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Notre confrère Le Gri-Gri international vient de publier une enquête sur le financement du groupe Jeune Afrique l’Intelligent (JAI). Preuves à l’appui, le quinzomadaire satirique cite les sommes versées par chaque pays africain pour s’adjuger les faveurs éditoriales de JAI.

Que « Jeune Afrique l’Intelligent » ait gagné quelques budgets publicitaires auprès de régimes amis, on s’en doutait évidemment. La tonalité toujours bienveillante de certaines enquêtes ne pouvait s’expliquer que par l’aide massive que JA recevait de quelques potentats ou chefs d’Etat africains. Mais que ce journal ait poussé aussi loin l’exercice de racket publicitaire, comme le montrent les documents que s’est procuré Le Gri-Gri International et que (nous) publions dans [un] dossier de deux pages, laisse tout simplement rêveur. Des pays comme le Rwanda, la Mauritanie ou la Guinée ont d’autres priorités de développement que de faire les fins de mois de JAI à Paris. Et pourtant ces malheureux croient.... Intelligent de casquer des millions d’euros au patron de Jeune Afrique, Bechir Ben Yahmed. Le Gri-Gri s’est procuré « l’échéancier des encaissements sur contrats de communication » (sic), en date du 16 janvier 2004. (Voir document).

Trois millions d’euros tombés du ciel gabonais

Au vu de ces documents, Jeune Afrique l’intelligent a signé pour près de six ou sept millions d’euros de contrats publicitaires avec des régimes amis. Et cela en deux ans. Ainsi le Rwanda s’engage à verser 350 000 dollars américains, la Guinée 800 000 euros, le Cameroun 1 000 000 d’euros, les petites Comores seulement 250 000 euros, le Togo 380 000 euros et le Mollah Omar (Bongo), le plus généreux de tous avec ses amis français de la vraie presse, pas moins de 2.900.000 euros. Soit environ 2 milliards de francs CFA... Applaudissez, peuple gabonais ! Comme quoi, le Gabon dispose encore de quelques ressources pétrolières à l’aube d’une année électorale riche en rebondissements. Nos amis du Maghreb sont également au rendez-vous. La Mauritanie lâche 500 000 euros, le Maroc 994 000 euros, l’Algérie 950 000 euros. Le tout entre 2002 et 2004. Merci à Mohamed VI et aux généraux algériens !

Notre ami Khalifa

Le budget reçu d’Alger, 950 000 euros tout de même, comprend sans doute l’aide reçue via l’homme d’affaires Khalifa. Comme « Le Monde » l’avait révélé, l’instruction menée à Nanterre par un juge d’instruction français sur les frasques de cet enfant chéri du régime a montré en effet que Jeune Afrique avait été un des heureux bénéficiaires de la manne versée par ce généreux donateur (et dont avaient bénéficié également et en liquide Catherine Deneuve, Gérard Depardieu et quelques autres). Rappelons que cet argent avait été ponctionné, entre autres, sur les fonds de pension des fonctionnaires algériens.

La chute de la maison Khalifa a eu une autre conséquence. L’arrêt de la compagnie aérienne fait chuter la diffusion du titre de 6 250 exemplaires, des abonnements que JA si intelligent avait refourgués aux Algériens. Cette baisse s’ajoute à une dégradation continue des ventes, d’après les propres chiffres diffusés en interne par la direction du journal. Pour la seule année 2003, le nombre total d’exemplaires vendus dans le monde passe officiellement de quelque 65 000 à près de 50 000, dont quelques milliers seulement en France, d’après les informations dont nous disposons, et que le Gri-Gri International fera partager à ses lecteurs.

Justine Okimi