est en cela le reflet même de cette soumission.
Citation:
Est ce suffisant? L'histoire nous montre que seuls les peuples qui disposent d'un poids culturel fonde sur des institutions stables, un reseau d'écoles et des traditions ecrites, reussissent a survivre, meme apres avoir ete conquis par les armes.
Le defi, pour nos langues, consiste a la fois a se defendre contre l'impérialisme des langues etrangeres et a exceller sur leur propre terrain, meme si elles ne disposent ni du nombre ni des memes ressources economiques et technologiques, les paysans qu'on pourrait alphabetiser en swahili ne trouveront a peu pres rien a lire dans les villages, ni chez les marchands de journaux ni dans les bibliotheques; si le swahili, par exemple, comme langue ecrite ne genere pas de produits culturels, il serait tres difficile d’esperer qu’il suscite un interet quelconque pour sa promotion.

Effectivement. Cependant, constatons que non seulement les politiques déployées ont eu cet effet, mais aussi les pratiques sociales.
Les gens ont pris l'habitude de n'écrire que les langues étrangères, d'autres langues ne peuvent être écrites avec un alphabet comme l'alphabet latin, mais c'est une autre question.
Par pratiques sociales j'entends les habitudes courantes:
parler en français, écrire en français etc. tout cela a déplacé le marché potentiel des divers imprimeurs, auteurs, etc. vers le public francophone et autres.
Si biensûr je n'essaie pas d'affirmer qu'il suffit que chacun se remette (ou continue) à parler sa langue avec les siens au pays, je dis en revanche que c'est un effort minimum qu'il nous faut faire, dont les répercussions peuvent être importantes.
Je n'imagine pas une seconde qu'un état puisse continuer d'avoir une constitution en français ni que les médias continuent d'être en français si dans les faits l'ensemble de la population produit des écrits en langues nationales, communique exclusivement en langues nationales etc.

Bien entendu, cela implique des politiques d'alphabétisations en langues nationales, et que les alphabétisés aient de quoi lire dans leur langue, mais rien n'empêche un paysan alphabétisé dans sa langue de produire des écrits dans sa langue.
Tous ces gens ont une partie de notre mémoire collective, c'est déjà bcp et précieux, ces écrits, si l'on formait des coopératives qui par exemple faciliteraient leur circulation, pourraient dans un premier temps dynamiser la production littéraire africaine.
C'est en ce sens que je trouve que le premier pas est important, bien qu'il ne soit pas toute la distance. Mais si on ne fait pas ce pas, on reste sur place...

Citation:
La je ne te suis pas du tout! Peux tu expliciter?

Je voulais en venir au point que tu soulèves ici:
Citation:
Meme dans un espace non democratique, il est possible de produire culturellement: la musique, la poesie, le theatre , livres, journaux, bandes dessines, etc… en langues locales, en tenant compte du fait qu’elles sont communes a plusieurs peuples.
Les considerations geopolitiques risqueront de rendre les choses impossibles,

La langue a aussi des enjeux géo-stratégiques, d'où la nécessité de stigmatiser les pratiques linguistiques endogènes lors des campagnes de soumission.

Ce n'est pas pour rien qu'ont été inventés la francophonie, le commonwealth etc.LA langue est un aspect du déni de souveraineté populaire, puisque AUCUN peuple ne peut s'exprimer dans l'espace politique censé être "national" en tant que peuple.

Qui plus est il lui est laissé le choix de changer de mode d'expression s'adapter à celui-ci au prix de sa souveraineté et de son intégrité, donc évidemment de son bien-être et de ses droits etc.
Donc, pour appartenir à "l'espace national", il faut se renier en tant que peuple. L'émergence de politiques linguistiques adéquates implique na revendication du droit qui va avec, dont la configuration géopolitique reste la principale menace.

La langue a donc bien une portée politique et reste l'un des vecteurs de stabilité des frontières et d'instabilités sociales-politiques-économiques.

La finalité du maintien de l'intégrité des "frontières" est le bien des "investisseurs" ou mafia transnationales, il s'oppose à celui du peuple, et implique nécessairement un moyen de confusion (donc de mise à l'écart) du peuple, qui est la langue.

C'est en ce sens que je disais que la promotion des langues maternelles peut permettre de remettre les choses dans l'ordre en douceur., en ce sens que cela fera déjà disparaitre les clivages sociaux artificels matérialisés par ces frontières (ex. "Congo-Zaïre-Angola-Gabon-Cameroun etc."). Dans le même temps, cela fera renaitre un sentiment de cohésion populaire et permettra la formulation cohérente de revendications politiques/sociales, dont la souveraineté populaire est seule garante; et celle-ci ne pourra réellement émerger que lorsque les configurations géopolitiques seront devenues cohérentes (remodifiées au gré des intérêts africains).
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Doco
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MessagePosté le: Ven 15 Avr 2005 18:32    Sujet du message: Répondre en citant

Salut a tous !

Tres bon sujet Ardin... y'a tellement a dire. Je commencerai pas le fait que tout porte a croire que notre situation s'est empiree depuis les independances. Loin de moi l'idee de faire l'apologie du colonialisme. Simplement la progressions des religions "coloniales" et celle des langues coloniales a elles-seules dans l'espace traditionnel Africain a augmente depuis que nous sommes independants car au meme moment les semences comme dirait Ardin ont ete plantees pour nous tenir, dominer, mener, le temps de quelques generations supplementaires... C'est d'autant plus dangereux que nous avons l'illusion d'une liberte. Nous avons recule en 40ans, d'un point de vue de la conscience.

Pour en revenir au sujet, on ne peut aujourd'hui comme ca a ete dit se separer brutalement de ces langues. Comme dans tous les domaines l'Africain se doit rigoureux. Le jeune Africain pour quelques generations a venir se doit plus rigoureux que n'importe quel jeune sur cette planete, plus exigent que n'importe lequel, plus travailleur que n'importe lequel parce que nous sommes partis il y a 40ans deja, d'un mauvais pied. Ainsi nous devrons ds les ecoles enseigner 3 langues. Pourquoi trois ? Parce que dans la plupart des pays Africains il y a environ deux langues majoritaires. Ces deux langues se doivent d'etre enseignee et la 3 eme langue se doit d'etre une langue occidentale. Cela ne me semble pas etre trop complique car a dire vrai, vu les taux d'alphabetisation de nos pays, vu le Francais (en ce qui concerne les pays francophones) des jeunes, on se rend bien compte que ces langues meme si egemoniques ne sont pas assimilees completement. Bien sur nous produisons des intellectuels, des poetes, des litteraires etc. Mais ces langues sont egemoniques dans le sens ou comme ca a ete ecrit elles divisent la nation et alimentent les complexes. Elles divisent aussi le continent. Pour finir avec l'ecole, deja elle serait plus abordable a tous, cela calmerait certaines reticences et je ne doute pas du gain en facilite pour les etudiants d'etudiant dans leur langue. Imaginez donc les petits Francais etudier en anglais et avoir pour langue officielle l'Anglais...

Le probleme du tribalisme est reel et c'est pour ca qu'il faut aller doucement. Une phase prealable est celle de la conscientisation : conscientisation des masses et des politiques car a dire vrai sans volonte politique cela sera infesable. Mais ce tribalisme est une fausse excuse pour refuser de commencer la demarche car a vrai dire ce tribalisme n'empeche pas chaque Beninois de parler environ 3 langues du pays... Bien sur il y un clivage entre le Nord et le sud. Mais des pays comme la Belgique, la Suisse aussi parlent plusieurs langues. Et pourtant !

La question se pose toujours des langues les moins parlees. Seront-elles amenees a disparaitre ? Je ne pense pas car il nous appartient d'eduquer en dehors de l'ecole. D'enseigner en utilisant les moyens d'information a notre disposition. Il y a aussi les autres langues Africaines qu'il serait interessant d'enseigner.

Mais cela doit se faire bien sur, en attendant une langue parlee sinon par tous les Africains, au moins par des communautes plus large que celles composant un etat-nation comme le Benin ou le Togo... La c'est le travail des linguistes. Il est long mais doit se faire en parallele tout comme un travail pour rehabiliter les religions doit se faire, un travail pour rehabiliter et actualiser nos institutions traditionnelles, les systemes initiatiques et autres. Cela dit ca a commence notamment dans des pays anglophones ou l'on passe des diplome en langue traditionnelle comme au Zimbabwe avec le A'level en shona... etc. Puis nos intellos y travaillent...
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Doco
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MessagePosté le: Ven 15 Avr 2005 18:50    Sujet du message: Répondre en citant

J'ai modifie mon message precedent...

Un complement en second message. Ce n'est pas que nous ne nous inquietons pas de la situation. C'est que nous n'en avons pas conscience. Il y a d'une le probleme de la classe politique souvent incompetente et inconsciente. Il y a aussi le fait que ces problemes qui pourtant sont la base de la construction d'une societe, bref du developpement passent a la trappe parce que simplement l'ecole a falli. Mais pourquoi l'ecole a failli. C'est un autre debat cependant, nous sommes aujourd'hui trop occupes a etre les "ouvriers" du monde, a courir apres la production, et a repondre a des besoin primaires comme se nourrir. Il n'est donc pas au premier rang des preoccupations gouvernementales de commencer par le debut. Il faut manger. Nous sommes dans un cercle infernal parce que nous courrons apres un developpement qui n'est pas le notre, un place sur la planete que personne ne veut nous voir obtenir... et comble du tout nous avons faim !
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Makaveli
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MessagePosté le: Dim 17 Avr 2005 04:34    Sujet du message: Répondre en citant

Salut

Mon sentiment : c'est tout simplement une honte que des langues européennes soient officielles en Afrique.
Ca veut dire merci aux anciens "colonisateurs" (envahisseurs). Qu'on apprenne le français au Togo ou au Bénin à l'école, super. Que ce soit la langue d'apprentissage, c'est une sinistre plaisanterie, et un échec cuisant : car pour enseigner en français il faut d'abord soit même le maitriser parfaitement. Pour continuer sur le Togo, il est évident que la majorité de la population ne maitrise pas correctement la langue officielle...Qui va arrêter le carnage? Voilà pour le constat évident qui reprend ce qui a dèjà été dit d'ailleurs.

Qu'en est-il du "probleme" principal de nos pays, à savoir d'avoir des populations qui parlent des langues différentes? Comment sera accueilli le fait d'en choisir une?
Et bien ce problème des différentes langues parlées par différentes populations peut être contourné facilement je pense. Il "suffit" de présenter les avantages pour tout le monde que cela apporte d'avoir comme langue officielle une langue africaine proche de sa langue maternelle. Il suffit de présenter le projet comme une évolution. Qui douterait que l'apprentissage en Ewé sera plus facile pour un natif Fon que celui en français? Il conviendra de présenter le projet à un niveau autre que celui du "favoritisme", il s'agira de choisir la langue qui demandera le moins d'efforts à la population. Dans l'exemple de l'éwé, il ne s'agira pas de présenter le projet comme :"l'éwé prend la place des autres langues au togo" mais plutot l'éwé qui entre dans un grand programme de réforme de l'éducation au Togo...
Bref, mettre le débat à un autre niveau...
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Sergio Lafrikain
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MessagePosté le: Mar 26 Juil 2005 17:54    Sujet du message: Répondre en citant

Salut,

Face à l’indigence intellectuelle de certains posts et à la montée de l’intolérance et des injures sur ce forum, il serait utile de faire ressortir des sujets comme celui-ci. C’est la qualité du forum qu’il faut défendre, et ce dès à présent, au quel cas on doit s'attendre à une « fuite des cerveaux » ou à leur mise en veilleuse.

Ce sujet peut être classé parmi les topics d’anthologie tant par la profondeur et l’urgence de la problématique soulevée, que par la qualité des posts des intervenants et l’évolution de la discussion.

Le secret pour initier un bon post ne repose pas sur l’émotion du moment, il ne repose pas non plus sur l’info balancée tous azimuts et sans analyse préalable. Il repose sur une vraie problématique difficile à résoudre et qui suppose réflexion et action. Dois-je rappeler que l’Africain est le premier être pensant sur cette terre ? C’est le premier être pensant au sens philosophique du terme. Mais, je vois que nous avons perdu au fil des siècles de domination et d’aliénation toute capacité de penser sérieusement, de réfléchir aux problèmes fondamentaux et aux solutions pratiques. Cela se traduit, ces derniers temps, par des topics d’une pauvreté épistémologique, dont ne peut rien tirer en matière de connaissance théorique ni de connaissance pour l’action pratique.

Arrow Rappel de la problématique :

La thématique concerne l’aliénation et la domination culturelle mais vu sous l’angle de l’introduction des langues étrangères. De plus l’initiateur du topic est allé plus loin en ajoutant un élément important : la question du génocide. En général, un génocide signifie le meurtre physique d’un peuple entier ou d’une partie. Le génocide se limite dans le temps et dans l’espace. Ici, la situation est différente, l’arme en question est la langue, la langue du colonisateur. Celle que nous utilisons tous les jours. S’il y a génocide, alors il concerne un peuple présent, mais les générations africaines futures. Du coup, nous manions une arme qui nous tue tous les jours, mais nous préparons aussi la mort culturelle de nos générations africaines futures ou à venir. Cela se traduit par une destruction à petit feu des cultures africaines impactées, par une perte d’identité. Conséquence ultime : une forme de mise en esclavage perpétuelle. Autrement dit, nous pensons et agissons à travers le cadre de pensée du colon.

On ne peut pas faire plus précis en matière de problématique. A cela, il faut ajouter l’urgence de l’action.

Arrow Le point d’entrée :

C’est la citation de CAD qui vient résumer à point le début du développement de la problématique et donne le ton de la discussion et l’appréhension du problème.

Citation:
Souvent le colonise ressemble un peu, ou l’ex-colonise lui-meme, a cet esclave du XIXeme siecle qui libere, va jusqu ’au pas de la porte et puis revient a la maison, parce qu’il ne sait plus ou aller. Il ne sait plus ou aller... Depuis le temps qu’il a perdu la liberte, depuis le temps qu’il a apprit des reflexes de subordination, depuis le temps qu’il a apprit a penser a travers son maitre" (...)


Très vite la problématique soulève des problématiques annexes et toutes aussi importantes : la question de la liberté (quel africain peut dire aujourd’hui qu’il est libre, en terme de culture ?), la question de la culture, la question de l’aliénation, la question de la dépendance des nations africaines, la question de la culture hautement importante. Et puis la question de l’épanouissement de l’enfant. Comment peut-on dire que l’on est épanoui si l’on est encore esclave, pire si l’on ne le sait même pas ? Quel projet de vie pour le nuveau-né africain ?


Arrow Le fil de la discussion

1. La langue comme moyen de domination culturelle

La langue, moyen de communication, véhicule la culture du colonisateur. Culture qui a des conséquences destructrices sur les cultures locales. Comment ? Elle facilite aussi l’établissement des institutions dominatrices.

Arrow Conséquence : l'identité linguistique ne correspond pas à l'identité nationale en Afrique.


2. L’essor des langues étrangères au profit des langues locales

La semence date de la periode ou l’activite coloniale s’est enclenchee, il y avait l’ecole coloniale, et l’enseignement n’etait pas dispense dans les langues locales.
Citation:
C’est a partir de 1960 que l’usage des langues etrangeres a fleuri, et le fait qu’il y ait une infime minorite en 1960 qui parlait le francais ou l’anglais etait largement suffisant pour releguer en arriere les langues locales.


Arrow Conséquence : les langues africaines risquent d’être en voie de disparition

3. Les langues étrangères comme obstacles à l’union culturelle africaine ?

J’ai mis un point d’interrogation puisqu’un contre-argument a été apporté à cette thèse. Mais le cap de la problématique est resté le même. Une nuance a été toutefois apportée : plus qu’un facteur de division la langue est un facteur d’égarement, moyen de détourner d’une vision culturelle au profit d’une autre.

Quelques carences et difficultés soulevées :

-Inefficacité des politiques linguistiques ou manque d’implication politique
-Face à la trop grande diversité des langues régionales, comment choisir celle qui sera l’officielle ?
-Peut-on se séparer brutalement de ces langues ? Comment évaluer la phase de transition en terme de temps ?
-Les enjeux géostratégiques et le rôle de la francophonie
….

Quelques solutions abordées :

-Des outils pédagogiques pour perpétuer les langues locales
-Le choix d’une ou quelques principales langues officielles africaines : Swahili, Kiswahili, Peul, mandingue, haoussa…
-La lutte contre le tribalisme pour favoriser le développement des langues africaines
-Redorer la fonction culturelle de la langue
-Pratiquer sa langue : « la vivre au jour le jour »
…..


A tout ceci j'ajouterai une difficulté supplémentaire : les langues étrangères comme vecteur de création des conditions de complexe d'infériorité. En effet, quoi de plus facile que de qualifier quelqu'un d'idiot et de simplet lorsqu'il ne maîtrise pas votre langue. Le préjugé est de déduire qu'il ne comprend rien à rien. La domination devient psyschologique. Les barrières s'installe dès lors dans l'esprit de l'individu qui vit un vrai complexe d'infériorité. C'est un point que je reviendrai développer plus tard.

ps : prière de ne pas s'insulter sur ce topic please. Des critiques constructives, des arguments sont les bien venues.

Sergio Lafrikain
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ARDIN
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MessagePosté le: Mar 26 Juil 2005 20:40    Sujet du message: Répondre en citant

Sergio Lafrikain a ecrit:
Citation:
Salut,

Face à l’indigence intellectuelle de certains posts et à la montée de l’intolérance et des injures sur ce forum, il serait utile de faire ressortir des sujets comme celui-ci. C’est la qualité du forum qu’il faut défendre, et ce dès à présent, au quel cas on doit s'attendre à une « fuite des cerveaux » ou à leur mise en veilleuse.

Ce sujet peut être classé parmi les topics d’anthologie tant par la profondeur et l’urgence de la problématique soulevée, que par la qualité des posts des intervenants et l’évolution de la discussion.

Le secret pour initier un bon post ne repose pas sur l’émotion du moment, il ne repose pas non plus sur l’info balancée tous azimuts et sans analyse préalable. Il repose sur une vraie problématique difficile à résoudre et qui suppose réflexion et action. Dois-je rappeler que l’Africain est le premier être pensant sur cette terre ? C’est le premier être pensant au sens philosophique du terme. Mais, je vois que nous avons perdu au fil des siècles de domination et d’aliénation toute capacité de penser sérieusement, de réfléchir aux problèmes fondamentaux et aux solutions pratiques. Cela se traduit, ces derniers temps, par des topics d’une pauvreté épistémologique, dont ne peut rien tirer en matière de connaissance théorique ni de connaissance pour l’action pratique.


Salut Sergio!
Merci de ramener ce topic a la surface, je vais prendre le temps de te repondre ainsi qu’a ceux qui s’etaient exprimes avant toi. Ca necessite du temps pour la reflexion.
Pour le reste, on ne peut pas obliger les Noirs qui veulent s’integrer en europe de s’interesser aux vrais problematiques de l’Afrique. Essayons plutot de faire en sorte que ceux qui manifestent un vrai interet pour l’Afrique trouvent au moins leur compte ici.

A bientôt!
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GrandKrao
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MessagePosté le: Mar 26 Juil 2005 22:08    Sujet du message: Compliqué! Répondre en citant

BMW a écrit:
Je suis globalement d'accord avec Ardin.
Tout à fait d'acord, c'est très pertinent et pas mal de gens ne le voient pas.
En Afriq en effet, le problème est que l'identité linguistique ne correspond pas à l'identité nationale, au contraire de ce qui se passe à l'occident. Comme le dit Yom, le lutte contre le "tribalisme" en Afrique empêche de faire ouvertement la promotion des langues africaines à l'interieur d'un pays.
Ce n'est pas un problème sans solution, mais il faut y aller très prudemment.


Oui c'est vrai,que l'identité nationale ne correspond pas à l'identité linguistique dans la plupart des pays africains!

Mais il ne faut pas scroire qu'il ya peu de monde qui le voit bien au contraire, seulement comme tu l'as dit la peur des dérives"tribalistes" avec comme conséquence la destabilisation du pays rendent les gens prudents sur ce sujet, beaucoup réfèrent encore un consensus sur la langue importée comme liens de communication nationale!
Ne soyons pas pessimistes, il ya de la reflexion possible sur cela et des actions aussi, notament à travers l'enseignement.


Pour ma part je pour l'enseignement en option "obligatiore"de ces langues à partir du collège(4 ans), pour ce qui du modèle général francophone, et ensuite au lycée(3ans) avec un choix obligatoire d'autres langues afin de ne pas enfermé les enfants dans le seul apprentissage des langues de leurs pères et mères!

L'idée est qu'au fil des génerations, les choix seront dictées par les differents aspects culturelles et le comportement général d'individus de telles groupes "ethniques" envers leurs compatroites, ce qui entre autres pourraient poussé ceux qui veulent promotionner leurs langues ers une meilleurs ententes avec les autres!

Mais bon il ya peut être beaucoup d'utopie la dedans, d'autant qu'il faut déjà mettre sur écrit (élaborer des manuels scolaires) certaines langues, c'est déjà le cas pour quelque unes d'entres elles, en tous cas des possibilité de mises en pratique de leurs enseignements est possible!
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Tchoko
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MessagePosté le: Mer 27 Juil 2005 16:40    Sujet du message: Répondre en citant

Salut à tous,

C'est un sujet effectivement très intéressant, sur lequel j'avais eu à débattre sous d'autres cieux. Sans exactement suivre le fil proposé par Sergio, je ferai d'abord un premier commentaire général, rien que sur ce que le titre "armes de génocide culturel" m'a inspiré.

Joseph Ki-Zerbo, faisait remarquer dans "A quand l'Afrique?", qu'on a toujours qualifié les pays Africains de pays francophones, anglophones ou lusophones et pourtant, souvent, près de 70 à 80% des populations ne parlaient pas ces langues. Au Sénégal par exemple, une grande majorité de la population parle wolof, mais on ne parle néanmoins pas de Sénégal Wolofophone. Ce qui me permet de rejoindre le point de vue de Muana et ARDIN, en parlant de langue comme facteur d'égarement, arme de division, et je suis tout à fait en phase avec eux.
C'est ce qu'on voit avec la francophonie et le commonwealth, qui à mes yeux, sont des cellules contribuant à perpétuer l'oppression culturelle et mentale dont on est victime en Afrique, sans certainement sans rendre compte. J'en veux pour preuve cet extrait du discours de Jacques Chirac, l'appel de Cotonnou de Décembre 95, qui montre que si nous, Africains, n'avons pas encore saisi l'enjeu linguistique dans la construction d'états compétitifs sur le plan international, les Français eux l'ont compris :

Citation:
"L'Histoire a connu, il y a bien longtemps, la révolution agricole, puis plus récemment la révolution industrielle. Elle aborde la troisième révolution, celle de l'information. Nous en connaissons les effets : les liens sociaux, les relations professionnelles, les initiatives culturelles passent dorénavant par les ordinateurs connectés. Nul n'en conteste les aspects bénéfiques. Soyons aussi conscients des dangers que cette révolution recèle : celui de voir se creuser encore, et de manière irréversible, l'écart entre pays riches et pays pauvres. Celui aussi de l'uniformisation culturelle. Ainsi, aujourd'hui, 90% des informations qui transitent par Internet sont émises en langue anglaise, parce que les outils et les serveurs sont dédiés à l'usage exclusif de cette langue.

L'enjeu est clair : si dans les nouveaux médias, notre langue, nos programmes, nos créations ne sont pas fortement présents, nos futures générations seront économiquement et culturellement marginalisées. Sachons, demain, offrir à la jeunesse du monde des rêves francophones, exprimés dans des films, des feuilletons et valorisant la richesse culturelle et la créativité de chacun de nos peuples.

Il faut produire et diffuser en français. C'est une question de survie. Il faut unir nos efforts. .
Les pays du Sud peuvent et doivent participer à ce combat, qui n'est pas seulement celui de la francophonie. Les hispanophones et les arabophones, tous ceux qui s'expriment en hindi ou en russe, en chinois ou en japonais, sont confrontés à la même menace que nous. J'appelle la francophonie à prendre la tête d'une vaste campagne pour le pluralisme linguistique et la diversité culturelle sur les info-routes de demain. Je souhaite que cet appel de Cotonou marque fortement cette ambition et soit entendu et compris dans le monde entier."

Jacques Chirac, Président de la République française

Source : http://membres.lycos.fr/jecmaus/Afric1.html


De plus, je suis tombé sur le texte, ci dessous (qui ne parle que du Cameroun), qui laisserait penser que cette politique linguistique en Afrique, n'a pas été le fruit du hasard mais fût dès l'époque coloniale et même avant, savamment pensée :
Citation:
Plusieurs décrets (1er octobre 1920, 20 décembre 1920 et 26 décembre 1924) rendirent obligatoire l'enseignement en langue française et interdirent l'utilisation des langues locales dans le système éducatif (Journal officiel de l'État du Cameroun, 1924):
Citation:
La langue française est la seule en usage dans les écoles. Il est interdit aux maîtres de se servir avec leurs élèves des idiomes du pays.

On peut également rapporter cette directive de Jules Carde (1921), haut-commissaire de la République française au Cameroun, précisant à ses chefs de circonscription l'objectif de la politique linguistique de la France dans la colonie:
Citation:
Il faut donc de toute nécessité que vous suiviez avec le plus grand soin le plan de campagne que je vous ai tracé, que vous coordonniez vos efforts, tous les efforts et que le défrichement méthodique et bien concerté (des autres langues) se poursuive sans hâte comme sans arrêt... (afin de concrétiser) notre volonté de donner aux populations du Cameroun la langue en quelque sorte nationale qu'elles n'ont pas et qui ne saurait être évidemment que celle du peuple à qui est dévolue la souveraineté du pays.

http://www.tlfq.ulaval.ca/axl/afrique/cameroun.htm


Pour moi, et je pense que le débat n'en même plus là, les langues étrangères constituent effectivement une arme ultra-puissante d'asservissment mental et culturel pour les Africains, avec ce que ça entraîne en filigrane pour le développement de nos pays et l'éclosion d'une Afrique forte et combative.

Et en parlant de développement, si on se fie au fait (je pense que Ki Zerbo l'avait souligné aussi), que souvent une bonne partie de nos populations est analphabète et surtout celles des zones rurales, je me demande, comment fait-on pour gouverner correctement un pays en état en phase avec le peuple, si une partie de la population, et pas la moindre puisqu'évoluant dans les zones rurales et donc agricoles, ne comprend pas la langue de l'administration ? Donc à priori, la politique de l'état risque d'être déconnectée des besoins réels des populations de ces zones.

Maintenant, pour poursuivre, la seconde chose qu'on peut se demander, c'est de savoir comment le combat va être mené, pour contrer ce qui est (ou peut être considéré comme) une offensive culturelle occidentale, et là, ça devient vraiment plus compliqué.

Dans l'état actuel des choses, je pense qu'on ne pourra malheureusement plus se séparer des langues étrangères, et cela nous priverait même peut-être, d'une diversité linguistique incontournable aujourd'hui, dans le paysage international. Et donc sans réfléchir directement aux contraintes, l'idée de base serait pour moi d'institutionnaliser en plus des langues occidentales déja présentes, les langues "traditionnelles" les plus prépondérantes.

En Afrique et en Asie, on peut trouver des exemples de pays plurilingues, le Rwanda avec le kinyarwanda, le français et l'anglais en langues officielles, le Kenya et la tanzanie avec l'anglais et le swahili, sachant qu'ils ont pas mal de dialectes pour les deux derniers. Le nombre de langages peut nous effrayer, mais pas nous faire abandonner une éventuelle entreprise dans le sens d'un regroupement linguistique, car au fond, les langues autochtones appartiennent à de grandes familles, ce qui peut donc faire que l'apprentissage en soit allégé.

L'idée, grosso modo, serait, pour le cas du Cameroun par exemple, de réunir des franges majoritaires et stratégiques de notre population autour chacune d'une langue, majoritaire, dans le point de localisation de la dite frange. Rien que par exemple le grand nord (extreme-nord, nord et adamoua), la partie la plus peuplée du Cameroun et la plus analphabétisée, de très très loin, pourrait déja être unifié autour d'une unique langue : le foufouldé.

Schématiquement, on pourrait couper le Cameroun en trois (vu comment les langues sont réparties), un zone nord dominée par les peuls, une zone sud dominée par les bantous (douala, béti, bassas, boulous..) et une zone ouest dominée par les bamouns et les bam's...Bref, c'est approximatif comme zonage, mais c'est pour donner une idée. Le foufouldé dans la zone nord, le béti/bassa dans la zone centre-sud, les langages bamilékés se ressemblent tous (on prend le plus parlé) et le zonage linguistique est terminé. On élimine clairement les dialectes parlés par trop peu de locuteurs et le tour, à priori, est joué.

Il existe de nombreux pays plurilingues : la Suisse par exemple, a 4 langues nationales (le Français, l'italien, le Romanche et l'Allemand), le Luxembourg en a 3 (luxembourgeois, Français, Allemand), la Belgique pareil avec le flamand, le français et l'allemand, et ils ont, pour ces derniers, séparé le pays en régions linguistiques (je ne l'ai pas créé!) :

L'article 4 à ce sujet, de leur constitution de Février 94 le stipule clairement :
Citation:
Article 4
Les Régions linguistiques

La Belgique comprend quatre régions linguistiques: la région de langue française, la région de langue néerlandaise, la région bilingue de Bruxelles-Capitale et la région de langue allemande.

Pour dire que le nombre de langues à 4 ou 5, n'est pas forcément un réel problème. Le problème qui va se poser, sera certainement celui de la vulgarisation de ces langues et des supports pour les enseigner. Car qui dit langue institutionnalisé, dit bien langue ayant besoin de supports pour être enseignée dans le sens où elle permettra d'être utilisée pour résoudre toutes les problématiques, qu'on aurait pu avoir à résoudre avec les langues du colon. C'est là où c'est chaud parce que ça demandera en ressources humaines et matérielles, donc ça nécessitera du temps.

Pour ce qui est de l'Afrique tout entière, le principe du zonage linguistique peut rester le même avec des langues prépondérantes comme le Swahili et autres...

Je reviendrai continuer la discussion plus tard, en finissant par cette citation de CAD, pour rien comme ça : Laughing Laughing

Citation:
"Le développement par le Gouvernement dans une langue étrangère, est impossible à moins que le processus d'acculturation ne soit achevé, et c'est là que le culturel rejoint l'économique.

Le socialisme par le Gouvernement dans une langué étrangère est une supercherie et c'est là que le culturel rejoint le social.

La démocratie par le Gouvernement dans une langue étrangère est un leurre, et c'est là que le culturel rejoint le politique."


Bien à tous,

Tchoko Cool
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« En me renversant, on n'a abattu à Saint-Domingue que le tronc de l'arbre de la liberté, mais il repoussera car ses racines sont profondes et nombreuses. » (Toussaint Louverture)


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Soundjata Kéita
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MessagePosté le: Mer 27 Juil 2005 18:53    Sujet du message: Répondre en citant

Les exemples suisses et luxembourgeois sont interessants car ils montrent clairement leurs limites.

Pour le premier, tu as une gestion au cas par cas basé sur le système pluri-séculaire de la neutralité, en gros, on fait pour ménager tout le monde dans un système ultra-huilé, mais dont le moindre grain de sable suffit à fussirer.

Pour le second, nous avons non pas la volonté de prendre en compte l'usage d'une langue maternelle de chaque groupe linguistique, mais une obligation d'usage et de pratique de trois langues différentes par l'ensemble des 400 000 luxembourgeois.
Résultat, les gamins doivent dépensent trois fois plus d'énergie dans l'apprentissage et la maîtrise des trois langues avant de s'attaquer à l'exploitation pratique de ces langues dans le cadre de leur études supérieurs. Résultat, les entreprises luxembourgeoise préfèrent embauché des gens certes unilingues mais compétents venus des pays voisins. Car à défaut de ne pas manquer de pafaits traducteurs et interprètes trilingues, le pays manquent de personnes véritablement compétentes.

Pour la Chine, elle n'a jamais eu une seule et unique langue commune quand bien même le mandarin soit devenue la langue obligatoire pour intégrer l'adnimistration chinoise, l'écrasante majorité des chinois se contentent de leur langue. Aussi il existe officiellement une vingtaine de langues chinoises et non-chinoises pratiquer officiellement selon les régions du pays (Houigour, Cantonnais, Taiwannais, etc) et persiste l'usage de plusieurs centaines d'autres langues.
Ce qui fait la force unificatrice linguistique de ce pays, c'est uniquement son écriture, qui permet à chacun de comprendre n'importe quel journal écrit en chinois dans sa propre langue, car les diverses langues chinoises sont suffisemment proches, ce qui permet l'usage d'un même idéogramme pour le même mot qui se prononcera différemment selon les langues.


Et c'est là que je tiens à en venir sur un aspect indispensable à la pérénnisation de l'usage des langues africaines.

Comme le souligne Tchoko, qui dit langue de diffusion politique, économique et culturelle, dit supports en tout genre pour l'enseigner et la diffuser.
Or le principal matériau à ses support, que dis-je la colonne vertébrale, c'est l'écriture.
Car toute langue non écrite n'a tout simplement aucun avenir politique ou économique.

Nous avions déjà abordé ce thème, dans un cadre purement historique, voire archéologique : http://www.grioo.com/forum/viewtopic.php?t=678
Je pense qu'il serait autrement plus interessant et valorisant de les faire tout simplement revivre, à l'instar de l'exemple éclatant de la langue hébraïque en Israël.

Aussi, d'aucun se sera déjà interroger sur la meilleure manière de transcrire les langues kamitiques, notamment en se servant des systèmes scripturères phéniciens utilisés pour les langues occidentales.

J'estime que l'usage de ces systèmes ne sauraient être que passager, le temps d'opérer une transition vers les systèmes purement africains.
Car il faudra bien un jour ou l'autre penser tout bonnement à réhabiliter les vieilles écritures négro-africaines tels que le Vai, le Mande l'aethiopic, etc qui sont je vous le rappelle tous les héritiers du Medou Neter, la langue que pratiquer nos ancêtres kemtiou, elle même héritière du méroïtique.

Vous allez me dire que ça va pas être du gâteau pour ce faire, mais je crois sérieusement que notre continent ne saurait faire l'économie de la réhabilitation pleine et entière de ses écritures plurimillénaires, quitte à opérer de grands réformes en vue de les adapter au monde moderne, comme l'auront fait les chinois et les japonais avec leur écriture respective.

Ainsi, en adaptant chaque forme dialectale hérité d'une même langue commune, les disparités et rivalités s'amenuiseront. Il suffira de sous-titrés les journaux et émissions de télés parlés dans la langue orale commune pour qu'ils soit compris de tous.

De plus en traduisant par exemples les innombrables travaux écrits par nos plus grands intellectuels et scientifiques qui auront du travailler dans les langues occidentales, chaque individu aura enfin la possibilité d'en saisir les enjeux.

En effet, en traduisant par exemples Nation Nègre et Culture en peuhl, même le paysan peuhl percutera immédiatement son contenu car comme préciser en fin d'ouvrage, n'importe quelle langue africaine est à même de supporter le langage scientifique, pour la simple et bonne raison que le vocabulaire cosmogonique contient en son sein tous le matériel permettant son appréhension.
Alors qu'en français, même le jeune urbain de Yaoundé acculturé ne parlant plus que le français "local" aura les pires difficultés à saisir la majorité des termes scientifiques qui y est utilisé.
Et c'est là que je rejoins l'avis de BMW concernant la nécessité de s'attaquer d'abords aux petites villages, qui iront ensuite influencés les centres plutôt que l'inverse.

Ainsi, une fois assumées les bases linguistiques des peuples via leurs écritures retrouvées, les langues occidentales ne serviront plus que d'outils de diffusion à l'intention du reste du monde. Exactement comme les scientifiques japonais, chinois et coréens, assument tout leurs travaux dans leur langue et écriture propre (sachez que lorsque vous accédez aux études supérieures, vous devez apprendre des centaines de nouveaux idéogrammes spécifiques à la branche scientifique suivi exactement comme en occident un étudiant apprendra de nouveau mots puisant leur racine dans les langues greco-latines) et se contentent de faire traduire en anglais et par d'autres personnes les miettes qu'ils daignent porter à la connaissance du reste du monde.

Voici d'autres avantages indéniables de l'usage d'écriture propre :

- étant dévellopé par les africains anciens, elles sont donc parfaitement adaptées aux langues africaines comtemporaires, elles nous éviteront d'éternels débats sur la meilleure système de retranscription de ses même langues dans les systèmes phéniciens.

- de ce fait, elles achèvera de rompre la tutelle culturelle occidentale, car l'usage d'écriture propre marque une rupture de plus avec le système hériter du colonialisme. Le colon ne pouvant plus lire nos productions écrites, il ne pourra plus en avoir le moindre droit de regard.

- ayant ainsi controler nos systèmes d'écritures, notre peuple retrouvera sa souveraineté scientifique, politique et économique.
Scientifique : car je pense qu'il va de soit que l'indépendance dans ce domain n'en serait que plus assise.
Tout simplement parce que l'usage des langues étrangères brident passablement l'imagination de notre peuple en l'obligeant à opérer une réflexion dans une langue dont il ne maitrise ni le mode de pensée, ni la propre production scientifique.
Alors que si nous permettions à nos compatriotes du continent de pouvoir étudier et assurer leur carrières dans leur langues et écritures propres, ils seront libérer de toute contraite pour faire étalage de leur efficience ainsi dénuer de tout contrainte extérieure et abolira définitivement tout complex d'infériorité envers leurs pairs occidentales.

Politique : déjà dévolleper plus haut.
Economique : idem.



Voilà, je ne sais ce que vous en pensez, mais j'estime que cela fait parti d'un tout donc nous devrions négliger aucun aspect.


Hotep, Soundjata
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La vérité rougit l'oeil, mais ne saurait le transpercer


Pour la Renaissance du Gondwana


Dernière édition par Soundjata Kéita le Jeu 28 Juil 2005 19:31; édité 1 fois
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MessagePosté le: Jeu 28 Juil 2005 07:38    Sujet du message: Cette ruée vers les langues maternelles locales Répondre en citant

http://www.quotidienmutations.net/cgi-bin/alpha/j/25/2.cgi?category=all&id=1122497371

Cette ruée vers les langues maternelles locales.
Qu'elle est la situation dans les autres pays africains et les caraibes ?


Culture_Sup : Langues nationales : A la recherche d'identités
Les initiatives qui courent désormais ont leurs origines dans l'histoire du pays.
Dorine Ekwè



Langues nationales
A la recherche d'identités
Les initiatives qui courent désormais ont leurs origines dans l'histoire du pays.
Il est 10h ce mercredi 27 juillet 2005. Dans les locaux de l'Eglise évangélique du Cameroun, située au quartier briqueterie à Yaoundé, la voix forte d'un "maître" se fait entendre. Il s'adresse en langue duala à la soixantaine d'élèves présents ce jour et venus perfectionner leur connaissance de leur langue maternelle. " Au sein de la paroisse, nous nous sommes rendus compte qu'il y a plusieurs enfants qui ont du mal à s'exprimer en cette langue au cours du culte, lorsque nous chantons des cantiques, ou sont perdus au moment de la prédication. C'est ainsi que nous avons lancé ces cours et, au fil du temps, nous nous sommes aperçus que ce n'était pas seulement les adolescents qui venaien,t mais les adultes également. Même ceux qui ne font pas partie de la paroisse", explique Mouandjo Nsangué, assistant dans la coordination du programme.

Vêtue d'une salopette en Jean et de chaussures de sport, Martine Kamga déclare: "Mes parents sont d'ethnies différentes. Mon père est de l'Ouest, et ma mère du Littoral. A la maison nous sommes un peu perdus et moi, j'envie toujours mes camarades qui parlent aisément leurs langues maternelles entre eux. J'en ai parlé à ma mère, nous avons essayé de le faire à la maison, mais c'était difficile e,t à la paroisse, nous avons entendu parler de cette initiative et mes frères et moi nous y sommes inscrits. Ce n'est pas contraignant. On sacrifie trois heures par semaine et les résultats sont là. Ça aurait été une autre langue nationale que j'aurais été prenante."
Au sein de la chapelle Adna de l'Eglise évangélique, le cours s’étend sur trois niveaux fixés par ordre croissant. Ainsi, le niveau 1 est destiné à l'initiation à la langue et le jeu des contes, des chants et des découvertes des textes. Le niveau 2 est réservé à l'alphabet, la lecture et au calcul. Le niveau 3, quant à lui, est fait de sessions d'approfondissement de la langue, des dictées, de la grammaire, la construction des phrases. L'année scolaire va de novembre à août avec des évaluations en mai et en août.
En dehors des Eglises protestantes, cet enseignement a également cours au sein de l’Eglise catholique.. Comme dans les autres institutions, il s'agit, pour les apprenants, au-delà de toutes les autres activités organisées au cours de ces rencontres, de parfaire la connaissance de leurs langues maternelles. A Ebolowa, il y a deux semaines, à l'occasion d'un festival culturel, les enfants ont pu se remettre à l'apprentissage de la langue bulu. Des initiatives similaires abondent également dans la ville de Douala.

Histoire
Bien que cette ruée vers les langues maternelles locales semble s’accentuer ces derniers temps, elle ne date pas d'aujourd'hui, comme le précise Gabriel Mba, chargé des programmes au sein de l'Association nationales des comités de langues (Anaclac) "Il y a toujours eu cet engouement. Le seul problème est qu'il a toujours manqué de support marketing pour les mettre en valeur. Ça, c'est pour les associations comme la nôtre. Pour ce qui est de l'engouement des apprenants, je dirai que c'est l'inquiétude qui les pousse vers ces centres. Ils ont peur de ne plus se reconnaître dans un groupe ethnique donné, dont le premier élément de reconnaissance est la langue. Sans cet élément, ils se sentent perdus, et n'appartiennent théoriquement à aucun groupe linguistique local". Comme cause de cette situation, il évoque le transfert inter-générationnel de langues, qui ne s'opère plus. Par snobisme, en effet, certains parents négligent d'apprendre à leurs enfants la langue de l'ethnie à laquelle ils appartiennent. Pour remédier à cette situation, l'Anaclac dont la sphère de travail s'étend sur près de 70 langues sur les 270 que compte le Cameroun, a initié des cours de langues dans plusieurs écoles à travers le pays. Ceci, malgré l'absence d'autorisation effective de la part de l'ancien ministère de l'Education nationale.

Bien qu'en 1998 l'Assemblée nationale, ait adopté un texte de loi portant sur le développement d'une politique éducative incluant les langues nationales locales parallèlement aux langues officielles que sont le français et l'anglais. Selon Gabriel Mba : "On tarde à appliquer ce texte parce que, au niveau de ce ministère, on manque d'expertise. Cependant, nous, au sein de l'Anaclac, continuons de mener notre combat. En plus, pour mettre sur pied cette politique, on a besoin d'argent.
Cependant, les dirigeants ont pris l'habitude de demander des financements extérieurs.
Comment pensez-vous qu'ils vont accepter de payer pour mettre leurs langues de conquête en péril ?

Notre souci est de conserver nos langues nationales, pas d'asphyxier les langues officielles." Il poursuit : "Si nous perdons nos langues, nous perdrons toute notre culture."
Le phénomène est d'autant plus profond que, selon le chercheur en linguistique, l'arrière-pays, perçu comme base arrière pour la préservation de ces langues, est le plus touché."Là-bas, il y a des personnes sous-scolarisées qui voient de bon ton de parler français à leurs enfants plutôt que le dialecte, pour épater les autres membres du village. Cela pose deux problèmes: le françai, ou l'anglais est mal parlé, tandis que le dialecte originel est oublié", dit-il.


Au-delà du Cameroun qui, selon Jean Tabi Manga dans son essai Les politiques linguistique au Cameroun, essai d'aménagement linguistique,paru en 2000 aux éditions Karthala n'a pas de politique linguistique, puisqu'il s'agit d'une option résultant de l'état des choses coloniales, le phénomène prend une ampleur aussi sérieuse depuis une décennie à travers le continent. Pour cela, tout au long de la semaine prochaine, à Windhoek en Namibie, l'Union internationale des enseignants tiendra une conférence sur ce point noir des politiques linguistiques africaines: la question des langues nationales.Un problème qui, dans la plupart des pays africains, en général et au Cameroun en particulier, prend naissance dès le début de la colonisation européenne. Selon Jean Tabi Manga, il faut toujours prendre en compte l'historicité de cette question. Il y affirme en effet que l'implantation de la Baptist Missionary society, la première société missionnaire au Cameroun, bien avant la signature du traité germano-Douala le 12 juillet 1884, ouvrait déjà un espace de tensions entre les langues nationales et les langues de conquête.
En effet, les missions voulaient développer les langues locales pour faciliter leur évangélisation, tandis que les pouvoirs coloniaux pour assurer le bon fonctionnement de leurs affaires, allaient imposer leurs langues. Ces tensions se sont poursuivies Pendant la période du protectorat allemand, la période de mandat et la tutelle franco-britannique. Ce qui explique la tradition de l'apprentissage des langues dans les différentes missions tant protestantes que catholiques.
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Nkossi
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MessagePosté le: Jeu 28 Juil 2005 17:36    Sujet du message: Répondre en citant

ARDIN, tu as parlé des JT et des émissions qui se faisaient au Congo en Munukutuba & Lingala, je t'informe que ça continue et c'est une bonne chose, il y a aussi bcp d'émissions de vulgarisation dans ces 2 langues que tout le pays comprend.
Pareil en face en RDC sur la rive gauche du fleuve Congo, où il ya par rapport au Congo-Bzv plus d'émissions en Lingala (et en Kituba, swahili et Tshiluba).

Pour ce qui est de l'Afrique, l'Union Africaine a confirmé le swahili comme langue de travail.
Cf cet article d'Afrikara
Le Kiswahili, un anglais pour l’Afrique ? Jambo !
28/08/2004

Jambo* Kiswahili !
L’Union africaine, grisée par l’apparente fraîcheur des temps matinaux n’a en rien rassuré sur ses facultés à éviter les écueils abyssaux de ses devancières (OUA,…), pourtant sa confirmation d’une langue de travail africaine, le Kiswahili, devrait aller au-delà du symbole fadement technocratique. Il y aurait là comme une esquisse, un spasme existentiel sublimant une décision sans enthousiasme des décideurs, et néanmoins porteuse silencieuse d’espoirs.
L’acte pourrait bien dépasser les intentions poussives des acteurs, rarement pris en flagrant délit de vision proprement et noblement politiques, de production d’un horizon fédérateur. Le véhicule culturel, l’essieu civilisationnel que représente la langue est un instrument unique d’intériorisation culturelle, et la domination contemporaine de l’Anglais à côté d’autres langues officielles telles le Français ou l’Espagnol, dégage des terrains incommensurables de victoires géopolitiques, économiques et culturels aux nations euro-américaines.
Le contexte contemporain dit de mondialisation déverse des quantités hallucinantes de produits de divertissements, de culture, de loisirs et d’éducation, tendant à un degré croissant d’uniformisation des consciences, des modes de pensée, des structures mentales, sous le vecteur hégémonique de la culture anglo-saxonne. L’anglais porte sur les sommets sociaux les plus insoupçonnables et dans les sphères culturelles les plus inaccessibles l’American way of life, faisant de la planète entière une consommatrice boulimique d’américanités, de matérialités occidentales jusqu’au travestissement mortifère des identités collectives autochtones.
Même les argumentaires anti-globalisation américaine reposant sur le prix universel non marchandisable de la culture et leur corollaire de préservations patrimoniales, ne sont guère exempts d’arrière-pensées monopolistiques et protectionnistes. Il est symptomatique, par exemple que l’expansionnisme francophone qui ouvre de fronts nouveaux en pays africains dits anglophones, lusophones, hispanophones -Ghana, Guinée Bissau, Guinée équatoriale, ..- ne saurait réellement émarger au registre des demandes crédibles d’exceptions culturelles. Sinon des tentatives de soustraction à la logique marchande des industries culturelles européennes, dépassées en compétitivité par leurs homologues américaines, … mais encore dominantes dans les rapports Nord-Sud et fermement désireuses de le rester.
L’utilisation d’une langue africaine pourrait dans cette optique contribuer à forger et fortifier une conscience commune, tout en permettant de revaloriser un patrimoine culturel en ruine, en servant en sus de paravent contre les feux culturels gigantesques bombardés depuis les poudrières des monstrueuses machines médiatiques et audiovisuelles mondialisées.
Dans un environnement international concurrentiel caractérisé par l’importance de la confidentialité dans les rapports stratégiques de compétition effrénée entre les appareils de production, la disposition d’une langue panafricaine serait une avancée notable et indiscutable. Un avantage compétitif pluridimensionnel, multifonctionnel aux effets systémiques multiplicateurs.
Les atouts d’une langue africaine dans la communication intra-africaine, la diffusion scolaire, l’industrie de l’édition, l’ensemble des industries culturelles - radio, télévision, cinéma, musique…- sont énormes, ils renforcent aussi une capacité à négocier dans les grands forums internationaux, une propension au regroupement générateur de compétitivité intellectuelle, géopolitique, libératrice.
Plus généralement le Kiswahili, langue africaine dont le nombre de locuteur s’élève à peu près à 100 millions en Afrique, est répandu dans plusieurs pays d’Afrique de l’Est jusqu’au Congo démocratique, notamment au Kenya, en Ouganda, au Rwanda, en Tanzanie, au Burundi, en Somalie, en Zambie, au Malawi et au Mozambique, sans compter d’autres groupes swahiliphones implantés au sein de communautés linguistiques différentes (Comores, Madagascar, Afrique du Sud…). Le Swahili, qui avait été adopté comme une des langues de travail par l’OUA et par l’Unesco est enseigné dans plus d’une soixantaine d’institutions aux Etats-Unis, et des enseignements sont proposés par des universités et instituts linguistiques à travers le monde, en Allemagne (Hambourg), en Belgique (Gand, Liège), en Chine (Pékin), au Danemark (Copenhague), en Grande-Bretagne (Cambridge, Londres), en Inde (New Delhi), au Japon, en Russie (Moscou), en Suède (Uppsala)...
Le géant mondial de l’industrie des logiciels grand public, Microsoft s’apprête d’ailleurs à intégrer le swahili dans les langues de son célèbre produit Windows.
De plus, le Swahili dispose d’une antériorité précieuse du point de vue de l’expérience de l’assimilation de différents dialectes, en effet dès 1930 il fut décidé d’une harmonisation des différentes formes de swahili. L’Inter-Territorial Language Comittee, mis sur pied par les autorités du Kenya, de l’Ouganda, du Tanganyika et de Zanzibar, institutionnalisa en swahili standard le parler idiomatique de Zanzibar, le kiunguja. Expérience qui, mutatis mutandis, pourrait servir dans une inspiration panafricaine et non coloniale ouverte à l’intégration d’idiomes non swahilis.
Il n’est pas complètement fortuit que les nations dominantes, indépendantes, celles qui maîtrisent un tant soit peu leur capacité à agir et réagir sur elle-même, aient en partage leurs propres langues maternelles, cela est vrai des Etats-Unis et de la majorité blanche, cela est vrai de l’Angleterre, de la Chine, du Japon, de la Russie, de l’Espagne,… Cela également est vrai des peuples arabes qui, malgré une situation géopolitique dépendante, disposent d’une capacité de résistance culturelle voire de réplique et de nuisance reposant sur les atouts d’une langue et d’une religion communes quoique non uniformes.
Les réservoirs de créativité humaine, de développements psycho-mentaux collectifs accusent une profonde inhibition, une déformation pathologique prédisposant au mimétisme et au psittacisme les sociétés et peuples qui perdent leur capacité à penser et à sentir le monde à travers leur bon sens, leur culture et singulièrement leur langue, entre autres facteurs d’extraversion civilisationnelle. Jambo Kiswahili !

* Jambo : Salutation en kiswahili, Jambo Kiswahili signifie donc : salut Kiswahili
Ze Belinga
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La véritable désaliénation du Noir implique une prise de conscience abrupte des réalités économiques et sociales. F. Fanon
L'ignorance est un danger que tout homme doit éviter. S. NKOUA

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Yom
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MessagePosté le: Lun 01 Aoû 2005 00:40    Sujet du message: Répondre en citant

Merci Sergio de relancer la discussion.

Je crois que vous êtes tous plus ou moins d’accord pour parler de « la langue comme moyen de domination culturelle » et de « l’essor des langues étrangères aux dépends des langues locales ». Une majorité dit ne pas accepter cette situation, à part François qui semble s’en accommoder en raison du plurilinguisme des états africains et des risques politiques à promouvoir les langues nationales.

Mais maintenant vient la question un peu plus complexe des solutions.
Déjà il faudrait savoir quels sont les objectifs souhaitables.
Arrow Promouvoir les langues qui sont parlées localement (en laissant le français ou l’anglais au niveau national) ?
Arrow Aller jusqu’à promouvoir une ou deux langues sur le plan national, à la place (ou en plus) du français ou de l’anglais, devenant ainsi de simples langues étrangères ?
Arrow Les deux ?

En effet, quand on parle de « langues officielle » ça recouvre plusieurs réalités. Il y a la langue de travail des administrations nationales, la langue des des administrations locales, la langue utilisée entre citoyens et fonctionnaires, la langue de l’enseignement public, etc.
Dans des pays influencés par le modèle jacobin français, il paraît évident que toutes ces fonctions doivent être recouvertes par une seule et même langue. Mais ce n’est pas nécessairement le cas partout. Dans des pays plurilingues comme la Suisse, le Canada, la Belgique, c’est le monolinguisme qui est la règle au niveau local ou régional, la langue officielle y est tout simplement la langue majoritaire localement.
Comme langue de travail de l’administration, oui c’est difficile d’aller à plus de 3 comme le dit BMW, mais au niveau local ce peut être très bien 10 ou 20 langues officielles. L’Afrique du Sud est à 11, l’Inde en a une quinzaine je crois. Et ça n’implique pas nécessairement qu’on impose la langue d’une « ethnie » aux autres, simplement chacun doit apprendre la langue du coin.
Evidemment, on touche ici à la question du fédéralisme et de la décentralisation, peut-être cela vaudrait-il le coup d'ouvrir un fil sur ce sujet.

Le premier objectif que j’ai évoqué est assez raisonnable puisque il est déjà partiellement rempli dans beaucoup de pays anciennes colonies anglaises et belges qui promeuvent les langues locales dans l’enseignement primaire et dans les administrations locales. Le second objectif est beaucoup plus difficile, tous les pays continuant à donner la préférence aux langues européennes. Les quelques exceptions n’en sont pas vraiment puisqu’il s’agit de pays où la langue nationale avait été diffusé avant même la colonisation (somali, malgache) ou a été promue par le colonisateur (kinyarwanda, swahili en Tanzanie)

Les obstacles sont d’abord techniques. Pour les principales langues il y a déjà standardisation et normalisation de la langue mais il leur manque le vocabulaire juridique. Ensuite il y a la nécessité de la formation et pour cela il faut le temps que soient formés les enseignants puis le temps que ceux-ci forment les élèves avec parmi eux ceux qui arriveront au pouvoir, ce qui nous fait bien 30 ou 40 ans avant que la génération formée en langues africaines devienne majoritaire.
Mais à mon avis les principaux obstacles sont psychologiques. J’avais suivi des discussions à ce sujet sur des forums du Mali et du Sénégal, pays à la situation linguistique simple (5 ou 6 langues qui rassemblent 99%, une langue nettement dominante et le français minoritaire), personne ne semblait désireux d’abandonner les privilèges du français. Alors qu’est-ce que ça doit être dans les autres pays francophones ? Le Rwanda plutôt que de se simplifier la vie en ne gardant que le kinyarwanda comme langue officielle, a choisi de la compliquer en ajoutant une troisième, européenne évidemment. La Guinée a abandonné l’enseignement en langues nationales à la mort de Sékou Touré, la Tanzanie a renoncé à ses projets d’étendre l’enseignement en swahili au secondaire, à chaque fois sous la pression populaire…

Bref, il faut encore beaucoup de travail et de temps pour convaincre. Du coup les propositions de Sunjata de remplacer les alphabets latin et arabe par un alphabet purement africain paraissent à court ou moyen-terme complètement utopiques.


@ Sunjata
La Suisse ne risque pas d’être fissurée par un grain de sable, ça fait près de 200 ans que la confédération existe dans sa forme actuelle et plus de 700 ans dans une forme à peine différente, ce qui ne l’a pas empêché de devenir l’un des 2 ou 3 pays les plus riches du monde et l’un des plus démocratiques. Par ailleurs personne ne remet en cause fondamentalement la politique linguistique.
Je connais mal le Luxembourg. Mais rappelons que c'est quand même le pays le plus riche du monde avec donc (je suppose) une proportion d'emplois très qualifiés plus grande qu'ailleurs et qu'il n'a pas d'université. Voilà des raisons un peu plus concrètes que celles que tu donnes pour expliquer la nécessité d'embaucher des cadres étrangers.

Par ailleurs, ce qu'on a fait revivre en Israël, c'est la langue parlée, pas l'écriture, qui était toujours utilisée et étudiée pour les textes religieux en hébreu ancien et pour noter une langue bien vivante le yiddisch

@ François
Au Cameroun, la « minorité ethnique » la plus active pour défendre son identité et sa culture propre et pour réclamer l’autonomie voire l’indépendance aujourd’hui, c’est l’ « ethnie anglophone ». Je ne serais pas surpris que ta proposition de mettre l’anglais comme langue officielle provoque la création de mouvements terroristes chez l’ « ethnie francophone ». Rolling Eyes
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MessagePosté le: Lun 01 Aoû 2005 01:28    Sujet du message: Répondre en citant

Yom a écrit:


@ François
Au Cameroun, la « minorité ethnique » la plus active pour défendre son identité et sa culture propre et pour réclamer l’autonomie voire l’indépendance aujourd’hui, c’est l’ « ethnie anglophone ». Je ne serais pas surpris que ta proposition de mettre l’anglais comme langue officielle provoque la création de mouvements terroristes chez l’ « ethnie francophone ». Rolling Eyes


C'est que tu connais vraiment pas le cameroun en outre le terrorisme peut etre l'arme des minorites, les "francophone" son majoritaire.

En tout cas les camers c'est des pragmatiques, va au camer l'allemand par exemple est une langue de plus en plus apprise par les jeunes qui veulent etudier en allemagne (Les camerounais constituant par exemple dans certaines universite comme celle de berlin le groupe d'etudiants etrangers le plus important ).
L'anglais est de plus en plus prisee au cameroun.

Moi je serai plus pour une langue africaine comme langue nationale, comme le douala, avec l'anglais comme 2nde langue.

Enfin il n'existe pas d'ethnie anglophone, ce sont plusieurs ethnies qui furent sous protectorat anglais, comme d'autres furent sous protectorat francais.
Parlant de defense de sa culture, je citerai plus les bamilekes, les Bamouns, les doualas, les betis, les peuhls,bref tous defendent leur culture a differents degres.
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MessagePosté le: Lun 01 Aoû 2005 02:34    Sujet du message: Répondre en citant

M.O.P. a écrit:

C'est que tu connais vraiment pas le cameroun en outre le terrorisme peut etre l'arme des minorites, les "francophone" son majoritaire.

En tout cas les camers c'est des pragmatiques, va au camer l'allemand par exemple est une langue de plus en plus apprise par les jeunes qui veulent etudier en allemagne (Les camerounais constituant par exemple dans certaines universite comme celle de berlin le groupe d'etudiants etrangers le plus important ).
L'anglais est de plus en plus prisee au cameroun.

Moi je serai plus pour une langue africaine comme langue nationale, comme le douala, avec l'anglais comme 2nde langue.

Enfin il n'existe pas d'ethnie anglophone, ce sont plusieurs ethnies qui furent sous protectorat anglais, comme d'autres furent sous protectorat francais.

OK pour le terrorisme et le pragmatisme des camers. Effectivement j'ai cru comprendre que l'anglais avait la cote maintenant, beaucoup de francophones envoient leurs enfants dans des écoles anglophones. Et puisque les anglophones ne dominent à aucun niveau le Camer actuel, un passage du bilinguisme vers l'anglais seulement ne serait pas perçu de la même manière que vers le français seulement.

J'ai mis "ethnie anglophone" entre guillemets. Mais si on prend la définition du terme ethnie à la base, on peut dire qu'un certain nombre de personnes voient l'anglais comme leur langue et considèrent avoir une culture spécifique qui les distinguent des francophones et à ce titre forment une ethnie. Cela dit, je n'aime le terme "ethnie", reliquat des théories racistes du XIXe. Puisque c'est le sujet ici, parlons tout simplement de "communauté linguistique".

Il y a au Cameroun anglophone un mouvement qui s'appelle Southern Cameroons National Council et qui revendique l'indépendance. Peux-tu me citer un mouvement politique équivalent ailleurs au Cameroun?
http://www.unpo.org/news_detail.php?arg=59&par=2087
Des discours d'anglo se plaignant du non-respect du bilinguisme officiel sont courants, de même que des revendications d'autonomie, plus qu'ailleurs il me semble.

Citation:
Parlant de defense de sa culture, je citerai plus les bamilekes, les Bamouns, les doualas, les betis, les peuhls,bref tous defendent leur culture a differents degres.

Je sais bien que d'autres défendent leur culture, bien sûr, je parlais de revendications vis-à-vis de l'État.
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MessagePosté le: Lun 01 Aoû 2005 20:10    Sujet du message: Répondre en citant

la langue est une arme terrible, on le voit dans tous les conflits encore aujourd'hui, dans certains pays où les langues des minorités sont ou ont été interdites
pr faire disparaitre un peuple sans le tuer, il faut lui interdire sa langue, sa culture, ses pratik religieuses

mais je crois ke la langue, identité d'un peuple, se retrouvera tjrs malgré tout dans la langue imposée

peut-être ke mes propos seront perçus déplacés mais je trouve ke la langue du colonisateur n'enlève pas tt de l'idendité d'un peuple, c une arme en effet mais une arme incomplète heureusement

je dis ça en pensant à un poète sénégalais ki vit maintenant en france, ki est professeur en région parisienne et ki a fait faire un exercice intéressant à des collégiens au Sénégal et à des collégiens en France en leur demandant d'écrire des poèmes
la langue française des enfants sénégalais est plus poétique et plus imagée que celle des collégiens français, les mots choisis différents
juste pour dire que sous couvert d'une même langue, on découvre une langue différente pourtant, et pas seulement un style différent ni des thèmes différents
(tout ça sans parler des poètes africains ayant utilisé la langue française mais c un autre propos...)
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MessagePosté le: Jeu 04 Aoû 2005 10:57    Sujet du message: Répondre en citant

http://www.cameroon-tribune.net/article.php?lang=Fr&oled=j04082005&idart=27443&olarch=&ph=y

Des cours d’Ewondo à Yaoundé


Anice Blaise MBARGA
[04/08/2005]





Depuis quelques années, la cathédrale abrite une école de langue et traditions beti.

"Timan bibug bi a nkobo Ewondo… ", c’est-à-dire " Traduisez les mots suivants en Ewondo… " C’est par cet exercice que Monsieur Atemengue Etoga Edmond a commencé le cours de lundi dernier. Il s’agit des cours de langue Ewondo qui sont dispensés depuis 2001 à la Cathédrale Notre Dame des Victoires de Yaoundé. Ces cours visent un meilleur apprentissage de la langue Ewondo et une bonne intégration de la culture Beti.

Cette année, les cours ont débuté le 4 juillet et les enseignements ont lieu tous les jours de 14 heures à 16 heures. Le nombre d’élèves inscrits est de 50 environ. Deux bénévoles, Edmond Atemengue Etoga et Créscence Anaba, assurent les enseignements. M. Atemengue est particulièrement fier de cette mission qui lui a été confiée par l’Eglise, car pour lui " un enfant qui connaît sa langue maternelle est intelligent à l’école ".

Pour atteindre leurs objectifs, à savoir lire et écrire parfaitement la langue Ewondo sans oublier la maîtrise des proverbes, les deux enseignants, après avoir enseigné aux enfants l’alphabet Ewondo ont opté pour l’art oratoire beti comme technique pédagogique. Ils racontent les fables et contes beti aux enfants et ils essayent de tirer la sagesse qui s’en dégage. Les enfants inscrits sont très engagés et assidus aux cours. Le jeune Ateba Ndoumou est très fier des cours qu’il reçoit chaque jour, car il estime " qu’ils lui permettront d’être sage comme son grand père " et que chaque fois qu’il ira au village il ne sera pas dépaysé. Pour la jeune Mete’e Madeleine, ces cours l’" aident à mieux connaître sa culture sans oublier que Mme Anaba Créscence, [leur] apprend aussi à préparer certains mets beti ".

Néanmoins, cette initiative louable n’est pas sans difficulté. La première étant le manque de documents adéquats. Les deux maîtres utilisent beaucoup le Missel en Ewondo et un syllabaire. Un autre genre de difficulté est le manque de suivi dans les familles. Pour Créscence Anaba, " c’est comme si les parents ont honte de parler leur langue à la maison avec les enfants ". Elle invite donc ceux-ci à les aider à la maison. Les deux maîtres convient aussi tous les jeunes qui veulent s’initier à la sagesse beti à passer s’inscrire au secrétariat de la cathédrale de Yaoundé moyennant une somme de 1000 F Cfa par jeune. Les cours se termineront le 31 août prochain.
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MessagePosté le: Jeu 04 Aoû 2005 11:02    Sujet du message: Répondre en citant

Société : Education : Pour une école africanophone
L’enseignement des langues africaines au centre d’une conférence à Windhoek.
Xavier Luc Deutchoua A Windhoek


http://www.quotidienmutations.net/cgi-bin/alpha/j/25/2.cgi?category=all&id=1123110144

Education
Pour une école africanophone
L’enseignement des langues africaines au centre d’une conférence à Windhoek.
C’est l’une des grandes «vérités» de la doctrine sur l’éducation en Afrique: les langues africaines sont impropres a véhiculer les savoirs scientifiques, et l’introduire dans le système éducatif formel va déboucher sur une sous-éducation. Le dogme remonte à l’école coloniale, conçue pour former des auxiliaires de l’administration. Les élites africaines, qui ont pris la relève, l’ont repris à leur compte. Et, en dehors de quelques expériences isolées, répugnent à envisager un système d’enseignement en langues africaines.
Cette doctrine coloniale vient pourtant de prendre un coup. Des études menées au Burkina Faso, au Mali, au Niger, au Sénégal et en Zambie prouvent tout à fait le contraire. Les élèves recevant un enseignement dans une école associant leur langue maternelle au français ou a l’anglais, produisent un rendement supérieur a celui de leurs camarades soumis a un modèle monolingue.
Initiée par l’Association pour l’éducation et le développement (Adea), cette étude qui concernait sept autres pays, dont le Cameroun, est au centre d’une conférence qui s’est ouverte hier matin au Country club Resort de Windhoek, en Namibie. Des experts issus de 17 pays de l’Afrique francophone, lusophone et anglophone examinent les résultats de l’enquête qui a été conduite par six chercheurs. L’objectif de la conférence, de l’avis de Mamadou Ndoye, le secrétaire exécutif de l’Adea, est triple.

Espoirs
Il s’agit d’abord de faire l’état de l’évolution des politiques et expériences d’utilisation des langues africaines dans l’éducation, en particulier de l’éducation bilingue. Ensuite, de constituer un stock de connaissances pour répondre aux inquiétudes et interrogations que continuent à nourrir certains chercheurs et décideurs. Et, enfin, d’alimenter le dialogue politique sur la question d’analyses et de données suffisamment pertinentes pour arracher l’adhésion des pouvoirs africains à la cause des langues africaines.
Hier, les travaux se sont déroulés dans une ambiance quasi militante. L’unanimité semblait acquise sur la nécessite de rompre les chaînes du modèle éducatif colonial. Avant la fin des travaux prévus pour demain soir, les participants envisagent trois recommandations aux pouvoirs politiques: que les langues africaines soient introduites à l’école comme langue d’instruction, que le modèle éducatif bilingue soit adopté par tous les pays au sud du Sahara, et que le cadre institutionnel soit aménagé à cet effet.
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Sergio Lafrikain
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MessagePosté le: Ven 05 Aoû 2005 18:04    Sujet du message: Répondre en citant

Salut,

Merci les gars pour la participation et l'alimentation de ce topic. Je vois que ça n'a pas tardé.

A Tchoko
Citation:
C'est ce qu'on voit avec la francophonie et le commonwealth, qui à mes yeux, sont des cellules contribuant à perpétuer l'oppression culturelle et mentale dont on est victime en Afrique, sans certainement sans rendre compte.


Tchoko, ok avec cet angle de vue. La francophonie et le commonwealth étant des institutions servant de cheval de troie en Afrique.



A Soundjata
Citation:
Pour la Chine, elle n'a jamais eu une seule et unique langue commune quand bien même le mandarin soit devenue la langue obligatoire pour intégrer l'adnimistration chinoise, l'écrasante majorité des chinois se contentent de leur langue. Aussi il existe officiellement une vingtaine de langues chinoises et non-chinoises pratiquer officiellement selon les régions du pays (Houigour, Cantonnais, Taiwannais, etc) et persiste l'usage de plusieurs centaines d'autres langues.


D'accord avec toi. La diversité des langues comme explication des conflits ou d'un manque d'unité n'est pas tenable.

Citation:
Ce qui fait la force unificatrice linguistique de ce pays, c'est uniquement son écriture, qui permet à chacun de comprendre n'importe quel journal écrit en chinois dans sa propre langue, car les diverses langues chinoises sont suffisemment proches, ce qui permet l'usage d'un même idéogramme pour le même mot qui se prononcera différemment selon les langues.


Tout à fait d'accord avec toi.
Mais une philosophie unique comme le confucianisme ne joue-t-elle pas un rôle unificateur, quand on sait que partager la même vision de la réalité suppose d'avoir un langage et des concepts communs?

A MOP, Nkossi et Yom
Merci pour les liens. Très intéressant en effet.


A Diali
Citation:
mais je crois ke la langue, identité d'un peuple, se retrouvera tjrs malgré tout dans la langue imposée


C'est possible, mais je ne vois pas comment sur un temps long. Sinon pourrais-tu développer ton propos.

Citation:
peut-être ke mes propos seront perçus déplacés mais je trouve ke la langue du colonisateur n'enlève pas tt de l'idendité d'un peuple, c une arme en effet mais une arme incomplète heureusement


Certes. Mais c'est moins l'arme qui nous intéresse que ces conséquences. Pour nous africains, il est tout simplement question de promouvoir nos langues et leur pratique. C'est une des actions pour une renaissance culturelle pleine.

Citation:
je dis ça en pensant à un poète sénégalais ki vit maintenant en france, ki est professeur en région parisienne et ki a fait faire un exercice intéressant à des collégiens au Sénégal et à des collégiens en France en leur demandant d'écrire des poèmes
la langue française des enfants sénégalais est plus poétique et plus imagée que celle des collégiens français, les mots choisis différents
juste pour dire que sous couvert d'une même langue, on découvre une langue différente pourtant, et pas seulement un style différent ni des thèmes différents


Le dénominateur commun reste la langue française. Ce qui ressort de tes propos c'est qu'une langue peut être enrichie ou exprimée différemment selon les régions, le Sénégal étant pris ici comme une "région". Mais au fonds, ça ne fait qu'enrichir la langue en question. Au final, on ne fera que remercier ces enfants de maîtriser le français et ils recevront des prix. Mais à travers ces louanges qui leur sont attribués, c'est aussi leur maîtrise des styles des écrivains français ou du pays colonisateur qui est valorisée. Et conséquence lointaine : c'est le woloff qui sera mis en arrière plan, rangé au banc de langue exotique si ce n'est de "type de langage".
Il est plutôt question de comparer le woloff au français sur un pied d'égalité. Sauf si tout le monde est tacitement ou non convaincu que le français a définitivement pris le pas sur le woloff, je veux dire si personne n'y croit plus.

Bien @ vous!
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MessagePosté le: Lun 08 Aoû 2005 09:25    Sujet du message: Répondre en citant

Diali a écrit mais je crois ke la langue, identité d'un peuple, se retrouvera tjrs malgré tout dans la langue imposée [/quote]
Sergio Lafrikain a écrit :
C'est possible, mais je ne vois pas comment sur un temps long. Sinon pourrais-tu développer ton propos.


sur un temps long, je pense que c'est possible grâce au milieu familial
avec le quotidien qui est l'essentiel, une sorte de culte de la culture d'origine qui fait partie de la sphère privée et qui permet de ne pas perdre au fond la nature de la langue première
dans le quotidien, toute la culture est représentée (odeurs et goûts de la cuisine, tissus, style, parfum, coiffure dans l'habillement, rapports sociaux dans l'éducation, images et mots dans le langage ne serait-ce dans la transmission de certains proverbes, contes pour les enfants, etc, façon de s'exprimer...)
tout ça fait k'il y a maintien de la nature de la langue première dans la langue imposée

j'ai constaté aussi que plus l'interdiction de pratiquer une culture est forte et plus l'opposition l'est également
finalement, c'est plus dangereux qd il y a cette sorte d'assimilation dans la douceur car il y a moins de conscientisation du danger



Diali a écrit : peut-être ke mes propos seront perçus déplacés mais je trouve ke la langue du colonisateur n'enlève pas tt de l'idendité d'un peuple, c une arme en effet mais une arme incomplète heureusement [/quote]

Sergio Lafrikain a écrit :
Certes. Mais c'est moins l'arme qui nous intéresse que ces conséquences. Pour nous africains, il est tout simplement question de promouvoir nos langues et leur pratique. C'est une des actions pour une renaissance culturelle pleine.

je suis complètement d'accord avec toi sur ce point, je voulais juste dire que malgré tout, cette arme ne tuait pas tout


Diali a écrit
Citation:
je dis ça en pensant à un poète sénégalais ki vit maintenant en france, ki est professeur en région parisienne et ki a fait faire un exercice intéressant à des collégiens au Sénégal et à des collégiens en France en leur demandant d'écrire des poèmes
la langue française des enfants sénégalais est plus poétique et plus imagée que celle des collégiens français, les mots choisis différents
juste pour dire que sous couvert d'une même langue, on découvre une langue différente pourtant, et pas seulement un style différent ni des thèmes différents


Sergio l'Afrikain a écrit :

Le dénominateur commun reste la langue française. Ce qui ressort de tes propos c'est qu'une langue peut être enrichie ou exprimée différemment selon les régions, le Sénégal étant pris ici comme une "région". Mais au fonds, ça ne fait qu'enrichir la langue en question. Au final, on ne fera que remercier ces enfants de maîtriser le français et ils recevront des prix. Mais à travers ces louanges qui leur sont attribués, c'est aussi leur maîtrise des styles des écrivains français ou du pays colonisateur qui est valorisée. Et conséquence lointaine : c'est le woloff qui sera mis en arrière plan, rangé au banc de langue exotique si ce n'est de "type de langage".
Il est plutôt question de comparer le woloff au français sur un pied d'égalité. Sauf si tout le monde est tacitement ou non convaincu que le français a définitivement pris le pas sur le woloff, je veux dire si personne n'y croit plus.


les "politiques" ont en effet le regard ke tu décris ce qui donne à ma remarque peu de poids
beaucoup n'iront pas plus loin dans le raisonnement mais pour les plus sensibles aux mots, aux sonorités, aux images, etc, il n'y a aucun doute qu'ils percevront la langue première à travers ce français si bien maîtrisé !
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