imhotep1 Grioonaute 1
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Posté le: Mar 29 Mar 2005 13:55 Sujet du message: CRIME RACISTE ANTI NOIR A TOURCOING |
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Faits divers
cliquez pour agrandir par Stéphanie FASQUELLE
La mort d’une jeune fille, la colère d’une famille
C’est une violente bagarre entre deux communautés de Tourcoing qui aura coûté la vie, samedi soir, à Fanny Ikali, 18 ans. L’auteur présumé des coups de couteau, en garde à vue, a reconnu les faits.
HIER matin, rue du Dahomey, à Tourcoing. En revenant du marché, des habitants de cette petite rue ouvrière descendent du trottoir, à hauteur du n° 90. Un petit écart pour ne pas marcher sur les deux roses et le bouquet de jonquilles déposés là. C’est sur ce morceau de bitume que Fanny Lembe Ikali est décédée, samedi soir, d’au moins deux coups de couteau portés au flanc gauche. Elle allait avoir 19 ans à la fin de l’année. Ainsi que nous l’indiquions dimanche dans nos éditions les plus tardives, la jeune Tourquennoise a été victime d’un différend entre sa famille et une famille voisine, différend qui a dégénéré en expédition punitive. Fanny est décédée après une heure de réanimation par les sapeurs-pompiers de Tourcoing.
Le climat très tendu dans ce quartier populaire a nécessité l’intervention des CRS. Ils se sont postés à chaque extrémité de la rue dès 22h30 et ont surveillé le quartier une bonne partie de la nuit.
Samedi soir, sept interpellations ont eu lieu, et c’est dans la journée de dimanche que l’auteur présumé des coups de couteau, un homme de 23 ans, a été interpellé à son domicile tourquennois. Il a reconnu les faits hier et sera présenté au juge cet après-midi pour une mise en examen pour meurtre. Quatre autres personnes, de la même famille, étaient encore en garde à vue hier soir.
Représailles
C’est en début de soirée que le drame se dessine. Une pierre est jetée – pour une raison qui reste à préciser – contre la fenêtre d’une habitation de la rue des Flandres et la fait voler en éclats. La famille d’origine portugaise qui vit là reconnaît des membres d’une famille d’origine congolaise de la rue du Dahomey. Très vite, la famille portugaise entend obtenir des explications. Elle rameute les membres de la famille élargie et quelques voisins et amis. Un groupe de vingt personnes arrive, empli de colère, rue du Dahomey. Elles frappent violemment au n° 95, une maison paroissiale où la famille Ikali demeure. La porte s’ouvre. Des cris, des menaces sont proférés. Certains entrent de force dans l’habitation, puis ressortent. L’explication entre les familles aura lieu dehors. C’est alors une bagarre rangée, à 20 contre 20, qui s’organise. Les coups de râteau et de manche à balai fusent. Des couteaux volent de main en main. On retrouvera même une béquille.
Il est 22heures, les voisins ne sont pas couchés. Certains tirent le rideau de la fenêtre, d’autres s’avancent sur le pas de la porte. Ici, c’est le quartier Belencontre. Il n’est pas réputé comme le plus difficile de Tourcoing, mais se situe à proximité du boulevard Industriel, non loin des points chauds de la ville. Belencontre est populaire, composé de familles modestes à la fois âgées et jeunes, classé «à réhabiliter» par la ville. Les expropriations ont commencé de longue date et la petite rue du Dahomey est un peu triste, cernée par des portions de maisons murées. Un contexte qui ne rend que plus fragile l’apparente tranquillité de la rue.
Club de football
Fanny Ikali a passé son samedi soir au parc Clemenceau, non loin de là. Lorsqu’elle rentre chez elle, la bagarre fait rage. La jeune fille n’est pas agressive mais «elle est de nature dynamique et n’a pas froid aux yeux», confie son cousin. Élève de bac pro comptabilité au lycée Sévigné de Tourcoing, elle est aussi membre de l’équipe féminine du Tourcoing football club (TFC) et aimerait devenir footballeuse professionnelle.
Elle n’a pas froid aux yeux, c’est vrai, et lorsqu’elle reconnaît des membres de sa famille, dont son frère, parmi les bagarreurs, elle s’approche. Un mouvement qu’elle n’aurait sans doute jamais dû faire, car elle recevra au moins deux coups de couteau et s’écroulera entre deux voitures, gisant là un moment, dans l’indifférence, et perdant abondamment son sang.
«C’était des fous furieux, ils tapaient dans tout avec leurs bâtons et puis j’ai entendu quelqu’un crier "Y a du sang!", témoigne un voisin. J’ai mon brevet de secouriste, je me suis approché, j’ai vu la fille couchée là. Je lui ai dégagé la bouche pour qu’elle ne s’étouffe pas avec sa salive et j’ai fait un point de compression sur la plaie. C’était au niveau de la rate. Elle perdait beaucoup de sang. Elle avait les yeux ouverts, l’air conscient, et puis j’ai vu ses yeux tourner. J’ai demandé qu’on appelle les pompiers, ils ont mis 25 minutes à arriver! Je ne sentais presque plus son pouls…», raconte-t-il encore affolé.
Pendant qu’il déplaçait Fanny sur le trottoir «pour qu’elle respire», les protagonistes se dispersaient dans le quartier. Quand les CRS, la police et les sapeurs-pompiers sont arrivés, il ne restait que des badauds et la famille proche de Fanny. Les efforts déployés pour la réanimer n’ont servi à rien.
Climat tendu
Pour éviter que le secteur ne s’embrase, les CRS ont sécurisé le quartier une bonne partie de la nuit. Les patrouilles de surveillance se succèdent depuis dimanche, d’autant que le climat s’alourdit. La famille portugaise a vu sa maison saccagée, et la famille Ikali, entre souffrance et colère, s’estime victime de crime raciste. Ils étaient une trentaine, hier matin, la mère, la grand-mère, le cousin, le frère, les deux soeurs, des oncles… à marcher vers le commissariat central de Tourcoing. Ils ont été reçus par le commissaire Roussel. Ils ne pourront pas voir le corps de Fanny, qui se trouve à l’institut médico-légal, avant demain. |
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